HUNTINGTON BEACH ™
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MessageSujet: I Follow Rivers   I Follow Rivers EmptyMar 8 Sep 2015 - 18:37

J'avais laissé filer quelques jours. Concentré sur mon boulot, j'avais vraiment essayé de me trouver une occupation réelle, pas seulement une « activité » rémunérée. J'avais fait chou blanc. Il y avait bien cette disparition un peu suspecte, mais rien de dramatique. Légalement, je n'avais même pas le droit d'intervenir, puisque l'affaire avait été classée depuis bien longtemps, ce qui avait fatalement éloigné toute l'attention médiatique et tout intérêt des comptables du Bureau, qui avaient décidé faute de résultats des enquêteurs, de classer l'affaire. Un drame pour l'homme venu me voir, qui essayait de se reconstruire. J'étais d'un naturel fort empathique, si empathique que cela avait contribué à faire de moi l'épave que j'étais aujourd'hui. Je pouvais me cacher derrière un demi-millions d'excuses et de faux-semblants, je n'étais pas seulement un connard froid et insensible. Pourtant, même en me lançant sur cette piste, impossible d'oublier ce qu'il s'était passé près d'une semaine plus tôt maintenant, dans mon petit appart' de Pacific Lane. J'avais retrouvé un fantôme de mon passé, de mon adolescence plus précisément. Nous avions couché ensemble. Là, comme ça. Sans prendre plus de temps, plus de gants. Rien du tout. Il avait suffit de quelques regards, d'un verre ou deux. Et j'étais sur elle, contre elle, à me frayer le chemin de ses lèvres, de son cou. Elle était repartie. Sophia Bucker, adepte du « je rentre et je ressors de votre vie quand vous vous y attendez le moins ».


J'avais hésité à l'appeler tout ce temps, malgré ma promesse de le faire. Est-ce que je voulais vraiment la revoir ? Cette époque était révolue et je l'avais suffisamment déçue comme ça pour m'empêcher de recommencer tout à fait.


Et pourtant... J'avais paradoxalement beaucoup repensé à Jana, du coup. A ce que nous vivions. Enfin, ce que nous ne vivions plus. Je me rendais bien compte que les choses étaient révolues depuis un moment. Pourtant, il y avait toujours eu l'espoir, entre deux appels passés à Jack. C'était comme ça. Ca aussi, je l'avais foiré. Alors un soir d'ivresse, j'avais appelé Sophia, baragouinant au téléphone : « Bon euh... Sophia. C'est Phil. Bon ben t'es pas là. » Grande classe. « Je t'appelais pour qu'on se voit, si t'es ok, demain soir « Chez Fredo » si ça te botte, c'est français, sur la 21ème et 43ème. 19 heures. Voilà. A demain. » Oui, je ne doutais de rien. Ou presque. En me préparant, je pris quand même quelques lampées de whisky, me douchant, me rasant, me peignant bon gré mal gré, enfilant un beau costume, pas ceux pour bosser. J'essayais plus de me prouver à moi-même que je n'étais pas encore le dernier des dégénérés que de renouer avec un passé enterré depuis bien longtemps par tout ce qui avait été vécu depuis. Je finis par y arriver, je crache la boule de chewing-gum dans le caniveau avant d'entrer. Bien, classe comme endroit. J'attends mon invitée, me tâtant pour commencer sans elle avec un petit bourbon ou un rhum qui me fait de l'oeil mais non, je me contiens. L'appel est plutôt fort, mais je reste assis. Pour patienter, je demande quand même une carafe d'eau fraîche, mourant de chaleur depuis mon arrivée dans cette partie du pays.


Elle va venir, ou est-ce qu'elle regrette déjà nos « retrouvailles » ? Dans un cas comme dans l'autre, il y aura de la picole pour fêter ça.
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MessageSujet: Re: I Follow Rivers   I Follow Rivers EmptyMar 8 Sep 2015 - 22:11




Philipp & Sophia


Episode précédent ici

Cela faisait quelques jours que Sophia avait du mal à se concentrer à son travail. Sa tête était ailleurs et cela se ressentait. Tout avait commencé quand elle avait croisé le chemin de celui qu’elle avait considéré comme un héros jusqu’à ses seize ans. Une rencontre que ni l’un ni l’autre n’aurait pu prévoir et qui se termina par une partie de jambes en l’air mémorable. Jusque là tout allait bien mais il fait savoir que la jeune femme a toujours eu un rapport un peu particulier par rapport à son passé. Personne, pas même ses plus proches amis, ne sait ce à quoi ressemblait sa vie jusqu’à son accident en moto. Tout ce qu’elle s’autorise à dire c’est que son père est parti, qu’elle a faillit ne plus pouvoir remarcher et qu’elle a brisé la vie de quelqu’un d’autre en plus de la sienne. Si ses thérapeutes lui répétaient qu’il valait mieux affronter ses souffrances, elle préférait les ranger dans une petite boite au fond de son cœur en espérant ne jamais avoir à l’ouvrir à nouveau. C’est pourquoi elle n’avait aucun contact avec les personnes qu’elle avait pu connaitre dans son enfance mis à part sa famille, bien entendu. Elle était une autre personne avec de nouveaux rêves. Certes, ils n’arriveraient pas à la hauteur de ce qu’elle désirait plus que tout quand elle avait rencontré Philipp mais ils restaient importants pour elle. Cette nuit-là elle avait sombré et était retombée dans des souvenirs qu’elle avait juré d’oublier. C’était d’ailleurs sûrement pour ça qu’elle avait couché avec lui, pour se sentir plus proche de ce qu’elle aurait pu être ou juste parce qu’elle l’avait trouvé terriblement séduisant. A dire vrai, c’était sûrement un mélange des deux. Il lui avait dit qu’il la rappellerait mais ne l’avait pas fait. C’était une bonne chose. Que gagneraient-ils à se connaitre mieux ? Ils n’étaient finalement que des inconnus et cette nuit là un banal coup d’un soir. Alors pourquoi Sophia sursauta-t-elle quand elle reconnu la voix de celui qui avait habité beaucoup de ses pensées ces derniers temps à l’autre bout du fil ?  Il avait laissé un message sur son répondeur alors que son téléphone était resté dans son salon. : « Bon euh... Sophia. C'est Phil. Bon ben t'es pas là. » Un sourire se dessina sur ses lèvres. Sa maladresse avait quelque chose de touchant. « Je t'appelais pour qu'on se voit, si t'es ok, demain soir « Chez Fredo » si ça te botte, c'est français, sur la 21ème et 43ème. 19 heures. Voilà. A demain. » Partait-il du principe qu’elle dirait forcément oui ? Elle pouvait très bien le laisser planter là. Elle alla dormir sur cette pensée.

C’est Stevie Wonder qui la réveilla ce matin-là. Elle passa un temps infini sous la douche perdue dans ses pensées. Quand elle en sortie enfin elle tenta une bonne dizaine de coiffures avant d’être satisfaite. Elle prit grand soin de faire un maquillage la mettant en valeur mais ne montrant pas qu’elle avait fait de grands efforts. Tout en dansant elle essaya plusieurs tenues et se décida enfin pour des talons et une robe noire moulante. Une pointe de parfum plus tard et elle arriva au travail. « Tu as quelque chose de prévu plus tard dans la journée ou tu as décidé d’essayer de me faire changer de bord ? » Ce jour elle prenait en photo plusieurs mannequins pour la dernière ligne d’un ami créateur. « Tu trouves que c’est un peu trop ? » Il eut une petite moue. « Ca dépend, il est vraiment sexy ? » Sophia se mit à rire et passa l’heure qui suivit à bien souligner que ce soir n’était pas un rendez-vous galant. Tout ce qu’ils feraient c’est rattraper le temps perdu, cette nuit passée ensemble ne voulait rien dire. C’est avec cette idée en tête qu’elle repassa par chez-elle pour reprendre une douche rapide. A dix-neuf heures quinze, elle passa la porte du restaurant les cheveux au naturel, un maquillage très léger, un jean et un haut noir mettant en valeur sa poitrine sans en faire trop. Elle regretta toutefois de ne pas avoir fait plus d’efforts quand elle remarqua que l’endroit était assez chic et d’autant plus quand elle aperçut Philipp dans son costume. Il lui allait merveilleusement bien, on eut dit un autre homme. Elle s’assit sur la chaise en face de lui et lui souri, bien plus nerveuse qu’elle ne l’aurait voulu. « Désolé du retard, c’était la folie au boulot. » Sincèrement, elle avait juste besoin de se détendre. « On prend un truc à boire ? » Oui, ça l’aiderait sûrement.


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MessageSujet: Re: I Follow Rivers   I Follow Rivers EmptySam 12 Sep 2015 - 18:15

J'attends un moment, me demandant de plus en plus si je n'aurais pas déjà dû commander un verre pour patienter, ce qui très sincèrement aurait très probablement été une idée plutôt lumineuse, hein, franchement. Parce que je n'ai jamais été d'un naturel patient dans la vie de tous les jours, et que j'étais un peu à fleur de peau. Je me demandais si je devais me sentir heureux ou coupable de ce qu'il s'était passé, quelques jours plus tôt. Je n'en savais rien. Je ne savais pas non plus ce que je devais penser de moi, de Sophia, et penser à Jana était toujours douloureux. Où était-elle ce soir ? Avec qui ? Qu'est ce qui était arrivé ? Je n'en savais rien. Je ne savais pas non plus ce que faisait Jack. Peut-être sur son ordinateur, à jouer à Gettysburg, que je lui avais acheté pour son anniversaire ? Si jeune, et déjà si vif d'esprit. J'aimais ce gosse, je l'aimais plus que tout. Etre ici, là maintenant, à des milliers de kilomètres, me rappelait à mes propres erreurs, à mes errements. A tout ce qui avait subitement échappé à mon contrôle. Le regard perdu dans le vague, j'attendais sans bouger, le regard fixe. Je me fichais bien d'attirer le regard des gens présents aux alentours.


Les serveurs hésitent. On n'est pas très nombreux et j'ai lair peu avenant, mais ils ne sont visiblement pas très au fait de clients qui attendent sans rien consommer. Je note que la plupart a l'air de gens du crû. En même temps, à part le chef ou simplement le gérant, il ne devait pas y avoir beaucoup de français dans le lot. C'était comme ce restau italien où j'allais jadis avec Jana, à Boston. Il n'y avait d'italien que le pizzaiolo, le vrai « chef » et tous els autres ne l'étaient absolument pas. Bref. Je reconnais quelques odeurs, qui me rappellent mon passé dans la légion, ces années passées dans le sud de la France, ces petits restaus typiques en bordure de rivière. Et forcément, à peine j'y repense, je me revois aussi dans le désert, en plein soleil, dans la rocaille ou les montagnes déchiquetées de l'Hindu Kush. Du mouvement me sortit de mes pensées et je vis Sophia débarquer et s'asseoir. Sexy, comme toujours, mais sans en avoir trop fait. Je me sentais con et même un peu guindé maintenant, de m'être sapé comme ça juste pour un petit restau qui se voulait serein et sans prise de tête. Elle me sourit et je lui souriais à mon tour alors qu'elle s'excusait.



| Oh, ne t'en fais pas. J'aurais aimé être un peu plus accaparé par le miens alors je peux certainement pas t'en vouloir. |


Je n'avais pas fait un geste vers elle, ni elle vers moi. Difficile de savoir ce que nous étions vraiment. Oh, à mon âge, on ne se considère qu'assez rarement en couple avec la définition des jeunes gens, mais cela ne changeait rien au fait que je ne savais pas si elle était une connaissance, une amie, une confidente ou un mélange de tout ça à la fois.


| Ils servent des trucs sympas, si tu veux. Du « picon-brune », si tu veux un truc frais. C'est une bière assez costaud, servie fraîche, avec une liqueur à l'orange dedans. Il faut pas trop en boire parce que ça tourne vite, mais c'est à cheval entre le rafraîchissement et l'apéro. Sinon ils ont des apéritifs anisés mais ça, j'en suis moins fan. Quand j'étais dans le sud de la France, ils ne buvaient que ça mais j'avoue que j'avais un peu de mal... |


Je me rends compte que je parle beaucoup, déjà. Et je ne peux pas m'empêcher d'embrayer.


| La folie au boulot, alors ? Tu étais sur quoi aujourd'hui? |
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MessageSujet: Re: I Follow Rivers   I Follow Rivers EmptyDim 13 Sep 2015 - 15:40




Philipp & Sophia


« Oh, ne t'en fais pas. J'aurais aimé être un peu plus accaparé par le mien alors je peux certainement pas t'en vouloir. » Il lui avait dit être un agent du FBI la dernière fois qu’ils s’étaient vus. Il avait mentionné quelques problèmes qui l’avaient menés à Huntington Beach. Une sorte de retraite punitive en quelque sorte, mais Sophia n’en savait pas plus. Ce soir-là ils avaient rapidement fait autre chose que de parler et ils s’étaient découverts d’une autre manière. Quant à savoir si c’était une erreur ou non, ce dîner les aiderait peut-être à s’en rendre compte. Elle se contenta d’un sourire poli et décida de ne pas rebondir sur ce qu’il venait de lui dire de suite. Elle apprendrait bientôt plus de choses sur lui et pour le moment tout ce qu’elle désirait était un verre. A peine l’eut-elle exprimé qu’il se lança dans la plus longue tirade qu’elle avait pu lui entendre prononcer. Quand il eut terminé la belle se retint de rire. Elle ne pouvait s’empêcher de se dire que pour qu’il soit aussi bavard c’est qu’il se sentait aussi mal à l’aise qu’elle et, dans un sens, cela la rassurait. Elle n’eut toutefois pas le temps de répondre qu’il enchaînait déjà sur une autre question. « La folie au boulot, alors ? Tu étais sur quoi aujourd'hui ? » Elle le trouvait charmant. Il essayait de la mettre à l’aise, de lui demander des nouvelles de son travail et il avait même fait un effort vestimentaire pour elle. La jeune femme était venue ici dans l’idée que ce ne serait pas un rendez-vous galant, mais une réunion avec un… Oui, un quoi au juste ? Un inconnu ? Une connaissance du passé ? Un vieil ami ? Il n’y avait pas vraiment d’étiquette qui convenait pour leur relation et c’était peut-être là toute la raison de ce dîner. C’était l’occasion d’apprendre à se connaître et à voir ce qu’ils étaient l’un pour l’autre. Elle fit d’abord signe au serveur. « Je prendrais un picon pour l’apéritif, merci. » Ce dernier ce tourna vers Philipp et elle attendit qu’il commande pour continuer. « Une séance photos pour un ami créateur et j’ai également dû gérer pas mal de choses que j’avais dû annuler quelques jours plus tôt. » Il y a trois jours elle avait appris que sa mère était à seulement une heure de route de chez-elle pour une conférence de son frère. C’était un géni qui avait apparemment fait une découverte très importante qui pourrait aider dans le traitement du cancer, une tête donc. Aucun d’eux deux n’avait jugé bon de la prévenir qu’ils étaient dans le coin et c’était tout à fait par hasard qu’elle l’avait appris. Elle avait tout annulé et était allée les rejoindre, elle avait quelque chose à annoncer à sa mère sur son père. Malheureusement, rien ne s’était passé comme prévu et elle était partie en trombe à quatre heures du matin après une grosse engueulade avec sa mère. Tout ça pour tomber en panne au bord de la route nationale et être sauvée par Adam, quelqu’un qu’elle n’aurait jamais imaginé revoir. Bref, comme si sa nuit avec Philipp ne l’avait pas déjà assez déboussolée elle se retrouvait avec encore plus de choses à penser. Autant dire que les deux jours qui avaient suivis elle les avait dédié à son travail pour éviter de penser au reste. Résultat assez lamentable puisqu’elle n’arrivait à se concentrer sur rien du tout. « Enfin bon, assez parlé de moi. » A ce moment le serveur revint avec leurs verres. Elle leva le sien et hésita un moment, cherchant ses mots. « A nos retrouvailles ! » Elle aurait voulu dire quelque chose comme : au destin, mais c’était peut-être un mot trop fort pour être employé ainsi. Elle but une grande gorgée de sa boisson et continua. « C’est excellent tu avais raison ! » son sourire était toujours aussi brillant. « Mais je t’ai entendu dire France tout à l’heure ? Tu y es allé pour quelle occasion ? » C’était un pays où elle aurait rêvé d’aller et mis à part ce qu’on lui montrait dans les films elle ne le connaissait que trop peu. Oui, elle voulait en savoir plus sur lui. Qui pouvait connaitre l’avenir ? Vivre dans le passé était quelque chose qu’elle s’était promis de ne jamais refaire donc elle comptait bien apprendre à connaitre le nouveau Philipp Steiner et laisser partir le héros qu’elle s’était créé dans son esprit toutes ces années.  

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MessageSujet: Re: I Follow Rivers   I Follow Rivers EmptyDim 20 Sep 2015 - 22:49

J'essaie de faire l'homme bien civil, l'homme qui a de l'éducation, de la contenance. C'est le cas. Je suis assez éduqué, mine de rien, malgré le fait que je sois né dans une catégorie sociale qui était bien peu appropriée aux bons mots, et je sais moi aussi manier verbe et culture malgré le fait que finalement, je ne sois qu'électricien. Et soldat. Surtout soldat. Bref. J'ai de l'éducation. L'alcoolisme et tout le reste, la rancoeur et la haine, la fatigue et la lassitude, ne peuvent en aucun cas me contraindre. Elles ne le doivent pas. Je dois rester debout et combattre, y compris contre ma propre nature. Car c'est ainsi que se gagnent les plus grandes batailles. Contre soi-même. J'avais perdu toutes mes notions et mes valeurs d'auto-discipline depuis bien longtemps, j'avais perdu cette bataille contre ce que j'étais depuis un moment... Peut-être cela reviendrait-il. Peut-être pas. J'étais du genre hargneux... Si j'avais conscience d'un problème, je luttais contre avec toute l'énergie dont je disposais encore, comme ce soir. J'essayais de lutter contre ce que j'étais. Contre ces forces qui m'oppressaient en continu. Si incommensurables qu'elles en étaient invincibles. Tant pis. Je faisais ce que j'avais à faire. Comme tous les autres. La jeune femme appelle un serveur et lui indique mine de rien qu'elle me suit sur le picon. Je me demande quel est le prix pour une bouteille d'alcool finalement assez basique en France. Combien ils le paient, ici ? Ce n'est pas comme le cognac et les autres alcools à la mode. Ca, c'est de la commande directe, spécifique. Ca a dû leur coûter un slip. Je hoche la tête, comme pour indiquer que je suis, ce que je confirme presque immédiatement.


| Un deuxième, s'il vous plaît. Avec votre meilleure bière brune, pour tous les deux. |


Je ne savais pas dans quoi je m'engageais. La jeune femme pouvait adorer la bière blonde assez légère et très peu « faite » que l'on vendait dans ce pays, mais j'avais pris goût aux bières étrangères. Canadiennes, surtout, qu'on trouvait encore assez facilement. Les bières mexicaines étaient comme nos bières américaines. Assez bonnes pour faire la fête, pas assez pour les savourer. Pas comme en Europe. Encore qu'ils faisaient quelques bonnes bières, du côté de Seattle. Ne me demandez pas pourquoi, je serais bien en peine de vous l'expliquer. Sophia m'explique un peu la perspective de son travail actuel. Particulier, sans nul doute. Je me rendais compte quand même, que je n'y connaissais rien.


| Créateur ? Ah carrément. Tu fais pas juste de la photo quoi... Enfin, je veux dire... |


J'ai l'air aussi bête que je l'imagine? Bref. Je pourrais presque siffloter mais heureusement, nos verres arrivent bien vite. Nous trinquons et je soutiens le regard de la jeune femme alors qu'elle me demande en gros, ce que je sais de la France.


| Content que ça te plaise. Il faut dire que pour le moment, tu trouves ça bon. Si on en reboit un ou deux, tu m'accuseras sans doute d'avoir mis toutes les cartes de mon côté... Et le pire, c'est que t'aurais sans doute raison. |


Avant de dire plus de bêtises, je me focalise sur ce qu'elle dit.


| Rebéllion, impossibilité à savoir quoi faire de ma vie, appelles ça comme tu veux... Je me suis engagé dans la Légion Etrangère il y a longtemps. Je voulais voir du pays. Ca me semblait aussi bête mais bien plus légitime que d'aller en Irak, alors je me suis dit... Autant vivre l'aventure un peu ailleurs, tu vois ? J'étais basé à Pau, et à Tarbes un moment. Le sud de la France. Comme la Californie, mais en tout petit. Et toi, j'imagine que tu as bien voyagé aussi, avec ton métier ? Et pour te retrouver ici? |
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MessageSujet: Re: I Follow Rivers   I Follow Rivers EmptyDim 20 Sep 2015 - 23:38




Philipp & Sophia


« Créateur ? Ah carrément. Tu fais pas juste de la photo quoi... Enfin, je veux dire... » Sophia ne put résister à l’envie de prendre une longue gorgée de Picon avant de lui répondre. Le voir aussi gauche lui donnait un côté charmant. Il se donnait réellement du mal pour lui faire bonne impression et elle ne pouvait qu’être touchée par cette attention. Ce qu’elle n’avait pas réussi à déterminer encore était la réelle raison. Etait-ce parce qu’il avait senti une connexion lors de leurs retrouvailles et qu’il espérait ressortir quelque chose de plus de ce dîner ? Comme un espoir qu’il pourrait déboucher sur une réelle relation ? Ou peut-être était-ce parce qu’il voulait faire en sorte d’être à la hauteur du héros d’enfance qu’elle lui avait décris ? La belle n’avait pas la réponse à ces questions et elle ne la cherchait pas. Elle-même n’avait aucune idée de ce qu’elle attendait réellement de cette soirée. Le mieux était encore de profiter du moment présent. « Je ne fais que de la photo, mais cela ne m’empêche pas d’avoir des contacts avec des personnes importantes du métier. Il avait besoin que quelqu’un immortalise sa dernière collection et il s’est tourné vers moi pour ça. » Elle avait répondu tout ça avec un sourire, elle ne voulait pas qu’il pense qu’elle avait été vexée quand il lui avait dit penser qu’elle ne faisait que de la photo. Elle savait qu’il ne cherchait pas à être réducteur, du moins c’était son sentiment. La belle lui fit alors part d’à quel point elle trouvait bonne la boisson qu’il lui avait conseillé. Ce qu’il lui répondit lui fit finir son verre d’une traite. Toutes les cartes de mon côté était bien ce qu’il venait de dire non ? Que voulait-il dire par là ? Elle qui était venu initialement en essayant de se convaincre que c’était juste une réunion entre de vieilles connaissances réalisa à quel point elle s’était voilée la face. Forcément que c’était autre chose après la nuit qu’ils avaient passé ensemble et pourtant elle ne se sentait pas prête. Il aurait appelé plus tôt, tout aurait pu être différent. Si elle n’avait pas revu Adam, s’ils n’avaient pas échangés ce baiser passionné, s’il ne l’avait pas rejetée sans lui donner sa chance, si…

On peut refaire le monde avec des si et elle décida d’arrêter sa pensée là où elle en était et de se concentrer sur cet homme dont elle ne savait finalement rien. Il lui parla de lui, de son choix de partir en France plutôt qu’en Irak, de son passé et elle oublia tout ce qui hantait son esprit depuis maintenant une semaine. A ce moment précis elle le trouvait beau, passionnant et elle avait cette impression que si elle ne l’écoutait pas elle le regretterait toute sa vie. « Et toi, j'imagine que tu as bien voyagé aussi, avec ton métier ? Et pour te retrouver ici ? » Question sensible, mais il ne pouvait pas le deviner. « Oui j’ai déjà voyagé au début de ma carrière. » Elle marqua une pause, se remémorant ces moments. « C’était il y a déjà dix ans, je suis allée en Inde pour découvrir le monde à travers mon appareil. » son sourire s’était élargi et ses yeux brillaient d’excitation. « J’ai rencontré une jeune femme là-bas qui est par la suite devenue une amie. Elle m’a fait connaître le monde incroyable de bollywood. Ses sourires, ses couleurs, tout… C’était magique ! » Elle se stoppa ensuite, puis reprit mais son sourire avait disparu. « Je suis ensuite revenue et j’ai vendu quelques photos. Quand s’est posé la question de repartir je n’ai pas eu le courage de m’éloigner de mes amis, ma famille de cœur. Je suis restée et je suis devenue photographe de mode ou une photographe superficielle comme me le disent souvent mes collègues. » elle se sentait triste et elle décida de ne pas se laisser aller, son visage s’éclaira à nouveau. « Enfin, moi ça me plait c’est le principal ! Je suis donc à Hutington Beach depuis quinze ans, j’ai vécu à New York avant mais j’ai dû partir… enfin tu sais pourquoi. » Elle parlait de l’accident qu’elle avait mentionné lors de leurs retrouvailles. Elle se servit un verre de la bière qu’il avait commandé et elle en but une longue gorgée avant de continuer. La réponse qui viendrait après sa prochaine question était sensible et elle hésitait encore à se lancer. « Et sinon ça n’a pas été trop dur de tout quitter pour venir ici ? Tu avais peut-être des attaches, non ? » Elle n’avait pas osé dire quelqu’un. Sa question posée elle se rendit compte qu’elle espérait vraiment qu’il lui répondrait que non. Y était-elle déjà si attaché ?


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MessageSujet: Re: I Follow Rivers   I Follow Rivers EmptySam 26 Sep 2015 - 17:13

Je me rends compte quand même que c'est le bordel, que j'y connais vraiment rien à rien. Qu'importe. J'essaie de donner le change, de la meilleure manière possible. Autant dire que cela n'a rien d'aisé, mais on se débrouille comme on peut ; j'essaie de donner le change. Histoire de montrer que je ne suis pas un simple inculte. Je ne savais pas pourquoi je m'appliquais autant aux efforts que je pouvais faire avec la jeune femme, mais c'était une réalité que j'essayais de lui plaire, peu importaient d'ailleurs les remords et le reste. Je l'écoute en train de parler de photo et du reste. Des contacts importants ? J'imaginais en effet que le travail en réseau devait avoir une place toute particulière quand on s'attachait pour de bon à bosser avec des créateurs. Ce n'est pas comme être flic, quand on travaille en équipe avec des gens qu'on connaît bien, et un réseau d'informateurs et de parties prenantes diverses à nos enquêtes. Connaître des gens enrichissait sans aucun doute la valeur du travail fourni par la jeune femme. Je souris donc à ma vis à vis.


| Ah oui, je vois. Une sorte de photographe un peu fétiche, quoi. C'est bien, je suis content que tu aies réussis dans ce que tu fais. C'est important, de réussir. |


Aussi et surtout, de réussir dans quelque chose d'aussi chronophage que le travail. Je ne savais pas pour le reste ce que pensait Sophia. Visiblement, mes paroles, presque un appel du pied, ne la laissèrent pas de marbre. Il fallait toutefois préciser que son regard qu'elle me jetait à cet instant précis me chamboulait un peu. Pour la première fois depuis longtemps, je trouvais quelqu'un intéressant, et l'on me trouvait tout autant d'intérêt. La belle me confirme qu'elle a pas mal voyagé, notamment en Inde. Fan de bollywood ? C'était un univers que je ne connaissais absolument pas. Son récit rend l'expérience terriblement vivante, j'ai l'impression de la connaître au travers d'elle. Je comprends ensuite qu'elle a quelques attaches, pas forcément que je ml'imaginais solitaire, bien au contraire, mais je l'imaginais assez facilement se satisfaire d'une vie d'aventures et de mouvement plutôt que d'immobilisme. On ne peut jamais vraiment savoir pour autant... Je lui offris cependant des yeux ronds quand la belle me dit qu'elle vivait ici depuis quinze ans. Je hochais la tête quand elle me dit qu'elle avait dû partir. Je déglutis et reporte mon regard sur mon verre avant de reprendre.


| Quinze ans ? Eh ben, ça fait une vie... J'aurais pas cru que tu te serais posée aussi longtemps au même endroit... Oh, tu sais, je n'avais pas grand chose à quitter. Ca n'allait plus trop au boulot, à ma dernière affectation à la Nouvelle-Orléans. Un cas difficile, et on m'a envoyé ici pour que les choses se tassent. |


Je choisissais d'être honnête, rivant mon regard dans celui de Sophia.


| J'étais marié et j'ai un enfant, mais je ne les vois plus depuis un petit moment. Un peu trop boulot, tu vois ? Ma vie n'a été que ça pendant longtemps, et ça a creusé un fossé que j'ai jamais su combler. Enfin... C'est la vie, pas vrai ? Je verrais mon gosse aux prochaines vacances, normalement. Ca nous fera du bien. Du coup je vis seul... Comme tu l'auras sûrement compris vu l'état de mon appartement. |

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MessageSujet: Re: I Follow Rivers   I Follow Rivers EmptyDim 27 Sep 2015 - 16:48




Philipp & Sophia


Sophia remarqua sa réaction quand il lui annonça qu’elle était en ville depuis maintenant quinze ans. Lui qui avait passé une grande partie de sa vie à voyager devait pensait que sa vie était bien peu intéressante en comparaison. A dire vrai, les choix qu’elle avait fait à l’époque, elle les avait souvent regrettés. Ne pas avoir eu le courage de quitter ses amis pour voyager à travers le monde était l’une des grandes erreurs de sa vie. Elle savait à présent qu’ils ne lui en auraient jamais voulu et qu’ils auraient été présents à son retour, mais elle ne pouvait pas le voir à l’époque. Une partie d’elle était encore cette adolescente qui avait vu la personne qui comptait le plus pour elle partir après qu’elle lui ait désobéi. Une soirée avait suffit à briser sa vie, son rêve et sa relation avec son père. La belle avait une peur virale d’être abandonnée et elle n’avait pas pu quitter sa famille de cœur si facilement. Aujourd’hui elle vivait une vie que beaucoup pourraient envier. En tant que photographe de mode à succès, elle croisait des stars, était invitée à des cocktails prestigieux, gagnait superbement bien sa vie et ne cessait de rencontrer des personnes passionnantes. Consciente de sa chance, elle essayait de toujours sourire à la vie et pourtant il lui arrivait de se demander si elle ne pourrait pas tout claquer du jour au lendemain pour vivre ce début de rêve qu’elle s’était reconstruit dix ans plus tôt. Ses amis seraient toujours là pour elle et elle n’avait personne dans sa vie pour construire quelque chose. Adam lui avait dit avoir des sentiments pour elle et avait réveillé les siens pour finalement la rejeter et il y avait Philipp, cet homme qui avait fait l’effort de l’inviter au restaurant après leurs retrouvailles charnelles. Dans ses yeux, elle voulait être cette fille intrépide qui ne reculait devant rien pour réaliser ses rêves, qui était capable de partir à l’autre bout du monde si c’était ce qu’elle désirait. Il lui parla de la Nouvelle Orléans, mais ne s’attarda pas sur le sujet. Elle sentait que c’était quelque chose de sensible sinon il n’aurait pas été envoyé ici, mais elle ne voulait pas lui forcer la main. S’il souhaitait développer sur ce sujet, il le ferait un jour.

Vint ensuite la question des attaches et Sophia but une gorgée de la bière qu’elle venait de se verser pour garder contenance le temps qu’il lui réponde. « J'étais marié et j'ai un enfant, mais je ne les vois plus depuis un petit moment. » Au moment où elle l’entendit dire ça elle manqua de s’étouffer en avalant de travers. Il avait six ans de plus qu’elle et donc bientôt la quarantaine donc rien d’étonnant à ce qu’il ait pu avoir une famille, mais elle n’avait pas réalisé jusqu’à ce moment que c’était possible. « Un peu trop boulot, tu vois ? Ma vie n'a été que ça pendant longtemps, et ça a creusé un fossé que j'ai jamais su combler. Enfin... C'est la vie, pas vrai ? Je verrais mon gosse aux prochaines vacances, normalement. Ca nous fera du bien. Du coup je vis seul... Comme tu l'auras sûrement compris vu l'état de mon appartement. » La belle ne savait pas trop comment réagir. De ce qu’elle comprenait s’il n’était plus avec sa femme c’était seulement parce qu’il s’était enfoui sous une quantité impressionnante de travail, pas forcément parce qu’ils ne s’aimaient plus. Qui plus est il avait un enfant. Un fils ? Une fille ? Quelle importance, il lui balançait au visage toute une partie de son passé qu’elle ne connaissait pas, mais elle ne pouvait pas le blâmer pour ça. C’était elle qui avait pris la décision de ne jamais lui envoyer son adresse, lui donner la possibilité de lui dire qui il était vraiment. Elle ne comprenait pas ce qui la déstabilisait à ce point-là, après tout ils n’étaient plus rien pour l’autre jusqu’à il y a peu et il y avait aussi quelqu’un qui avait trouvé sa place dans son cœur même si elle tentait de l’y délogeait. Elle termina donc son verre cul sec et s’en resservis un avant de continuer sur un ton qui se voulait détaché. « Quel âge a ton enfant ? » elle marqua une pause. « C’est une fille ou un garçon ? Dans tous les cas il doit beaucoup te manquer. » Elle était sincère, elle se rendait compte qu’elle n’avait pensé qu’à elle alors que lui devait souffrir de cette situation. Elle glissa sa main vers la sienne et la serra avant de la retirer brusquement. Décidément, elle n’était pas à l’aise avec cette situation. Elle décida de donner le change en souriant à nouveau et elle continua sur un ton plus léger. « J’avoue que j’ai du mal à réaliser puisque je n’ai pas d’enfant et que je n’ai personne dans ma vie ! » Et elle allait continuer par quoi ensuite ? Youpi ! Je m’appelle Sarah Bucker et j’ai passé toute ma vie à rejeter toutes les personnes qui auraient pu m’aimer donc je finirais probablement seule avec mes chats et Alvira disant qu’elle avait prévu que ça arriverait vu que je passe mon temps à faire de la merde, joie ! Elle attaqua donc son troisième verre de la soirée et préféra se taire en attendant sa réponse.

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MessageSujet: Re: I Follow Rivers   I Follow Rivers EmptyMer 30 Sep 2015 - 22:11

Finalement, c'était moi qui avait le plus voyagé. J'aurais toujours pensé que ça aurait été l'inverse. Sophia était toujours tellement aventureuse, depuis sa prime jeunesse. Son adolescence avait semblé faite du même bois, d'après ce qu'elle m'en avait raconté. Je l'aurais crue partie depuis longtemps à la conquête du monde, partie le visiter dans le moindre de ses recoins. Mais non. Finalement, c'était moi qui était parti. Boston, direction Tarbes, Nîmes, Pau. Puis, Djibouti. La Centrafrique, le Tchad, la Côte d'Ivoire, l'Afghanistant. Ca et le reste. J'avais peut être moins vu de monde qu'elle, finalement. J'en avais surtout jaugé les aspects les moins reluisants, c'était un fait. On ne choisit pas toujours les conséquences de ses actes. On croit faire le bon choix, ou un choix à minima, et on se retrouve à mettre un doigt dans l'engrenage, qui nous catapulte dans quelque chose de carrément plus glauque et plus mortel que tout le reste. Quoiqu'il en soit, rien de ce que nous avons fait jusque là ne nous prépare véritablement à la suite. On se retrouve là comme deux jeunes étudiants, deux jeunes gens qui ne savent pas vraiment ce qu'ils font. Quelque part, c'est véritablement le cas.


Ma bombe explose et Sophia manque de s'étouffer avec ce qu'elle vient d'ingurgiter. J'ai un pâle sourire d'excuse, gêné comme je suis de me rendre compte que ce que je dis n'a de cesse sans doute de l'étonner et peut être aussi, quelque part, de mettre à mal les liens qui nous relient. Je n'en sais rien, je me sens un peu paumé vis à vis de tout ceci. Ce n'est définitivement pas quelque chose de simple pour moi. Je la regarde, vaguement amusé mais surtout terriblement gêné, alors que je la vois terminer son verre d'une seule traite, et elle s'en ressert un à nouveau mais sans avoir l'air aussi naturelle que quelques secondes auparavant. Je me perds moi aussi un petit temps dans la contemplation de ma boisson. Mais je reprends. Je n'ai pas à rougir de Jack.



| Jack. Un fils. Il est au collège... Le seul enfant qu'on a eu. Je ne le vois plus beaucoup. Notre situation est un peu... Compliquée. C'est la vie, j'imagine. |


Sophia semble paumée, décontenancée.


| Moi aussi, tu sais. Y'a pas si longtemps que ça, je découvrais l'Afrique, le grand frisson à l'armée et tout ça, je voyais le monde. Ensuite, un boulot de fou. J'ai l'impression de n'avoir rien fait d'autre de ma vie. Ca a l'air d'être un peu ton cas aussi, non ? Et il n'y a pas personne, dans ta vie. IL y a toujours ce jeune garçon qui t'a tiré d'un mauvais pas, pas vrai ? Peu importe la place qu'il occupe dans ton existence. Il, ou je... Maintenant, je suis là. Même si ce qu'on a fait, tu es en droit de le regretter, ce n'est pas rien. On n'est pas des étrangers, pas vrai ? Pas totalement en tous cas... |
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MessageSujet: Re: I Follow Rivers   I Follow Rivers EmptySam 3 Oct 2015 - 14:35




Philipp & Sophia


Sophia écouta attentivement Philipp pendant qu’il lui parlait de son fils. Ce dernier était au collège et devait donc avoir entre onze et quinze ans. Ce n’était plus un petit bout et il rendait encore plus réel le fait que son héros d’enfance avait eu une vie de famille avant de venir vivre ici, dans cet appartement sans vie. Une situation compliquée elle connaissait ça et elle le vivait depuis maintenant dix-sept ans avec sa mère. Quand une famille explose c’est souvent les enfants qui en payent le prix. Son garçon devait se sentir tiraillé entre l’envie de l’aimer parce qu’il était son père et celle de lui en vouloir parce qu’il était maintenant loin de lui. La belle aurait tout donné pour que son père accepte de la revoir, pour qu’il soit à nouveau dans sa vie. Au moins le beau brun semblait être réellement attristé d’être aussi loin de son enfant, une différence majeur avec son paternel à elle. « Tu as raison, la famille n’est jamais une simple affaire… » Elle imaginait difficilement que certaines personnes puissent se vanter de n’avoir aucun problème avec leurs proches, de n’avoir jamais eu aucune souffrance ou frustration les concernant. Elle se sentait parfois seule à vivre en Californie alors que sa mère et son frère se trouvaient à New York, mais elle avait trouvé d’autres personnes pour l’entourer ici. Mischa, Matthew, Nolan, Neela, Alvira et la liste continuait ainsi. Ils étaient sa famille de cœur, ceux sur qui elle pourrait toujours compter et pourtant ce n’était pas assez. Non, elle rêvait du grand amour, de trouver quelqu’un qui l’aimerait elle plus que tout autre chose. C’était lié au complexe que l’abandon de son père avait fait grandir en elle. On ne peut pas demander à un ami de n’être exclusivement qu’à soit, c’est l’enfermer dans une relation malsaine. De même qu’elle n’avait aucun droit de demander à sa mère de l’aimer plus que son frère, mais c’est pourtant ce qu’avait fait son père. Il n’avait eu d’yeux que pour elle toutes ces années et elle s’était sentie précieuse, elle avait eu confiance en lui et à sa capacité à la porter dans son rêve. C’est pourquoi elle mentionna qu’elle n’avait personne dans sa vie, elle voulait dire qu’elle n’avait personne pour qui elle représentait le monde. « Moi aussi, tu sais. Y'a pas si longtemps que ça, je découvrais l'Afrique, le grand frisson à l'armée et tout ça, je voyais le monde. Ensuite, un boulot de fou. J'ai l'impression de n'avoir rien fait d'autre de ma vie. Ca a l'air d'être un peu ton cas aussi, non ? » Il avait raison, le travail était devenue une part très importante de sa vie et elle ne s’était jamais autorisée à digérer d’autres choses importantes qui auraient pu lui donner l’occasion de s’ouvrir réellement aux hommes de son passé. Certes l’abandon de son paternel était une souffrance quotidienne, mais en réalité il n’y avait pas que ça. Elle avait perdu son rêve et avait quitté complètement son monde et il lui arrivait de le regretter même si personne ne s’en doutait avec sa personnalité si optimiste et joyeuse. Du moins cela avait été le cas jusqu’à maintenant et pourtant elle avait été déstabilisée quelques jours plus tôt en revoyant un homme qu’elle pensait avoir perdu un mois plus tôt, quelqu’un qui la rendait dingue. Ils s’étaient embrassés et il l’avait rejetée parce qu’il avait peur de s’attacher, peur qu’elle le laisse du jour au lendemain. Plutôt ironique non ? Quand on sait que c’est la raison pour laquelle elle avait rompu avec tous ses ex. Etait-ce parce qu’il semblait aussi perdu qu’elle ? Encore maintenant elle ne savait pas pourquoi ses sentiments étaient devenus aussi forts pour lui, plus qu’ils ne l’avaient jamais été pour quelqu’un d’autre. Elle souffrait de son rejet et buvait presque tous les soirs quand elle ne travaillait pas comme une dingue.

C’est pourquoi quand elle entendit les mots qui suivirent, elle n’en fut que plus troublée. « Et il n'y a pas personne, dans ta vie. IL y a toujours ce jeune garçon qui t'a tiré d'un mauvais pas, pas vrai ? Peu importe la place qu'il occupe dans ton existence. Il, ou je... Maintenant, je suis là. Même si ce qu'on a fait, tu es en droit de le regretter, ce n'est pas rien. On n'est pas des étrangers, pas vrai ? Pas totalement en tous cas... » Elle se morfondait pour un homme qui lui avait assuré qu’il la ferait souffrir, qui l’avait abandonnée à la seconde où ils avaient fait l’amour, qui l’avait rejetée à nouveau quand elle lui avait avoué avec des sentiments pour lui et en face d’elle se trouvait un homme merveilleux qui lui disait qu’il serait toujours là pour elle. Ils avaient aussi fait l’amour et elle y pensait souvent, rêvait de ce moment et quand elle ne pensait pas à Adam c’était lui qui habitait son esprit. C’était d’ailleurs le problème ces derniers temps avec elle, elle se sentait acculée par tous ces sentiments. Ils n’étaient pas des étrangers non, ils étaient autre chose, mais quoi ? Il n’était plus juste son héros d’enfance, elle n’était plus cette petite fille puis jeune femme qui lui écrivait régulièrement en lui disant à quel point elle était heureuse à l’idée d’accomplir son rêve. Elle avait changé radicalement et pas seulement de l’intérieur. Elle avait envie de fuir, de laisser cet homme de son passé derrière elle pour ne plus avoir à y repenser. Ces derniers temps c’était comme si le monde lui hurlait de traiter avec ses démons. Elle avait appris où habitait son père grâce à son détective privé, mais aussi qu’il ne voulait pas lui parler. Elle avait retrouvé Philipp et elle s’était rendit compte qu’elle ne voulait pas le perdre, comme s’il représentait le seul espoir qu’elle n’oublie pas à jamais qui elle avait pu être. C’est pourquoi elle prit une décision. « Oui tu es là et ce qui s’est passé entre nous n’était pas une erreur. » Elle but une longue gorgée avant de continuer. « Mais c’est quelque chose qui ne se reproduira plus jamais. » Sa voix était douce, mais ferme. « Je pense que l’on pourrait essayer de trouver une place dans la vie de l’un et de l’autre, en tant qu’amis. » Un petit sourire vint éclairer son visage, mais ses yeux évoquaient toujours une certaine tristesse. « ça te dit ? » C’était le mieux, tant qu’elle n’avait pas réglé ses sentiments pour Adam, mais aussi tant qu’elle n’avait pas compris ce qu’elle attendait de lui. Si ce n’était que pour être plus proche de celle qu’elle avait pu être, elle ne voulait pas le rejeter plus tard pour cette même raison. Il semblait avoir déjà eu son lot de merdes et elle ne voulait pas lui en apporter plus. En plus, qu’est-ce qu’il lui disait qu’il aurait eu envie d’autre chose ?

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MessageSujet: Re: I Follow Rivers   I Follow Rivers EmptyMer 14 Oct 2015 - 22:22

J'ai l'impression de dire de la merde. C'est fou ça, quand même. Je me sens niais. Je me sens stupide. Comme un gosse qui va à son premier rendez-vous galant. Une partie de moi vomit vraiment cela, mais une autre se sent quelque peu apaisée, rassérénée, par une attitude un peu plus sereine que d'ordinaire. Ce n'est pas franchement quelque chose que je déteste, mais il va bien falloir que j'apprenne à composer avec. En plus, ressasser le passé a un effet quelque peu ambivalent sur moi, vous pouvez me croire. D'un côté, je me sens horriblement tiraillé vers mon fils. Vers elle. Vers ce que je leur ai fait, ce que je leur ai infligé à tous les deux. J'ai le cœur qui palpite, mon front devient moite en un court instant. Je me demande si je peux tenir encore longtemps à ce rythme là. Et pourtant, me confier me semble être tellement libérateur... Je soupirais, alors que la jeune femme me disait que la famille n'était pas une simple affaire. Difficile de sortir autant de vérités en une seule petite phrase, et pourtant elle y était arrivée.


| Alors là, je crois que tu viens de sortir un truc que personne ne pourrait nier. |


Même l'ivrogne totalement de mauvaise foi que j'étais la plupart du temps, un mec cynique et acariâtre au possible, reconnaissait tout à fait qu'il y avait une possibilité pour que tous les gens qui s'accrochaient aussi fort à d'autres êtres humains, notamment dans le cadre de la famille, finissent immanquablement sur les rotules. C'était comme ça. Une des grandes lois de l'existence à n'en pas douter. J'essaie un peu de changer de sujet. Inutile de se mettre à parler de choses comme ça. Sophia savait que j'avais eu une vie, mais si l'on pouvait éviter de se trouver ainsi engoncés dans le passé, ça m'irait tout aussi bien vous pouvez me croire. Je ne savais pas où tout cela allait nous mener. Quelque part, la situation me semblait terriblement vaine et je savais bien que je finirais par tout gâcher. Je savais aussi que si ce n'était pas moi, ce serait autre chose. C'était toujours comme ça. Ne pas avoir d'attache aidait à bien faire son boulot... Quand il y avait du taf, bien évidemment. J'attends donc en terminant mon verre et le pichet, me demandant ce qu'elle allait trouver à me répondre. Sophia convient bien évidemment que nous ne sommes pas des étrangers. Et voilà. Je souris, d'un mince sourire en coin, comme si je l'avais toujours su, alors qu'elle me dit que ça ne se reproduira pas. Elle a l'air décidée, en tous cas. Je fais signe au serveur de remettre un pichet. Quitte à tuer de vieux fantômes ce soir, autant ne pas rentrer sur ses deux jambes, pas vrai ? Je me frotte la barbe comme pour faire passer le revers poli que je viens de manger dans les gencives. J'inspire. Et je bois un coup, comme toujours.


| J'imagine que c'est ce qu'on a toujours été, au fond, non ? Des amis. De l'entraide, de la compréhension. On sait qui est l'autre, pas vrai ? Je sens que je te connais, au fond de toi je veux dire. Malgré toutes ces années. |


Cela valait mieux que l'alternative. Après ce que j'avais fait à Jana, je ne pouvais plus espérer pour les gens que j'appréciais être aussi proches de moi. Il ne fallait pas, ni pour moi, ni pour eux.


| Bon. Maintenant que c'est réglé, qu'est ce qu'on mange ? Je prendrais bien le burger au fromage qui pue, moi. |


Maintenant que je sais qu'on ne va pas s'embrasser.


| Sinon, si les français sont nuls pour les steaks, ils font de super viandes cuisinées. Tiens, t'as ça. C'est de la volaille avec du lard, du fromage et de la crème. C'est costaud mais c'est super bon. |


Et moi, je suis un champion de la diversion.
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MessageSujet: Re: I Follow Rivers   I Follow Rivers EmptyDim 18 Oct 2015 - 11:20




Philipp & Sophia


Sophia avait pris une décision et c’était d’étouffer dans l’œuf tout sentiment qu’elle aurait pu avoir pour cet homme. Depuis son accident et le départ de son père, elle s’était promise de rester forte et de ne jamais laisser un autre homme la briser. Sans l’admettre, la belle avait choisis de ne jamais s’attacher à quelqu’un. Une mission qu’elle avait parfaitement remplie durant dix-sept ans en ne collectionnant que des histoires qui duraient maximum un mois, ne lui laissant pas le temps de souffrir du départ de ses ex. La jeune femme était connue pour être quelqu’un de toujours positif, arrivant toujours à voir le bon côté des choses. Tout cela lui était possible parce qu’au fond d’elle l’espoir que son père revienne un jour vivait toujours. Cette espérance avait été réduite à néant il y a peu après qu’elle ait reçue des nouvelles de son père. Revenu récemment d’Europe, il s’était installé dans une ville proche de Californie ce qui avait permis au détective privé qu’elle avait embauché de le retrouver. Résultat, il ne voulait rien à faire avec elle. La photographe n’avait pas encore trouvé le courage de venir lui rendre visite pour qu’il lui confirme de vive voix qu’elle ne représentait plus rien pour lui et elle s’était contentée de garder ça pour elle. Ce choc avait ouvert une faille dans sa carapace qui ne cessait de s’agrandir et elle se sentait perdue. Son job qui lui satisfaisait depuis dix ans la frustrait plus qu’elle n’osait le dire, elle avait la sensation de ne pas avoir de rêve. Quand à sa vie sentimentale, elle s’était attachée à un connard fini qui traitait les femmes comme de la merde sous prétexte de ne pas avoir à les perdre. Il l’avait à nouveau rejetée peu de temps après sa rencontre avec Philipp, mais elle n’arrivait pas à s’en remettre. Fragile comme elle était, elle ne voulait pas tenter de démarrer quelque chose avec celui qu’elle avait longtemps considéré comme son héros alors qu’elle pensait à un autre. Il méritait mieux qu’une fille complètement paumée.

Non, ami était la bonne solution pour ne pas se perdre non plus complètement de vu. « J'imagine que c'est ce qu'on a toujours été, au fond, non ? Des amis. De l'entraide, de la compréhension. On sait qui est l'autre, pas vrai ? Je sens que je te connais, au fond de toi je veux dire. Malgré toutes ces années. » Pourquoi avait-elle en tête cet autre homme qui n’avait même pas eu la décence de la rappeler après avoir réussi à l’avoir dans son lit ? Pourquoi n’essayait-elle pas de se rapprocher du policier, de cet homme qui – même si manifestement brisé – se promettait d’être là pour elle ? Tout simplement parce qu’en ce moment elle se comportait comme une ado crétine, celle qu’elle aurait été à l’époque si on lui en avait donné la chance.  « Oui, finalement c’est plutôt moi qui ne te connait que très peu. » Et si elle lui avait laissé la possibilité de répondre à ses lettres est-ce que tout aurait été différent ? Aurait-il été là pour elle dans ses moments de doutes ? L’aurait-elle empêché de détruire ses rêves ? Steiner avait déjà changé de sujet, les emmenant sur le choix de nourriture pour le reste de leur dîner. Cela ne leur aurait rien apporté de continuer à parler de cette nuit passée ensemble, de ce qu’ils représentaient rien pour l’autre et pourtant… pourtant elle aurait aimé savoir ce qu’il lui aurait dit si elle n’avait pas pris les devants. Aurait-il voulu plus qu’une amitié ? Avait-il un avis sur la question ? Des réponses qu’elle n’aurait jamais. Elle décida donc de se laisser aller à suivre le courant de la conversation. Une heure passa où ils mangèrent souvent en silence, mais aussi en parlant de tout et de rien. Ils n’étaient clairement pas à l’aise ensemble encore, mais c’était quelque chose qui viendrait sûrement avec le temps. Quand vint le moment de se séparer à la fin du repas, Sophia hésita un moment à comment lui dire au-revoir. Se rapprochant de lui, elle lui fit la bise sans pouvoir s’empêcher de s’attarder un peu alors qu’elle écartait ses lèvres. C’était con, mais son odeur lui avait manqué. La belle aurait voulu lui prendre la main, juste pour se rassurer. Se blottir dans ses bras, pour le sentir près d’elle et savoir qu’il y avait une personne qui serait toujours son sanctuaire, qui serait là pour la protéger. A la place, elle lui lança un maigre « A bientôt Philipp, merci pour ce soir » et partit dans la direction opposée sans se retourner.



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