Le stage de fin de licence. C'est quelque chose de totalement incontournable quand on arrive au bout de sa licence. Pour beaucoup d'étudiants c'est avec les examens la partie qu'ils redoutent le plus dans l'année parce que c'est le moment où on va les mettre devant la réalité du métier, où on va leur dire si ils sont prêt à exercer leur profession. Personnellement je vois çà comme une sorte de libération, passer enfin des longues années à faire que du théorique et arriver dans le monde réel, hors des bancs de l'Université, çà allait faire un bien fou. Pour moi étudier c'est très important, toutes les personnes qui me connaissent le savent, il paraît que c'est même un problème chez moi, je passe trop de temps le nez dans mes bouquins ou à gratter du papier. Certains s'en offusquent, certaines personnes admirent cette façon que j'ai de m'investir à fond dans mon boulot, pour c'est juste que le travail est pour moi une vertu indispensable, un véritable credo pour moi. Ça me vient de mes parents, surtout de mon père en fait, jeune ingénieur venant des quartiers populaires de San Francisco, il avait fait de ses études et de son travail son moteur principal. Je fais exactement pareil parce que je veux qu'ils soient fiers de moi et aussi parce que je crois que ça me rassure de me plonger autant dans mes études, parce que comme çà je n'ai pas à pas à parler aux autres, à me faire des amis. Pas que je n'aime pas les gens c'est juste que j'ai toujours décidé de restreindre mes relations sociales parce que je trouve çà plus facile et puis aussi parce que je suis très timide avec les gens et que j'ai toujours eu cette peur panique, de l'échec, du refus et du rejet. Le fait qu'on puisse m'envoyer balader ça me rend malade, alors je bosse comme un fou, j'obtiens des notes plus que raisonnable et en quelques sortes je suis connu pour çà et même si je ne l'avoue j'en tire une certaine gloire. Tout le monde aime être reconnu pour ce qu'il réalise, c'est un fait, alors pourquoi je rougirais du fait qu'on m'apprécie pour mon travail ? Si je peux me faire un nom rapidement dans le métier je n'allais pas m'en plaindre, et puis le monde du droit c'est un monde où il ne faut pas lâcher un seul moment au risque de se faire totalement bouffer par les autres requins du milieu et je dois avouer que ça me fait flipper un tout petit peu. Pas au niveau des connaissances, ça je sais que je les ai et j'ai bossé sans relâche pour les obtenir, mais c'est le passage à la pratique qui me fait peur. Comme je vous le disais je suis plutôt du genre timide quand il s'agit d'aller parler à des gens et pourtant je me destinais à devenir avocat, j'allais devoir remédier à ce petit soucis de timidité sinon ça allait un peu plomber dans mon travail. Toujours est-il que je comptais sur ce stage pour me sortir un peu de ma timidité et enfin pouvoir voir en vrai ce qu'on a étudié pendant trois ans, premier contact avec la réalité.

C'est aujourd'hui que je devais rencontrer ma directrice de stage, Gabrielle Shaw, avocate pénaliste ici à Huntington Beach. Je ne savais pas vraiment ce que nous allions faire, j'imagine qu'aujourd'hui elle allait m'expliquer ses attentes pour le stage et ce qu'elle allait me faire faire. En tout cas j'espérai que je n'allais pas devoir encore subir de longs discours théoriques sur le droit pénal, ça c'est bon je m'en suis assez farci, alors si le stage était juste un prétexte de faire cours ou à remplir la paperasse de ma directrice de stage je préférai encore laisser ma place et m'occuper à des choses plus sérieuses, enfin je n'allais pas juger avant d'avoir rencontrée Madame Shaw.

Matinal comme à mon habitude, je me lève un peu plus fébrile que d'habitude. Aujourd'hui j'allais avoir un premier aperçu de ma future carrière, j'allais rencontrer une avocate et si le stage se passait bien peut être que j'allais rapidement pouvoir travailler dans le milieu, je me rend bien compte à quel point le rendez-vous avec Madame Shaw est important. Huit-heures du matin, le rendez-vous est à onze heures, j'aurai dû en profiter pour dormir un peu mais je ne tiens pas en place, je suis une vraie pile électrique ce matin, le simple fait de rester à ne rien faire dans mon lit m'insupporte au plus haut point. Je pense que je stresse, oui c'est çà je stresse de rencontrer cette avocate et je stresse pour ce stage tout court. Je n'aime pas çà, je déteste douter même si j'essaye de me détendre, le stress est toujours là comme un petit bourdonnement à mon oreille. Alors que je prend mon café matinal et que mes parents s'apprêtent à partir pour le boulot je suis plongé dans mes notes voulant être prêt au cas où madame Shaw aurait l'idée de me faire un interrogatoire surprise. Code Pénal et notes sur mon bureau je relis très rapidement et à haute voix tout mes cours. Je suis nerveux, plus le temps passe et plus je sens le stress m'envahir et le tic tac incessant de mon horloge ne fait rien pour arranger les choses.

Il est temps pour moi d'y aller, je me regarde une dernière fois dans la glace pour réajuster ma cravate et ma coiffure avant de sortir de ma chambre. Quelques minutes auparavant j'avais passé au crible toute ma garde robe pour trouver le costume qui me va le mieux, j'avais opté pour une coupe droite et simple, un costume noir avec une chemise blanche, simple et sobre. J'arrivais donc avec un peu d'avance à la fac de droit où le rendez vous devait avoir lieu dans une des salles de classe. Personne n'est là quand j'arrive, je suis donc en avance c'est un bon point non ? Quelques instant après une jeune femme entre dans la salle, j'imagine que ce devait être ma directrice de stage, instantanément je me levais de ma chaise pour m'avancer vers elle en lui tendant la main, un sourire mal à l'aise sur le visage. « Maître Shaw je présume ? » demandais-je d'une voix qui se veut assurée. « Je suis Mattew Enix, votre élève pour le stage, enchanté. » Mentalement je me maudissais d'être aussi ridicule, je me demandais bien ce qu'elle pouvait penser de moi à ce moment là...

Globalement quand on nous a annoncé que l'on allait avoir un stage j'ai commencé un peu à flipper. Parce que globalement même si tout le monde attend avec impatience le moment où nous allions passer dans ce que l'on peut appeler la vraie vie, la vie professionnelle. Bien que nous attendions tous ce grand moment c'était aussi faire un grand pas en avant, parce qu'en droit plus que dans les autres matières il n'y a aucun côté pratique dans nos études et donc on se jetais tous dans la gueule du loup parce qu'il ne fallait pas se faire d'illusion, ce n'était pas un simple stage d'observation mais un gros stage qui allait scellé la suite de nos études et de notre carrière. Pourtant nos professeurs nous ont bien fait comprendre que nos tâches seraient surtout administratives et secondaires comme remplir de la paperasse ou faire des photocopies, soit disant que les avocats et juristes n'ont pas que ça à faire de s'occuper de simples étudiants comme nous. C'est à se demander pourquoi on fait des stages si c'est pour qu'on ne s'occupe pas de nous. Mais moi j'espère que ça ne se passerai pas comme çà, que mon stage allait être intéressant et pour ça je m'étais donné les moyens. Pendant trois ans de faculté j'ai bossé comme un vrai fou pour avoir les meilleures notes et les meilleures appréciations, même si ça agaçait tout les autres de me voir cette attitude j'ai réussit à avoir les meilleurs scores. Tant pis si j'avais du foutre en l'air toutes mes relations sociales et me consacrer qu'à çà, je touchais bientôt au but. Pour mes demandes je suis allé dans les plus grands cabinets de la ville je voulais viser le plus haut quitte à me prendre une bâche et de rien décrocher mais encore une fois je voulais viser le plus haut, je dois admettre que j'étais très fier quand le professeur référant nous a redonné nos conventions de stage, une de me demandes avait été acceptée : le cabinet de maître Gabrielle Shaw, ou plutôt un des cabinets les plus prestigieux de la ville, maintenant il ne faut pas que je déconne parce que mon avenir dans le métier dépend de ce stage, maître Shaw a assez d'influence pour pouvoir me griller dans toute la région, du coup j'allais devoir lui montrer que je suis sérieux et que je pouvais faire preuve d'initiative, enfin ça c'est si elle me confiait du boulot important parce que comme nos profs aiment à nous le faire remarquer nous n'allions nous faire confier que du travail de seconde zone.

Ah aussi il allait falloir que je maîtrise mon stress, non pas que je suis du genre à faire des crises de panique quand je ne m'en sort pas dans quelque chose mais je ne suis pas vraiment à l'aise avec les gens, pas du tout même, communiquer ce n'est pas mon fort et c'est même ma principale faiblesse pour le métier que j'envisageais : un avocat qui ne sait pas communiquer avouez que c'est potentiellement problématique. D'après mes parents j'ai toujours été comme çà, plus ou moins renfermé sur moi même, mais ça ils s'en fichent pas mal parce que pour être scientifique pas besoin d'être éloquent ou de faire de longs discours, du moment que tu es bon en mathématiques et que tu sais exposer des théories c'est tout bon et comme dans leur tête j'allais devenir un grand scientifique comme eux ça ne leur a pas posé de problèmes plus que çà. Quelque chose me dit qu'ils n'ont pas vraiment apprécié quand je leur ai dit que je voulais faire du droit pour devenir avocat. Oh oui ils ont étés déçus et ils me l'ont bien fait comprendre, ils ne voulaient pas que je brise cette voie qu'ils avaient commencer à tracer, les Enix s'étaient fait un nom dans la science et ils comptaient bien le perpétrer. Et bien tant pis ce ne sera pas avec moi, je laisse les grandes découvertes scientifiques à mes parents, défendre les gens qui en ont besoin je trouve ça beaucoup plus intéressant que de faire joujou avec des fioles toutes la journée à chercher quel sera la nouvelle avancée dans je ne sais quelle obscure matière des sciences. « Démerde toi tout seul, et surtout ne t'avise pas de nous ramener de nouvelles notes et changer de voie en cours, assume jusqu'au bout. » C'était à peu près ça le discours de mes parents quand ils ont vu mon dossier d'inscription à la faculté de droit d'Hutington Beach, j'adore mes parents ils ont globalement toujours été sympathiques avec moi mais sur ce coup là on peut avouer qu'il y a plus motivant comme paroles à sortir à votre fils quand il vous annonce son projet professionnel, le pire c'est qu'ils ne doutent pas que je réussisse, c'est juste que ce n'est pas ce qu'ils avaient prévu pour moi.

Mais étant aussi borné qu'eux j'étais resté dans ma première décision et il n'était pas question d'échouer, je ne leur ferait pas cette joie et puis dans un sens je veux qu'ils soient fiers de moi, leur montrer que j'ai eu raison de choisir le droit comme filière et que je peux réussir là dedans, beaucoup mieux que si j'étais devenu scientifique comme eux à devenir une personne terne dans une blouse blanche à parler fission de l'atome pendant toute une journée. Mes parents se sont coupés du monde progressivement pour ne vivre que leur boulot, il suffit de voir comment ils se sont éloignés du père de Saskia et je vois bien que je suis entrain de faire pareil, de tout sacrifier à mon boulot et le pire c'est que ça n'a pas l'air de me déranger plus que ça… Il y a bien un moment où il allait falloir que fasse quelque chose à ce propos, c'est impossible que je me renferme comme çà et que je fasse tout comme mes parents, juste pas possible et pourtant c'est bien ce qui se passait, petit à petit. Peut-être que ce stage allait me changer et m'ouvrir sur le monde, à moins que comme notre professeur nous l'a dit on ne me donnait que des photocopies à faire. Mais je connaissais la réputation du cabinet de maître Shaw et je me doutais bien que mon stage allait constituer en autre chose que des paperasses administratives, du moins je l'espérai. Quelque part c'est çà qui me stressait, est ce que je vais être à la hauteur ? Est ce qu'elle ne va pas regretter d'avoir prit un stagiaire ? Toutes ce questions me prennent déjà la tête alors que je suis encore empêtré dans mes draps à essayer de me réveiller correctement. Aujourd'hui, c'est le grand jour, j'allais rencontrer ma directrice de stage et aussi savoir ce que j'allais faire toute la semaine. Petit déjeuner sur le pouce, pas faim aujourd'hui, vêtements sobres, costume de mise pour un cabinet d'avocat du moins c'est l'image que je me faisais du métier pour le moment. Faire le chemin jusqu'à la faculté sur ma moto a le don de me détendre un peu, sentir le vent sur ma figure et ne surtout pas penser aux heures qui vont venir, ces heures si déterminantes pour ma future carrière. J'arrive en avance et forcément le stress me reprend alors que j'attends seul dans la salle de classe. Gabrielle Shaw arrive et voilà que je bafouille en me présentant, ça commence bien.

Un bref sourire et une main tendue, main que je serre en répondant par le même sourire pour montrer à mon interlocutrice que je ne suis pas trop stressé malgré l'enjeu. Elle veut que je l'appelle par son prénom, quelque chose pas super familier pour moi qui est plutôt habitué au côté formel de la profession juridique, quelque part çà me rassure, comme elle le dit on allait devoir travailler ensemble pendant six mois, si je devais l'appeler « Maître Shaw » pendant toute cette période ça allait nous énerver elle comme moi je pense. Elle me fait un bref résumé de ce que dit ma convention de stage et sur les choses que normalement je devrais faire. D'après elle je n'aurai pas à faire tout ce qui et administratif et photocopies, c'est plaisant à entendre mais ça fait revenir le stress, j'allais avoir des responsabilités et j'avais pas intérêt à tout rater, cependant je ne le laissais pas transparaître restant assez neutre et soutenant son regard. « çà me va parfaitement oui » répondis-je simplement pour lui indiquer que je suis prêt à entendre la suite de ce qu'elle a à me dire. Elle m'explique sa façon de travailler et sa vision du métier, comment elle fonctionne et je pense que je devrai bien m'entendre avec elle, on a peu près la même vision du métier, surtout en ce qui concerne la déontologie, après tout on étudie pas le droit pour enfreindre les règles une fois qu'on a terminé. Ce qui m'intéresse c'est qu'elle me dit qu'elle allait me confier des dossiers, des vrais cas, pas des études comme on peut avoir en cours, des vrais cas, concrets. Le stress laisse place à une certaine forme d'enthousiasme, j'ai hâte de commencer à travailler même si je sais que je n'aurait pas le droit à l'erreur, je ne compte pas me tromper ça tombe bien. « En somme sous votre supervision je vais devoir gérer des dossiers de certaines affaires, ça me va. Disons qu c'est plus intéressant que ce que nos professeurs avaient prévus pour nous à la base et je compte bien ne pas vous décevoir sur mon travail, je suis généralement connu pour être sérieux et assez méthodique donc ça devrait aller, je ne suis pas du genre à aller trop vite sur les chose, je prend également temps d'analyser tout ce qui se présente à moi avant de formuler une quelconque hypothèse. Pour la déontologie je partage votre vision, ça ne sert à rien de faire du droit pour détourner ensuite ce qu'on a apprit. » Voilà ce qui résumait à peu près comment je vois le métier, elle peut comme ça se faire une idée de qui je suis même si je ne doute pas que nos professeurs on déjà envoyés toutes sortes de comptes rendus sur nous à nos responsables de stage, mais rien ne valait une conversation de vive voix pour savoir qui vous avez en face de vous. La chose à laquelle je ne m'attendais pas c'est qu'elle me tende déjà un dossier à gérer, au-delà du stress je suis assez fier qu'on me confie déjà un dossier, c'est clair que c'est une invitation à faire mes preuves et que la suite de mon stage dépendait de ce dossier et de ma façon de le gérer. Je prend le dossier et je commence à le feuilleter alors que Gabrielle commence à m'exposer la situation, tout de suite les hypothèses commencent à fuser dans ma tête, ce qui a pu se passer, ce qui va ou non, mon cerveau devient un vrai champs de bataille alors que j'essaye de démêler le dossier. Quelques temps après je referme le dossier et lève mes yeux vers Gabrielle. « Jamais elle aurait du aller en prison… Y'a eu une erreur grave de procédure et elle peut au moins demander des dommages et intérêts, je vois à peu près ce qu'il y a à faire… Et pour vous répondre oui j'accepte de prendre le dossier et par conséquent le bureau, en espérant ne pas vous décevoir. Mais je crois savoir comment orienter tout ça, enfin pas sans votre accord bien entendu... »

Nous quittons ensuite la pièce, je garde le dossier sous le bras, direction son cabinet, où quelques heures plus tard je devais rencontrer la personne que je devrais auditionner, je suis Gabrielle dans les rues de Huntington perché sur ma moto. Une fois arrivé je me gare et suis Gabrielle Shaw dans ce qui sera mon lieu de travail pour les six mois à venir...