« - Et voilà. Je t'ai dit que j'avais les meilleures bières du coin. » Il marqua une pause avant de montrer deux cigares. « - Et ça, c'est le bonus. » Cigare en bouche, Imran apporta deux bières bien fraiches. Il prit ensuite place sur la chaise longue juste à côté d'Aaron. Qu'Imran ait du temps libre, c'était de plus en plus en rare. Mais lorsque cela arrivait, il aimait faire ce que la plupart des gens faisaient : pas grand-chose. Juste regarder le temps passer, avec une bonne bière en main. Depuis son emménagement, Imran n'avait pas vraiment rencontré ses voisins. Il faut dire que le quartier ne le permettait pas forcément puisque certains domaines étaient très grands. D'une certaine façon, on pouvait dire que le hasard faisait parfois bien les choses. Imran n'était pas connu pour avoir des amis, mais voilà qu'Aaron entra dans sa vie sans chercher à profiter du statut de l'Indien. La popularité, Imran connaissait. Il l'avait expérimenté de différentes manières, mais jamais en étant le maire d'une ville. C'était nouveau pour lui, mais il était assez bon dans son travail et savait parfaitement faire la part des choses. Avec Huntington Beach, il y avait de quoi faire. Imran n'était jamais à court de problème et de solution. Beth était un atout dans ce combat perpétuel et il était assez fier de l'avoir à ses côtés. Alors forcément, quand il avait sa journée, Imran aimait se changer les idées. Il aimait suivre son instinct, se détendre, boire une bière et discuter avec un ami le temps d'un après-midi sans avoir à se préoccuper des problèmes de la communauté.

Il s'étira un instant, avant de couper l'embout de son cigare et de sortir un briquet. « - Et ça va ? Tu te plais ici ? » Il souffla avant de tirer de nouveau sur son cigare, satisfait du goût. Imran était du genre curieux. Parce qu'il se méfiait toujours de tout le monde et tout le temps. Il aimait creuser, savoir ce qu'il y avait dans l'esprit des autres. Aaron s'était montré légèrement insistant, mais le psychiatre avait mis ça sur le fait qu'il était nouveau dans la ville et qu'être seul poussait souvent à ce genre de comportement. Bien entendu, il ne mettait pas à l'écart l'idée qu'il y avait une autre motivation derrière les actes d'Aaron, mais pour l'instant, rien. De toute façon, s'il y avait un problème, Imran le comprendrait le moment venue. Il n'était pas du genre à se prendre la tête et profiter simplement de l'instant présent. La preuve. « - Oh, rappel-moi de te donner l'adresse du restau dont je t'avais parlé la dernière-fois. » Leur conversation était souvent assez simple, mais pas désagréable. Il posa son cigare sur un cendrier non loin, attrapant sa bière. C'était un peu un rituel de fumeur qu'Imran avait adopté depuis ses années à l'université.

Il allait reprendre la parole quand il aperçut quelqu'un approchait du coin de l'œil. Automatiquement, il se leva. Il ne s'attendait pas à voir Neela aujourd'hui, mais elle était sûrement venue pour une raison précise. « - Hey, Meyers. » Il déposa un baiser sur les lèvres de Neela. « - Aaron, Neela. Neela, Aaron. Tu sais l'abruti de voisin dont je te parlais… » Il se tourna légèrement vers Aaron, le taquinant.

« - Qu'est-ce que tu fais là ? » Il se pencha légèrement vers elle pour murmurer. « - Si c'est pour récupérer ton string, je crois que j'en ai fait un tableau pour apprendre à Junior les différences dans la lingerie féminine. » Il recula, riant avant de reprendre un air plus sérieux, fixant la voiture d'où Neela était sortie. « - T'es pas seule ? »

Soupirs, arguments et yeux levés au ciel… Voilà comment avait commencé l’après-midi d’Alvira. Il ne fallait pas être expert pour deviner que Neela était la cause de tout cet agacement. La jeune maman avait décidé de faire sortir sa cousine qui n’en avait pas très envie, pas cette fois. Elle avait prit du retard dans son boulot et devait absolument étudier si elle ne voulait pas perdre plus de temps et risquer de passer encore une année à étudier. Elle en avait déjà marre et ne rêvait que de la fin, son projet de fin d’étude était de faire un feu de joie de tous ses cours pour ne plus qu’elle ait à devoir voir un papier de cette période traîner dans son appartement. « Mais Neelaaaa…. » Lâcha l’Indienne d’une voix plaintive. Elle était définitivement à court d’arguments et ne voyait même pas pourquoi est-ce qu’elle se fatiguait puisque de toute façon Neela obtiendrait ce qu’elle voulait. Alvira allait abdiquer et elles finiraient par sortir pour prendre l’air, quitte à traîner et finalement ne rien faire, rien ne pouvait être pire que ces quatre murs. Et même si Alvira trouvait que la brunette avait raison, elle ne le lui dirait pas juste pour le plaisir de râler.

« Ca va, j’aurais pu tomber sur pire quand on y pense. » Elle répondit de façon évasive, ne voulant pas s’attarder très longtemps sur le sujet. La jeune brune n’avait pas envie de parler de boulot – y comprit donc de son nouveau patron – mais surtout, elle ne voulait pas mettre sa cousine mal à l’aise, ne sachant pas très bien quelle était l’ambiance entre elle et Noah. La brunette reprit la parole pour demander des nouvelles de Maya qu’elle n’avait pas vu depuis déjà un petit moment. Au lieu de vouloir la faire sortir à tout prix elle aurait mieux fait d’emmener sa fille, et même se servir d’elle comme prétexte, ça aurait été plus facile pour faire sortir la Raichand de son trou. C’était bien connu, Alvira ne pouvait rien refuser à Maya, contrairement à la mère de cette dernière. Le reste de l’après-midi continua dans une bonne ambiance générale où l’Indienne essayait de se montrer moins râleuse tout en apportant un point de vue critique sur les choix vestimentaires de sa jeune cousine.  Finalement elle ne regrettait pas d’être sortie, non seulement elle avait pu rafraichir sa garde-robe mais en plus elle s’était fait offrir un cadeau. De nouveaux vêtements, un cadeau. Tout ce que demande le peuple. Et en prime, elles allaient manger. Ce  n’était un secret pour personne, la nourriture était le grand ami de l’Indienne et même si elle essayait de garder une alimentation seine, il lui arrivait de faire des petits écarts de temps en temps. Blame it on the Starbucks.

« Allez, on va manger maintenant. » Annonça fièrement l’avocate qui avait même commencé à faire la danse de la faim en entrant dans la voiture. Elle constituait à bouger les deux bras et toute la partie supérieure du corps dans un mouvement assez louche, mais qui montrait bien qu’elle avait faim. C’était d’ailleurs un bon moyen de passer s’occuper le temps que sa cousine s’occupe d’une affaire au téléphone. Elle eut un ascenseur émotionnel en entendant ce que lui sorti cette dernière après son appel. Quoi ? Sérieusement ? « Mon…ex ? » Elle s’arrêta de danser le visage complètement décomposé, ne s’attendant pas à cette proposition. Elle dû prendre un moment pour réfléchir à une réponse convenable, ou en d’autres mots : comment refuser sans froisser la doctoresse. Cette dernière qui avait dû voir le coup de pression sur le visage d’Alvira, lui annonça finalement que c’était une blague. C’était tellement une bonne blague qu’elle en avait oublié de rigoler. Haussant les épaules, elle se contenta de se remettre à danser sa danse de la faim alors qu’elles prenaient la route pour se rendre chez Imran.

Alvira fini cependant par se calmer en arrivant à Palm Avenue où un gardien les firent rentrer. Une fois qu’elles se garèrent à l’entrée, c’est avec une moue hésitante que la Raichand se tourna vers sa cousine. Par chance, elle n’avait pas besoin de lui dire ce à quoi elle pensait pour qu’elle comprenne, elle n’avait pas envie de sortir de la voiture, préférant se faire petite. « Merci… » Souffla-t-elle doucement en regardant Neela sortir. Au bout de quelques secondes à se retrouver seule, elle se rendit compte à quel point la situation était ridicule, certes elle ne voulait pas croiser Imran, mais elle n’allait pas pouvoir le fuir indéfiniment, surtout vu les circonstances. Elle décida de se montrer mature et ouvrit la portière pour se diriger à son tour vers la porte principale. D’un pas lent et hésitant, c’est la tête baissée qu’elle traversa le chemin qui la séparait des deux individus, prête à faire demi-tour à tout moment.  Elle releva doucement la tête en apercevant la silhouette de Neela – du moins son ombre – et se rendit compte qu’une troisième personne était également présente.

Au moment où elle releva complètement la tête, elle s’arrêta de marcher, réalisant ce qui se passait. « Toi… » Souffla l’Indienne après plusieurs secondes de silence. Comme si son cerveau venait de se geler, elle oublia tout ce qui était autour d’elle et également la présence de Neela et Imran qui ne devaient sûrement pas comprendre ce qu’elle avait. Ses poings se serrèrent automatiquement au point de lui faire mal et elle se mise à grincer des dents. Une soudaine colère monta en elle de façon inattendue qu’elle passa du calme à la colère comme si une autre personne avait prit possession de son corps. Telle la furie qu’elle était devenue, elle regarda autour d’elle en quête de quoi que ce soit qui allait l’aider à éclater la tête du parasite. Par chance – ou heureux hasard – un jardinier peu minutieux avait laissé une pelle non loin de là où elle se trouvait ; elle posa ses yeux sur ce qui allait à présent devenir son arme de combat, et le souleva d’une main sans problème. « LONG TIME NO SEE ! » Hurla l’avocate en brandissant la pelle au-dessus de sa tête, avant de s’avancer d’un pas décidé, prête à frapper.

Les questions. La spécialité de monsieur le maire. Aaron avait dû prendre l'habitude même s'ils ne se connaissaient pas depuis très longtemps. Imran était un vautour en quête de victime. Chaque occasion était bonne pour parler. Même maintenant, alors qu'il se trouvait dans son jardin, profitant du beau temps – qui ne manquait jamais à Huntington Beach. « - Je n'ai pas été très utile ceci-dit. » Aaron avait insisté, c'était peu dire. Harceler, aurait été plus correcte. Mais il avait du mal en même temps et tout seul, son déménagement aurait duré un siècle. Imran s'était dit que l'aider ne le tuerais pas et désormais ils étaient amis. Bon, pas réellement mais, mais c'était agréable quand même. Et ça, Imran ne pouvait pas le nier. La conversation se mit en place alors que la bière d'Imran commença à manquer. Aaron lui parla d'un pompier dont Imran connaissait de nom. L'histoire avait fait le tour des journaux locaux et des télévisions. De l'héroïsme à l'américaine, comme on en connaît tant. Soudain, Neela apparut de nulle part – bon, il l'avait vu venir. Un peu étonné de la voir, il se releva de son assis, accueillant la jeune femme d'un baiser. Il ne se souvenait pas qu'elle lui ait envoyé un message lui disant qu'elle arrivait, mais elle avait sans doute oublié quelque chose. Aucune idée. Sans manquer de politesse, il présenta Aaron à Nela le taquinant – et il fit de même. « - Habituée… mouais, je dirais plutôt entraînée. » Aaron se leva pour serrer la main de Neela alors qu'Imran se rapprocha d'elle pour ajouter un petit quelque chose de privé.

C'était courant que les discussions entre eux soient parfois déplacées. Jouant le jeu, comme très souvent, Nela répondit. Le sourire d'Imran se fit plus large encore, amusée par tout ça. « - Il a déjà. Mais autant jouer sur les couleurs et la texture, non ? » chuchota-t-il, amusée. Sa cousine ? Neela en avait tellement. Vive les grandes familles indiennes. « - Ah mais oui ! Je l'ai trouvé ce matin dans le salon, je l'ai laissé là-bas… » Neela reprit la parole alors que le regard d'Imran se déposa sur la cousine de la jeune femme. Alvira, dans toute sa splendeur. Son expression était assez conséquente : Elle connaissait Aaron et visiblement, elle ne l'aimait pas. Pire… Neela semblait tout aussi surprise qu'Imran, mais Aaron n'avait pas l'être si étonné que ça. Quelque chose échapper à Imran qui essayait de remettre dans l'ordre les puzzles de la situation. Ce regard noir, Imran le connaissait par cœur. Et il adorait les surprises. L'Indienne attrapa la première chose qu'elle vit, menaçant sans attendre Aaron avec une pelle. Par automatisme, Imran attrapa le bras de Neela pour la faire reculer légèrement – quand même. Aaron attrapa le projectile avec un peu de mal, mais résolu à l'éloigner de lui. Imran ne put retenir plus longtemps Neela qui tenta de résonner sa cousine, suivi par Imran, trop protecteur pour rester les bras croisés. Aaron, les mains légèrement en l'air, admis qu'il allait tout expliquer.

C'était l'ex de Laila. Tiens, ce nom lui disait quelque chose. Neela s'exclama tout de suite, en colère à son tour. C'était le signe pour Aaron, de fuir. « - En approchant sa famille ? » La voix d'Imran était révélatrice. Il comprenait maintenant. Il savait qu'il tramait quelque chose, mais maintenant il savait pourquoi Aaron s'était autant rapproché de lui. Rapidement, Neela prit la parole. C'était tout elle ça. Visiblement, Aaron frappait Laila – dont Imran se souvenait maintenant puisque Neela lui en avait parlé. « - Les filles, calmez-vous. » La voix d'Imran paraissait neutre, mais elle ne l'était pas pour autant. C'était plus un ordre en fait. Son regard se posa d'ailleurs avec force sur les deux jeunes femmes. « - C'était une idée stupide, Aaron. » Il fit face à celui-ci, mais il ne semblait pas en colère ou l'accuser de quoi ce que soit. Aaron était plus grand qu'Imran, de quelques centimètres, mais cela n'allait pas changer le regard qu'il posait désormais sur lui. « - Tu te rends compte que tout ça n'aurait jamais pu marcher . Que c'était une cause perdue et que malheureusement… » Sans attendre plus longtemps il décrocha une droite bien placée à Aaron, tout en l'attrapant par le cole pour lui en donner une deuxième à la suite avant de le lâcher. « - Je risque de ne pas retenir mes coups. Tiens, c'est drôle. J'imagine qu'à l'époque, c'est toi qui ne retenais pas tes coups avec Laila ? Quelle ironie ! » Il fit craquer ses doigts, bien que sa main droite lui démangeât déjà à cause de l'impact. Un léger sourire sur les lèvres. « - Bon, vous attendez quoi pour appeler les flics ? » Imran se tourna vers Alvira et Nela. « - Un mot de ma part et il ne sortira pas de prison. » Il était très sérieux. Il reposa son regard vers Aaron. Il avait choisi de manipuler la mauvaise personne.

La jeune femme savait que la journée allait s’annoncer longue et surtout exceptionnelle – il ne fallait pas se mentir, à chaque fois qu’elle passait la journée avec Neela, c’était limite si elle n’allait pas à l’aventure – mais pas à ce point. De toutes les personnes sur qui elle aurait pu tomber, Aaron était bien la dernière qu’Alvira  voulait revoir. Son cerveau qui ne répondait plus au moment où elle aurait dû jouer la carte de la maturité et de la non-violence, l’avait incité à lui saisir de la pelle qui se trouvait à proximité d’elle, dans le seul but d’éclater le crâne de ce bâtard contre le sol. Malheureusement pour quelqu’un (ouais j’ai toujours pas saisi chez qui on était), il allait voir son gazon repeint par le sang qui allait bientôt couler. La Raichand sentait le regard de sa cousine et d’Imran se poser sur elle, mais elle était tellement aveuglée par cette rage qui était réapparu après des années, qu’elle n’était même pas sûre de pouvoir expliquer clairement la situation. Elle se revoyait des mois en arrière lorsqu’elle apprit ce qu’Aaron avait fait à Laila et surtout, la réaction qu’elle avait eu. Elle qui ne faisait jamais dans la demi-mesure surtout lorsqu’il s’agissait de sa famille, avait voulu aller trouver le jeune brun à son domicile. Mais non pas pour lui demander des explications ou essayer d’arranger les choses, non non, mais pour lui arranger le portrait et lui rendre chaque coup qu’il avait pu donner à sa petite cousine. Pour Alvira, c’était très simple : certes elle ne disait pas souvent à ses proches qu’elle tenait à eux – et ne le dirait probablement jamais – mais toucher à sa famille, c’est toucher à elle et il est hors de question de laisser passer ça. La seule raison pour laquelle elle n’avait rien fait, c’était parce qu’elle savait que ce n’était pas ce que Laila voulait, et quelque part elle avait décidé de respecter son choix. Mais d’elle-même, elle avait déjà préparé le plan parfait pour se débarrasser définitivement d’Aaron. Après tout elle aussi avait des contacts, et ce n’était pas l’argent qui lui manquait si elle voulait faire disparaître des preuves. Et de toute façon, même si elle finissait sous les barreaux pour meurtre avec préméditation, elle se disait que ça en aurait voulu la peine.

La jeune femme ne savait même pas pourquoi elle avait ouvert la bouche lâcher un ‘long time no see’, ça n’avait fait que la ralentir et elle qui n’était pas très habile lorsqu’il s’agissait de se battre ou d’avoir un mouvement de réflexe, se retrouva vite bloquée lorsqu’elle essaya de frapper Aaron. Elle le voyait très bien s’approcher d’elle et savait qu’avec la force qu’elle avait dans les bras, même avec sa pelle elle ne menait pas large. Elle essaya de reculer mais étrangement, tout son corps se retrouva bloqué, encore trop choqué de voir qu’il était bien présent et qu’elle ne rêvait pas. Comme un réflexe à retardement, lorsque la pelle fut envoyée loin d’elle, elle recula de quelques pas en ne détachant pas ses yeux pour autant du jeune homme. « Aaron… » Souffla finalement, la mâchoire tremblante. Elle lança un regard à Neela qui lui demanda de lui passer la pelle, faisant apparaître un sourire sur les lèvres de l’Indienne. Comme quoi, comme à chaque fois, les deux cousines étaient connectées et avaient autant envie de se venger l’une que l’autre. Elle se calma cependant en entendant la voix sévère d’Imran, lui rappelant soudainement qu’elles étaient dans la réalité et non pas dans un film où les méchants se faisaient torturer sans qu’il n’y ait de vraie répercussion. De plus, ils étaient en plein jour et ce n’était pas le meilleur moment de la journée pour décider de se débarrasser d’un cadavre. Alors que le maire parlait, Alvira s’approcha de la jeune maman, laissant le jeune homme prendre la relève tout en espérant fortement qu’il en mette une à Aaron. Son souhait ne mit pas très longtemps à se réaliser, provoquant un petit rire qui s’échappa des lèvres de la Raichand. Mais malheureusement, ce n’était pas encore suffisant pour Alvira. Elle vacilla lorsqu’elle entendit parler de flics. « Sérieusement ? » Elle vacilla lorsqu’elle entendit le mot ‘flics’. Il ne pouvait pas être sérieux. Ils étaient trois contre un et elle était à peu près sûre que si ce monstre venait à disparaître, il ne manquerait sûrement pas à grand monde. En voyant le regard sérieux d’Imran, elle comprit qu’il était inutile d’insister et elle pouvait le comprendre. Vu sa position, il ne pouvait pas se permettre de faire ce qu’il voulait, mais ça ne voulait pas dire qu’Alvira devait en faire de même.

« J’ai laissé mon téléphone dans la voiture. Et Neela aussi, je pense qu’il serait mieux qu’on appelle directement de chez toi, au moins on sera sûr qu’ils arriveront vite. » Avant même de laisser Imran répondre ou Neela contester, elle tira cette dernière vers elle avant d’ouvrir la marche en direction du domicile du jeune maire sans même se retourner. Autant elle avait sortie cette excuse de façon spontané, autant elle n’avait pas totalement tord. Pour des raisons de sécurité, ils risquaient de mettre prioritaire cet appel s’il était passé depuis le domicile du maire.

D’un pas déterminé et sans même savoir si les deux hommes allaient les suivre ou pas, elle avait une idée derrière la tête mais devait isoler sa cousine et elle pour qu’elles puissent en discuter discrètement et surtout, rapidement. « J’ai un plan… » Souffla l’Indienne de façon à ce que seule la jeune maman ne puisse l’entendre. Elle pressa le pas pour travers les quelques mètres qui la séparait de l’entrée de la villa, toujours avec sa cousine à côté d’elle et lorsqu’elle entra finalement à l’intérieur, ferma la porte très rapidement avant de s’éloigner seulement de quelques mètres. « J’ai un plan ! » Annonça la Raichand mais cette fois à voix autre. « On ne peut pas le livrer à la police, pas comme ça. Pas après ce qu’il a fait à Laila, il ne peut pas s’en tirer comme ça. Après tout réfléchis, ils ne vont pas le garder, ils n’ont rien contre eux et je suis sûre qu’elle refusera de parler si jamais elle arrive à savoir qu’elle est ici. Et d’ailleurs je ne veux pas qu’elle apprenne qu’il est de retour, il lui a fait trop de mal et je ne laisserai pas ce scénario se reproduire. Pas cette fois. » Elle insista bien sur la fin avant de tourner un rapide coup d’œil vers la porte, sentant que les secondes lui étaient comptées et qu’elle ne devait pas perdre plus de temps. « Mon plan est simple, prends une arme on va aller s’assurer qu’il ait ce qu’il mérite. » Elle était bien consciente que cette situation ne faisait que flatter ses bas instincts et par conséquent, l’incitait à ne pas réfléchir de façon logique. Mais la seule image qu’elle avait dans la tête était l’état dont elle avait trouvé sa petite cousine lorsqu’elle apprit ce qu’il se passait réellement. « Tu me suis ? » S’enquit la jeune femme, les yeux pleins d’espoirs que Neela accepte de marcher avec elle dans ce plan insensé. « Pour Laila. » Rajouta-t-elle comme pour donner son argument final.