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| Sujet: Of Monsters and Men Mer 19 Aoû 2015 - 22:14 | |
| La musique entame sa mélopée, rythme lent, tambour et paroles fredonnées alors que le bouchon du whisky saute et claque contre le parquet de l'appartement. A la télé, de la daube. Comme toujours. Des conneries, des pétasses à gros seins, des mecs shootés à la coke et à l'auto-bronzant. Le liquide ambré coule dans le verre, manque de verser par empressement. La musique, déconnectée des images de la télé laissée en mode muet, me fait très vite fermer les yeux alors que je tends le verre à mes lèvres, m'enfonce dans le bout du canapé en posant la tête contre le rebord, basculée en arrière. Je bois encore. L'alcool emplit ma bouche et les déglutis. La télé projette des ombres sur le plafond, à cause du jeu de lumière de la série ou du soap qui y est diffusé. Je revois des mains d'enfants se tendre vers la source lumineuse, tête posée en arrière de la même façon. Les mains se lient et se délient. Papillons et autres ombres chinoises. Rires d'enfants. Je bois encore. La télé projette des images plus dures quand je me ressers. On est dans un truc policier à la mords-moi-le-noeud. Ces mecs laissent tout sur les épaules des scientifiques qui dans la vraie vie, font capoter autant de procès qu'ils n'en font gagner. Des progrès, oui, tu parles. Pas tout le temps. Je bois un autre verre, et encore un.
Combien de cours ? D'avocats, de procureurs ? Tous aussi intéressés qu'on peut l'imaginer. Il n'y a que les fous qui se laissent consumer.
Quand j'entre, il sourit. Il sourit et me salue. Me présente sa main. Tout dans sa petite maison de banlieue, dans sa berline, dans sa tenue, dans son travail, tout hurle la normalité. Mais je vois ses yeux. Je vois son sourire. Je l'interprète. Je sors mon flingue et je pointe. Je ne laisse aucune chance.
Des cris d'enfants. Des cris de femme. Elle n'en peut plus. Elle se tire. Le gosse comprend rien, comme toujours. Comment l'homme qui le protège fait-il pour se transformer comme ça ? Il comprend plus, il est paumé autant que moi. Elle hurle, elle hurle encore. Des mois de bile, de haine même, après des années de frustration. Rester est un sacerdoce, autant que porter ma plaque et mon flingue. Elle se tire. Je ne peux rien faire pour le petit, trop souvent spectateur depuis que j'ai choisi cette voie. Je bois. Je bois encore. Le type repose dans une mare de sang. L'interrogatoire n'a rien donné. Pas plus que la raison ni la justice. J'entends les cris du gosse qu'on éloigne.
Je me réveille sur le canapé. Il fait jour, mais pas depuis longtemps. Mon cerveau semble peser trois tonnes et baigne dans son jus. La bouteille est couchée sur la table, vide. Le verre a roulé sur le tapis, sous la table basse, qu'il a trempé. Je grogne, je souffle comme un veau en me redressant. Douche brûlante, bouillante même. Rasage, coup de peigne, habillement et je file. Je suis légèrement en retard, pas grand chose. J'ai une gueule de détérré, que je fais passer au standard par « une nuit à découvrir ce que le coin avait de choses à voir ». On m'informe qu'un type est venu me voir et que mon « colocataire de bureau » a déjà été appelé pour un truc mineur, que le visiteur m'attend et qu'il m'a demandé tout personnellement. Ca sent les emmerdes. Ca sent le journaleux. Pourtant, quand je rentre encore un peu nauséeux et bien assoiffé de café, je vois un type. Plutôt vieux. Pas un journaleux. Je pense pas. Encore que... Je m'approche et tends ma main.
| Agent Philipp Steiner, ravi de vous rencontrer. On m'a dit que vous aviez souhaité me voir en personne ? Je ne vous cache pas que je suis un peu étonné. Je ne suis ici que pour quelques jours et je n'ai encore pris aucune affaire officielle... | |
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| Sujet: Re: Of Monsters and Men Lun 24 Aoû 2015 - 11:50 | |
| Ça ne t’arrive pas souvent, mais tu t’es autorisé un verre. Ce whisky t’avait été offert par un important client, particulièrement satisfait de la façon dont s’était déroulé le banquet qu’il avait donné à l’hôtel. Un diplomate Sud-Coréen dont tu n’as pas vraiment le nom en tête, mais la carte de visite doit être quelque part dans ton bureau. Tu n’y connais pas grand chose en liqueurs et eaux-de-vie, tu n’en bois que rarement, mais tu sais qu’avec cette bouteille, il ne s’est pas moqué de toi. Installé dans le canapé, tu profites de la musique diffusée plutôt mezzo voce dans le salon, la voix apaisante d’Allison Moorer chantant son Alabama natal. Pourquoi avais-tu spécialement envie d’écouter cette chanson, tu l’ignores.. Peut-être avais-tu, enfoui au fond de toi, cet espoir timide que par tu ne sais quelle opération mystique, l’évocation de cet état du Sud du pays, celui où elle avait passé une partie de son enfance, influe sur cette enquête qui, depuis qu’elle a été ouverte, ne fait que piétiner, tourner en rond. Tu te trouves stupide, c’est parfaitement irrationnel et sans fondement aucun. Tu chasses cette pensée stupide en vidant la rasade que tu t’es servie et, prenant une inspiration, te décides enfin à écouter ce message sur ta boîte vocale. Il s’agit de l’inspecteur qui te rapporte ses progrès sur la piste qu’il avait décelée. T’es anormalement nerveux, tu pianotes du bout des doigts sur le cuir du canapé pour te donner contenance, ce dont habituellement tu ne manques pas.
C’est bien ce que tu pensais, fausse piste. Encore. Tu le savais, tu t’y attendais, mais la déception est là, malgré toi, sournoise et te riant au nez. Il n’y avait pas de raison qu’après trois ans de silence complet, d’échecs successifs, soudainement la lumière se fasse sur cette mystérieuse affaire. Parce que la ténacité fait partie de tes traits de caractère dominants, tu ne te laisses pas emporter par la morosité, et compose le numéro de l’Agent Rossabi, au Bureau. T’avais eu affaire à lui quelques fois, et tu l’avais toujours trouvé plutôt efficace. Je suis désolée Monsieur, l’agent Rossabi a été muté ailleurs mais l’agent Steiner pourra peut-être vous aider. Tu ne réponds rien pendant quelques secondes, puis te ressaisissant tu acceptes la solution de la jeune femme qui t’a répondu.
Tu regardes ta montre et donne quelques instructions à Andrea, ton assistante, et quitte l’hôtel. Tu as pu avoir un rendez vous la veille pour le lendemain, c’est une chance, tu détestes lorsque les choses traînent en longueur, tu n’es pas quelqu’un d’extrêmement patient, loin de là, attendre n’est pas ce que tu fais de mieux. Une voix masculine, te tire te l’observation des locaux, de ce bureau sommairement décoré. Agent Philip Steiner. Tu serres la main qu’il te tend, constatant au passage, avec satisfaction, que sa poigne est solide. – Agent Steiner, le plaisir est pour moi. Lances-tu d’un ton courtois, attendant avant de t’asseoir, qu’il t’y invite. – Pardonnez la hâte, la patience n’est pas ma qualité première. Expliques tu en guise d’introduction. – Mais j’ose espérer que vous pourrez m’aider sur une affaire très étrange. C’est le moins que tu puisses dire, mais tu imagines que beaucoup d’autres individus comme toi viennent avec des histoires plus ou moins à dormir debout. |
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| Sujet: Re: Of Monsters and Men Lun 24 Aoû 2015 - 19:35 | |
| Le type qui m'attend dans mon bureau est plutôt grand. Pas d'apparence super costaud, mais le type a l'air solide malgré tout. Un mec plutôt bon genre, qui présentait bien. Je me demandais quand même ce qu'un mec comme ça pouvait me vouloir, pour prendre un rendez vous formel de la sorte avec quelqu'un comme moi. Peut-être faisait il partie de ces notables qui espéraient obtenir quelques facilités de la police locale pour leurs affaires, mais consolider tranquillement leur électorat ou encore qui s'imaginait n'importe quel type de passe-droit dans une affaire qui le préoccupait et qui, comme par hasard, nécessiterait ma diligente intervention. J'étais assez curieux, en fait, et cette curiosité prenait le pas sur tous les impondérables liés à ma condition et au réveil embrumé de ce matin. Il me serre la main avec poigne, et me retourne la politesse. Je lui fais signe de prendre place et il s’assoit, me demandant de l'excuser pour son impatience. Je prends un air affable, alors que je me demande déjà si, finalement, je ne vais quand même pas perdre mon temps. Je n'aime pas trop les banalités, d'ordinaire. C'est pourquoi j'avais fini ici, d'ailleurs. Mon réseau avait été construit autour de la résolution d'enquêtes et non de leur publicité, ce qui avait fonctionné parfaitement pour ma carrière jusqu'au petit grain de sable qui s'était foutu dans l'engrenage, pour tout foutre en l'air. Je fronce les sourcils quand il me parle d'une affaire très étrange.
C'est le moment où d'ordinaire, les allumés qui vont voir le FBI évoquent des lumières haut dans le ciel en pleine nuit, la disparition de leur youki ou des objets qui se déplacent tout seul chez eux.
Peut-être que je vais réellement me marrer dans cette ville, finalement. Ou peut être pas.
| Là c'est moi que vous rendez impatient, Monsieur... ? Quelle est cette affaire étrange qui vous fait venir dans le bureau d'un agent du FBI, de si bon matin? |
Ok, j'étais déjà prêt à prendre ça à la rigolade, en parfait connard, mais d'un autre côté, j'avais encore l'espoir que ce soit quelque chose de sérieux, dans lequel je pourrais me jeter à corps perdu |
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| Sujet: Re: Of Monsters and Men | |
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