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 Every song ends, but is that any reason not to enjoy the music? •• DONOGGER

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MessageSujet: Every song ends, but is that any reason not to enjoy the music? •• DONOGGER   Every song ends, but is that any reason not to enjoy the music? •• DONOGGER EmptyMer 18 Mar 2015 - 14:37

Goodbye Donogger

- Jagger & Donovan -

“ Well it's been days now and you change your mind again. All the cracks in the walls reminds you of things we said and I could tell you that I won't hurt you this time but it's just safer to keep you in this heart of mine. ”



Il n’avait pas encore ouvert les yeux, mais il sentait les rayons du soleil venir lui chatouiller les orteils. Ses pieds dépassaient largement de dessous la couverture dont plus de la moitié était étirée du côté droit du lit, là où Jagger dormait. Sa place était vide, mais encore chaude. Elle avait quitté le matelas douillet quelques minutes auparavant pour se glisser sous la douche. Donovan, la tête enfouit dans son oreiller, les bouclettes en pagaille, était allongé sur le ventre. Le haut de son dos était découvert, tout comme le bas de ses jambes, mais il n’avait pas froid. Quand on a l’habitude de dormir dans sa voiture ou dans des hôtels miteux sans chauffage, on oublie vite d’être frileux. Lui qui avait connu les hivers un peu rudes de Chicago ne pouvait pas se plaindre, ici en Californie le soleil brillait presque trois cent soixante cinq jours par an et les températures n’étaient jamais catastrophiques, même au plus bas. Il s’était d’ailleurs rapidement fait au teint halé, aux vêtements légers, et à l’odeur du sable chaud. Huntington Beach l’avait adopté, et contre toute attente il pensait s’y être fait une place, pire même il s’y sentait bien. Si on lui avait dit cela le jour de son arrivée, il n’y aurait jamais cru. À ce moment-là il ignorait tout de la présence de Jagger dans cette ville et voulait simplement se faire un peu d’argent avant de reprendre la route. Bon sang, ce que le temps avait filé… Il lui semblait que c’était hier qu’elle avait débarqué dans le café où il travaillait et qu’elle s’était mise à lui balancer des brownies à la gueule en le traitant de psychopathe. La belle époque! Légèrement éveillé, mais pas encore tout à fait prêt à se lever, Donovan refusait catégoriquement d’ouvrir les yeux. Pourtant, il savait que la journée allait être longue et qu’il valait mieux ne pas trainer. Aujourd’hui, lui et Jagger s’en allaient. Après plus d’un an et demi à s’être prélassé sur les plages d’Orange County, il était temps pour lui, et pour elle aussi, de mettre les voiles et de voguer vers de nouvelles aventures. L’excitation du voyage l’avait gagné depuis quelques jours déjà, il attendait de reprendre la route avec toute l’impatience d’un gamin qui veut ouvrir ses cadeaux au matin de Noël. Et malgré tout, il trainait au lit en tentant de grappiller encore quelques précieuses minutes de sommeil. Il faut dire qu’il était parfaitement conscient du fait qu’il s’agissait sans doute de sa dernière nuit dans un vrai bon lit avant un sacré bout de temps. Il entendit Jagger chantonner sous la douche et un léger sourire se dessina sur son visage endormi. Elle avait beau le nier, elle chantait souvent dans la salle de bain. Elle n’était pas vraiment douée pour la chanson, mais elle avait sacrément bon goût en matière de musique et le fait qu’elle ne puisse pas s’empêcher elle-même de chantonner rendait la chose d’autant plus adorable. Donovan l’avait surnommé à plusieurs reprises « ma petite Castafiore », uniquement pour la faire chier. Il se retourna sur le dos, entrainant avec lui la couverture qui se tordait dans tous les sens à présent. D’une main, il caressa l’endroit où elle avait dormi. Juste là, à côté de lui. Il n’entendit pas la porte de la chambre s’entr’ouvrir, mais quelques instants plus tard, il sentit une petite boule de poils venir se coller contre lui. Donovan ouvrit un oeil et aperçu Memphis, monté sur le lit. Il ouvrir un deuxième oeil et constata qu’O’Malley non plus n’était pas très loin.  « Salut les gars! » dit-il de sa voix endormie. Il passa sa main devant sa bouche et bailla si gracieusement que Memphis se mit à ronronner. Donovan leur gratta le haut de la tête à tous les deux avant de se redresser dans le lit.  « Et alors? Où qu’il est mon café? » Il donna un petit coup d’oeil en direction de la salle de bain dont la porte n’était qu’à moitié fermée. Si Jagger l’entendait parler de café, elle allait le trucider.  « Où qu’il est mon café? » répéta-t-il tout bas à l’attention d’O’Malley. Décidément, on ne pouvait compter sur personne dans cette maison pour assurer le service petit déjeuner au lit, ni sur Jagger, ni sur Hendrix, ni sur les chatons! Bravo tout le monde! Les animaux se rapprochèrent de lui, ignorant son faux air agacé, et il leur fit des caresses à chacun tout en écoutant l’eau couler et Jagger continuer à chantonner.


FLASHBACK


Il faisait presque jour au dehors, mais la chambre était encore paisible et obscure. Donovan était réveillé en premier, ce qui ne lui arrivait pas si souvent que cela normalement, mais de plus en plus dernièrement. Peut-être aussi qu'elle dormait plus profondément ces derniers jours. Le changement de saison y était forcément pour quelque chose, il en était persuadé. Ou peut-être était-ce la pleine lune? Il ne s'en souvenait plus. Allongé sur le côté, il faisait face à Jagger. Elle avait l'air tellement calme. En fait, elle ressemblait un peu à un ange mais il aurait fallu être sacrément con pour se laisser berner par cette image. Jagger était loin d'être un ange, merde. Très, très loin. En revanche, personne ne pouvait nier qu'elle était belle, et surtout pas Donovan. Lui, il l'aimait aussi bien éveillée qu'endormie. À ses yeux elle était toujours la plus jolie. Mais ce petit air fragile qu'elle avait lorsqu'elle se laissait aller dans les bras de Morphée, il ne le retrouvait presque jamais lorsqu'elle était réveillée. La seule fois où elle lui avait laissé entrevoir ses faiblesses remontait au soir où il avait reçu la lettre du Corbeau. Ce satané piaf leur avait fait du mal à tous les deux, à elle surtout. Donovan détestait y repenser. Ç'avait été la nuit la plus dure qu'il ait connu, mais c'était aussi ce qui lui avait permis de retrouver Jagger et peut-être même d'accéder à une partie d'elle qu'il ne connaissait pas encore. Ils avaient été brisés en mille morceaux ensemble et maintenant, des mois plus tard, ils se relevaient ensemble. La vie était tellement plus douce avec elle à ses côtés, il se sentait plus fort, presque invincible et pourtant il savait mieux que quiconque que ce mot-là n'existait pas. Jagger était sa force, son roc, le pilier dont il manquait cruellement quand elle n'était pas là. Elle était la famille qu'il n'avait jamais eu, l'amour qu'il n'avait jamais reçu même si bien sûr ce n'était pas un amour conventionnel. Elle était à lui. Rien qu'à lui. Ils en avaient terminé avec la fuite. L'un comme l'autre, ils ne voulaient plus faire leur route séparément et il y avait cet espèce de lien unique et indestructible qui les unissait et les rendait plus forts que jamais. Peut-être était-ce Marley, leur fille. Ou les « Je t’aime » successifs qu’il lui avait murmuré quand elle avait pensé ne plus jamais être digne de cet amour-là. Ou cet incommensurable besoin d’être ensemble. Ils étaient comme les deux faces d’une même pièce, différents mais similaires, indépendants mais incapables de fonctionner l’un sans l’autre. Et c’était justement parce qu’ils avaient touché le fond ensemble que Donovan était persuadé qu’ils sauraient atteindre les sommets main dans les main. Il ne voulait et ne voyait personne d’autre à ses côtés que cette fille-là qu’il avait un jour rencontré à Memphis, Tennessee. Il avait suffit de cette rencontre pour changer leurs vies. Ce n’était pas gagné d’avance, mais ils avaient appris à s’apprivoiser, à se connaitre et à s’aimer. Il n’y avait personne au monde qui lui donnait plus l’impression de le comprendre et il avait souvent l’impression que malgré leurs chamailleries et autres taquineries, ils s’acceptaient toujours l’un et l’autre entièrement. Pour rien au monde il n’aurait voulu la changer et il savait au plus profond de lui-même qu’elle ne voulait pas le rendre différent non plus. C’était le sentiment le plus rassurant qu’il connaisse, parce qu’au moins maintenant Donovan était pleinement conscient de ne plus être seul au monde. Il avait cette main à serrer, ce regard dans lequel s’ancrer, cette bouche à laquelle s’accrocher et se corps à enlacer lorsque les choses tournaient mal et que la vie s’acharnait à le cabosser. Elle était là, allongée juste devant lui, son souffle chaud venant s’abattre sur son torse nu. Il la fixait et pensait à la chance qu’il avait eu de tomber sur elle. Il fallait qu’il l’embrasse. Tout de suite. Tant pis pour le sommeil. Il approcha sa bouche de celle de Jagger et déposa ses lèvres sur les siennes. Sans ouvrir les yeux, elle bougea un peu et vint se glisser contre lui. Donovan plongea sa tête au creux de la nuque de Jagger et embrassa son cou tout en respirant son odeur. Elle sentait bon. Elle était douce. Il passa un bras le long de son dos et elle lui caressa la joue avant de passer sa main dans ses boucles brunes. Ils n’échangèrent pas un mot, mais ils restèrent l’un contre l’autre, là où tout est beau et rien ne fait peur.

FIN DU FLASHBACK




En entendant la douche s’arrêter, Donovan avait presque sauté hors du lit. Il avait enfilé un jean avant de prendre la direction de la cuisine avec Memphis et O’Malley collés à ses basques. Le gang des trois mousquetaires. Ils marchaient même les uns derrière les autres, du plus vieux au plus jeune, du plus sexy au plus mignon. Hendrix n’était pas là, comme souvent d’ailleurs. Mais il avait promis à Jagger de se pointer en fin de matinée, il ne raterait le départ de sa soeur pour rien au monde de toute façon, Donovan le savait. En attendant, il fut ravi de voir que son hôte avait déjà fait le café et qu’il n’avait plus qu’à s’en servir une grande tasse, mais pas trop grande non plus parce qu’il allait devoir la boire rapidement avant que Jagger ne débarque à son tour.  Il fouilla dans le placard sous l’évier et en sortit un paquet de cigarettes, bien caché là-dessous. Il en glissa une entre ses lèvres et l’alluma. Il tira une longue taffe et … Amen. Depuis que Jagger avait arrêté, ou plutôt depuis qu’elle avait été forcée d’arrêter, il avait essayé de toutes ses forces d’arrêter à son tour. Histoire de la soutenir quoi. Mais Donovan était faible. Bien trop faible pour se passer de ses précieuses cigarettes. Est-ce qu’il lui demandait à elle d’arrêter de respirer? Non. Et bien alors, pourquoi diable devait-il se priver? Bon, certes si elle ne pouvait plus ni boire de café, ni cloper, c’était en partie de sa faute à lui et rien que pour cela, il aurait dû être solidaire… Mais au contraire, n’était-ce pas une raison de plus pour lui de profiter de ces choses-là pour deux? Pour lui et pour elle en même temps. N’était-ce pas, à un certain niveau, une belle preuve d’amour? À défaut d’être passé dans le camps des non-fumeurs, il avait tout de même nettement réduis sa consommation. Forcément, il ne fumait plus devant elle. D’ailleurs, il essayait toujours de la convaincre qu’il avait bel et bien arrêté et que les odeurs qu’elle pensait sentir étaient en fait le simple fruit de son imagination, sans doute provoquées par le manque qu’elle éprouvait elle-même. Oui, il la prenait un peu pour une conne pour le coup, mais merci pour lui il possédait un sourire irrésistible qui lui permettait de s’en sortir malgré tout. Donovan se dépêcha donc de fumer sa cigarette et de boire son café sous le regard légèrement moralisateur de Memphis qui semblait dire « Je vais le dire à ma maîtresse, espèce de mec indigne! ». Donovan l’ignora et se concentra plutôt sur O’Malley qui lui avait l’air d’approuver. « Vas-y mon gars, t’as bien raison d’en profiter, nanmého! Je lui dirai rien, c’est juré! ». Autrement dit, Memphis était le bon côté de sa conscience et O’Malley le mauvais. Lorsqu’il eut terminé, il jeta le mégot par la fenêtre qu’il laissa ouverte, passa la tasse sous l’eau froide et attrapa un magazine pour faire du vent et chasser l’odeur de clope. Il ouvrit un autre placard d’où il sortit un paquet de Cap’n Crunch et y plongea sa main pour en sortir une poignée qu’il fourra dans sa bouche. Qui a dit que les céréales étaient réservés aux enfants? Pire encore, qui a dit que Donovan était un adulte? Bim. Il reposa le paquet de céréales là où il l’avait pris et attrapa deux milky ways dans un sachet juste à côté. Il alla déposer les confiseries sur le comptoir de la cuisine, avec les clés du van. Il traversa ensuite le salon pour allumer la radio. Bob Marley se mit à résonner dans la maison et Donovan monta le son bien plus fort que raisonnable. Au refrain, il était prêt à monter sur le comptoir de la cuisine et à chanter à tue-tête. Par peur qu’Hendrix se pointe à ce moment-là, il s’abstint, mais ne s’empêcha pas de crier  « LET’S GET TOGETHER AND FEEL ALRIGHT!!!! » malgré tout. Il retourna se planter devant le frigo, l’ouvrit, prit le jus d’orange et … but directement à la bouteille. C’est ce moment que choisit Jagger pour faire irruption dans la pièce. Elle avait les jambes nues, les cheveux mouillés et dégoulinant et elle portait un t-shirt qui appartenait à Donovan. Il prit l’air coupable d’un gosse attrapé en train de faire une connerie. « Prends un verre, putain. » lâcha-t-elle en hurlant presque pour se faire entendre au dessus de la musique. Elle se précipita d’ailleurs vers la radio pour baisser le son, Donovan rangea le jus et profita qu’elle soit de dos pour admirer son derrière pas très couvert. « Les voisins vont encore venir nous faire chier pour nuisance sonore. Je sais que tu deviens un peu sourd mais t’es pas obligé de mettre le son à fond. » Il marcha en sa direction avec son petit air de chiot et lui vola un baiser. De toute façon elle ne pouvait pas restée fâchée après lui bien longtemps, surtout pas pour ce genre de connerie.  « On s’en branle! On se barre et les voisins on ne le reverra plus avant un bout de temps! Ça tombe bien d’ailleurs, parce que j’ai jamais pu les saquer, surtout ceux d’en face. Leur fils est allergique aux chats, c’est quel genre de petit con, ça? » Il haussa les épaules.  « Au pire, c’est Hendrix qui se fera engueuler. C’est pas bien grave. » Il eut un petit ricanement en songeant au speech que les voisins pourraient faire à Hendrix à propos de la musique. Allez, c’était presque fini. Encore quelques heures et ils auraient mis les voiles. Le quartier retrouverait sa tranquillité. « T’es bête. » Oui, il l’était. « Et arrête de sourire, là. On dirait que t’es constipé. » Il l’attrapa par le col du t-shirt qu’elle portait et l’attira gentiment vers lui.   « Sois pas méchante sinon je vais devoir récupérer ce maillot et je te préviens, j’ai pas peur d’utiliser ma force. » Ses yeux tombèrent sur le logo dessiné sur le tissu. Il venait de la caserne de pompiers qu’il avait rejoint à Huntington Beach.


FLASHBACK


La salle était presque vide en dehors d’un couple dont le gosse avait apparemment avalé un lego, d’un adolescent qui avait fait une mauvaise chute en skateboard et pensait s’être cassé un poignet et du petit groupe de trois assis dans un coin. Hendrix, Ally et Donovan demeuraient dans le plus grand des silences depuis que les garçons avait failli se taper dessus pour la simple et bonne raison que l’un tapait nerveusement du pied et que l’autre trouvait ça insupportable. Ally s’était interposée pour faire redescendre la tension. Assise entre le frère de sa meilleure amie et celui qui lui servait de petit ami, même elle manquait de mots pour alléger l’atmosphère. Donovan la connaissait bavarde, un peu trop même, tout comme lui d’ailleurs. Mais pour le coup, ni l’un ni l’autre n’avait envie de parler. Cela devait bien faire vingt ou trente minutes que Donovan avait posé son front sur ses pouces et fixait le sol avec le plus grand des désarrois. Il portait encore sa tenue de pompier, sa veste et son casque était d’ailleurs déposés sur la chaise à côté de la sienne. Une fois de plus, son monde s’écroulait. Après son voyage à Chicago avec Jagger il avait pensé que s’en était fini pour eux, les hôpitaux. Ils s’étaient voilés la face, car le destin semblait les ramener inlassablement dans cet endroit sordide. Il ne supportait plus l’odeur, ni la blancheur des murs, ni la présence des médecins et des infirmières et encore moins les machines à café dégueulasse. Mais rien de cela ne le rendait aussi fou que la vision qui s’était offerte à lui quelques heures auparavant. Depuis qu’il était redevenu pompier, Donovan allait mieux. Il avait surmonté la mort de son père avec facilité, en particulier après toutes les choses qu’il avait eu l’occasion de lui dire à Chicago. L’avenir s’était éclairci, les nuages avaient quitté l’horizon pour lui et Jagger et tout allait pour le mieux dans le meilleur des mondes. Il aurait dû se douter que ça ne durerait pas. Le bonheur, ça ne dure jamais. Pas pour eux en tout cas. Ally respirait fort et ça l’angoissait un peu plus encore d’entendre le souffle de la jeune femme. Elle n’était sans doute pas très bien elle non plus. Aucun d’eux ne l’était. Et vu la gueule qu’ils tiraient tous, on devinait assez facilement que quelque chose de grave était arrivé. Donovan espérait toujours que ce n’était qu’un rêve. Un très, très mauvais rêve. Un instant, il était assis dans le camion de pompier, prêt à intervenir sur les lieux d’un accident de la route. Deux véhicules étaient entrés en collision après que l’un des conducteurs ait grillé un stop. Apparement ce dernier se portait à merveille, mais la jeune femme qu’il avait heurté avait perdu pas mal de sang et avait perdu connaissance peu de temps avant l’arrivée des secours. L’instant d’après, il était au milieu de la rue, mort de touille à la vue du vieux van de Jagger en travers de la route. Oubliant complètement de se comporter en pompier, Donovan s’était précipité vers la petite foule qui s’était amassée autour de la scène. Poussant tout le monde, il ne songeait plus à rien d’autre qu’à s’assurer qu’elle allait bien. Mais Jagger n’allait pas bien. Elle était étendue sur le sol, inanimée, et pendant un quart de seconde Donovan s’imagina tout perdre. La douleur qui le saisit au coeur fut si intense qu’il pensa même faire une crise cardiaque.  « C’est Jagger. » hurla-t-il à ses collègues.  « C’est Jagger. » répéta-t-il. On se chargea d’éloigner les curieux, certains le regardaient avec des airs interloqués. Sans doute se disaient-ils que ce pompier était devenu fou. Le problème, c’est qu’ils ne réalisaient sans doute pas que la seule folie de Donovan avait été de tomber amoureux. Éperdument. Sa folie avait été de l’aimer tellement fort qu’il ne supporterait jamais de la perdre. Alors oui, il était fou. Fou d’elle, fou d’inquiétude et fou de douleur. Lorsqu’il releva la tête et aperçu un type accoudé à sa voiture, visiblement en état de choc lui-même, il fut même fou de rage.  « C’est vous le conducteur? » continua-t-il de hurler en se dirigeant sur l’homme.  « Espèce de connard! » Il avait déjà levé son poing en l’air quand deux de ses collègues l’attrapèrent par derrière pour l’empêcher de faire une connerie. « Arrête, Donovan. Calme-toi. On va s’occuper d’elle. Ça va aller. » On ne le relâcha pas avant qu’il ait cessé de se débattre. Il avait envie de tuer ce type. C’était lui qui avait grillé ce stop. Lui, qui avait causé l’accident. Il méritait bien plus qu’un simple coup dans la figure.  « C’est Jagger » qu’il répéta encore, comme s’il cherchait à présent à se convaincre.  « C’est Jagger. » Il se laissa tomber sur le sol, le long du van. Ce dernier n’avait pas l’air d’avoir pris trop cher, en dehors de la tôle froissée mais ce serait facilement réparable normalement. Bien sûr, il n’en avait rien à foutre à l’heure actuelle. Le van ne signifiait plus rien sans sa conductrice. Il attrapa sa tête dans ses mains, resserra ses doigts sur ses cheveux. On apporta un brancard et Donovan se releva enfin. Il suivit ses collègues et quand Jagger fut prête à être emmenée, il attrapa sa main et parvint à se glisser à côté d’elle.  « Je suis là, Jag’. Je suis là. » Il sentit qu’elle refermait sa main autour de la sienne alors il se pencha au dessus d’elle pour lui embrasser le front et c’est là qu’il l’entendit murmurer trois mots qui eurent l’effet d’une bombe.

Elle fut transportée à l’hôpital en quelques minutes à peine, quand les médecins lui ordonnèrent de rester dans la salle d’attente Donovan s’empressa d’appeler Hendrix et Ally. Hendrix parce qu’il était le frère de Jagger et Ally parce qu’elle était sa meilleure amie, mais aussi parce qu’il la considérait comme comme une amie à lui et là tout de suite il avait cruellement besoin d’une présence chaleureuse à ses côtés. Ils étaient arrivés tous les deux à bout de souffle, avaient demandé des nouvelles que personne n’avait, et depuis ils étaient assis et attendaient qu’un médecin vienne les voir.  « Pourquoi c’est si long? » demanda Donovan en relevant la tête et en se tournant vers Ally.  « On devrait avoir des nouvelles depuis le temps qu’ils sont avec elle. » Ally posa main sur son épaule dans un geste de réconfort. Ce n’était tout simplement pas le moment pour eux de déconner comme ils en avaient eu l’habitude lors de leurs précédentes rencontres. L’heure n’était pas à la rigolade, loin de là. Hendrix se leva finalement pour aller demander à une infirmière s’il y avait du nouveau. Donovan profita de son absence pour lâcher:  « Je peux pas la perdre, Ally. Elle est enceinte. » Et à peine avait-il craché le morceau qu’Hendrix revint vers eux avec un médecin à ses côtés. Les deux qui étaient encore assis se levèrent d’un bond presque parfaitement synchronisé. « Mademoiselle Dickens va bien. Plus de peur que de mal. » Il se lança ensuite dans la liste précise de ses blessures, certaines plus douloureuses que d’autres, mais aucune sans importance vitale. « Elle est réveillée, mais il va falloir du repos. Elle a demandé à voir un certain Donovan. » Il leva la main brusquement.  « C’est moi. » L’homme le fixa un bref instant avant de reprendre. « Vous pouvez aller la voir, mais soyez rapide.» Lorsqu’il les laissa tous les trois, Donovan se tourna vers Ally pour la prendre dans ses bras. Il était tellement soulagé de savoir qu’elle allait bien. Il faillit même embrasser Hendrix, mais se stoppa pour finalement lui donner une tape sur le dos.  « Je vais lui dire que vous êtes là et que vous irez la voir après, ok? » Il quitta la salle d’attente et couru après le médecin.  « Excusez-moi! Monsieur! » Il parvint à le rattraper, un peu essoufflé.  « Vous… Vous n’avez rien dit à propos du bébé… Elle m’a dit qu’elle était enceinte. Juste avant qu’on l’emmène à l’hôpital. » L’homme sembla d’abord surpris, ce que Donovan interpréta comme un mauvais signe. Finalement, son visage s’illumina, et il posa une main amicale sur l’épaule de Donovan. « Un mois et deux semaines. Et le bébé va bien. » Cette fois le soulagement était total. Donovan fit demi tour et presque aussi vite, il se précipita vers la chambre de Jagger.

FIN DU FLASHBACK




« Donovan, tu te fous de ma gueule? » Hein? Ah, oui! L’odeur de clope.  « Non, pourquoi tu dis ça? » Elle le regardait avec ce regard perçant qu’elle maitrisait si bien. Honnêtement, elle lui faisait un peu peur. « On t’as jamais dit que l’odorat des femmes enceintes est encore plus développé que celui des autres? » Il secoua la tête. Il avait la désagréable impression que la grossesse ne servait à rien d’autre que le faire chier. Enfin, si, ça servait aussi à leur faire avoir un magnifique petit bébé au bout des neuf mois. Lui, il était un peu du genre à demander toutes les cinq minutes « C’est quand qu’il arrive? ». Relou? Vous avez dit relou? Pourtant, rien n’était prêt pour accueillir un bébé ici et mieux encore, ils s’apprêtaient à vivre dans le van à nouveau. Dans le genre décision de merde avant la naissance d’un enfant, on faisait difficilement mieux. Mais ils étaient Jagger et Donovan et l’appel de la route était plus fort que tout. En plus, ils avaient déjà presque tout prévu. Ils allaient errer à travers le pays, comme avant, jusqu’à que Jagger ne soit plus capable de tenir cinq minutes sans avoir mal au dos ou envie de pisser. Ils iraient se poser à San Francisco pour la naissance du bébé, parce que c’était là-bas que Jagger était née et parce que Donovan était un futur papa extrêmement dévoué au bonheur de la future maman. Il avait beau avoir toujours craché sur San Francisco, parce que merde, il était de Chicago lui, Il s’en foutait bien de savoir où naitrait leur enfant tant qu’il naissait en bonne santé. « Tu comprends pas à quel point c’est merdique de ne même pas pouvoir fumer une petite clope de rien du tout. J’ai envie de mourir. » finit-elle par lâcher un peu trop dramatiquement pour ressembler à du Jagger tout craché. Donovan la regarda de travers avant de se moquer gentiment. « Je t’emmerde. »  « Moi aussi, je t’aime. » Il lui envoya un baiser, toujours amusé de son humeur mauvaise. « Bon, et puis merde. Va te préparer. On a pas que ça à faire. Je te signale qu’on est censés partir avant midi. » Il la regarda de haut en bas.  « J’espère que tu comptes mettre au moins un pantalon, toi. J’ai lu quelque part que les femmes enceintes ont la mémoire qui part un peu en couille, alors si jamais t'as oublié... . » Elle haussa un sourcil et ils échangèrent un regard dont eux seuls avaient le secret. Soudain, il reçut un grain de raisin pile entre les deux yeux et prit son air outré. Elle éclata de rire. Il ne l’avait pas vu venir. Sans réfléchir, il planta sa main dans le pot à farine. « Donovan, déconne pas. » qu’il l’entendit dire. Il sortit une poignée de farine et la lança sur Jagger qui tenta de fuir, en vain. Il lui couru après et quand il l’attrapa il étala la farine qu’il avait encore dans les mains sur le visage de la jeune femme. Elle riait et criait en même temps, tout en se débattant, si bien qu’ils finirent tous les deux sur le sol du salon. Donovan se plaça au dessus d’elle et l’embrassa.   « Tu sais à quel point c’est dur de trouver des douches aussi grandes que celle d’ici quand on est sur la route…  » Une dernière petite douche à deux, ça ne pouvait pas faire de mal. Et puis il fallait bien que quelqu’un l’aide à retirer la farine de son visage et de ses cheveux.


FLASHBACK


Devant la porte de la chambre, Donovan prit une profonde inspiration. Il attrapa la poignée, la pressa et pénétra dans la pièce. Jagger était allongée sur un lit d’hôpital, évidemment, et à peine ses yeux se posèrent-ils sur elle qu’il ressentit le besoin irrépressible d’aller la serrer dans ses bras. Il ne voulait surtout pas lui faire mal, alors il l’embrassa sur la bouche, et descendit peu à peu sur son cou jusqu’à aller nicher sa tête là où il adorait la mettre. La nuque de Jagger était sans doute son endroit préféré au monde.  « J’ai cru que je t’avais perdu. » Il brisa le silence. La voix légèrement cassée par l’émotion.  « J’ai cru que je t’avais perdu et que ma vie était finie. J’ai cru que je te verrai plus jamais ouvrir les yeux. Et j’ai voulu tuer ce sale type qui t’as fait ça. J’ai voulu le tuer de mes propres mains, Jagger. » Il parlait tout près de son oreille parce qu’il ne s’était pas encore redressé. Il l’aimait tellement et il avait eu si peur qu’il ne pouvait pas relâcher l’étreinte. Elle s’accrochait à lui, elle aussi. « Je suis désolée. » Il releva la tête et la regarda dans les yeux.  « C’est pas ta faute. C’est pas toi qui es responsable de l’accident. » Il l’embrassa à nouveau.  « Mais ouais, ne me refait plus jamais ça. Plus jamais, t’entends? » Elle hocha la tête. Son visage avait quelques égratignures, mais rien de trop choquant. Elle s’en remettrait rapidement si tout allait bien. Donovan s’assit sur le rebord du lit et attrapa sa main.  « Le médecin a dit que…. » Il était encore un peu sonné par la nouvelle qu’elle lui avait annoncé, à moitié consciente. Ça faisait bizarre de parler de quelque chose qu’il ignorait totalement hier encore.  « Le médecin a dit que le bébé va bien. » La main de Jagger se resserra un peu dans la sienne.  « Il va bien. » Elle avait dû avoir tellement peur, elle aussi. Surtout après ce qui était arrivé la dernière fois… Marley. Comment pouvaient-ils penser à autre chose tous les deux? Évidemment que leurs pensées étaient toutes plus ou moins dédiées à la première grossesse de Jagger qui avait mal tourné et dont Donovan n’avait eu vent que plusieurs mois après. Ça leur avait fait tellement de mal… Alors vivre une épreuve pareille une seconde fois, c’était inimaginable. Comment pourraient-ils le supporter? Mais le bébé allait bien et c’était tout ce qui comptait à présent.  « Alors… On va… avoir un enfant? » Elle hocha à nouveau la tête et Donovan lui offrit le plus beau sourire possible. Le sourire d’un homme heureux. Le sourire d’un homme fier. Le sourire d’un homme amoureux. Il ne l’avait pas souvent vu aussi peu bavarde. La pauvre avait l’air épuisé.  « Je vais te laisser te reposer d’accord? Ally et Hendrix sont tous les deux dans la salle d’attente avec moi, on va rester un peu avec toi. Je te laisserai pas toute seule dans cet hôpital de merde. Je sais que tu détestes ça. » Et elle savait pertinemment que lui aussi détestait ça. Mais pour elle, il pouvait rester.  « Je t’aime. » Il se pencha pour la serrer à nouveau dans ses bras et pour lui donner un baiser. Si ça n’avait tenu à qu’à lui, il ne l’aurait jamais plus lâché.

FIN DU FLASHBACK



 « Hey, Jagger. T’as pas vu mes clés? J’ai oublié de rendre son double à Naya, je voulais les laisser ici pour qu’elle puisse les récupérer. » Ça faisait longtemps que Donovan n’avait pas passé une nuit chez Naya, mais il avait conservé les clés. La jeune femme ne les lui avait jamais réclamé, il faut dire. C’était le genre de chose qui leur sortait de la tête à tous les deux, il faut croire.  « Jag’? » appela-t-il à nouveau  en quittant la chambre dont le lit avait été refait. Il trouva Jagger au salon, debout devant la bibliothèque d’Hendrix. Il s’approcha doucement et ses yeux balayèrent l’étagère qu’elle observait avec insistance. Des cadres avec des photos de famille. Instinctivement, il posa sa main sur la poche de son jean où il avait mis son porte-feuille. C’était dedans qu’il conservait une photo de sa propre mère, l’une de celles que son père lui avait donné lors de leur voyage à Chicago. Sur l’étagère, il y avait les parents de Jagger. Ses pères et sa mère. Il y avait Jagger et Hendrix à environ sept ou huit ans. Jagger et Hendrix à l’adolescence. Jagger et Hendrix à l’âge adulte. La complicité entre les deux était évidente. Donovan savait bien qu’elle aimait son frère de toutes ses forces, qu’il était important dans sa vie et qu’il occupait et occuperait toujours une place immense dans son coeur. Il était sincèrement heureux pour elle, qu’elle ait la chance d’avoir cette relation-là avec son jumeau. Hendrix la rendait heureuse. Hendrix était une partie d’elle. Ils étaient venus au monde ensemble, presque main dans la main, quoi de plus normal que de les voir partager une relation fusionnelle? Donovan ne pouvait pas être jaloux de ça. Il n’en avait même pas le droit. Lui, il était le père de son futur enfant. Sa place était tout aussi importante. Il était sa personne. Et tous les deux, ils avaient partageaient des choses bien trop fortes pour qu’il ne compte pas. Jagger avait simplement le coeur assez grand pour y accueillir les hommes de sa vie. Tous les hommes de sa vie. Ses pères, son frère, et peut-être même son premier amour, Julian. Donovan était celui avec qui elle voulait construire le futur, mais ça ne voulait pas dire qu’elle devait oublier les autres, il l’avait bien compris et il l’acceptait parfaitement désormais. Au fond, il en était même venu à apprécier Julian depuis le soir où il l’avait récupéré ivre mort devant un bar et l’avait ramené chez lui.  « Ils seraient fiers de toi, j’en suis sûr. » dit-il en passant ses bras autour d’elle et en indiquant du doigt une photo des parents d’Hendrix et Jagger.  « C’est complètement con mais je me suis déjà imaginé nos mères en train de papoter tranquillement au milieu des nuages. » Il imaginait souvent sa mère dans les nuages, depuis tout gamin. Donovan ne croyait pas spécialement à une vie après la mort, ni au Paradis, mais au fond il avait toujours eu un petit doute et puis c’était moins douloureux d’imaginer sa mère dans le ciel plutôt que six pieds sous terre.  « Je me demande ce qu’elles pourraient se dire. Je suis sûre qu’elles critiqueraient ma façon de conduire et ta façon de parler. » Il eut un petit rire. Les bras toujours encerclé autour de Jagger, il déposa ses mains sur le ventre à peine arrondi de la future maman.  « On lui dira à lui aussi à quel point on a eu des mamans géniales. On lui dira que tes parents ont été les meilleurs parents qu’un enfant peut souhaiter. On fera tout pour être comme eux. Mieux qu’eux, même. On fera tout pour jamais lui faire du mal, pour toujours le soutenir dans tout ce qu’il entreprend, pour lui montrer le monde et l’encourager à rêver. On lui offrira tout l’amour dont on est capables et plus encore. Je te jure qu’on sera heureux. » Il la serra un peu plus dans ses bras, caressant doucement son ventre et Jagger déposa l’une de ses mains sur celles de Donovan. Ils restèrent ainsi quelques instants avant que la porte d’entrée ne s’ouvre et qu’Hendrix apparaisse. Il leur annonça que des amis attendaient dehors pour leur dire au revoir. Il y eut un moment de silence et Donovan relâcha son étreinte.  « Je vais aller faire monter Memphis et O’Malley dans le van et mettre nos dernières affaires. » Il quitta le salon, laissant Jagger et son frère pour un dernier tête-à-tête.


FLASHBACK


Donovan se tenait debout devant une vitre qui donnait sur la chambre de Jagger. Ally était à l’intérieur avec elle et depuis dix minutes il les observait en train de rire, se serrer dans les bras, rire encore et essuyer deux ou trois larmes qui n’avaient pas pu être retenues. Il fit quelque pas en arrière pour se poser contre le mur, sans les quitter des yeux. Jagger méritait le meilleur et Ally était sincèrement la personne parfaite pour être son âme soeur. Amicale, j’entends. Commencez pas à chercher la petite bête. Ces filles-là s’entendaient à merveille et si en apparence on aurait pu les croire différentes, elles étaient au fond incroyablement similaires. Du moins, elles formaient un duo pétillant, détonnant et remarquable. Donovan adorait Ally. Elle était un peu bizarre parfois, mais ce n’était pas lui qui allait juger ça. Il était le premier à faire et dire n’importe quoi. Depuis leur première rencontre, il avait rapidement saisi pourquoi elles étaient aussi importantes l’une pour l’autre. Elle était d’ailleurs l’une des rares filles que Jagger supportait. Ça voulait forcément dire qu’elle était quelqu’un de bien. Amusante, touchante, super intelligente (d’ailleurs, c’était le seul truc louche dans l’histoire. Ally était médecin quand même… Jagger était… serveuse? Garagiste? Super douée au pieux? Ah non, merde. C’est pas un job ça.) et vachement sympa, Ally avait vraiment tout pour elle. Dommage qu’elle soit du genre à aimer les flics, mais hé, on a tous nos défauts. Si c’était son délire de se faire voler son muffin (ou de se le faire beurrer) par un policier, Donovan essayait de ne pas trop juger. Il les vit en train de rire à nouveau et il se sentit heureux à son tour. Jagger allait bien. Ils allaient être parents. Elle était entourée de gens qui l’aimaient. Il sentit soudain une main lui tapoter l’épaule. C’était Hendrix. Ce dernier lui apportait un café.  « Merci. » Le frère de Jagger s’installa à côté de lui pour regarder les deux amies à travers la vitre. C’était la première fois qu’ils étaient vraiment seuls tous les deux.  « Hendrix, je suis désolé que le ton soit monté hier… C’était débile en plus. » Il parlait de l’histoire du pied…  « On était tout les deux à cran et … Enfin c’était stupide. C’est tout. Et on avait pas besoin de ça. Je suis désolé de m’être emporté. » Pour la première fois aussi, il était vraiment sincère avec lui.  « Tu sais… J’aime vraiment Jagger. Et je sais que je suis pas un modèle de l’homme parfait ou du beau-frère idéal, mais honnêtement je pense qu’elle s’en tape un peu de ça. Je crois qu’elle m’aime aussi. J’espère qu’on pourra s’entendre un jour, toi et moi. » Il eut un petit rire.  « Ouais, bon. Je te promets pas d’être un bisounours à partir de demain, ni même jamais en fait, mais je vais faire un effort pour qu’on arrête de s’engueuler pour rien. On a passé l’âge à ce qu’il parait. » Il détourna le regard pour fixer Jagger.  « Elle mérite qu’on fasse cet effort-là pour elle. »

FIN DU FLASHBACK




Dernière édition par Donovan R. Halvey le Jeu 19 Mar 2015 - 3:18, édité 4 fois
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Every song ends, but is that any reason not to enjoy the music? •• DONOGGER Empty
MessageSujet: Re: Every song ends, but is that any reason not to enjoy the music? •• DONOGGER   Every song ends, but is that any reason not to enjoy the music? •• DONOGGER EmptyMer 18 Mar 2015 - 14:38



Donovan, un chat sous chaque bras, passa la porte et aperçu un petit attroupement dans l’allée du garage.  « Euh… Salut. » Il reconnaissait certains visages. Des collègues de Jagger, des amis d’enfance, des voisins curieux. D’autres ne lui disaient absolument rien. Il se dirigea vers le van en ignorant plus ou moins tout le monde et fit entrer Memphis et O’Malley sur le siège passager. Il descendit la fenêtre au maximum pour qu’ils puissent jeter un oeil dehors, respirer une dernière fois le bon air d’Huntington.  « Allez les mecs, on rigole plus là. On a plus qu’à attendre Jagger et… c’est parti! » Il caressa la tête de ses boules de poils et ne put s’empêcher de constater qu’ils étaient sans doute les deux meilleurs amis qu’il s’était fait à Huntington Beach. Si c’était supposé le rendre triste, ça ne fonctionnait pas du tout. Donovan était très heureux avec Memphis et O’Malley.  « L’aventure, dude. » il fit mine de taper dans la patte de Memphis.  « High five avec toi aussi O’Malley. High five. » et il fit de même avec l’autre chaton. Une voisine se glissa derrière lui. « Vous parlez à vos chats? » Donovan se tourna brusquement et dévisagea l’inconnue.  « Pourquoi? C’est interdit? » Elle s’éloigna sans rien répondre. Elle voulait le mettre de mauvaise humeur celle-là ou quoi? Non mais de quoi je mêle d’abord? Touche à ton cul t’auras du miel, vieux crouton, va. Il était presque sûr qu’elle ne connaissait même pas Jagger. Donovan aperçu ensuite la voiture de Julian se garer un peu plus loin dans la rue. Il le laissa arriver devant la maison et comme il était le seul à connaitre un minimum, il l’accueillit à bras ouverts.  « Julian, mon pote! Heureux de te voir tenir sur tes deux jambes. C’est mieux que de se bouffer le pavé, hein? » Il se mit à rire, fier de sa taquinerie. N’empêche que ce soir-là n’avait pas été très amusant. Julian lui avait confié des choses que Donovan n’aurait jamais pu deviner. Des choses que même Jagger ignorait.  « T’es venu dire au revoir à Jagger ou t’es venu pour la convaincre de rester? » Il continuait de se moquer, mais honnêtement ce n’était pas méchant. C’était plutôt digne des taquineries qu’il aurait pu sortir à n’importe lequel de ses amis.  « Je plaisante, tu sais que je te kiffe maintenant. » Il lui fit un grand sourire avant de lui mettre une petite tape dans le dos.  « Jagger est avec Hendrix à l’intérieur. Ils ne devraient plus tarder… » Ça lui faisait un petit pincement au coeur quand même de se dire que Jagger était en train de dire au revoir à son frère. Même si bien sûr ça n’avait rien de définitif, pour le moment leur départ d’Huntington Beach n’avait rien de temporaire. Ils partaient mais n’avaient prévu aucune date de retour… Jagger et Hendrix se reverraient forcément dans les mois à venir, mais la question restait à savoir quand exactement.  « T’as pas intérêt à te laisser aller pendant quand on sera plus là, hein? Et je suis sûr que Jagger voudra de tes nouvelles, hésite pas à nous skyper ou une connerie du genre. D’ailleurs j’ai créé un compte moi aussi. C’est « BiigDaddyInCatland » mon pseudo. Deux « i » à  big. Note bien, hein! Et pour snapchat c’est la même chose. Je pensais que c’était un truc porno à la base… genre Snapchatte. Mais en fait non. C’est plutôt cool. » Il parlait trop. Il parlait trop parce que Jagger et Hendrix étaient encore à l’intérieur et il avait peur que les adieux soient en train de tourner en un mélodrama. Il avait peur de voir Jagger pleurer. Après tout ce qui s’était passé depuis son retour à Huntington Beach… Donovan savait que partir, même si c’était ce qu’elle voulait, n’avait rien de facile.


FLASHBACK


 « Fais gaffe à la marche. » Donovan tenait Jagger par la main et la guidait dans l’allée de la maison tandis qu’elle fermait les yeux.  « Triche pas! » Il l’entendit grommeler. « Je triche pas, Donovan. Mais je te préviens, si tu me fais bouffer de la terre, je te tue. » Merde, il n’avait même pas pensé à lui faire manger de la terre.  « Stop. » cria-t-il un peu trop fort au point de la faire sursauter. « Pourquoi tu cries alors que je suis juste là? Et tu me tiens par la main en plus! » La vérité c’est qu’il était tellement impatient qu’elle voit la surprise qu’il commençait à mal le vivre.  « Ok, je vais compter jusque trois et à trois tu peux ouvrir. » Il gesticula un peu devant elle, fit une ou deux grimaces histoire d’être sûr qu’elle ne voyait vraiment rien, puis il se mit à décompter.  « Un. » Il lâcha sa main et alla se placer juste un peu plus loin.  « Deux. » Memphis arriva à ses pieds et Donovan se pencha pour le porter dans ses bras.  « Trois. » Jagger ouvrit les yeux et Donovan sourit de toutes ses dents. Il se tenait devant le van complètement réparé. Jagger cligna des yeux à plusieurs reprises, très vite, puis elle entr’ouvrit la bouche. Elle avait l’air un peu sous le choc.  « Je sais que normalement il n’y a que toi qui as le droit d’y toucher et je sais que tu tiens à ton van comme à la prunelle de tes yeux. Mais quand on l’a récupéré à la casse Hendrix et moi, on s’est dit qu’on ne pouvait pas te le montrer dans cet état. On a préféré te dire qu’il était irrécupérable pour te faire la surprise… On l’a réparé tous les deux. » Ils s’étaient unis pour la bonne cause. Mais elle ne disait toujours rien.  « Tu nous détestes? » Donovan colla Memphis tout près de son visage, juste au cas où effectivement elle le détesterait d’avoir tripoté son van à elle et de lui avoir menti par dessus le marché. « C’est… Vous avez fait ça pour moi? » Il hocha vivement la tête. Elle s’approcha pour observer leur travail de plus près. Honnêtement, le van venait de gagner au moins 10 ans. Il n’était pas comme neuf, certes, mais il avait super fière allure.  « Ça te plait? » Elle se tourna vers lui. « C’est parfait. » Puis, elle attrapa Memphis des bras de Donovan et le fit glisser derrière le volant, sur le siège conducteur. « Memphis, c’est toi qui pilote. » Satisfait, Donovan lui attrapa à nouveau la main, laissant le pauvre chaton avec les pattes sur le volant. Bizarrement il avait un air très sérieux qui allait bien avec l’image d’un chat pilote. Du moins l’image que Donovan s’en faisait. Jagger et lui allèrent s’asseoir sur les marches menant à la porte d’entrée.  « Jagger, je voudrais qu’on parle de quelque chose… » Sans prévenir, elle passa sa main dans les boucles rebelles de Donovan et l’attira vers elle pour l’embrasser.  « Je veux reprendre la route. » lâcha-t-il entre deux baisers. Elle se stoppa net, le regarda dans les yeux, et eut un sourire.  « Je sais que t’es enceinte et qu’on ne pourra pas faire comme avant, mais j’ai envie de tenter l’aventure. On fera attention et dès que tu ne pourras plus parce que tu seras devenue plus grosse qu’une baleine — je rigole — on se posera quelque part et on aura un bébé. » Ça lui semblait si simple à lui, tout ce qu’elle avait a dire c’était oui. Mais Jagger ne semblait pas totalement convaincue. Elle expliqua que oui, elle avait bien envie de voyager à nouveau, mais elle était surtout inquiète pour le petit être qui grandissait en elle. Et puis elle ne voulait pas que son bébé naisse n’importe où.  « Qu’est-ce que tu dirais de San Francisco? Je sais que cette ville a de l’importance pour toi, bien plus que Chicago n’en a pour moi. San Fran’ c’est pas mal pour naitre, non? » Elle promit d’y réfléchir mais tout ce qu’elle voulait faire là, tout de suite, c’était monter dans le van et aller faire un tour.

FIN DU FLASHBACK



 « Ally! » Un deuxième visage familier.  « wesh wesh salamèche, bien ou bien? » Bon sang ce que ça allait être dur de lui dire au revoir à elle. Même lui, n’en avait pas vraiment envie.  « Jagger est à l’intérieur, elle dit au revoir à Hendrix. » Il pointa ensuite les gens qu’il ne connaissait pas du tout mais qui étaient là quand même.  « Sérieux, ceux-là sont venus dire au revoir mais je sais même pas qui c’est.  En plus y’a que des moches, ça m’étonnerait que ce soit des potes de Jagger. » Il donna un petit coup de coude entendu à Ally en mode « Toi t’es canon, c’est normal que vous soyez amies. ». Non vraiment, ça allait être bizarre de ne plus la voir, autant pour Jagger que pour lui. Il n’aurait pas cru s’attacher à qui que ce soit à son arrivée, mais des mois après il se rendait compte à quel point les choses avaient changé. Il pouvait sincèrement dire qu’il s’était fait des amis ici, et Ally en faisait partie.  « Ally, avant que j’oublie, même si je sais que tu me stalkes déjà sur les réseaux sociaux, note mon identifiant skype pour qu’on s’appelle. « BiigDaddyInCatland » avec deux « i » à big. Ah et Snapchat c’est pareil. Tu savais toi que c’était pas un truc interdit aux moins de 18 ans? » Comment ça il poussait un peu avec son histoire d’appli porno? Non, il n’avait rien d’un obsédé. D’ailleurs il était bien heureux de savoir que ça n’avait rien à voir avec quelque chose de cochon.  « Je sais que Jagger a déjà dû te promettre de t’appeler tous les jours, mais je tiens à te le dire aussi. On te donnera des nouvelles et puis il faudra bien que tu rencontres ton filleul ou ta filleule. Si avec Jagger et moi comme parents et toi et Hendrix comme parrain et marraine, ce gosse n’est pas le plus cool du monde, je sais pas ce qu’il faut. » Un peu que leur enfant allait être cool. Il allait même être plus que ça. De toute façon, ce ne serait juste pas possible autrement. Pas avec des adultes comme ça pour modèles.  « Je veux pas te faire pleurer mais bon, tu vas me manquer. T’inquiète d’ailleurs, j’ai pris la photo du frigo d’Hendrix pour qu’on l’accroche dans le van. Tu sais, celle où vous portez des perruques toi et Jag’. » La pire photo du monde. Ou la meilleure. Disons que ça dépend du point de vue.  « Ahhh et avant que j’oublie, y’a autre chose que je voulais dire » Il attrapa Ally et Julian et les tira jusqu’à la boîte aux lettres.  « Comme on est tous devenus amis maintenant, je voulais vous confier un secret que j’ai gardé soigneusement jusqu’à aujourd’hui. Même Jagger ne l’a pas su avant récemment… Vous voyez la boîte aux lettres? Vous remarquez rien de spécial? » Il les laissa tous les deux observer la chose pendant quelques secondes, mais voyant leur perplexité face à sa question, il pointa quelque chose du doigt pour attirer leur attention.  « L’espèce de tuyaux en laine… Le truc coloré là, qui recouvre une partie du pied…C’est moi qui l’ai fait. Ça s’appelle du yarn bombing .» Il les laissa admirer son oeuvre.  « Si vous avez vu des poteaux, des bancs, des feux tricolore ou des panneaux de signalisation avec des espèces de décoration en tricot dans la ville, c’est sûrement moi qui l’ai fait aussi. » Il était vachement fier de sa révélation.  « Ça vous en bouche un coin de savoir que Donovan sait tricoter, pas vrai? J’ai appris ça quand j’étais sur la route. Un petit couple de vieux avec qui j’ai passé un peu de temps m’a fait rejoindre leur espèce de gang de tricoteurs urbains. Depuis je m’éclate. Bon, je vais pas vous mentir Jagger a cru que je me foutais d’elle quand je lui ai en parlé… Mais honnêtement c’est une passion comme les autres. » Il leur fit signe de ne pas bouger, alla trifouiller quelque chose dans le van et revint avec un paquet pour chacun.  « Je vous ai fait des manteaux pour vos boîtes aux lettres à vous aussi. C’est mon cadeau d’au revoir, si on peut dire. » Il resta planté devant Ally et Julian quelques instants sans qu’aucun des trois ne dise un mot. Puis, la porte d’entrée de la maison s’ouvrit et Jagger surgit, suivit de Hendrix.


FLASHBACK


La journée au boulot n’avait pas été facile et la première chose que Donovan avait faite en rentrant était de s’être glissé sous la douche brûlante. La radio fonctionnait encore à fond, comme à chaque fois qu’il n’y avait ni Jagger, ni Hendrix pour lui dire de baisser le volume. Il s’éclatait à utiliser la savonnette comme un micro, bien qu’elle lui échappa des mains à plusieurs reprises et qu’il manqua même à un moment de se péter la gueule royalement. Trempé de la tête aux pieds et du sol au plafond, il avait mal fermé le rideau et de l’eau s’était répandue un peu partout dans la salle de bain. Jagger allait l’engueuler en rentrant, il en était sûr. Pourtant, lorsqu’il sentit deux mains venir se glisser dans son dos, puis sur son ventre tout en remontant vers le haut de son torse, il eut un grand sourire.  « Si c’est Hendrix, tu pourrais attendre que j’ai fini de me doucher quand même. » Il y eut un éclat de rire et il entendit Jagger lâcher un « T’es con. », amusée. Leurs deux corps nus sous la douche, le meilleur moment de la journée, en tout cas les jours où ça arrivait. Elle le serra dans ses bras, ce qui était assez rare. En général, c’était l’inverse. Il lui passa le savon en lançant son bras en arrière.  « Attrape! » Mais elle ne l’attrapa pas du tout et ils manquèrent de glisser. Il parvint à empêcher la chute en s’agrippant au mur et elle en s’agrippant à lui. Ils eurent un fou rire avant de reprendre leur sérieux. « Je suis d’accord, Donovan. » La musique venait de se stopper pile au moment où elle avait parlé. Il se tourna vers elle et la regarda du haut de son mètre quatre vingt. Elle semblait plus petite encore que d’habitude et il se demanda pourquoi mais n’y attacha pas une attention particulière.  « T’es d’accord? » Il n’était pas très sûr de savoir ce dont elle parlait. « Ouais, je suis d’accord. On peut reprendre la route. » La musique se remit en marche, une nouvelle chanson résonna dans la pièce tandis que l’eau continuait de les asperger. Donovan était planté au milieu de la douche et faisait face à Jagger et toute la perfection qu’offrait ce corps qu’il connaissait comme la paume de sa main.  « T’es sérieuse? T’es sûre? » Elle avait l’air ravie de l’effet que la nouvelle lui procurait, c’est-à-dire une surprise totale. Ça faisait bien trois semaines qu’il lui en avait parlé et depuis le sujet n’était pas revenu sur le tapis. Il avait pensé qu’elle ne voulait pas partir, tout simplement. « Ouais, je suis sûre. Mais faut que tu me promettes trois choses. D’abord, je veux que tu me promettes qu’on part pas pour toujours, qu’on reviendra ici un jour. Il y a trop de gens que j’aime pour oublier cet endroit. Huntington Beach c’est plus uniquement chez moi maintenant, c’est chez nous. Je veux revenir chez nous quand on en aura assez du van ou qu’on aura trop de chats et de bébés pour tous tenir dedans. On reviendra, ok?» Revenir à Huntington Beach? Il n’était pas contre. Aussi surprenant que ce soit, y compris pour lui-même, il se plaisait bien ici. Si son goût pour l’aventure et les voyages n’était pas aussi fort il aurait sans doute pu vivre encore longtemps à Orange County. En plus, il appréciait l’idée de remplir le van de chats et de bébés.  « Ok, je te promets qu’on reviendra un jour. C’est quoi les deux autres trucs? » Elle affichait un petit sourire mystérieux qui lui indiquait qu’il était en droit d’avoir peur. « T’as dit que tu voulais bien que le bébé naisse à San Francisco. Je veux que tu promettes de tenir parole. » Il l’avait dit, et il n’avait pas changé d’avis.   « Ça me va. San Francisco ce sera. » Le sourire de Jagger s’élargit. « À la naissance, je veux que tu portes un maillot de l’équipe de baseball, les Giants. » La garce!   « Je te hais. » lâcha-t-il presque vexé de se faire avoir comme ça. « Il faut que tu promettes, Donovan. » Il attrapa une pomme de douche et la jeta sur Jagger.  « Ok, je promets. Mais je te hais vraiment. » Elle se hissa sur la pointe de ses pieds pour l’embrasser dans le cou et il tenta de se débattre avant de finir par se laisser faire. Après tout, même si on le forçait à aller à l’encontre de sa religion sportive, il était faible et ne savait pas dire non à ce corps nu qui s’offrait à lui.

FIN DU FLASHBACK



Jagger avait fini par atterrir dans les bras d’Ally. Les filles se serraient l’une contre l’autre et Donovan se demanda pendant un instant si elles se lâcheraient un jour. Ni l’une ni l’autre ne semblait avoir envie de se séparer. Il échangea un regard avec Hendrix et Julian.  « Hendrix, ça me touche que t’aies mis mon tricot sur ta boîte aux lettres. » Il fallait qu’il parle avant que le moment ne devienne trop émouvant pour tout le monde. C’est qu’il était sensible au fond. Tout en laissant Ally et Jagger se dire au revoir, Donovan se tourna à nouveau vers Hendrix.  « Merci de m’avoir accueilli. C’était sympa de vivre chez toi. Je suis sûr que ça va te manquer de ne plus entendre la radio à fond, ou de ne plus retrouver ta cuisine dans un bordel monstre. Enfin faut voir le bon côté des choses, tu vas enfin pouvoir faire désinfecter ton canapé et commencer à te rassoir dessus sans crainte qu’on y ait à nouveau copulé. » Il eut un grand rire spontané, encore une fois très fier de sa vanne. Il caressa ensuite les cheveux de Jagger pour attirer son attention.  « Il faut qu’on y aille. On avait dit midi et… il est midi. » Donovan se pinça un peu la lèvre. Il n’avait aucunement envie de la presser, après tout il se rendait bien compte que dire au revoir prenait du temps. Ils avaient beau tous se promettre de se revoir bientôt, de s’appeler souvent et de s’écrire même, personne ne savait vraiment comment les choses allaient se passer. La vie était pleine d’imprévus, bons et mauvais. C’était sans doute ce qui la rendait si intéressante à vivre, mais c’était aussi ce qui la rendait terrifiante. Qui pouvait dire pour sûr qu’il serait encore là demain? Personne. Rien n’était jamais garanti. Jamais. Jagger et Donovan le savaient mieux que personne. Ils savaient aussi que vivre, ça prenait une bonne dose de courage. Courage dont ils ne manquaient pas. Ils étaient ces deux électrons libres en soif d’aventures. Le problème avec ce genre de personnalité c’est qu’on finit par laisser des morceaux de son coeur à chaque endroit où l’on s’est autorisé à aimer quelqu’un. Un coeur éparpillé. Mais un coeur tellement plein d’expériences, de rencontres, d’amour, d’amitiés, de souvenirs, de rêves et d’ambitions. Ils ne voulaient rien regretter et c’était pour cela qu’ils reprenaient la route aujourd’hui. Huntington Beach était chez eux, Jagger n’avait pas tord. Ce serait toujours chez eux. C’était ici qu’ils avaient enfin réussi à se construire, à se détruire un peu aussi, mais surtout à se relever des coups que la vie leur avait asséné. Ils s’étaient aimés sur la plage, déchirés derrière un club de la ville, et aimé à nouveau sur le comptoir d’un café. Ils avaient pleuré dans cette maison, avaient ri dans ces rues, s’étaient serrés très fort dans ce magasin et un peu plus fort encore dans la cabine d’essayage (oups). À Huntington Beach, ils ont grandi, ils ont vécu, et ils ont changé. Comment pouvait-on être jamais prêt à quitter quelque chose comme ça? Quelque chose qu’on aime si fort, auquel on s’accroche comme à une bouée de sauvetage, parce qu’à un moment donné c’était tout ce qu’on avait. Mais quelque part ailleurs, d’autres rencontres les attendaient, d’autres souvenirs à se fabriquer, d’autres éclats de rires à avoir, d’autres disputes à s’en déchirer les poumons, d’autres secrets à garder, d’autres lieux à découvrir.  « Julian, Ally, oubliez pas de m’ajouter sur skype hein, je compte sur vous! » Donovan leur offrit à tous un dernier sourire, donna une dernière tape à Hendrix et fit finalement volte face pour monter dans le van en se jurant de ne surtout pas regarder en arrière. Ses yeux étaient devenus brillants et humides. Il n’y voyait même plus très bien. Il avait toujours été très mauvais pour les adieux. Il monta du côté passager, laissa Memphis et O’Malley s’installer sur ses genoux et agita un peu sa main devant son visage pour ne pas se mettre à pleurer comme un bébé. Il aurait voulu dire un truc à ses chats, mais la boule qu’il avait dans la gorge l’empêchait de dire quoi que ce soit.

Quelques minutes plus tard, lorsque la porte du côté conducteur s’ouvrit et que Jagger monta à bord, Donovan n’osa pas la regarder. Elle referma la portière en la claquant, attacha sa ceinture et mis les clés sur le contact. Elle déposa les deux milky ways que Donovan avait mis de côté pour elle sur le tableau de bord et déposa ses mains sur le volant. Le silence. Pas un mot. Juste eux deux dans le van, prêts à mettre les voiles. Jagger sembla découvrir son van à nouveau avant de se tourner vers Donovan et d’attraper sa main pour la déposer sur son ventre.  « Si c’est un garçon, je veux qu’il s’appelle Jones. Je sais pas pourquoi mais j’ai un pressentiment. Je sens que ce sera un garçon. » Donovan caressa son ventre. Un garçon lui allait parfaitement.  « Jones? » Il fixa le pare-brise en faisant mine de réfléchir.   « Ouais, Jones ça me plait. ». Il retira sa main de son ventre mais Jagger le retint juste au dernier moment. « On reviendra, pas vrai? T’as promis. »  « On reviendra. » Elle relâcha sa manche et le laissa attraper la bouille de Memphis.  « On reviendra tous ensemble. C’est promis, les mecs. » Il sortit ensuite un petit pendentif de sa poche et le passa autour du rétroviseur.  « J’ai pensé que ça irait bien avec le reste du van. Je peux l’enlever si tu veux. » Elle fixa le petit « M » qu’il venait d’accrocher. « Non, laisse-le. C’est parfait ici. » Jagger démarra enfin le van, prit une profonde inspiration, et appuya finalement sur les pédales. Le véhicule quitta doucement l’allée du garage de Hendrix et dans leurs rétroviseurs, Jagger et Donovan pouvaient voir leurs amis leur faire un dernier signe. Elle prit le temps de jeter un oeil aux rues, à ce quartier qui avait été le leur ces derniers mois, un groupe de gamins leurs souhaita même bon voyage. Ni l’un, ni l’autre ne prononça un autre mot jusqu’à ce que la van passe le panneau de délimitation de la ville. Au revoir Huntington Beach. La route longeait la plage et le soleil les saluait dans le ciel bleu sans nuage.  « On va où en premier? » demanda Donovan soudainement, comme s’il se rappelait enfin qu’ils se devaient d’avoir une destination. « À Memphis. ». À Memphis?   « Je pensais qu’on faisait des villes qu’on a encore jamais faites.» Il savait pourquoi Memphis était important pour elle, pour eux. Mais il ne savait pas pourquoi pour ce voyage-ci, c’était important d’y aller. « J’ai changé d’avis à propos de San Francisco… Je veux qu’il naisse à Memphis. » Elle fixait la route sans s’en détacher une seule seconde. Sa conduite était assurée, régulière, elle savait très bien ce qu’elle faisait.  « Pourquoi? » Un sourire se dessina sur ses lèvres, puis enfin elle se tourna vers lui et lui répondit le plus naturellement du monde: « Parce que c’est à Memphis que tout à commencé.».
“Là où tout est beau, et rien ne fait peur… Au revoir, Donogger.”





Spoiler:


Dernière édition par Donovan R. Halvey le Jeu 19 Mar 2015 - 3:26, édité 1 fois
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Every song ends, but is that any reason not to enjoy the music? •• DONOGGER Empty
MessageSujet: Re: Every song ends, but is that any reason not to enjoy the music? •• DONOGGER   Every song ends, but is that any reason not to enjoy the music? •• DONOGGER EmptyJeu 19 Mar 2015 - 1:24


❝ There's no "fair" in farewell ❞
Everyone wants someone to follow to turn another grey day to yellow


HÔPITAL SAINT JOHN.

Non non, ce n'était pas possible. C'était un cauchemar. Le sol de cet hôpital, elle ne le foulait que pour aller travailler. C'était sa maison, et il ne pouvait pas se passer de telles choses à la maison. Elle ne pouvait pas vivre ça à la maison. Ici, c'étati un refuge, pas... pas ça. Pourtant, les faits étaient bien là. Ally était assise, à présent immobile, sur un de ces fauteuils de la salle d'attente des urgences qu'elle voyait toujours occupés par des veuves ou des orphelins en devenir. Mais jamais elle n'avait pensé y avoir sa place. Elle ne serait pas orpheline ou veuve, elle serait... les deux à la fois. Elle serait Ally sans Jagger, et Ally sans Jagger, ça faisait quelques années maintenant que c'était devenu totalement inconcevable. Pourtant, les choses venaient de tourner subitement. Un coup de fil, un réveil en catastrophe, et la blonde s'était arrachée des bras de son flic préféré pour rejoindre Saint John. Sa conduite avait été loin d'être correcte, et même si tout ce qu'elle savait était que Jagger avait eu un accident de la route, cela ne l'empêchait pas de laisser de côté sa propre sécurité. A présent avachie sur ce pauvre fauteuil qui avait vu défiler des milliers d'âmes en peine, Ally attendait. Et c'était de la torture. Elle n'avait pas fière allure, avec ses mèches blondes ébouriffées et ses yeux rougis par le chagrin. Après avoir séparé Donovan et Hendrix, qui, comme tout mâle qui se respecte, semblaient avoir décidé de reporter leur angoisse dans une magnifique prise de tête, elle s'était replongée dans ses pensées. Elle était pétrifiée. On lui avait déjà enlevé Emma, on lui avait appris la valeur de la vie de la pire des façons qui soit. Mais elle l'avait comprise, cette putain de leçon. Pas deux fois, putain, pas deux fois... Ce n'était pas juste. Elle avait l'impression de revivre ce cauchemar une nouvelle fois. Et encore une fois, elle était totalement inutile. Impuissante. En arrivant, au détour d'un couloir, elle avait croisé le regard de Logan Grey un instant, priant malgré elle pour que ce soit lui qui soit amené à s'occuper de sa Jagger. Elle avait pleinement confiance en lui, en son jugement et en ses capacités. Mais maintenant, à vrai dire, ça n'avait plus vraiment d'importance. Si à son arrivée, elle avait été partagée entre l'envie de tout connaître de l'état de sa meilleure amie et le besoin de ne rien en savoir, maintenant, son avis était clairement tranché. Elle ne voulait rien savoir. Quitte à être impuissante, autant laisser les médecins qualifiés faire leur boulot dans leur coin en s'inquiétant le moins possible des détails. Non, maintenant... maintenant elle s'imaginait sa vie sans Jagger. Elle n'était pas belle du tout, cette vie. Elle ne voulait pas la connaître. Et les minutes défilaient, se transformant en heures, alors qu'elle s'imaginait le pire scénario. Ally ne serait jamais bonne à cet exercice. Elle ne serait jamais habituée à perdre ceux qu'elle aimait. Et tout laissait supposer que l'histoire se réitérait. A moins que ce ne soit son pessimisme et son fatalisme qui prennent le dessus... Elle ne pensait même pas à cet éventualité, en réalité. L'incertitude la poussait à balancer du côté obscur, et Ally n'arrivait pas à se détacher de cette idée. Jagger était quelque part là-dedans, derrière ces lourdes portes qu'elle avait passées des dizaines de fois sans trop se préoccuper des familles et amis qui se tenaient là où elle se tenait à présent avec Hendrix et Donovan. Elle était aimée, Jagger, elle ne pouvait pas partir comme ça...

L'attente sembla durer une éternité. Ally avait l'impression de repasser par toutes ces phases qu'elle avait connues sur le toit du MGH, des années plus tôt. Jusqu'à ce qu'on leur affirme l'inverse, pourtant, Jagger était toujours de ce monde. Mais elle n'arrivait pas à se convaincre que cette histoire pouvait bien se finir. Donovan, lui, avait fini par briser le silence, sur les nerfs. Ally avait posé sa main sur son épaule, tentant de le calmer, sans trop savoir comment s'y prendre ou quoi dire. Les médecins faisaient ce qu'ils pouvaient, certainement... mais cette attente devenait insupportable. A dire vrai, Ally ne saurait pas réellement déterminer la durée depuis laquelle ils étaient assis là, tous les trois, sans plus se parler. Chacun s'était perdu dans ses propres pensées, et même si Ally aurait préféré avoir la force de rire et de changer les idées des deux hommes, c'était loin d'être le cas. Même en se forçant, elle n'y arriverait pas. Tout sonnerait faux. Des trois, c'est Hendrix qui finit par se lever pour en apprendre davantage. Malgré elle, Ally remercia Jagger d'être si bien entourée. Elle n'était pas seule, et ce simple fait permettait quelque part d'alléger cette angoisse omniprésente. A trois, ils étaient un peu plus forts. Pourtant, ce que Donovan lui confia à cet instant alourdit encore un peu plus le poids qui la terrassait. « Je peux pas la perdre, Ally. Elle est enceinte » avait-il lâché, laissant Ally pétrifiée, ressassant à nouveau toutes les issues possibles de ce scénario -surtout les issues les plus lugubres, à dire vrai. Elle ne voulait pas de Jagger. Elle ne voulait surtout pas de Jagger à la morgue, et elle ne voulait pas de ce bébé à la morgue. De toutes ses forces, elle s'était mise à supplier une entité supérieure, quelle qu'elle soit. S'il y avait bien un moment où elle devait se mettre à croire en une autre divinité qu'en le créateur des sushis, c'était bien maintenant. Sans trop le réaliser, elle s'était relevée par réflexe devant ce médecin qu'elle connaissait de vue. Pas de Dr Grey sous les yeux, mais peu importait. Il avait l'air de gérer. Elle ne comprenait rien à ce qu'il racontait, et ce malgré sa formation et toute sa bonne volonté. Elle s'était arrêtée à l'annonce de l'état de Jagger, et ça lui suffisait amplement. Il serait toujours temps plus tard d'en apprendre plus sur son état, et Ally serait même honorée de tenir le rôle d'infirmière à domicile s'il y en avait besoin. « Elle est réveillée, mais il va falloir du repos. Elle a demandé à voir un certain Donovan. » Le grand brun leva la main, visiblement aussi soulagé qu'elle. Ally, elle, s'était remise à respirer plus calmement, mais elle n'avait pas oublié ce que Donovan venait de lui dire. A dire vrai, cette annonce avait eu l'effet d'une bombe dans sa tête. Jagger et Donovan allaient être parents... n'est-ce pas ? Le doute l'assaillait alors que le copain de sa meilleure amie la prenait dans ses bras. Elle en profita pour lui glisser à l'oreille de la tenir au courant pour Jagger et le reste. Elle l'entendit approuver et se sépara de lui, allégée d'un poids, presque étourdie par le dénouement de la situation.

CHEZ ALLY, UNE SEMAINE PLUS TARD.

« Elle s'appelait Marley », finit par lâcher Jagger, avachie sur le canapé d'Ally. Elle venait de lui confesser cette lourde histoire qui la marquerait à vie, et la blonde l'avait écoutée sans piper un mot, et sans même toucher aux sushis devant elle. A croire qu'il existait deux choses qui lui coupaient l'appétit : Cooper qui l'accablait de reproches, et Jagger qui lui racontait sa fausse-couche. Les larmes aux yeux, Ally regardait à présent Jagger sans savoir trop quoi dire, touchée par tout ce qu'elle venait d'entendre. « Elle fait partie de votre histoire, elle fera toujours partie de votre histoire... Mais elle ne sera plus la seule » avait-elle doucement répondu. « Je suis fière de toi, tu sais. » Elle se recula un peu sur son coussin, posé à terre. « Attention, c'est le moment blockbuster avec le Cunnilingus et la Pierre », prévint-elle avec un petit rire avant d'ajouter, beaucoup plus sérieusement : « Tu t'es construite malgré tout ça, et même autour de tout ça. Ce que tu as maintenant, c'est solide, doute pas de ça. Je parle de Donovan, hein, mais surtout de moi. » Elle eut un petit sourire satisfait. « Et d'Hendrix, aussi, mais là y'a toujours le génome commun qui vous lie, donc ça compte pas vraiment... » Pourtant, Ally ne comptait pas en rester là. Sans savoir comment amener les choses, elle sentait plus que jamais que ce moment était le plus approprié. « J'ai un truc à te dire moi aussi... » Et cette fois-ci, elle se mit à fuir le regard de Jagger, fixant le vernis égratigné de ses pieds. « Mais oublie pas que tu m'as déjà demandé d'être la marraine, et que j'ai déjà accepté. On revient pas là-dessus. » Jagger, à son tour, s'était tue. Ally savait que le moment était venu. Il était idéal, même. A de trop nombreuses reprises, elle avait hésite à simplement lui écrire un sms, lui détaillant toutes ces choses qu'elle avait à lui confier. A chaque fois, elle s'était retenue de le faire, persuadée que c'était loin d'être le moyen idéal de lui annoncer les choses. Et à chaque fois, face à sa meilleure amie, Ally s'était défilée. Elle se disait bêtement que l'avoir confié à Cohen pouvait lui suffire, mais ce n'était pas vrai. L'impression de Jagger à son égard comptaient autant qu'aurait compté celle d'Emma si elle avait pu l'avoir. « Jagger... Je... » commença-t-elle, d'un coup beaucoup moins confiante. Cohen ne l'avait pas jugée, mais est-ce que cela serait le cas de Jagger, aussi, ou est-ce qu'elle allait réagir dans un sens totalement opposé ? Cohen était abîmé, lui aussi, et c'était peut-être pour ça qu'il l'avait comprise comme il l'avait comprise... Mais Jagger venait de lui prouver une nouvelle fois que la vie ne l'avait pas épargnée non plus. Alors... ? « Tu sais que j'ai une sœur, Emma... enfin, non, tu le sais pas... enfin, j'ai pas une sœur, j'avais... enfin, tu sais... » Et, sans adresser un regard à Jaggy, elle lui raconta tout. Tout. En détails. Les larmes qu'avaient préparé la fausse-couche de sa meilleure amie ne purent être retenues plus longtemps, et, lorsqu'elle releva le regard vers elle, Ally essuya les traînées salées qu'elles avaient laissées sur ses joues. Elle venait de s'ouvrir à elle comme Jagger l'avait fait l'instant d'avant. Cette soirée était sans doute la preuve la plus tangible de cette amitié qui les liait, car voilà ce que répondit la brune : « je suis désolée pour Emma, mais t'es bête. T'es responsable de rien. » Quelques mots qui raisonnèrent en Ally comme une délivrance. Les deux personnes qui comptaient le plus à ses yeux avaient eu cette réaction qu'elle n'aurait même pas osé espéré un an plus tôt. Elle se sentait délivrée d'un poids qu'elle avait subi beaucoup trop longtemps. Maintenant, elle n'avait plus qu'à faire face à elle-même... sans doute pas le plus simple, mais elle n'était définitivement plus seule. Ce soir-là, Jagger et Ally abandonnèrent finalement les larmes pour les bières sans alcool, le cœur allégé et des projets plein la tête.

SUSHI ON FIRE.

Cela faisait maintenant un bon moment qu'Ally se considérait comme étant en couple. La première fois que ça lui arrivait, d'ailleurs, mais ça avait quelque chose d'agréable. Jagger et elle en couple, qui l'aurait cru ? Pas ensemble, bien évidemment ! Mais elles s'étaient toutes les deux trouvées au point de découvrir cette drôle d'affaire appelée amour en même temps. Ça avait un côté poétique. Si Ally avait réussi à juger Donovan dans un premier temps sans même qu'il s'en rende compte, il en était de même pour Cohen et Jagger. Toutes les deux ne se laissaient pas avec n'importe qui, et elles se trouvaient à présent dans une drôle de situation. Jagger était en couple, attendait un petit -ou une petite, pas de discrimination-, et Ally était en couple et médecin à plein de temps. Qui les aurait imaginées à ce point-là ne serait-ce qu'un an en arrière ? Pas elles, en tout cas. Et elles en riaient de bon cœur, heureuses de vivre toutes ces choses accompagnées d'une meilleure amie à leurs côtés. Ce jour-là, c'était Jagger qui avait appelé la blonde pour lui proposer des sushis. « J'ai quelque chose à te dire », avait-elle brièvement annoncé avant de raccrocher comme si de rien n'était. En se préparant, Ally avait réfléchi. Pas très longtemps, tout de même, puisqu'elle était arrivée très vite à une conclusion. Jagger et Donovan allaient se marier. Oui... non ? Jagger avait toujours été du genre à critiquer le mariage et tout ce qui se rapprochait de ce genre de vies, mais c'était trop tard pour ça, non ? Et puis, qui pourrait être plus assorti que Donovan et Jagger pour cette aventure ? Voilà, personne.

En avalant son dernier sushi, Ally était donc convaincue que Jagger allait lui demander d'être sa demoiselle d'honneur. Elle avait déjà ses exigences, la petite Ally. Pas de robe bouffante, vieillotte, pastel, ou trop longue. Ce n'était pas parce qu'elle ne serait pas la mariée qu'elle ne devait pas être à son avantage. Elle exigerait également un +1 pour Cohen. Elle était heureuse pour les deux cocos, mais elle avait besoin de son coco(hen) à elle. Jagger avait commencé à introduire son annonce avec un magnifique « bon, alors voilà », et la blonde avait reposé ses baguettes bien sagement. La dernière fois qu'on lui avait annoncé quelque chose d'officiel, c'était également dans un restaurant de sushis, et c'était d'ailleurs la première fois qu'elle goûtait à ces trucs-là. C'était lorsque Emma et Aiden s'étaient fiancés... Pourtant, à cet instant précis, l'air de Jagger semblait à l'opposé de ce qu'elle devait annoncer, mais Ally n'y prêtait pas réellement attention. Elle était tellement convaincue par son hypothèse qu'elle se disait que c'était sans doute l'angoisse de lui annoncer quelque chose qu'elle avait toujours critiqué jusque là qui lui donnait une tête pareille. Et pourtant... « Donovan et moi, on part. » lâcha-t-elle finalement sans donner à Ally le temps de poser plus de questions. « Avec Hendrix, ils ont réparé le van... on repart sur les routes. » La blonde, elle, n'avait rien compris. Elle répliqua du tac-au-tac : « pas de robe mer-- » hein, quoi ? D'accord... elle venait de comprendre.

CHEZ HENDRIX.

Ally avait envie d'être égoïste. Elle avait de supplier Jagger de rester à ses côtés, mais elle n'y arrivait pas. Ce qui comptait, c'était son bonheur. Et puis celui de Donovan, aussi, un peu. Parce qu'elle s'était attachée à ce grand brun, et qu'elle l'avait accepté dans leur vie. De toute façon, Jagger ne pouvait décemment pas mal choisir les personnes avec qui elle traînait. Elle ne prenait que le meilleur. Mais ce n'était pas le problème. Le problème, c'était qu'il n'y aurait plus de leur vie. Plus que jamais, ça sautait aux yeux. Donovan et Jagger allaient être parents, mais elle allait être marraine, et ça ne lui avait jamais fait peur. Elle était fière de cette famille à laquelle elle appartiendrait. Mais que resterait-il de cette famille une fois sa meilleure amie repartie en vadrouille, hein ? Que resterait-il de leur amitié avec tous ces kilomètres qui les sépareraient ? Ally avait du se rendre à l'évidence : une page se tournait. Il n'y aurait plus de longues soirées devant la télé à regarder des comédies avec sa meilleure amie et des pots de glace à foison. Il n'y aurait plus de sorties dans des bars bizarres à critiquer les pimbêches et les beaux gosses qui se vantaient de leur chemise décolletée jusqu'au nombril. Cette période était bel et bien révolue, et Ally n'arrivait pas à l'accepter. Mais c'était la décision de Jagger, et n'arrivait pas à s'imposer l'égoïsme dont elle aurait besoin pour exiger d'elle qu'elle abandonne cette idée. Alors oui, ce jour-là, aux alentours de midi, Donovan et Jagger allaient bel et bien quitter Huntington Beach, sans retour. « T'es sûre que t'as pas besoin que je vienne avec toi ? » avait demandé Cohen alors qu'elle s'apprêtait à quitter son appartement, pestant contre une boucle d'oreilles qu'elle n'arrivait pas à fermer. « Ça ira, je dois faire ça seule... je crois. » Elle était hésitante, mais Jagger était Jagger. Elle ne pouvait imposer personne à ces au revoir, c'était les leurs.

Pourtant, lorsqu'elle arriva devant chez les Dickens, on aurait dit que tout le quartier s'était rassemblé pour dire au revoir à l'heureux couple. Bon, d'accord, c'était peut-être un peu exagéré... En réalité, Ally ne savait pas à quoi elle aurait du s'attendre. Elle imaginait sans doute quelque chose de plus dramatique, mais c'était probablement à l'image de ce sentiment qui l'avait assaillie depuis que Jagger lui avait annoncé leur départ. « Ally ! » la saluait gaiement Donovan. « Hey... » répondit-elle d'un ton qu'elle souhaité enjoué. Mais il n'y avait pas à chier des briques de Lego : il l'était largement plus qu'elle.  « Jagger est à l’intérieur, elle dit au revoir à Hendrix. » Ally jeta un coup d’œil à la porte de la maison. Elle ne serait plus pareille, cette maison, sans eux deux... « Ça marche... par contre, tu sens la clope, ou c'est moi ? » Elle arqua un sourcil interrogateur en esquissant un sourire. « Ça va être plus difficile de le lui cacher quand vous partagerez juste un van, tu sais. » Un van et rien d'autre. Il n'y aurait plus Hungtington Beach, il n'y aurait plus le Sushi on Fire, il n'y aurait plus rien d'autres qu'eux deux, ou plutôt eux trois, et leur deux chatons. « Et encore plus quand je lui dirai, d'ailleurs », lâcha-t-elle finalement, taquine. Elle s'avança vers le van, qu'elle revoyait pour la première fois depuis l'accident. Il fallait avouer qu'ils s'étaient plutôt pas mal débrouillés, les deux saligauds. Et le pire dans l'histoire était sans doute qu'ils étaient encore en vie alors qu'ils avaient touché à ce fameux van, qui était considéré comme une propriété plus que privée par n'importe qui qui connaissait un minimum sa propriétaire. « Je vois des gens qui sont morts... » souffla-t-elle à Donovan, s'imaginant bien qu'il verrait de quoi elle parlerait.  « Sérieux, ceux-là sont venus dire au revoir mais je sais même pas qui c’est.  En plus y’a que des moches, ça m’étonnerait que ce soit des potes de Jagger. » Cachée derrière le rétroviseur gauche du van, Ally observait elle aussi la petite foule qui s'était amassée sur le trottoir et dans le gazon devant la maison. Elle releva la remarque de Donovan avec un petit sourire et ne put s'empêcher de répliquer : « Ses amis, peut-être pas, mais du coup ses amants, c'est plausible... » Elle évita de justesse la frappe de réplique de l'homme, se pinçant la lèvre, amusée. Ce con-là aussi allait lui manquer, putain. C'était qui qui avait eu cette idée à la con ? Mais Donovan reprenait sérieusement, alors qu'ils s'éloignaient à nouveau du van pour observait un peu mieux les gens présents. « Ally, avant que j’oublie, même si je sais que tu me stalkes déjà sur les réseaux sociaux, note mon identifiant skype pour qu’on s’appelle. « BiigDaddyInCatland » avec deux « i » à big. Ah et Snapchat c’est pareil. Tu savais toi que c’était pas un truc interdit aux moins de 18 ans? » Ally pouffa débilement, émettant un bruit proche d'un raclement de gorge interrompu par un éternuement. Elle sortit son portable et chercha son répertoire et la page de son ami pour lui tendre l'appareil. « Un nom aussi con, je m'en souviendrai jamais, Biiiiig Daddy », se moqua-t-elle. « Par contre Snapchat, je connais pas, » regretta-t-elle à contrecœur. Il lui expliqua brièvement le concept, mais elle restait dubitative. « Ouais, en gros c'est comme les mms, sauf que c'est quand t'envoies des photos que tu veux pas que les gens gardent. Genre des photos de ta bite. Alors s'il te plait épargne-moi ça. Les photos de mon ou de ma filleul-e, je les veux en mms. Celle de Jagg et des chats aussi, et puis celles du van, hein. Après si c'est juste ta face... TA FACE, hein, je précise. Si c'est toi, snapchat ça ira... » Cette fois, elle n'arriva pas à éviter le poing qui s’abattit sur son épaule. Elle lui lança un nom d'oiseau qui le fit rire, et ils reprirent la conversation comme si de rien n'était. Il lui promettait de donner des nouvelles... Jagger l'avait déjà fait, et elle espérait que ces promesses seraient tenues, mais les adieux amenaient toujours avec eux ce lot d'incertitudes qui ne rassuraient personne. « Vous me tiendrez au courant des échographies, hein. Je veux savoir le sexe. Je suis sûre que ça sera un petit gars. Vous me donnerez vos idées de prénom et je départagerai. Et puis je prendrai quelques jours à son accouchement si je peux, hein ? » Mais le silence retomba quelques instants. Ils le savaient l'un comme l'autre, la séparation se rapprochait, et il devenait de plus en plus difficile de prétendre que tout continuait et que tout allait bien.  « Je veux pas te faire pleurer mais bon, tu vas me manquer. T’inquiète d’ailleurs, j’ai pris la photo du frigo d’Hendrix pour qu’on l’accroche dans le van. Tu sais, celle où vous portez des perruques toi et Jag’. » Elle leva le regard vers lui, fronçant les sourcils. « Putaiiin ! La montre pas à votre mini-vous avec qu'il me voie en vrai, hein. » Elle marqua un instant de pause et ajouta d'une petite voix : « Te monte pas la tête ou le pénis, hein, mais toi aussi, tu vas un peu me manquer... Prends soin de Jagger, hein. Je te fais confiance, Dono. »

Mais bientôt, il l'attrapait par la main et attrapait le bras d'un autre brun au passage. Julian, non ? Il lui disait vaguement quelque chose... Bref, ce n'était pas le sujet. « Tu me fais peur », avoua-t-elle alors qu'ils s'étaient arrêtés comme trois cons devant la boîte aux lettres d'Hendrix. « Comme on est tous devenus amis maintenant, je voulais vous confier un secret que j’ai gardé soigneusement jusqu’à aujourd’hui. Même Jagger ne l’a pas su avant récemment… Vous voyez la boîte aux lettres? Vous remarquez rien de spécial? » Ally hésita quelques instants. Elle s'inquiétait réellement, pour tout dire. « Heu, à part que personne a été chercher le courrier ce matin ? » Mais elle était à peu près sûre que ce n'était pas de ça dont il parlait. Il avait l'air assez fier de ce qu'il allait leur révéler, d'ailleurs.  « L’espèce de tuyaux en laine… Le truc coloré là, qui recouvre une partie du pied…C’est moi qui l’ai fait. Ça s’appelle du yarn bombing. » Ally, choquée, releva brusquement ses yeux verts vers lui. Qu'est-ce qu'il racontait ? Il avait pris une substance illicite pour tenir contre le chagrin de leur séparation ? Elle savait qu'elle allait lui manquer, mais bon... quand même, quoi. Du tricot ! Par réflexe, Ally se mit à rire, mais cela ne dura pas bien longtemps. Juste le temps pour elle de réaliser qu'il était bel et bien sérieux, ce qui se confirma lorsqu'il expliqua que certaines de ses œuvres étaient encore installées dans Huntington Beach.  « …Mais honnêtement c’est une passion comme les autres », finit-il par lâcher. « C'est comme le scrabble et la pétanque, quoi... » Elle n'arrivait pas réellement à rester sérieuse. Donovan, du tricot... Elle jeta un coup d’œil amusé à Julian alors que le copain de Jagger déguerpissait pour revenir quelques instants plus tard.  « Je vous ai fait des manteaux pour vos boîtes aux lettres à vous aussi. C’est mon cadeau d’au revoir, si on peut dire. » Ally ne savait plus quoi dire. C'était un mélange de gêne et de bouleversement. Pourtant, parmi les trois, c'est elle qui brisa le silence qui s'était installé la première. « Tout ne va pas au teint de ma boîte aux lettres, j'espère que t'as fait gaffe à ça... » La porte de la maison s'était ouverte brusquement sur les jumeaux. Et même si Ally ne réalisait pas pleinement que c'était la dernière fois qu'elle la verrait avant longtemps, cette image lui pinça le cœur. Avec un faible sourire, elle remercia Donovan pour le paquet, et, le plaquant contre elle, elle se dirigea vers son amie. « Jaggy, tu reviendras, hein ? Je veux tout savoir. Tu me raconteras tout ton accouchement, même les trucs glauques, hein. Même si tes sphincters lâchent, je veux le savoir. Demande à Donovan de filmer. Tu crois qu'on peut skyper dans une salle d'accouchement ? Tenez moi au courant. Envoyez-moi des photos, et pas par, heu, snapchat, là, ça a l'air chelou comme truc. Peut-être que tu vas être un peu plus active sur twitter, maintenant. T'as intérêt à prendre un bon abonnement, hein, je veux que tu sois joignable n'importe quand. » Elle n'arrivait plus à s'arrêter de parler. Elle savait que si elle le faisait, alors les choses deviendraient sérieuses, et il faudrait penser à se dire au revoir. Pourtant, au bout d'un moment, Ally ne trouva plus rien à dire -même elle pouvait se retrouver à cours de bavardages, parfois. Surtout dans des situations comme celles-là, d'ailleurs. Le moment fatidique approchait, elle le savait. Jagger lui répondit, visiblement aussi émue qu'elle -si ce n'était plus, elle venait tout de même de dire au revoir à son jumeau... Sans prévenir, la blonde se jeta sur elle pour la serrer dans ses bras. Midi n'avait pu que s'approcher, et le moment fatidique du départ avec. Elle ne voulait pas la laisser partir. Dès qu'elle la lâcherait... « Souviens-toi de ce dont on a parlé, Ally. Je suis là pour toi... » lui souffla-t-elle à l'oreille alors qu'elle commençait à trembler, les yeux fermés, n'arrivant plus réellement à contenir toute la tristesse qui la submergeait. « Sois heureuse, Jagg. Tu le mérites. » Avec ou sans moi. « M'oublie juste pas, hein ? » C'est la voix de Donovan qui la fit rouvrir les yeux.  « Il faut qu’on y aille. On avait dit midi et… il est midi. »




A contrecœur, elle se sépara de Jagger, dont elle fuit le regard quelques instants, juste le temps que l'humidité de ses yeux disparaisse d'elle-même. « Julian, Ally, oubliez pas de m’ajouter sur skype hein, je compte sur vous » lança Donovan avant de faire demi-tour. « Skype oui, snapchat si tu me trouves des arguments valables, pourquoi pas », plaisanta la blondinette en reposant son regard sur Jagger. « Salut, connasse », lâcha-t-elle faiblement, la gorge nouée. La brune lui répondit sur le même ton, mais l'une comme l'autre savait que l'instant n'avait rien d'un au revoir classique. Elles ne se reverraient pas le lendemain ou le surlendemain, et il ne suffirait plus d'un appel ou d'un sms pour se retrouver. Ally regarda Jagger lui sourire une dernière fois avant qu'elle se tourne à son tour pour se diriger vers le van. Lorsque celui-ci démarra, Ally prit pleinement conscience de ce qui était en train de se passer. Elle lui avait été arrachée, finalement... Pas d'une façon dramatique et irrémédiable, mais Jagger lui avait arrachée. Cependant, même si elle était bouleversée, Ally était heureuse. Elle était heureuse pour sa sœur de cœur, sa meilleure amie et son âme sœur : elle avait trouvé son bonheur, et c'était tout ce dont elle pouvait rêver pour elle. Elle avait crée sa propre famille, et elle ne pouvait pas rêver plus belle famille pour elle. Pourtant, en voyant le van rouler une dernière fois sur Orange Avenue, quelque chose se déchira en elle. Elle resta immobile quelques instants, comme Hendrix et Julian à côté d'elle, puis finit par se mettre en retrait après un faible sourire aux deux hommes. Elle attrapa son téléphone, composa un numéro, et attendit plus ou moins patiemment que l'on décroche. « En fait j'ai besoin de toi... » dit-t-elle, la voix tremblante, avant de lâcher un hoquet qui marqua le début d'une longue et silencieuse crise de larmes.
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