Viens boire un coup et profiter du spectacle

allan ∞ wyatt

Comment dire… il n’avait jamais été aussi fatigué. Wyatt avait passé toute la nuit dernière et la journée à composer de nouveaux morceaux. Aucun ne lui plaisait, et il avait pourtant essayé, s’était acharné comme un dingue pour que ça donne quelque chose d’exploitable. Mais il n’y avait rien à faire, c’était une catastrophe. Le bassiste avait presque honte d’avoir ces idées absurdes et jeta les feuilles de papier une à une après les avoir soigneusement roulé en boule. Il ne voulait plus jamais entendre parler de ça et refusait de les montrer aux membres de son groupe. Ils se paieraient forcément sa tête et ne chercheraient pas à les essayer. Alors à quoi bon se prendre la tête ? Le brun regrettait d’avoir gâché autant de temps à pondre des partitions aussi abominables. Il n’avait probablement pas la foi de mettre le cœur à l’ouvrage, en tout cas pas pour l’instant. Il décida alors de passer la soirée à se reposer, se changer les idées devant un film avec son dîner, et partit se coucher à une heure assez étonnante. Une fois allongé dans son lit, un sourire se dessina sur son visage et un petit soupir de soulagement lui échappa. Il sentit un poids sauter sur son matelas, et une présence se coller contre son dos. C’était son chien. Puis, un autre à ses pieds, le chat. Voilà comment passer une nuit reposante. Avec ses deux bêtes à ses côtés, le bassiste ne tarda pas à s’endormir, persuadé qu’il allait faire une longue nuit et donc entamer la journée du lendemain avec une énergie non-négligeable.

Seulement, ça ne dura qu’une heure. Il se sentit secouer, comme si son lit était prit de tremblement. Une main était posée sur son épaule, et une voix s’éleva petit à petit pour atteindre ses oreilles. Il ne comprenait pas ce qu’elle disait, mais il reconnaissait cette intonation et la distinguerait parmi des milliers. Tant bien que mal, Wyatt s’extirpa totalement de son sommeil et se tourna pour dégager la main qui le gênait tant. Il ouvrit les yeux, et vit le visage de son frère, éclairé par la lampe posée sur la table de chevet. Le brun aux boucles paraissait décontenancé, blasé, et haussa les sourcils. « Tu te fous de ma gueule ? » Le bassiste se frotta les yeux en se redressant légèrement dans son lit et regarda autour de lui, comme s’il était persuadé que son interlocuteur s’adressait à quelqu’un d’autre. Avant qu’il n’ait le temps de répondre quoi que ce soit, Jackson reprit. « Tu es déjà couchés, à cette heure-ci ? » Wyatt soupira discrètement, lassé, et passa une main dans ses cheveux en bataille. Son aîné avait cette fâcheuse tendance à reprendre tout ce qu’il faisait, comme si c’était mal, ou hors du commun. « Je crois que tu as compris que tu n’allais pas t’en sortir comme ça. » Jax tourna les talons et ouvrit l’armoire de l’autre côté de la pièce pour commencer à fouiller parmi les maigres piles de vêtements. Wyatt en profita pour se dégager de sous les draps et tira sur son tee-shirt. Il savait très bien que son frère allait le traîner dehors, mais il n’en avait pas du tout envie. Cependant, il n’avait pas assez de caractère ou de courage pour refuser, alors il resta muet tandis que Jackson lançait des vêtements sur son lit. « Allez, habille toi, et on part dans dix minutes. » Le bouclé lui adressa un sourire victorieux et quitta la pièce en prenant soin de fermer la porte derrière lui. Malgré leur lien de parenté, il savait que son petit frère était pudique, assez pour ne pas se déshabiller devant ses proches. Une fois qu’il eu entendu ses pas s’éloigner dans le salon, Wyatt commença à retirer ses vêtements pour enfiler les autres. Jax avait choisi un jean et un tee-shirt en col V noir. C’était passe-partout, il ne risquait pas de trop attirer l’attention, et tant mieux. Devant son miroir, le bassiste ébouriffa un peu ses cheveux, et attrapa sa veste en cuir posée sur une chaise. Il ne s’était écoulé que six minutes, et ils purent partir en avance, une aubaine pour l’aîné qui s’impatientait à l’idée de s’amuser.

Le seul autre membre du groupe de la partie était Morgan, le pianiste. Lui était l’un des plus fêtards de la bande et ne manquait jamais une occasion de s’amuser et de rajouter des femmes à son palmarès de séduction. Jackson ne s’en vantait pas spécialement, en tout cas, il était l’un de pouvoir battre l’autre homme assit sur la banquette arrière de sa voiture. Wyatt regrettait déjà son lit, et rêvait de faire demi-tour pour plonger dans les bras de Morphée. Ils arrivèrent devant le bar, et le bassiste traîna des pieds jusqu’à l’entrée, alors que les deux bouclés sautillaient presque en marchant, tout sourire. Lorsqu’ils eurent franchis la porte, le monde le révulsa déjà. Il observa les alentours brièvement, puis baissa immédiatement les yeux en suivant ses amis de près. Ils allaient déjà vers le bar. Jackson se pencha sur le comptoir et fit signe au barman. « Trois bières s’il vous plaît ! » Morgan s’ambiançait déjà, et cherchait une proie éventuelle, le regard baladeur et les lèvres retroussées. Wyatt soupira et passa une main sur son visage. Mais lorsqu’il se retourna, une femme entra en collision avec lui, et renversa le contenu de son verre sur sa veste. Elle eu un mouvement de recul et un petit gémissement de surprise. De la vodka. Wyatt reconnaissait l’odeur. Il baissa les yeux sur son vêtement et haussa les sourcils. Formidable… ça ne pouvait pas mieux commencer. « Oh je suis vraiment désolée, vraiment je… » Elle se stoppa net en regardant les trois hommes à tour de rôle, avant de rajuster ses cheveux, changeant immédiatement de comportement. « Vous ne seriez pas… les mecs de Scavengers ? » Jax et Morgan se lancèrent un regard complice. Affairé par cette scène, Wyatt préféra tourner les talons et alla s’installer un peu plus loin le long du bar. Il appuya ses coudes sur le comptoir, le menton posé sur sa main, sans se préoccuper de ce qui se passait autour de lui. Cette soirée était vraiment à chier.

Viens boire un coup et profiter du spectacle

allan ∞ wyatt

Si seulement Jackson n’avait pas les clés de son appartement, il n’en serait pas là. Téléphone éteint, emmitouflé dans son lit, Wyatt aurait pu passer une bonne nuit et n’aurait pas eu à venir ici pour se faire humilier en public. Sans compter qu’il ne supportait pas cette notoriété, la réflexion qu’avait eu la jeune femme en les voyant tous les trois. Son frère aîné n’en était pas friand non plus, mais rien ne l’empêchait de s’amuser. Quant à Morgan, c’était une aubaine, une occasion d’emmerder le monde en prouvant qu’il pouvait se faire connaître, agrandir son cercle social grâce à son visage dans les journaux. Le bassiste était tellement différent. Il aurait voulu rester anonyme du début à la fin, ne jamais avoir à supporter les regards insistants, et même s’il n’avait pas été membre d’un groupe médiatisé, le métier de son père l’empêchait de n’être qu’un citoyen lambda parmi tant d’autres. Sa réputation l’aidait néanmoins à être tranquille un minimum. Tout le monde le voyait comme le garçon timide, celui qui ne supportait pas d’attirer l’attention et restait constamment en retrait. Parfait, il ne demandait pas mieux.

Après ce petit incident, Wyatt jugea bon de s’éloigner et de laisser ses amis charmer la serveuse sans cervelle. Lui se contenterait de boire un verre, ou peut-être pas en fait. Il détestait l’alcool, il n’était jamais dans son état normal lorsqu’une boisson forte coulait dans ses veines. Ce n’était ni le moment ni l’endroit de se donner en spectacle. Sans compter qu’il était fatigué par la longue journée qu’il avait eu, et il se contenterait d’un verre d’eau s’il pouvait. Assit à une nouvelle place au bar, le bassiste passa une main dans ses cheveux en bataille et regarda droit devant lui en silence. Il n’avait pas remarqué la présence d’un homme juste à côté de lui. Wyatt avait cette faculté à ne pas faire attention au monde, une bombe pourrait exploser à ses pieds, il ne la verrait qu’au dernier moment. Il n’avait jamais été curieux au point d’observer les autres, les écouter parler lorsqu’il n’y était pas convié. « Jolie prestation… » Le musicien sursauta presque en se tournant vers son nouvel interlocuteur. Un homme, totalement inconnu au bataillon. Ce qui le frappa aux premiers abords fut son regard. Perçant, profond, confiant. Wyatt se sentit déstabiliser, et détourna brièvement les yeux tandis que l’inconnu se faisait servir un verre, accompagné d’un radieux sourire de la part de la serveuse. Comme à son habitude, le musicien fut l’équivalent d’une ombre l’espace de quelques secondes, et se demanda même s’il ne devait pas s’enfuir à toutes jambes. Il n’avait pas envie de parler, mais quelque chose le poussait à rester ici, à côté de ce type. Il ne paraissait pas méchant, plutôt sympathique même. Il lui tendit la main, en débutant des présentations basiques. « Moi c’est Allan… » Wyatt baissa les yeux vers la main tendue de son interlocuteur. Il était certes timide, mais il n’en oubliait pas les bonnes manières. Alors, il combla cette poignée platonique. « Wyatt… » répondit-il simplement, et d’une petite voix.

Jackson et Morgan ne paraissaient pas s’inquiéter de son absence. Ils discutaient toujours avec l’autre serveuse, cette dernière gloussant à chaque mot sortit de la bouche des musiciens. Le spectacle était affligeant, carrément pathétique. Le bassiste était ravi de ne pas assister à ça de près, il avait mieux à faire et aurait sûrement ressentit le besoin de rentrer chez lui dans la minute. Pour l’instant ça allait, l’aura du dit Allan le détendait un peu, allez savoir pourquoi. Il y a des choses qui ne s’expliquent pas. Le musicien se pinça les lèvres en évitant le regard de son interlocuteur. Un homme avec tant d’assurance le déstabilisait. Ca se sentait à sa façon de se tenir, le timbre de sa voix, toutes ces petites choses dans son comportement qui prouvaient que lui et Wyatt étaient d’extrêmes opposés. Il aurait voulu le prévenir qu’il n’était pas le mec le plus bavard du monde, mais il ne serait même pas capable de sortir cette phrase. C’était déjà un miracle s’il parvenait à aligner plus de trois mots sans bégayer. Ce manque de confiance en soi était exténuant… « Désolé je suis… » Il commençait, mais ne savait pas comment terminer. Il se contenta alors de se racler la gorge et secoua la tête en posant ses bras sur le comptoir, jouant avec la manche de sa veste.