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| {{ All I found was cigarettes and alcohol {Jagger} | |
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| Sujet: {{ All I found was cigarettes and alcohol {Jagger} Mar 29 Sep 2015 - 19:14 | |
| ❝ All I found was cigarettes and alcohol ❞ Jagger O'Connor & Cordelia Hoogendijk
On était en pleine semaine : mardi, pour être précis. Malgré la population étudiante de la ville, cette dernière était relativement calme. C'était peut-être une simple impression, se disait Cordelia. Après tout, elle avait passé toute sa journée au stand de tir, comme à son habitude, et promené Spirit en suivant son parcours habituel. C'était avec elle qu'elle pratiquait le plus clair de ses activités sportives : Spirit était la seule capable de la faire marcher des kilomètres sans qu'elle s'en rende compte. Lorsqu'il s'agissait de faire prendre l'air au fauve, elle avait depuis longtemps troqué ses talons contre une paire de baskets, et elle s'était peu à peu habituée à ce quotidien transformé par la nouvelle membre de sa famille. Spirit était sa seule réelle fidèle compagne, et auprès d'elle, Delia avait trouvée une amie qui ne la jugeait jamais et à laquelle elle pouvait tout confier. L'animal était de nature calme et obéissante, ce qui corroborait sans aucun doute cette impression d'avoir à faire à une amie attentive. Elle ne rivalisait pas avec Bianca, pourtant. Sa jumelle était pour Cordelia un être bien à part, un être pour lequel elle avait été prête à faire tous les sacrifices, y compris ceux qui, aujourd'hui encore, pesaient tout ce poids sur ses épaules. Pourtant, avec Bianca, il y avait quelque chose de différent, quelque chose que Spirit lui épargnait. Avec Bianca, elles s'étaient imposé une sorte de compétition depuis leur jeunesse, et si elle s'en était accommodée à l'époque, son échec flagrant dans la vie lui rappelait sans cesse qu'elle était la grande perdante des deux. Même auprès de Wilson, leur frère aîné, Bianca semblait avoir trouvé un allié qui n'était désormais plus celui de Cordelia. Et souvent, malgré ses longues journées de travail et ses weekends tout aussi chargés, la rousse ne pouvait s'empêcher de relever le poids de cette solitude qui semblait la suivre à chaque instant. Spirit avait changé son quotidien, mais elle avait parfois quelques éclairs de lucidité : si elle la considérait comme une de ses plus proches amies, sa chienne n'en restait pas moins un animal qui n'en avait rien à faire d'elle, et surtout de ses états d'esprit. Rien ne pourrait jamais égaler la compagnie humaine. Et c'était pour ça que, de temps à autres, Delia visitait les bars et pubs de la ville. Elle avait à peu près fait le tour de ceux du centre ville. Les whisky ne se valaient pas entre les établissements, voilà la conclusion à laquelle elle était arrivée. Sans aucun doute, c'était celui du Perqs qu'elle préférait. Et puis, ce bar avait l'avantage notable d'être le plus proche de chez elle, même si elle avait encore besoin de prendre la voiture pour s'y rendre. Le bar était au bord de la plage, et il n'y avait qu'à traverser la Pacific Coast Highway pour se retrouver les pieds dans le sable, ce que ne manquait pas de faire Cordelia avant de rentrer chez elle. L'océan ici n'avait rien à voir avec celui qu'elle avait connu sur la côte est. Ici, il était rassurant. Le sable était chaud, les gens en maillot de bain, et on ne risquait pas d'attraper un rhume en s'offrant une glace. La nuit, la plage était encore plus jolie : les reflets de la lune, entière ou non, dansaient sur l'eau plus ou moins agitée. C'était un lieu magistral pour observer cette amie qu'était la lune, là-haut, tout près. Au grand regret de Delia, pour voir les étoiles, c'était beaucoup plus compliqué. Les parasites lumineux de la ville les masquaient, mais c'était une idée à laquelle elle avait toujours été habituée. Philadelphia n'était mieux de ce côté-là.
Ce calme de la solitude, elle avait appris à l'apprécier. Mais elle ne l'adulait pas au point de lui être fidèle : le Perqs avait cet attrait de l'animation. La population y était jeune, régulière, fêtarde, chaleureuse; tout ce que Cordelia aimait. Elle retrouvait d'autres clients dévoués de temps à autre, et le staff du Perqs s'était habitué à elle au point de connaître ses commandes selon son humeur et l'heure plus ou moins avancée de la soirée. Ce soir-là, c'était soirée karaoké, comme tous les mardi. Delia montait sur scène de temps à autres, lorsqu'elle n'était pas embarquée dans une conversation sans fin comme elle les aimait. Elle ne chantait pas les airs du hit parade, mais de toute façon, ceux-ci étaient loin d'être privilégiés dans le coin. Ce soir-là, aux alentours de vingt-trois heures, elle avait laissé son sac à sa table et avait pris son courage à deux mains sans attendre de retrouver qui que ce soit : elle s'était lancée dans l'interprétation de l'un des titres qui avaient bercé son adolescence. Sa voix claire avait repris Nothing Else Matters de Metallica avec une assurance qui rendait l'air plus suave encore. Elle était retournée s'asseoir, l'air de rien, et avait posé une pile de journaux sur sa petite table. Elle avait attrapé le premier, et l'avait ouvert à une page toute particulière. On était le mardi vingt-neuf septembre deux-mille quinze, et plus que jamais, Delia avait la tête dans les étoiles. Mais plus que jamais, elle avait envie de taper sur les médias. Evidence for flowing water on Mars: this opens up the possibility of life, of wonders we cannot begin to imagine. Quels crétins. Elle imaginait bien ces réseaux sociaux qu'elle méprisait tant s'enflammer à l'idée d'un peu d'eau. Elle ferait boire à tous ceux là cette eau salée qui faisait tant polémique, tiens. On virait bien ce que dirait leur organisme de ce choc oxydant. Peut-être qu'il était temps qu'elle se lance dans la médiatisation des sciences, finalement... elle, au moins, saurait de quoi elle parlerait, non ?
Au bout d'une quinzaine de minutes de lecture agacée, la rousse ferma son troisième journal et demanda à l'un de ses voisins, qu'elle connaissait vaguement comme étant un autre fidèle du Perqs, de surveiller sa table. Elle ne fut tout de même pas assez irraisonnable pour laisser son sac. Elle laissa comme seule marquage de territoire sa pile de journaux mal repliés. Elle avait besoin d'une clope. Ou de deux. Elle verrait bien. C'était toujours moins de pire que d'essayer de s'hydrater avec des perchlorates...
Dehors, la pleine lune se fondait à nouveau dans le paysage comme si elle n'avait pas fait son show la veille. Cordelia lui sourit avant de sortir une Winston de son sac et de l'allumer. Dehors, les fumeurs du bar s'était agglutinés et, pour la plupart d'entre eux, discutaient en petits groupes. Elle s'adossa au mur de briques et observa autour d'elle. Elle reconnut, un peu plus loin, un client habitué du Perqs et le salua. Ils échangèrent quelques politesses, puis, ayant terminé de fumer, il rentra au chaud. Se perdant dans ses pensées, la rousse se dit qu'il serait sans doute raisonnable de bientôt rentrer. Spirit l'attendait, et si elle restait trop longtemps, elle boirait sans doute plus que de raison et prendrait la voiture en négligeant sa propre sécurité. Ah, peu importait, après tout. Elle avait l'habitude, et Spirit était sans doute endormie à côté de son pot de fleurs préféré. « Excusez-moi, vous auriez une cigarette ? »
Dernière édition par Cordelia Hoogendijk le Jeu 8 Oct 2015 - 1:21, édité 1 fois |
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| Sujet: Re: {{ All I found was cigarettes and alcohol {Jagger} Ven 2 Oct 2015 - 17:43 | |
| | my legs are dangling off the edge. a stomach full of pills didn't work again. i'll put a bullet in my head and i'm gone, gone, gone. – charlie scene. |
J'avais passé la journée à déambuler dans les rues d'Huntington Beach, et bien que ma promenade ne pût égaler mes errances nocturnes, je me plaisais à parcourir la ville à la recherche d'inspiration pour de potentiels tatouages. Mon corps en était saturé, pourtant, il m'arrivait souvent de dessiner de jolies courbes, que j'imaginais gravées sur les parcelles encore libres de ma chair. Puis, mon chemin s'était étendu à la mer, et l'eau venant s'abattre contre les rochers m'avait spirituellement mené ailleurs ; enivré par le mouvement des vagues, je m'étais mis à réfléchir à ce que j'avais fait de ma vie ; en comparaison à ma lointaine carrière de boxeur, ce à quoi je m'étais condamné pour le restant de mes jours était un véritable échec. Il m'arrivait de fermer le salon quelquefois, puis d'aller me balader le long de la côte, cherchant à fuir la familiarité de mon lieu de travail. Putain, ce que je détestais rester cloîtré entre quatre murs une journée durant, sans même pouvoir consommer d'alcool ni fumer une clope. Je m'autorisais plusieurs pauses de temps à autre, mais ces rares instants de calme à l'arrière du salon, dans la cour extérieure, ne manquaient pas de me rappeler combien retourner bosser ensuite allait être une pénible épreuve à surmonter en attendant le soir. Et lorsque celui-ci s'approchait à grand pas, mon impatience n'en était que plus grande ; je savais qu'enfin je pourrais noyer ces insoutenables heures de travail au fond d'un verre de whisky, y laisser le spectre de ma mauvaise humeur journalière. Ce soir, j'avais choisi le Perqs lorsque mes pas m'y avaient maladroitement conduit, frôlant certains passants et allant jusqu'à en bousculer d'autres. Par habitude, je buvais seul. Je n'aimais pas les gens qui venaient m'accoster, affichant un parfait sourire hypocrite sur leur visage d'ivrogne. Mais cette soirée fut plutôt calme, et, comme d'ordinaire, je la passai en marge des autres , préférant me saouler en ma propre compagnie plutôt que de partager une table. La lune escaladait progressivement les nuages, grimpant dans le ciel à mesure que le temps passait, tandis que le froid s'engouffrait dans l'enseigne à chaque fois que quelqu'un y entrait. Le calme de cette soirée m'intima de ne pas m'attarder. Quelques verres puis la fuite.
Je tirai une latte sur la cigarette que la flamme de mon briquet avait caressé ardemment quelques secondes plus tôt. Peut-être la troisième dans la soirée. Probablement pas la dernière. Pourtant, j'avais assez fumé et bien trop bu. J'avais besoin de plus qu'une simple bouteille de whisky, et ce qui d'ordinaire parvenait à satisfaire mes besoins me donnait une impression de banalité à l'heure actuelle. Une banalité sous laquelle, en fin de compte, je croulais dès les premières lueurs du jour, et dans laquelle je baignais à chaque heure jusqu'au moment du coucher ; j'étais un habitué des cauchemars. Mon sang battait dans mes veines tel un torrent d'acide, tandis que mon cœur se tordait sur lui-même, glissait le long de mon être pour venir s'entortiller autour de mes intestins et y faire pression jusqu'à ce qu'ils explosent. Je sentais la sueur perler sur mon front lorsqu'au réveil je sortais de cet enfer. Mais durant ces instants cauchemardesques, peu importait que mes angoisses se manifestent physiquement ; bien qu'endormi, je me sentais vivant, et cet état d'euphorie me possédait jusqu'à en faire trembler mes membres. J'aimais lui appartenir. Je voulais échapper au quotidien, et mes songes nocturnes étaient la clé de cette prison. Le reste du temps, j'entre-ouvrais la porte à la monotonie, et celle-ci s'invitait dans mes journées jusqu'à ce qu'enfin mes cauchemars reviennent me hanter. Piètre existence pour un gars dans mon genre. Il m'arrivait de vouloir échapper à l'inertie des choses, à cette vie morose et ce désert sentimental. Mais lorsque je tentais de fuir la réalité, je succombais bien vite à cette impression de vide m'agrippant la jambe pour me ramener parmi les autres. Les autres. Le reste du monde se levait au petit matin pour revêtir son manteau d'indifférence l'espace d'une journée, accueillant la routine comme une amie de toujours. Je refusais d'être l'un de ces pantins articulés, mais la société n'a jamais toléré d'exceptions.
D'une certaine façon, je n'aimais pas me mêler aux gens. Je pensais que la platitude de l'existence et l'ennui de vivre se transmettaient par une discussion amicale, et peut-être bien que la morosité de mon quotidien était née d'une simple poignée de main. Alors je bâtissais un refuge autour de moi, à mesure que le temps défilait, comprenant bien qu'un jour je serais comme eux. C'était comme une bulle imaginaire, elle réchauffait mon cœur lorsque celui-ci saignait ou battait fort ; une sorte de duvet dont la chaleur enivrante nous apaise, à l'intérieur duquel on se sent bien, surtout les jours d'hiver et lorsque la froideur du monde nous répugne. Je recrachai le poison dans l'atmosphère du soir. Alors que la fumée forçait le passage entre mes lèvres, une voix délicate et féminine me tira de ma rêverie. On venait de faire irruption dans ma bulle. Une demande banale, et ce fut tout. Je me retrouvai à chercher une cigarette dans le fond de ma poche, au milieu d'affaires inutiles et entassées. L'expérience personnelle, combinée aux longues heures passées à attendre que la journée – qui s'éternisait chaque minute un peu plus, jusqu'à vous faire croire que vous quitteriez votre boulot dans dix minutes alors qu'il vous en restait une trentaine à patienter – veuille bien s'achever, avaient su m'enseigner la notion du temps. Ainsi, sans horloge ni chronomètre, j'étais capable d'estimer approximativement combien de minutes s'écoulaient durant une coupure pub, mais aussi combien d'heures s'enchaînaient le temps d'un quelconque tatouage. Ou bien simplement combien de secondes défilaient durant la quête d'une cigarette, dès lors que ma main venait plonger dans la poche droite de ma veste. (Vingt-sept secondes, et probablement un peu moins lorsque mes clés de voiture étaient rangées, comme à l'accoutumée, dans la poche gauche.) Un don tout-à-fait inutile, mais que, par fierté plus ou moins dissimulée, je ne manquerais pas de mentionner en bas d'un potentiel CV. « Une minute. » J'extirpai de ma poche un paquet froissé et tendis à la demoiselle une cigarette, que j'allumai avec mon briquet sorti de l'autre poche. « 'Pouvez garder le paquet. » J'ignorais pourquoi une telle proposition m'était venue à l'esprit. J'avais besoin de plus qu'une simple cigarette, je ressentais l'envie dévorante qu'autre chose vienne me réconforter – une chose vraiment, vraiment plus forte. Un comas ou de la drogue, je ne savais pas trop. Cependant, ce paquet pourrait bien faire office de bouée de sauvetage jusqu'à plus tard. L'alcool dont mes veines étaient imprégnées m'avait fait dire une énormité, mais je mis mon semblant de bonnes manières de côté. « Putain, non, j'en aurai besoin pour plus tard. Tout compte fait.. » Je cherchai l'ouverture de ma bulle, mais celle-ci ne vint pas m'envelopper ; elle m'intima de faire face à mon interlocutrice, restée bête devant ma maladresse.
Dernière édition par Jagger O'Connor le Mer 21 Oct 2015 - 19:27, édité 1 fois |
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| Sujet: Re: {{ All I found was cigarettes and alcohol {Jagger} Jeu 8 Oct 2015 - 3:25 | |
| Pourquoi Delia demandait-elle une cigarette à un inconnu ? Parce que celle qu'elle avait sortie de son sac était la dernière, et parce qu'elle ne voulait pas rentrer, pas déjà. L'extérieur d'un bar était toujours bien différent de son intérieur. Ici se retrouvait une classe bien à part, restreinte : celle des fumeurs, des exclus, de ceux qui bravaient les aléas météorologiques pour la même addiction ridicule, celle de ces marginaux que leurs amis laissent sortir en restant eux-même bien confortablement installés avec leur bière ou leur cocktail. Delia aimait la cigarette ; pas pour le goût immonde qu'elle laissait sur sa langue, le parfum désagréable qu'elle donnait à ses vêtements, ou les risques augmentés de cancer qu'elle lui promettait. Elle l'aimait pour le sentiment de confort qu'elle lui procurait : une cigarette, et Delia se sentait rassurée, libre de toute oppression extérieure. C'était son moment de tranquillité à elle. Le moment où elle allumait sa cigarette était toujours le meilleur : la première bouffée, celle de la récompense tant attendue. Pourtant, parfois, une seule cigarette ne lui suffisait pas. Parce qu'elle n'était pas prête à refermer cette petite parenthèse de tranquillité, parce qu'elle n'était pas prête à reprendre le chaos de son quotidien. Ce moment-là était de ceux-là. Et elle n'avait plus de cigarettes. Du coin de l’œil, elle avait repéré un autre solitaire qui fumait, lui aussi, un peu plus loin. Avant de le rejoindre, elle avait éteint et jeté son mégot. Quoi de plus ridicule que de demander une cigarette à quelqu'un en lui fumant devant ? Elle avait donc demandé une cigarette, une simple cigarette. Ce n'était pas des Winston qu'il fumait, constatait-elle maintenant qu'il sortait son paquet. C'était un peu le jeu de la loterie, dans ces cas-là. Et puis, elle devait bien se contenter des Malboro de sa sœur de temps à autres, alors pourquoi pas... Il avait rapidement sorti une clope de son paquet pour la lui tendre. Avec un sourire, Delia avait l'avait glissée entre ses lèvres et cherchait à présent son briquet. C'est son sauveur qui la sauva une nouvelle fois. « 'Pouvez garder le paquet. » Elle tira la cigarette de ses lèvres pour en souffler la première latte, et, avec un petit sourire amusé, répondit : « quelle générosité, j'en attendais pas tant... » Même si elle la trouvait assez saugrenue, elle n'était pas contre l'idée. Elle avait quelque chose d'assez drôle. Un inconnu qui lui offrait un paquet de cigarettes encore loin d'être vide... Était-ce là l'effet de ses beaux yeux ? « Vous m'avez entendue chanter à l'intérieur, c'est ça ? Ça vous a transcendé au point de vouloir me faire une offrande ? » gloussa-t-elle en tirant une nouvelle bouffée de toxicité. « Putain, non, j'en aurai besoin pour plus tard. Tout compte fait.. » Il se reprenait, et ça la faisait rire. Bêtement. « Ah... » dit-elle en penchant la tête. Elle jeta un coup d'oeil au paquet, qu'il n'avait pas lâché, même lorsqu'il l'avait invitée à le prendre. « Tant pis pour moi. Je vais devoir passer la nuit sans cigarettes », soupira-t-elle, amusée, avant de se demander, beaucoup plus sérieusement, si elle ne pouvait pas avoir un fond de paquet quelque part chez elle. Parce que, sérieusement, passer une nuit sans cigarettes lui faisait froid dans le dos. Et si elle se réveillait et qu'elle avait envie de fumer ? Et si demain, tous les bureaux de tabac de la ville étaient fermés ? « Je vous propose un deal », annonça-t-elle, très sérieuse, en s'adossant au mur, à côté de l'homme. « Vous avez bien deux ou trois cigarettes à me donner... non ? » Elle posa son regard sur le malheureux paquet, dont elle essayer de deviner avec exactitude le contenu, même si elle s'avait d'avance qu'elle n'était pas dotée d'une vue bionique, et que c'était donc peine perdue. « Et moi, j'vous offre un verre. Juste, pas du champagne, quand même... faut pas pousser, je suis pas Crésus... » Elle le regardait, bienveillante. Elle comprenait peu à peu pourquoi, de tous ceux qui étaient présents autour d'eux, c'était lui qu'elle était allée voir. Nul doute que dans cette petite foule agglutinée devant l'entrée du Perqs devait se trouver au moins une ou deux connaissances à elle, et pourtant, c'était lui qu'elle avait abordé pour cette cigarette. Il avait un air qu'elle n'avait connu qu'à peu de personnes avant lui. Roy le premier, elle la seconde. Il avait cet air qu'ont les gens attaqués par la vie, en constant manque de plus et en perpétuelle demande de moins. Ses traits étaient marqués par la fatigue physique, peut-être, le manque de sommeil; mais ils semblaient surtout empreints d'une douleur silencieuse, quelque chose d'indescriptible. Peut-être que ce qu'elle lisait sur son visage était complètement hors de propos, peut-être qu'elle s'était perdue dans des analyses troubles et irréalistes... mais c'était en croisant son regard pour la première fois qu'elle venait de retrouver une lueur qu'elle connaissait. Elle était presque paralysée devant l'homme, avec un petit sourire immobilisé sur son visage. Dans l'obscurité, elle ne voyait pas la couleur des yeux de son interlocuteur. Mais il se passait quelque chose d'étrange. Elle venait de plonger dans un autre monde. Finalement, devant l'air incrédule de l'homme, elle sortit de sa torpeur et se sentit obligée d'ajouter : « sans engagement, bien sûr. J'ai ma table, je suis bien à ma table, et puis j'ai vu George, tout à l'heure, ça l'occupera de me parler de sa nouvelle copine. Non, non, jveux dire, un verre pour vous, à votre place, c'est tout. Pas de soucis. » Mais même dans son cafouillage, Delia, comme à son habitude, n'en avait pas perdu sa contenance. Elle souriait, amusée par la situation, s'efforçant à présent de fuir son regard. Sa raison lui intimait à présent de rentrer chez pour elle pour retrouver Spirit, mais quelque chose, qu'elle n'arrivait pas vraiment à déterminer, semblait la retenir ici. « Vous allez chanter ? » Question stupide, bonjour. Mais elle gardait ce même sourire de sociabilité, celui qu'elle arborait contre vents et marées. Ce sourire aussi surfait qu'il était devenu sincère au fil des années. « Oh, c'est pour ça, le paquet de cigarettes », tenta-t-elle d'humoriser en levant les yeux aux ciels, comme pour signifier une révélation soudaine. « Metallica, c'est pas votre truc. » Elle fronça les sourcils en regardant un couple rentrer à l'intérieur, perdue dans ses pensées. « Vous c'est plus... Laissez-moi réfléchir... » Une latte, un nuage de fumée. « Du r'n'b, comme les Black Eyed Peas ? Enfin... je sais pas si ce groupe est encore d'actualité, mais... c'était soit ça, soit Britney Spears. Parce que je suis moderne, comme femme. » Ses références musicales étaient loin de pouvoir rivaliser avec celles de sa sœur, qui, comme dans tous les domaines auxquels elle touchait, excellait. Mais Bianca se sentirait probablement aussi ridicule qu'elle si elle était amenée à parler de musiques actuelles. « Par contre, si vous me dites AC/DC, on va être obligés de coucher ensemble », rit-elle en regardant le sol, où elle venait de jeter son mégot, qu'elle écrasait fermement. « Merci pour la cigarette... » dit-elle en relevant le regard vers le visage de l'inconnu. Elle souriait, mais une fois encore, elle s'était perdue. Quelque chose de drôle se passait. Face à lui, face à ce regard, elle se sentait bête, comme une enfant à qui il y avait encore tant à expliquer de la complexité de la vie. « Bon... bah voilà. C'était sympa » Elle lui fit un signe de la main en se décollant du mur pour rentrer, avant de faire volte-face et de lui dire : « le deal tient toujours. Si vous en êtes, je suis à droite, près de la deuxième fenêtre. Mais j'accepte le deal seulement si vous montez chanter un titre d'AC/DC. Sinon, bah... C'était sympa de vous rencontrer. » Un coup de vent plaqua une longue mèche de cheveux roux contre son visage. Passant la main dans sa chevelure pour s'en débarrasser, Delia lui fit un dernier signe de main. « Merci encore... » Et elle disparut, s'engouffrant à l'intérieur du bar, bien au chaud.
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| Sujet: Re: {{ All I found was cigarettes and alcohol {Jagger} Lun 2 Nov 2015 - 21:01 | |
| | my legs are dangling off the edge. a stomach full of pills didn't work again. i'll put a bullet in my head and i'm gone, gone, gone. – charlie scene. |
J'absorbais la fumée, salissais mes poumons, pourrissais l'atmosphère. À travers ces quelques bouffées de poison, je souillais et détruisais, mais je me sentais vivant. La fumée s'évaporant dans l'air reflétait les maux que je taisais, les douleurs léthargiques que je traînais derrière moi depuis si longtemps. Me détruire, me consumer de l'intérieur, c'était ce que je savais faire de mieux. J'avais en tête qu'un jour, l'alcool et la cigarette auraient raison de moi. Mais ces divers électrochocs me maintenaient en vie, ils étaient comme une opportunité, une chance de taire mes souffrances et de ne sentir rien d'autre que le poison qui s'infiltre en moi. Ainsi, je n'entendais pas le brouhaha de la foule, ni les plaintes sourdes que poussait la porte lorsqu'un client quittait le bar. Un moment de vide s'offrant à moi, un court instant durant lequel je n'étais pas torturé par le bourdonnement de mes pensées.
Ce soir était particulier, différent de tous ceux que j'avais regardé défiler devant moi, impassible. Ces dernières années, j'avais goûté aux alcools les plus forts d'Huntington Beach, je m'étais assis au comptoir de chacun des bars de la ville. Je m'étais saoulé jusqu'à n'en plus pouvoir, considérant le fond de la bouteille comme mon seul ami. Je m'étais murmuré quelques mots entre deux gorgées, révélant à voix haute mes angoisses passées et mes craintes de l'avenir. Mais le cadavre de ces moments passés à boire – boire pour oublier – ne vint pas empiéter sur l'instant présent ; aucun souvenir, aucun songe, n'eut été plus puissant que le sentiment de plénitude qui me prenait aux tripes, déclenché par la voix suave de mon interlocutrice. Elle parlait de choses sans grande importance, et, attentif, je tendais l'oreille. Je l'écoutais plaisanter, s'adresser à moi comme à un ami de toujours, je me laissais aller au gré de son discours. Plus d'une fois, je voulus glisser quelques mots dans la conversation, mais je me tus, enivré par ses paroles banales et ses mots chargés de sympathie. J'aurais pu mettre un terme à l'absurdité de la scène, mais j'en fus étrangement incapable. À la vérité, je ne cherchais pas à comprendre le sens de ce moment loufoque. J'étais simplement heureux du bruit de son discours, qui couvrait l'éclat de mes pensées les plus noires. Et puisque les paroles de la jeune femme résonnaient à mes oreilles comme une douce mélodie, je n'avais nullement besoin de m'attarder sur les traits de son visage. Instinctivement, je daignai même fermer les paupières, me délectant pleinement de cette symphonie. J'étais inapte à nommer les sentiments se bousculant à l'intérieur, mais les sensations qui me traversaient n'en étaient que plus agréables. Cet étrange moment demeurait un mystère, mais ses propriétés semblaient être les mêmes que celles de l'alcool ; au même titre qu'une bonne bouteille de whisky, ces quelques minutes passées en compagnie de l'inconnue m'offraient du réconfort. Un réconfort incertain, auquel je m'abandonnai sans prendre garde. Je voulus lutter, mais je me sentis partir. Emporté dans un tourbillon sentimental, loin d'ici et loin de tout. Je souris bêtement à la demoiselle, affichant un air de pauvre toxico dont l'organisme serait présentement imprégné de drogue. Mon esprit demeura absent l'espace d'un instant. Puis, à l'entente de cette étrange proposition, je me forçai à redescendre sur Terre, clignant des yeux à intervalle régulier. Dans un air de réflexion, j'analysai la situation ; j'étais accablé, fatigué, peut-être même saoul. Mais ce moment-là avait quelque chose de si mystérieux, un caractère si puissant qui me retenait ici malgré moi. Je songeai à m'en aller, à me défaire de ce sentiment de plénitude me collant à la peau, mais je m'en sentais incapable. J'aurais passé la nuit entière à l'écouter.
Elle plaisanta ensuite quant à l'utilité de mon paquet de clopes. Détournant subitement le regard, j'aurais voulu lui dire la vérité, déverser mes douleurs et ma haine à travers un discours enflammé, hurler mon désespoir. Mais je ne fis rien de tout ça, désireux de prendre part à ce délicieux moment plutôt que d'en être le simple spectateur. Alors, d'un sourire, je lui laissai croire que j'étais heureux. « À dire vrai, j'ai même jamais entendu parler des Black Eyed Piz. » J'avais passé mon adolescence à me briser les poings sur du Guns N' Roses, à me massacrer les phalanges en écoutant du rock. Mes cris de rage étaient alors rythmés par la musique, celle-ci donnait la cadence à mes battements de cœur, mes souffles, mes moindres mouvements. Je n'avais jamais connu que de vieux groupes, du metal, du rock, par conséquent, j'ignorais tout de ce qui se faisait aujourd'hui. Lorsqu'elle fit mention d'AC/DC, j'affichai un sourire nostalgique. « J'aurais bien accepté, mais ma femme m'attend à la maison. » Nos rires se mêlèrent l'un à l'autre, s'entrechoquèrent et firent monter en moi un curieux élan de joie. Le simple fait de partager ce moment avec l'inconnue me rendait confus, et cette expérience toute nouvelle renforçait mes effrois. Je fus un instant tiraillé entre l'envie de m'enfuir, et celle de pénétrer dans ce bar pour que la soirée suive son court, pour la faire durer quelques minutes encore. Malgré mes hésitations grandissantes, j'étais sûr d'une chose ; je voulais être heureux. Je voulais continuer de vivre des moments comme celui-ci, de rire, et de sourire. Il me fallut peu de temps pour me décider ; refusant de succomber à la spirale d'incertitudes qui menaçait de m'emporter, je pénétrai dans l'enseigne. Je ne mis qu'un court instant à repérer la jeune femme, qui, quelques tables plus loin, discutait avec un gars assis en face. Sans doute Joe.. George. Je franchis la distance qui nous séparait en quelques secondes, d'horribles secondes durant lesquelles j'écoutai le fil de mes pensées cliqueter dans ma tête. À travers les rires gras des clients, mes doutes refirent surface, mais je songeai qu'il était trop tard pour reculer. « Ça marche. Pas de champagne. Rien qu'un verre, et ce paquet est à vous. Je garde ma table et vous la vôtre. » En signe d'acceptation, je glissai mon paquet de cigarettes entre les doigts de la jeune femme. Je sentais à peine mes mains, que la température ambiante avait rafraîchi. L'espace d'un instant, je m'en voulus de lui avoir infligé le froid contact de ma peau contre la sienne. « Et bien sûr, je chanterai une chanson d'AC/DC, puisque vous me l'avez si gentiment demandé. » Et, probablement trop alcoolisé, je me retrouvai au milieu de la scène, le micro à la main. Le moindre son sortant de ma bouche fut un désastre, un véritable supplice pour les clients. Mais son regard braqué sur moi, je me sentais apte à tout faire.. En fait, j'étais un piètre chanteur, et ça, c'était une vérité bien moins avouable.
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| Sujet: Re: {{ All I found was cigarettes and alcohol {Jagger} Mer 18 Nov 2015 - 20:34 | |
| Des illustres inconnus, elle en rencontrait quotidiennement. Que ce soit au stand de tir, dans la rue, en faisant ses courses, aux concerts de Bianca ou aux bars qu'elles fréquentait, elle était la première à sourire à des inconnus et à engager la conversation. Ça faisait partie d'elle ; la solitude lui pesait très rapidement, mais elle était aussi responsable de toutes ces nouvelles rencontres qui rythmaient sa vie. Il s'agissait souvent d'entrevues ponctuelles et éphémères, mais elles représentaient cette vie sociale à laquelle Cordelia était tout particulièrement attachée. Sa capacité à accrocher avec à peu près n'importe qui était la seule chose que sa sœur ne faisait pas mieux qu'elle. C'était ce sur quoi elle s'était reposée en grandissant, y trouvant là une aisance qui lui avait permis de se construire hors de l'ombre de Bianca. Elle aimait discuter, partager, rire; elle aimait apprendre à connaître les gens, des tranches de vie, de nouveaux horizons. Elle était curieuse de tous ces gens qu'elle croisait parfois sans y prêter attention, happée par les aboiements excités d'une Spirit en mal de croquettes ou par une conversation téléphonique animée avec un employé. Elle était curieuse de découvertes, de débats et de conversations animées, calmes, loufoques, sérieuses, constructives, ridicules, amusées, graves. C'était ce qu'elle aimait. Des inconnus entraient dans sa vie aussi vite qu'ils en ressortaient; c'était son quotidien, c'était ce qui la faisait sourire, ce qui semblait lui donner toute son identité. C'était la seule chose qui avait jamais réussi à complètement la démarquer de sa sœur. C'était son terrain, son bonheur innocent, son bonheur propre, rien qu'à elle. Et elle embrassait ces moments-là dès qu'elle en avait l'occasion.
Du coup, de ce gars qu'elle venait de rencontrer dehors, elle ne savait pas plus que de n'importe qui. Lorsqu'elle lui avait tourné le dos pour rentrer au chaud, elle ne savait même pas ce qu'il adviendrait de cette drôle de relation qui s'était instaurée entre eux le temps de quelques minutes, le temps de fumer une cigarette et de rire de quelques bêtises. Pourtant, en retournant s'asseoir à sa table, Cordelia ne l'avait pas oublié. L'image fumeuse et mystérieuse de l'homme rodait encore dans sa tête. Des deux, elle avait été clairement été la plus bavarde. Elle se sentait un brin ridicule, à présent, mais elle souriait bêtement en regardant sa pile de journaux qui, étrangement, n'avait pas bougé de sa table. Quelqu'un finit par lourdement s'asseoir en face d'elle. Secrètement, pendant quelques instants, les yeux posés sur un journal qu'elle avait tiré devant elle, Cordelia espéra qu'il s'agissait de son nouveau compagnon fumeur. Mais elle leva le regard, et la réponse ne se fit pas attendre plus longtemps.« Alors, je t'ai pas dit, mais elle est verseau, comme moi. » Il posa une bouteille de bière à moitié entamée devant elle. « C'est celle de Carl, il a du rentrer chez lui. Enfin, je sais pas, je crois que sa femme accouche ou une connerie du genre. C'est possible, ça ? » Le sourire de la rousse s'étirait, amusé. « Je suis pas médecin, mais pour une femme enceinte, c'est même plutôt conseillé... » Elle tira la bière vers elle. « Elle était enceinte ? » Elle arqua un sourcil, plus que réjouie par la tournure que prenait la conversation. « Je vais prendre le problème dans l'autre sens, alors. Une femme qui accouche a de grandes chances d'être enceinte. » En face d'elle, George riait à gorge déployée, avec toute l'élégance dont il était capable. « Ou alors, c'est qu'elle chie par le mauvais trou ! » Hrm. George, quoi. Un brin gênée, Cordelia souriait, promenant son regard sur le reste de la salle. Elle ne voyait pas son mystérieux fumeur. Elle lui avait peut-être fait peur -heureusement qu'il n'avait rencontré George, du coup. Cela faisait sans doute quelques minutes à peine qu'elle était rentrée. « On te changera pas, hein... » lâcha-t-elle finalement, attendrie par l'homme assis en face d'elle. « Au fait, j'serais toi, je toucherais pas à la bière. Jcrois qu'il fait de l'herpès de la bouche là, mais je pouvais pas venir les mains vides... » Il s'arrêta brièvement de parler en regardant à côté de Cordelia, le regard levé. Quelques petites secondes plus tard, un courant d'air à côté de la rousse lui signifia que quelqu'un se tenait à côté d'elle. « T'as vu, on a trouvé de l'eau sur Mars, c'est trop bien, j'ai toujours cru aux martiens ! » George avait attrapé le premier journal de la pile, tandis que Cordelia avait levé son regard sur un beau brun qui ne lui était plus totalement inconnu. Sans même chercher à le cacher, elle sourit. « Ça marche. Pas de champagne. Rien qu'un verre, et ce paquet est à vous. Je garde ma table et vous la vôtre. » Elle frissonna brièvement au contact des mains gelées qui se posèrent rapidement contre les siennes pour y glisser quelque chose. Elle avait maintenant un paquet de clopes entre les doigts. C'était drôle, en fait, mais elle n'en avait presque plus rien à faire des clopes. Elles sonnaient comme un prétexte. « J'en demandais pas tant. Juste quelques provisions pour tenir jusqu'à l'ouverture des tabacs. Deux ou trois... » Elle se moquait un peu d'avoir toutes ces clopes, maintenant. Elle les fumerait sans doute très vite, mais elle se moquait bien d'elles, en ce moment. « Je vous commande quoi, alors ? Whisky sec, ça vous va ? » Dans son angle mort, elle vit la bouteille de bière glisser vers le bord de la table, comme pour inviter son nouvel ami à s'en délecter. George ne perdait pas un morceau de la conversation. Delia, amusée, la poussa à nouveau vers lui pour lui faire comprendre que la communauté de virus qui faisait la fête sur le bord de la bouteille ne voyagerait pas plus loin. « Et bien sûr, je chanterai une chanson d'AC/DC, puisque vous me l'avez si gentiment demandé. » Son regard bleuté se leva à nouveau vers le brun, auquel elle sourit, prenant un air triomphant. « Il me tarde d'entendre votre choix et votre fibre musicale », lui glissa-t-elle, les yeux pétillant, avant qu'il ne profite de la fin de la performance précédente pour se proposer à la scène.
Même si elle n'avait pas fait exprès, Cordelia était parfaitement installée pour profiter du spectacle. Elle n'était qu'à quelques mètres de la scène, et assise dans le bon sens. George ne pouvait pas en dire autant, mais il semblait avoir repris la lecture du journal. Dès que les premières notes de la chanson raisonnèrent dans le bar, le sourire de la rousse s'étira et elle se laissa tomber contre le dossier de la chaise, posant le paquet de cigarettes devant elle pour croiser les bras sous la poitrine. Elle le regardait, peut-être un peu trop sérieusement d'ailleurs. Elle le fixait, plutôt. Mais elle ne se départait pas de son sourire. Très rapidement, il s'avéra qu'il n'était pas aussi doué au micro que Brian Johnson, mais Cordelia préférait écouter cette voix rauque que celle d'une Barbie ou d'un Ken dont la banalité musicale était inversement proportionnelle à la superficie de tissu qui habillait son corps dès qu'elle ou il s'exposait aux médias. Ses pieds battaient le rythme de la chanson. George avait commencé une analyse de l'article qu'il venait de lire sur la potentialité de la vie martienne, mais elle ne l'écoutait pas. Les autres clients s'étaient, pour certains, pris à la chanson. Ils avaient connu des performances bien pires, et il fallait bien avouer que le charme du chanteur n'était pas sans laisser indifférent. Elle n'était sans doute pas la seule à avoir relevé cette aura étrange qui se dégageait du brun. Quelques instants plus tard elle se leva pour rejoindre le bar au rythme du morceau. En quelques instants, elle avait commandé deux whisky et glissé un billet au serveur. « Le deuxième, c'est pour le chanteur », annonça-t-elle en le laissant au barman, qui était à présent chargé de le transmettre à ce dernier lorsqu'il descendrait de scène. Delia, quant à elle, retourna poser son propre verre à sa table, où George buvait la bière de Carl, concentré sur son journal. « George... » En un regard, elle lui fit comprendre que le réflexe d'attraper la bouteille n'avait sans doute pas été le bon. « Ohh, t'inquiète, je suis déjà porteur ! » Elle sourit, la mine réprimandeuse malgré tout, mais ne s'assit pas, se contentant de poser une fesse sur la table en buvant une gorgée de whisky. Lorsque le regard du chanteur se posa sur elle, elle leva son pouce en l'air en se pinçant la lèvre pour lui signifier son enthousiasme. Alors que Highway to Hell sonna ses dernières notes, elle posa le verre à côté des clopes, et, avec un sourire à George, lui demanda de garder ses affaires. Elle se dirigea vers la scène pour attraper par le bras le brun qui en descendait. « Vous n'êtes pas au bout de vos peines, beau brun ténébreux » Elle glissa un mot à l'homme qui s'occupait du karaoké et monta sur scène, invitant du regard son nouvel ami à la rejoindre. Les premières notes de la chanson qu'elle avait choisie se firent entendre. Enfin, non, du coup, ce n'était pas la chanson qu'elle avait choisie. Dans l'écran, elle ne put que constater la chanson qu'on lui avait attribuée. Avec une grimace, elle se tourna vers l'employé. « Désolée, I won't shake it off. » Levant les mains en l'air, elle fit mine de se dédouaner auprès de la salle. Ici, les chansons choisies étaient à peu près toujours du même acabit : personne ne s'était jamais dandiné sur du Taylor Swift. L'employé, lui, corrigeait déjà son erreur. « On a un fan de Taylor Swift inavoué ici », rit-elle, taquine, en faisant clin d'oeil à l'homme, qui venait de mettre la bonne chanson en s'excusant, bon joueur. « Keep you in the dark, you know they all pretend; keep you in the dark, and so it all began. » Elle profita de l'envolée de la batterie pour inviter son mystérieux acolyte en lui tendant la main, un sourire amical et encourageant étirant ses lèvres. « Un whisky vous attend déjà au bar. Si vous montez avec moi, j'en ajoute un autre derrière ». Ça sonnait assez mal, comme proposition, mais elle voulait s'amuser. Et par dessus tout, elle voulait s'amuser avec cet homme dont elle ne savait toujours rien. Et cette chanson, au final, n'était pas un choix totalement innocent.
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