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 There is only one thing we say to death : “not today”.

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MessageSujet: There is only one thing we say to death : “not today”.   There is only one thing we say to death : “not today”. EmptyDim 8 Mar 2015 - 22:37


Ally Nemesis Fleming.
« We need to laugh, we need to dance, we need to cry
Facing uncertainty as if it were a blood line.
»


NOM : Fleming. Oui, oui, comme le monsieur qui a découvert la pénicilline parce qu'il était flemmard. PRÉNOMS : Ally, et puis Nemesis en second prénom, mais faut pas trop en parler, c'est un sujet tabou. SURNOMS : Pour diminuer Ally, c'est compliqué. Par contre, si vous l'appelez Princesse, elle ronronne, testé et approuvé. AGE : 29 ans DATE DE NAISSANCE : 6 décembre 1985. On s'approche doucement de la trentaine... NATIONALITÉ : Américaine. SEXUALITÉ : Hétérosexuelle spécialité Cohensexuelle. SITUATION AMOUREUSE : Elle aurait bien tendance à dire qu'elle est en couple, quand même. EMPLOI/ETUDES : Jeune diplômée de médecine légale, Ally exerce maintenant au service adéquat à l'hôpital de Saint John. NOM DU QUARTIER : Pacific Lane ANIMAUX DE COMPAGNIE : Aucun (une plante verte qu'elle a oublié d'arroser, ça compte ?) CHIFFRE PORTE BONHEUR : 23, pour le fun.


Ally est assez compliquée à cerner, et elle a du mal à se définir elle-même. Traditionnellement enjouée voire excentrique, il lui arrive cependant de traverser des phases plus glauques. Le passé reste omniprésent dans tout ce qu'elle entreprend, et malgré les années passées et la révélation de ses antécédents à ceux qui comptent le plus à ses yeux, elle n'arrive pas à se faire à l'idée que tout ce qui s'est passé est définitif. Il lui arrive encore régulièrement de faire des cauchemars où elle revit ce moment fatal, et même les rêves qui lui rappellent les plus beaux moments familiaux arrivent à la déstabiliser. Pourtant, Ally s'efforce de laisser de côté tout ce qui a le mérite de l'accabler. Pourtant, ce côté enjoué qui la caractérise la plupart du temps était autrefois le seul : elle n'avait pas peur de l'avenir, elle se disait que le temps lui apporterait ce qu'il apporte aux autres : le bonheur. Elle se disait qu'elle pouvait voyager, tout essayer, que la vie méritait d'être vécue avant de s'installer. Aujourd'hui, elle sait que la justice n'existe pas, que le karma n'existe pas, et que vous aurez beau participer à toutes les œuvres de bienfaisance de votre entourage, vous pouvez quand même vous faire renverser par une soucoupe volante en sortant de l'église un dimanche matin. Ses expériences l'ont renforcée et ont fait d'elle ce qu'elle est aujourd'hui; elle ne doit pas s'empêcher de vivre sous prétexte que prendre le risque d'être heureux, c'était aussi prendre celui de ne pas l'être. Alors elle sort, elle découvre, elle profite. Elle rit, elle mange beaucoup de sushis, elle boit, et elle prend même un malin plaisir en découpant les cadavres qui lui arrivent à la morgue. Elle va voir les films qu'elle veut voir au ciné sans prendre la peine de se renseigner sur les critiques ; elle tape des scandales dans des magasins pour avoir cette paire de chaussures dans sa pointure malgré la rupture de stock ; elle recueille un chat sauvage une fois de temps en temps, jusqu'à ce qu'il détruise un peu plus son canapé déjà malmené par les félins du quartier. Ally se reconstruit peu à peu, bien décidée à vivre pleinement et à profiter pleinement de ce que la vie peut lui apporter. Diplômée et médecin, elle s'est créée une nouvelle vie qu'elle aime à un point qu'elle n'aurait jamais imaginé. Elle s'efforce de laisser de côté tout ce qui l'a meurtrie par le passé, et de devenir cette personne qu'elle a toujours souhaité être. Elle s'est reconstruire à partir de ses vulnérabilités et croit aujourd'hui dur comme fer que dans la vie, les risques valent la peine d'être pris, car comme le dirait une série larmoyante ou un écrivain à deux balles, la vie est une aventure audacieuse, ou elle n'est rien.



Nous avons tous un passé, un présent et un futur.

BOSTON, 1985.

Les parents Fleming accueillent leur deuxième fille avec tout le bonheur que cela engendre. Leur aînée, Emma, réagit à la nouvelle venue avec ce même enthousiasme qui la caractérise depuis sa plus tendre enfance. Dans la chambre de l'hôpital, la petite fille de cinq ans regardait de ses grands yeux bleus la petite chose que tenait sa mère contre elle. Elle ne serait plus seule, et elle savait d'ores et déjà qu'elle aimerait ce petit être de toute son âme, comme elle aimait ses parents et comme elle aimait sa peluche favorite. Elle ne raisonnait pas, ne réfléchissait pas, elle savait juste. Elle ressentait tout ce flot d'amour pour celle qui allait devenir sa meilleure amie, sa compagne de voyage et son éternelle complice. « Maman ? » osa-t-elle finalement l'interroger pour la tirer de sa contemplation. « Elle s'appelle Ally. La voilà, ta petite sœur... »  Michelle Fleming avait répondu avec une tendresse infinie qui avait arraché un sourire amoureux à son époux, adossé à une fenêtre, à côté du lit où elle était allongée. Au bout de quelques instants, tous les regardent se tournèrent vers la dernière arrivée de la famille, qui gigotait dans les bras de sa mère. « Tu as vu, Matthew ? Elle a les yeux bleus. » Le père des deux petites filles se détacha du mur pour s'approcher de sa femme et s'asseoir doucement sur le lit. « J'ai vu... » glissa-t-il en tendant une main délicate vers la petite frimousse d'Ally. « Comme sa sœur », ajouta-t-il malicieusement en jetant un coup d’œil à Emma, qui ne cessait de fixer la petite chose, lui rendant toute l'attention que cette dernière semblait lui porter depuis quelques instants. « Comme leurs grands-pères. » Les yeux bleus étaient une affaire de famille, de lien, et les deux petites filles semblaient avoir hérité de ce trait dans un hasard qui, à cet instant, avait quelque chose de beau, de presque poétique.

BOSTON, 1992.

« Mamaaaaaan, Emma elle m'a appelée Nemesis ! » pleurait la pauvre petite Ally en courant sur tout le rez-de-chaussée pour trouver sa mère. « Nemesis, Nemesis ! » A douze ans, la petite Emma n'avait pas encore trouvé plus intéressant que de taquiner sa sœur. Il fallait dire que le second prénom de la petite fille était un sujet très épineux, et sans doute un de ses plus grands points faibles à l'époque. Les deux blondes couraient donc sur tout l'étage, cherchant désespérément leur mère pour que justice soit faite -et la justice serait du côté d'Ally, n'est-ce pas ? Mais pas de signe de maman Fleming, et Ally, éreintée par sa course, finit par s'arrêter entre la cuisine et la salle à manger, provoquant des turbulences dans la trajectoire d'Emma, qui lui rentra dedans. Les deux petites filles s'écroulèrent et tombèrent sur les fesses sans rien dire, aussi étonnées l'une que l'autre de la tournure des choses. Alors que l'une cherchait un tiers à mettre dans son camp, la seconde n'avait qu'un seul but : celui de taquiner sa petite sœur à l'extrême. Pourtant, cette dernière n'était pas prête à se laisser faire, et elle comptait bien le faire savoir à son aînée. « Si tu m'appelles encore une fois comme ça... » commença-t-elle à pester sans trouver de menace adéquate. « Neme-- » reprenait déjà Emma, qui, fort heureusement, finit par être interrompue. « Qu'est-ce qui se passe ici ? » Michelle venait de poser son pied sur la dernière marche de l'escalier qu'elle avait emprunté pour suivre le vacarme que faisaient ses filles au rez-de-chaussée. Bien consciente de la problématique, elle s'arrêta là où elle était, croisant les bras sous sa poitrine d'un air sévère. Ses deux filles étaient assises par terre, visiblement bien sujettes à une querelle à laquelle elle ferait bien de mettre fin dès maintenant. « Je coupe la tête de George ! » George, donc, l'ours en peluche préféré d'Emma auquel elle avait juré fidélité et amour lors d'une cérémonie formelle. « Ça suffit ! C'est une façon de résoudre les conflits, ça, les menaces ? On dirait que je regarde les infos ! » Elle avait levé les yeux au ciel, un brin agacée d'avoir à résoudre ce type de soucis maintenant. « J'ai des copies à corriger, Emma, tu devais t'occuper de ta sœur, pas l'embêter ! » Et pourtant, quand maman Fleming avait des copies d'examens à corriger, tout le monde à la maison savait qu'il devait se tenir à carreaux. Pas question de troubler la paix de la maison lorsqu'elle se concentrait sur les pattes de mouche de ses étudiants. Surtout  sur celles de ses premières années, dont certains arrivaient toujours à confondre les guerres mondiales alors qu'ils avaient rejoint une des facs les plus prestigieuses du pays ("les poilus qui ont libéré les camps de concentration !"). Non, dans ces moments-là, personne ne devait jouer le trouble-fête, pas même ses petites filles. « Maman, dis lui d'arrêter de m'appeler Nemesis ! » geignit la petite Ally, toujours lamentablement affalée sur le carrelage. Sa mère hésita quelques instants avant de quitter la dernière marche de l'escalier pour s'approcher d'elles. « C'est ton deuxième prénom, Ally. Arrête de t'en plaindre, pense plutôt à ces origines grecques dont tu hérites de papa. » Les deux blondes regardèrent Michelle, incrédules, et c'est la cadette qui brisa le silence, visiblement loin d'être convaincue par les arguments de sa mère. « Mais mon prénom c'est Ally ! » Dans un soupir impatient, maman Fleming se décida finalement à recourir à ses derniers arguments pour mettre fin à cette histoire qui ne durait que depuis trop longtemps. « Ton deuxième prénom c'est Nemesis. Et celui de ta sœur, c'est Calypso. » Elle jeta un coup d’œil à Emma, dont le visage se décomposait. Elle ne semblait pas avoir pris en compte cette option, celle du retournement de situation. Ally, par contre, affichait d'ores et déjà un air victorieux. Bon, au moins, cette fois, Michelle pourrait corriger ses copies au calme. Et puis, son époux ne tarderait plus à rentrer du chantier qu'il supervisait. Il avait promis de rentrer le plus tôt possible pour s'occuper des filles, prévoyant déjà de ne pas arriver à déchiffrer ses torchons en temps et en heure. Dans quelques semaines, ce serait les vacances. Elle et Matthew rivalisaient encore d'arguments quant à la destination qui serait la leur : l'Afrique du Sud pour lui, et la France pour elle. Qui savait ?

BOSTON, 1996.

Emma venait de fêter ses seize ans, et personne n'avait échappé aux nombreuses fêtes organisées pour elle, et surtout pas elle. Elle avait du manger l'équivalent du PIB de Monaco en gâteaux crémeux, et Ally, malheureusement pour elle, avait suivi. Il y avait eu la petite fête de famille, juste avec les parents, puis la célébration avait été réitérée quand les parents et autres oncles et tantes s'étaient joints à eux. Et puis il y avait eu la petite fête secrète entre sœurs, dans leur chambre, avec un petit gâteau qu'Ally avait acheté la pâtisserie guindée du coin; et enfin, la grosse fête planifiée, parfaitement organisée et surveillée, qu'Emma avait souhaité faire avec ses amis du lycée, et tous ces inconnus que les conventions sociales la forçaient à inviter malgré elle. Ally, elle, dans toute cette histoire, commençait à développer une allergie psychologique au sucre, et en était venue à se promettre de se focaliser sur le salé pour le restant de ses jours. Le début d'un engagement vers une des passions qui animeraient sa vie, d'ailleurs. Toujours était-il qu'après une semaine de festivités, les deux filles Fleming s'étaient retrouvées dans la chambre de l’aînée, avec quelques parts restantes de gâteaux au chocolat que leurs estomacs peinaient à présent ne serait-ce qu'à tolérer, et, allongées côte à côte sur le lit, étaient au bord du coma. Elles parlaient de tout et de rien, et s'appelèrent par le second prénom sans qu'aucune des deux ne trouve pour autant le courage d'y faire quelque chose. Il devait être seize heures en ce beau samedi après-midi, mais les forces qui leur restaient étaient presque inexistantes. Elles étaient restées silencieuses pendant quelques instants, et l'esprit d'Ally, qui vaquait tranquillement à ses occupations, fit un violent soubresaut lorsqu'Emma reprit la parole. « Tu te souviens d'Aiden ? » La petite blonde de onze ans s'efforça d'ouvrir les yeux, accablée par tout le poids de ces sucreries qu'elle avait avalées non-stop depuis une semaine. « Mmmh... » grommela-t-elle pour faire savoir à sa sœur qu'elle l'écoutait. Enfin, qu'elle l'entendait. Elle n'avait pas la force de plus. « Qui était là hier soir ? » Ouais, bon, en fait, elle n'était plus trop trop sûre de qui il s'agissait, mais peu importait, n'est-ce pas ? « Le grand brun ? » Ally étouffa un soupir, s'attendant maintenant à entendre les détails de sa carte d'identité et de son carnet de santé -juste parce qu'Emma voulait toujours être sûre de tout maîtriser, et que tant que son interlocutrice ne lui aurait pas fait comprendre qu'elle voyait parfaitement de qui elle parlait, elle continuerait peu à peu à apporter des indices, des données et des faits, juste pour être sûre, quoi. Et c'est en faisant cette constatation qu'Ally se décida à délier sa langue. Ce serait plus simple une fois la situation débloquée pour Emma, et elle, au moins, pour doucement comater en prétendant tout suivre, tout entendre et tout comprendre. « Celui qui a pété le verre ? » Après approbation de sa sœur, la jeune adolescente, soulagée, se laissa à nouveau vaquer à ses rêveries. Mais un mot l'en tira, étonnamment, et elle-même ne comprit pas tellement ce qu'il avait de si attrayant à son esprit. « ... amoureuse. » A nouveau, Ally ouvrit une paupière, cette fois un peu plus convaincue de l'intérêt de la conversation. De quoi pouvait donc bien parler sa sœur ? Elle n'avait que cinq ans de plus qu'elle, et, à elle n'avait jamais tant ressenti l'étendue du gouffre que représentaient ces années qu'à ce moment précis. Amoureux, ça ne voulait rien dire. Amoureux, c'était à la limite cool dans les films, et encore. Ally avait toujours préféré de loin regarder les aventures de Spiderman, contrairement à son aînée, qui, elle, pouvait rester coincée devant la télé pendant des heures, convaincue que princesse était un métier et se marier à un prince une promotion. « De quoi ? » demanda Ally pour combler le silence qui suivit. « T'écoutes rien, je le savais. » Sa cadette se redressa sur son coude pour lui faire face. Haussant un sourcil étonné, Emma soupira et répéta la dernière phrase qu'elle venait de dire. « Je crois que je suis amoureuse. Te moque pas, hein. Mais c'est ça, quand on a mal au ventre, les mains qui tremblent et tout, non ? » Ally, elle, persuadée du non fondement de ces suppositions, soupira à son tour et se laissa retomber sur le dos. « Non, ça c'est que t'as trop mangé de gâteau. » Et le pire c'est qu'Ally, onze ans, était réellement persuadée du bien fondé de sa remarque. Pff, l'amour, là, c'était comme le père Noël ou les morsures d'araignées qui transformaient en arachnides : ça n'existait que dans les films. Elle ne voyait même pas comment Emma pouvait être convaincue de ce qu'elle avançait et, pire, comment elle pouvait croire à des conneries pareilles. Mais avec le temps, elle avait bien du se rendre à l'évidence : même si Emma et elle étaient proches et complices, même si Emma était la seule personne à qui Ally osait confier ses états d'âme, elles ne seraient jamais les mêmes. Emma aurait toujours cet éclat naïf et rêveur qui faisait d'elle la fille que l'on aimait avoir à ses côtés pour rendre son quotidien un peu plus féerique, et Ally serait toujours la sœur fataliste et terre-à-terre qui vous barbe parce qu'elle ne croit trop en rien d'autres qu'au concret. « Je crois que je vais lui dire », annonça finalement l'aînée en brisant le silence qui avait pesé après la remarque d'Ally. Son ton ne laissait pas apparaître le moindre doute, en réalité, et elle comptait bien le lui dire. « Que t'as les intestins fragiles ? » Onze ans, et déjà cynique.

NEW YORK, 2004.

Bon, au moins, elle avait réussi à entrer dans une université de l'Ivy League, se disait-elle. Ce n'était pas donné à tout le monde. Ce n'était pas Harvard, Princeton, Yale ou Dartmouth, mais c'était quand même Columbia. Elle n'aurait pas été contre rester auprès de sa famille, tout de même... Emma, elle, avait réussi à intégrer Harvard sans trop de soucis. Elle y entamait sa seconde année de droit, d'ailleurs. Mais Ally devait l'admettre elle-même, malgré sa mauvaise foi : sa sœur avait toujours été meilleure qu'elle dans à peu près tout ce qu'elle entreprenait. Dès le lycée, elle avait su qu'elle voulait devenir avocate. Elle avait intégré Harvard sans un doute quant à la direction que prendraient ses études. Et puis, après ses quatre ans de pré-law, c'était tout naturellement qu'elle avait continué là-bas. Bah ouais, quoi, autant bien faire les choses et rester sur place. Ally ne se souvenait même pas avoir vu Ally paniquer en cherchant des plans de secours. Enfin, si... elle avait tout de même postulé à une autre fac, mais elle n'était même plus sûre de laquelle. Yale, peut-être, ou Brown. De toute façon, la question ne s'était jamais réellement posée : tout le monde savait qu'elle continuerait à Harvard. Tous les Fleming, mais aussi les professeurs qui l'avaient remarquée au cours de ses quatre premières années. Ally, elle, arrivait un peu comme un accident, et suivait Emma sur le chemin qu'elle avait ouvert, mais elle, c'était comme si un handicap la ralentissait déjà, alors qu'elle n'avait même pas encore entamé les choses sérieuses. Au moins, elle avait pu tester les promesses de ses parents qui, dès le lycée, lui avaient scandé qu'elles pourrait faire les études qu'elle voulait, parce qu'ils pouvaient l'aider, et parce qu'elle n'aurait pas à se prostituer pour payer la fac -enfin, ils ne l'avaient peut-être pas tout à fait dit comme ça, mais c'était l'idée. Et ce n'était pas totalement faux. Lorsqu'elle avait posé ses affaires dans sa chambre universitaire à New York, Ally avait tout de suite espéré de toutes ses forces que cette promesse serait toujours d'actualité l'année suivante. Ce n'était pas qu'elle n'aimait pas les gens, la colocation en général ou l'idée de ne plus avoir l'énorme chambre qui avait été la sienne lorsqu'elle était plus jeune, non... le problème c'était juste Molly, la colocataire qui lui avait été attribuée. Faites que je n'ai qu'une année à tenir... priait-elle déjà au bout d'une semaine de cohabitation, alors que Molly venait de lui lançait un regard noir en réponse à une sonnerie de téléphone. En une semaine, Molly avait du lui décocher une vingtaine de mots à tout casser, juste histoire de se présenter rapidement et d'imposer quelques règles de civilité (« on ne ramène personne sans préavis de 48h », « on n'ouvre pas la fenêtre sans accord bipartite », ce genre de banalités, quoi). Mais, en réalité, il avait fallu à Ally beaucoup moins d'une semaine pour se rendre compte qu'il lui faudrait chercher de la compagnie ailleurs qu'ici. Et ses premières rencontres, elle les fit sur les bancs des amphis. Un beau Michael, par exemple, qui semblait à peu près aussi sûr qu'elle de ses aspirations. « Médecine, je pense, mais j'aimerais bien suivre un cours qui a rien à voir, tu sais, pour le fun », chose qui avait été approuvé par le jeune homme, et, au second semestre, ils se trouvaient tous les deux inscrits à un cours de bases d'arts du théâtre. Choix qu'elle dut minutieusement expliquer lors de son évaluation pour entrer à la med school à Harvard par la suite, d'ailleurs, mais Ally garde un excellent souvenir de ces cours et des quelques rencontres qu'elle y a faites. Les soirées étudiantes, aussi, lui permettaient de s'évader régulièrement, juste histoire d'alléger cette pression imposée par le parcours de sa sœur et les exigences qu'elle avait pour elle-même. Au fil des mois puis des années, Ally avait accepté ses souhaits : c'était peut-être pour plaire à ses parents, mais c'était pour s'éclater : elle ferait bel et bien médecine. Et la vie que ce désir lui imposait n'était pas la plus légère qui soit. Si au lycée, elle ne s'était jamais trop surpassée, nul doute que les exigences n'étaient à présent plus du tout les mêmes. Sa sympathie ne lui attirerait plus de bonnes notes, et aucune matière, comme auparavant l'anglais, ne lui permettrait d'avoir de bonnes notes faciles. Il ne s'agissait à présent plus de décrire les sous-entendus de Steinbeck dans un paragraphe de Of Mice and Men, mais d'apprendre, retenir, décrire et expliquer la formation et le rôle des ARN ribosomiques au sein d'une cellule procaryote ou eucaryote saine. Dans les meilleurs moments, Ally avait trouvé les schémas de ses bouquins presque sympathiques, avec toutes leurs couleurs, sans doute choisies pour aider ces débiles qui ne retenaient qu'avec une mémoire visuelle. Et dans les pires moments, elle insultait les auteurs des bouquins parce que les explications n'étaient pas plus visuelles que cela, et les ribosomes parce que putain, qu'est-ce qu'on se foutait des noms des sous-unités, et qu'est-ce qu'on se foutait de leurs structures exactes, de leurs noms de code imbuvables, et du chromosome qui les codait... Au cours de sa première année, Ally n'avait même pas osé travailler dans sa chambre, et elle avait élu domicile à la bibliothèque, où elle s'était d'ailleurs liée d'une espèce d'amitié étrange avec l'une des documentalistes. Les trois années suivantes, les parents Fleming prirent leur fille cadette en pitié et lui louèrent un petit appartement au sein du campus. Dès lors, Ally put se permettre un peu plus de folies personnelles, mais aussi et surtout de travailler jusque quatre heures du matin, dans son lit et sous sa couette, sans s'attirer les foudres de quiconque. C'est sans doute d'ailleurs pour ces raisons même qu'elle vécut ces années plus facilement; être éloignée de sa famille n'avait tout à coup plus tout à fait le même goût amer. Peut-être que c'était le temps qui lui avait permis d'accueillir peu à peu son indépendance les bras ouverts, aussi, mais Ally en était persuadée, si elle avait continué à côtoyer Molly, elle aurait sans doute fini par rejoindre une sororité et avoir pour seul objectif de vie que d'en finir présidente. Fort heureusement, la générosité de ses parents lui avait permis d'avoir de toutes autres ambitions. Elle sauverait des gens. Elle serait chirurgienne, ou traumatologue, quelque chose comme ça. C'était ce pour quoi elle vivait, maintenant, ce pour quoi elle respirait, et ce pour quoi elle se levait tous les matins. Les ARN ribosomiques lui en faisaient voir de toutes les couleurs, bien sûr, mais au final, elle les aimait bien. Et c'est dans cet état d'esprit et avec un dossier entaché par un cours de théâtre qu'Ally expliqua ses objectifs au jury d'admission de l'école de médecine d'Harvard après ses quatre années à New York.

BOSTON, 2009.

Retourner dans sa ville natale avait quelque chose de doux et de rassurant. Son externat lui permettait de s'offrir un petit appartement pas trop loin du campus, et elle s'en satisfaisait pleinement. Seulement, en quatre ans, beaucoup de choses changent. Quatre ans, ça avait été le temps pour elle d'obtenir son bachelor, et de tout déchirer à ses MCATs. Mais quatre ans, ça avait aussi été le temps pour Emma de finir ses études et d'intégrer un cabinet d'avocats, et le temps pour elle de s'habituer à sa liberté, à New York et à Columbia. En fait, en revenant à Boston, Ally a trouvé la vie un peu fade, presque dénuée d'intérêt. Ses études prenaient un tout autre tournant, et toute cette vie universitaire qu'elle s'était construite là-bas avait disparu subitement. Elle ne croisait plus sa documentaliste préférée à la fac, et Michael avait quitté les Etats-Unis pour la France, bien décidé, finalement, à poursuivre une carrière d'artiste. Elle n'avait plus vraiment de nouvelles de ses autres connaissances si ce n'était via facebook. La plupart avait arrêté la fac, et le peu qu'elle avait rencontrés en cours de médecine avait été éparpillés aux quatre coins du pays pour poursuivre leurs études. Il fallait tout recommencer. Reprendre des repères dans une ville de laquelle elle avait été séparée pendant quatre ans, et savoir retrouver ses parents, signant par là comme un renoncement à l'indépendance qu'elle avait tant appréciée à New York. Pour couronner le tout, son externat au Massachusetts General Hospital commença des plus abruptement, et malgré son engouement sans doute un peu naïf, Ally ne put s'empêcher de relever cette compétition maladive et fiévreuse entre externes, entre externes et internes, et même entre internes, mais également cet ego écrasant que pouvaient avoir certains médecins face à quiconque ne l'était pas. Heureusement, Boston apportait avec son amertume ce merveilleux lot de consolation qu'était sa sœur. Elles n'avaient plus besoin de passer des heures au téléphone, à présent, ou à planifier un weekend dans l'une ou l'autre des métropoles. Un sms, un appel, et elles se retrouvaient au restaurant. Et c'est dans cette amitié unique qu'Ally partageait avec Emma qu'elle trouva tout ce réconfort dont elle avait besoin. Elles se ressemblaient autant qu'elles se complétaient, et si ces quelques années éloignées auraient pu les séparer, ça avait été loin d'être le cas. Elles se retrouvaient, pourtant. Quelque chose avait changé. Elles avaient grandi, toutes les deux. Et Ally le comprit réellement un vendredi soir, lorsqu'elle sortait de garde et qu'Emma quittait le tribunal. Elles s'étaient retrouvées en ville, et Emma avait promis dans un message qu'elle ferait découvrir à sa sœur son péché mignon du moment. « Mes collègues y vont au moins une fois par semaine. Tu devrais découvrir, faut pas mourir bête », argumentait grande Fleming alors qu'Ally la regardait d'un air dubitatif. « Laisse tomber, j'ai réservé, tu vas découvrir, c'est tout. » Ah, les argumentations développées d'avocats... L'attrapant par la main en ignorant ses protestations, Emma les dirigea sur quelques rues, avant de s'arrêter devant un restaurant. « Noooon, ça y est, ma propre sœur a succombé à la mode... » se désola alors Ally, malgré tout consciente qu'aucune protestation ne ferait changer Emma d'avis. Quelques secondes plus tard, la voilà qui faisait face, indécise, à un plateau de tas de riz recouverts de poisson crus. « Sérieusement, je vois pas ce que ça a de si phénoménal. Moi aussi je sais faire du riz, et j'ouvre pas un restau', hein... » Emma leva les yeux aux ciels, fatiguée des remarques que faisait sa sœur depuis qu'elles étaient entrées. « Faux. T'arrives à rater une omelette, et tes pâtes et ton riz finissent toujours sous forme d'un bloc immangeable.  » Ouais, heu... pour le coup, elle n'avait pas totalement tort. Ally était une catastrophe en cuisine, et elle préférait croire qu'elle n'avait pas la patience nécessaire pour tout ça plutôt que d'admettre qu'elle était le strict opposé de sa sœur, qui, parfaite comme elle l'était, était un véritable cordon bleu. « Je sais faire des œufs à la coque...  » tenta-t-elle tout de même de se défendre avant d'intercepter un regard complaisant d'Emma. « D'accord, des œufs durs...  » Même si cette conversation aurait pu durer longtemps -quoi de plus éternel que les combats sans fin de deux sœurs qui cherchaient chacune à avoir le dernier mot-, Emma coupa court au débat. « J'ai un truc à te dire... » Ally, elle, toujours concentrée sur son plat, l'entendit à peine. « Attends, attends je goûte d'abord. C'est où les chiottes ? » Nerveuse, Emma se mit à faire tourner une bouteille de sauce sur elle-même. Elle ne touchait pas à son propre plateau, se demandant sans doute encore quels mots exacts elle allait choisir pour annoncer la nouvelle. Ally, toujours ailleurs, n'avait pas percuté le sérieux de la situation, et grimaçait en essayant de séparer ses baguettes sans faire valser la moitié de son plat sur la table d'à côté. Après s'être débattue quelques instants, elle vint à bout de la tâche ardue et attrapa un sushi à l'aide des deux baguettes de bois. Après qu'elle ait mordu dedans, sa réaction ne se fit pas attendre très longtemps : elle mâcha quelques instants pour finalement abandonner et avaler tout rond. « C'est... bizarre ! » lâcha-t-elle en laissant retomber le reste du sushi dans son assiette. Emma, elle, ne semblait pas avoir percuté quoi que ce soit, et finit par laisser la bouteille de sauce tranquille pour prendre une grande inspiration, ce qui n'inspira pas franchement confiance à sa sœur, qui s'était laissée retomber contre le dossier de sa chaise. « Je suis fiancée. » Wait, what ? Ally ne répondit rien, promenant sa langue entre ses dents avec une élégance raffinée pour en extraire les quelques grains de riz qui étaient restés là. Finalement, son regard se posa sur la main d'Emma, juste comme ça. Enfin, juste comme ça... mais en cherchant quelque chose de bien précis. « Aiden m'a demandée en mariage hier soir... » Hm. Ally ne savait clairement pas quelle stratégie adopter. Elle ne croyait pas plus en toutes ces conneries que dix ans plus tôt, mais ça, Emma avait eu tout le temps de le comprendre. Alors, que devait-elle faire ? Rester dans les conventions sociales et la féliciter pour quelque chose qu'elle trouvait aussi ridicule et inconcevable qu'un éléphant anorexique ? Elle finit donc par opter pour un « je suis heureuse pour toi, Emma ! » dont on ne pouvait pas douter la sincérité. Elle était réellement heureuse pour sa sœur. Elle suivait ce chemin parfait qui avait toujours été le sien : elle faisait tout impeccablement, dans l'ordre des choses, et avec une perfection à en dérouter n'importe qui. « Fais gaffe à ta vaisselle, quand même », la prévint Ally de ce ton désinvolte qui la caractérisait. « Non, mais parce que... » commençait-elle déjà à s'excuser avant qu'Emma ne l'interrompe. « C'était pas drôle. Ça fait onze ans qu'on est ensemble, il a jamais rien cassé d'autre. » Oui, bon, d'accord, peut-être qu'elle voulait garder le sérieux de la conversation, mais ça, c'est au-delà des forces d'Ally. Elle préférait feinter que de prétendre que ce qu'elle faisait était beau, romantique, raisonnable ou même logique. Le mariage, c'était juste un bout de papier qui permettait de payer moins d'impôts, voilà tout. Mais ça, bien entendu, ce n'était pas le genre de trucs à dire maintenant. « Je suis pas encore allée chez vous. Vous mangez dans des assiettes en carton ou en plastique ? »

BOSTON, 2010.

Un an plus tard, Ally passait du service de cardiologie aux urgences. C'était chouette, ça, les urgences, ça lui plaisait bien. Elles imposaient là un défi qui l'exaltait, et les défis, elle aimait ça. C'était une course contre la montre permanente, et chaque seconde était susceptible d'amener son lot de challenges. C'était sans doute un des services qui désemplissait le moins de l'hôpital, et Ally trouvait à ça quelque chose d'excitant. Cela faisait plus d'un an qu'elle avait commencé son externat, mais au bout de quelques jours à peine au sein des urgences, elle y avait reconnu quelque chose qui n'appartenait qu'à ce service : l'adrénaline, la vraie. Ici, rien n'était planifié à l'avance, et l'issue de chaque cas résidait dans la prise de décision des médecins. Au bout de deux semaines, Ally ne voulait plus quitter le service. Elle y serait bien contrainte, au pire par la sécurité du MGH, mais elle n'arrivait pas à s'imaginer meilleur stage que celui-là. Pour ce qu'il représentait, pour ce qu'elle y vivait, pour ce sentiment de satisfaction indescriptible qu'elle ressentait à chaque fois qu'elle rentrait chez elle, et cette soif d'y retourner dès qu'elle quittait l'hôpital. « Avec sucre, le café ? » Ally sortit de ses songes pour réaliser qu'elle était passée d'accoudée au guichet de l'accueil du service à affalée sur les dossiers qu'elle traitait. « Noir » fut tout ce qu'elle trouva à répondre à l'interne qui lui faisait face. « C'est bien parce que t'es en retard pour remplir tes dossiers que je te l'apporte, hein. On va faire comme si j'avais pas vu que tu t'endormais dessus. » Ally eut un bref sourire gêné. L'interne était un étudiant, comme elle, mais un interne ! Il était hiérarchiquement supérieur à elle, quoi. Alors, elle préférait ne rien dire. Enfin... c'était ce qu'elle se disait à cet instant précis, juste parce qu'elle venait effectivement de se faire tirer d'un état semi-comateux et qu'elle n'était pas en l'état de répliquer quoi que ce soit de plus censé qu'un grognement indistinct qui aurait pu la faire suspendre aussitôt -confieriez-vous votre vie à un Australopithèque, vous ? Pourtant, sa position vis-à-vis de cet interne spécifiquement ne l'avait jamais gênée plus que ça. Au-dessus ou en-dessous de lui, ça dépendait de leurs humeurs respectives. Bientôt un mois qu'elle avait commencé ici, et une semaine qu'elle était de nuit. Le rythme était intenable, il fallait se l'avouer. L'adrénaline n'était finalement pas toujours en rendez-vous, et peut-être que le fait qu'on lui confie beaucoup de paperasse n'y était pas pour rien. Pourtant, elle en avait vu passer des bras et des jambes cassés, des accidentés de la route, ou même des brûlés. Elle avait même croisé le chemin d'un mec qui était arrivé avec un crayon qui lui traversait la main de part en part. Encore un qui n'avait jamais appris à tailler un crayon en toute sécurité, ça. Elle se plaisait vraiment bien ici, tout de même. Et c'est en s'accrochant à cette pensée qu'Ally se remit à remplir les dossiers qui l'attendaient.

Un mois plus tard. Ally prenait vraiment son pied aux urgences -et dans tous les sens du terme. Elle sortait régulièrement et apprenait à gérer sa vie d'étudiante et sa vie de jeune adulte. Elle s'entendait bien avec les gens du service, et cette idée lui plaisait bien. Ce jour-là, elle avait commencé son service aux alentours de dix-huit heures, mais ce serait mentir que de prétendre qu'elle n'était pas là largement avant l'heure. Parce qu'avec les examens qui se profilaient, certains collègues lui avaient proposé un peu d'aide, et d'autres externes avaient décidé de faire quelques réunions d'urgence pour partager les cours, les annales disponibles, et s'interroger mutuellement. Elle, pourtant, n'avait étrangement accepté l'aide que d'une personne. Peut-être parce que depuis qu'elle s'était mise sérieusement à ses révisions, les séances commençaient dans la salle de pause et finissaient dans d'autres coins, divers et variés, Grey's Anatomy style. Il avait une copine, elle le savait, mais ce n'était pas vraiment son problème. Il avait choisi, et elle ne disait jamais non à un bon moment. Ça faisait un moment que cette histoire durait, Cooper n'avait toujours pas décidé que tromper sa copine le dérangeait, et elle n'avait toujours pas trouvé de raisons de mettre un terme à cette relation. Ce qu'elle partageait avec Cooper était à l'image de ce qu'elle partageait à peu près avec tous ceux qui croisaient son chemin : si elle se perdait dans ses bras, c'est qu'elle l'aimait bien. Leur relation était simple, et c'était encore une fois sans doute ce qui faisait qu'elle était si agréable. Ce n'était pas que du cul, et Ally avait avant tout trouvé en Cooper un compagnon de route, et ce peu importe la durée pendant laquelle vivrait leur relation. La fin de son stage marquerait sans doute la fin de ce qui se passait entre eux; peu importait. Comme d'habitude, elle profitait du moment. C'était sympa, et c'était tout ce qui comptait. Ce jour-là, alors qu'ils quittaient la salle de garde, Cooper et Ally étaient parés pour une nuit houleuse, comme l'était chaque nuit aux urgences. En allant se changer pour mettre son uniforme d'externe, la blonde jeta un coup d’œil à son téléphone. Je suis retenue au boulot, donc m'appelle pas pendant tes pauses, s'il te plait. Je suis avec un client important. Travaille bien, courage. Xx Ah, Emma et ses journées sans fin... Ally se demandait parfois comment elle arrivait à tenir un rythme pareil. Lorsqu'elle arrivait à avoir un peu de temps pour elle, elle courait aux quatre coins de la ville pour préparer son mariage. Emma devait être une superhéroïne ou prendre de l'héroïne tout court pour tenir une cadence pareille. Je révise mes cours, Calypso, regarde : surmenage = état d'un individu dû à un exercice prolongé au delà des limites acceptables par son organisme. Bisous. Après avoir verrouillé son portable en levant les yeux aux ciels, Ally le mit dans son casier, bien décidée à commencer son service sans penser à Emma, cette parfaite Emma qui ne rechignait jamais à trop travailler pour un cabinet qui l'exploitait, ou à gâcher son temps libre pour une relation fondée sur la stupidité proférée par les comédies romantiques. Elle quitta donc les vestiaires remplie de bonne volonté. Elle avait pris trois cafés dans l'après-midi pour être sûre de tenir le coup. Et puis, son rythme était totalement décalé depuis qu'elle faisait ces services-là, autant profiter du fait d'être devenue une oiseau de nuit. Qui plus est, depuis son passage à la salle de garde, son système vasculaire voyait défiler une sacrée quantité d'endorphines, et elle comptait bien en faire bon usage... « Tiens, remplis ça, j'ai pas eu le temps de le faire quand... on était occupés. » Cooper venait de lui donner une pile de dossiers à mettre à jour. Elle arqua un sourcil contrarié, mais il devait finalement bien la connaître, puisqu'il s'excusa aussitôt. « Désolée, le Dr Freeman a besoin de moi, sinon je l'aurais fait... » La nuit promettait finalement d'être longue, mais loooongue. En soupirant, Ally se dirigea vers ce guichet qu'elle ne connaissait que trop bien, et y laissa tomber les dossiers dans un bruit sourd. « File avant que je t'étouffe avec ! » marmonna-t-elle à l'attention de Cooper, dont elle sentait clairement la présence dans son dos. « Merci... ! » l'entendit-elle répondre alors qu'elle ouvrait déjà le premier dossier sous le regard bienveillant de Meryl, l'infirmière qui avait pris Ally sous son aile depuis qu'elle l'avait vue sortir de l’ascenseur trempée, venant de subir l'acharnement de la météo bostonienne. L'externe passa ainsi plus de quatre heures à remplir avec soin les dossiers, tentant sans cesse d'ignorer le vacarme des urgences. Pourtant, c'était plus fort qu'elle : les patients arrivaient les uns après les autres, souvent par houles, et Ally ne pouvait que constater que l'équipe semblait dépassée. Meryl ne put d'ailleurs s'empêcher de le lui faire remarquer, précisant au passage que le Dr Brown avait pris sa soirée sous prétexte qu'elle était malade, mais qu'elle n'y croyait pas une seule seconde. C'était l'anniversaire de sa fille, apparemment. « FLEMING ! Y'a une ambulance qui arrive avec une patiente qui a eu un accident de la route ! Prépare-toi ! » Ally lâcha son stylo dans un réflexe stupide et cligna des yeux devant Meryl, qui la poussa du bureau avant de disparaître dans la foule agitée des urgences. Ah, enfin de l'action. La blonde posa le reste de ses dossiers en contrebas du comptoir du guichet où elle était accoudée, près d'une infirmière qui répondait au téléphone, et s'étira en avançant vers l'entrée des ambulances, bien décidée à quitter cet état comateux dans lequel l'avait mise les dossiers. Dehors, il pleuvait. C'était vivifiant. Cooper l'attendait déjà, mais il avait l'air beaucoup moins enjoué qu'elle. « Pourquoi tu fais la gueule ? » demanda-t-elle d'un ton guilleret. « J'ai passé deux heures avec Freeman et un patient qui a cru qu'il allait mourir d'une côte cassée... » Ils échangèrent un sourire qui fut bref. L'ambulance arrivait déjà, et les ambulanciers en sortirent avec difficulté un brancard. « Femme, la trentaine, renversée par un chauffard. Tension de... » Mais Ally n'entendait plus rien. La patiente était défigurée, et elle n'était tout à coup plus aussi fière. Son regard s'était figé sur le visage de la victime, recouvert de sang et lacéré en plusieurs endroits. « On pense que la carotide est touchée, mais on arrive pas à savoir d'où vient le sang, y'en a trop » paniquait l'ambulancier, sans doute bien soulagé de se débarrasser de ce cas épineux. Tout à coup bien anxieuse, Ally lança à Cooper : « Pourquoi c'est nous deux ? Y'a personne de... » Mais Cooper avait déjà pris la situation en main. Ou plutôt, le relais du ballon qui permettait à la patiente à respirer. « On est les seuls dispos, Ally ! » Quelques instants plus tard, ils étaient rentrés à l'intérieur, s'afférant autour de la victime. « Y'a trop de sang, Coop, y'a trop de sang, je vois rien... » se lamentait Ally, réalisant qu'ils étaient dans une impasse. « Faudrait appeler un chirurgien ! » Mais Cooper, lui, s'afférait sur autre chose : ses yeux étaient rivés sur les moniteurs, qui n'indiquaient rien de bon. Et quelques instants plus tard, tout était à plat. Les deux étudiants s'acharnaient, essayant tant bien que mal de créer un miracle. Pendant de longues, très longues minutes, ils se couvrirent du sang de la victime en espérant faire réapparaître ne serait-ce qu'un brin de signe de vie sur les moniteurs. Quand enfin apparut... « Dr Freeman » s'étonna Kingston alors qu'Ally s'éloignait du brancard. « Heure du décès, 4h39 », constata le médecin. « Voyez la suite avec les infirmières. » Ally, toute retournée, fit un pas en arrière, s'éloignant du brancard où gisait le corps inanimé de la patiente, alors que Cooper était parti à la recherche d'une infirmière qui serait ne serait-ce qu'un peu moins débordée que les autres. Ce n'était pas la première fois qu'elle perdait un patient, mais cette fois-ci, elle ne pouvait s'empêcher de se demander s'ils avaient fait tout ce qui était en leur pouvoir. Ils n'étaient que des étudiants, et ce n'était pas normal de devoir faire face à une urgence comme celle-là sans médecin à leurs côtés, si ? Peu importait, maintenant. Ce qui s'était passé s'était passé. Ally, couverte de sang et les mains jointes devant sa taille, observait maintenant le corps qui lui faisait face. Ce n'était peut-être pas plus mal qu'elle y reste ce soir, cette jeune femme. Sinon, elle serait sans doute ressortie de là avec des dommages cérébraux irrémédiables et de lourdes cicatrices qui l'aurait caractérisée pour le restant de ses jours. C'était sans doute une femme d'affaire, ou quelque chose comme ça. Sa tenue ne trompait pas, c'était même la seule chose que l'on pouvait encore reconnaître. Perdue dans ses réflexions, Ally sursauta lorsqu'une sonnerie retentit dans une poche à moitié brûlée de la veste de la victime. Elle se rapprocha et se pencha au-dessus, sans doute guidée par une curiosité malsaine. De toute façon, se disait-elle pour se donner bonne conscience, on la fouillerait très bientôt pour essayer de mettre un nom sur ce visage... enfin, ce qu'il en restait. Elle commençait juste le boulot en avance, en fait. Elle déplaça un lambeau de tissu pour mieux voir le nom qui s'affichait, mais ne se décida pas à attraper le portable pour autant. Tiens, c'était marrant comme sa vie personnelle la suivait partout... Ce prénom n'était pas des plus rares, mais il n'était pas des plus courants non plus. Et quelles étaient les probabilités pour qu'elle connaisse quelqu'un qui ait exactement ce même prénom et ce même nom ? Niveau statistique, on frôlait l'impossible, là, non ?

Des sueurs froides, la vision trouble, des tremblements. Ally était à présent dans un état second, priant pour que les statistiques se trompent, ou qu'elle y soit assez nulle pour se tromper elle-même à leur sujet. Il fallait qu'elle se calme. Calme-toi, calme-toi, calme-toi, se répétait-elle en boucle en espérant ne pas s'évanouir d'angoisse. Il devait bien y exister deux Aiden Watson à Boston, non ? Allez, réfléchis. Boston, plus de 600 000 habitants. Refais tes statistiques. Mais ce n'était plus un moment pour les statistiques, les probabilités, ou n'importe quoi de raisonnable. D'un geste vif, elle attrapa le portable. OK, c'était un Iphone, mais les trois quarts de la population américaine avaient un Iphone, non ? Encore une histoire de statistiques. Il ne fallait pas paniquer. Il ne fallait pas paniquer. Sauf que le fond d'écran ne laissait plus aucun doute possible. Et que le portable tomba à terre, et qu'Ally recula, recula... comme pour éviter d'avoir à faire face à l'évidence. « Ally ? » entendit-elle raisonner de loin. « Ally, ça va ? » Mais elle ne pouvait pas. Elle fit encore un pas en arrière, se cogna contre une infirmière qu'elle ignora royalement et se rua vers l’ascenseur. « Attendez, attendez ! » Quelqu'un tentait de retenir l'ascenseur, mais elle avait déjà appuyé sur tous les boutons qui lui permettraient de quitter les lieux le plus vite possible. Le dernier étage de l'hôpital, la fermeture des portes, le dernier étage de l'hôpital, la fermeture des portes... Quelques instants plus tard, elle sortait sur le toit, s'écrasant lamentablement contre la porte pour l'ouvrir du peu de forces qui lui restaient. Elle s'écroula sur le macadam et resta dans cet état brumeux pendant longtemps, très longtemps. Elle s'étonna de ne pas encore voir le soleil se lever. Elle n'arrivait plus à rien contrôler. Pendant un temps, elle resta prostrée, de marbre, devant la ville éclairée qui se profilait sous ses yeux. Puis elle pleura. Jusqu'à ne plus avoir la force de rien. Alors, elle resta immobile, ignorant tous les signes de malaise que sa physiologie faisait se succéder. Elle avait la bouche sèche, les yeux brûlants, le nez bouché. Elle brûlait de fièvre, mais elle était morte de froid. « Ally ? » La voix de Cooper la fit sursauter. Elle ne regarda pas une seule fois, mais le vit s’asseoir doucement à côté d'elle et lui tendre un café, qu'elle attrapa lentement, tremblante, pour le poser devant elle, par terre. « Tout va bien... » lui souffla-t-il en la prenant dans ses bras. Elle se laissa faire, paralysée de froid, de peur, de chagrin. Mais non, rien n'allait bien. Il avait bien du apprendre l'identité de la victime, non ? Que se passait-il en bas, maintenant ? Ses parents étaient-ils là ?

Ils restèrent assis là sans doute une bonne heure de plus. Le soleil avait fini par se lever, rappelant à Ally qu'elle ne pouvait pas rester dans cet état catatonique éternellement. Ils décidèrent finalement de bouger, et c'est une Ally méconnaissable qui retourna aux urgences pour récupérer ses affaires. « Ton service est terminé », avait glissé Cooper en lui passant affectueusement une main dans le dos. « Rentre chez toi. » Elle ne se le fit pas répéter. Elle se dirigea vers les vestiaires d'un pas pressé, sans prendre la peine de regarder autour d'elle une seule seconde. Elle ne voulait pas savoir si ses parents étaient là, elle ne voulait pas savoir quoi que ce soit. Elle voulait juste être seule. Elle avait juste récupéré ses affaires, et avait quitté les lieux avec la même précipitation, sans même prendre la peine de se changer. Dans les transports en commun, on la regardait bizarrement, mais elle ne se rendait pas vraiment compte. Elle fixait constamment un point devant elle, juste pour ne pas regarder par terre, et lorsqu'elle passa le pas de la porte de son appartement, elle se rua dans sa chambre pour sortir toutes ses valises de ses placards et les remplir de tout et de rien. Ses fringues, sa paperasse, ses diplômes, ses cours, son ordinateur, ses chargeurs et batteries, une boîte de biscuits, quelques cadres photos et son shampoing.

Deux heures plus tard, après quelques coups de fil administratifs, Ally posait sonnait chez ses parents. Elle avait demandé au taxi qui l'avait menée jusque là de l'attendre devant; elle n'en aurait que pour quelques minutes. C'est sur sa mère que la porte s'ouvrit, dévoilant aussitôt la réalité de la situation. Si la blonde n'avait pas espéré croire s'être trompée dans ses conclusions, voir sa mère dans cet état ne faisait que confirmer qu'elle n'était finalement pas aussi mauvaise en statistiques qu'elle l'aurait espéré. « Ally, j'ai essayé de t'appeler... » commença Michelle, dévastée, les yeux rougis par les larmes. Ally n'avait jamais vu sa mère dans un état pareil. « J'avais coupé mon portable. Je m'en vais, maman. » Le taxi l'attendait toujours, elle ne s'était donnée que quelques minutes. C'était tout ce dont elle avait besoin. Annoncer son départ de but en blanc, et ne pas se retourner. « Quoi ? » Maman Fleming, interloquée, semblait encaisser le choc, accablée par une tragédie supplémentaire et inutile. « Je m'en vais », répéta-t-elle bêtement avant que Matthew apparaisse derrière sa femme. « Je suis désolée. Je vous aime. » Et elle fit demi-tour, laissant ainsi ses parents pétrifiés derrière leur porte. Comme elle se l'était promis, elle ne se retourna pas, pas une seule fois, et monta dans le taxi sans même regarder une dernière fois cette maison qui l'avait vue grandir, et ses parents qu'elle aimait tant.

LOS ANGELES, 2010.

Ally venait d’atterrir à l'aéroport international de Los Angeles. Elle en avait vus, des pays, dans sa jeunesse, mais n'avait jamais mis les pieds ici. En arrivant à l'aéroport international de Boston-Logan, elle n'avait absolument aucune idée d'où aller. Elle voulait changer du tout au tout. Partir loin, le plus loin possible de Boston. La Floride lui faisait envie, mais le prochain vol pour Miami la ferait attendre un peu trop longtemps. Et puis, il y en avait un pour LAX... La Californie, oui, c'était pas mal, comme idée. Elle avait pris son billet et s'était enregistrée dans l'urgence, réalisant que pour le coup, ce vol-là ne lui permettrait pas d'attendre une minute de plus. Un coup de tête, sans doute, et pourtant, au moment où elle avait tenu le billet dans sa main, Ally s'était déjà sentie un peu mieux. Lorsqu'elle atterrit à LA, pourtant, elle commença à se demander ce qu'elle faisait là. Tout semblait avoir changé. Déjà, il faisait chaud. Elle avait du ôter sa veste et son pull, et avait fini par se décider à aller voir ce qui se passait au niveau des guichets de bus. « Le prochain départ pour la Californie, s'il-vous-plait ? » avait-elle demandée au guichetier, entourée de ses cinq énormes valises dont le voyage en avion lui avait coûté l'équivalent d'un rein du groupe O. « Hmm... On a Huntington Beach, dans un quart d'heure. » Huntington Beach ? Jamais entendu parler, mais ça sonnait bien. Il y avait beach, dedans. « Un aller simple, s'il-vous-plait. »

HUNTINGTON BEACH, 2010.

En maternité, il n'y avait pas beaucoup de tragédies. Les mamans devenaient des mamans, les papas devenaient des papas, tout le personnel était habillé en rose, et les murs étaient peints dans de drôles de couleurs vives. C'était chouette, ici. Calme, tout ça. Ally avait mis quelques semaines à officialiser son changement d'université, et elle avait utilisé ce temps-là pour réfléchir à sa situation et surtout, faire connaissance avec sa nouvelle ville. Son premier stage à l'hôpital de Saint John se déroula parfaitement, et vous savez ce qu'on dit... on aime toujours quand un plan se déroule sans accrocs. Faire des échographies ou mettre au monde des bébés, c'était cool. Pas transcendent aux yeux d'Ally, mais calme, au moins. Et c'était tout ce dont elle avait besoin pour se remettre le pied à l'étrier. Pourtant, ce stage-là, comme tous, n'était pas destiné à durer éternellement. Et lorsqu'on lui assigna le suivant, Ally se rigidifia de peur. Là, pour le coup, c'était un plongeon la tête la première dans ce qu'elle redoutait à présent le plus : la trauma. Elle accepta sans broncher le changement de service; de toute façon, ce n'était pas comme si on lui donnait le choix. Mais dès le premier jour, Ally s'était attendue au pire. Pourtant, ce n'est pas le pire qui arriva le premier. Elle fit la connaissance de quelques personnes. Une externe aux cheveux bleus végétarienne qui faisait les blagues les moins drôles du monde, par exemple. Et puis un interne dont elle appréciait toujours la compagnie. Calme mais agréable. Elle travaillait souvent en binôme avec lui, d'ailleurs. Il s'appelait Aaron Lockhart, et ils avaient la même façon de travailler. De temps en temps, ils passaient même un peu de temps au bar qui jouxtait l'hôpital, ce repère du personnel hospitalier. Elle l'aimait bien, Aaron. Ils se ressemblaient un peu, et ça avait quelque chose de rassurant. Ils se reconstruisaient chacun de leur côté à leur façon, n'en parlaient pas tellement, mais savoir qu'elle n'était pas la seule avait quelque chose de réconfortant. Au bout de deux mois de stage, Ally réalisa qu'elle était capable d'encaisser de nouvelles pertes. Pas de la meilleure façon qui soit, mais elle était capable de voir des patients décéder sous ses yeux, comme elle avait été capable de le faire des dizaines de fois depuis qu'elle avait commencé son externat à Boston. A chaque fois, elle savait que tout ce qui était possible avait été mis en oeuvre, et à chaque fois, elle savait que le sort  funèbre des victimes avait été inévitable. Elle s'y faisait, parce que c'était la vie d'un médecin. Elle n'était jamais seule face à un patient, et un médecin n'était jamais loin en cas de complications. Sauf cette fois où...

« Putain, je crois que l'ascenseur est bloqué ! » Ally pestait en appuyant sur tous les boutons. C'était une grosse blague. Deux étudiants en médecine bloqués dans un ascenseur avec un patient dont la vie ne tenait plus qu'à un fil. Elle jeta un regard noir à la caméra de surveillance et appuya sur le bouton d'alarme une dizaine de fois avant de se rendre à l'évidence : le sort du patient était entre leurs mains. C'est bizarre, la situation lui rappelait étrangement quelque chose... Sauf que là, le médecin qui aurait pu les aider ne fêtait pas l'anniversaire de sa fille, non... Il était sans doute à l'étage du dessus, en train d'attendre plus ou moins patiemment de pouvoir mener son patient au bloc opératoire, comme il était censé l'être. « Hémorragie abdominale interne, il faut l'ouvrir », déclara Aaron, cherchant déjà le matériel nécessaire pour évacuer le fluide en surplus qui s'amassait dans son abdomen. « Attends, je regarde un truc. C'est quoi ton groupe sanguin ? » tenta Ally en attrapant le dossier posé à la hâte sur les pieds du patient. « Il est AB+, je suis A-, je vais lui donner mon sang. Fais ce que t'as à faire ». Ça allait le faire. OK, l'environnement était dégueulasse et n'avait rien à voir avec celui d'un bloc chirurgical stérilisé, mais ils n'avaient pas trop le choix. Soit ils agissaient maintenant, soit ils ressortaient de l'ascenseur un cadavre à la place d'un patient. Mettant en place le matériel nécessaire pour lui donner son sang, Ally regardait du coin de l’œil Aaron, qui ouvrait l'abdomen de la victime avec une dextérité qui donnait à Ally toute confiance quant à la suite des événements. Quelques instants plus tard, le sang d'Ally passait de son bras à celui du patient, mais les deux étudiants se rendaient bien compte qu'il en perdait de son côté bien trop pour que l'issue de l'épisode ne soit pas fatale. « Je trouve pas d'où vient l'hémorragie », pestait Lockhart alors qu'Ally, de sa main libre, vérifiait les vitales. Au bout d'un moment, elle dut se rendre à l'évidence : « Aaron, je crois que... » Elle n'eut pas besoin d'en dire plus. Lockhart attaquait le massage cardiaque. Mais les minutes défilaient, et tous deux savaient ce que cela signifiait. Ally s'écroula contre le mur de l'ascenseur en arrachant le cathéter de son bras. « Ici on est capables de sauver des vies, de remplacer des organes, de faire naître des bébés et même d'en concevoir, mais on est pas capables de réparer un ascenseur » fut tout ce qu'elle trouva à dire avant de s'enfermer dans un mutisme qui dura jusqu'à ce qu'on daigne leur ouvrir les portes. Ils étaient tous les deux silencieux et couverts du sang, séparés par le brancard où gisait désormais un cadavre. Toujours sans parler, ils quittèrent les lieux pour rejoindre les douches, laissant médecins et infirmières prendre le relais. Cette fois-ci, les choses étaient différentes. Cette fois-ci, pour la seconde fois, Ally se sentait piégée. Cet homme aurait pu être sauvé s'il ne s'était pas retrouvé coincé dans un ascenseur avec deux étudiants qui ne disposaient même pas du matériel basique que toutes les ambulances proposaient. Sous la douche, elle se débarrassait du sang, se frottant la peau comme une forcenée, mais il y avait cette culpabilité qui s'était réveillée et qui la torturait doublement. Malgré tout, elle n'était plus seule ; non, cette fois, elle n'était pas seule. Et à deux, toutes barrières abaissées, ils se trouvèrent, sans dire un mot, et laissèrent au passé ce qui appartenait au passé.

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Dernière édition par Ally N. Fleming le Dim 15 Mar 2015 - 19:43, édité 3 fois
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MessageSujet: Re: There is only one thing we say to death : “not today”.   There is only one thing we say to death : “not today”. EmptyDim 8 Mar 2015 - 22:41


Nous avons tous un passé, un présent et un futur.

HUNTINGTON BEACH, 2011.

Ally terminait son dernier stage d'externat. La théorie se passait toujours très bien. En réalité, Huntington Beach lui rappelait New York au moins pour ça : elle n'avait que le travail. Les rares connaissances qu'elle s'était faites étaient au travail, et sa vie se résumait entièrement à ça. Son petit appartement dans une résidence de Pacific Lane était rempli de livres médicaux, et il ressemblait presque à ressembler à une bibliothèque universitaire. Ally passait clairement plus de temps à Saint John que chez elle, mais elle ne s'en plaignait pas. Elle préférait se noyer et crouler sous le boulot que de se mettre à penser. Et petit à petit, à force de laisser son ancienne vie de côté, elle en vint à se l'imaginer fictive. Ici, elle était bien loin de ses parents. Ici, il n'y avait plus aucun signe d'Emma, si ce n'était cette photo, qu'elle avait bien pris soin de laisser dans une boîte avec quelques babioles de son passé. Ici, elle n'était qu'Ally Fleming, et ça lui plaisait bien. Une fois le weekend venu, elle s'offrait de temps à autres le luxe de passer la soirée dans un bar. Elle en ressortait alors souvent en bonne compagnie. Elle en profitait pour voir Aaron de temps à autres, mais il ne fallait pas le nier : le temps les séparait peu à peu. Ally succédait aux stages d'externat, et elle arrivait peu à peu à se reconstruire une confiance en elle toute nouvelle, mais la perte de patients la mettait toujours dans un drôle d'état second. Un samedi soir, elle fit la connaissance d'une jeune femme dans un bar qu'elle découvrait à peine. Première soirée aussi, et elle se faisait déjà draguer par une jolie brune, qui lui offrait un verre. « On peut juste parler, sinon », finit par accepter la jolie inconnue. « Je suis Jagger. » Ally ne refusa pas le verre -on ne refuse jamais un verre gratuit, voyons-, et elles commencèrent assez vite à parler. « Ally », se présenta-t-elle avant qu'elles ne partent dans de grands discours. Ce soir-là, Ally repartit toute seule, mais avec un tout nouveau numéro dans son répertoire. Et pour la première fois depuis Boston, c'était le numéro de quelqu'un qui n'avait rien à voir avec le boulot ou des sushis à emporter. Ça avait quelque chose de rafraîchissant de penser qu'elle était capable de rencontrer de nouvelles personnes comme ça, et que ce n'était finalement pas si difficile de se laisser approcher. Elles avaient parlé des heures, hurlé au-dessus de la musique parfois un peu trop forte, et s'étaient trouvé un nombre incroyable de points communs. En rentrant chez elle ce soir-là, Ally n'avait aucun doute sur le fait de la rappeler : elle le ferait. Pas pour vivre sa première expérience lesbienne, non... juste pour apprendre à la connaître comme on a envie de connaître quelqu'un avec qui on peut se sentir parfaitement connecté en quelques heures à peine.

Au fil des semaines, Jagger et Ally se retrouvèrent à plusieurs reprises. Sans s'en rendre compte, elle craquait pour cette fille. Pas comme ça, non, pas comme Emma avait craqué pour Aiden. C'était juste que... lorsqu'elle était avec Jagger, elle avait l'impression d'être à la maison. Et ce sentiment lui avait tellement manqué sans même qu'elle le réalise avant ces moments passés avec la brune qu'elle se sentait à présent capable de toutes nouvelles choses. Peu à peu, elle commençait à vivre une autre vie en dehors de Saint John. Cette complicité avec Jagger s'installa peu à peu pour finalement s'imposer au bout de quelques mois à peine. Et le plus beau dans cette histoire était sans doute qu'à ce moment-là, Ally ne se rendait pas encore compte que cette rencontre marquerait pour elle le début d'une toute nouvelle vie, de nouvelles rencontres qu'elle apprendrait à apprécier sans s'imaginer de scénarios loufoques de FBI qui la chercherait pour la ramener à ses parents.

HUNTINGTON BEACH, 2012.

« Y'a des bonnes ou des mauvaises croquettes ? » demanda-t-elle au mec à côté d'elle, qui s'était accroupi pour accéder aux parties basses du rayon, vous savez, celles où sont regroupés tous les produits les moins chers. « Si j'achète du bas de gamme comme vous... enfin, je veux dire, ça peut tuer un chat ? » Il leva le regard sur elle, alors qu'elle attendait très sérieusement une réponse. Elle n'y connaissait rien en chats, elle. Elle était toujours partie du principe que la marque qui vendait les croquettes les plus chères au kilo devait être la meilleure pour la santé de tous ces félins qui avaient fait de son appartement un refuge. « Je crois que c'est toujours le même chat qui vient chez moi, alors je dirais que non », lâcha-t-il le plus naturellement du monde en reportant son attention sur un sac de croquettes. Damn, un beau gosse qui, comme elle, nourrissait les chats du quartier... ça en était presque un turn-on. « Si je prends ce paquet-là », continua-t-elle en désignant celui qu'il regardait, « je risque pas de retrouver des cadavres de chats errants chez moi, alors ? » Le brun restait concentré sur le rayon, et, même s'il ne la regardait pas, elle le vit sourire. « Si vous prenez ce paquet-là, je partirai pas sans me battre. C'est le dernier. » Ally recula d'un pas pour avoir une vue plus globale du rayon. L'homme tatoué resta quelques secondes devant son sac de croquettes attitré avant de se relever et de l'attraper. « Je prends votre silence pour une déclaration de forfait. » Elle ne disait toujours rien; elle ne comptait clairement pas se battre. Elle n'aurait cependant pas craché contre quelques économies sur ses croquettes, surtout maintenant qu'elle savait que les chats qu'elle accueillait ne risquait pas d'y laisser leur peau. Le fait qu'elle venait d'acheter une voiture n'était sans doute pas pour rien non plus dans son envie de faire des économies. En réalité le plus simple aurait encore été d'arrêter d'héberger les chats qui traînaient sur Pacific Lane juste parce qu'ils lui faisaient de la peine. Bon, en fait... elle avait déjà commencé à travailler sur ce point, et laissait à présent là où ils étaient la plupart des félins errants. L'un d'eux, pourtant, semblait montrer plus d'obstination que les autres et, rien que pour lui, elle devait à nouveau sacrifier quelques dollars dans des paquets de croquettes et de la litière. « Rien que parce qu'on doit être les seuls cons sur Pacific Lane à nourrir les chats errants, je vous laisse vos croquettes bon marché et je continuerai à leur offrir de la pure gastronomie. Pour cette fois. » Ce soir-là, Ally était rentrée chez elle le cœur un peu plus léger. Elle commençait à s'ouvrir au monde extérieur, et c'était vraiment agréable. Elle ne reverrait plus jamais le beau tatoué, mais ces quelques mots échangés avaient fait sa journée, et elle réalisait tout doucement qu'elle prenait bel et bien ses marques à Huntington Beach.

HUNTINGTON BEACH, 2013.

« Ahhh, Jaggy, je crois que je pourrai pas aller au boulot demain... » agonisait la blonde, qui était clairement arrivée à un point de non retour. Allongée en travers de son lit, à moitié habillée, elle avait le bras écrasé au dessus de ses yeux, juste pour filtrer le plus de lumière possible -à savoir, celle qui pouvait venir des lampadaires extérieurs, seules sources de lumières au milieu de cette nuit de la saint Sylvestre. « Je suis en train de mourir, jle sais... Pourquoi tu m'as laissé boire cette bière, hein ? » insistait-elle avec toute cette mauvaise foi qui la caractérisait. « Jagger, jte laisse ma carte de fidélité aux sushis illimités en ville... » Elle commençait à avoir un peu froid, aussi. La mort n'était décidément plus très loin. « Jdevrais peut-être appeler le boulot pour les prévenir que je suis morte... enfin, que je vais mourir... non ? » Elle eut un bref hoquet qui la surprit assez pour qu'elle se redresse, l'espace de quelques secondes, mais il s'avérait finalement, pour son plus grand soulagement, qu'il s'agissait d'une fausse alerte. Elle se laissa lourdement retomber sur son lit. Elle se demandait encore comment elle avait réussi à enfiler ce qui lui servait de pyjama. « En plus comme ça il aura déjà un patient de prévu, ils pourront enfin s'organiser ces crétins... » pestait-elle à présent, lançant plus ou moins volontairement un bras fatigué sur Jagger, qui répondit par un faible geignement, indiquant au passage qu'elle était, de son côté, toujours vivante, mais plus consciente de grand chose -plus consciente du tout, en fait. « C'est ça laisse-moi parler toute seule, j'te dirai... enfin, si, j'te dis ! Laisse moi parler toute seule ! Enfin, me laisse pas pa-- » Lassée elle-même de ce monologue qui lui donnait envie de vomir, Ally se tut et se tourna pour se mettre sur le flanc, son dos faisant face à Jagger. Ouais ouais, elle la boudait. « Mets-moi des chaussettes, j'ai froid aux pieds. Surtout au droit, je crois » s'entendit-elle dire avant de s'évanouir dans les vapeurs d'un sommeil fiévreux. Le lendemain n'allait pas être des plus pimpants, et ça, Ally s'en rendit compte dès qu'elle ouvrit les yeux, répondant à la cacophonie des réveils qu'elle avait mis en place en prévision de tout ce bordel qu'impliquait la nuit de la nouvelle année. Fronçant les yeux pour faire face à la lumière du jour, qui, cette fois, était bel et bien éclatante, Ally se demandait sérieusement si elle serait en état d'aller au boulot. Mais elle n'avait pas vraiment le choix. Elle avait commencé son internat quelques mois auparavant, et rien ne pardonnait une journée d'absence auprès de son responsable, surtout pas une gueule de bois, aussi magistrale soit-elle. Sans être plus convaincue par l'idée qu'elle se faisait de son responsable si elle manquait cette journée, Ally finit tout de même par se résoudre à quitter son lit. Jagger était toujours allongée à côté d'elle, et Ally vérifia un instant qu'elle respirait bien... juste au cas-où quoi. Elle éteignit les réveils et se dirigea vers la salle de bain en pestant contre tout n'importe quoi -la lumière du salon, l'obscurité de la salle de bain, la moquette qui la grattait, le carrelage gelé, etc- et passa une bonne demi-heure à enchaîner les vieux remèdes de grand-mère contre la gueule de bois. Elle finit par laisser un mot à Jagger et quitta l'appartement en hurlant, surprise par la vivacité de la lumière extérieure. Pacific Lane était aussi mort que son appartement à cette heure-ci. Il était quatorze heures trente, et elle commençait son service à quinze heures. Elle avait tellement bu pour faire passer son mal de crâne que la première chose qu'elle fit en arrivant à la morgue fut de jeter ses affaires sur son bureau pour courir vers les toilettes. Elle n'était pourtant pas dans un état triomphant pour autant lorsqu'elle rejoignit l'accueil de la morgue pour y chercher les derniers dossiers entrants. Ce qui la rassura fut l'allure de la secrétaire qui les lui tendit. En un regard, elle s'étaient comprises et envoyé tout le soutien dont elles disposaient. « Y'a un flic... policier qui est à la morgue pour un de ces dossiers. Campbell vient de partir, c'est à toi de t'y coller... » marmonna mollement la secrétaire avant de reporter son attention sur son écran d'ordinateur et de fermer les yeux quelques instants... enfin... Ally avait beau attendre, elle ne rouvrait pas les yeux. « Laurie, ça va ? » demanda-t-elle pour s'assurer qu'elle n'aurait pas un dossier de plus à traiter. Un grognement désespéré lui répondit et, rassurée, Ally fit demi-tour pour retourner dans son service. L'avantage de la morgue un premier janvier, c'était que c'était tout le calme dont elle pouvait avoir besoin. Pas de patients attristés de ne pas pouvoir s'alcooliser -inconscients !-, pas de médecins ou d'infirmiers paniqués par la venue de nouveaux patients. Non, à cette période de l'année, la plupart des morts étaient retrouvés à la morgue des commissariats de Huntington Beach, pas ici. C'était son premier nouvel an passée en tant qu'interne dans ce service, mais elle ne put que se féliciter une nouvelle fois d'avoir choisi la médecine légale comme spécialité. En plus d'avoir ainsi réussi à fuir tout ce qui lui faisait peur en médecine, elle avait trouvé là un refuge parfait pour un premier de l'an. « Bonjour, vous pourriez aller chercher le médecin en service, s'il-vous-plait ? » l'accueillit-on dans la chambre froide. « C'est moi », lâcha-t-elle, agacée, tous ses dossiers plaqués contre sa poitrine. « Très drôle. » Elle le fusilla du regard et fit demi-tour pour aller dans son bureau et commencer à s'occuper de ses dossiers. « Vous avez l'air d'un détective hors norme dans ses aptitude à être... nul. J'ai mieux à faire que vous tourner autour. Si vous avez quelque chose à me demander, faites-le, sinon la sortie est à droite. » Une fois assise à son bureau, c'est sans surprise qu'elle vit le policier passer à son tour le pas de la porte. « On va dire que je vous crois. Je suis là pour voir vos conclusions sur le dossier Palmer. » Ally haussa un sourcil interrogateur. Elle avait mal au crâne, et rien que l'idée de fouiner dans la pile de dossiers qu'elle venait de récupérer lui donnait envie de vomir. « C'est une prostituée », se sentit-il obligé d'ajouter avec un petit sourire malicieux. « C'était. Ou alors vous êtes dans le mauvais service, monsieur... ? » Prenant une grande inspiration, elle se plongea dans la pile de dossiers posée sur son bureau. Evidemment, aucun ordre logique ne permettait de s'y retrouver trop vite ; la secrétaire, malgré sa gueule de bois évidente, était ainsi restée fidèle à elle-même. « Cohen. Benjamin Cohen. » Portant la main à sa tête, comme si ce simple geste allait le soulager de toute cette douleur qui la lançait, Ally fronçait les sourcils, toujours concentrée sur cette pile qu'elle éventrait peu à peu. « Je vais pas vous dire mon nom, je veux juste trouver ce putain de dossier... » se plaignait-elle à présent, espérant peut-être que ça l'aide à mettre la main dessus. « Heu... Ally Fleming... Votre nom est sur votre badge » Il fit un signe vers la poitrine de la jeune femme, qui eut un mouvement de recul, outrée par le geste du policier. Peut-être que le dossier qu'elle recherchait était celui d'une prostituée, mais elle était loin d'en être une ! « ... Sur votre blouse, là » se sentit-il donc obligé d'ajouter pour préciser son geste, s'esclaffant au passage. « Le premier de l'an est difficile pour tout le monde, croyez-moi. » Ally s'était remise à fouiller dans ses dossiers, avant d'en sortir un, triomphante. « Ça m'empêche pas de bien faire mon travail » se félicita-t-elle avec un grand sourire rayonnant. Se reprenant, elle ouvrit le dossier cartonné, et, en fronçant les sourcils, en vint à une conclusion qui fit disparaître toute cette satisfaction en un clin d’œil. « Elle est décédée il y a une heure, personne l'a autopsiée. » Abattue, elle se leva et tendit la main vers la porte pour diriger le policier vers la sortie. « Je m'en occupe et je vous rappelle dès que j'ai quelque chose à vous apprendre. » Seulement, lui ne bougeait pas, et il commença même à pouffer de rire. Elle leva son regard bleuté vers lui, désespérée. Sa couette lui manquait. Le silence et l'obscurité lui manquaient. « Vous avez pas mon numéro... » Les lèvres d'Ally se dessinèrent en un petit sourire. « Post-it, stylo », désigna-t-elle sur son bureau, « je vais quand même pas vous guider par la main pour tout... »

HUNTINGTON BEACH, 2014.

La vie d'Ally avait bien évolué depuis qu'elle était à Huntington Beach. Elle s'était installée ici sans trop de convictions, louant un petit appartement dans une résidence ouverte. Le fait que l'entrée de son appartement donne directement sur l'extérieur lui avait bien plu, et c'était sans doute un des arguments qui l'avaient poussé à prendre celui-là. Lorsqu'elle avait demandé le transfert de son dossier du MGH à l'hôpital Saint John, elle l'avait également fait sans trop y croire. Mais finalement, tout ici s'était déroulé comme jamais elle n'aurait osé l'espérer. La vie est plus douce, ici. Elle se le répétait sans cesse. La vie est plus douce, ici. Elle avait fini son externat avec brio, eut de belles notes qui la rendirent fière, et elle eut ensuite tout loisir de choisir parmi les différentes spécialités proposées pour son internat, et, a fortiori, le reste de sa carrière. C'est sans trop réfléchir qu'elle avait choisi l'option qui lui avait le plus plu, et celle qui l'avait menée aux tréfonds de Saint-John : la médecine légale. Ici, pas de morts. Ou plutôt, si : que des morts. Rien ne serait de sa faute. Elle ne pouvait plus se tromper, elle n'aurait plus à accepter la responsabilité d'accidents médicaux. Et en effet, au cours de cette année et demie d'internat, elle n'avait plus peur. Elle retrouvait la médecine comme elle l'aimait : avec passion. Chaque cas était une énigme, chaque cas demandait toute une réflexion. Chaque cas était une enquête qui la transformait, le temps de quelques heures, en un Sherlock Holmes glauque. Ally était la Sherlockette de Saint John. Et plus les mois passaient, plus ils la rapprochaient de ce jour qui ferait d'elle un médecin. Ce projet était la seule chose qui la liait encore à cette vie qu'elle avait laissée à Boston, et c'était cette seule constante qui lui avait permis de se reconstruire. Tout du moins, au début. Car, au fil des ans, certaines personnes avaient fait irruption dans sa vie, comme pour lui prouver qu'une erreur ne définissait pas la chance à laquelle la vie nous laisse avoir le droit.

Mais tout n'était pas aussi simple. On ne pouvait pas simplement se relever d'un tel drame juste en décidant de traverser le continent. Cette part d'elle la hantait quotidiennement, et même si le déni restait sa meilleure arme, elle ne pouvait rien oublier. Elle ne pouvait pas oublier que c'était Emma qui lui avait fait découvrir les sushis, elle ne pouvait pas oublier que son mariage aurait déjà eu lieu, elle ne pouvait pas oublier ses parents. Elle ne pouvait rien oublier. Pourtant, ce mécanisme d'auto-défense qu'elle s'était mis en place l'obligeait à tout laisser de côté tant que possible. Elle s'occupait. Avec le boulot, avec Jagger, et même avec Cohen, sur qui lancer des œufs s'avérait être une activité pleine d'avenir. Pourtant, les illusions ne duraient jamais, même celles que l'on pouvait se construire pour soi-même. Et c'est un soir, en ouvrant son courrier, qu'Ally se rendait compte. Elle avait reçu une lettre de quelqu'un qui se faisait appeler le corbeau. Il aurait pu l'accuser de bien des choses : ne pas trier ses déchets, saccager les trottoirs de la rue avec des œufs, troubler l'ordre du quartier en tirant des coups de feu maladroits... Mais non. Cet individu, quel qu'il soit, remontait plus loin que ça. Et il ravivait des douleurs qui, malgré tout ce qu'elle pouvait prétendre, restaient indélébiles. Et il avait choisi le meilleur moment pour ça : la semaine de sa soutenance de thèse.

« Je jure de remplir, avec mes meilleurs capacités et jugement, cet engagement... » avait-elle commencé, le cœur lourd. Elle ne ressentait même pas toute cette exaltation qu'elle aurait été prête à parier. Toutes ces années d'études et tous ces efforts... C'était comme s'ils ne comptaient pas face à cette nouvelle lettre. « Je me souviendrai qu'il y a de l'humanité en médecine comme en sciences, et que la chaleur, la sympathie et la compréhension peuvent surpasser la lame du chirurgien et le médicament du chimiste. » Elle était encore dans ses feuilles, cette lettre. Comment était-elle arrivée là ? Comment avait-elle pu atterrir là sans qu'elle s'en rende compte ? Ce n'était pas du bluff. Le corbeau savait tout de sa vie. En tout cas, il savait ce qui la définissait à présent en tant que personne, et c'était déjà trop. Il avait remis en question ses choix, prétendant tout connaître. Mais il n'avait pas vécu ça, lui, il n'avait rien vécu de ce qu'elle avait vécu, il ne savait pas. Alors, oui, ce serment sonnait un peu plus faiblement que ce qu'elle aurait aimé... « Je me souviendrai que je ne soigne pas des chiffres de températures ou une tumeur cancéreuse, mais un être humain malade et dont la maladie peut affecter la famille et la stabilité économique. Ma responsabilité inclut ces problèmes joints. » Ce texte était à présent sans aucune saveur. Elle était assaillie par les regrets et les remords; les doutes, aussi. Peut-être aurait-elle du redonner une chance aux urgences, à la chirurgie ou à la traumato... Entre Aaron et le Dr Grey, elle aurait peut-être trouvé du soutien à la hauteur de son désespoir. Mais non, la médecine légale, c'était ce qui lui plaisait. Ce n'était pas son rêve, ce n'était pas exaltant, mais ça lui plaisait. Il suffisait de voir : elle avait pu découper dans des cerveaux humains en toute liberté, et juste parce qu'elle avait eu l'idée un peu farfelue de chercher des marqueurs de démence neuronaux. Qui pouvait prétendre pouvoir lancer de tels projets dans d'autres domaines médicaux, hein ? « Que je profite de la vie et de l'art si je ne viole pas ce serment. Que je sois respecté de mon vivant et qu'on le souvienne de moi avec affection ensuite. Que j'agisse toujours de façon à préserver les traditions les plus précises de ma vocation, et que je me ressente longtemps la joie de guérir ceux qui viennent chercher mon aide. » Elle releva les yeux de son antisèche pour s'accrocher à ceux qui étaient venus à la soutenir : il y avait Jagger et Donovan, il y avait Hendrix, il y avait Cohen... mais elle se sentait incroyablement seule. Parce qu'aucun d'eux n'avait conscience de ce qui se passait à ce moment précis, et de ce qui s'était passé auparavant. Aucun ne la connaissait réellement. « Félicitations, miss Fleming. On peut maintenant vous appeler Dr Fleming », lança le directeur de son jury avant de l'applaudir, engageant le reste de la salle à en faire de même.

Quelques instants plus tard, tous sortaient profiter du buffet offert par la mairie pour l'occasion. Qu'est-ce qu'il ne fallait pas faire pour s'attirer les faveurs des votants ! « Ally, ça vaaaa ? » Elle avait entendu Jagger arriver comme une furie. « Y'a quelque chose de pas net ! » La blonde avait les yeux rivés sur un ensemble de ballons multicolores. Sur certains étaient inscrits la mention félicitations. Et un éclair d'espoir vint illuminer cet instant. Même si tout n'était pas rose, même si le passé la rattrapait toujours... elle l'aimait de toutes ses forces, sa nouvelle vie à Huntington Beach... Elle aimait sa meilleure amie, elle aimait Saint John et le quotidien qu'elle s'était crée ici. Elle aimait aussi cette bataille intérieure qui se tramait dès qu'elle croisait Cohen, et puis elle aimait le soleil et l'océan. Pourtant, il fallait qu'elle se rende à l'évidence... Il fallait qu'elle abandonne le déni et qu'elle apprenne à faire face à tout ce qu'elle avait évité de confronter pendant trop longtemps. Qu'aurait pensé Emma d'elle ? Que lui aurait-elle conseillé ? Aurait-elle été fière de ce parcours professionnel qu'elle avait eu, ou se serait-elle focalisé sur le reste ? Lui en aurait-elle voulu de ne pas avoir réussi à la sauver ? De ne pas avoir été à son enterrement ? Lui en aurait-elle voulu d'avoir tout abandonné ?

Que lui aurait-elle dit ?
« Mange donc des sushis, Nemesis. »

2/2


Derrière l'écran :

Coucou tout le monde, je débarque sur H.B alors que personne ne me connaît alors autant faire les choses bien non ?! Tout d'abord il faut savoir que dans le monde des forums mon pseudo est Lux Aeterna (ou Sushi pour les intimes), tandis que mon prénom est Diane. Je suis âgé(e) de 24 ans et je vis actuellement du côté de Nancy. Ce que je fais dans la vie ? ça ne vous regarde pas :p Passons aux choses sérieuses, j'ai connu ce forum sur skype, ma première impression en le voyant a été qu'il avait l'air chaleureux, accueillant, travaillé. Côté rp je vous préviens que mes fréquences de connexion seront de 4 à 7j/7 et que mon niveau rp est de généralement un minimum de 1000 mots. Concernant mon personnage j'ai choisi Emma Stone comme célébrité, pas mal non ? Si vous avez bien lu ma fiche vous savez d'avance que je choisis Enjoy Life comme groupe ! Au fait j'allais oublier le code du règlement Drive, mais on peut considérer qu'il est déjà validé, non ? =p. A bientôt sur le forum ♥



Dernière édition par Ally N. Fleming le Mer 11 Mar 2015 - 19:37, édité 9 fois
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MessageSujet: Re: There is only one thing we say to death : “not today”.   There is only one thing we say to death : “not today”. EmptyLun 9 Mar 2015 - 0:19

On a le droit de poster ici ou pas? Wesh wesh salamèche, je pose la question mais yo to the lo je poste si je veux d'abord There is only one thing we say to death : “not today”. 3492310208 There is only one thing we say to death : “not today”. 3492310208 Avec mon bébé Dono en plus parce que... Parce que Donovan c'est le plus mieux There is only one thing we say to death : “not today”. 1901007315 et parce qu'Ally l'aime. There is only one thing we say to death : “not today”. 1722391320 Ally NEMESIS Fleming... niarkniark Nemesis niarkniark There is only one thing we say to death : “not today”. 831357446 (ok, je sors There is only one thing we say to death : “not today”. 3584575255) En tout cas j'aime voir que tu nous donnes tout plein de lecture comme ça! There is only one thing we say to death : “not today”. 3581977478 There is only one thing we say to death : “not today”. 3200772859
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MessageSujet: Re: There is only one thing we say to death : “not today”.   There is only one thing we say to death : “not today”. EmptyLun 9 Mar 2015 - 0:22

sous Tyler je poste ici There is only one thing we say to death : “not today”. 4028286634 !

J'adore quand tu fais une fiche longue, jusqu'ici j'ai lu et je suis comme ça : There is only one thing we say to death : “not today”. 3468309744 ! Vivement la suite There is only one thing we say to death : “not today”. 3200772859 ! Et puis le gif pour la présentation IRL There is only one thing we say to death : “not today”. 3771473192 !
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MessageSujet: Re: There is only one thing we say to death : “not today”.   There is only one thing we say to death : “not today”. EmptyLun 9 Mar 2015 - 0:28

    Ouais, t'as le droit de poster, j'ose espérer que j'aurai pas besoin de trois messages There is only one thing we say to death : “not today”. 4244696355 Wesh tu postes et j'kiffe ! Par contre pousse pas mémé dans les orties, Donovan c'est Donovan, quoi, la meilleure en vrai on sait tous que c'est Ally !  There is only one thing we say to death : “not today”. 3771473192

    Donovan R. Halvey a écrit:
    Ally NEMESIS Fleming... niarkniark Nemesis niarkniark

    Chut. CHUUUUT. There is only one thing we say to death : “not today”. 2059841156

    En tout cas vous êtes trop choux ! La pauvre Ally méritait une meilleure fiche que l'ancienne, j'espère que ça le fera ! Heureuse que jusque là ça te plaise, Tyty. Et tu m'étonnes que le gif de la présentation perso te plaise There is only one thing we say to death : “not today”. 4244696355
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MessageSujet: Re: There is only one thing we say to death : “not today”.   There is only one thing we say to death : “not today”. EmptyLun 9 Mar 2015 - 0:55

Ally N. Fleming a écrit:
    Ouais, t'as le droit de poster, j'ose espérer que j'aurai pas besoin de trois messages There is only one thing we say to death : “not today”. 4244696355 Wesh tu postes et j'kiffe ! Par contre pousse pas mémé dans les orties, Donovan c'est Donovan, quoi, la meilleure en vrai on sait tous que c'est Ally !  There is only one thing we say to death : “not today”. 3771473192

    Donovan R. Halvey a écrit:
    Ally NEMESIS Fleming... niarkniark Nemesis niarkniark

    Chut. CHUUUUT. There is only one thing we say to death : “not today”. 2059841156

t'as pas intérêt à avoir besoin de 3 messages There is only one thing we say to death : “not today”. 411855516 et c'est toi qui ne pousses pas mémé dans un vieux singe d'abord, parce que Donovan peut être le meilleur dans la catégorie garçon, et Ally la meilleure chez les filles. C'est pas incompatible There is only one thing we say to death : “not today”. 2587401431 *câline Donovan en lui chuchotant que c'est lui le plus beau, le plus gentil, le plus mieux* Nemesis, ça me fait juste penser à notre rp quand Ally en a parlé et que Donovan a essayé de deviner ce que c'était son 2ème prénom There is only one thing we say to death : “not today”. 831357446
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MessageSujet: Re: There is only one thing we say to death : “not today”.   There is only one thing we say to death : “not today”. EmptyLun 9 Mar 2015 - 1:09

    Non, j'ai dépassé la moitié de mon histoire, normalement on est safe, sinon j'aurais réservé un post de plus There is only one thing we say to death : “not today”. 831357446
    Bah après, ouais, ton raisonnement n'est pas faux. C'est juste que si on réunit les deux sexes, Ally est la meilleure, voilà tout There is only one thing we say to death : “not today”. 411855516
    Ouiiiii, je pensais trop à ça quand j'ai insisté sur le côté Nemesis dans la fiche xDDD Peut-être qu'avec un verre de trop elle pourrait le révéler à Donovan, tiens There is only one thing we say to death : “not today”. 1370858031
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MessageSujet: Re: There is only one thing we say to death : “not today”.   There is only one thing we say to death : “not today”. EmptyLun 9 Mar 2015 - 1:42

Bon, parce que c'est ta fiche et parce que je t'aime bien, je vais pas insister. Je t'accorde le prix de la meilleure toutes catégories confondues There is only one thing we say to death : “not today”. 4028286634 Et puis ça va, t'as pensé à moi There is only one thing we say to death : “not today”. 3771473192 je suis sûre que Donovan se serait super bien entendu avec Emma pour emmerder Ally avec ça There is only one thing we say to death : “not today”. 831357446 Sinon, j'aime bien pourrir ta fiche avec mes bêtises There is only one thing we say to death : “not today”. 411855516 (surtout que bientôt ça se transformera peut-être en message "invité" et ta fiche toute belle, toute neuve sera... moins belle moins neuve, sorry There is only one thing we say to death : “not today”. 3584575255) tout ça pour dire que demain je m'attaque à la lecture complète. Du love et des sushis pour toi There is only one thing we say to death : “not today”. 2054474852
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MessageSujet: Re: There is only one thing we say to death : “not today”.   There is only one thing we say to death : “not today”. EmptyLun 9 Mar 2015 - 3:00

    Awwww, t'es gentille There is only one thing we say to death : “not today”. 4244696355
    En vrai, par contre, j'aime pas trop ta parenthèse, mais je pense que t'en doutais en l'écrivant There is only one thing we say to death : “not today”. 2879467062
    La fiche est pas encore terminée, donc si t'aimes pas être coupée dans ton élan je te conseille d'attendre encore un peu There is only one thing we say to death : “not today”. 831357446 Et j'aime bien qu'on pourrisse ma fiche, moi, pourrissez ma fiche les gens There is only one thing we say to death : “not today”. 2317965747
    Retour de sushis There is only one thing we say to death : “not today”. 2561557008
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Saskia Reynolds
Saskia Reynolds
super lama en quête de secrets


› MESSAGES : 1520
› EMMENAGEMENT LE : 22/11/2014
› AGE : 37
› STATUT CIVIL : En couple avec son Julian, mais reste fidèle à Petit Pois
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› PROFESSION/ETUDE : Journaliste pour HB Culture Magazine & babysitteuse
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MessageSujet: Re: There is only one thing we say to death : “not today”.   There is only one thing we say to death : “not today”. EmptyLun 9 Mar 2015 - 17:16

    HAHA MAIS COMMENT C'EST TROP UN BEBE FICHE /baaaam/
    Voilà, tu voulais qu'on pourrisse ton topic, je te le pourris.
    (en vrai, bon refaisage de fiche poupey ! Je lirai vite tout ça ! There is only one thing we say to death : “not today”. 199499237 )
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MessageSujet: Re: There is only one thing we say to death : “not today”.   There is only one thing we say to death : “not today”. EmptyLun 9 Mar 2015 - 18:18

    Elle est toujours moins bébé que la version d'avant, moi ça me va There is only one thing we say to death : “not today”. 2982522762
    J'aime qu'on pourrisse ma fiche! There is only one thing we say to death : “not today”. 2598960201

    There is only one thing we say to death : “not today”. 2561557008 There is only one thing we say to death : “not today”. 2561557008 There is only one thing we say to death : “not today”. 2561557008 There is only one thing we say to death : “not today”. 2561557008 There is only one thing we say to death : “not today”. 2561557008
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MessageSujet: Re: There is only one thing we say to death : “not today”.   There is only one thing we say to death : “not today”. EmptyLun 9 Mar 2015 - 18:28

* pourri la fiche d'Ally encore une fois *

Je dois pas lire, je dois pas lire je dois pas lire There is only one thing we say to death : “not today”. 831357446 ! Sinon je vais être frustrée après There is only one thing we say to death : “not today”. 831357446

et pour répondre pour le gif, j'ai hâte que ce film sorte There is only one thing we say to death : “not today”. 3200772859
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MessageSujet: Re: There is only one thing we say to death : “not today”.   There is only one thing we say to death : “not today”. EmptyLun 9 Mar 2015 - 19:36


    Tyler R. Daniels a écrit:
    jusqu'ici j'ai lu et je suis comme ça : There is only one thing we say to death : “not today”. 3468309744 ! Vivement la suite There is only one thing we say to death : “not today”. 3200772859 !

    Je comprends plus, je croyais que t'avais lu There is only one thing we say to death : “not today”. 831357446

    Moi aussiiiii j'ai hâte qu'il sorte ! Depuis le temps en plus There is only one thing we say to death : “not today”. 2587401431
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MessageSujet: Re: There is only one thing we say to death : “not today”.   There is only one thing we say to death : “not today”. EmptyLun 9 Mar 2015 - 19:40

ben en fait, j'ai lu le premier post, j'avais pas lu le deuxième poste There is only one thing we say to death : “not today”. 831357446

Oui, There is only one thing we say to death : “not today”. 2587401431 ! Combien de temps 2 ans ? There is only one thing we say to death : “not today”. 2659374128
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MessageSujet: Re: There is only one thing we say to death : “not today”.   There is only one thing we say to death : “not today”. EmptyMer 11 Mar 2015 - 19:38

    Oui deux ans je pense, par là !  There is only one thing we say to death : “not today”. 1993329244
    Fiche terminée, je pense There is only one thing we say to death : “not today”. 2659374128 Sacrée Ally ! There is only one thing we say to death : “not today”. 2561557008
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MessageSujet: Re: There is only one thing we say to death : “not today”.   There is only one thing we say to death : “not today”. EmptyJeu 12 Mar 2015 - 1:29

awww There is only one thing we say to death : “not today”. 3827031138 cette histoire There is only one thing we say to death : “not today”. 3827031138
J'ai tout lu d'une traite et c'était trop bien There is only one thing we say to death : “not today”. 2638419894 There is only one thing we say to death : “not today”. 2054474852

j'en profite aussi pour rappeler que c'est moi qui ai trouvé le secret d'Ally There is only one thing we say to death : “not today”. 3492310208
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MessageSujet: Re: There is only one thing we say to death : “not today”.   There is only one thing we say to death : “not today”. EmptyJeu 12 Mar 2015 - 1:49

    Awwwww trop chou There is only one thing we say to death : “not today”. 2638419894 Je suis heureuse que l'histoire t'ait plu There is only one thing we say to death : “not today”. 2982522762
    Et oui, je saiiis, t'as géré ! Je m'en veux toujours un peu de t'avoir poussée à proposer toutes tes idées d'ailleurs There is only one thing we say to death : “not today”. 831357446 Mais ça m'a permis de tout refaire proprement d'un côté =D
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MessageSujet: Re: There is only one thing we say to death : “not today”.   There is only one thing we say to death : “not today”. EmptyJeu 12 Mar 2015 - 13:15


    OMG ta fiche There is only one thing we say to death : “not today”. 3446682104 There is only one thing we say to death : “not today”. 3827031138 There is only one thing we say to death : “not today”. 3546458213
    C'est pas une bébé fiche du tout, elle est trop trop trop bien, et respect parce que tu l'as fait en tellement peu de temps que je t'admire un truc de bien là !! (pas comme moi et ma fiche d'Elijah genre There is only one thing we say to death : “not today”. 3584575255) Bref. Fallait que je le dise. Ally est un de mes personnages préférés du forum quoi, et c'est pas juste parce que c'est toi (bon, si, un peu quand même There is only one thing we say to death : “not today”. 2176152401 ), mais voilà, j'ai trop kiffé moi aussi There is only one thing we say to death : “not today”. 3581977478 Et je veux encore plus de topics avec now, c'est un ordre There is only one thing we say to death : “not today”. 3200772859

    There is only one thing we say to death : “not today”. 2561557008 There is only one thing we say to death : “not today”. 2638419894
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MessageSujet: Re: There is only one thing we say to death : “not today”.   There is only one thing we say to death : “not today”. EmptyJeu 12 Mar 2015 - 17:04

    AWWWWWWWWWW ton message m'a trop touchée, j'ai eu la larmichette à l’œil (tu me connais). Je m'attendais pas à ce que tu aies le temps de la lire, en plus, alors un message comme ça  There is only one thing we say to death : “not today”. 3446682104 Merci ma CSB d'amour <3 (en vrai là je contiens l'hystérie qu'a provoqué ton message). Et je t'offre Ally pour tous les sujets que tu veux, ça va de soi !
    Les interventions d'Aaron et Nono te conviennent ? (ce message vaut d'ailleurs pour tous ceux qui sont inclus dans cette fiche There is only one thing we say to death : “not today”. 831357446)
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MessageSujet: Re: There is only one thing we say to death : “not today”.   There is only one thing we say to death : “not today”. EmptyJeu 12 Mar 2015 - 17:59

si je n'en ai pas fais la remarque, c'est que ça me va There is only one thing we say to death : “not today”. 1070104314 ! Tu es libre de faire ça de toute façon avec Cooper There is only one thing we say to death : “not today”. 2668720545 ! Dire que j'ai été honorée d'être dans ta fiche There is only one thing we say to death : “not today”. 2668720545 !
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MessageSujet: Re: There is only one thing we say to death : “not today”.   There is only one thing we say to death : “not today”. EmptyVen 13 Mar 2015 - 12:30


    Moooooooh There is only one thing we say to death : “not today”. 2054474852
    & Tout me convient, de toute façon si c'est toi qui les joue ce sera jamais un problème, tu les connais si bien mes bébés que c'est même un honneur que tu les incarnes *-*
    There is only one thing we say to death : “not today”. 3184177323
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MessageSujet: Re: There is only one thing we say to death : “not today”.   There is only one thing we say to death : “not today”. EmptyMar 17 Mar 2015 - 16:12

Bienvenue parmi nous There is only one thing we say to death : “not today”. 4065497031
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