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 Rockin in the Suburbs

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MessageSujet: Rockin in the Suburbs   Rockin in the Suburbs EmptyVen 19 Juil 2013 - 18:29


Nolan Buckley & Ally Fleming


C'était un peu étrange, cette manière de lier une relation. Se rencontrer au rayon croquettes pour chats d'une petite enseigne de quartier, se rendre compte que l'on nourrissait des animaux errants, et quitter le supermarché avec l'idée d'avoir rencontré quelqu'un qui semble surfer sur la même longueur d'onde. Les chats qu'elle recueillait malgré elle, Ally n'arrivait jamais à s'en défaire, et pourtant, la population de félins qui occupait son canapé variait clairement d'une semaine à l'autre. Jamais plus d'un à la fois, mais pourtant l'un revenait continuellement quémander le panier et les croquettes. Pourtant une constatation s'était imposée à elle : soit elle n'était pas la seule à le nourrir, soit il mangeait d'autres chats lorsqu'il n'était pas chez elle. Pour faire court, elle s'en moquait. Des chats errants étaient par définition des chats profiteurs, et elle savait pertinemment qu'elle n'était pas la seule dans le quartier à en avoir pris sous son aile (prendre un chat sous son aile, c'est assez marrant comme jeu de mots, hrm, bref). Seulement, lors d'une de ces soirées remplies de solitudes, Ally avait attrapé un post-it, y avait inscrit un bref « hey » et l'avait attaché tant bien que mal à une ficelle enroulée autour du cou de l'animal. Ce geste puéril avait marqué le début d'une longue relation par chat interposé, et, au fil des échanges, ils avaient finis, l'un comme l'autre, par se rendre compte de leurs identités respectives. Pas de prénom, de nom, ou d'adresse. Juste ces personnes qui s'étaient croisées quelques semaines auparavant au détour d'un rayon de croquettes sur Pacific Lane.

Ally ôta ses talons, balança son sac sur son canapé et suivit ce dernier, s'écroulant sur le cuir moelleux et déchiré par les félins. Elle ferma les yeux quelques instants, vannée par sa journée, avec l'horrible impression de sentir la viande crue jusque dans les cheveux. Mais elle s'y était faite ; au pire, elle dirait qu'elle était bouchère. Les yeux toujours fermés, allongée sur le ventre, elle tendit sa main gauche vers la table basse pour attraper la télécommande, et alluma la télévision, qu'elle regarda d'un œil morne en zappant pendant de longues minutes. Il devait être dix neuf heures, elle n'avait pas encore mangé et n'était même pas sûre d'avoir la force nécessaire pour se lever en cas d'urgence urinaire. Elle aurait pu s'endormir. Si elle n'avait pas entendu un drôle de bruit contre son canapé. C'était son chat messager qui venait se faire le griffes contre le cuir. Elle le chassa mollement en grommelant, avant de sourire en regardant le morceau de papier attaché avec un trombone à une cordelette qui lui servait de collier. Enfin une bonne nouvelle... Elle se redressa et laissa l'animal s'en prendre à son canapé à nouveau, puisque c'était le seul moyen d'attraper le morceau de papier sans se lever -il faut aller au plus pratique, c'était déjà trop tard pour le meuble. « SOS croquettes. Coincé dans canapé. 713 Pacific Lane. Merci » lût-elle donc, alors partagée entre le rire et la flemme. Elle se demanda également un instant si le mot ne datait pas de plusieurs jours -parce qu'on ne sait jamais, le rôle premier du chat n'a jamais été de faire passer des messages... D'ailleurs, quel est-il ? Se redressant doucement, Ally chasse d'un geste brusque l'animal, qui fila en direction de la cuisine pour y trouver son bol encore rempli. La blonde éteignit la télévision et suivit le chat pour vérifier ses propres stocks de croquettes, qui, heureusement, semblaient au-delà du raisonnable. Elle déchira un morceau d'enveloppe posée sur sa table de cuisine et y inscrit un bref « j'arrive », se demandant d'avance si le mot arriverait avant elle.

Bien que reboostée à l'idée de voir du monde, et plus particulièrement le mystérieux brun du supermarché, un nouveau problème s'imposa à elle : son allure. Il lui semblait avoir déjà mentionné ses études dans un mot, aussi elle ne pourrait pas se faire passer pour une bouchère. Elle se traina dans la salle de bain pour observer sa tête. Si elle ouvrait les yeux, ça irait. Se parfumant pour masquer l'odeur qu'elle s'inventait surement, Ally constata sur les soucis continuaient. La voiture ou y aller à pieds ? Près de 200 numéros, ça faisait un peu long, quand même... Mais elle ne se voyait pas y aller en voiture, ça frôlerait le ridicule. Décision prise. Elle vida la moitié de son sac de croquettes dans un sac de supermarché, qu'elle renforça d'un autre ; enfila des ballerines, attrapa ses clés et son sac, et sortit. Elle ne savait même pas si le messager était déjà parti, mais elle se rendrait sûrement compte dès son retour qu'il se faisait encore les griffes.

L'air frais et l'idée de le revoir la requinqua. Le soleil était loin d'être tombé, et ça sentait incroyablement bon l'été. Le vent léger venant de l'océan était revivifiant, et finalement, le distance qui séparait les deux numéros parût bien plus faible qu'elle ne l'avait prédite. 713... pensa-t-elle revérifiant le morceau de papier, arrêtée devant le portillon. Des grandes baies vitrées partout, un avantage. Elle guetta donc sans aucune discrétion les appartements qu'elle pouvait voir. Elle se recula d'ailleurs sur la route pour voir les étages supérieurs, et s'attira les sonnettes mécontentes de quelques cyclistes. Se rapprochant à nouveau, elle tenta un « miaou » ridicule qu'elle regretta aussitôt, se cachant derrière un buisson. Elle était à peu près sûre de l'avoir vu, sur son canapé. Enfin, d'avoir vu ses pieds, plus particulièrement ; il était sans doute allongé -la chance. Elle espéra qu'il n'ait ni entendu les sonnettes des vélos, ni son ridicule appel. Elle était un peu anxieuse, subitement. Ils s'était probablement plus parlés par chat interposé qu'en vrai...

Mais, dans un élan de folie -ou de fatigue, ou d'une combinaison des deux-, elle se redressa pour s'éloigner de son buisson protecteur, se planter au milieu de la rue déserte et hurler un magnifique « MIAOU ». Pour des raisons techniques que la narratrice n'expliquera pas dans l'immédiat, histoire de ne pas briser l'image que vous avez en tête.
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MessageSujet: Re: Rockin in the Suburbs   Rockin in the Suburbs EmptyVen 19 Juil 2013 - 23:59


Aujourd'hui, j'avais décidé de fusionner avec mon canapé. C'est à dire, ne faire qu'un avec lui jusqu'à ce qu'il devienne un prolongement de moi-même. Quelque part, c'était plutôt sympa, la vie de canapé. Rester devant la télé toute la journée. Y'avait pire, comme vie, fallait avouer. Certes, ce n'était pas des plus palpitant, mais c'était toujours mieux que de se crever à la tâche toute la journée pour ramener un maigre salaire - même si, de ce côté là, je n'avais pas réellement à me plaindre. Un autre qui n'avait pas à se plaindre était le "chat sans nom", alias celui, qu'affectueusement, je nommais le squatteur et qui avait décidé de venir dormir sur mon dos alors que je m'étais affalé, ou plutôt vautré, sur le sus-mentionné canapé. Roulé en boule entre mes omoplates, môssieur le chat me papouillait depuis maintenant de longues minutes, à grand renfort de ronronnement de plus en plus fort. J'eus un grognement affligé en réalisant que je n'osais plus bouger, tout ça à cause de cette petite boule de poil qui m'avait déclaré comme sa propriété depuis le début de ma sieste. C'était pas mal, aussi, dans le genre, la vie de chat. Dormir, manger, et chasser les oiseaux une fois de temps en temps pour faire genre on est utile à la communauté. Surtout quand on savait, qu'en plus de nous trouver trop mignon, pour faire fondre les humains, il suffisait d'une chose : ronronner. L'arme fatale pour conquérir le coeur de pratiquement l'humanité toute entière... Sauf, peut être, les psychopathes et les personnes allergiques à leurs poils, mais, par chance, cela ne représentait qu'une très petite portion de la totalité présente sur la planète. Oui, y'avait pas à dire, être un chat, c'était quand même le summum, quasiment le numéro un de la chaîne alimentaire, si tant était qu'on se démerdait assez bien pour ne pas se faire écraser par une bagnole en traversant la route pour avoir couru après un papillon. „Bon, t'as fini oui...?“ Finis-je par lui balancer, tout en tâchant de me redresser un peu. Son massage, quoi que sympathique, allait finir par me labourer le dos, et j'avouais trouver cette perspective plutôt embêtante. „T'as faim, c'est ça ? J'te connais, va...“ Lui lançai-je tout en me levant, main en bas de mon dos pour le réceptionner alors qu'il glisserait, histoire d'éviter qu'il ne plante ses griffes et ne lacère mon pull. Le calant ensuite sous mon bras, je me traînai à la cuisine, pour constater que... Et bien, ce serait régime pour mon ami le châton, ce soir. „Et ben non, t'auras pas de croquettes... Papa a oublié. Il a préféré acheter son sucre.“ A ne pas confondre avec le sucre en poudre, qu'il soit blanc ou roux - car, oui, je tiens à préciser, je n'ai rien contre les roux, ni les rousses (sisi tmtc, fausse blonde spotted), même si, bon, en vrai on sait tous qu'ils ont pas d'âme (mouhahahaha, oui bon je sors). Je le posai alors à terre, le regardant en fronçant les sourcils. Ce n'était pas dans mes habitudes de le laisser mourir de faim, mais je n'avais clairement rien pour lui... Mais ma correspondante, elle, sûrement, c'est pourquoi je décidais de m'adonner au petit rituel que nous avions instauré, moi et cette fille que j'avais rencontré au rayon croquettes il y a de ça un bout, maintenant, c'est à dire : accrocher un petit mot au coup de l'affamé, tout en le mettant dehors, espérant vivement qu'il irait chez elle. On pouvait résumer le tout en un "meydey meydey" un peu mieux formulé que ça, signalant ma pénurie de nourriture pour chat. En plus, les magasins seraient fermés, vu le week-end, ce qui faisait que je ne pourrais plus nourrir le poilu pour ces quelques jours. Alors, soit elle s'en chargerait... Soit elle viendrait me dépanner. Après tout, c'était mon tour de faire la garde alternée, cette semaine. Elle serait peut être compréhensive. Retournant m'aplatir tête la première sur le sofa, je dus m'assoupir un instant... Car j'entendis soudain comme un miaulement étrange. M'extirpant de mon demi-sommeil, je roulais hors du canapé pour me mettre à quatre pattes. Après quoi, je rampais jusqu'à la fenêtre, cherchant Monsieur le Relou qui devait avoir décidé que, finalement, il préférait rester chez moi, ce qu'il me confirma d'un miaulement encore plus fort et aigu que je ne lui connaissais pas. Me levant, j'ouvris la baie pour m'écrier : „Minou minou minou, viens voir Papaaa !“ Je scrutais les alentours, sans apercevoir la bête. D'habitude, pourtant, elle ne se faisait pas prier pour accourir quand je l'appelais, ventre sur pattes qu'elle était... „Bon tu ramènes ton cul, ouais ? J'ai pas toute la soirée ! (...) Bon, si, d'accord, j'ai ma soirée, mais grouille ton cul quand même, chat galeux !“ Oui, c'était ma technique : le vexer jusqu'à ce qu'il se décide à montrer le bout de son nez. Elle n'était pas testée et approuvée mais, jusque là, elle avait plutôt bien marché...
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MessageSujet: Re: Rockin in the Suburbs   Rockin in the Suburbs EmptySam 20 Juil 2013 - 0:56

Dressée au milieu de la rue comme un Will Graham qui vient de se réveiller d'une absence -tmtc-, Ally regardait la haute baie vitrée de l'appartement qui lui faisait face. Elle ne voyait plus les pieds qui dépassaient du canapé, par contre, le corps auquel ils devaient appartenir s'approchait doucement de la fenêtre. Son sac de croquettes pendant au bout de son bras droit, Ally ne comprit pas tout de suite ce qui se passait en entendant l'homme parler à un chat. Elle chercha du regard leur animal partagé pendant quelques secondes, avant de s'écrier, abrupte et avec trop de spontanéité : « Mon cul est là, et le reste aussi d'ailleurs ! » Marquant une pause, en jetant un coup d’œil des deux côtés pour vérifier qu'elle n'allait pas se faire percuter par un convoi militaire ou un troupeau de chameaux, la blonde pencha la tête pour reprendre, offensée d'avoir été prise pour un chat de gouttière. « Ma voix ressemble à celle d'un chat affamé ? J'ai hâte d'essayer quand je serais enrouée ! » Et elle dressa son sac de croquettes au-dessus de sa tête, fière d'avoir pu mener sa livraison correctement. « Je sais pas si la bête est déjà rentrée au bercail mais j'ai de quoi continuer à lui faire vivre sa vie de paresseux ! » Et puis, elle posa le-dit sac à terre et cala à nouveau son sac à main, qui commençait à se faire lourd, sur son épaule, avant de croiser les bras sous sa poitrine. « Bon, jprétends pas avoir rendu un service à la nation, mais moi j'ai bougé mon cul du canapé, alors j'espère que jsuis pas juste là pour faire une livraison de dernière minute. » Car, pour revenir au soucis technique qui l'empêchait de sonner à la porte de son correspondant, c'était tout simplement qu'elle ne connaissait pas son nom... « T'as une tête à t'appeler Günther, mais je pense pas avoir vu ce nom près des boîtes au lettres. » Bon, en fait, elle ne se souvenait pas être allée voir les fameux noms près des fameuses boîtes aux lettres, mais en tant que flemmard fusionné à son canapé, il n'aurait très certainement pas matière à la contredire. « Soit tu m'ouvres, soit tu seras responsable de ma mort par écrasement par une soucoupe volante. » Elle leva la tête vers le ciel qui commençait à s'obscurcir et sourit, fière d'avoir aussi rapidement récupéré de sa journée exténuante. A moins que... qu'elle n'ait pas vraiment récupéré, et que tout cela représente, au contraire, les séquelles de la dissection du vieillard auquel elle avait eu à faire en fin de journée... « C'est une nuit à soucoupes volantes, jpeux le lire dans les étoiles. » Alors que la nuit n'était pas tombée, et qu'il n'y avait par conséquent encore aucune étoile au-dessus de leurs têtes.

Et elle était prête à continuer de la sorte tant qu'il ne la ferait pas taire. Les deux petites bouteilles en verre qu'elle avait calées dans son sac commençait à peser sur son épaule, et ses jambes fatiguées ne demandaient qu'à s'affaisser sous son poids. Où était leur chat ? Aucune idée. Probablement bloqué entre le bol de croquettes chez Ally et son canapé traumatisé par le défilé félin dont son appartement était témoin depuis qu'elle était arrivée en Californie. « Jpeux aussi rentrer par la fenêtre » tenta-t-elle avant d'ajouter, pour argumenter : « j'ai aussi ramené de quoi nourrir un mâle coincé sur son canapé. Mais je vois que t'as pu te lever pour engueuler le chat galeux ! » Puis elle s'approcha de la résidence, enjamba le portillon -non sans difficultés, et elle eut juré avoir entendu le mystérieux jeune homme s'esclaffer- et traversa la petite pelouse qui la séparait de la baie vitrée, devant laquelle elle se planta, lâchant ses deux sacs, qui allèrent trouver leur place par terre, tandis qu'elle plantait ses mains sur ses hanches. « j'espère que tu traites pas tes livreurs de pizzas comme ça ! » Et puis, résignée, une idée en tête, elle s'assit dans l'herbe et récupéra une bouteille de bière dans son sac à main, et un énorme paquet de chips dans son sac de croquettes. Elle ouvrit ce dernier, y chercha une chip qu'elle enfouit dans sa bouche avant d'ajouter, malicieuse : « c'est chiant ce qui se passe ici, la baie vitrée donne l'impression d'un aquarium mais y'a rien d'intéressant à l'intérieur ». Décidément, l'angoisse qui l'avait saisie quelques instants auparavant semblait avoir complétement disparu, et elle s'étonna elle-même d'être aussi à l'aise. Elle qui trainait peu chez ses voisins risquait de se faire une réputation... Au moins, elle était maintenant sûre d'être face au bon appartement et à la bonne personne.
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MessageSujet: Re: Rockin in the Suburbs   Rockin in the Suburbs EmptyDim 11 Aoû 2013 - 20:23


Contre toute attente, ce ne fut pas un chat qui me répondit. Bon, en un sens, c'était logique, car les chats, déjà, ça ne parle pas, mais en plus, ça n'a pas non plus une longue chevelure blonde... Enfin, sauf si ça a une perruque, mais vous avez déjà vu un chat avec une perruque, vous ? Moi, non. (Tiens, ça me donne des idées ça...) Un grand sourire se peignit sur mes lèvres alors que je reconnus celle qui se tenait au milieu de ma rue, balançant un sac de croquettes au dessus de sa tête avec une expression visiblement très satisfaite - bien qu'un peu vexée d'avoir été, apparemment, prise pour une chatte... Et aussi que je ne lui ai pas encore proposé d'entrer, mais bon, fallait dire qu'elle m'avait un peu pris au dépourvu, aussi. Je savais être galant, de temps en temps, tout de même. Bon, d'accord, pas souvent, mais c'était déjà arrivé, sisi j'vous assure. „Bon, j'prétends pas avoir rendu un service à la nation, mais moi j'ai bougé mon cul du canapé, alors j'espère que jsuis pas juste là pour faire une livraison de dernière minute.“ „Rayon croquettes !“ la saluai-je donc avec un grand sourire qui rattrapait le cruel manque de tact dont je venais de faire preuve en l'appelant par un tel diminutif... Mais c'était pas ma faute, non plus, si je ne connaissais pas son prénom. „Entre !“ Avec une expression radieuse, je décrivis un grand cercle du bras pour lui indiquer le chemin bien qu'un peu... approximativement. Elle ne sembla d'ailleurs pas bien saisir mes indications, ou plutôt, se heurter au même soucis technique que moi lorsqu'il avait fallu que je l'apostrophe, ce qu'elle me fit comprendre d'une façon, très... Subtile. „T'as une tête à t'appeler Günther, mais je pense pas avoir vu ce nom près des boîtes au lettres. Soit tu m'ouvres, soit tu seras responsable de ma mort par écrasement par une soucoupe volante.“ Arquant un sourcil perplexe, je levai les yeux vers le ciel en même temps qu'elle avant d'afficher une expression encore plus dubitative lorsqu'elle affirma lire les étoiles. Haussant les épaules, je lui lançai dans un sourire : „Tu serais pas Madame Irma toi par hasard ?“ Oui bon c'était pourri, mais pas plus que sa réflexion sur le fait que je ressemblais à un certain Günther... Ce que, en passant, j'aurais pu prendre très mal, si j'en avais pas complètement rien à foutre. „Puisque t'es extralucide, trouve l'entrée toute seule.“ Lui opposai-je avec un rictus narquois accompagné d'un haussement de sourcils provocateur, la défiant allègrement de trouver un moyen de pénétrer la résidence sans mon aide... Et elle s'exécuta, à ma grande surprise, ce qui me permis d'observer de sa part un magnifique saut de portail digne de ... de... bah d'aucun grand athlète connu, en tout cas, c'était tout ce que je pouvais vous dire. Mais bon, on pouvait saluer l'originalité de sa technique - et puis pour sa défense, c'était pas facile de le faire en tenant un sac de croquettes.

Me retenant d'éclater de rire, je me grattai la nuque tout en ouvrant en entier la baie pour la laisser passer alors qu'elle se plaignait allègrement de mon comportement clairement indigne d'un gentleman... Mais j'avais jamais prétendu en être un. Au moins, je ne pouvais qu'être à la hauteur de ma réputation... Puisque je n'en avais aucune, à ses yeux, étant un traître inconnu chez qui elle n'allait pas tarder à entrer alors qu'elle ne savait strictement rien de lui si ce n'était qu'il nourrissait le même chat qu'elle. Une chance pour elle, je n'étais qu'un gros flemmard, et non un psychopathe. Ça aurait pu être pire. Elle ne se fit cependant pas prier pour se plaindre d'un „j'espère que tu traites pas tes livreurs de pizzas comme ça ! auquel je répondis aussitôt „Pire. Je les fais venir en face et quand ils se font rembarrer, j'ouvre la porte et leur dit que je n'ai pas commandé mais bon, pour les dépanner, je peux la leur racheter s'ils me font un prix...“ Lui laissant apprécier l'étendue de mes talents, je tournai les talons, fit un tour sur moi-même, et, tout en ouvrant les bras, j'entonnai pour lui présenter la prunelle de mes yeux : à savoir, mon loft. „Bienvenue dans mon antre !“ commentai-je sobrement avant d'ajouter „tu peux poser les croquettes là...“ désignant la cuisine „puis ton délicat fessier ici“ tout en montrant le canapé, dans lequel je m'empressai de m'affaler de nouveau. Oui, mes talents d'hôte s'arrêtaient là. J'étais trop crevé pour faire mieux, à vrai dire. Je remarquai alors qu'elle était restée dehors, et c'est en haussant un sourcil circonspect que je posai mon menton dans ma paume. „Si j'étais toi, je resterai pas là... On sait pas combien de chats, de chiens, ou d'AVONNI ont pissé là... Oui, AVONNI, animaux volants ou non non identifiés.“ Je fronçai le nez, prenant un air un peu dégouté. „Sans parler du squatteur... Lui, je sais de source sûre qu'il adore faire ses besoins par là.“ Je fis une grimace équivoque... Libre à elle de rester dehors et de bouffer ses chips dans du pipi de chat, après tout ça ne regardait qu'elle. Attrapant la télécommande avec les pieds, j'allumai le poste de télé avant de mettre la première émission qui passait, lui jetant un coup d'oeil pour voir si elle ramenait sa fraise ou pas et de crier, ne sachant pas si elle était entrée ou non „TU M’ENVOIES UNE BIÈRE ?“ et de tendre les mains, prêt à réceptionner sa passe façon baseballeur professionnel, les yeux plissés tout en me mordant la lèvre, concentré.
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MessageSujet: Re: Rockin in the Suburbs   Rockin in the Suburbs EmptyVen 16 Aoû 2013 - 3:12

Le plus gros problème lorsqu'on ne connaissait pas l'identité de la personne à qui on avait à faire, c'était sans doute le sentiment de ridicule lorsque, pour un besoin des plus classiques, on se retrouve complétement bloqué. Comme c'était actuellement le cas d'Ally, qui ne savait absolument pas à quelle porte sonner. D'autres soucis pouvaient être de faire face à un serial killer recherché par trois états différents, qui préférait donc garder son anonymat. Mais étrangement, la blondinette doutait fortement de cette idée qui lui avait traversée l'esprit à un moment lambda -bon, d'accord, quand elle avait fait l'autopsie d'un corps dont le principal suspect était un serial killer qui sévissait en Californie. Parce qu'un meurtrier ne prendrait sans aucun doute pas la peine de nourrir et d'accueillir un chat de gouttière, à moins, sans doute, d'avoir comme projet d'en faire sa prochaine victime, ou une arme quelconque. Mais le presque nommé Günther n'avait pas l'air d'un serial killer. Tout du moins, c'est ce qu'elle se répétait à chaque fois que l'anonymat de l'homme la heurtait. Et puis, de toute façon, la prudence n'avait jamais étouffé Ally -contrairement au chocolat et aux sushis...

Si elle s'était presque offusquée d'avoir été confondue avec un chat, Ally ne peut qu'apprécier le retour de sa connaissance du rayon croquettes. Retour physique, dirons-nous... Et toutes ces suppositions de serial killers lui échappaient alors, réalisant qu'elle ne faisait que vivre une jolie petite aventure, celle des deux jeunes gens puérils et assez débiles pour se faire passer des notes via un chat et, en plus de ça, savourer chaque moment de leur correspondance. Perdue au milieu de la route où, miraculeusement, la circulation était pratiquement inexistante à cette heure de la journée, Ally ne put s'empêcher d'étouffer un rire surpris au surnom que le jeune homme lui avait attribué. « Rayon croquettes ! » Effectuant une petite révérence, la blondinette répondit par réflexe : « Elle-même, pour te servir, Günther ! » Quand pourraient-ils s'appeler par leurs vrais noms ? Dans quelques heures, peut-être. Ou il était également possible que le mystère demeure quelques jours, voire quelques semaines de plus. A dire vrai, Ally s'en moquait un peu, puisque c'était l'aventure dans son ensemble qui importait, et cette discrétion quant à leurs identités y contribuait à sa façon. « Entre ! » finit par lui proposer le jeune homme alors que le même problème s'imposait toujours. Ouais, elle voulait bien rentrer... Mais elle n'était pas prête à tenter de le faire par une cheminée ou une aération quelconque. Ceci dit, elle n'était pas non plus prête à attendre de se faire enlever par des extraterrestres, inquiétude qu'elle partagea avec son correspondant.  « Tu serais pas Madame Irma toi par hasard ? » demanda-t-il alors qu'elle réalisait que tout le voisinage devait profiter de leur conversation des plus... philosophiques. Arquant un sourcil, elle répondit simplement : « Non, moi, c'est Rayon Croquettes ! Jme demande d'ailleurs qui sera mon futur époux... Ca déterminera quel Rayon je deviendrai ! » Haussant les épaules, Ally grommela plus pour elle-même qu'à l'attention de Günther. « Madame Irma, et puis quoi encore... ». De son côté, le jeune homme continuait déjà, la défiant de rentrer par elle-même. « Puisque t'es extralucide, trouve l'entrée toute seule. » Sauf que... challenge accepted. Ally fit fi (brin d'acier) de la palissade et du portillon verrouillé qui la séparait du petit terrain gazonné que surplombait la résidence où habitait Günther. Elle savait qu'avec la chance qu'elle avait, elle risquait de laisser ses vêtements sur la palissade en bois qu'elle enjambait sans classe aucune, mais elle ne s'était pas démontée pour autant et bientôt, la voilà qui s'installait sous la baie vitrée de laquelle le jeune homme lui parlait. Il ne lui ouvrit que lorsqu'elle avait ouvert son paquet de chips, croquant déjà dans un paquet d'entre elles, offrant au jeune homme un concert de patates croustillantes pilées sous ses dents de carnassière. « Pire. » répondait-il à sa remarque sur les livreurs de pizzas. « Je les fais venir en face et quand ils se font rembarrer, j'ouvre la porte et leur dit que je n'ai pas commandé mais bon, pour les dépanner, je peux la leur racheter s'ils me font un prix... » Technique à laquelle Ally ne put s'empêcher de réagir en s'esclaffant, s'étouffant au passage avec les miettes de chips, offrant alors à Miaou-guy un spectacle assez peu glamour qu'elle s'efforçait de masquer alors qu'il présentait son loft, un peu plus loin. Elle l'entendit parler de ses fesses et bien que les remarques à ce sujet fusèrent dans son esprit (il avait quand même parlé de son délicat fessier, c'était quelque chose qui se laissait volontiers relever, non ?). Elle sentait le sang lui monter au visage alors qu'elle s'efforçait de faire passer sa toux réflexe pour quelque chose de plus distingué, et finit avec un bouquet final qui la surprit elle-même, se libérant au passage de la dernière miette de chips qui encombrait sa trachée. « Qui s'est qui aurait autopsié la pro de l'autopsie ? » se demanda-t-elle à voix haute en reprenant son souffle, imaginant son supérieur, un vieil homme croulant et un brin pervers, découvrir son corps à la morgue. « Si j'étais toi, je resterai pas là... On sait pas combien de chats, de chiens, ou d'AVONNI ont pissé là... Oui, AVONNI, animaux volants ou non non identifiés. Sans parler du squatteur... Lui, je sais de source sûre qu'il adore faire ses besoins par là. » entendait-elle alors qu'elle se concentrait à nouveau sur son interlocuteur. Ally se redressa donc violemment, attrapant sac à main, sac de chips et sac de croquettes pour les protéger de... de ce que le monsieur avait dit. Les bras levés pour éviter tout contact de ses affaires avec le sol, elle observa tout autour d'elle, inquisitrice. « Tu crois que ça éloigne les cambrioleurs, c'est ça ? Tu sais, c'est comme l'ail avec les vampires, c'est un mythe. Les voleurs, le seul truc qui marche, c'est de leur faire croire que t'as un vieux Nokia 3310, après t'es tranquille », argumentait-elle, continuant d'observer la couleur de l'herbe autour d'elle, qui subitement lui paraissait étrange.

Elle vit finalement, du coin de l'oeil, le jeune homme se réinstaller dans son canapé, l'air de rien. „TU M’ENVOIES UNE BIÈRE ?“ entendit-elle, provenant du coin télé du loft, alors qu'elle entrait à son tour, tachant de se remémorer dans quel coin il lui avait proposé de poser le paquet de croquettes. Elle se traîna donc, alourdie par ses charges, jusqu'à la cuisine, pour y poser ce dernier. Elle ouvrit le frigo, sans trop de gène, avant d'en sortir deux bouteilles de bière et de rejoindre le coin salon, lançant au passage une bouteille au jeune homme, qui attendait, la main tendue, depuis probablement plus longtemps qu'il ne l'avait escompté. Et... c'était sans compter sur le don de visée d'Ally, puisque la bouteille éclata à un mètre du canapé, offrant au loft et à ses environs un bruit aigu de verre explosé. « Oops... » fut tout ce qu'elle trouva à dire, se précipitant vers le canapé pour installer la bouteille qu'elle s'était destinée dans les mains de Günther, avant de filer à toute vitesse fermer la baie vitrée pour éviter aux voisins de profiter de toute réaction qui pourrait alors venir. Restant deux secondes à tout casser immobile devant la baie vitrée, Ally hésita sérieusement à prendre la fuite. Il en était encore temps, elle avait encore son sac à main et ses chips... Mais elle était courageuse. Un peu. Et elle ne voulait pas quitter le loft avec la mauvaise conscience qui l'assaillait à l'heure présente. Alors, elle se précipita à nouveau vers le lieu du drame, tendit les chips au jeune homme, et s'accroupit pour récupérer les morceaux de verre un à un. « Mon délicat postérieur va attendre un peu avant de se poser », commenta-t-elle à la légère, espérant subitement et fortement qu'elle n'avait pas à faire à un schizophrène sans traitement.
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MessageSujet: Re: Rockin in the Suburbs   Rockin in the Suburbs EmptyDim 10 Nov 2013 - 23:38


Je n'étais pas une personne conventionnelle, non, mais visiblement, j'avais trouvé adversaire à ma mesure. Que ce soit au niveau de la répartie ou de la prestance générale, Rayon croquettes/Madame Irma/la-grande-blonde-qui-se-tenait-dans-mon-salon-après-une-série-de-réflexion-étranges-sur-les-cabriolages (il allait falloir que je pense à lui demander son prénom, un jour) réussissait aisément à me donner le change. Pour tout vous avouer, pour quelqu'un de mon acabit (autrement dit, pas habitué à ce qu'on lui tienne tête) c'était presque frustrant, d'être face à une sorte de double de soi plus sexy et mieux fringué. Même si, pour l'instant, j'aimais à penser que je menais l'échange... Tout du moins, c'était ce mon égo me le soufflait, et j'avais pris l'habitude de l'écouter plus que ma raison (ça vous étonne, hein ?). Mais quelle raison ?, me direz-vous, et je vous dirais alors que je vous... Zute, voilà. Na. Bien décidé à asseoir ma supériorité, cependant, je ne laissais point voir mon trouble et lui commandait prestement une bière sans détour, sans m’embarrasser de politesse non plus, fidèle à moi-même. Je l'avais invité à entrer et venir me rejoindre sur le canapé, c'était mieux qu'un s'il vous plaît. Y'en a que j'aurais laissé dehors. Oui oui, même si je leur avais demandé de venir avant. AH bah oui hein, j'étais comme ça, moi. Lunatique. Cependant, je n'avais pas prévu qu'elle décide de me refaire la déco à la bière, et ce de façon très conceptuelle. „Oops...“ qu'elle commenta sobrement alors que je rouvrais les yeux et penchai la tête sur le côté pour contempler son oeuvre. „J'aurais pas dit ça tout a fait comme ça mais... ça résume bien.“ lui répondis-je avec une petite moue. L'art-déco, c'était pas foncièrement mon truc. Un bière - cette fois entière - finit par atterrir dans mes mains - miracle! - puis il y eut un petit moment de latence durant lequel nous nous fixâmes bêtement.

Finalement, elle s'accroupit et me tendit les chips. Je fronçai les sourcils à sa réflexion qui suivit. „Mon délicat postérieur va attendre un peu avant de se poser.“ „C'est clair que je te conseille pas de t'asseoir là non plus.“ que j'lui dis avec la sincérité la plus pure. Je déposai ensuite les chips et la bière entre les coussins pour rouler sur le côté, m'écraser à moitié sur le tapis en voulant éviter la télécommande, puis ramper jusqu'à elle pour finalement me relever tant bien que mal en lui prenant les mains. „Laisse, tu vas te couper.“ Quelle prévenance, n'est-ce-pas ? „...la bière, ça passe encore, mais une hémorragie, j'suis pas sûr qu mon superbe parquet y résiste.“ Ou pas. Ben oui, hein, on se refait pas. Avec un clin d'oeil, j'ajoutai cependant, pour ne pas paraître un complet insensible non plus... et montrer que, malgré mon attitude un peu autoritaire et directive, je daignais aussi parfois m'intéresser aux autres. „Cela dit c'est toi l'experte en scène de crime, si j'ai bien compris.“ Et non, sa remarque sur la pro de l'autopsie n'était pas tombée dans l'oreille d'un sourd ! Affichant un sourire serein, je l'attirai à ma suite dans la cuisine pour ouvrir un placard contenant de vieilles serpillères. J'en ouvris un second, contenant des verres, lui en fourrant un premier dans sa main libre, puis un second dans celle que je tenais quelques secondes plus tôt.

D'un mouvement de menton un peu brusque - qui avait manqué me faire sauter un nerf - je lui montrai de nouveau le canapé, avant de lancer d'un air équivoque. „Tu te sens capable de servir deux verres ?“ Je relevai un sourcil, prenant un air malicieux. Ce n'était pas tellement une question, plutôt une invitation à partager l'unique bière survivante... Et à se rattraper. Du Nolan Buckley tout craché, quoi. Me saisissant ensuite d'un décapsuleur, je le calai dans un des deux verres qu'elle tenait avant de me munir d'une serpillère. Je la laissai ensuite tomber sur la flaque, épongeant grossièrement avant de laisser mon "chantier" en plan pour revenir m'affaler devant la télé, qui passait une énième rediffusion de Stargate, évitant les chips de justesse pour m'écraser lourdement sur ma propre main, et pousser un petit cri de douleur. Décidément... „Non mais j'ai fait exprès hein.“ Oui oui, bien sûr, on y croit... Ouvrant le paquet de chips dans la foulée, j'en avalai une poignée pour garder une contenance, mon regard dérivant sur le poste. „Ça te va si on regarde ça ? On est pas obligés de suivre. Sauf si on a rien à dire. Mais t'as l'air d'une nana qui a toujours un truc à dire, j'me trompe ?“ Une réflexion qui aurait pu être suivie de "au fait, c'est quoi ton petit nom ?", mais que je me retins de prononcer. Finalement, c'était plutôt marrant d'être face à une inconnue, ça mettait du piment, même si cette dernière avait clairement des progrès à faire au bière-seball (elle est bonne hein ?) et décidait de vous affubler d'un nom à consonance germano-pornographique (deux pour le prix d'un, c'est les soldes rayon humour pourri, faut bien en profiter...).
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MessageSujet: Re: Rockin in the Suburbs   Rockin in the Suburbs EmptyLun 18 Nov 2013 - 23:43

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Tout ça pour un chat, quoi. Un chat. PAAAAF raisonnait le bruit du verre éclaté dans la pièce. Ally, inerte, se sentait plus bête encore que lorsqu'elle avait des frites dans un restaurant japonais. C'est-à-dire qu'elle ne sentait réellement pas son intellect au comble de ses capacités, et que même chercher des toxines dans les fèces d'un de ses patients lui auraient donné une satisfaction bien supérieure. Ouais, elle était ridicule, à débarquer chez un homme dont elle ne connaissait plus ou moins que le manque d'organisation dans ses courses -qui peut voir arriver la fin de son paquet de croquettes sans penser à en racheter, sérieusement ? Elle était dans l'appartement d'un jeune homme dont, au final, elle ne savait rien, pas même le nom, et que faisait-elle ? Elle lui éclatait une bouteille de bière dans le salon... Bravo, se félicitait-elle intérieurement alors qu'un « Oops... » débile semblait s'être échappé de ses lèvres sans son accord préalable. « J'aurais pas dit ça tout a fait comme ça mais... ça résume bien. » répondit-il calmement en regardant la scène de son canapé. C'était pas un nerveux, elle lui devait au moins ça... Elle se demanda un instant si, si jamais il roulait sur un gamin par accident, il se dirait juste « merde, encore un à enterrer » en soupirant de flemme. Elle n'était pas habituée à un calme pareil, que ce soit vis-à-vis de sa famille ou même de ses amis les plus proches. Jagger était comme elle : pas spécialement molle, mais pourtant plutôt championne dans le domaine du râlage. Et là, par exemple, aurait été un moment idéal pour râler à propos de tout et n'importe quoi (« j'ai pété une bouteille, puis tu sais pas quoi ? Aujourd'hui y'avait plus de mousse au chocolat à la cafét, journée de merde jte dis putaiiiiin »). « Ouais, » se contenta-t-elle de répondre en haussant les épaules, observant son œuvre éclatée au sol, les bras croisés, « on me dit souvent que je résume bien les choses, j'ai un talent inné je crois. » Pourquoi disait-elle une connerie pareille ? Elle n'en avait pas la moindre idée, mais déjà elle envoyait la seconde bière au jeune femme, qui, la chanceuse, survécut. Puis, le calme, quelques secondes pendant lesquelles il se regardèrent bêtement. La fenêtre était maintenant fermée, et l'arme secrète pour dompter un mâle, tout le monde la connaissait. Le sexe. Mais voilà, Ally tenait à sa petite culotte, aussi elle se para de la seconde meilleure arme pour contrer un homme : des chips. Elle tendit le paquet au jeune homme en commençant à nettoyer le bordel par terre, s'y prenant délicatement pour ne pas se retrouver empalée sur un bout de verre (une belle mort que de partir tuée par une bouteille de bière, mais quand même...).

« C'est clair que je te conseille pas de t'asseoir là non plus. » répondit-il alors qu'elle avait fait remarquer qu'elle n'était pas prête de s'assoir. Elle gloussa bêtement, persuadée au passage d'avoir craché par terre -mais bon, au point où en était le sol... « Ptete que ça peut faire une sorte de... Massage ? » tenta-t-elle, hésitante, avant de se sortir une vision d'horreur de l'esprit. Et pendant ce temps-là... pendant ce temps-là, l'anonyme faisait une cascade sur son canapé, un truc un peu étrange qui finit par l'extirper du tas de coussins. Elle le regarda ramper jusqu'à elle comme s'il était à la guerre, pour finalement se relever approximativement et lui attraper la main. « T'es un warrior, en fait. » Elle se releva sans attendre plus d'explications. « Laisse, tu vas te couper. » dit-il tout de même alors qu'elle haussa un sourcil, faussement offusquée. « T'es en train de dire que j'ai deux mains gauches, c'est ça ? J'ai juste manqué ma cible, mais t'as pas super bien réceptionné non plus, hein, Catman... » Pourtant, lui n'avait pas fini son discours. « ...la bière, ça passe encore, mais une hémorragie, j'suis pas sûr qu mon superbe parquet y résiste. » Penchant la tête sur le côté, elle approuva d'un petit bruit de gorge. « Bon, si c'est pour le parquet, admettons... » Et pourtant, le jeune homme fit suivre par une remarque qui la surprit. « Cela dit c'est toi l'experte en scène de crime, si j'ai bien compris. » D'où connaissait-il sa profession ? Han, elle le savait ! Elle était vraiment tombée sur un schizophrène qui l'avait suivie chez elle et au boulot ! Elle allait mourir, elle le savait. Et elle n'aurait jamais eu l'occasion de juger l'athlétisme de Benny Junior... « D'où tu sais ça ? » demanda-t-elle, presque sur la défensive. Elle reprit cependant sur le ton de l'humour : « J'ai jamais tué personne et je suis pas dans la police...! » Enfin... Finalement, elle se redressa et le suivit dans la cuisine, laissant derrière elle la petite scène de massacre biéresque. Elle regarda Catman, muette, ouvrir des placards pour en extirper différents trucs qu'il lui mettait dans la main. Ah, des verres... Oui, des verres, c'est comme ça que ça s'appelait. « Merci, » glissa-t-elle en regardant les serpillères. Lui venait de faire un geste bizarre qui inquiéta la blondinette. « Tu te sens capable de servir deux verres ? » proposa-il alors qu'elle ne put s'empêcher de demander : « Ça va ? T'as fait un truc bizarre avec ton visage.. A moins que ça soit ta tête normale, mais... » Elle se coupa en réalisant qu'elle ne pouvait peut-être pas se permettre ce genre de remarques avec quelqu'un chez qui elle soupçonnait une pathologie mentale. « Mais oui, jme sens capable, t'en fais pas, en plus y'a une table donc pas de soucis, mes deux mains gauches s'adapteront très bien à la situation. » Le sourire malicieux qu'il lui dégomma la mis pourtant en confiance. Il glissa un décapsuleur dans l'un des deux verres qu'elle portait, avant de s'occuper de la zone de chantier. Ally, quant à elle, était allée poser les deux verres sur la table basse du salon, ouvrant la bouteille avec soin -manquerait plus qu'ils perdent un quart du volume en mousse, tiens... Elle s'assit sagement sur le canapé en s'appliquant au versement de la boisson, plaçant les deux verres cote à cote pour s'assurer que les volumes étaient similaires -ou qu'elle en ait au moins un peu plus, héhé. Soudain, un poids vint déséquilibrer le canapé, mais aussi la bouteille posée sur le verre qu'elle remplissait doucement. Le petit cri qu'il poussa la fit rire bêtement alors qu'elle s'assurait que toute la vaisselle était encore bien accrochée à la table. Oui, tout allait bien, cette fois. « Non mais j'ai fait exprès hein. » Elle lui jeta un regard amusé, la bouche pincée, répondant : « Jme doute, tu testes la résistance de ton canapé, c'est important de le faire une fois de temps en temps. Et en plus... » elle attrapa le paquet de chips qu'elle lui tendit, « ...en plus t'as protégé les patates croustillantes salées. Si avec ça t'es pas un héros... »

Le paquet de chips ouvert, Ally se mit à s'intéresser au programme qui passait à la télé. Ah oui, quand même... « Ça te va si on regarde ça ? On est pas obligés de suivre. Sauf si on a rien à dire. Mais t'as l'air d'une nana qui a toujours un truc à dire, j'me trompe ? » Haussant un sourcil amusé, Ally attrapa un des deux verres remplis à moitié qu'elle tendit à Günther, attrapant l'autre de l'autre main. « Jvois pas de quoi tu parles... A la tienne, au chat inconnu et aux bières qui subissent la sélection naturelle, » toasta-t-elle en tapant son verre contre celui de jeune homme dans un bruit de verre. Elle but une petite gorgée, bien décidée à faire durer le breuvage le plus longtemps possible. « Tu sais pas quoi, au fait ? » lança-t-elle aussitôt, comme emportée par un besoin de parler. « Aujourd'hui y'avait plus de mousses au chocolat à la cafét, c'était pas cool. Et toi, ta journée ? T'as eu ta dose de chocolat, toi, dis ? »

Elle marqua une pause, plus pour le geste que par réel besoin ou envie de se taire. Mais ce ne fut sans doute que trop bref aux yeux de Catman. « Et désolée pour la bière, je t'en ramènerai une, jla ferai porter au chat, tiens... remarque, il serait capable de la boire, il est tellement pas net, le pauvre. Ptete qu'on devrait l'emmener voir un véto un jour d'ailleurs, y'a des moments où je me demande s'il agonise pas mais en fait ça doit être normal, un peu comme toi avec ta face tout à l'heure... » Pouffant comme une gamine, elle se dit que finalement... Tout ça grâce à un chat, quoi. Un chat.
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MessageSujet: Re: Rockin in the Suburbs   Rockin in the Suburbs EmptyMar 11 Fév 2014 - 13:11


Je ne me souvenais plus vraiment comment cette journée avait commencé, mais depuis quelques minutes, je pouvais dire qu'elle ne finirait sûrement pas de la même façon. J'avais, depuis quelques minutes, un électron libre dans mon appartement. Une mini-tempête blonde qui semblait pire que moi niveau maladresse et franc-parler, mais avec un peu plus de classe - peut être parce qu'elle portait des talons.. En tout cas, elle avait des mollets superbes, et je sais pas du tout pourquoi je tiens soudain à vous parler de ses mollets mais bon, c'est pas grave, maintenant, c'est fait. J'avais délaissé mon canapé pour réparer ses dégâts, me redécouvrant un côté attentionné que je ne connaissais plus chez moi, avant de revenir m'affaler sur le canapé avec la grâce d'un éléphant de mer échoué sur la plage, lui laissant le soin de se débrouiller avec les verres, la bière et le décapsuleur. Oui, je n'avais peur de rien, mesdames et messieurs, et tant pis si elle manquait de me crever un oeil avec la capsule. L'aaaamouuuur de riiiisque HRM bref.

Si on s'intéressait de plus près à la situation, on pouvait aisément faire remarquer que n'importe quelle personne extérieure observant la scène n'aurait rien compris. Entre le fait qu'on se parlait par chat interposé et venait de se rencontrer pour la première fois, qu'elle me prenait manifestement pour un détraqué mais semblait avoir envie de rester et que nos discussions ne voulaient pas dire grand chose mais qu'on arrivait à se comprendre quand même, décidément, tout était normal. Le pire c'est qu'on arrivait à se répondre, quoi, et ça ne semblait pas nous déranger le moins du monde d'être deux inconnus un peu bizarres en interaction l'un avec l'autre. D'un côté, pourquoi aurait-on dû trouver ça étrange ? On était comme on était, et le destin semblait avoir voulu nous mettre là, aujourd'hui, sur le même canapé. Elle, elle résumait bien les choses, même quand elles ne voulaient rien dire, et moi, j'avais l'art de tourner les phrases sans qu'on ne sache vraiment si c'était un reproche ou un compliment, ce qui permettait de le prendre de la façon dont on voulait. On faisait la paire, dis donc.

Après un court silence, j'avais relancé la conversation, comme si de rien n'était, un petit sourire tranquille aux lèvres. J'étais dans mon appartement avec une bière, des chips, Stargate en fond et une inconnue sexy à mes côtés. Je n'avais pas à me plaindre, c'était même le cocktail parfait. Et toujours mieux que de regarder la télé avec un chat qui n'était même pas mon chat, quoi. „Jvois pas de quoi tu parles...“ Avait-elle répliqué suite à mon sous-entendu à propos de son débit de parole soutenu, avant de trinquer :  „A la tienne, au chat inconnu et aux bières qui subissent la sélection naturelle,“ à quoi je répondis avec un clin d'oeil. „Sélection naturelle, ouais ouais... Mais t'inquiète, avec moi, ton secret de tueuse de bière est bien gardé. Je suis un tueur de petites cuillères, elles ont tendance à toutes mystérieusement disparaître de ma cuisine, alors... Entre serial killer, on s'comprend.“ Mon sourire s'élargit, et je bus une petite gorgée. Quoi, ça vous arrivait jamais, à vous, de jeter par inadvertance la cuillère avec le pot de yahourt à la poubelle ? Moi, c'était l'histoire de ma vie. Et puis, ça faisait moins de vaisselle.

Elle embraya aussitôt, et il me fallut me concentrer pour suivre le fil de sa réflexion. „Tu sais pas quoi, au fait ? Aujourd'hui y'avait plus de mousses au chocolat à la cafét, c'était pas cool. Et toi, ta journée ? T'as eu ta dose de chocolat, toi, dis ? Et désolée pour la bière, je t'en ramènerai une, jla ferai porter au chat, tiens... remarque, il serait capable de la boire, il est tellement pas net, le pauvre. Ptete qu'on devrait l'emmener voir un véto un jour d'ailleurs, y'a des moments où je me demande s'il agonise pas mais en fait ça doit être normal, un peu comme toi avec ta face tout à l'heure... “ „J'suis pas très chocolat.“ répondis-je simplement, éludant la question sur la journée avec brio - c'est qui brio ? ah merde cette blague est copyrightée, c'est vrai... -, ne tenant pas à lui dire que... Ben, en fait, ma journée, je n'en avais aucun souvenir, quoi. Ça m'arrivait des fois. Amnésie partielle sûrement due à mes abus répétés de substances... Mais bon, c'était un peu embarrassant que d'avouer telle chose au premier rendez-vous, quoi. Attendez, c'était un rendez-vous ? Pourquoi avait-il fallu que je me pose pareille question, d'abord ? C'était complètement stupide. Y'avait d'autres choses plus importantes à se demander, comme... „Et puis quoi, ma face ? C'est une façon de dire que je suis moche ? Pourtant on me dit souvent que j'aurais pu faire mannequin. T'as vraiment des goûts de merde.“ Je laissais un silence, boudeur, avant d'ajouter : „Et puis c'est toi qui agonise. Enfin, tes cheveux. Peroxydée, va.“ Mon regard malicieux détrompait le ton sérieux que j'avais pris pour prononcer ma phrase. Tout en prenant une nouvelle gorgée de bière, je passais éhontément ma main dans mes cheveux d'un air détaché... Ils étaient si soyeux et brillants. Le summum du beau cheveu naturel et bien entretenu. Et bim, mange ça Barbie.
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MessageSujet: Re: Rockin in the Suburbs   Rockin in the Suburbs EmptyMar 11 Fév 2014 - 22:30

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Ally n'était pas vraiment le genre de personnes prudentes voire paranoïaques. Non, il en fallait beaucoup plus qu'un inconnu qui l'invite chez elle pour lui faire peur. Même la peur d'attraper un parasite intestinal dans un sushi avarié n'existait pas chez elle. Pourtant, n'allez pas croire qu'elle était particulièrement téméraire. Inconsciente, oui, mais courageuse, non. Elle avait d'autres peurs, plus ou moins explicables. Les roux, par exemple. Voilà, les roux, ça lui faisait peur. Ou que son téléphone portable ne s'éteigne avant qu'elle n'ait pu en recharger la batterie. Voilà des vraies phobies ! Se retrouver seule avec un inconnu n'en faisait pas partie. Ou alors, peut-être était-ce le contexte bien particulier de cette situation qui la rassurait. Parce qu'au final, pouvait-elle réellement qualifier le jeune homme d'inconnu ? Il s'était vus une fois au supermarché, quand même. Et puis ils s'étaient échangés pas mal de mots par chat interposé ! Au final, ils se connaissaient quand même pas mal. Et puis, il n'avait pas réellement l'allure d'un psychopathe. En même temps, Mads Mikkelsen a-t-il réellement l'apparence d'un Hannibal Lecter ? Vous avez deux heures.

Avec lui, elle se sentait particulièrement à l'aise. Et ça, elle devait l'avouer, ça arrivait avec mal de monde mais pas l'intégralité de ses rencontres non plus. Quelque part, ces échanges virtuels l'avait rapprochée de lui sans qu'elle s'en rende compte, et parce qu'elle connaissait l'allure de son écriture par cœur, elle s'imaginait le connaître depuis des mois. L'échange de notes avait été aussi réel que lorsqu'elle discutait avec Siri, et son Iphone seul savait à quel point elle se sentait proche de Siri. Par moments, elle se disait même que c'était sa Jagger 2. Même si, bon, fallait pas pousser, Jagger était une pièce unique. Un peu comme l'inconnu sans nom, en fait, mais dans un tout autre ordre d'idées. La situation, finalement, aurait pu paraitre particulière voire gênante, mais Ally s'y sentait particulièrement confortable. Comme si l'inconnu était un pote de toujours et qu'elle pouvait lui faire des tresses dans les cheveux sans craindre une magistrale baffe en retour -mais elle ne tenterait pas l'expérience quand même, elle tenait à son joli minois. Le seul moment qui l'avait fait vaciller était la chute de cette bouteille de bière, aussi ridicule et magistrale que lorsqu'elle avait croisé une plaque de verglas sur le campus d'Harvard quelques minutes plus tôt -pas de dommages physiques trop importants mais un ego qui en avait pris un sacré coup, quand même. Sinon, globalement, tout baignait. Dans la bière, techniquement, mais tout baignait.

Ses délicates fesses de princesse installées dans le canapé du jeune homme, Ally n'avait pas hésité à faire subir à ce dernier -le jeune homme, pas le canapé- ce qu'elle faisait subir à tout le monde : ses bavardages incessants. C'était une technique de torture qui aurait été reconnue dans les plus grandes guerres si elle avait eu l'occasion de les tester. Sauf que la blonde se moquait éperdument de l'effet qu'elle provoquait sur les gens en parlant. On lui pardonnait tout, c'était évident. Et puis, au pire... au pire c'est pas grave. Elle adopterait le chat pour le sauver d'un homme qui ne connaissait rien aux vraies femmes. Parce que oui, voilà ce qu'elle était : une vraie femme, une princesse, bavarde et violente lorsqu'il s'agissait d'obtenir la dernière paire de bottes à sa taille dans un magasin pendant les soldes. Son flux de paroles ne dérogeait pas à la règle, mais elle ne comptait pas arrêter ses bonnes vieilles habitudes pour les beaux yeux d'un homme, aussi canon soit-il. Mais être canon ne pardonnait pas tout. Tout comme elle n'avait pas pardonné à Cohen de l'accuser de lui avoir lancé des œufs dessus -ce qui était vrai, au passage, mais il n'avait aucun moyen d'en être sur et pourtant, il semblait ne pas douter, ce qui avait le don d'être un brin vexant-, la blondinette n'excusait en aucun cas le reproche qu'il venait de lui faire. Bon, ok, c'était pas vraiment un reproche. Mais Ally était intelligente, voyez-vous, et elle décryptais les mots cachés dans les phrases. Elle avait éludé la remarque, expliquant qu'elle ne voyait pas de quoi il parlait tout en plissant les yeux d'un air de dire « fais gaffe, j't'ai à l'oeil ». La suite réservait quelque chose de très intéressant aux yeu de l'interne : de la bière. Ils trinquèrent sans trop de solennité, tandis qu'il répondait. « Sélection naturelle, ouais ouais... Mais t'inquiète, avec moi, ton secret de tueuse de bière est bien gardé. Je suis un tueur de petites cuillères, elles ont tendance à toutes mystérieusement disparaître de ma cuisine, alors... Entre serial killer, on s'comprend. » Choquée, elle amena une main légère à sa poitrine. Elle était meurtrie d'apprendre la nouvelle. Finalement, elle accordait probablement sa confiance trop rapidement. « C'était un accident... » bredouilla-t-elle, la voix cassée par les accusations et les révélations. « Me compare pas à toi, tueur de petites cuillères ! » Dans un « Hin » clair, elle détourna le visage de façon théâtrale, accompagnant son geste d'un port de tête supérieur et grave. Toujours sans le regarder, elle ajouta : « Je préviendrai les flics. J'adopte le chat, de toute façon on sait tous que ça commence avec des petites cuillères et que ça finit par la création de manteaux en fourrure de chat. Je veux pas ça pour l'avenir de ... de ...» Sa réplique grave fut brisée par le plus négligé des problèmes. « De... du chat. » Elle avait à nouveau tourné la tête vers lui, le défiant du regard. Ce n'était pas parce qu'il n'avait pas de nom que le reste de sa remarque devait tomber à l'eau. Elle avait été plutôt convaincante, et elle était sûre que si elle avait eu la chance d'avoir une personnalité cachée dans un coin de sa tête, elle l'aurait applaudie sans retenue. Quelle performance !

Vexée par la fin de sa prouesse théâtrale, Ally embraya sans attendre par un monologue sans fin. Les mousses au chocolat, elle se remettrait jamais de cette injustice ! C'est pour ça qu'elle était intenable, aussi. Pas de chocolat, pas de... calme plat -bah quoi, la narratrice a des dons très limités en rimes, et elle vous emmerde... mais cordialement, hein ! Elle vous emmerde cordialement. Bref, toujours est-il que la blonde s'arrêta finalement pour boire une gorgée de bière, histoire de se désaltérer d'un tel marathon. « J'suis pas très chocolat. » entendit-elle simplement, manquant de s'étouffer et de recracher sa boisson par le nez, les oreilles et d'autres orifices moins glamours. Décidément, c'était quoi cette mode de l'anti-chocolat ? C'était hype, swag, so 2014 ? Elle fronça les yeux, l'air grave, attrapant une chip pour la croquer. « Y'a des gens bizarres dans ce bas monde... Tant que tu me dis que tu manges pas des chats à la place, ça me va, j'ai rien à dire. » Même si elle venait de dire que le monde renfermait des goûts bien différents. Et même, maintenant qu'elle y réfléchissait, c'était fort possible qu'il mange des chats. Mais quand ils étaient mûrs, à point, tout ça. Ça expliquerait pourquoi il avait pris un chat sous son aile. Histoire de l'engraisser et de le rendre plus goûter pour le moment où il le ferait cuire à la broche -oui, parce qu'à la broche, c'était plus sympa dans sa tête. Et en plus, elle lui facilitait le travail en s'occupant de l'animal la moitié du temps. Quoique... il n'avait pas l'air d'être du genre à manger des chats. Mais encore une fois, la tête est-elle suffisante pour juger de ce dont nous sommes capables ou non ? Vous avez une demi heure -vous avez déjà répondu à la question avant, attendez. « Et puis quoi, ma face ? C'est une façon de dire que je suis moche ? » reprenait-il.  « Pourtant on me dit souvent que j'aurais pu faire mannequin. T'as vraiment des goûts de merde » Elle avait haussé les sourcils en laissant son dos glisser sur le côté pour mieux faire face au jeune homme. « Non, tu sais, la plupart des gens peuvent faire des têtes bizarres selon les situations. Moi c'est pas mon cas, mais je juge pas. » En pouffant, elle ajouta : « Et puis ça veut rien dire le mannequin, t'as vu la gueule de la plupart de ceux qui présentent les fringues les plus cheloues au monde ? Ils sont assortis à ce qu'ils portent, quoi » Elle haussa les épaules, tentant de rester sérieuse « Donc oui, j'avoue, t'aurais du potentiel. » Et elle éclata de rire. Il ne fallait pas lui demander de rester sérieuse trop longtemps, non plus. C'est comme ça que les gens faisaient des AVC.

Cependant, la remarque suivante du jeune homme lui coupa toute envie de rire. « Et puis c'est toi qui agonise. Enfin, tes cheveux. Peroxydée, va. » Pour une femme, entendre quelqu'un critiquer ses cheveux, c'était comme l'entendre dire qu'elle avait un trop gros cul. Elle était donc restée sans voix, immobile avec ses sourcils haussés, et effectua un geste de la main des plus ridicules. « Je vois pas de quoi tu parles, c'est ma couleur naturelle. Faut juste que j'aille chez le coiffeur de temps en temps pour... heu... la rendre plus brillante. » WTF ? Oui, on était d'accord, rendre une couleur brillante ne voulait rien dire. Et puis, elle avait caché ses racines d'un geste de la main qui clamait à lui seul toute sa mauvaise foi. Une raison de plus de repasser brune. Faussement boudeuse, elle avait porté sa bière à ses lèvres de sa main qui n'était pas plaquée sur son crâne -c'était mieux dans ce sens là, en même temps, on est d'accord. « Espèce de faux mannequin anonyme qui mange des chats et qui est accro à la bière et à Stargate et à mes fesses -oui, parce que tout les hommes sont accros à mes fesses-, et aux chips et à son canapé. » Oui, nous avons une gagnante pour l'insulte la plus longue du monde.
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MessageSujet: Re: Rockin in the Suburbs   Rockin in the Suburbs EmptySam 10 Mai 2014 - 16:47


Il fallait qu'il la fasse taire, et vite. Cette idée tournait et retournait dans sa tête. Bientôt, ça allait tourner à l'obsession. Elle parlait, elle parlait, elle parlait... Plus ça allait et plus ça n'avait ni queue ni tête. Certes, Nolan n'était pas en reste niveau conneries débitées à la seconde, c'était un fait, mais il ne parlait pas pour rien dire. Il y avait toujours une bonne raison à ses paroles, ou un sens caché à ses âneries. Sauf si il était défoncé. Là, bon, il ne pouvait rien garantir, ça ne dépendait plus de lui, mais de son autre lui, celui au pays des licornes et autres joyeusetés. Cependant, actuellement, il n'était sous aucune substance, et il commençait vaguement à le regretter. D'humeur joviale l'instant d'avant, il la fixait d'un air plus morose depuis quelques minutes. Il était en train de perdre patience. L'écouter lui demandait de plus en plus d'efforts, et il sentait qu'il n'allait pas tarder à décrocher, même si il maintenant les apparences et une certaine contenance.

Bière dans une main et paquet de chips dans l'autre, il observait d'un air circonspect la blondasse péroxydée dont il ne connaissait toujours pas le prénom. Elle lui débitait une théorie inédite sur son alimentation, semblant déterminée à le faire passer pour la pire créature que Dieu ait pu créer, soit un mangeur de chats. Il eut une grimace outrée devant de telles allégations, commençant à s'imaginer la tuer avec une petite cuillère. Ça aurait pu être la solution : elle aurait prouvé sa théorie qu'il était un psychopathe et lui l'aurait réduite au silence. Donnant donnant. Il balaya cependant cette idée de la main, envoyant valser quelques chips alors qu'elle terminait sa tirade en parlant de ses fesses, qu'il reluqua donc un instant, songeur. « Tu t'appellerais pas Vanity par hasard ? » Il s'extirpa à cette brève contemplation pour la regarder de nouveau. Voyant qu'une partie était allée se loger dans les dits cheveux (queues de rat, plutôt, si vous vouliez son avis, beuheuheu) de la jeune femme, il recommença à sourire et gloussa même stupidement pour l'occasion. « J'ai pas fait exprès, j'te jure. » Commença-t-il avant de, soudain, sans trop savoir ce qui lui passait par la tête, verser l'intégralité du paquet de chips sur sa tête. Il l'observa ensuite du coin de l'oeil avec une moue moqueuse. « Ça aussi, c'était complètement involontaire. » Il avait eu une idée vraiment, vraiment, vraiment très bête, mais il ne s'en souciait pas un seul instant. Un poids semblait s'être envolé de sa poitrine et il la fixa, d'un air profondément railleur, avant de partir d'un bel éclat de rire inattendu. Voyant qu'elle ne semblait pas aussi encline que lui à rigoler, il essaya de réfréner le rire qui montait mais en fut incapable. Il tendit un doigt vers son visage pour prononcer d'une voix tremblante d'hilarité « ...t'as une chips là... » Un morceau de chips s'était collé au bout de son nez et cette simple vision décupla son euphorie. C'était à la fois extrêmement mignon et extrêmement drôle. Les yeux embués de larmes de rire, il ajouta donc d'un ton qu'il tentait de garder sérieux « t'en as une autre là... » tout en en montrant une qui s'était logée dans son cou, en attrapant ensuite une autre, cette fois dans ses cheveux, qu'il porta à sa bouche, la mâchouillant avec provocation avant de descendre son regard vers son tee-shirt, où une s'était logée... Droit dans son décolleté. Ses doigts vinrent pincer son menton alors que ses yeux se rivaient de nouveau aux siens, avec un sourire amusé. « Et là, aussi... » glissa-t-il tranquillement, pointant de l'index la zone en question, sans plus baisser le regard, résolument ancré dans le sien.

Tout un tas de pensées défila dans son crâne, sans qu'il s'autorise à s'arrêter sur la moindre d'entre elle. Il y avait le fait qu'elle était jolie, qu'elle était blonde, comme Mischa, qu'elle avait le sourire le plus mignon du monde quand elle riait, qu'elle parlait trop et que l'embrasser aurait pu la faire taire définitivement, et puis qu'elle était aussi diablement attirante, même si elle semblait avoir un grain... Toutes ces choses lui avaient traversé l'esprit en un court instant, mais c'est tout ce qu'elles firent. Il ne les laissa pas devenir autre chose que des songes, des idées, de fulgurantes vérités. Ses yeux se plissèrent légèrement et il pianota du bout des doigts sur ses lèvres, souriant bêtement. Le moment était passé. Il détourna les yeux, cherchant du regard la boule de poils qui les avait fait se rencontrer... Et qui encore aujourd'hui, les liait. Elle était assise sur le plan de travail et les fixait sans bouger, hormis pour cligner lentement des paupières. « On devrait l'appeler Chips. » Son ton n'avait jamais été aussi sérieux et son humeur aussi charmante. Qu'elle en profite, ça pouvait changer en un claquement de doigts. « C'est mixte, en plus. On dit aussi bien un chips qu'une chips, non ? Et puis, c'est une vraie patate, cet animal, donc ça lui va bien. » Un sourire doux grimpa sur ses traits et il se remit à siroter sa bière. Il se sentait de nouveau calme, presque apaisé. Un comble alors qu'il y a encore cinq minutes, il avait presque eu envie de l'étrangler. Fallait croire qu'elle provoquait en lui vraiment toutes sortes de sentiments... Ou qu'il était vraiment un jeune homme bizarre, mais bon, ça, c'était plus tellement nouveauté, si ?
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MessageSujet: Re: Rockin in the Suburbs   Rockin in the Suburbs EmptyJeu 15 Mai 2014 - 21:49



La situation était quand même particulière, il fallait bien l'admettre. La blonde venait de mettre les pieds chez un total inconnu, avec lequel elle partageait... un chat. Uniquement un chat. Un chat un peu bizarre, sans doute possédé par le démon, gangster à ses heures perdues. En soi et déjà de base, ce simple fait n'avait donc rien de rassurant. Et si c'était cet inconnu qui l'avait dressé à manger de la chair humaine, en plus ? Bon, ça lui permettait de mettre un peu de piment dans sa vie, en quelques sortes. Ne pas savoir si elle sortirait de là vivante ou les pieds en avant avait quelque chose de marrant -oui, Ally était dotée d'un humour étrange, que voulez-vous. Et puis, quelque part, ce mec, elle le connaissait déjà un peu. Mieux que la plupart de ceux qu'elle invitait dans son lit un peu trop souvent. S'il lui voulait du mal, il aurait sans doute plutôt cloué le cadavre du chat sans nom sur sa porte, non ? Ça, ça aurait été l’œuvre d'un vrai psychopathe. Non, en réalité, si elle réfléchissait quelques secondes, Ally ne s'inquiétait pas plus que ça de ce qui pouvait se passer ici. Parce qu'elle n'était pas une jeune femme réfléchie, de base, mais aussi parce qu'elle avait bêtement confiance en cet inconnu autant qu'en n'importe quelle connaissance. C'était comme si elle le connaissait déjà au moins un tout petit peu, au final, et c'était toujours plus que pas du tout. Du coup, c'était peut-être aussi parce qu'elle était un peu trop à l'aise qu'elle parlait avec un débit à en faire pâlir n'importe quelle bavarde. Au fur et à mesure qu'elle parlait, cependant, elle ne se rendait pas compte qu'elle le perdait. Elle avait vraiment l'impression d'être écoutée et intéressante. Peut-être parce qu'elle ne prêtait pas réellement attention à la tête qu'il faisait, en fait.  Le seul « tu t'appellerais pas Vanity par hasard ? » qui l'interrompit, pourtant, lui fit plus ou moins comprendre ce qui se tramait dans la tête du brun. « Non », répondit-elle en faisant mine de ne pas comprendre, « c'est trop moche comme prénom. J'ai une tête à avoir un prénom moche ? Non, on est d'accord. » Quelques chips avaient volé dans la bataille, mais elle n'y prêta pas attention. Ce n'était que quelque chips, et, au pire, elle n'aurait pas à se préparer à manger en rentrant chez elle et n'aurait qu'à piocher dans ses cheveux. « J'ai pas fait exprès, j'te jure », se justifia pourtant l'inconnu, les yeux rivés sur ses cheveux. « T'inquiètes, » commença-t-elle à l'excuser en cherchant une chips de sa main droite. Mais avant qu'elle n'ait eu le temps de comprendre quoi que ce soit, toutes ses copines chips avaient rejoint la première. Levant un regard blasé vers l'inconnu, Ally continua de chercher une chips dans sa chevelure, avant de croquer dedans. « ...T'as une chips là... » se sentit-il obligé de préciser alors qu'elle loucha, juste pour vérifier ses dires. Oui, elle avait bien un morceau de chips collé au bout de son nez. Elle ne pouvait pas s'imaginer plus sexy qu'elle devait l'être à ce moment précis. Lui riait comme un gamin, et elle n'était pas très sûre de comment réagir. Alors, elle le regardait, dénuée de toute expression humaine. « T'en as une autre là... » continuait-il alors qu'elle attrapa une autres des chips logées dans ses cheveux pour croquer dedans. Le jeune homme en fit de même, et elle se sentit presque flattée de jouer le rôle d'un saladier. Cependant, ce n'était pas parce qu'elle ne savait pas comment réagir à tout ça qu'elle ne remarquait pas le regard du brun qui avait bifurqué vers sa poitrine. « Et là, aussi... ». Ouais, ouais. Il pouvait avancer tous les arguments qu'il voulait, elle trouvait assez agréable le fait que le regard d'un homme puisse être attiré par sa poitrine, qui n'avait pourtant rien de celle d'un mannequin pour sous-vêtements. « Te sens pas obligé de continuer à les énumérer, je suis sûre que j'en ai jusque dans ma petite culotte. » A un moment presque tentée de vérifier, Ally n'osa tout de même pousser le vice jusque là. Il la fixait bizarrement, et, juste pour ça, elle attrapa lentement la chips qui s'était glissé dans son décolleté et la porta à sa bouche avec un regard langoureux. Elle ne cessait de le fixer, juste parce que le regard qu'il portait sur elle lui donnait envie de jouer. « Je suis sûre que t'as jamais eu une vision plus sexy que moi maintenant. » Avec un clin d’œil, elle explosa de rire bêtement.

Finalement, elle passa la main dans ses cheveux, faisant tomber les chips les unes après les autres dans le canapé. Bon, en fait, c'était peut-être une mauvaise. Elles étaient peut-être dans un environnement plus propre lorsqu'elles étaient sur le lit capillaire que maintenant qu'elles se glissaient dans les recoins du canapé -affirmation sponsorisée par L'Oréal. Avant qu'elle ne comprenne comment ils étaient passés du moment voluptueux qu'ils venaient de partager à celui-ci, Ally le regardait chercher quelque chose du regard. Il s'arrêta sur le chat, qui était posé, en gros paresseux, sur le plan de travail, un peu plus loin. C'était donc ça qu'il cherchait. « On devrait l'appeler Chips. » Il était sérieux ? « C'est mixte, en plus. On dit aussi bien un chips qu'une chips, non ? Et puis, c'est une vraie patate, cet animal, donc ça lui va bien. » Il était sérieux... « Sérieux... » commença-t-elle gravement avant d'exploser d’enthousiasme. « Sérieux, je kiffe ! En plus c'est court et efficace, il s'en souviendra ! » Se relevant subitement en faisant tomber quelques chips en passage, Ally trottina jusqu'au plan de travail pour prendre fermement la petite tête du chat entre ses mains et lui répéter, gagate : « Tu t'appelles Chips... Chips ! Chips ! Dis le : je m'appelle Chips. Allez ! » Dans un miaulement peu convaincu, le chat s'arracha à son étreinte et sauta de son plan de travail. Immobile, Ally fronça les sourcils avant de pivoter sur elle-même pour regarder l'inconnu. « Va falloir que tu m'aides parce qu'il a pas l'être très convaincu. » Elle croisa les bras sous sa poitrine et avança doucement vers lui, l'air subitement très sérieux. Elle finit par s'assoir sur l'accoudoir du canapé, juste à côté de lui, et se pencha légèrement, juste pour lui demander : « C'est quoi ton nom ? » Les sourcils froncés, elle ajouta : « T'essaies de l'appeler par un nom... comme ça, pour compenser ton prénom à toi ? T'as un nom de bouffe ? Purée ? Choucroute ? » Elle marqua une pause avant d'ajouter : « Tu sais, je te jugerai pas. Enfin, si, si t'as un nom pourri, je te jugerai à fond. C'est pas ta faute... mais je te jugerai. Ça va, j'ai été convaincante ? » Et s'il lui demandait son prénom à elle ? Elle verrait. Peut-être qu'elle ferait l'effort de lui donner... un faux prénom. Tiens, elle s'appellerait bien Sara, aujourd'hui.

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MessageSujet: Re: Rockin in the Suburbs   Rockin in the Suburbs EmptyVen 25 Juil 2014 - 0:30


Deux inconnus sont sur un canapé. L'un renverse un paquet de chips sur la tête de l'autre sans raison. Qu'est-ce qui se passe ? Croyez le ou non, personne ne tomba du canapé ni ne mourut dans d'atroces souffrances. Non, rien de tout ça. Ils s'observèrent seulement. Et la chute de cette blague est donc totalement pourrie : pas de sang, pas de sexe, pas de révélation choc, pas d'Eric Northman, rien. Nothing. Nada. Nous nous observions, donc, moi avec mon éternel air de débile mental, elle et sa manie d'être jolie en toute circonstance. Deux inconnus dont le regard en disait long, mais bientôt, la bouche se joint au cortège. Pour parler, seulement - vous vois venir bande de petits coquinous. A mon grand dam, elle recommença son manège qu'un jour, peut être, j’appellerais "débiter des conneries pas si connes que ça", comme s'il s'agissait d'une routine entre nous, d'un semblant de normalité dans notre relation étrange. Pour l'instant, il n'était rien, même si, à vrai dire, aussi irritant que c'était parfois, je commençais doucement à m'y faire. Comme quoi, c'est bien vrai, on se fait à tout - sauf écouter du Miley Cirus ou du Justin Bieber, faut pas déconner. « Je suis sûre que t'as jamais eu une vision plus sexy que moi maintenant. » Je ne pus retenir à mon tour une réflexion stupide, une de plus. A ce rythme, on allait pouvoir monter un manwomanshow. Et devenir riches. Et partir élever des lamas ensemb- hrm je m'égare. « Mmmh, chais paaaas. Une fois, j'ai vu une chips en string dans une vidéo, et c'était pas mal aussi, dans le genre Sexy avec des chips. » J'émis un léger rire-gloussement. On aurait presque dit un thème imposé dans les Reines du shopping (et, évidemment, je ne parle pas DU TOUT en connaissance de cause). Yeah, sometimes I say stupid things that I think. Et, oui, ça m'arrive de rigoler à mes propres blagues (et si vous êtes pas contents je vous emmerd* #bitch).

Elle explosa alors de rire pour, finalement, se délester des chips restants dans sa chevelure, façon l'Oréal mais en moins glamour. Si vous aimez faire un garder manger avec vos cheveux, utilisez le nouveau shampoing de la gamme, qui dégraisse MÊME les aliments gras. Et en bonus, si vous gardez les chips en vous lavant avec, ça donne des chips light. (Oui, j'ai grave la connerie, tuez moi). J'avais décidé de tenter de me reprendre en me reconcentrant sur la raison de la venue de celle que dans ma tête, à présent, je nommais Blondie pour arrêter de penser Rayon Croquettes et de voir un gros paquet de Royal Canin à la place de son petit minois mignon : le chat. L'illumination venait de me tomber des cieux. L'appeler Chips. C'était facile à retenir, et qu'il soit un mâle ou une femelle (chose que j'avais toujours eu la flemme de vérifier), ça pouvait coller, en plus. Cependant, je m'attendais à tout, et surtout à un débat animé, vu le débit de parole de ma compagne, sauf à ce qu'elle répondit à ma proposition, et à sa réaction digne d'une enfant à qui on vient qu'on irait à Disneyland pour les vacances. « Sérieux... Sérieux, je kiffe ! En plus c'est court et efficace, il s'en souviendra ! Tu t'appelles Chips... Chips ! Chips ! Dis le : je m'appelle Chips. Allez ! Va falloir que tu m'aides parce qu'il a pas l'être très convaincu. » Un soupir las plus tard, je récupérais la bête dans mes bras, venu se réfugier dans mes pattes. Lui caressant la tête tout en fixant la jolie blonde, je ne pris même pas la peine de répondre directement, m'adressant au chat lui-même à mon tour. « Sur tous les habitants, il a fallu que tu tombes sur les deux personnes les plus timbrées d'Huntington Beach. T'es vraiment pas gâté mon gros loup ! On aurait dû t'appeler Murphy, en fait. » Mais c'était trop tard, maintenant. Le consensus avait été trouvé et il n'était plus temps de faire machine arrière. Redéposant le poilu sur le sol, j'époussetais les poils sur mon tee-shirt, tâchant de cacher l'air niais qui avait failli s'emparer de mes traits l'instant plus tôt, et relevais le regard l'air de rien vers la jeune femme qui m'observait soudain avec une attention nouvelle. Elle vint sur se rassoir sur l'accoudoir et l'intensité de son regard me força à prononcer la première chose qui me passa par le crâne :  « Quoi, j'ai un chips sur le nez moi aussi ? Pas toi, Chips, hein. » fis-je à l'attention de ce dernier qui se lavait les pattes, l'air de se foutre complètement de notre présence. « C'est quoi ton nom ? T'essaies de l'appeler par un nom... comme ça, pour compenser ton prénom à toi ? T'as un nom de bouffe ? Purée ? Choucroute ? » Je me détendis aussitôt, un sourire grimpant immédiatement sur mon visage, avant de s'assombrir légèrement avec ce qui vint ensuite. « Tu sais, je te jugerai pas. Enfin, si, si t'as un nom pourri, je te jugerai à fond. C'est pas ta faute... mais je te jugerai. Ça va, j'ai été convaincante ?» « On se moque pas des prénoms, c'est pas gentil. Du tout. C'est même très méchant. » prononçai-je avec l'air de celui qui a été traumatisé toute son enfance par de vilains garnements qui ont déformé son nom, prenant un air blasé plutôt convaincant. Pourtant, tel n'était pas le cas. J'avais un prénom banal, suivi d'un second tiré d'un tube des Beatles, et le nom d'un rockeur adulé par toute une génération. Pas de quoi rougir, non, vraiment. Toutefois, lui clouer le bec cinq minutes ne lui ferait pas de mal. Ça lui apprendrait peut être à réfléchir avant de parler -ouais, je sais, j'suis grave bien placé pour dire ça. Reprenant un air enjoué, je lui tapais gentiment sur l'épaule du plat de la main. « C'est booon, relaaaaax, j'm'en fous que tu sois une connasse qui dénigre les gens pour rien et perpétue les traditions cruelles des gamins des cours de récré. Mais compte pas sur moi pour cracher le morceau... Tu vas devoir deviner. » Après un bref moment de réflexion, mon air de traumatisé de la vie s'était transformé en celui du gars qui prépare un mauvais coup, et c'est avec malice que je lance enfin : « Ecoute bien : c'est en cinq lettres, et toutes les lettres qui le composent sont dans le mot "éthanol". Un indice : il y a deux fois la même. Tu as trois chance. Si tu trouves pas, tu me donnes ton prénom ET le nom de la personne qui t'a rendu aussi aigrie, parce que tu trompes personne avec tes grands airs, je suis sûr que dans ton histoire, y'a une méchante fille ou un méchant garçon qui te tirait les cheveux à la maternelle. Et si tu trouves... Et bien, je veux bien faire tout ce que tu veux. » La commissure de mes lèvres ne cessait de monter. Clairement, j'étais fier de ma trouvaille, et tout à fait confiant. Quelles étaient les probabilités qu'elle trouve, hein ? Bon, certes, il n'y avait pas beaucoup de probabilité que Neela me batte à la loyale au foot non plus normalement, maiiiis... Bon. Encore une fois, peut être avais-je parlé trop vite... Mais, soit. J'étais un homme de parole.

Quitte à porter des robes, de temps en temps.
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MessageSujet: Re: Rockin in the Suburbs   Rockin in the Suburbs EmptyDim 3 Aoû 2014 - 21:20



Clairement, elle était tombé sur un mec aussi barré qu'elle, ce qui promettait de rendre les choses de plus en plus intéressantes. Et c'était bel et bien le cas : les choses étaient de plus en plus intéressantes. Ils se connaissaient à peine, voire pas du tout, au final, mais c'était comme s'ils se connaissaient depuis toujours. Ils s'étaient bien trouvés, pouvait-on dire. Voilà maintenant qu'elle jouait sur ce regard qu'il lui avait lancé quelques minutes plus tôt. Oui, Ally avait un potentiel de sexiness assez hors du commun, surtout lorsqu'il était amplifié par une chips innocente venue se loger dans son décolleté... « Mmmh, chais paaaas. Une fois, j'ai vu une chips en string dans une vidéo, et c'était pas mal aussi, dans le genre Sexy avec des chips. » Mmh, bon. La blondinette venait de déchanter, et son visage se ferma aussitôt. Il ne fallait jamais dire quelque chose comme ça à une fille qui se croyait au summum de son potentiel attractif. C'était presque pire que si on lui avait rit au nez. « Tant pis pour toi,  c'est toi qui y perds au change. Je suis sûre que t'auras bavé devant mes seins. » L'air boudeur, elle avait détourné son regard, réellement vexée. Oui, Ally était toujours sexy, même lorsqu'elle mettait de la sauce soja partout en mangeant des sushis ou qu'elle faisait caca des paillettes de princesse. Ally Fleming était toujours sexy, c'était une règle métaphysique démontrée par Einstein, voilà tout. Et lui, cet inconnu, n'y connaissait rien, c'est tout. Lui rigolait, mais ce n'était vraiment pas marrant. Elle allait récupérer la garde complète du chat, si ça continuait comme ça.

Mais, au final, une Ally boudeuse, ça ne dure jamais bien longtemps. Elle avait passé l'éponge bien rapidement, et la voilà qui riait à nouveau. Elle récupérait les autres chips qui s'étaient cachées dans sa chevelure. Encore une vision assez sexy, avouez-le. Mais rien ne se perd, tout se transforme, ces conneries-là. Et là, des chips perdues dans ses cheveux se transformaient en aliment encore potable -et miam miam, des chips, elle n'en refusait jamais, un peu comme des sushis. Et la réflexion de l'inconnu la surprit autant qu'elle fut d'accord avec. Chips, le nom parfait pour ce chat. Par contre, ce serait vraiment bête qu'il ait un réel propriétaire et donc un réel nom -mais ça en ferait aussi un chat un brin parasite et sacrément opportuniste. Ceci dit, c'était tout à fait le genre de la bête, à laquelle Ally avait toujours trouvé un air vicieux. Il la fixait parfois sans raison, d'un regard presque menaçant, et elle l'avait déjà surpris à la regarder pendant qu'elle prenait sa douche. Chips était donc un chat vicieux ET pervers. Quoi de mieux que l'inconnu et elle pour s'occuper de l'animal... Ils s'étaient bien trouvés, tous les trois, en fin de compte. Mais avec ce que Günther venait de lui dire, lui n'était pas prêt de pouvoir l'admirer nue sous sa douche -avec la classe de quelqu'un qui s'est mis du shampooing dans les yeux et a respiré de la mousse. Bref, c'était donc Chips qui avait cette exclusivité. D'ailleurs, elle se demandait bien si c'était un mâle ou une femelle, mais le prénom collait pour les deux cas. Ally s'était donc levée précipitamment pour apprendre la nouvelle à l'animal qui, lui, semblait s'en foutre comme du prénom de la dernière souris qu'il avait mangée -pas Mickey, s'il vous plait, pas Mickey... Mais il fallait bien lui apprendre son nom, au chat, pour qu'il puisse se reconnaitre quand on l’appellerait ou qu'on l'engueulerait, non ? Chips avait pris la fuite, se réfugiant du côté de l'inconnu, pour lequel il semblait donc montrer une préférence. « Sur tous les habitants, il a fallu que tu tombes sur les deux personnes les plus timbrées d'Huntington Beach. T'es vraiment pas gâté mon gros loup ! On aurait dû t'appeler Murphy, en fait. » Et lui, il l'écoutait. Fronçant les sourcils, Ally grommela : « On peut toujours l'appeler Chips Murphy, ça fait un vrai nom, comme ça. » Mais en vrai, elle se sentait détestée des deux côtés. Chips Murphy, l'enfant qui détestait sa mère et partait se réfugier aux côtés de son père qui, lui, était en mauvais termes avec sa femme, qui était donc Ally. La famille bien brisée. Mouarf.

Elle retrouva cependant bien vite le sourire en surprenant l'air gaga de Günther. Elle n'allait pas rater cette occasion, ah, non, il n'en était pas question. « Ohhh, c'est mignon », commença-t-elle, l'air attendri, « le papa qui s'émeut devant son petiiiiit... Papa Murphy ! » Oui, elle était restée dans son trip, mais il n'était pas nécessaire de préciser que ça ferait d'elle maman Murphy. Quelle mère ne connaitrait même pas le sexe de son petit... Et puis, pour continuer dans le glauque, quel petit materait sa mère sous la douche... Aussi bien foutue soit-elle. L'air de rien, Ally était pourtant déjà passée à autre chose, puisque le mystère demeurait sur un point... Quel était le réel prénom de Günther ? Le regardant très sérieusement, elle s'était approchée de lui pour s'assoir sur l'accoudoir du canapé, juste à côté de lui. « Quoi, j'ai un chips sur le nez moi aussi ? Pas toi, Chips, hein » demanda-t-elle surpris, en jetant un coup d’œil à Chips. « Non, sinon j'en aurais déjà fait une bouchée. » Et elle embraya sur sa question. Pourtant, lui ne semblait pas le prendre sur le même ton. « On se moque pas des prénoms, c'est pas gentil. Du tout. C'est même très méchant. » Arquant un sourcil, Ally cria presque victoire. « Ah, j'ai touché un point sensible ! Choucroute, alors ? Tes parents ont pas été cools j'avoue... » Sa compassion s’éclipsa dès que Choucroute reprit la parole. « C'est booon, relaaaaax, j'm'en fous que tu sois une connasse qui dénigre les gens pour rien et perpétue les traditions cruelles des gamins des cours de récré. Mais compte pas sur moi pour cracher le morceau... Tu vas devoir deviner. » Mmh. « Tu m'as traitée de connasse ? Mais tu t'es vu, espèce de... de... choucroute périmée ? » Elle lui donna un coup dans l'épaule -un coup assez important pour qu'elle perde l'équilibre et manque de s'éjecter du canapé. Elle contrebalança du mieux qu'elle pouvait tandis que Choucroute continuait sur un ton de défi. « Ecoute bien : c'est en cinq lettres, et toutes les lettres qui le composent sont dans le mot "éthanol". Un indice : il y a deux fois la même. Tu as trois chance. Si tu trouves pas, tu me donnes ton prénom ET le nom de la personne qui t'a rendu aussi aigrie, parce que tu trompes personne avec tes grands airs, je suis sûr que dans ton histoire, y'a une méchante fille ou un méchant garçon qui te tirait les cheveux à la maternelle. Et si tu trouves... Et bien, je veux bien faire tout ce que tu veux. » Lourdement et malgré elle, Ally venait de glisser sur lui, et, l'air de rien, le poussa sur le côté, dans le genre -je maitrise totalement, c'est toi qui déranges. Pour autant, elle n'avait rien loupé du défi qu'il venait de lancer. « Ethanol, tu m'étonnes, hinhin, ça colle bien au personnage, t'as été bercé trop près du mur toi... » S'avachissant dans le canapé, Ally fit brièvement mine de s'intéresser à la série qui continuait son petit bonhomme de chemin sur l'écran de télé. « Tu me demandes de réfléchir, mais j'accepte. » L'air malicieux, voire coquin, Ally se pencha vers lui, et même sur lui... Leurs visages n'étaient plus qu'à quelques centimètres l'un de l'autre, et elle le fixait avec une intensité qui lui fit presque oublier ce pour quoi elle jouait ce jeu. Elle avait plongé sa main dans la poche du jeune homme, pour en sortir son portefeuille. Elle se releva aussitôt et courut à une vitesse folle jusque... heu, visiblement, les toilettes, où elle s'enferma aussitôt à clés. Elle vida le portefeuille par terre et sa première réaction fut de hurler à travers la porte : « Wah, t'es aussi pauvre que moi, à se demander comment on arrive à garder Chips Murphy en vie ! » Et enfin, elle attaqua le plus intéressant. Les pièces d'identité... Avec un sourire ravi, elle ouvrir doucement la porte pour faire face au jeune homme et lui tendit son portefeuille et tout ce qu'elle en avait sorti. « Enchantée, Nolan Buckley... Et je te félicite de prévoir toutes les situations possibles. Enfin, cool, la capote, quoi. » Avec un clin d’œil, elle retourna à nouveau au salon, s'adossant négligemment contre un mur. « J'ai gagné quoiiii ? » Elle marqua une pause et ajouta : « A mon tour de te faire réfléchir, et au lieu de te donner ta punition si jamais tu perds, je te dis tout de suite ce que tu gagnes si tu trouves mon prénom, mais en deux fois. Parce que je vise l'excellence pour toi, Choucroute Buckley. Alors si jamais tu trouves mon prénom, je te montre mes seins. » Elle ne comptait pas lui donner d'indices, et, fort heureusement pour elle, elle n'avait pas lâché son sac, qu'elle tenait fermement contre elle.

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MessageSujet: Re: Rockin in the Suburbs   Rockin in the Suburbs EmptyVen 8 Aoû 2014 - 21:03


Loin de moi l'idée de lui dire ouvertement que je ne la trouvais pas sexy... Pourtant, c'était ce qui été sorti de ma bouche, et, sachez-le, c'était un mensonge éhonté. Mais c'était sa faute, aussi, avec son naturel déconcertant et ses phrases alambiquées parfois un brin vexante. Elle me poussait à dire des conneries, et celle là ne serait sûrement pas la plus grosse - comme ma b... HRM, bref. Sa présence avait la fâcheuse tendance de faire ressortir mes plus mauvais côtés. Mon ironie grinçante, mon caractère provocateur ainsi qu'un brin manipulateur, et aussi ce brin de machiavélisme qui parfois prenait le dessus sur mon comportement, comme en témoignait le lancer de chips sur sa ô combien si belle et soyeuse chevelure blonde. J'estimais cependant que c'était mérité. Après tout, elle me le rendait bien, et c'est ce qui rendait la chose intéressante.

Après avoir disserté longuement sur le prénom du chat - qui avait manifestement sa préférence pour moi, malgré mon oubli de le nourrir - voilà que nous en revenions à tenter de deviner nos identités respectives. J'ignorais pourquoi mais je n'étais pas forcément pressé qu'elle découvre la mienne, pas plus que je l'étais de dissiper le mystère autour de sa personne. Nous ne nous connaissions pas, mis à part une passion commune pour le rayon croquettes du supermarché du coin et des mots échangés par chat interposé, et c'était ce qui faisait que c'était si excitant. La magie. Le mystère. Ces idioties que l'on essaie de préserver le plus longtemps possible, et qui nous poussent à idéaliser l'autre. Que se passerait-il lorsque le masque tomberait ? Lorsqu'enfin, nous saurions avec précision à qui nous avions à faire ? Peut être que nous n'avions, au fond, rien en commun. Peut être que nous serions déçus. Ou peut être pas. C'était tout l'enjeu de la chose. Jusqu'à présent, mon avis était plutôt mitigé. Oui, c'était un fait, j'appréciais le fait qu'elle se soit dévouée pour venir sur mon canapé, qui plus est avec des bières - ce qui démontrait un esprit pratique, déjà -, et je n'avais rien non plus contre parler avec elle, échanger de vraies paroles - même si globalement, elle pouvait être aussi horripilante que drôle. En fait, je n'aurais su dire pourquoi, mais malgré tout, elle me plaisait. Je me sentais comme connecté avec elle, comme si malgré nos différences évidentes, nous étions supposés nous entendre. Peut être parce qu'elle était aussi folle que moi, ou pas loin. Ou simplement parce qu'elle semblait m'accepter comme j'étais, ce qui, soyons honnêtes, n'était pas forcément des plus évident. Beaucoup aurait fui devant la difficulté. Ils se seraient arrêtés au portail, et n'aurait pas fait l'effort de rentrer par la baie de mon salon tout ça parce que j'avais la flemme de descendre. Je ne comprenais d'ailleurs pas vraiment ce qui l'avait convaincue de le faire. Et c'était peut être cette curiosité qui me faisait vouloir percer sa carapace, et avoir un aperçu de l'âme qui se cachait sous sa plastique plutôt parfaite. Enfin, ouais, n'allez pas non plus croire que j'avais jamais vu une belle femme non plus, hein. Mais une belle femme avec un minimum de conversation et d'humour, ça peut devenir tout de suite plus rare, m'voyez. C'était sûrement ce qui provoquait ce malin plaisir que j'avais à tester ses limites, et à ne pas prendre de pincettes. De toute façon, ce n'était pas mon genre, mais il fallait avouer que depuis qu'elle était entrée, je m'étais pas mal lâché. Oui, même moi, je trouvais que mon attitude envers elle était un peu too much. J'aurais pu la jouer plus soft. Plus subtil. Mais, non. Peut être qu'elle allait finir par fuir, à force... Ou décider de rester. « Tu me demandes de réfléchir, mais j'accepte. » finit-elle par répondre après ma tirade/charade/whatever, et un grand sourire se peint sur mon visage d'ange. Et il aurait pu s'élargir encore si elle ne s'était pas soudain penchée sur moi avec un air des plus ... déloyal. Car OUI, c'était pas du jeu de sortir le regard de chaudasse pour piquer le portefeuille de quelqu'un ! Un  peu de plus et j'aurais crié "POUCE", mais c'était déjà trop tard, j'avais buggé sur ses lèvres une seconde de trop, qui me fut fatale. Elle tenait mon portefeuille et s'était déjà éclipsée le temps que je comprenne ce qui venait d'arriver. Je me jetais tout de même à ses trousses, pour la forme... Histoire de sauver l'honneur. Avant de tambouriner sur la porte des chiottes. « Espèce de... de... » Garce. « Banane pourrie !!! » fut la première chose qui me vint à l'esprit alors que je fulminais. « Tu triches, et c'est moche ! TRES moche ! Au moins autant que les fesses flétries de Susan Boyle !! » Mais elle n'écoutait pas. Son larcin accompli, je pouvais bien dire ce que je voulais, elle s'en foutait complètement. « Wah, t'es aussi pauvre que moi, à se demander comment on arrive à garder Chips Murphy en vie ! » La preuve... Autant vous dire que je préférais encore m'adresser au chat, lui au moins, il m'écoutait et avait un minimum de considération pour m- Hum, peut être pas, en fait, puisqu'il était à présent parti chasser une mouche dans tout l'appartement. Bien. Bien bien bien. Elle finit toutefois par me rejoindre, triomphante, et je ne lui adressais d'abord pas un seul regard, adossé au mur, occupé à observer le chat faire des pirouettes. Si j'entendais sa mention de mon nom et de ma capote en réserve, je ne lui offris qu'un grognement en réponse, et ne daignais enfin la regarder que quand elle continua, sur le même ton enjoué - et énervant. Et, non, je n'étais pas mauvais perdant. « J'ai gagné quoiiii ? » s'enquit-elle sous mon regard blasé, assez éloquent pour qu'elle ne poursuive pas sur cette pente... Glissante, et poursuive : « A mon tour de te faire réfléchir, et au lieu de te donner ta punition si jamais tu perds, je te dis tout de suite ce que tu gagnes si tu trouves mon prénom, mais en deux fois. Parce que je vise l'excellence pour toi, Choucroute Buckley. Alors si jamais tu trouves mon prénom, je te montre mes seins. » Cela eut, au moins, le mérite de me faire sourire... Même si, évidemment, elle savait que je ne trouverais jamais. C'était tout bêtement une question de probabilité. Un bref éclair de génie passa alors dans mon regard, suivi d'un coup d'oeil plutôt lascif en direction son décoletté. « Tu n'as aucune idée de ce dans quoi tu viens de t'engager, ma petite... » Mon visage s'éclaira un peu plus alors que j'approchais doucement d'elle, bras croisés sur ma poitrine. Je m'arrêtais à deux pas, encadrais mon menton de mon pouce et mon index avant de poser l'index sur ma tempe et de lâcher soudain : « C'est un prénom court, qui commence par un A, je me trompe ? » Nouveau sourire, un peu plus grand encore, alors que j'avançais d'un pas de plus, le regard s'affinant, cherchant à voir la stupeur dans ses prunelles si claires. Je me mordis un instant le bord de la lèvre. « Tu te demandes comment je le sais, hein... Rassure toi, je n'ai pas enquêté sur toi. » commençai-je sur un ton qui se voulait rassurant, mais toutefois ferme et sûr de lui. Car, oui, j'étais sûr de moi. Ou presque. « Tu t'appelles... » continuais-je, laissant le suspense à son comble, pour prononcer dans un souffle, tout proche d'elle à présent, l'acculant contre le mur. « Anna ? » Mon regard se fit alors légèrement interrogateur, attendant avec impatience la réaction qui la trahirait à coup sûr, m'indiquant si j'avais raison ou tort. Et j'y croyais, dur comme fer.

Je savais que c'était un truc comme ça, car je l'avais lu sur son badge, lors de notre première rencontre... Ce dernier pendait négligemment de sa poche arrière, et je me rappelais avoir jeté un rapide coup d'oeil sur ses fesses lorsqu'elle s'était penchée pour voir un prix, dans le rayon. Je me targuais par ailleurs d'avoir plutôt une bonne mémoire. Enfin, il paraît. Tout dépendait de l'état de mes neurones à ce moment là. Et j'avais aussi été un peu distrait par la courbure très bien proportionnée de son royal fessier dans son jean, en fait, pour tout vous avouer...
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MessageSujet: Re: Rockin in the Suburbs   Rockin in the Suburbs EmptyDim 10 Aoû 2014 - 21:32



Décidément, des rencontres barrées, elle en avait fait depuis qu'elle avait mis les pieds à Huntington Beach. Ce n'était pas sur la côte est que ça lui avait été donné, ce genre de coups de folie. Peut-être que c'était l'air de l'océan Pacifique qui ramenait quelques vapeurs toxiques de Fukushima, ou un truc comme ça. En plus d'empoisonner les poissons qui trônaient sur ses sushis, voilà que la centrale lui faisait rencontrer des gens comme ce... Nolan, là. Mais bizarrement, ça ne lui déplaisait pas autant que l'idée de s'intoxiquer avec des saumons à trois yeux. Il y en avait en cet homme une touche d'originalité qui lui rappelait celle qu'elle était; et ce genre de personnes étaient toujours rassurantes à rencontrer. Parce qu'elles lui rappelaient qu'elle n'était pas la seule à voir la vie à sa façon, et que même en dehors de son cercle d'amis très fermé -Jaggy et Hendrix, quoi-, il y en avait d'autres. Tiens, ça lui rappelait un peu ces films de superhéros, où les protagonistes, un brin mutants, découvrent qu'ils ne sont pas les seuls à pouvoir péter des bombes nucléaires. Ainsi, elle n'était pas la seule capable de communiquer avec un inconnu par chat interposé, ou que rentrer par une baie vitrée chez quelqu'un qu'elle ne connaissait ni d'Eve ni d'Adam ne choquait pas. Au final, maintenant, c'était comme s'ils s'étaient toujours connus. Ally ne ressentait aucune gêne vis-à-vis de lui -pas qu'elle sache vraiment ce qu'est ressentir de la gêne, mais quand même-, et elle se comportait comme s'ils se connaissaient depuis des années. En réalité, elle avait l'impression de déjà le connaître par cœur, alors qu'elle ne savait rien de lui. Mais il ne semblait pas se formaliser de ses écarts de conduite, ce qui était déjà un très bon point. Et puis, au final, elle n'était même plus sûre d'être celle des deux qui adoptait le comportement le plus déplacé. Qui des deux venait de couvrir l'autre de chips ? Et bien voilà, pas elle. C'était lui qui avait commencé, tout ça, quoi. Et tout ça, finalement, ce n'était que le début. Il y avait... les présentations.

Ally n'était pas sûre de vouloir casser toute l'image qu'elle s'était faite de son mystérieux correspondant, mais ce qu'elle avait découvert depuis qu'elle avait mis les pieds dans son appartement lui plaisait plutôt pas mal, elle devait bien l'admettre. Aussi, quel mal y aurait-il à découvrir son identité ? C'était lui qui la défiait, et Ally n'était jamais du genre à reculer devant un défi. Même si, au premier abord, elle s'était bien demandée comment elle allait pouvoir s'en tirer -parce que malgré toute son envie que ce soit le cas, il ne pouvait clairement pas s'appeler Choucroute-, elle avait finalement eu un éclair de génie. Il ne fallait pas croire, elle pouvait encore en avoir quelques uns de temps à autre, des éclairs de génie. Son charme savait agir, et elle venait d'en apporter la preuve. Ah, il ne la trouvait pas sexy ? C'était sa vengeance. Tout était allé très vite, au final. Par contre, ça aurait été mentir que de prétendre que ses lèvres n'avaient pas été attirées par celles du jeune homme, mais juste, juste pendant un milliardième de seconde. Manquerait plus qu'elle ne cède à son propre jeu, hein. Sans formalités, elle avait donc fouillé ses poches -oui, bon, elle l'avait un peu tripoté du coup, mais passons ce détail, c'était pour le bien de la mission-, et récupéré son portefeuille. Aussitôt, elle avait pris la fuite pour se cacher dans la première pièce qui se présentait à elle : les chiottes. Fort heureusement, la porte se verrouillait. Avec sa carrure, elle n'aurait pas fait le poids très longtemps contre un ... Nolan Buckley, donc, qui chercherait à rentrer. « Espèce de... de... » l'entendait-elle d'ailleurs s'énerver de l'autre côté, tandis qu'il tambourinait à la porte -comme si ça allait l'engager à l'ouvrir, tiens. Elle ne tenait pas à se prendre un poing enragé dans la face. Elle tenait trop à son joli minois. De toute façon, avec cette porte qui les séparait, il pouvait la traiter de tous les noms, c'était tout ce qu'il pourrait faire. Il pouvait la traiter de connasse ou de salope, elle s'en foutait. Elle avait gagné. Par contre... « Banane pourrie !!! » Ça, elle n'y était pas attendue. Elle n'était pas une banane pourrie. Elle était une banane parfaitement en forme. Toute jaune, comme un smiley. Toute rigide et droite, comme... UNE BANANE. Comme une banane. En tout cas, maintenant qu'elle y réfléchissait, ce serait plutôt un homme qui pourrait vexé d'être associé à une banane pourrie. Elle, elle s'en foutait un peu. « Tu triches, et c'est moche ! TRES moche ! Au moins autant que les fesses flétries de Susan Boyle !! » Il continuait de parler, elle continuait de fouiller ses affaires. Au-delà des pièces d'identité, il y avait d'autres babioles intéressantes. Comme une capote, dont la découverte lui fit esquisser un sourire. Mais maintenant, méfaits accomplis, comme diraient les autres. Elle finit donc par tout ranger dans le portefeuille -enfin, tout refourrer dedans et le fermer comme elle pouvait, quoi-, sortir et lui rendre, l'air satisfait. « Qui a dit que je trichais ? On a pas établi de règles. Donc j'ai gagné », glissa-t-elle, l'air malicieux, avant d'aller s'adosser au mur sans se départir de son air satisfait. Ce qu'elle avait gagné ? Au regard de Nolan, Ally n'osa pas insister. Elle préférait ne pas découvrir que tout ce qu'elle avait gagné, c'était une magnifique claque. Elle tenait à son joli minois, vous dis-je. Et, on ne peut plus comblée par sa victoire, Ally lança à son tour un défi à Buckley... sauf qu'elle, pour le coup, promettait une récompense. De toute façon, il ne trouverait pas. A moins qu'il entame un corps à corps pour fouiller dans son sac. Mais autant vous prévenir tout de suite, elle savait se battre. Griffer, mordre, tirer les cheveux, tout ça. N'empêche que l'annonce de la récompense -oui, c'était la récompense plus que le défi en lui-même, tout de même, on ne parlait pas de n'importe quoi à la clé !- le fit retrouver le sourire. Ça l'inquiéta un brin, tout de même. Pourquoi souriait-il s'il savait, comme elle, qu'il n'avait aucune chance de gagner ? Le regard qu'il lança à sa poitrine aurait pu l'amuser, s'il s'était défait de ce sourire déjà vainqueur. Ouais, elle s'inquiétait vraiment, là. Mais elle ne se laissait pas démonter. Il n'avait aucun autre moyen de gagner que de jouer au même jeu qu'elle. Et elle s'accrochait à son sac à main comme l'odeur de la mort s'accrochait à ses patients. Il n'était pas prêt d'user de cette technique, donc. Il s'était rapproché d'elle et, elle, inquiète, continuait de sourire malicieusement sans montrer son inquiétude. Elle l'aimait bien, Nolan Buckley, mais elle n'était quand même pas très sûre de vouloir lui montrer sa poitrine comme ça. Pas au premier rendez-vous, voyons. Il fallait au moins qu'il lui paie un diner, d'abord. Avec cet air faussement songeur, il lui préparait forcément un mauvais coup. « C'est un prénom court, qui commence par un A, je me trompe ? » Hin. Hinhin. Pourquoi... comment ? Non, mais non. Qu'il était con. Et qu'elle était conne d'y avoir cru. « Tu te demandes comment je le sais, hein... Rassure toi, je n'ai pas enquêté sur toi. » Ouais, on se doute, ouais. Elle l'aurait remarqué, elle regardait beaucoup trop de séries policières pour ne pas remarquer qu'on pouvait enquêter sur elle. « Tu t'appelles... » Il s'était dangereusement rapproché, et Ally agrippait avec une force étonnante à son sac. Non, il n'aurait pas son sac. « Je sais que le jeu en vaut la chandelle, mais t'auras pas mon sac », répondit-elle, sûre d'elle, avant de ... « Anna ? » Merde. Merde merde merde. Comment pouvait-il ? Non... « Bon, j'ai compris, t'as commencé par le début de l'alphabet... et si je te dis que mon prénom commence par Z, tu feras tout l'alphabet en continuant à me chauffer comme ça ? » Parce que là, en fait, il l'inquiétait tellement qu'elle ferait à peu près n'importe quelle connerie pour le faire taire. Ouais, n'importe quelle connerie. Comme l'embrasser.

Brusquement, elle avait plaqué ses lèvres contre les siennes et l'avait furieusement embrassé. Parfaitement, ils se taisaient tous les deux, maintenant. Elle s'était plaquée contre lui, juste le temps de se défaire de son étreinte, de s'éloigner du mur et de se retrouver du côté du salon. Elle le lâcha tout aussi précipitamment que lorsqu'elle s'était emparée de ses lèvres et s'éloigna de quelques pas avec un regard mutin. « T'auras pas mon sac. T'auras pas mon sac et tu verras pas mes seins », roucoula-t-elle, à nouveau victorieuse, sans se douter une seule seconde qu'il n'avait pas balancé ce prénom au hasard. Il ne trouverait pas. Il allait passer au B... et elle serait tranquille.
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MessageSujet: Re: Rockin in the Suburbs   Rockin in the Suburbs EmptySam 6 Sep 2014 - 18:58


J'avais toujours eu un cerveau un peu étrange. Ma manière de penser n'était pas conventionnelle. Sobre, s'entend. J'avais toujours eu une sorte de soucis cognitif, comme si ma mémoire, qu'elle soit sémantique, épisodique ou procédurale, n'empruntait pas les mêmes chemins d'accès que tout le monde. C'était sûrement la raison qui faisait que je me sentais plus moi-même que jamais sous drogue, parce que cela élevait mon niveau de conscience, et me permettait d'utiliser ce potentiel inexploré grâce à l'ouverture d'esprit que cela me conférait. J'avais surtout remarqué cet effet avec le LSD, qui avait la fâcheuse tendance de fluidifier le fil de mes réflexions et d'amener à des résultats inattendus. En général, toutefois, je m'en tenais à l'ecstasy, accompagnée d'un petit joint roulé avec soin. Un cocktail parfait mariant l'excitant et le calmant, qui me mettait toujours dans un état que je jugeais parfait pour me sentir en communion avec mon moi intérieur, et aussi avec les autres. Ainsi, je me sentais moins hors norme, moins dépassé. Mais avec la jeune femme, il semblait que je n'en ai pas vraiment besoin, puisqu'elle parvenait à suivre mes raisonnements même incongrus et, pire, à les comprendre. Autant vous dire que peu de personnes pouvaient s'en vanter, les gens se contentant généralement de me trouver bizarre, et de ne pas s'attarder sur ce que je débitais. Pas elle. Elle, elle jouait le jeu. Et si elle pensait gagner, en revanche, elle se trompait... Déjà, parce que j'étais sûrement la personne à ne pas défier, n'ayant pas peur de la prise de risque et n'hésitant pas à tout donner pour réussir, en tant que mauvais perdant de son état. Ensuite, parce qu'elle ignorait complètement sur qui elle était tombée, et à quel point j'adorais ça, et qu'il n'y avait sûrement pas plus enclin que moi à jouer à n'importe quel jeu, dangereux ou non. « Qui a dit que je trichais ? On a pas établi de règles. Donc j'ai gagné. » Et par cette simple affirmation innocente, elle venait de déclencher l'apocalypse. Maintenant, j'étais vraiment dans la partie... Et elle allait avoir un aperçu de ce que cela donnait quand je m'y mettais réellement. Maintenant que j'avais eu un avant-goût des méthodes de mon adversaire - peu orthodoxes, si vous vouliez mon avis, et même si vous le vouliez pas - je pouvais mettre en pratique les miennes... Et elle n'avait encore rien vu. « Que tu crois. » avais-je simplement susurré, avant d’enclencher le Berserker Mode, autrement dit, guerrier sans peur, sans reproche, et sans limite.

Le déclic s'était imposé de lui-même dans mon esprit. Partir du général pour arriver au détail. C'est ainsi que je lui avais lancé, non sans une très grande confiance, ma première théorie, le tout sans jouer complètement carte sur table pour savourer l'effet de ce que je venais de prononcer. Elle sembla un instant déstabilisé et je m'en réjouissais d'avance. J'étais sur la bonne voie. Tel un épagneul breton lancé sur la piste d'un cerf, je flairais ma proie, et sentait que j'approchais du but... Et elle devait aussi sentir l'étau se refermer car elle n'en menait plus vraiment très large, malgré qu'elle essayait de maintenir les apparences. « Bon, j'ai compris, t'as commencé par le début de l'alphabet... et si je te dis que mon prénom commence par Z, tu feras tout l'alphabet en continuant à me chauffer comme ça ? » Mon regard se fit plus acéré, semblant dire, je te tiens, ma petite, et tu n'y peux plus rien... Mais c'était bien connu que l'animal acculé tentait souvent un geste désespéré pour s'en sortir, instinct de survie oblige, pour sauver sa peau. Et c'est ce qu'elle fit lorsque, soudain, elle fut sur moi. J'eus à peine le temps de comprendre ce qui se passait que je sentis soudain ses lèvres se presser contre les miennes, dans un baiser passionné auquel, par réflexe, je répondis. C'était aussi inattendu qu'agréable, même si, évidemment, j'étais tout à fait conscient qu'il s'agissait là d'une tentative d'esquive, et lorsqu'elle s'éloigna de nouveau pour s'échapper afin de m'affronter, j'étais prêt, bien qu'un peu surpris, même si, là encore, assez agréablement. Clignant des yeux un peu bêtement pour reprendre la main, je me tournais, sourire aux lèvres, pour la regarder avec son air triomphal. « T'auras pas mon sac. T'auras pas mon sac et tu verras pas mes seins » Elle en semblait tellement convaincu que c'était touchant. L'adrénaline se propageait encore dans mes veines tandis que je tâchais de reprendre là où je l'avais laissé le fil de ma réflexion, non sans quelques difficultés. Mais j'en avais vu d'autres... Et j'étais persévérant. A tel point que, cette fois, lorsque je refis de nouveau défiler la scène dans ma tête, je sus.

Mon sourire se fit plus large alors qu'un air de satisfaction se peignait sur mon visage angélique. Oui, j'avais bel et bien gagné. Et sur toute la ligne. Quoi qu'elle en dise, j'étais vainqueur, même si elle n'en avait pas encore conscience. « Et si je te disais que je sais comment tu t'appelles... » Commençai-je alors en restant à distance, plaquant les mains sur mes hanches. Telle était prise qui croyait prendre... Et sans tricher, en plus. Pourtant, j'eus un revirement insoupçonné, et c'est d'un ton doux que je repris pour ajouter : « ...mais que, comme je suis beau joueur, et un vrai gentleman, je choisis de déclarer le jeu nul. Au fond, j'ai eu un baiser. Ça vaut tous les seins du monde. Donc, je considère que j'ai déjà gagné. » Décidément, aujourd'hui, mes réactions m'échappaient complètement. Jamais je n'avais eu le triomphe modeste jusqu'ici. Ce n'était pas mon genre. C'était tellement jouissif d'écraser son adversaire de sa supériorité. Pourtant, je n'en ferais rien. Aujourd'hui, j'avais décidé d'avoir des principes. Enfin, disons un peu plus que d'habitude, en tous cas. Une chance... Hein, Ally ?
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MessageSujet: Re: Rockin in the Suburbs   Rockin in the Suburbs EmptyDim 21 Sep 2014 - 17:33



Il n'y avait aucune raison qu'il connaisse son prénom, n'est-ce pas ? Elle n'était qu'une blonde anonyme qui se faisait exploiter par un chat qui menait une double vie, rien de plus. La satisfaction qu'elle avait éprouvé en trouvant le prénom de son nouvel ami avait pourtant très vite disparu. Le ton menaçant qu'avait pris Nolan n'avait, il fallait bien l'avouer, rien de très rassurant. Son « Que tu crois » était sorti comme une réelle menace. Et Ally s'était forcée à faire bonne figure, mais elle se demandait bien ce qu'il pouvait lui préparer. Parce qu'avec une réplique pareille, il lui réservait bien quelque chose. Et, effectivement, son prénom, il n'en était vraiment pas loin. Et Ally avait aussi regretté le défi qu'elle lui avait lancé et la contrepartie qu'elle lui avait proposée si jamais il le réussissait. Pourtant, la blondinette s'efforça de ne pas paraître troublée par l'hypothèse du beau brun. Malgré tout, elle était restée figée quelques instants, comme dépassée par les événements. Elle appréciait bien ce Nolan, mais il y avait deux raisons pour lesquelles elle ne voulait pas qu'il trouve son prénom. Déjà, par fierté -parce qu'elle lui avait lancé un défi qu'elle avait pensé assez difficile pour lui affirmer qu'il ne devinerait pas. Et ensuite, parce qu'elle ne tenait pas particulièrement à lui montrer sa poitrine. Elle ne se gênait d'habitude pas particulièrement avec ces hommes qu'elle pêchait dans les bars de temps à autres, mais elle n'avait finalement jamais montré ses seins dans le simple but de le faire. Plaquée par Nolan contre le mur, sans réel échappatoire, Ally avait donc essayé de faire diversion en lui montrant qu'elle avait bien compris son petit jeu. Il y allait à tâtons en observant la moindre de ses réactions, juste histoire de savoir s'il chauffait ou s'il refroidissait. Mais en réalité, il ne savait pas trop il allait. Voilà ce dont elle persuadée. Du moins, jusqu'à ce qu'il réponde par un regard des plus perçants. Merde. Y'avait un truc, là. Et elle ne voulait pas savoir quoi. Elle ne voulait pas attendre le moment fatal où il lui annoncerait qu'il connaissait bel et bien son prénom et qu'elle devait s'exhiber. Geste désespéré, peut-être, et plus ou moins contrôlé. Elle s'était jetée sur lui dans un geste brusque, s'emparant de ses lèvres pour retarder le moment fatal. L'instant ne fut cependant pas désagréable, elle devait bien l'admettre. Ce petit jeu avait sans doute un côté électrisant, et ça se ressentait dans l'instant qu'ils partageaient. Pourtant, Ally n'avait pas perdu le nord, et lorsqu'elle s'était détaché du brun, elle avait esquivé toute étreinte en fuyant la zone restreinte où il l'avait piégée quelques instants auparavant. Fini le moment de doute. Elle avait paré au pire, et il ne connaissait pas son prénom. Comment le pourrait-il, après tout ? Triomphante, Ally ne se doutait pas un instant que le jeu n'était pas encore fini. Enfin, elle finit tout de même par s'en apercevoir à l'air de Nolan. Soit il était juste niais et leur baiser lui avait fait un effet des plus inattendus, soit elle était dans la merde... « Et si je te disais que je sais comment tu t'appelles... » reprit-il. Effectivement, elle ne s'en était pas encore sortie. Et si le baiser exalté qu'ils venaient d'échanger ne l'avait pas arrêté dans son élan, alors peut-être devrait-elle lui accorder un strip-tease complet. Mais bizarrement, Ally était totalement refroidie. Il ne pouvait pas... il ne pouvait pas. Il ne pouvait pas connaître son prénom. « Tu mens », se contenta-t-elle de répondre, dans le déni. Pourtant, il avait l'air tellement convaincu et satisfait qu'Ally ne pouvait que redouter ce qui allait suivre... et elle n'avait qu'une envie : repartir en passant par la fenêtre par laquelle elle était entrée. Bon, ok, pas tout à fait non plus. Malgré elle, elle aimait bien la scène qui était en train de se jouer. Elle ne comptait juste pas perdre. « ...mais que, comme je suis beau joueur, et un vrai gentleman, je choisis de déclarer le jeu nul. Au fond, j'ai eu un baiser. Ça vaut tous les seins du monde. Donc, je considère que j'ai déjà gagné. » Interloquée, Ally le fixait bêtement, presque bouche bée. Wait... what ? Elle s'était auto-sauvée avec le baiser qu'elle lui avait volé ? Non mais... il ne savait réellement pas son prénom, voilà tout. Parce que s'il le savait, il sauterait sur l'occasion de voir ses seins. Baiser ou non. Il était -à priori- un homme, et elle était -très certainement- une jeune femme aux qualités physiques sûres. Comme un réflexe bizarre, Ally passa sa langue sur ses lèvres rien qu'à l'énoncé de ce fameux baiser, mais elle ne perdait pas le nord. Il ne connaissait pas son prénom, c'était la seule explication possible à ce revirement de situation. Sauf qu'elle ne voulait pas prendre le risque de lui en faire la remarque... parce qu'on ne savait jamais. Au cas-où, quoi. Déstabilisée, Ally ne savait pas quoi répondre à ça. Elle préférait ne pas insister. Parce que même si elle était persuadée de la mauvaise foi de Nolan sur ce coup-là, il avait l'air tellement convaincu de ce qu'il avançait qu'elle préférait ne pas chercher davantage la merde.  « Ouais », commença-t-elle, pas réellement convaincue de ce qu'elle allait dire, « mais si j'ai réussi à te faire taire en t'embrassant, c'est que quelque part, c'est aussi ma perfection qui a gagné. » Parce qu'au final, Ally n'avait pas l'air prête à laisser la victoire à Nolan... même si elle ne s'aventurerait pas sur le terrain glissant que représentait son prénom. Et pour mettre fin à l'angoissante pression qui continuait de peser sur elle, la blonde déclara brusquement : « Ally. Mon pauvre Nolan Buckley, je vais pas te laisser galérer plus longtemps. » Là, il était coincé. Soit il prétendait avoir trouvé son nom bien avant, et il n'y aurait rien pour le prouver, soit il avouait ne le découvrir que maintenant. Dans tous les cas, c'était sa victoire à elle. Et avec un énième sourire victorieux, Ally le fixait à nouveau. « Dommage, t'es passé à côté de ma plastique parfaite. Peut-être une autre fois, Nolan le gentleman. » Et elle clôtura son discours de victoire d'un clin d’œil malicieux avant de retourner s'avachir dans le canapé, encore couvert de chips, histoire de se planter devant... les pubs.
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MessageSujet: Re: Rockin in the Suburbs   Rockin in the Suburbs EmptyMer 26 Nov 2014 - 21:18


La présence de la blonde dans mon appartement avait modifié la dynamique habituelle des lieux. Car, non, je n'étais pas tellement habitué à recevoir que ça, en réalité, au contraire. Mon loft était un peu mon sanctuaire, l'endroit où j'aimais être en contrôle. Cela ne m'arrivait pas souvent, pourtant, de l'être, en réalité. Un des effets secondaires de ma maladie, dont je ne pouvais prévoir les crises. Pourtant, je ne m'inquiétais pas plus que ça... Peut-être que j'aurais dû prendre mes médocs, en réalité... Peut être pas. Jusqu'à présent, j'étais plutôt maître de moi-même. J'avais, certes, eu quelques comportements bizarres, mais rien ne semblait trop étrange pour la blonde, absolument pas dérangée par mes lubies passagères. Au contraire, même, elle semblait les apprécier. Et les trouver drôle. Voir même, à l'occasion, vouloir rivaliser avec... D'ailleurs, à ce niveau là, elle s'en sortait plutôt bien, chose qui, soyons sérieux, était plutôt rare chez quelqu'un de sensé. Cela dit, rivaliser avec un bipolaire en matière d'humeur changeante et de réactions inappropriées n'était pas forcément un compliment... A moins d'avoir également un problème psychologique, chose que je n'excluais absolument pas à propos de Rayon croquettes, alias Ally, dont le prénom venait juste de me revenir, ce qui m'éviterait de l'appeler "BKE" (ou Best Kiss Ever, ouais rien que ça... oui je suis un peu en manque, so what ?). « Ouais, mais si j'ai réussi à te faire taire en t'embrassant, c'est que quelque part, c'est aussi ma perfection qui a gagné. » surenchérit-elle, plus par dépit que par conviction profonde suite à ma victoire inattendue. Mon sourire satisfait ne m'avait pas quitté alors que je me contentais de la fixer. « Si tu préfères t'en convaincre... » la titillai-je en croisant les bras derrière ma nuque, haussant les épaules. Je n'avais pas cherché à la détromper. A quoi bon ? Elle savait aussi bien que moi que j'avais gagné... Même si elle ne voulait pas l'admettre. « Ally. Mon pauvre Nolan Buckley, je vais pas te laisser galérer plus longtemps. » Mon expression ne changea pas d'un poil. Si elle voulait la jouer comme ça... Ok. Pas de problème. Mon regard ne cilla pas, et ce fut elle qui rompit le contact visuel par un majestueux clin d'oeil avant de faire volte-face sur ces mots pour rejoindre mon canapé : « Dommage, t'es passé à côté de ma plastique parfaite. Peut-être une autre fois, Nolan le gentleman. » Un instant, je restai là, les yeux posés sur sa nuque. Puis, me décollant enfin du mur, je vins me poster juste derrière elle, posant mes deux mains de chaque côté de sa tête sur le dossier. « C'est une invitation... » Répondis-je simplement d'un ton mutin. Et, non, ce n'était pas une question. En plus, comme elle le savait, j'étais paré à toutes les situations... Bah ouais. Elle avait vu la capote, quoi. Ahah. Hrm. Bref.

J'enjambai lestement le dossier du canapé pour me laisser tomber à ses côtés, écrasant plusieurs chips au passage. C'est Liwliwa qui allait être contente demain, quand elle allait venir nettoyer... A tous les coups elle allait croire que j'avais fait exprès et me maudire sur cinq générations. Diantre. Une chance que j'étais déjà rodé en terme de malédiction et mauvais karma. Écartant cette réflexion, je me concentrai de nouveau sur le moment présent. Épaule contre celle d'Ally, je la dévisageai un instant sans gêne aucune. Elle était vraiment jolie... Encore plus qu'Angelina. A sa façon. En plus blonde, et moins bien gaulée... Mais avec le charme bizarroïde de nana excentrique en plus - étrangement plus excitant à mes yeux qu'une plastique "parfaite", comme elle disait. « Pour ta gouverne, j'ai jamais été intéressé par les nanas parfaites. » finis-je par exposer calmement, prenant le fil de ma réflexion en plein milieu pour sortir ça presque de nulle part. Mon regard continuait de détailler ses traits, s'arrêtant un instant ses lèvres. Puis, je poussai un soupir. « La perfection, c'est ennuyeux. Alors que quelqu'un pétri de défaut, dysfonctionnel à souhait... C'est aller de surprise en surprise. Ça, c'est le pied. » Je laissais ma tête choir contre le dossier, sans la quitter des yeux, même si mon regard changea un instant de focale pour se perdre dans une dimension inconnue de tout autre que moi. « Et puis, au moins, c'est vrai ; et la vérité, en vérité, tout le monde le sait : c'est très moche. » Je laissais un temps d'arrêt pour me focaliser de nouveau sur elle, et m'empêcher de divaguer. Puis, j'eus un léger rire avant de conclure, sans trop d'emphase malgré la gravité et la profondeur de mon propos qui allait suivre. « L'une d'entre elles, d'ailleurs, c'est que la perfection... ça n'existe pas, très chère. » Sur cette phrase, une de mes mains fila pour venir replacer une mèche de cheveux ayant glissé devant le regard de la blonde. Puis, j'avançai mon visage pour venir parler tout prêt de son oreille, sur un ton qui se voulait incroyablement provocateur. « Ça va, je t'ai pas trop pété tes illusions, Ms. Princesse Parfaite ? » raillai-je - javais hésité un instant avec Barbie avant de me raviser, sûr qu'elle l'aurait mal pris... Ma main s'échoua quelque part derrière elle, contre le dossier. Si elle avait tourné la tête à cet instant, nos nez se seraient touchés à coup sûr. Ouais, en gros, j'envahissais carrément son espace vital... Et après ? Elle l'avait bien cherché. Notamment tout à l'heure, en envahissant le mien au point de m'acculer contre le mur de mon salon... Ouais ouais. Donnant donnant, quoi.
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MessageSujet: Re: Rockin in the Suburbs   Rockin in the Suburbs EmptyJeu 27 Nov 2014 - 3:45



Ally n'était pas folle, juste un peu à côté de la plaque. Elle avait toujours eu ce grain de folie, mais ce besoin d'un côté décalé sur lequel se reposer s'était largement amplifié depuis l'incident de Boston. Et elle semblait avoir trouvé un adversaire à son niveau. En général, il fallait bien l'avouer, on lui lançait des regards bizarres. Peut-être que voir une fille parler à son portable ou à son gobelet de café n'était pas très rassurant, mais Ally n'avait jamais blessé personne. Enfin... BREF. Elle engueulait à son compte instagram lorsqu'elle aimait une photo par accident, et s'attendrissait dans des files d'attente lorsqu'elle trouvait une photo de chat roux -le côté Memphis, sans doute. Mais tout ça, elle le vivait parfaitement bien. Surtout quand elle tombait sur quelqu'un d'aussi ouvert d'esprit que le dénommé Nolan. C'était la seconde fois qu'ils se croisaient, mais, au final, c'était comme s'ils étaient copains depuis la primaire. Et que leur niveau mental était resté coincé en primaire, aussi. Mais elle préférait ce genre de conversations et de provocations plutôt que des débats sans fin sur les théories bancales en astrophysique proposées par Aristote -parce qu'il était sympa, Aristote, mais en sciences, c'était pas trop ça, on va pas se le cacher. Et avec son ego surdimensionné, monsieur était persuadé d'avoir raison. Le monde était donc constitué des quatre éléments, et de l'éther qui remplissait l'espace -oui, c'est la minute c'est pas sorcier. De la même façon, à l'instant présent, Ally tentait de se persuader, mais surtout de persuader Nolan, qu'elle avait gagné. Assez mauvaise perdante, la demoiselle préférait prouver que son sex appeal était le réel vainqueur de ce duel. Sauf que lui ne semblait pas l'entendre de cette oreille... « Si tu préfères t'en convaincre... » Il avait toujours son sourire agaçant qui lui donnait enfin de le frapper, juste pour qu'il finisse par prendre l'air de perdant qu'il méritait tellement. Mais ce n'était pas l'attitude d'une gagnante. Il était mauvais perdant, voilà tout. « C'est juste que t'es trop borné pour t'en rendre compte ! » En fait, c'était plutôt lui qu'il fallait associer à Aristote et ses conneries scientifiques. Tout à fait, ce même Aristote qui avait restreint les animaux à sang aux vertébrés, et les animaux sans sang aux invertébrés. Alors, Nolan, heureux de cette comparaison ? Oui, Ally et son baiser de rêve avait remporté haut la main cette victoire. Et pour fêter ça, elle avait décidé de retourner s'installer sur le canapé encrassé du co-propriétaire de Chips. Tout simplement parce qu'en fin de compte, il avait fanfaronné et ne connaissait absolument pas son nom -bon, ce putain d'air satisfait dont il ne se départait pas semblait indiquer le contraire, mais, au final, et juste parce qu'elle s'était présentée avant qu'il ne joue de son nom contre elle, Ally avait gagné. Et elle le sentait maintenant dans son dos. Ses mains s'était posées de part et d'autre de ses épaules, sur le dossier du canapé. C'était sans doute là la meilleure configuration pour étrangler quelqu'un. « C'est une invitation... » avait-il glissé, malicieux, sans doute pour reprendre la main. Cette façon de toujours vouloir avoir raison ? Aristote, mec, Aristote... Il avait quand même déclaré que les objets plus lourds tombaient plus vite... Oui, en fait, ce mec était du genre à réfléchir cinq minutes, trouver une idée de théorie, et déclarer « c'est vraiiii » -bon, c'est bon, je pense que vous avez saisi l'idée, je vais arrêter avec le pauvre monsieur. « T'aimerais... » répondit-elle en haussant les épaules, cassant l'ambiance avec une habileté sans nom. « Et puis t'es trop gentleman pour profiter d'une jeune fille que tu mérites pas. » Ouais, rien que ça. Mais après tout, on venait bien de voir ce que donnait un duel entre eux deux. Ally, la gagnante; Nolan, le perdant. Rien de plus simple. Mais à ce rythme-là, personne ne serait assez bien pour elle. La perfection, vous dis-je -sous la contraire... Et elle, dans cette histoire, avait même oublié qu'il était dans une posture idéale pour l'étrangler. Après tout, au final, elle ne le connaissait pas. Il aurait pu la tuer sans aucun soucis... Elle était parfaite, mais pas immortelle. Et personne ne savait qu'elle était là. A part Chips, qui, malheureusement, ne serait pas d'une grande aide face aux policiers qui seraient chargés d'enquêter sur sa disparition. Mais, bizarrement, même s'il était un peu bizarre -au moins autant qu'elle-, Ally savait qu'il ne l'étranglerait pas. Pas maintenant, en tout cas. Il la violerait d'abord -les aléats de la perfection. A moins qu'il ait des goûts sexuels étranges eux aussi... Du genre nécrophile. Mais ce serait sa perte. Ally simulait très bien. Elle aurait pu être une très grande actrice si elle l'avait voulu. Bon, de film porno, d'accord. C'était comme ça qu'avaient commencé les plus grandes stars américaines. Comme Kim Kardashian. Qui avait demandé l'approbation de sa mère sur sa sex tape, d'ailleurs. Et même que madame lui avait conseillé d'en retourner une autre. Bref, là n'était pas la question. Et d'ailleurs, pourquoi Ally savait-elle tout ça ? Heu, culture générale.

Finalement, Ally fut surprise par une dégringolade à côté d'elle. Nolan venait d'atterrir sur le canapé, faisant croustiller quelques chips sous ses fesses. Ally eut un petit regard triste à l'idée de ces quelques chips gâchées, mais se concentra à nouveau sur la dernière pub pour l'éponge miracle. Elle se demanda un instant à quoi servait le côté vert, avant d'abandonner l'idée d'aborder des questions métaphysiques et existentielles du genre. Et puis, elle sentait le regard Nolan posé sur elle. Enfin, ancré sur elle. Il était fixe, et un peu flippant. Peut-être faisait-il un AVC. Mais sûrement pas, c'était juste son côté psychopathe. Elle fit mine de l'ignora et se concentra à nouveau sur les publicités... Oh putain, une pub pour des capotes. Elle préférait largement l'éponge, mais se concentra sur les images plutôt que de se retourner vers le brun. « Pour ta gouverne, j'ai jamais été intéressé par les nanas parfaites » lâcha-t-il finalement, non sans surprendre la blonde qui sursauta. « Merde, on est pas faits pour être ensemble, alors... » Pour un plaisir partagé et protégé... Putain, mais c'était un film, cette pub, ou quoi ? Il n'y avait pas de télécommande ? Elle préférait encore voir un reportage sur la reproduction des limaces dans les forêts européennes. A nouveau, on entendait plus que cette pub de merde. Et lui la regardait toujours. Sans bouger la tête, elle lui jeta un petit coup d’œil gêné. Et le voilà qui reprenait... « La perfection, c'est ennuyeux. Alors que quelqu'un pétri de défaut, dysfonctionnel à souhait... C'est aller de surprise en surprise. Ça, c'est le pied. » Ah, il avait vraiment pris cette histoire de perfection au sérieux. « Merde, tu dois vraiment te faire chier avec moi, alors. Je vais peut-être te laisser en tête à tête avec Chips... » Et elle, elle insistait toujours. Entre ces deux-là, on était vraiment pas sorti de l'auberge. Quand Ally en vint à se demander si Chips ne pourrait pas les sauver de l’embrassement. Si ça se trouve, cette histoire de viol était effectivement envisagée par Nolan. Elle espérait qu'il avait bien rentenu le slogan de la pub de capotes ! Viol protégé. En tous les cas, elle se demandait pourquoi il la fixait comme ça. Elle avait peut-être trop insisté sur la carte perfection, après tout. Elle n'avait pas épilé ses sourcils depuis un moment, peut-être l'avait-il remarqué. Mais, finalement, lorsqu'il reprit la parole, ce n'est pour rien de tout cela. « Et puis, au moins, c'est vrai ; et la vérité, en vérité, tout le monde le sait : c'est très moche. » Fronçant les sourcils, Ally essayait de comprendre là où il essayait d'en venir. Mais ce qu'elle comprenait avant tout, c'était qu'il était devenu incroyablement sérieux, d'un coup. « T'es en train de dire que t'aimes le moche ? » lâcha-t-elle finalement, pas vraiment sûre de bien avoir compris. « Je veux vraiment pas savoir quel est ton type de femmes... » Après un petit silence, elle ajouta, « ou d'hommes, après tout, j'en sais rien. » Mais lui reprenait déjà, sur un ton d'un coup plus léger -décidément, il passait du coq à l'âne sans aucun soucis. Un expert de la basse-cour ! « L'une d'entre elles, d'ailleurs, c'est que la perfection... ça n'existe pas, très chère. » Heu, ouais... Prête à réagir, Ally fut cependant stoppée par un doigt qui vint se glisser derrière une de ses mèches blondes rebelles. En réalité, il ne fallait pas se voiler la face, il était celui des deux qui contrôlait la situation. Provocateur, il lui glissa à l'oreille la conclusion ultime. « Ça va, je t'ai pas trop pété tes illusions, Ms. Princesse Parfaite ? » Ally ne bougeait toujours pas, les yeux rivés sur l'écran. Un sourire avait étiré ses lèvres, alors qu'une pub démontrait tout le bien que pouvait faire un mascara. « Si, la perfection existe, et je crois bien que t'es en train d'y succomber... » Elle tourna lentement son visage pour lui faire face, alors que leurs souffles se mêlaient. Ils portaient tous les deux ce même sourire provocateur dont ils ne semblaient plus se séparer depuis qu'ils s'étaient rencontrés. « Tu vois, là, ma perfection pourrait te faire craquer si je... » Elle se replaça pour lui faire face, rabattant une jambe sous ses fesses, avant de redescendre son visage face à celui du brun. « la faisais passer à l'attaque... » Elle glissa brièvement une main sur le visage du jeune homme, et celle-ci descendit dans son cou, jusqu'à s'accrocher à l'encolure de son t-shirt. « Je peux être sensuelle... » Elle colla son front contre le sien pour argumenter un peu plus, puis s'éloigna en le lâchant. Elle eut un petit sourire et ajouta : « je peux aussi être mignonne... » Elle fit une petite moue et s'écarta de lui pour lourdement se laisser tomber sur le dos, dans le canapé. « ... ou juste tentante. Si c'est pas la perfection, alors, donne-lui le nom que tu veux... » ... efficacité prouvée contre les mycoses vaginales ! Ne vous cachez plus, soignez-vous, libérez-vous ! Bon, ok. Même l'éponge aurait été plus sexy.
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MessageSujet: Re: Rockin in the Suburbs   Rockin in the Suburbs EmptyLun 26 Jan 2015 - 20:56


Clairement, non, en réclamant des croquettes à cette jeune inconnue plus si inconnue, je n'aurais pas pensé que cela se passerait ainsi. Car, non, les hommes n'ont pas toujours des arrières-pensées lorsqu'une fille est jolie, c'est faux - et cela n'a rien à voir avec le fait qu'ils se déguisent en Madonna. Elle l'avait dit elle-même : j'étais "trop gentleman pour profiter d'une fille", voilà tout. Que je la mérite ou pas, cette fille, ça, en revanche, c'était une autre question, et qui n'avait rien à voir dans l'équation. « Même les filles que je mérite j'en profite pas, sauf avec leur consentement bien sûr. » répliquai-je avec un bref sourire. Elle me prenait pour un gentleman pervers, ou bien ? Toute une contradiction. Dans d'autres circonstances, cela ne m'aurait pas déplu, mais... « Attends, tu insinues que je suis pas assez bien pour toi ? C'est parce que j'ai oublié les croquettes, c'est ça ? J'en étais sûr... » répondis-je de façon totalement rhétorique en secouant la tête. Clairement, je surjouais, laissant ressortir mon petit côté macho avec un plaisir non dissimulé, avant de venir m'échouer sur le canapé à ses côtés... Mais quelque part, pas totalement, car, oui, au fond de moi, j'avais envie qu'elle croit que je valais la peine d'être connu... Même si, soyons sérieux deux minutes : une fille comme elle valait clairement mieux que moi. Ça, je ne le contestais pas une seule seconde. Déjà, parce qu'elle n'oublierait certainement pas de nourrir son chat pour acheter de la drogue. Et pour tous un tas d'autres raisons multiples qu'il est inutile de nommer.

Ainsi avachis l'un contre l'autre, devant la coupure pub entre deux parties d'épisodes de Stargate, nous avions sûrement l'air de deux potes de longues dates, ou deux sex friends qui ont skippé la première partie des opérations (ou se reposent après, mais bref). En réalité, il n'en était rien (pour le moment). C'était sûrement ce qui rendait bizarre cette situation où nous nous parlions comme si nous nous étions toujours côtoyés, sans nous poser la moindre question sur ce que l'autre pouvait bien penser. En tous cas, de mon côté, je ne m'en posais que très peu. Je n'étais pas le genre à tergiverser mille ans, elle devait l'avoir compris. Et, oui, son histoire de perfection, je la prenais au sérieux, parce que c'était le genre de concept que je trouvais plus intéressant qu'une pub sur les capotes. Par exemple. Ally, elle, semblait absorbée par cette dernière - tiens tiens ... -, tandis que, de mon côté, je continuais de la dévisager sans vergogne en débitant ma philosophie de canapé ( ah ah ah ).

Jusqu'à ce que, soudain, mes réflexions semblent toucher sa corde sensible, la faisant enfin réagir, et me regarder dans les yeux. « Si, la perfection existe, et je crois bien que t'es en train d'y succomber... » l'entendis-je me soumettre sous mon regard bleuté qui se fit rieur. « J'aimerais bien voir ça. » glissai-je alors qu'à présent, ses yeux ne me quittaient plus, assortis d'un sourire où se lisait de nouveau un air de défi, comme un peu plus tôt. « Tu vois, là, ma perfection pourrait te faire craquer si je... la faisais passer à l'attaque... » Son corps s'était tourné vers le mien presque entièrement, et ses doigts avaient trouvé ma joue avant de finir contre mon sternum, sous le tissu de mon tee-shirt, à ma plus grande surprise. Je n'avais pu réprimer un frisson. Non, en effet, je ne m'étais pas attendu à ça, comme le démontrait mes sourcils relevés, mes pupilles légèrement écarquillées et ma bouche restée bêtement entrouverte. Mais elle n'avait pas terminé, et je ne comptais pas la couper. Son front vint se poser contre le mien, et mes yeux glissèrent contre ces lèvres dont le goût était encore présent sur les miennes, avant de les voir s'éloigner sans cesser de remuer, pour finalement, presque se soustraire à ma vue alors qu'elle se laissait tomber toute entière sur le dos, sous mon regard ébahi. Pour ma part, je n'avais pas bougé d'un poil alors qu'elle terminait sa tirade : « Je peux être sensuelle... je peux aussi être mignonne... ou juste tentante. Si c'est pas la perfection, alors, donne-lui le nom que tu veux... » Il y eut un temps d'arrêt, durant lequel je méditais ce qui venait de se produire, sûrement avec l'air d'un abruti congénital (le temps de me remettre de mes émotions). Puis, après avoir froncé les sourcils un court instant, puis haussé les épaules, et, enfin, m'être laissé tombé exactement de la même manière qu'elle (heureusement que j'avais un grand canapé), je prononçai simplement : « La femme parfaite est donc une chaudasse... Ça explique beaucoup de choses. » Je laissais un silence, avant de chercher son regard, dont l'expression me fit pouffer. Décidément, rester sérieux n'était pas mon fort... Ni le sien, visiblement. Derrière nous, la pub sur les mycoses se terminait, mais je l'entendais sans vraiment l'écouter, c'est pourquoi, sans transition et sans jeu de mot voulu aucun (ndlr : la joueuse décline toute responsabilité sur ce qui va suivre), j'enchaînais : « Ça te dirait pas qu'on se fasse un chinois ? J'ai trop envie d'une omelette aux shiitake*. » Ce à quoi s'ajouta un grondement de mon estomac pour étoffer mes dires. Ben ouais, penser à nourrir le chat, c'était bien, mais se nourrir soi, c'était important, aussi. Et pour ça, éviter de foutre la nourriture par terre pouvait être un plus, mais passons...



*
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MessageSujet: Re: Rockin in the Suburbs   Rockin in the Suburbs EmptyMer 28 Jan 2015 - 22:49



Les choses ici avaient pris un tout drôle de tournant, et elles devenaient légèrement hors de contrôle, mais aucun des deux protagonistes ne semblait s'en plaindre. En réalité, cette soirée ressemblait à une aventure toute entière, avec toutes ses surprises et ses virées inattendues. Ils ne se connaissaient que depuis ce soir, mais ils parlaient avec une telle aisance qu'Ally commençait se demander plutôt sérieusement si elle n'avait pas respiré une substance étrange au travail par erreur. « Même les filles que je mérite j'en profite pas, sauf avec leur consentement bien sûr. » Bien sûr. Monsieur était un gentleman, et il ne couchait qu'avec les femmes dont il était éperdument amoureux. Comment ça, ce n'était pas tout à fait ce qu'il venait de dire ? « Yeah, right, you're such an instigator, you wanna play the game ! » Elle marqua une pause en se demandant quel était réellement le jeu de séduction auquel pouvait bien jouer Buckley en temps normal -car là, il n'était pas vraiment en train d'essayer de la séduire, si ... ? Il était aussi doué qu'elle, alors. Si c'était bel et bien le cas, c'était qu'il comptait lui aussi sur son charme naturel pour opérer. Mais Ally comptait bien l'aider. Il ne croyait pas en lui -oui, parce qu'elle en était arrivée à cette conclusion... il n'y avait que ce genre de personnes qui précisaient qu'ils étaient respectueux de la gent féminine, non ? Et, s'il ne croyait pas en lui, alors elle y croirait à sa place. « Baby, you're a firework, come on, show 'em what you're worth ». Il n'avait rien à voir avec un sac plastique.

Mais, de toute façon et parce qu'il revenait à la charge, Ally ne comptait pas se laisser faire. Sa logique était imparable : elle était la perfection, quiconque n'était pas son alter-ego masculin ne valait pas le coup qu'elle s'attarde sur son cas. « Attends, tu insinues que je suis pas assez bien pour toi ? C'est parce que j'ai oublié les croquettes, c'est ça ? J'en étais sûr... » Ah oui, c'était simple de reporter la faute sur ces pauvres croquettes innocentes... Non, au lieu d'expliquer que la bouffe de Chips n'y était pour rien, Ally se contenta de justifier son raisonnement par un superbe : « you may be good looking, but you're not a piece of art. I'm too hot, make a dragon wanna retire, man. » Elle s'éventa brièvement avec sa main pour illustrer ses propos. Ally et la modestie, une grande histoire d'amour qui, à mesure du temps, se transformait en mélodramatique. La modestie ne voulait plus rien à voir à faire avec elle, il fallait bien se l'avouer. Surtout dans des moments comme ça, d'ailleurs. Et si la légende avait été vraie, les chevilles d'Ally auraient déjà atteindre trois fois le diamètre de sa tête. Mais fort heureusement pour sa circulation et ses éventuelles varices, le mythe n'était pas vrai. Elle sentit un tremblement de canapé localisé lorsque le brun s'écroula à côté d'elle pour regarder la télé. « You're amazing just the way you are », ajouta-t-elle, les lèvres pincées par la moquerie. Ah, une pub pour des tampons, génial. Tiens, où en était son cycle ? Ah, oui, voilà. Quelque part entre ses deux périodes rouges. Pas besoin de tampons, donc. Heureusement, d'ailleurs, car elle n'avait pas de contact à qui en demander via un intermédiaire félin, canin ou utérin -avouez que c'est bien trouvé, hein ? Mais elle devait admettre que la technique qu'avait adoptée Buckley en l'appelant en SOS pour des croquettes était plus pas mal. Elle avait enfin la connaissance du père adoptif de Chips, qu'ils venaient de baptiser ensemble. Quelque part, Nolan Buckley était devenu son compagnon, la papa de ce petit chat dont elle était la maman. Hrm, histoire bizarre, tout de même. On aurait dit qu'elle avait été inventée par un gamin de cinq ans, détruite et rafistolée dans un sens anti-logique avec un scotch bon marché qui ne tenait pas la route. Oui, la voilà leur histoire, mais elle un peu jolie, quand même. C'était la leur.

A présent, aucun des deux ne bougeait, obnubilés par les pubs continues qui défilaient devant eux. Si l'un des deux avait pété, Ally ne s'en serait même pas émue plus que ça. C'était sympa, comme moment. Au moins, elle n'était pas toute seule chez elle à se morfondre devant son frigo vide -parce que si elle avait de quoi nourrir le chat, elle ne pouvait pas en dire autant d'elle-même... On ne nourrissait pas une Ally avec un yaourt périmé et un vieux pot de ketchup vide replacé à l'envers dans l'espoir d'en récupérer encore un peu. Tout ce qui lui restait était en réalité les chips qu'elle avait ramenées, et au lieu de faire une heureuse qui se morfondait devant la télé, elles faisaient deux heureux qui regardaient la télé avec autant de conviction que si Einstein était en train de leur expliquer sa théorie de la relativité restreinte. Enfin, lui s'était remis à parler et elle sentait son regard posé sur elle, mais elle n'arrivait pas à détacher du sien de la télé. Capotes, maintenant. Elle ne comprenait pas réellement comment ces publicités pouvaient potentiellement et spécialement cibler les téléspectateurs qui se vautraient devant Stargate, mais passons. Teal'c et ses « indeed » allaient bientôt réapparaître à l'écran, hein ?

Mais, Teal'c ou pas, Ally n'eut pas le loisir d'en profiter. Il attaquait à nouveau sa perfection, et il n'était pas question qu'elle se laisse faire; Sa meilleure arme pour ça ? La séduction. Bah ouais, c'était tout ce qu'elle connaissait -même si elle n'y était pas très douée. Pourtant, cet instant lui fit un drôle d'effet. Encore une fois, elle était prise à son propre piège. Il fallait dire que malgré tout ce qu'elle affirmait depuis un moment déjà, elle ne faisait pas face au premier clampin croisé dans la rue. Car oui, c'était même évident : Nolan Buckley avait ce quelque chose qui devait faire fondre pas mal de filles, et elle n'avait en réalité aucun soucis à se faire pour lui. Que ce soit ce haussement de sourcil, ce regard étonné ou ce sourire charmeur, tout chez lui portait à croire qu'il était fait pour ravir la gent féminine dans son entièreté. Ally, elle, tentait de ne pas se laisser avoir une nouvelle fois : c'était elle qui jouait avec lui et pas l'inverse. Pourtant, si elle avait écouté l'appel de sa petite culotte, elle ne se serait pas à nouveau laissée tomber à côté de lui en lui expliquant une nouvelle fois à quel point elle était parfaite. Lui, par contre, après un bref instant où la blonde se considérait comme victorieuse de cette bataille qu'elle avait finalement plus menée contre elle-même que contre lui, ne manqua pas de toucher la corde sensible : « La femme parfaite est donc une chaudasse... Ça explique beaucoup de choses. » Elle tourna la tête brusquement, lui lançant un regard noir. Oui, c'était tout ce qui pouvait faire d'elle une femme parfaite, voilà tout. Elle ne savait pas cuisiner, s'était brûlée la seule fois où elle avait essayé de repasser quelque chose, et maniait les armes de maquillage et de coiffure comme si elle était face à des instruments de torture -les recourbe-cils, quoi, sérieusement ? Non, Ally n'avait vraiment rien de la femme parfaite, si ce n'était cette capacité à faire réagir l'entrejambe de la plupart des hommes qui lui plaisaient -il y avait toujours quelques récalcitrants, comme Joey, qui s'était marié quelques années auparavant à Frank, qui était en train de leur commander du vin à ce moment-là. « I'm criticized, but all your bullets ricochet. You shoot me down but I won't fall, I am titanium. » Il n'eut pas la réaction escomptée, puisqu'il rit à ce qui venait de se passer. Mais... mais mais, il n'était vraiment pas prêt à accepter son argumentation ? Et si elle lui montrait vraiment ses seins, il l'accepterait, son argumentation ? Les jumeaux seraient une argumentation en eux-mêmes. « What if I say I'm not like the others ? What if I say I'm not just another one of your plays ? » s'échauffa-t-elle pendant quelques instants avant de laisser échapper un sourire de faiblesse. Non, Ally n'était décidément pas n'importe qui, et surtout pas n'importe quelle pimbêche qui devait se pavaner devant lui à chaque fois qu'il mettait les pieds dans un lieu public. Les chevilles ? Le mythe ne se vérifie toujours pas présentement, désolée. « The haters gonna hate, I'm just gonna shake it off » lâcha-t-elle finalement en haussant les épaules avant de réaliser que Teal'c n'était toujours pas réapparu. Au lieu de ça, une publicité de traitement contre les mycoses faisait son petit bonhomme de chemin, et Ally fit mine de ne pas s'en rendre compte pour éviter toute remarque déplacée -genre ça l'aurait choquée, vous voyez- et se concentra sur ses ongles dégueulasses. Tiens, il lui restait un peu de viande humaine sous l'ongle ; elle avait sans doute été trop pressée de quitter le boulot pour bien se brosser les ongles et en évacuer les restes d'organes qui auraient pu s'y loger. Hmmm, des protéines ! Dire que j'avais plus de viande dans le frigo ! se surprit-elle à penser avant de relever la tête vers un Nolan qui avait repris la parole. « Ça te dirait pas qu'on se fasse un chinois ? J'ai trop envie d'une omelette aux shiitake », avait-il proposé, l'air de rien, alors que le visage d'Ally se transformait silencieusement pour laisser apparaître une expression de dégoût profond. Le ventre de Nolan laissa retentir un gargouillis. Plusieurs idées se présentaient à elle à ce moment précis : soit il proposait un plan à trois avec un chinois, chose qui n'était pas particulièrement dans ses objectifs, soit il avait une façon détournée de mettre sur le tapis une nouvelle drogue ou une pratique sexuelle étrange. Bon, en vrai, elle n'avait rien à dire. Bêtement, pour une fois, elle savait de quoi il s'agissait. Et elle était juste parfaitement dégoûtée de la transition que venait de faire Nolan juste sous son nez. Elle ne répondit pas et se contenta de se tirer avec difficulté du canapé, avant de se diriger vers la cuisine, d'ouvrir le frigo et de fouiller parmi le peu de choses qu'il avait -décidémment, à se demander comment ils avaient réussi à se croiser dans une supérette. Elle restait de glace, se remettant difficilement de ce que venait de lui balancer Nolan. Peu importait ce qu'ils pouvaient vraiment manger ou la réaction qu'il avait eue face à sa retraite dans la cuisine, Ally se cachait là où aucune comparaison douteuse ne serait faite. « The cold never bothered me anyway » pressa-t-elle Nolan en criant à travers l'appartement, attendant tout de même qu'il lève ses fesses pour préparer cette fameuse omelette dont il semblait vanter les mérites. « And I'll keep on waiting for you to come around ! » impatientait-elle en sortant la tête du frigo pour en fermer la porte. Elle sursauta en sentant quelque chose frotter ses jambes : c'était Chips, qui était réapparue auprès des humains qu'ils étaient. Avec un sourire idiot, Ally se pencha pour le/la prendre dans ses bras et tendit le félidé au-dessus de sa tête. « Au matin de ta vie sur la planète, ébloui par le dieu soleil, à l'infini tu t'éveilles aux merveilles de la terre qui t'attendent et t'appellent ! » Elle rapprocha la boule de poils de son visage et la papouilla avec tendresse avant de se prendre un coup de patte violent. Mais la blonde n'en démordait pas. Tant qu'elle n'avait pas autre chose à manger que la dernière chips qui s'était calée entre ses seins, elle allait emmerder Nolan. « I got a pocket, got a pocket full of sunshine, I've got a love and I know that it's all mine, ohohoh ! » commença-t-elle à se dandiner en écho à une voiture qui semblait s'être garée non loin de là avec le meilleur choix musical qui soit. Chips, toujours coincé(e) par on ne sait quel miracle entre ses mains, n'osait plus bouger. L'animal était rentré dans un état semi-larvaire, attendant tout bonnement sa libération de l'emprise machiavélique de la blonde qui lui cassait les oreilles.
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