« _ Sergei ? Dis moi franchement ? T’veux le retrouver ? » « _ Oui et j’vais essayer de lui faire comprendre ce que c’est de toucher à ma fille et de partir comme ça. » la personne qui m’aidait à faire les recherches lève les mains. Il comprend que je veux absolument le retrouver. « _ Les descriptions sont vagues. On ne sait pas grand chose de lui et.. J’veux dire par là, le pays est très grand et y a plein d’Aleksey. » Je tape sur la table du poing m’énervant tout de suite. Oubliant le bandage que j’ai à la main, blessure que je me suis infligé en cassant le verre quand j’ai appris la nouvelle de Vladlena. « _ T’penses que ça m’amuse de ne pas avoir autant d’informations sur lui ?! » hurle-je. Pat sursaute et reste tendu comme un linge, comme depuis tout le début. « _ Je vais… Essayer de faire ce que je peux pour le retrouver… » « _ T’as intérêt. »
Il est parti, il a fait des recherches et il n’a pas été le seul. J’ai demandé à d’autres personnes et tous sont rentrés bredouilles. Rien de rien. Ah si c’était une fausse identité… Il va voir ce con quand je le retrouverais. Mais j’ai beau chercher cet Aleksey, je ne le trouvais pas. Je ne l’ai pas trouvé et j’ai fini par abandonner, il a bien de la chance… « _ Tu es sûre que tu n’oublies pas un détail ? Un détail peut tout changer Vladlena. » « _ Je t’ai tout dis père. » fait-elle calmement, assise sur un siège, le livre à ses mains. Je soupire et détourne le regard, tenant le verre d’alcool à la main. « _ Voilà ce qui arrive aux jeunes filles naïves. Un enfant sans père. » « _ Mais tu es là. » Je laisse échapper un petit rictus, me retenant de faire un rire ironique. « _ Je ne passe pas ma vie dans cette maison et je ne remplacerais pas le rôle de père qu’aurait dû assumer cet Aleksey qui est sûrement pas au courant qu’il est sur le point de devenir un père..» « _ Je te jure que je t’ai tout dis. » « _ Eh bien ce n’est pas suffisant pour le retrouver. » silence. Je reprends la parole. « _ Toute compte fait, il ne saura jamais par ton imprudence. Un coup d’une nuit, ça ne doit pas finir comme ça. » fais-je en montrant du menton son ventre. L’atmosphère dans cette pièce est très différente, je ne l’avais jamais connue.
J’ai toujours été en colère après elle. Elle n’a jamais dis plus qu’elle m’en a dit pour la première fois. Je ne l’ai jamais retrouvé et avec le temps, j’ai laissé tomber. J’avais eu autre chose à faire et cet Aleksey aurait sûrement fondé une autre famille. Il serait ailleurs…

[ FIN DE FLASHBACK]

Tout se passe pour le mieux. Jusqu’ici je n’ai pas rencontré de problèmes. Personne ne se doute de ce qui s’est vraiment passé. Personne ne s’est questionné du coup de poing que j’ai reçu de l’autre soir après que je leur ai dis qu’il s’agissait d’un ivrogne et que je m’en suis personnellement occupé. Je préfère dire plus ou moins la vérité à mes amis du casino que de leur mentir totalement. Ça ne me le ferait pas vraiment de leur dire que je me suis cogné ou tombé des escaliers, quelque chose dans ce vague style. Je ne pourrais pas leur expliquer du pourquoi je possède des légères traces sur mon poing. Ça voit comme l’eau claire de roche que je me suis battu avec une personne un soir. Au départ, Edward avait eu peur car il avait cru qu’il s’agissait de la personne que je m’étais retrouvé le soir au Wildjam. Je l’ai rassuré que cet incident était survenu juste après le départ du client. Qu’il n’a pas à s’inquiéter. Je ne peux pas vraiment dire que c’est la vérité que je leur raconte. Je n’ai jamais dis à qui ce que ce soit que cet ivrogne en question est mon petit-fils que j’ai abandonné. Apparemment, personne ne nous avait vu à la plage, personne ne nous avait entendu parler notre langue maternelle: le Russe. Je n’ai pas cherché à préciser l’identité de Luka, j’ai juste menti sur ce qu’il n’est pas.
Après la confrontation avec mon petit-fils qui croit toujours dur comme du fer que je suis pour quelque chose dans la mort de sa mère. Que j’ai juste essayé de fuir, comme ça. Sans me retourner. Sans penser à ce qui était une famille pour moi. Il ne croit pas à la vérité et préfère le mensonge. Il vit dans le mensonge: il se ment à lui-même. Après, c’est de ma faute. Dans mes souvenirs, je n’ai jamais montré mon bon côté. J’ai toujours joué le rôle du père déçu. Oui. Vladlena ne m’a jamais déçu jusqu’à ce qu’elle couche avec un homme. Qu’elle soit enceinte de lui et qu’elle ne peut pas se résoudre à avorter. Que cet homme n’est jamais revenu et que j’ai bien tenté de remuer terre et ciel en Russie pour le retrouver. Je ne l’ai jamais mais jamais retrouvé et ça m’a mis dans tout les états. Ce sont certains de mes hommes de l’époque et ma fille qui en ont payés les frais.
Jusqu’au soir, où je retrouve Luka. Ce dernier m’a dit que son père vit ici. Dans cette ville. Huntington Beach. Déjà que je ne supporte pas le nom et cette prononciation. Je n’ai pas le choix de m’y faire… Mais. J’y ai vécu quelques petites années, dans la même ville que le père de Luka. Je n’en reviens pas. Cet homme que j’ai recherché dans le passé, se trouve dans la même ville que moi. C’est durant une longue réflexion, j’ai décidé de reprendre les recherches. Après tout, il n’y a pas beaucoup d’Aleksey dans cette ville - je crois qu’il y en a qu’un. J’ai les moyens de le retrouver. On va pas dire que je suis en manque de moyens non ? J’ai demandé à des amis autour de moi et l’un d’eux a trouvé la trace d’un certain Aleksey. Un gérant du Diamond’s. Je l’avais oublié. Je sais qu’il a pour nom de famille St-James, mais je n’ai pas pensé qu’il s’appelle Aleksey. Je soupire à cette pensée. Je suis déjà allé au Diamond’s et je le connais de vue. Ça ne va pas plus loin.
C’est pour parler avec lui, éviter de le saluer avec un coup de poing de la part du jeune que j’ai été à cette époque - Grand père à peine entré dans la trentaine, je ne m’y suis jamais fais. Parler à propos de Luka et de Vladlena. Je lui dois des explications. J’imagine que mon petit-fils a dû lui dire des choses me concernant. Pas en bien. Je n’ai pas eu de mal à retrouver sa maison (et celui de Luka sûrement) que je me retrouve déjà devant la porte. Je viens tout juste d’arriver devant la porte et m’apprête à appuyer sur la sonnerie. Normalement, il devrait être là. Que c’est mieux que Luka ne soit pas là d’ailleurs. J’appuie sur la sonnerie et j’attends.
Beaucoup de souvenirs se bousculent. Des souvenirs qui font mal maintenant. Oui. Auparavant, ça ne me faisait pas sourciller et je n’en avais cure. Mais le temps est passé, il s’est déroulé des choses et j’ai fini par changer. Qui l’eut cru ? Je ne pensais pas changer comme ça. Je n’ai pas trop le choix non plus et je ne pense pas que le Sergei puisse ressurgir à l’apparition d’Aleksey au seuil de la porte. On verra bien. J’entends quelqu’un derrière la porte, l’ouvrir et… Nous voilà face à face pour la première fois. Je laisse le silence, je n’ai pas besoin de lui dire et j’ai l’impression qu’il le sait. Sérieusement, je lui dis. « _ Nous avons à parler. »
Oh que oui…

"We have to talk."
sergei & aleksey

Un verre à la main, Aleksey réfléchissait à l'arrière de sa limousine alors que celle fonçait à travers la ville. Il n'y avait pas de temps à perdre et il le savait. Laissant glisser une dernière gorgée, il reposa nerveusement son verre sur le rebord, écoutant alors son bras-droit. Le jeune homme, assis en face de lui, lui racontait la fin de la dernière mission lancée par l'état, visant à mettre en avant l'efficacité des nouvelles recrues. La plupart des agents avaient été choisis par Aleksey, voilà pourquoi le gérant du Diamond's voulait à tout prix être au courant des dernières avancées. Il voulait savoir ce qui avait fonctionné, ce qui n'avait pas fonctionné. Le bras-droit d'Aleksey lui faisait un résumé rapide des rapports donnés par les supérieurs des jeunes recrues. A certain moments, le russe fronçait des sourcils comme si quelque chose ne lui plaisait pas. Après un certain moment alors que la voiture vira furieusement vers le quartier où vivait Aleksey, celui-ci leva légèrement la main. C'était sa façon de dire 'pause' et de marquer un temps d'arrêt à tout ce que son ami lui disait. Quelque chose ne lui plaisait pas. Relevant légèrement la tête, il posa son regard sur son second qui ne disait plus un mot. « - Ça va être très simple. On vire Stevenson. Tu lui dis de passer par mon bureau demain matin, à la première heure. Je veux qu'on récupère tout ce qui est à lui et qu'on me le foute dans une boite. On va ramener ce petit con chez lui. » Décevant, terriblement décevant. La limousine s'arrêta, devant chez Aleksey. « - N'oublie pas ce que j'ai dit. Et repasse plus tard à l'heure habituelle. » « - Bien monsieur. » Il réajusta le col de sa chemise, sortant sans le moindre problème de sa limousine. Un léger coup d'oeil à la maison voisine et le voilà qu'il se dirigeait vers sa maison. Il n'avait pas vu Mischa depuis longtemps maintenant et quelque part il ne pouvait s'empêcher de s'inquiéter pour elle. Alors qu'il ouvrit la porte de chez lui, il lança un bref « Luka ? » avant de se rendre compte que le garçon n'était pas là.

Depuis que son fils vivait ici, Aleksey se demandait si tout se passait correctement. Il avait une vie extrêmement prise, Emma en avait fait les frais. Il savait qu'il n'était pas toujours présent, qu'il était toujours ailleurs et que cela pouvait déranger. Il voulait passer du temps avec Luka, vraiment, mais il avait 23 ans par 3. C'était un grand garçon et Aleksey voulait qu'il prenne ses marques. En attendant, le F.B.I commençait sérieusement à lui casser les couilles. Il aimait son travail, mais plus le temps passait, plus il avait l'impression que les nouveaux étaient tous plus stupides les uns que les autres. Pourtant, il choisissait avec beaucoup de précaution, Aleksey. Il prenait beaucoup de temps à observer et regarder au peigne fin les dossiers de chaque potentiel postulent. Mais il n'y avait rien à y faire, certains étaient simplement pas fait pour ce genre de choses. Il retira sa veste qu'il posa sur le bord du canapé avant d'aller ouvrir son frigo et de sortir une salade en boite qu'il avait préparé la veille dans la nuit - aux alentours de 4h du matin. Aleksey ne dormais pas. Il faisait partie de ces rares personnes qui vivaient la nuit comme le jour. Son lit ne lui servait clairement à rien et il en avait conscience. Il sortit ensuite une fourchette et, adossait à la table de la cuisine, il regarda à l'extérieur vers son jardin. Sa piscine avait clairement besoin d'être nettoyé. Il reçut un sms quelques minutes après, concernant une mission qui le touchait personnellement.

Alors qu'il répondait, quelque chose l'interpella. Quelqu'un sonnait à la porte. De nature paranoïaque depuis sa dernière mission et celle en cours, Aleksey posa tout de suite sa boite pour sortir d'une cachette une arme. Sans faire un bruit il se dirigea vers l'entrée regardant ensuite d'un peu plus loin qui était là. Normalement, personne ne savait qu'il était là. A part Mischa ou Emma, il voyait mal d'autres personne venir sonner - et Luka avait des clefs. Il connaissait parfaitement ces voisins pour savoir qu'aucun d'eux irait jusqu'à venir sonner à sa porte. Son intuition lui disait de faire attention. En voyant qui était là, Aleksey rangea tout de suite son arme au bas de son dos. Il savait parfaitement qui était là. C''était l'homme qui avait abandonné sa famille pour du fric. L'homme qui avait failli à protéger la mère de Luka et Luka lui-même. Ce n'était pas difficile pour Aleksey de trouver tout ce qu'il y a à savoir sur Sergei. Pas difficile du tout. Mais un traitre reste un traitre, faisant partie de la famille ou non. La tête haute, le regard dur, Aleksey ouvrit simplement la porte sans un mot. Et comme pour le défier, Aleksey lui fit place pour le laisser entrer tout en ajoutant dans son russe natale :

« - J'ai hâte d'entendre votre histoire, Lolkov. »

Retour à nos origines encore une fois. Dans un temps normal je serais content mais je ne le suis pas. Cela ne veut pas dire que je ne suis pas content. Non, c’est la situation qui ne le permet pas: elle est différente. On sait tous que j’aime beaucoup parler le Russe, plus que l’Anglais, que ça me dérange de ne pas pouvoir parler ma langue natale comme je le voudrais, avec une personne. C’est important pour moi d’avoir un bon contact avec une personne qui a vécu dans l’Est, de préférence… Une bonne relation. Pour l’instant, ce n’est pas bien parti avec Luka et ça l’est encore moins avec Aleksey qui pense avoir la bonne version de l’histoire. Je sais qu’au fond de moi, il va pas me croire. Qu’il va réagir comme Luka, je m’y attends. Alors pourquoi ne pas s’éviter la peine de venir chez lui, à être devant sa porte ? Parce que si on ne tente rien, on n’a rien. Si jamais il est plus malin que Luka - j’ose espérer - peut-être aura-t-il le courage de vérifier au lieu de rester sur le fait que je suis un traitre. Un lâche qui a abandonné Luka et Vladlena aux mains des mafieux. J’aurais beau vouloir dire que ce n’était pas intentionnel, que les choses ne s’étaient pas passées comme prévu, que j’ai été cette fois-ci victime de la malchance. Ou plutôt, c’était une punition pour tous les crimes que j’ai commis. Ce ne serait pas étonnant… Je le méritais et je devais payer pour ça. Voilà où la vengeance m’a mené: subir la vie. Je m’y connais beaucoup dans la mort, peu à la vie. Je n’arrive pas à prendre plaisir quand je me rends compte ce que j’ai fais dans le passé. De me devoir cacher sous une autre identité, de prétendre d’être ce que je ne suis pas. De cacher ma vraie nature. Personne ne sait, personne n’est au courant…
C’est tout naturellement pourquoi je suis là, devant sa porte et j’ai fait le premier pas. Vais-je le regretter ? Je ne sais pas, peut-être. Je regrette beaucoup de choses, je ne sais plus le nombre tellement j’en ai pleins, des regrets. Je suis venu pour lui dire qui je suis, lui raconter toute mon histoire. Qu’il en prenne connaissance, peut-être sera-t-il plus raisonnable que Luka - et moins violent. Bien que ça ne semble pas si bien parti, je n’en fais pas la remarque. Je sais que ça, voir cette expression au visage d’Aleksey ne fait que de m’ennuyer. Dire qu’il fut un temps où je voulais le retrouver et lui faire la peau, pour lui faire comprendre ce que c’était de toucher à ma fille et partir sans jamais revenir. Il me laisse entrer, il me parle en Russe et ça m’a perturbé un instant. Cela se voit dans ma démarche quand je suis entré chez lui, j’ai froncé les sourcils et me suis retourné, intrigué. « _ Hm. Je suis surpris que vous connaissez mon vrai nom. » fais-je dans mon Russe, la reprise de cette langue. Je devrais en profiter parce que je sais que je n’aurais plus cette occasion. Que je devrais remettre mon masque encore une fois. Sérieusement, je suis assez fatigué de ce jeu. Bien qu’au tout début, ça me paraissait amusant de devoir me faire passer pour un espion… Je le pointe du doigt assez discrètement, quelques secondes pour ajouter un petit commentaire entre temps. « _ Au fait, merci de m’appeler par Lolkov. Vous n’imaginez pas ce que c’est d’avoir plusieurs identités et d’être condamné à ne jamais utiliser la vraie. » bien que je sais au fond, du moins… Je crois savoir, que pour Aleksey, je ne suis pas digne de porter le nom Novikov. Il aura bien raison. Je ne suis pas digne de ce nom de famille. Je me suis arrêté à l’entrée et je le détaille. C’est en continuant de le détailler que je reprends la parole. « _ Mais je suis surpris quand même, non pas parce que je pensais que vous me connaitriez sous cet Hemingway… » avec un geste à la main pour la fin de la phrase, montrant que je ne suis pas amusé par cette fausse identité, en appuyant sur ce nom… « _ Parce que voyez-vous, je ne l’ai jamais divulgué à Vladlena, bien qu’elle savait que Novikov n’était pas mon vrai nom de famille. Luka, ce n’est pas la peine d’en parler. Il n’est pas au courant. » fais-je en essayant de passer à autre chose, ne pas parler de lui. Je me rends compte, que ces deux personnes qui avaient vécu sous le même toit que moi ne m’ont jamais réellement connu. C’est très étrange de parler le Russe. Très étrange, mais ça faisait du bien. Je n’ai jamais divulgué à qui ce que ce soit en Russie, mon vrai nom de famille. Ilya le connaît mais il est mort et il ne l’a jamais dit à Nastasha. C’est plus par sécurité que personne ne connaît ma vraie identité: Sergei Lolkov. Fils de Leonid, l’homme qui a trahi Roman. Ce dernier qui s’est juré d’exterminer tout les gens portant le nom Lolkov, jusqu’au dernier. En particulier ceux qui avaient un lien avec mon père… Je montre mon incompréhension des plus totale, je secoue la tête comme si c’était vraiment improbable. « _ Seul mes amis qui étaient à Vienne le connaissaient… » Ce qui restait de la famille Novikov, aujourd’hui décédée. Luka est le seul membre qui reste. Je n’ai pas songé à l’autre possibilité, cette autre possibilité que… Je ne pense pas évidente, que je refuse d’y croire. Mais, ça m’intrigue de voir qu’il connait mon vrai nom de famille.

"We have to talk."
sergei & aleksey

Aleksey n'aimait pas cette situation. Il espérait ne jamais devoir se retrouver en face du grand-père de Luka, mais désormais il était là. Il n'y avait pas de possibilité de fuite, pas d'issus de secours. Il devait prendre sur lui et affronter la chose. De toute façon Aleksey n'était pas quelqu'un de lâche. Quand un problème venait à lui, il le confrontait. Il n'aimait guère un fan de Sergei. Il voyait en cet homme un ennemi. Un risque pour lui, pour son fils. Un véritable danger ambulant en soit. Il ne pouvait cependant pas négliger l'homme en question. S'il osait faire quoi que ce soit, Aleksey le neutraliserais sans problème. Mais le danger n'était pas physique, il le savait. Sergei ne faisait pas le poids de toute façon. Ayant pleinement confiance en son fils, Aleksey n'était pas pour autant idiot. Il savait que les circonstances peuvent être trompeuse parfois, mais il préférait aussi garder en tête la version de son fils. Il était hors de question de faire confiance à un vulgaire inconnu qui n'avait pas réussi à sauver sa propre fille. Ouvrant la porte, Aleksey décida qu'il laisserait Sergei entrer. De toute façon, il ne risquait rien. L'homme allait simplement découvrir que le père de son petit-fils était un homme aisé, avec assez d'argent pour subvenir au besoin du jeune Luka. Et Luka méritait chaques centimes qu'Aleksey gagnait. Ce gosses avait le droit d'acquérir tout et qu'il n'avait pas pu jusqu'ici. Il avait le droit de réaliser ses rêves et de vivre, tout simplement.

Il y a quelques années, l'homme devant Aleksey lui aurait fait peur. Il y avait quelques choses dans le regard d Sergei qui rappelait à l'agent du FBI sa mère. Et le monde entier sait que sa mère était le diable incarné. Aleksey ne s'était jamais remis de la souffrance qu'elle avait causée. C'était peut-être pour ça qu'il était si en colère. Car en plus de savoir que l'homme à ses côtés était un traite, un lâche, il savait aussi que c'était loin d'être un ange. La noirceur qui entourait Sergei était aussi lumineux que le soleil dehors.

« - Je sais des tas de choses. » Il le défi, presque, du regard. Inutile de papoter comme des femmes lors d'une petite soirée cocktail. Aleksey avait fait ses recherches. Il savait parfaitement pourquoi Sergei était dans cette situation et surtout comment il avait fini dans cette situation. Il se fichait pas mal du reste. Il n'avait pas envie de rester discret pour une fois. « - Mais ça n'a pas d'importance. »

Oh il n'allait rien dire, rien avouer. Sergei pouvait chercher, réfléchir à voix haute, jamais Aleksey n'allait lui dire qui il était, ce qu'il faisait. Qu'il essaye de deviner, mais Aleksey savait que Sergei n'était pas là pour ça. Fermant la porte, Aleksey prit les devants pour aller vers le salon et se servir un verre de whisky. Tout ça lui donnait simplement envie de boire. Il ne voulait pas penser au passé et la mort de la mère de Luka pesait encore sur sa conscience. Il comprenait tellement son fils et son idée que si Aleksey avait su, peut-être qu'il aurait pu changer les choses.

« - Pourquoi vous êtes là ? » Il marqua une brève pause, laissant l'alcool prendre le contrôle de ses pensées. « - J'imagine que vous voulez me donner votre version des faits, histoire de vous déculpabiliser un peu. » Aleksey ria légèrement, posant son regard sur l'homme en face de lui. Il avait presque pitié de Sergei. « - Si ça ne tenait qu'à moi, vous seriez déjà mort. Mais qui-suis-je pour décider de ça ? N'est-ce pas ? » La voix d'Aleksey était grave, très dur. Il ne supportait pas l'idée qu'il soit en vie et pas la mère de Luka. Il ne supportait pas l'idée que cet homme vivent encore sans se soucier de sa propre famille, de son propre sang. C'était écoeurant. Un mec comme ça ne méritait certainement pas de vivre. Même si Aleksey savait qu'il avait tous les droits de lui tirer une balle, il savait aussi qu'il n'était pas ce genre d'homme. Il n'était pas stupide et il ne supportait pas se laisser guider par une chose aussi puéril que la colère et la haine. Non, Aleksey était du genre à être plus malin, plus patient. A être certain de faire la bonne chose, au bon moment. Pour l'instant, il jouait. Il jonglait avec Sergei en espérant que cela le fasse parler.

Je fronce les sourcils quand il me dit qu’il sait des tas de choses et que cela n’a pas d’importance. Je comprends que j’aurai beau essayer de lui faire cracher un morceau, il ne dira rien. Je ne réponds pas à ce qu’il vient de me dire, je le dévisage un moment avant de suivre Aleksey les mains dans les poches. Il sait un tas de choses sur moi, ça m’étonnerait. Mais il connait mon vrai nom de famille, le vrai de vrai. Pas Novikov, Lolkov. Je hausse les sourcils quand je vois son dos, une forme qui ressemble à une arme, bien dissimulée par ses vêtements. Je sens tout d’un coup la tension monter en moi à la vue de cette forme. Qui est cet Aleksey ? Un membre d’un gang Russe chargé de m’éliminer ? Non, il m’aurait abattu depuis longtemps, sauf si son rôle de père veut connaître mon histoire avant de le faire.
Je regarde autour de moi, comme un visiteur le ferait, le salon. J’analyse l’espace et soupire, bon. Me voilà dans une situation délicate.
Je suis avec un homme armé, qui est aussi le père de Luka. L’homme qui s’est évaporé dans la nature après avoir mis ma fille enceinte, il y a quelques années. J’ignore ce qu’il fait vraiment, mais s’il est dans la mafia ou quelque chose de ce style, ça me surprendrait que Luka aie accepté de vivre chez lui. Puisqu’il est traumatisé à un tel point qu’il ne veut pas recommencer l’expérience.
Aleksey s’est servi d’un verre de Whisky, il parlait brièvement, il est direct et moi je prends un léger air ennuyé. Je redresse un peu mes lunettes et regarde le père de Luka qui est devant moi. Quand il avoue qu’il m’aurait déjà tué depuis longtemps, mon regard s’est dirigé sur son dos en l’espace de quelques secondes. Je montre ainsi du regard que je sais qu’il a une arme et ça, sans vraiment le faire exprès. Réflexe de merde. « Luka pense tout savoir, mais il ne me connaît pas. Si j’ai fais toutes ces horreurs, c’est pour eux. » Surtout pour moi, tant que Roman était encore vivant je n’étais pas du tout en sécurité, ni Vladena, ni Luka. Tant que j’étais encore dans la Famille, aucun de mes membres de famille n’était en sécurité. Ma fille avait eu un fils d’un homme qui n’est jamais revenu et qui se retrouve en face de moi. Je le pointe du doigt. « Mais vous. J’ignore comment Luka vous a retrouvé mais je m’en fiche. Ce qui m’intéresse, c’est comment vous avez réussi à disparaitre à l’époque où vous aviez rencontré Vladena. » Sous-entendu que je l’ai cherché pendant longtemps, j’ai dû retourner presque toute la Russie pour le retrouver mais ça n’a pas vraiment marché. Une perte de temps et d’argent. Je n’ai pas vraiment apprécié Aleksey pour ça, pour ce qu’il a fait: abandonner Vladena, même s’il n’était pas au courant. Il a préféré fuir pour ne plus jamais revenir. Il fut un temps où j’avais qu’une idée en tête, c’était de lui faire une correction.
Je soupire et me met à marcher dans la pièce, je tourne le dos à Aleksey. Je suis tout à fait conscient qu’il est armé mais quelque part je sais qu’il ne profitera pas de cette occasion. « Je n’aime pas vraiment l’idée que Luka soit dans le même toit qu’une personne armée. » Je regarde par la fenêtre le paysage qu’offre la vue. Je me retourne à demi vers Alek, je hausse les épaules comme si ça me parait évident. « Je ne suis pas bien placé pour le dire. Mais je le suis assez pour vous dire que ça n’apportera que des emmerdes quelque soit le métier que vous faites. » Une pause, je le regarde et cherche à savoir qui il est. Aleksey est à Huntington Beach plus longtemps que moi. Donc, aucune chance que ça soit un membre du gang actuel, mais il peut avoir appartenu à une Famille. Ou encore, est-il dans l’autorité ? Je demanderai au jeune policier qui est infiltré dans le casino, en tant qu’agent de sécurité de faire des recherches concernant sur cet homme. Ma méfiance est quand même devenue plus importante que tout à l’heure depuis que j’ai vu son arme.

"We have to talk."
sergei & aleksey

Aleksey n'avait pas peur de Sergei. C'était plutôt lui, qui devait le craindre. Mais pour l'instant, l'agent du FBI se tenait à l'écart. Il ne faisait qu'effleurait les choses, convaincu qu'il ferait parler Sergei d'une manière ou d'une autre. Cela ne le dérangait pas, de le faire entrer chez lui, ni même de lui montrer qu'il possédait une arme qu'il avait à porter de main. Clairement, Sergei devait faire attention, parce qu'Aleksey savait beaucoup de chose à son égard et ce qu'il savait ne lui plaisait pas du tout, du tout. Se servant un verre, Aleksey savait qu'il n'avait pas de temps à perdre. Il ne voulait pas tourner autour du pot pendant des heures. Sergei était là, sans doute parce qu'il avait des choses à dire. Maintenant, s'il pensait être accueilli les bras ouverts, il pouvait rêver. Le passé n'était pas une chose que l'on devait rappeler à Aleksey. Pas avec la vie qu'il avait eut, pas avec la peine qu'il avait encore. Il retournait toujours en Russie, toujours à la même période. Toujours pour aller voir son père et contempler la tombe de l'homme le plus incroyable de sa vie. Mais le passé restait une douleur qui brulait au fond de lui. Une douleur si vif qu'Aleksey avait trouvé un moyen de l'ignorer. Si Sergei voulait descendre sur cette pente dangereuse, c'était à ses risques et péril. Vu sa situation, ce n'était pas une bonne idée de provoquer l'agent. L'homme qui avait approché sa fille de trop prêt un vague été. L'homme qui avait donné vie à un petit garçon dont il avait ignoré l'existence pendant plus de 23 ans.

Le regard posait sur le vieil homme, Aleksey ne cligna pas des yeux. Il écoutait. Attentive. Il s'attendait à une version de l'histoire différente, celui où Sergei ne serait qu'un héros. Le genre d'homme qui a tout sacrifié pour sa famille.

« - Je ne suis pas là pour répondre à vos questions. » Son regard se fit plus sévère encore. Il n'était personne à l'époque. Sa mère s'était bien occuper de lui et de son cas pour réussir à le faire disparaitre de la Russie avec brio. Quant à Luka... Il ne pouvait remercier qu'Elizabeth. La femme de sa vie avait réussi, d'une façon que l'agent ignoré, à retrouver la chose qu'Aleksey désirait le plus au onde : un enfant. Son enfant. Visiblement, Sergei avait cherché. Il avait sans doute retourner tout le pays pour retrouver le pauvre gamin qui avait osé toucher à sa fille. Un léger sourire aux lèvres, Aleksey posa son verre et sortie son arme dont il vérifia le fonctionnement. Oh, il n'aimait pas l'idée que son fils soit avec lui juste pour une arme ?

« - Et j'aime encore moins l'idée de voir son grand-père dans le coin. Et je pense que vous êtes plus une source d'ennuie pour mon fils que je ne le suis moi. » Il vérifia le chargeur et le bruit résonna dans la pièce comme une menace grandissante. Avançant de quelques pas vers le vieil homme, Aleksey rangea son arme. « - Luka sait absolument tout ce qu'il y a savoir sur moi. Il a choisi de vivre avec moi. Maintenant dites-moi ce que vous avez à dire. Où je vous achète un aller simple pour la Russie, Lolkov. » Et il ne plaisantait pas, il en était capable. Au fond, ça lui démangeait.