« Vous êtes viré ! » Il balança à la poubelle un dossier contenant plusieurs papiers, c’était nul à chier voilà ce qu’il pouvait dire de ce dossier et c’était pourquoi il terminait dans la poubelle. « Je travaille pour votre famille depuis des années, j’ai servi votre père et je… » Samuel le coupa, posant son regard noir dans celui de son employé. « Je quoi ? Vous croyez que ça m’intéresse peut-être ? Je suis Samuel Hamilton, c’est moi le patron aujourd’hui et mon père ne peut plus rien dire aujourd’hui. » Il avança vers l’homme, si droit, si imposant, si sûr de lui. « Votre dossier ne vaut strictement rien, même la merde à plus d’importance que ces feuilles. Vous êtes inutile. » D’un geste de main il lui indiqua la porte, se tournant et faisant quelques pas vers son siège de bureau alors que son ex employé prenait une dernière fois la parole. « Sachez monsieur Hamilton que tout se paie un jour. » Le rire de Samuel éclata, et la peur qui s’afficha sur le visage de l’homme montrait à quel point ce rire semblait sadique. Il prenait du plaisir, il aimait ce pouvoir entre ses mains, ce pouvoir que lui avait enseigné son père. Il prit place sur son fauteuil, posant son regard sur l’unique photo sur son bureau. Une photo de ses sœurs et ses deux frères, la belle époque, celle où ils étaient encore six. Il se souvenait que son père lui avait toujours précisé qu’il ne fallait pas mettre de photo dans son bureau, que ça laissait sous-entendre qu’on avait un cœur, une faiblesse. Son père n’avait rien compris, cette soit disant faiblesse était une force, en tout cas pour Samuel. Sa famille était toute sa vie, il protégeait plus que tout au monde les siens, parce qu’il avait toujours pu compter sur eux, qu’importe les disputes au final ils étaient toujours là. Alors que son père avait mis fin à ses jours et que sa mère avait quitté la ville pour fuir les médias. Aujourd’hui il était au pouvoir, lui ce fils élevé uniquement pour cela. Il régnait en maître et parfois il ressemblait de plus en plus à ce père qu’il avait détesté. Là, il avait agi comme ce dernier, sans cœur. Pourtant l’homme qu’il venait de renvoyer comme un mal propre était au sein de l’entreprise depuis plus de vingt ans. Etait-il heureux ? Oui, étrangement ça lui procurait du plaisir ce pouvoir. C’était dangereux mais il s’en moquait, il était ainsi. On l’avait mis au monde pour cela.

Il était seul, un verre de whisky dans sa main droite, le tournant légèrement sur le côté regardant le liquide dansait dans le verre. Samuel n’était pas un grand habitué du silence, du calme et de la solitude. Pourtant parfois ça lui arrivait et franchement ce n’était pas toujours très bon, il n’aimait pas ces moments-là. Ces moments de calme le forçait à penser, penser au décès de son frère, à cette vie qu’il n’avait pas voulu, qu’on lui avait construit, à son père lâche au point d’en finir avec sa vie et cette mère fuyante… bref il devait sortir. Il monta à bord de sa Bentley, il devait voir quelqu’un. Il ne s’agissait ni de Benjamin, ni de Harper et de Naya. On aurait pu penser qu’il aurait été boire un verre avec son meilleur pote, rendre visite à Harper pour lui changer les idées ou bien encore voir sa petite protégée Naya qui ne le jugeait jamais. A vrai dire il avait envie d’aller voir quelqu’un, une jeune femme, la belle Maxim. Ils partageaient une belle amitié tous les deux, une sorte de je t’aime moi non plus qu’adorait Samuel. Il aimait ce genre de lien, il n’était pas capable de faire des déclarations, ce n’était pas son truc d’avouer à quelqu’un qu’il l’appréciait ou autre. Parfois ça lui arrivait bien entendu mais franchement il préférait être piquant et qu’on le soit avec lui. C’était bien plus drôle que de dire « tu es ma meilleure amie » ou « j’adore nos conversations » c’était beaucoup trop féminin pour lui ce genre de chose ! Samuel arriva au Pim’s, lieu où travaillait son amie. Il était tard, très tard même ça sentait la fermeture mais il avait envie de passer du temps avec la jolie brune, il n’était pas fatigué et il espérait qu’elle n’avait pas hâte d’aller se coucher. Entrant à l’intérieur de l’établissement il avança vers le bar où il apercevait la jeune femme, il prit place sur un tabouret posant son regard sur son amie. « Dis-moi que tu as des heures devant toi à me consacrer ? » Il sourit, un sourire charmeur comme bien souvent mais il tentait d’obtenir un oui tout simplement.

« Soyons fou, prenons la voiture et partons à l’aéroport. On prend le jet de ma famille et on disparaît quelques temps ! » Il sourit, presque rêveur. C’était tentant, si tentant de laisser tout derrière lui, de disparaître mais il ne le ferait jamais parce qu’il avait ce devoir en lui. Samuel était l’héritier, il avait la place de son père, cette place était sienne depuis sa naissance et il était formaté pour ce rôle, ce trône. Il y avait ses sœurs et son frère, il ne pouvait pas les laisser, il les aimait tellement, il avait besoin d’eux quotidiennement. Pourtant parfois il avait tellement envie de tout balancer, d’abandonner, d’arrêter d’être cet homme froid, distant et sans cœur que tous voyaient ainsi. Est-ce qu’un jour lui aussi il mettrait fin à ses jours comme l’avait fait son père il y a un peu plus de six mois ? Samuel sourit alors que la jolie brune prenait une bouteille de whisky, elle le connaissait si bien que ça en était presque touchant, surtout à ce moment précis alors qu’il n’avait pas envie d’être le Samuel méchant. Il avait envie d’être lui tout simplement. « Merci ma belle. » Lorsque son verre fut servi, il le porta à ses lèvres dégustant sa boisson. Un pur bonheur ! Il posa son verre avant de poser son regard sur Maxim prenant la parole. « Ça te plaît ici ? » La jeune femme était serveuse dans cet établissement mais pas seulement, il y avait une coutume dans cette boîte depuis sa création, une coutume qui plaisait beaucoup au jeune homme forcement. N’empêche il se demandait si elle était bien ici, si réellement ça lui plaisait, il se doutait bien qu’elle faisait surtout ce travail parce qu’elle avait besoin comme tout le monde de gagner sa vie, elle ne pouvait pas dépendre de quelqu’un. « Ta soirée a été bonne ? » Elle avait dû avoir du monde, les boîtes de nuit attiraient toujours du monde. Il voulait savoir si ça avait été, prêt à écouter son amie si elle avait besoin, parfois entre eux ça pouvait être électrique mais ça n’empêchait pas que ces deux-là étaient capables de parler, de se disputer et parler à nouveau comme si de rien n’était. Ils avaient deux caractères bien forts et c’était quelque chose qu’il aimait chez la jeune femme. Samuel n’aimait pas les femmes lisses, qui disaient oui à tout, qui souriaient à tout bout de champ c’était tellement ennuyant pour lui. Il aimait avoir le dessus sur tout quotidiennement et pourtant il adorait les femmes aux caractères forts.