Who's drunk ? Me ? No it's your car. • Roksana & Imran.

Il griffonna, raya, écrivit de nouveau jusqu'à arracher la page de son carnet pour le balancer devant lui comme si le bar où il se trouvait était son chez soi. Imran avait pour habitude de faire comme chez lui, peu importe l'endroit. Ce qui en agissait plus d'un. Une serveuse, habitué à ce spectacle depuis deux ans, ramassa le papier pour le jeter plus loin. Imran avait pris cette place et l'avait réservé pour tous les soirs, comme si c'était un roi qui avait besoin d'un trône. Il avait l'argent pour faire des dépenses aussi peu rentable. Il en avait trop. Cette ville était remplie d'hommes et de femmes riches à en vomir. Il en faisait partie, comme si c'était son destin de se retrouver mêlait à cette populace. Il termina son énième verre de whisky et d'un geste violent le posa sur la table. Il était extrêmement tard et à cette heure si le bar allait plus tarder à fermer. Il n'y avait plus qu'Imran dans la salle, et quelques jeunes plus loin qui étaient trop absorbés par leurs dires pour sursauter au bruit. Seule la serveuse avait posé son regard inquiet sur l'indien. S'essuyant les lèvres à l'aide de sa main, il posa ses yeux sur ce qu'il avait écrit. C'était trop confus, trop vaste. Ça n'allait pas avec l'histoire. Manquant de s'énerver contre lui-même, il tenta de reprendre la situation en main. Il ferma son carnet qu'il plaça dans la poche intérieure de sa veste, stylo plume au centre pour marquer la dernière page qu'il venait de rédiger. Il commanda un nouveau verre, qu'il termina d'un trait suivi d'une grimace légère. Sa gorge s'était habituée à l'amertume de l'alcool comme à celle de la vie.

Quelle heure était-il vraiment ? Imran n'en avait pas la moindre idée et cela l'importait. Pour lui la nuit était comme le jour. Les heures défilaient tout simplement, de la même façon. Il poussa la porte de l'entrée pour faire face à l'extérieur. Tout en chancelant maladroitement dans la rue, il chercha une cigarette dans sa poche, puis un briquet quand l'objet trouvé se plaça entre ses lèvres brulées par la boisson. Alors qu'il n'arrivait pas à allumer sa cigarette, il se retrouva aveuglé par les phares d'une voiture. Quelque chose fonçait vers lui, à grande vitesse. Il ne bougea pas, fixant l'objet comme si Dieu en personne le défiait de mourir. La blague. Un sourire idiot apparu sur ses lèvres alors que la voiture passa à côté de lui de justesse. Il ferma les yeux quand l'air frappa son visage alors qu'une seconde voiture arrivait. Sauf que celle-ci manqua terriblement de faire un virage à 360°. Non, Imran n'allait pas mourir. Ce n'était pas le moment.

Il fronça les sourcils un instant, entendant ensuite des acclamations plus loin. Plus loin étant juste derrière lui. Ivre, il ne s'était pas rendu compte où est-ce qu'il était. Observant les alentours, il se rendit compte qu'il était sur la ligne d'arrivée virtuelle d'une course de voiture nocturne. La joie de la course. Imran n'avait jamais compris, il était du genre à rouler pour lui-même.

Tout en tirant sur sa cigarette, une voix masculine grogna. Mais qui était ce crétin en plein milieu de la route qui lui avait fait perdre la course. Imran ne quittait pas son sourire, alors que le type faisait une tête de plus que lui et qu'il était prêt à le frapper.

« - Tu as perdu parce que tu es mauvais, pas parce que j'étais là. » « j'vais le tuer ! » « - Bonne chance. » Le type s'énerva encore plus, alors qu'Imran lui tournait déjà le dos. Ecouter les jérémiades d'un enfant, non merci. Il avait d'autre chat à fouetter. D'autres choses à faire, alors il se dirigeait déjà l'opposé. Des gens retenaient le type pour éviter tout ennui. Imran lui avait posé ses yeux sur cette délicieuse créature qui venait en sa direction. Grande, blonde, de longue jambe... son genre. Pour la nuit. Quelque chose lui disait qu'il allait devoir faire à la seconde conductrice, vu qu'elle venait de s'extirper d'un groupe de fan qui la félicitait...

Ce soir c’était encore un de ces nombreux soirs où j’avais une course de prévue. J’allais sortir ma Skyline et risquer ma vie une fois de plus. J’adorais les courses de voiture. J’avais besoin de cette adrénaline. J’avais besoin de ces sensations pour continuer de vivre. Beaucoup ne comprenait pas comment une fille comme moi, qui est mannequin et qui gagne pas mal d’argent grâce à ça, pouvait aimer faire des rodéos nocturnes. Je prenais des risques mais qu’importaient. J’avais grandis qu’avec des mecs, ça m’avait endurci. D’ailleurs, en parlant de ça, j’étais l’une des rares qui participaient à ce genre de trucs. Je courrais souvent contre des garçons et j’adorais voir leurs têtes dépitées lorsqu’ils venaient de perdre contre une fille. En réalité, j’avais tout pour moi : belle, populaire, riche et qui adore les voitures. Parce que oui, je faisais partie de ces personnes qui pouvaient passer des heures et des heures à bichonner son petit bijou. Quoi qu’il en soit, j’étais prête. J’allais gagner. J’allais empocher un max de thunes et j’irais certainement les dépenser dans un bar après. Ou peut-être que j’économiserais, j’en savais encore rien.

Après m’être préparée, j’arrivais sur le lieu du départ de la course. Dans ce genre d’activité, les filles étaient toujours habillées de façon assez provocante et je ne savais, bien évidemment, pas exception à cette règle. Il faisait relativement froid mais j’étais habillée d’un minishort, d’un haut bustier et d’une petite veste par-dessus. Au pied des bottes à talon. Ce n’était pas pratique pour conduire mais je savais que je finirais par gagner. Je sortis de ma voiture et alla saluer mes adversaires, qui pour la plupart me regardais de haut en bas avec envie. J’eus un sourire quelque peu amusé. Suite à cela, je remontais dans ma Nissan Skyline rose et regarda le parcours sur mon GPS. C’était un parcours que j’avais fait plus d’une fois depuis que j’avais débarqué ici. Je connaissais, par conséquent, les raccourcis. La course démarra sur les chapeaux de roue et je passais rapidement en première position. On me doubla quelques minutes plus tard. Qu’importe. Je prenais un raccourcis que j’avais repéré et repassa en première position. La course dura une quinzaine de minute, peut-être une vingtaine. J’étais restée en première position, talonnée par un mec qui avait toujours rêvé de me battre. Voyant la ligne d’arrivée au loin, je sortis la nitro et accéléra d’un coup. Je finis par arrivée première. Je sortais de ma voiture difficilement. Des fans, venus m’acclamer étaient là et ils voulaient à tout prix un autographe. Je leur signai. Je me dirigeai ensuite difficilement vers mon concurrent qui apparemment avait eu quelques soucis. Je lui lançais un sourire amusé, avant d’aller vers lui et de simplement lui donner l’argent qu’il me devait. Ca se voyait qu’il bouillonnait à l’intérieur. Une fois l’argent en poche, je me retournais et vit l’homme, qui avait fait stopper mon concurrent. Il avait l’air d’avoir bu pas mal d’alcool d’ailleurs. Je me dirigeai alors vers lui. Arrivée en face de lui, je lui lançais sur un ton plein de sous-entendu :

« J’suppose que c’est grâce à toi que j’ai gagné… Tu fais quoi là, maintenant, tout de suite ? »

Je lui souris et attendis sa réponse. J’entendais mon concurrent râlé derrière. Je me retournais et lui lançais un sourire. Pas le genre de sourire amical mais plutôt le genre de sourire narquois qui énerve encore plus la personne. Je reposais ensuite mon regard sur l’homme, attendant sa réponse.

Spoiler:

Who's drunk ? Me ? No it's your car. • Roksana & Imran.

Elle était blonde, avec de longue jambe de mannequin qui ne passait pas inaperçu avec ce mini-short. Un petit haut bustier couvrait le haut de ses formes alors qu'une veste se rajoutait au tout. Elle n'était pas plus vêtue que les autres filles, mais elle se distinguait quand même par sa démarche assurée et son sourire de gagnante. Oh elle devait être ravie d'avoir gagné, qui ne l'aurait pas été ? Une bonne course, de la bonne adrénaline et un concourant plus énervé que jamais. L'idéal quand on a très vite la grosse tête en gagnant. Imran n'était pas impressionné, pas tout ceci le faisait bien rire. Ils avaient l'impression d'avoir fait un bond en arrière, à l'époque de l'université. Il n'était pas vieux du tout, mais dans sa tête il avait l'impression d'avoir vécu 6 vies différentes. Ce qui expliquait son cynisme de vieillard. La blonde qui avait auparavant gagné dans une Nissan rose s'était donc dirigé vers Imran qui démontrait un taux d'alcool plutôt élevé. Il se demandait bien le genre de caractère qu'elle pouvait avoir et surtout, la façon dont elle parlait. Ce qui aurait drôle aurait été des manières de râpeuse sans gêne. Là, il aurait pu rire à la moindre parole.

« - J'suppose que c'est grâce à toi que j'ai gagné... Tu fais quoi là, maintenant, tout de suite ? »

« - Si tu t'attends à ce que je te répondes « ce que tu voudras » tu peux rêver Blondinette. » Imran se rapprocha légèrement de la conductrice pour planter ses yeux dans les siens. « - Mais je veux bien t'offrir ma superbe compagnie. » Même ivre il n'oublia pas de se vanter. C'était un gros problème chez lui, mais en même temps il n'y pouvait rien. Il se vantait plus qu'il ne respirait, c'était automatique chez lui. Et en face d'une jolie blonde rebelle et à fort caractère - parce que pour faire ce qu'elle faisait, elle devait forcément avoir un caractère fort ; limite Imran la voyait bien roté en buvant des bières - il en rajoutait des tonnes. Il s'écarta alors, jetant un coup d'oeil à la voiture de la jeune demoiselle.

« - Et tant que je finis pas dans ta caisse de poupée Barbie, je suis tout à toi. » Imran Johar n'avait peur de rien. Il était véritablement sans-gêne. Il haussa les épaules, rajoutant : « - J'suis allergique au rose. Je ne crois pas avoir besoin d'expliquer mon dégout profond pour cette couleur. Par contre, ça fait tellement cliché avec toi au volant, je me demande comment tu fais. Je pense que la prochaine fois que tu feras une course, tu devras troquer ton short pour gamine de 12 ans contre une robe de princesse. Daisy sera ton nouveau surnom !» Le pire, c'est qu'il était sérieux. Et son sourire était figé tant il trouvait ça drôle. Mais à part lui, qui trouvait ça drôle ? Est-ce qu'elle allait comprendre que c'était du second degré ou est-ce qu'elle se ferait avoir par son visage sérieux de psy en prenant tout ça comme une insulte ?

J’avais gagné la course. De justesse certes, mais j’avais gagné et c’est tout ce qui comptait. J’allais empocher de l’argent que je dépenserais très certainement dans des vêtements le lendemain. Je m’asseyais sur le capot de la voiture de mon concurrent, ce qui le faisait encore plus bouillonner mais je m’en moquais. Je commençais à jouer avec une mèche de cheveux tout en écoutant la réponse de l’homme qui se tenait devant moi. J’avais bien envie d’aller faire la fête, m’éclater, me comporter comme une adolescente immature et irresponsable. Et m’amuser avec lui ne pouvait pas être un mauvais plan. J’aimais la façon dont il prenait les devants. Tout en continuant de jouer avec une mèche de cheveux, je ne pus m’empêcher de remarquer l’énorme confiance qu’il avait en lui. J’eus un léger sourire en coin et je lui lançais :

« C’est vraiment pas le manque de confiance en toi qui t’étouffe. »

Je continuais de le regarder, tandis que mon concurrent essayait tant bien que mal de me faire dégager de son capot en me traitant de tous les noms. L’homme en face de moi était allé jusqu’à me dire que jamais il ne monterait dans une voiture comme la mienne parce qu’il était allergique au rose. Et alors ? Une fois qu’on est à l’intérieur, on ne même pas qu’elle est rose. Je me levais et m’approchais de lui. Dans le creux de l’oreille, je lui lançais :

« Dommage, les sièges y sont plus confortables. Et si tu refuses de monter dans ma voiture, j’vais être obligé de trouver quelqu’un d’autre avec qui finir la soirée… »

J’avais dit ça avec plein de sous-entendu. J’avais envie de m’amuser un peu. Je me mordais la lèvre tout en continuant de le regarder. Il fit ensuite une blague sur ma tenue puis sur le fait qu’une blonde dans une voiture rose ça fait cliché. J’aimais jouer sur les clichés. J’aimais cette façon qu’on avait de me prendre pour une blonde écervelée, une fille facile. Ca me plaisait parce que je jouais sur les deux facettes de ma personnalité. Personne ne savait réellement qui j’étais. Bref, après lui avoir fait comprendre que je ne finirais pas la nuit avec lui s’il refusait de monter dans ma voiture, je lui dis :

« J’y penserais pour la robe, promis. »

Je lui souris. J’avais parfaitement compris sa blague. Je n’étais pas non plus complètement abrutie. Du haut de mes 20 ans, j’avais quand même pas mal de cran de faire des course de voiture et de vouloir finir la nuit avec un parfait inconnus. Je profitais simplement de ma jeunesse. Ce n’était tout de même pas un crime. Bref, je commençais alors à me diriger vers ma voiture en espérant que l’homme décide de me suivre ou de me rattraper tout simplement.