+ born to lose, live to win

Le regard de son frère jumeau est rivé sur lui, comme pour rechercher de l’aide. C’était le vide, toute leur enfance venait de s’écrouler. En quelques minutes leur vie venait de changer. Futilement Adam se pince le bras, peut-être était-il dans un rêve ou plutôt un cauchemar. Mais tout semblait réel. Les sirènes, le sang gisant au sol, les policiers et les journalistes partout autour de leur maison, du moins ce qu’il en restait. La télévision continuait de tourner, le dessin animé qui avait commencé dix minutes avant l’arrivée des malfrats. Comme à leur habitude après une journée d’école, avec son frère jumeau ils s’asseyaient devant la télévision attendant que leur père rentre du travail pour manger ensemble. Leur père était bel et bien revenu … accompagné de trois hommes le trainant au sol, agonisant.
Tout ce bruit les avait avertit d’un possible danger, par réflexe, comme un instinct de survie les deux se sont cachés dans le placard de leur chambre derrière les piles de vêtements. De là, ils entendaient tous les bruits, tous les cris, leur mère les suppliant de la laisser en vie. Apparemment c’était beaucoup trop demander. Ils avaient discutés d’argent, de patron, de problème, de vengeance, de dette et de pleins d’autres choses. Et en quelques minutes le calme était revenu, un silence terrifiant. En quelques minutes leur vie venait de passer de la normalité à l’impossible. Ils se sont enfuis par la fenêtre, comme deux vagabonds, la peur au ventre. Les sirènes se sont très vite fait entendre et le bruit autour du quartier aussi.
Et sans même s’en rendre compte en s’enfuyant ils se retrouvèrent dans la liste des enfants enlevés, retrouvant ainsi leurs jolis minois à la télévision.  Du haut de leurs huit ans ils avaient assistés à l’assassinat de leurs parents, à l’assassinat des seuls membres de leur famille. Du moins c’est ce que leurs parents leur avaient racontés. Ils étaient soit disant tous les deux orphelins, s’étaient mariés et avaient eu deux beaux garçons. Le destin en a décidé autrement. Un homme prétendant être leur oncle les a retrouvé et aussi simplement a prit en charge leur éducation.
Les moulant ainsi selon ses propres envies.


+ listen more, talk less

En grandissant avec son oncle Adam a apprit deux choses ; d’une ses parents lui mentaient, ils n’ont jamais été les personnes qu’ils décrivaient et de deux, il a toujours été destiné à ce boulot. Son oncle, père de substitution leur a apprit le métier. C’était plus compliqué que de simplement dire, qu’ils étaient du mauvais côté. En grandissant et en s’imprégnant de la culture plus que moralisante de son oncle il a vite compris qu’il n’y avait ni méchant, ni gentil, ni tout blanc ni tout noir. Quelque part, dehors il y avait un juste milieu, une explication à ce que l’on devient, pourquoi et comment ainsi que les circonstances de notre devenir. C’était à peu près ce que Raj, son oncle lui racontait. Survivre dans une forêt sans une meute c’est un peu compliqué. On se voile la face et pourtant tout est devant nos yeux, la vérité, la réalité. La vie n’est pas aussi simple. Est-ce qu’il serait l’homme qu’il est aujourd’hui si ses parents étaient encore en vie, peut être bien que oui peut être bien que non. Ses parents lui ont toujours mentit et aussi curieux qu’il l’était il a fait des recherches, ils ont changés d’identité, de vie, de ville, ils ont tout changés. Et comme toute nouvelle vie on a besoin d’investissements, on enchaîne donc prêt sur prêt jusqu’à ne pas en finir. A force de crier au loup … vous connaissez la suite. Rien de bon. Du coup, affirmer qu’il aurait eu une autre vie alors que celle qu’il a vécu pendant huit ans était basée sur un mensonge … c’était à peu près aussi troublant que l’eau du Gange. Puis son oncle était un homme intelligent, sûr de lui mais aussi très opulent. Preuve que son travail était récompensé. Il a eu la générosité de les nourrir, de s’occuper de leur éducation, et, de leur offrir une nouvelle identité. Adam n’était pas redevable envers son oncle, c’était plus que ça… Bien plus compliqué encore une fois. Tout jeune, il a vu en son oncle la famille qu’il venait de perdre mais plus vieux, c’était devenu beaucoup plus étrange, être aussi gentil envers deux ptits bonhommes sans rien demander en échange c’était suspect. Il ne l’accusait de rien mais encore une fois il était sur ses gardes. Il avait une certaine affection pour lui, il ne laisserait personne s’en prendre à lui. Et c’était peut être ça le but de leur relation, peut être avait-il eu besoin d’une protection. Il les avait façonné à sa manière, en avait créé deux hommes impitoyables. Sans cœur ni sentiments dont seule la famille était importante. Et qui d’autre sur cette planète était sa famille si ce n’était son frère jumeau et son oncle ?
Et puis, tout était à l’honneur de son oncle qui a voulu voir les jumeaux étudier, il avait ; disait-il un plan pour eux, pour établir un empire indestructible. Un truc qui faisait rêver les deux jeunes hommes à l’époque. Créer une entreprise qui serait en vraie le joli déguisement extérieur de leur réelle activité. C’est ainsi, qu’Adam et Aaron ont été séparés pour aller étudier à l’étranger, dans divers domaines mais c’est aussi de cette façon qu’Adam a achevé son premier contrat. A ses vingt ans, un homme menaçait de dévoiler des informations concernant les activités de son oncle et le jeune indien était le seul sur place, il a dû de ce fait s’occuper des choses et mettre son oncle hors danger.
Premier crime, loin d’être le dernier.

+ she’s like a suicide bomb

« Tu peux descendre ça pour moi ? » lui demande Aaron en mettant un plateau de nourriture sur les mains. « Raj veut me parler d’un nouveau contrat. » son attention n’était même pas rivée sur lui, non il jetait un coup d’œil à son portable tout en lui demandant un service. « Non mais franchement y’a pas quelqu’un d’autre pour le faire ? » souffle l’indien. « Ils sont tous allés voir le match de cricket. » levant les yeux au ciel. Ces indiens et le cricket une grande et très longue histoire d’amour compliquée. « C’est bon, donnes ! » il attrapa le plateau et dévala les escaliers qui menaient vers la cave. L’endroit « glauque » mais aussi préféré de son oncle. C’était un peu son laboratoire, l’endroit où il adorait torturer ses proies. Un endroit où Adam ne mettait pas les pieds. C’était étrange, c’était comme aller voir un vieux dans une maison de retraite et gueuler « bientôt c’est ton tour mon vieux.. ». Il n’aimait pas faire face à ses proies, leur parler, ou même croiser leur regard de victime. Il donna un coup contre une chaise près de lui pour signifier sa présence.  « Voilà pour vous ! » lance-t-il brièvement en faisant glisser le plateau, aussitôt dit, le voilà sortit de l’endroit. Il n’avait même pas osé lever les yeux pour faire face à cette nouvelle victime. C’était beaucoup trop étrange. Son oncle avait engagé des personnes pour cette corvée là, ils nourrissaient les victimes, les interrogeaient, c’était dans les cas majeurs. Jamais il ne gardait des gens dans leur sous-sol, c’était lorsqu’ils détenaient une information importante ou qu’ils représentent un élément important lors d’une négociation. La victime du moment était dans le deuxième cas, fille unique d’un grand avocat elle servait de levier de change. C’était beaucoup plus compliqué que ça en avait l’air, son oncle exécutait parfois de simples ordres venant de l’extérieur. Il servait d’intermédiaire lors d’une histoire… Parfois ça se compliquait et certaines fois tout fonctionnait comme le plan l’indiquait, enfin … en Inde rien ne suivait un plan à la lettre. « Ah Adam, t’es là, prends un papier et un stylo et fais-la parler tu s’ras mignon, je dois aller faire un tour en ville pour une affaire. » les yeux levés au ciel accompagné d’un long soupire n’aident en rien. Son oncle sort aussi vite du salon pointant du doigt un petit bloc-notes. C’était pas son jour, la torture c’était du passé. Il avait arrêté quelques années après son premier contrat. Il dévale les escaliers de mauvaise humeur, c’était son jour de repos, le jour où il pouvait s’étaler sur le canapé, se goinfrer devant une série débile locale et vivre normalement comme ses voisins. « Bon écoutez on va faire vite, ma série commence bientôt. » lance-t-il ironiquement. Il lui balance le stylo puis le bloc-notes en lui expliquant qu’elle devait écrire tout ce qu’elle savait qui pouvait aider son oncle à faire avancer le cas. Aussitôt la victime attrape le matériel et réfléchit, elle avait l’air épuisée, affamée et en mauvaise santé. « Si vous le faites rapidement et correctement j’vous promets de vous apporter une glace… » il haussa les épaules, ça pouvait la motiver sait-on jamais peut être qu’elle céderait à la tentation. Elle lui lance un bout de papier ; « une glace à quoi ? ». Son sourire victorieux sur les lèvres. « C’est une Ben & Jerry's, ça se refuse pas … » il l’entend glousser et son petit cœur se resserre. Elle était qu’un pilier dans cette histoire, son père, le grand avocat, s’occupait d’une affaire assez délicate, le but de toute cette manœuvre c’était qu’il se taise et perde l’affaire. C’était bête de croire qu’elle balancerait son père aussi facilement, mais parfois on en apprend plus sur une personne durant ces interrogatoires spéciaux que durant plusieurs années de connaissances.
C’est ainsi que pendant plusieurs semaines, Adam s’occupait soit disant de son interrogatoire, ils parlaient, discutaient de tout et de rien la plupart du temps. Il ne côtoyait que très rarement les gens « de l’extérieur » de cette façon là, en règle générale c’était de la manipulation. Mais avec elle, Ahana c’est ainsi qu’elle s’appelait, il avait eu envie d’en apprendre plus sur elle. De savoir comment c’était dehors, c’était idiot mais il voyait en elle ce qu’il aurait pu un jour devenir, être, vivre tout simplement. Petit à petit, il en a profité pour renvoyer les employés de son oncle qui parfois essayaient de prendre l’avantage sur elle et de profiter d’elle physiquement. Il était même allé jusqu’à interdire l’accès aux employés de son oncle. Aaron, son frère avait remarqué ce qui se passait il l’avait même mit en garde, parfois les victimes profitaient de la gentillesse des personnes pour se frayer une sortie. Il était certain qu’Ahana ne se servait pas de lui, qu’elle ne le manipulait pas il est même allé jusqu’à la tester, il lui a glissé une clé  et lui a proposé de s’enfuir le lendemain en revenant elle était toujours là assise dans son coin endormie. Elle disait ne pas vouloir le voir prendre pour elle. Tout retomberait sur lui si elle s’enfuyait. Surement le manipulait-elle, mais il était prêt à lui faire confiance, aveuglement peut être …


« Qu’est-ce que tu fous ?!! » crie Adam se sentant perdre le contrôle face à la colère qui ne cessait d’envahir son corps petit à petit. « Bouges de là !! Casses-toi je t’ai dis, t’es un gros malade !! » très vite il ouvre la grille qui les séparait et le dégage au plus vite. Ahana n’était visiblement qu’à moitié consciente, il l’avait drogué ce connard. « Ahana, tu m’entends ? » d’un bon il se relève et cogne sur l’autre abruti comme pour se défouler, comme pour mettre ses nerfs sur lui mais aussi sa culpabilité. Oui il se sentait coupable, elle aurait dû être autre part à cette heure-ci. « Casses toi, que j’te revois plus dans les parages. » une fois l’homme hors des lieux il soulève Ahana et la sort de ce bordel. « Je t’ai dis de partir … plusieurs fois. » il sort de là, Ahana dans les bras et l’emmène dans sa voiture. « Tiens bon, je vais t’aider… » Caressant son visage, la colère avait laissée place à de la tristesse et de la peur. Peur qu’à cause de lui quelque chose lui arrive. C’était la première fois qu’il faisait face à ses sentiments, à ce qu’il ressentait pour cette parfaite inconnue. « John … » son murmure l’oblige à détourner son visage du volant. « Ne t’inquiètes pas, tout va bien, je te le promets. » il lui arrange sa ceinture, met la sienne et démarre. Il ne savait pas où il allait l’emmener, il voulait la voir en sécurité mais l’emmener à l’hôpital serait beaucoup trop dangereux pour lui. Il allait s’en occuper lui-même, il avait acheté il y a quelques années de cela une petite propriété à l’extérieur de la ville, personne n’irait les chercher là bas, encore moins les employés de son oncle.

« Me voilà devenu le cliché du bad boy qui se range… » son avant bras contre l’accoudoir il se frotta le front. Jamais il n’aurait cru un jour échanger sa vie de tueur contre celle d’un vagabond. C’était clairement le mot, il fuyait les gens qui le voulait mort, qui la voulait morte mais il fuyait surtout son passé. « C’est mignon … » lui souffle Ahana à l’oreille, avant de reprendre sa place. « Je n’ai rien de mignon. » leurs regards se croisèrent et elle rigola une énième fois. Le connaissant assez pour savoir qu’il n’aimait pas les petits adjectifs tout jolis qu’elle utilisait parfois pour le qualifier. C’était assez dérangeant parfois, parce qu’elle le voyait d’une certaine façon et il était loin d’être d’accord avec elle. Il n’était pas aussi bon qu’elle voulait bien lui faire croire il était même loin de l’être. « Joues et arrêtes de sourire bêtement. » sans même le contrôler il sourit à son tour et croise les bras attendant qu’elle pioche une autre carte.
Ce n’était peut être qu’une illusion, qu’une infime partie du bonheur qu’elle méritait mais il était prêt à se mettre en danger pour le lui offrir. A ses côtés il se sentait différent, peut être était-il lui-même ? Il ne saurait expliquer le sentiment qu’il éprouvait à ses côtés, la savoir en sécurité et heureuse. Peut être se mentait-il et, essayait de rendre ses journées plus amusantes mais il savait, il en était même persuadé, il ne se jouait pas d’elle, son cœur ne se jouait pas d’elle, non, il était sincère et aussi irresponsable qu’il l’était en ce moment il voulait agir en grand égoïste et l’avoir pour lui encore une journée entière avant que les choses ne prennent fin. Pourtant, il savait qu’il allait devoir la laisser partir dans peu de jours. C’était le deal, il avait donné rendez-vous à un type qui avait réussit à  préparer une nouvelle identité pour qu’Ahana puisse s’en aller. Dans un entrepôt à l’abri de tous les regards. Dans quelques jours il allait devoir se faire à l’idée qu’elle le quitterait. « Voilà à ton tour. » lui lance la jeune femme l’extirpant ainsi de ses pensées, au fond de sa cachette il était loin de prédire les événements qui allaient suivre.

+ love is the disease of a nation

Il la regardait dans les yeux, elle souriait. Pourquoi souriait-elle, non d’un chien. Il essayait de se concentrer, de remettre les choses au clair dans son esprit. « Tu peux y aller, je ne t’en voudrais pas John, tu le sais. » Il continuait à la regarder, elle le troublait, elle l’énervait, elle le mettait dans tous ses états. « John ! Ils arrivent. » il se racla la gorge en baissant la tête, il transpirait, il stressait, il réfléchissait ! « Je sais, ils arrivent, si… je, moi … ce s’ra eux et tu sais qu’ils … qu’ils … je te promets, il faut juste que … » sa respiration se coupait, il n’arrivait pas à penser, à respirer. C’était pas dans ses habitudes.  Il sentit alors la main d’Ahana sur la sienne. « On se retrouvera un jour, je te l’ai déjà dis. Chaque histoire a son heure. »
Pourquoi avait-il eu besoin de tomber sous son charme, pourquoi avait-il eu besoin d’en savoir plus sur elle, sur sa famille sur ses envies, sur ses goûts … « Prends ça. » dit-il en lui passant une de ses armes, il s’était détaché d’elle. Il repensait à son frère qui lui avait dit qu’il pouvait s’enfuir avec elle, qu’il couvrirait ses traces qu’il s’occuperait de tout. Mais qui était-il pour laisser son frère derrière après tout ce qu’ils avaient vécus. Il était hors de question de le mettre dans la merde pour s’enfuir avec une femme qu’il aimerait surement plus d’ici quelques années.
Il s’éparpillait pour se convaincre que c’était la bonne chose à faire. Après tout il a toujours été ainsi, il ne ressentait jamais rien pour ses victimes. Bien au contraire, elles l’aidaient à avoir une vie différente, excitante. « N’hésites pas à tirer, d’accord ? Ahana, tu m’écoutes ? » Il essuya ses joues humides, oui, il avait pleuré. Attrapant son arme qui était au sol il essayait de s’occuper l’esprit pour ne pas qu’elle le voit. « Je suis désolé Ahana. » murmura l’indien.
« J’ai peur John. » il serra les dents, il s’en voulait de lui faire subir autant de chose, de l’avoir obligé à mettre fin à sa vie pour s’en créer une autre alors que c’était lui la cause de tous ses problèmes. « Je … Ahana, je suis désolé, je voudrais tellement changer les choses, revenir en arrière et ne jamais te rencontrer. » il chargea son arme et soupira un bon coup. « Je vais m’occuper de ces connards  » il aperçu un léger sourire sur les lèvres de la femme qu’il aimait. Elle hocha la tête hésitante. Souhaiter ne jamais l’avoir rencontré c’était pour elle. En croisant son chemin il a ce jour là, mit fin aux jours de la jeune indienne. Et pour ça, jamais il ne se le pardonnerait. « Caches-toi !! » lui ordonna Adam en pointant du doigt l’allée. « S’il te plaît. » souffle l’indien. Il était hors de question qu’il la laisse mourir, par pour eux, pas maintenant. C’était trop tôt, il n’était pas prêt. Putain de sentiments ! « S’il te plait Ahana. » il empoigna fermement le bras de la jeune femme et la tira jusqu’à l’allée. « Joue pas, c’est sérieux, caches-toi que j’en finisse. » Dans un geste rapide elle retira la main d’Adam. « C’est déjà terminé John, tu ne le vois pas ? » le regard perdu, la tête baissée, elle avait raison, tout était déjà terminé. Il avait perdu, ils avaient perdus, et peu importe ce qu’il essayait de faire il allait la perdre. Peu importe. Les mains de la jeune femme se fraient un chemin vers le visage d’Adam. « On se retrouvera un jour, je te le promets. » son rire raisonna. « Comment ? » elle tremblait il le sentait, elle avait peur. « Je te l’ai déjà expliqué… » il sourit. « Tu sais très bien que j’y crois pas à ces conneries. »
Si les choses étaient aussi simple que de renaitre et avoir une autre vie, tout le monde mettrait fin à ses jours. « Fais le pour moi. » dit-elle en posant ses lèvres contre celles d’Adam. « D’accord. » Et aussi bête que cela puisse paraitre une part de lui voulait y croire. Croire à une autre vie qui l’attendait, qui les attendait. Pourtant il savait qu’il ne méritait pas une seconde chance. Avec toutes les choses affreuses qu’il avait faites, jamais il n’espérait avoir eu un jour une vie différente. Parce qu’il savait mieux que personne qu’avec Ahana il n’y avait pas d’avenir, il adorait son boulot, c’était son gagne pain et il se foutait de la morale humaine. Penser à fonder une famille avec elle ? Jamais !  Mais encore une fois, l’espoir d’une vie meilleure pointe le bout de son nez lorsqu’elle est à ses côtés. Seulement, confondre réalité et rêve est très souvent synonyme de danger lorsque ça le concernait.
Alors que leurs lèvres se scellaient dans un dernier baiser un bruit de fond se répandit rapidement dans l’entrepôt. Adam se plaça rapidement devant Ahana comme pour la protéger. « Va-t-en. » lui murmure Adam avant que les personnes ne l’atteigne. « Trouvez la fille ! » cria l’un d’entre eux. « Maintenant Ahana ! » Lui dit-il alors qu’il se retourne pour lui faire face lorsqu’il l’entend son prénom mais elle n’est déjà plus là. L’un d’eux la tire au milieu de la salle, il s’était faufilé derrière lui.
« Lâchez-la !! »  la seconde qui suivit il se retrouvait au sol. Des coups de feu, des cris. Ahana était en danger et tout ce qu’il voyait c’était elle qui se laissait traîner au sol par cet abruti juste pour ne pas quitter les yeux d’Adam. « Je vais te buter, lâches-là !! » la jeune femme fut propulsée au sol, alors qu’ils continuaient à tenir Adam. Tout était passé si vite, il avait perdu le contrôle parce qu’il s’était accordé une seconde de répit dans les bras de la femme qu’il aimait. Erreur humaine ! « Choisis ! » lui crie l’un des hommes debout aux côtés de Ahana. « Réponds-lui. » lui ordonne un autre cette fois-ci à ses côtés. « Choisir quoi putain ! » grogne Adam en se relevant. Qu’est-ce qu’ils voulaient… « Elle ou … » « Prenez-moi ! » crie Adam sans même attendre une seconde de plus. La seule réponse qu’il reçu c’était un énième coup et des rires de fonds. Ces gros dégueulasses. Adam ne comprenait pas pourquoi il devait choisir. Son oncle voulait se débarrasser de Ahana, pourtant ces mecs là voulaient jouer, le faire choisir. Il n’y avait pas de choix à faire et il savait au plus profond de lui qu’ils ne laisseraient pas Ahana saine et sauve une fois qu’ils l’auraient buté. « Non, pas toi chéri ! Elle … ou ton frangin ! » il fléchis, son frère. C'est-à-dire ? « Vas te faire foutre ! » il était hors de question qu’il choisisse entre son frère ou celle qui représentait pour lui un meilleur avenir. « Choisis ou je les bute tous les deux. » « Où est Aaron, qu’est-ce que vous lui avez fait ? Parles putain ! » Le plus grand siffle, deux hommes traînent Aaron. Ce naïf il a du les suivre ou les croire pour se retrouver dans une situation pareille.
Ils voulaient jouer, le voir choisir, mais le choix était évident. Son cœur se resserrait, il perdait petit à petit le contrôle de ses sentiments, le contrôle de ses émotions mais aussi de ses pensées. « Passes lui le flingue. » un des hommes s’active et tend l’arme à Adam. Ses mains tremblent, ses yeux glissent d’un endroit à un autre. Ahana lui sourit signe qu’il pouvait prendre son choix sans hésiter, son frère était inconscient, ils l’avaient surement drogué pour qu’il ne soit pas au courant de toute cette mascarade orchestrée par leur oncle. « J’ai pas à choisir, raconte pas de la merde, t’en touche un j’te bute ! » ses mains continuaient à trembler, il savait qu’ils étaient sous les ordres de son oncle. Tout ce putain de bordel avait été orchestré par son oncle sous ses yeux mais il ne pouvait rien faire. Il ne pouvait rien contre lui. Et même s’il avait envie de tous les buter son frère était inconscient un avait une arme en direction de lui et Ahana était dans la même situation. Il faisait un mouvement et c’était les deux qu’il perdait. « Bouges ! » on le pousse, lui met l’arme dans la main. On lui foutait la pression mais sa décision était déjà prise. Il n’y avait pas à choisir, jamais au grand jamais il n’hésiterait. Seulement c’était douloureux.
Les secondes passaient, les rires raisonnaient  dans tout l’entrepôt.
Ces derniers mois défilaient et tout ce qu’il entendait c’était la voix d’Ahana, son rire.
Il l’aimait et c’est tout ce qui comptait.
Quelques murmures s’échappent d’entre ses lèvres.
Des mots doux.
Une insulte.
Puis …
D’une précision, et d’une propreté invraisemblable son corps cède à la balle qui la traverse.
C’était comme quelque chose qui à l’intérieur de lui venait de lui être arraché. Il lui en voulait, il lui en voulait tellement. Comment avait-elle pût faire irruption dans sa vie ? Comment avait-elle osée penser qu’il l’épargnerait elle et pas quelqu’un d’autre. C’était tellement stupide.
Sa main tremblait.
Putain !
Il venait de tuer la femme qu’il aimait.
Ce stupide bruit résonnait dans l’entrepôt pendant que l’arme lui glissait des doigts. Son cœur le torturait, il souffrait tellement. C’était inhumain, cette souffrance qu’il ressentait. Ses yeux ne l’écoutaient pas, non. Ses sentiments se mêlaient. Il était en colère contre le monde entier, contre ce connard qui le menaçait depuis le début, contre ces salopards qui lui courraient derrière depuis le début, contre ce magnifique bout de femme qu’il avait aimé et qu’il aimait toujours, mais surtout, il était en colère contre lui.
Il se retrouvait alors à ses côtés, à côté de ce corps inanimé. Elle était morte.
Il n’entendrait plus jamais les histoires extraordinaires qu’elle avait l’habitude de lui raconter. Ces histoires qu’il avait du mal à apprécier. Elle ne porterait plus ses magnifiques yeux gênés sur lui après qu’ils aient fait l’amour. Son rire ne résonnera plus jamais dans cette maisonnette où ils avaient passés quelques jours à se cacher. Il passait sa main dans ses cheveux bruns. « Reviens je t’en supplie. » Lui murmura t’il à l’oreille. « Reviens s’il te plait, reviens, reviens, je promets de m’en aller. Je t’en supplie. » Il serrait le corps de la jeune femme dans ses bras en pleurant, il regrettait tellement ce qu’il venait de faire. Il regrettait d’avoir cédé à son oncle et à ses menaces, de ne pas avoir écouté son frère, mais surtout de ne pas avoir sût imposer ses sentiments et les faire passer avant son passé et son putain de job.
Pourquoi avait-il eut besoin de l’abattre pour comprendre que c’était plus qu’une amourette entre eux. Pourquoi ?


+ just breathe

« J’en sais rien moi, depuis l’entrepôt il n’a pas craché un seul mot. » Aaron avait l’habitude de prendre la défense de son frère et ce même devant leur oncle qui les avait éduqués. « Faut qu’il se bouge, on a un contrat sur le dos à exécuter pour la fin de l’année. » Leur oncle était le pire des hommes. Jamais les jumeaux n’avaient rencontrés quelqu’un d’aussi froid, avide d’argent et de violence. « Laisse le respirer, il a besoin de réfléchir. Je m’occuperais du prochain contrat. C’pas un problème. » Adam se leva du canapé sur lequel il avait passé les deux dernières semaines à dormir. Depuis le chapitre Ahana, Adam n’avait pas souhaité en parler à quiconque même pas son frère. La nuit il ne dormait pas, il enchainait les émissions culinaires pour ne pas s’endormir. Il n’arrêtait pas de faire des cauchemars et de rêver d’elle. Il se repassait leur histoire en boucle. Ce qu’il avait mal fait, ce qu’elle avait pût subir. « Mouais ! Il n’a pas besoin de réfléchir, ce n’est pas une histoire de cul qui va le changer. Les filles d’en bas coutent moins cher. » Il n’en fallu pas plus pour qu’Adam lui pointe son arme à la gueule. « Fermes ta gueule. » « Adam calme toi. » « Je me casse toute façon, des contrats je peux en avoir sans toi. » Il attrapa rapidement ses affaires. « Si un jour j’ai la chance de te foutre une balle entre les yeux personne m’arrêtera. »
Malgré l’argent et le temps que leur oncle avait dépensé pour eux, il ne représentait rien. Il avait toujours pris l’avantage sur eux, en jouant avec leur sentiment, et leur passé commun. C’était un homme qui ne pensait qu’à l’argent et à sa notoriété, les jumeaux n’étaient que des pions dans son jeu, ils l’aidaient à accéder plus rapidement au succès, à l’argent. Il n’avait pas froid aux yeux. Et c’était ce qui les différenciait. Adam et Aaron était différent de ce vieil homme sans scrupule. Ils étaient soudés mais surtout ils pouvaient compter sur l’un et l’autre.
Raj n’était qu’un stupide vieil homme en manque d’affection. Ce pauvre type !
Il n’avait pas besoin de lui pour continuer ce qu’il faisait depuis l’âge de 20 ans. Il avait grandit dans ce milieu et il allait mourir dans ce milieu, tout simplement.


+ i have no intention of walking away from you, you’re my brother

« Et quoi ? Tu t’en vas ? Tu fais chambre à part ? Chacun son cul maintenant. » Il quittait son oncle pas son frère. « Arrêtes dis pas n’importe quoi. Je veux plus travailler avec Raj. Ce connard me tape sur les nerfs. » Son frère lui avait ramené ses affaires, parce qu’il comprenait qu’il voulait prendre un autre chemin, c’était fini les affaires en famille. « Ce connard nous a ramené où nous somme au jour d’aujourd’hui. » « On l’a ramené là où il est aujourd’hui. Soit pas naïf Aaron, tu ne vois pas qu’il se sert de toi ? Il va te jeter sous un train à la première occasion. » Et c’était pas faux, Raj menait Aaron par le bout du nez et si un jour Aaron allait à l’encontre d’une de ses règles il n’hésiterait pas à se débarrasser de lui. Contrairement à Adam, il était plus naïf, innocent même s’il n’en avait pas l’air. Il a toujours eu du mal avec ce boulot. Pour lui c’était une affaire familiale, un héritage. Mais la vérité c’est que c’est parti d’une simple histoire de vendetta. Putain de vengeance qui les mènera à leur fin ! « On va tous mal finir t’façon. » « Oui mais c’est toi qui choisi comment tu fini. Ce mec est un putain de masochiste. Je t’empêche pas de rester avec lui, mais fais gaffe. Je le vois venir. Si t’as un problème tu sais où me trouver. » Adam a toujours eu le rôle du grand frère même s’il est né après Aaron son frère jumeaux. « C’est à cause d’elle que tu pars ? » son regard se bloqua sur le sac de voyage pendant quelques secondes. Il n’avait pas envie d’en parler, ça ne servait à rien. C’était déjà derrière lui, du moins il essayait de s’en convaincre. « Non ! » lance Adam froidement à son jumeau. « C’est moi alors ? » son poing se resserra. Non ce n’était pas de sa faute, c’était la sienne. « Arrêtes putain ! » Comment pouvait-il lui avouer qu’il avait buté sa meuf pour le sauver. Il n’avait pas envie qu’Aaron se sente redevable ou même coupable de ce qui s’est passé. Et même si son oncle est l’élément maitre de tout ce gros bordel il ne se pardonnera jamais d’avoir été faible et de s’être essayé à ce qu’on appelait « amour ». « Parles moi Adam … qu’est-ce qui se passe ? » C’était franchement pas le moment, et, son frère ne lui facilitait pas la tâche. « Oui, c’est bon ? C’est à cause d’elle. » il pouvait apercevoir d’où il était les yeux de son frère jumeau se baisser. Comme par empathie. Comme s’il le comprenait, comme s’il ressentait sa douleur. Et c’était le cas. Ils n’étaient pas seulement frères, ils étaient jumeaux et c’est un lien beaucoup plus fort. « J’ai été con, faible… » Aaron voulait en placer une mais il ne le laissa pas s’exprimer. Il ne voulait pas l’entendre avoir de la peine pour lui, surtout pas venant de son propre frère. « Pas la peine Aaron, elle est plus là, c’est de ma faute, celle de personne. Je veux faire les choses sans Raj j’en ai ma claque de toujours devoir lui rendre des comptes. » son frère hocha la tête, à nouveau compatissant, bien qu’il soit convaincue qu’Adam devrait rester avec lui. Faire les choses comme ils l’ont toujours fait. Seulement Adam avait un tout autre plan et Raj n’en faisait pas parti.


+ i'm doin' this my way

Voilà maintenant plusieurs mois, qu’il avait fait « chambre à part ». Il avait réfléchit à ce qui s’était passé. A son oncle et son plan. A celle à qui il n’a même pas eu le temps de dire au revoir. Pendant tout ce temps son oncle n’a jamais pris en compte les sentiments d’Adam. Tout ce qui a toujours compté pour lui, c’était lui son affaire, son argent et rien d’autre. Et tout ce temps il a réfléchit à comment remettre les comptes à jour. Son oncle a été le seul pilier stable de toute sa vie, mais il a aussi été le seul réel traitre. Aaron, son frère jumeau n’est au courant de rien. Il n’a pas envie de l’impliquer dans cette nouvelle vendetta il risquerait de réellement le perdre cette fois-ci et il était hors de question de devoir laisser une autre personne partir de sa vie. Aaron était beaucoup trop redevable envers son oncle. Il ne serait pas à 100% pour le plan d’Adam.
Ces mois l’ont aidés à faire le point sur qui il était et celui qu’il voulait être.
« Patientez, Monsieur va vous recevoir. » il hocha la tête et s’adossa. Il connaissait mieux que personne son oncle et la seule façon de faire les choses c’était de mettre sa fierté de côté pendant un rendez-vous, lui lécher les bottes et lui faire comprendre que seul lui avait eu raison. « Voilà, Monsieur est prêt à vous recevoir. » Une fois dans son bureau, il fit face au long canapé et se racla la gorge pour signifier sa venue. « Que me vaut cette visite. » il sourit, fièrement. Il savait ce qu’Adam allait lui annoncer. « Tu avais raison … ce n’était qu’une perte de temps et tu nous as mieux appris. » ses doigts se baladèrent le long du canapé, son oncle lui fit signe de la main pour qu’il continue à flatter son ego. « Mets-toi à ma place, c’est comme retirer un jouet à un enfant sans même le prévenir. » Le rire de son oncle le rassurait d’une certaine façon. Il connaissait les phases de son oncles, toutes ses manières, ses mimiques. « Tu sais, on m’a dit que tu as hésité… » il arqua un sourcil guettant ainsi la réaction d’Adam. « Et tu les as cru ? » il croisa les jambes une fois assit sur le canapé face à son oncle. « Non, pas une seule seconde. Je savais que tu n’hésiterais pas. » Connard. « Tu es comme un fils Adam, toi et ton frère. Je voulais que ce soit toi qui termine ce que j’avais commencé. Je voulais savoir si je pouvais encore compter sur toi et en éliminant cette nana tu m’as prouvé à nouveau que ma confiance était bien placée. » Sa mâchoire se resserra. Son oncle voulait le voir buter Ahana, pendant tout ce temps c’était l’idée de son oncle ce petit jeu de choix. Si seulement il pouvait l’abattre sur place. Non, il avait un meilleur plan, la mort était beaucoup trop douce pour un homme de son envergure. « Tu n’as pas besoin de t’excuser, je savais que je pouvais compter sur toi. Avec ton frère on est ta seule famille mais aussi ta seule faiblesse. On ne laisse pas tomber sa famille. » Des conneries, tellement de conneries. « Je me sens tout de même coupable, j’ai été con sur ce coup. Je veux me rattraper. » son oncle lui expliqua que tout allait bien. Rien ne mettrait en danger leur relation. S’il pensait s’en sortir aussi facilement. « Non sérieusement Raj, j’en ai besoin. » « Si ça peut t’aider. » lui souffle exaspéré Raj. « File-moi la direction d’une de tes filières. » son oncle lui offrit un joli sourire ainsi qu’un regard intrigué. Adam a toujours fait comprendre à son oncle que tout ce qu’il savait faire c’était buter, le management et la gestion d’une entreprise ce n’était pas pour lui. Pourtant il est allait à l’université et a fait de longue études à côté de son « réel job ». « Hors de question Adam. » Connard. « Un petit poste dans ce cas. » il haussa les épaules. « Si ça peut t’amuser, tu sera sous la direction d’un de nos employés. » Super, il manquait plus que quelqu’un lui donne des ordres. « Bien sûr, tout ce que t’as sous la main, je veux te montrer que j’suis pas bon que derrière un flingue, je peux gérer l’entreprise familiale. »


Il allait faire tomber son oncle. Il était même prêt à mettre fin à cet héritage. A ce vaste néant qui l’avait entouré depuis sa naissance. S’il allait tomber il emmènerait son oncle avec lui.
Si Adam mourrait, son oncle le suivrait, point !