Robert ∞ Mila

Encore un soir où je fais des heures supplémentaires mais ça va de paire avec mon statut au sein du cabinet. Ce fut une longue et rude journée, riche en négociations et qui n'a pourtant pas porté ses fruits. Pourquoi ? J'en sais rien, j'ai usé de mes arguments habituels et un de mes meilleurs associés était là aussi. Je ne comprends vraiment pas ce qui s'est passé pour que ça foire à ce point-là et j'ai plus que hâte que cette journée se finisse. En rentrant, je vais filer prendre une douche avant de me glisser dans mon lit pour bouquiner un peu avant de dormir. Même si je n'arriverai sans doute pas à dormir avant d'avoir jeté un coup d'oeil à ce fichu dossier. Il faudrait vraiment que je perde cette manie un jour.

Arrivée devant chez moi, c'est un véritable soulagement. En entrant, j'appelle mon fiancé mais il ne répond pas. Peut-être bien qu'il dort déjà. Je fais alors en sorte d'être discrète en grimpant les escaliers puis en allant à salle de bain. Mais à peine ai-je franchi la porte de la salle de bain que je me rends compte que j'ai oublié un truc dans la chambre. J'y vais sur la pointe des pieds et en ouvrant la porte : Derek et une de ses maitresses. Dans MON lit. Oh bordel, ça va pas se passer comme ça...

« Eh mais qu'est-ce qu'elle fait là ??? T'avais dit qu'elle rentrerait pas avant une heure ! »

Au même moment, j'ouvre la fenêtre en grand et balance les vêtements de sa poufiasse dans la rue. Qu'elle se débrouille, c'est pas mon problème ! Alors qu'elle passe juste à côté de moi pour sortir de la pièce, ma main part toute seule et je me rends à peine compte que je viens de lui coller une gifle magistrale.

« Mais elle est folle ! »

Elle se barre enfin et Derek me regarde avec son traditionnel air de chien battu. Bon sang ce que j'ai envie de le baffer lui aussi ! Je me contiens et me contente de serrer les poings.

« Je te jure c'est pas ce que tu crois... »
« Ah ouais ? Vous étiez en pleine partie de Scrabble peut-être ? Arrête de te foutre de moi Derek ou tu vas voler par la fenêtre comme les fringues de ta poufiasse. »

Prête à refermer la porte derrière moi, il m'interpelle :

« Mila ? Où tu vas ? »
« Faire un tour ! »

J'en ai tellement marre de cette situation que je sors de chez moi aussi vite que possible, me mettant derrière le volant de ma voiture, prête à rouler jusqu'à temps de ne plus pouvoir me concentrer sur la route. Si seulement c'était la seule fois, j'aurais pu passer l'éponge mais là, c'est de plus en plus régulier et ce n'est que rarement les mêmes. Là non plus, je comprends plus rien. Il doit avoir un sérieux problème pour ne pas être capable de s'arrêter alors qu'à chaque fois, je le prends sur le fait. Qu'est-ce qui m'a pris de dire oui? Toujours cette même rengaine et ça me ronge. C'est pas possible que toutes mes histoires soient vouées à l'échec, doit y avoir un truc qui cloche chez moi...

Roulant sur Presidente Drive, j'ai la ferme intention de me rendre à Pacific Lane. Je compose le numéro de Robert, mon professeur de kick-boxing particulier depuis peu. Ça me fait du bien d'extérioriser ça de cette manière, même si ça ne résout pas mes problèmes non plus. Alors qu'il décroche, je dis à toute vitesse, comme si j'étais paniquée :

« Allô Robert ? T'es dispo là ? Je peux passer là ? J'ai vraiment, vraiment besoin de me défouler. »

Une dizaine de minutes plus tard, j'arrive devant chez lui et je jette un œil à mon reflet. Merde, mon maquillage a coulé et je suis vraiment pas belle à voir... Peu importe, je sors de la voiture et vais frapper à sa porte.

« Salut. Désolée de débarquer comme ça... »

Robert ∞ Mila

Encore un soir où je prends Derek sur le fait. Je suis tellement fatiguée que je finis par péter les plombs. Non seulement je fais voler les fringues de la nana par la fenêtre mais alors qu'elle sort de la chambre, je lui colle une baffe. Je serre les poings pour me retenir et ne pas frapper mon fiancé, parce que j'en ai bien besoin, je sors de chez moi assez vite pour prendre le volant jusqu'à Pacific Lane. Et tout ça pour quoi ? Pour me rendre chez mon prof de kick-boxing. Après tout, ça ne pourra pas me faire de mal de me défouler. Je sais bien que ce n'est pas ce qui va régler tous les problèmes mais si ça peut me les faire oublier un peu, ce ne sera pas de refus..

J'appelle alors Robert, en panique, et lui demande bien vite si je peux passer. Pas que ça me sauverait la vie non plus mais bon... Il dit alors que je n'aurais qu'à frapper alors j'appuie sur l'accélérateur. Un peu de moins de dix minutes plus tard, je suis devant chez lui. Je jette un bref coup d'oeil à mon reflet ; non seulement mon maquillage a coulé mais en plus de ça, j'ai les yeux rougis tellement j'ai pleuré de larmes de colère. Quand il ouvre la porte, je ne manque pas de m'excuser de débarquer aussi tard et il essaye de détendre l'atmosphère, comme le ferait un véritable ami, me disant qu'il ne m'attendait pas avant minuit et qu'il était prêt à se faire un masque. En quelques secondes, j'oublie ce qui m'amène ici et je me mets à rire :

« Je sais pas pourquoi, mais je te vois pas vraiment avec des concombres sur les yeux. »

Je lui adresse un sourire complice puis il me laisse entrer, me disant de faire comme chez moi. Je pose alors mon tailleur sur le dos d'une chaise, étant toujours en tenue de travail. Il me dit ensuite que j'ai l'air d'attaque et j'esquisse un léger sourire :

« Oh que oui, tu n'as pas idée à quel point je suis d'attaque là... Tremble, Bruce Lee ! »

C'est fou ce qu'il arrive à presque me rendre ma bonne humeur alors que j'ai qu'une envie, de cogner tout ce que je peux pour oublier à quel point je suis prise au piège maintenant... Je lui adresse un nouveau sourire avant d'ajouter pour le taquiner :

« Ah oui ? Tu me laisserais ramper jusque chez moi hein ? Tu me raccompagnerais même pas ? Moi qui pensais que tu étais un gentleman, mon monde s'écroule... »

La vérité, c'est que mon monde s'est déjà écroulé depuis un moment mais je ne fais aucun commentaire. Je remarque qu'il me regarde de haut en bas et il finit par me proposer de me prêter des vêtements pour notre séance, je hoche alors la tête :

« Si ça peut m'éviter de déchirer mon chemisier, c'est pas de refus ! »

Surtout un chemisier à ce prix-là à vrai dire... Quelques minutes plus tard, je suis changée et d'attaque, alors je demande :

« On commence ? Ne me ménage pas, surtout. »