Sujet: Grandma Howard débarque ! Jeu 7 Avr 2016 - 21:52
Grandma Howard débarque
Les mains dans la terre, Elisabeth profitait du temps libre que son âge lui offrait pour entretenir son jardin et tout particulièrement ses fleurs. Elle aimait passer des heures à jardiner, la nature rien de plus vrai et plus précieux dans ce monde ! Cette activité lui vidait la tête, tout comme cuisiner elle pouvait y passer des heures. Pourtant elle n'arrivait pas à être libre de toutes pensées, elle était inquiete. Elisabeth n'avait pas vu depuis quelques temps son amie Beth, non le mot ami n'était pas le bon, Beth était bien plus que cela à ses yeux, elle faisait parti de sa famille. Sisi, de son surnom, avait un seul regret dans sa vie, ne pas avoir pu donner la vie. Ce manque, ce deuil qu'elle avait du faire pour continuer à vivre, continuer à aimer cette vie et partager avec son mari, ça aurait pu lui bouffer sa vie mais elle avait préfèré offrir cet amour à ceux qui n'en avaient pas eu. Ainsi cette femme au grand coeur avait ouvert les portes de sa grande maison Victorienne pour acceuillir tous les enfants qui avaient besoin d'un toit au dessus de leur tête, d'un foyer aimant. Elle acceuillait toujours des enfants, des adolescents et prenait toujours autant soin d'eux. Beth était la fille qu'elle n'avait pas eu, elle avait une mère et Elisabeth n'avait pas la prétention de faire mieux mais elle était présente dans la vie de la jeune femme et elle profitait de ces moments, laissant ce lien évoluer au fil des années et se laissant parfois aller à penser qu'elle était sa fille. Cependant, depuis plusieurs jours elle n'avait plus de nouvelle de la jeune femme et ne la voyait plus à l'association. Elisabeth n'était pas du genre à s'inquiéter rapidement, cependant elle savait combien Beth était investie dans son association et la voir la délaisser l'inquiétait.
Sisi avait abandonné ses gants et son chapeau pour rendre visite à Beth. Elle était au volant de sa cocinelle décapotable de 1976 un vrai petit bijou et derrière le volant notre Elisabeth avait fier allure. Les nouvelles voitures qui pensaient à votre place très peu pour elle, pourtant la vieille femme n'était pas contre la nouvelle technologie, bien au contraire, elle jouait très bien à la playstation de quoi faire rougir les adolescents, elle était accro à candycrush et adorait les cours de cuisine sur internet. Elisabeth évoluait avec le temps mais les voitures neuves très peu pour elles. Elle ne les trouvait pas belles, avec beaucoup moins de classe que sa cocinelle ou bien encore la traction de son enfance, puis depuis quand les gens avaient besoin d'une caméra pour reculer ? Non vraiment c'était ridicule! Sisi était arrivée devant chez Beth, elle sorti de sa voiture avec un panier en osier qui contenant des cookies encore chauds et des roses blanches qui dépassaient, des roses du jardin évidemment ! Elle sonna à la porte, attendant qu'on vienne lui ouvrir elle observa les voisins, ce quartier était huppée contrairement au sien, elle avait horreur de ce genre de quartier et surtout de ce genre d'habitants qui coupaient le gazon avec un ciseau…
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Sujet: Re: Grandma Howard débarque ! Ven 8 Avr 2016 - 1:09
Grandma Howard débarque !
Beth Wilkerson & Elisabeth Howard
Depuis quelques semaines, Beth vivait en autarcie. Elle avait subi bien plus qu'elle aurait imaginé quelques mois plus tôt à peine. Elle avait prétendu à ses parents qu'elle faisait les fêtes de fin d'année en petit comité, avec Daniel, pour ne pas avoir à supporter leur regard. Il lui avait fallu quelques temps avant de se rendre compte pleinement compte des choses : son état était pitoyable, au point même qu'elle s'était surprise à espérer le retour de Daniel et souhaiter qu'ils continuent la mascarade qui leur avait servi de mariage pendant toutes ces années. Elle l'aimait, elle. Et elle était blessée au point même d'ignorer la réalité. Etait-ce si important qu'il ne l'aime pas ? Elle avait besoin de lui, et son départ avait laissé un manque immense dans sa vie. Même si elle se savait entourée des amis les plus fidèles, Beth ne s'était jamais sentie aussi seule. Elle était enfermée dans sa bulle, persuadée que personne ne pourrait comprendre ce qu'elle traversait. Eden et Rebecca étaient ceux qui en savaient le plus de sa situation. Le premier l'avait récupérée dans un état lamentable, le soir où Daniel avait lâché sa bombe et quitté leur foyer familial. La seconde l'avait accompagnée pour la soutenir dans un des pires moments de sa vie, celui où elle renonçait volontairement à un petit être qui avait germé en elle. Pourtant, même à eux, elle n'avait pas réussi à faire beaucoup de place. Elle se sentait isolée dans son chagrin et son désarroi, condamnée à voir ses rêves et ses projets s'effondrer sans avoir main mise sur quoi que ce soit. Elle ouvrait à peine quelques volets en journée et passait la majorité de la semaine en peignoir ou en pyjama chez elle. Elle gérait l'essentiel de chez elle, mais avait clairement expliqué à Leah et à Imran qu'elle n'était plus en mesure d'assurer la masse de travail qui avait autrefois été la sienne. Leah avait accepté de reprendre pas mal de ses fonctions, en confiant d'autres à certains employés de confiance. Beth s'en voulait de ne plus assurer ce pour quoi elle s'était tant battue, autant à son association qu'à la mairie, mais elle n'en avait plus la force. Elle qui autrefois aurait juré que le travail était la meilleure solution face aux pires malheurs n'en était aujourd'hui plus autant convaincue. Imran avait accepté de lui donner quelques temps, mais il lui avait fallu plusieurs mois avant d'annoncer officiellement que tout était fini entre elle et son époux. Un simple post sur Facebook, qui l'avait pourtant épuisée, éreintée, vidée de toute substance. Elle ne pouvait pas se permettre d'écorcher l'image qu'elle avait mis tant de temps à construire; elle ne voulait pas devenir un exemple de tristesse ou de pitié aux yeux de gens qui auraient pu aimer son travail. Alors, lorsqu'elle quittait sa villa, obligée de faire quelques courses, ou qu'elle donnait signe de vie sur les réseaux sociaux, elle faisait ce qu'une bonne politicienne faisait de mieux : elle prétendait. Elle était célibataire mais pas atterrée. Personne ne savait qu'elle avait tué son enfant, personne n'avait besoin de le savoir. Et en attendant de remonter la pente... elle faisait profil bas.
Lorsqu'elle entendit la sonnette retentir dans toute la villa, Beth était en tailleur, postée à son ordinateur avec la télévision allumée sur une série lambda. Elle avait peu à peu découvert les programmes de journée, et les programmes tout court. Ces nouveaux horaires étaient aussi oppressants que libérateurs, et la seule chose qui la retenait loin de ses premiers amours d'avocate et de militante était le manque -voire l'absence- de force. Elle faisait un passage bref à l'association ou à la mairie pour montrer les avancées qu'elle faisait sur les projets auxquels elle était encore affectée, mais ces derniers avaient été drastiquement restreints par son besoin de solitude. Levant le museau de son écran, la brune baissa le volume de la télévision, espérant qu'il s'agisse d'une girl-scout peu patiente. La sonnerie, pourtant, raisonna à nouveau dans son salon. Dans un soupir exaspéré, elle jeta son ordinateur de l'autre côté du canapé et, pieds nus et à contrecœur, se dirigea vers la porte d'entrée. « Qu'est-ce qui a ? » râla-t-elle en ouvrant la porte à la volée sur... Elisabeth. « Sisi... qu'est-ce que tu fais là ? » s'adoucit-elle subitement, interloquée par la présence de celle qu'elle considérait comme une figure maternelle irremplaçable. Elle avait fini par expliquer son divorce à ses parents mais avait refusé de leur en dire plus. Avec Sisi, ce serait probablement différent. Jamais, elle le savait, elle ne pourrait lire la moindre once de jugement dans son regard. Pourtant... partager les choses était l'une des pires épreuves du moment. Cela les rendait réelles. Les mots, lorsqu'ils étaient prononcés, concrétisaient chacune de ses torpeurs secrètes. « Entre, entre... » dit-elle en secouant la tête pour se remettre les idées en place. Elle claqua violemment la porte derrière Elisabeth et réajusta son peignoir sur son pyjama. « Je suis désolée, je suis pas très présentable... » Elle n'était même plus sûre de quand datait son dernier shampoing, et elle avait subitement très honte de l'état dans lequel elle se présentait à l'une des personnes qui comptaient le plus à ses yeux. « Je suis en train de regarder une série policière... je crois. Tu veux quelque chose à boire ? » Du vin, peut-être ? Oh, oui, du vin...
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Sujet: Re: Grandma Howard débarque ! Sam 9 Avr 2016 - 22:14
Appuyant à nouveau sur la sonnette, Elisabeth se pencha vers l’allée pour vérifier qu’elle n’avait pas rêvé et que la voiture de Beth s’y trouvait bien. Malgré son âge elle n’en était pas au point d’imaginer des choses, elle ne yoyotte pas à ce point ! Alors que la porte s’ouvrit, elle eut droit à un accueil assez glacial qui ne semblait pas lui être adressé. Sisi oublia assez rapidement l’ouverture de la porte en voyant la jeune femme. Beth était une femme qui prenait soin d’elle, qui était toujours bien habillée et qui présentait bien qu’importe la situation. Ce n’était pas le cas aujourd’hui, elle était en peignoir et ce ne fut pas la seule qui frappa aux yeux de la quadra. La bouche à demie ouverte elle dû se forcer pour répondre, encore sous le choc de ce qu’elle voyait sous ses yeux. Elisabeth aurait dû venir plus tôt, elle s’en voulait subitement. Elle aurait dû comprendre bien plus vite que quelque chose n’allait pas, elle n’aurait pas dû attendre davantage. Que se passait-il ? « Je…je suis venu voir comment tu allais. » Elle balaya d’un regard inquiet la jeune femme, elle était encore vêtue de son pyjama et la première chose qui venait à l’esprit de Sisi était qu’elle était malade, sauf qu’un virus n’expliquait pas son absence si longue et son manque de nouvelle, ça ne lui ressemblait tellement pas. Entrant à l’intérieur de la demeure, ayant un léger sursaut alors que la porte venait de claquer. Beth s’excusa de sa tenue, Elisabeth toujours l’air inquiet l’observait, se demandant si elle avait au moins fait un brin de toilette aujourd’hui. « Ce n’est rien, c’est de ma faute je passe sans prévenir. » Après tout Beth était chez elle, si elle avait envie d’être en pyjama ou même nue c’était son problème et pas celui d’Elisabeth ou quiconque qui débarquerait sans prévenir. « Je ne te dérange pas trop dans ce cas. » Elle sourit, plaisantant évidemment, chacun était libre de visionner ce qu’il voulait à la télévision mais les séries policières n’étaient pas la tasse de thé de notre Anglaise, depuis Arabesque qu’elle avait suivi au désespoir de son mari elle n’avait plus regardé une seule série policière ! « Volontiers… quelque chose de frais si possible ! » Elisabeth était lucide, son âge plus la chaleur l’obligeait presque à boire chaque jour des citronnades, mais le soir elle n’était pas contre un petit verre… avec modération ! « J’allais oublier » elle souleva son panier « Je t’ai fait des cookies » elle sortit les roses lui tendant « Ne sont-elles pas magnifiques ? » Les roses étaient des fleurs magnifiques, les fleurs de son enfance, elle se souvenait parfaitement de son père coupant délicatement les tiges, de ses gestes précis et rigoureux, du sourire de sa mère alors qu’il lui offrait comme chaque semaine un joli bouquet. Le jardin de son enfance ou plutôt le parc familial était très fleuri, et Sisi avait toujours observé son père avec une adoration toute particulière. Elle cultivait également les roses, plusieurs sortes de roses mais également d’autres fleurs. Elle aimait ouvrir ses volets le matin et découvrir toutes ses fleurs, elle aimait leurs odeurs, elle aimait prendre soin d’elle et puis elle revoyait toujours son mari endormi dans le transat, des moments qui lui étaient chers parce qu’elle n’aurait plus jamais la chance d’y assister. Elisabeth scrupa la pièce principale, elle avait envie d’aérer, de donner un bon coup de plumeau, d’éteindre cette télévision, retaper le canapé et de mettre Beth dans le bain. Elle n’était pas chez elle mais elle ne voulait pas tourner autour du pot, quelque chose n’allait pas, la jeune femme avait le droit d’avoir ses secrets et même de demander à Elisabeth de ne pas insister, de lui demander de quitter sa maison. Sisi ne lui en voudrait pas mais elle ne pouvait pas la laisser comme ça, elle avait besoin de comprendre parce qu’elle la connaissait depuis plusieurs années, qu’elle était la fille qu’elle n’avait pas vue et au nom de l’amour qu’elle lui portait elle devait lui poser cette question et mettre fin à toute cette ambiance étrange. « Que se passe-t-il Beth ? »
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Sujet: Re: Grandma Howard débarque ! Mer 13 Avr 2016 - 5:02
Grandma Howard débarque !
Beth Wilkerson & Elisabeth Howard
Beth s'était toujours considérée capable de se relever de tout, et même du pire. Son dynamisme l'avait sauvée de bien des questions qu'elle avait pu se poser : toutes n'avaient été que passagères, toutes l'avaient encouragée à aller de l'avant, à s'affirmer et à affirmer ses projets. Toute sa vie, elle avait travaillé pour obtenir ses objectifs : au lycée, en pre-law, en école de droit, puis en montant son association ou en se présentant aux élections municipales. Elle visait toujours plus haut, parce que c'était ce qui la faisait avancer. Elle n'avait jamais arrêté, comme emportée par un tourbillon de détermination. Tout semblait lui avoir souri. A trente ans, Beth était mariée à son premier amour, dirigeait une association qu'elle avait fondée et qui soutenait les combats auxquels elle croyait, siégeait au conseil municipal de sa ville natale. Elle en avait conscience, pourtant : cet équilibre était instable. Elle avait eu un avant-goût de sa chute un an auparavant, avant que Daniel ne la rassure. Elle avait été la seule femme et était la seule femme, lui avait-il juré. Maintenant, en repensant à ces mots, Beth riait d'un rire jaune. Elle avait surtout été la seule conne capable de croire à ses mensonges, la seule qui avait été suffisamment aveugle pour lire dans son regard tout ce qui ne s'y trouvait pas, tout ce qui ne s'y était jamais trouvé. Plus qu'elle en voulait à Daniel, Beth s'en voulait à elle. De ne pas avoir écouté sa mère, de lui avoir donné raison une fois de plus, de ne pas avoir été la femme forte qu'elle s'était battue pour être durant toutes ces années. Réduite à l'état le plus basique de fan aliénée par l'amour, elle était devenue l'ombre d'elle-même, confinée dans une maison qu'elle laissait constamment dans une semi-obscurité. Elle suivait de loin ses projets professionnels qu'elle avait laissés entre d'autres mains expertes, et en venait à se dire que même dans ces combats, elle n'avait plus sa place. Le monde ne tournait pas moins bien sans elle. Elle sortait pour le strict minimum; pour aller faire ses courses ou donner signe de vie une fois de temps à l'association, à la mairie, ou après d'Eden ou Rebecca. Elle avait gardé tous ses autres proches dans l'obscurité, se demandant quotidiennement si elle devait leur infliger l'enfer qu'elle traversait. Sa maison était devenue l'antre d'un fantôme. Elle ne faisait l'effort de se préparer que lorsqu'elle sortait, bien décidée à faire bonne figure auprès de quiconque la croiserait. Mais lorsqu'elle restait chez elle, elle était abonnée au peignoir et aux douches aléatoires. Elle ne mangeait plus réellement, ou alors seulement pour assouvir un besoin physiologique. Lorsqu'elle ne pensait pas à Daniel, elle pensait à leur enfant. Aurait-ce été un garçon ou une fille ? Comment l'auraient-ils appelés ? Daniel ne l'avait recontactée. Elle avait essayé de l'appeler mais était logiquement tombée sur sa messagerie. C'était donc comme ça que ces huit années de vie commune prenaient fin. Elle savait que la prochaine fois qu'elle entendrait sa voix, ce serait pour officialiser leur divorce. Beth Wilkerson reprendrait son nom de jeune fille, et Daniel Wilkerson continuerait sa vie, serait heureux ailleurs, sans elle. Elle n'aurait plus qu'à sourire en prétendant ne pas être affectée par les deux pertes les plus douloureuses qu'elle avait eu à subir : celle de son amour, et celle de leur enfant.
En ouvrant la porte sur Elisabeth, la jeune femme avait réalisé que de toutes les personnes qu'elle avait laissées dans l'ombre, l'octogénaire était sans doute l'une des seules dont le jugement comptait réellement. Et l'une des seules dont elle aurait vraiment eu besoin. Si elle était loin de se confier à sa mère, Beth avait trouvé en Elisabeth une réelle figure maternelle. Pourtant, elle ne l'avait pas contactée. Elle ne voulait pas la décevoir, elle ne voulait pas dire le désappointement dans son regard lorsqu'elle lui annoncerait que Daniel l'avait quittée. Qu'il était gay. Et qu'elle avait avorté de son enfant. Même si elle était loin de la considérer aussi cruelle que sa mère, Beth voulait rendre Elisabeth fière d'elle. Elle voulait qu'elle n'ait pas à s'en faire pour elle, parce qu'elle n'était plus une enfant, et parce qu'elle devait apprendre à se gérer. Toute seule, sans Daniel. Elle avait déjà appelé Eden et Rebecca au secours, et c'était bien assez pour elle. Pourtant... pourtant, voir le visage d'Elisabeth la réconforta un bref instant. Elle savait qu'avec elle, les choses iraient un peu mieux. C'était extrêmement égoïste, d'ailleurs, parce qu'elle allait l'ensevelir de chagrin, mais elle ne serait plus seule. « Je… je suis venu voir comment tu allais. » Elle aurait du la prévenir, elle n'aurait pas du la laisser dans le doute. « Je suis vivante », lâcha-t-elle dans un soupir désabusé. Elle n'avait pas l'envie de prétendre que tout allait bien, et elle n'avait pas la force de lui dire que rien n'allait. « Ce n’est rien, c’est de ma faute je passe sans prévenir. » Beth haussa les épaules en esquissant un sourire qu'elle souhaitait chaleureux et rassurant -sans doute plus une grimace forcée qu'autre chose. « Je suis désolée », répéta-t-elle simplement en serrant le nœud de la ceinture de son peignoir. Elle savait sa dégaine déplorable, et s'en voulait de se présenter ainsi à Elisabeth. Elle l'aimait beaucoup, mais elle ne voulait pas lui faire subir tout ça. Elle lisait l'inquiétude dans son regard, et c'était tout ce qu'elle avait voulu éviter en restant éloignée d'elle. Elle claqua violemment la porte derrière Elisabeth, emportée par cette lassitude dont elle ne se départait plus depuis quelques jours. « Je ne te dérange pas trop dans ce cas. » Avec un sourire ironique, Beth pouffa. « Hin. » Sa lassitude s'était mêlée à une certaine austérité qu'elle ne se connaissait pas. « Tu me déranges pas », ajouta-t-elle finalement alors que ses épaules s'affaissaient de désarroi. Elle voulait lui sauter dans les bras et tout lui raconter, mais elle était paralysée par un mélange de sentiments désagréables. Elle semblait avoir oublié sa sociabilité. « Volontiers… quelque chose de frais si possible ! » Beth se dirigeait vers la cuisine, bien décidée à retrouver la bouteille de Chardonnay qu'elle y avait laissée la veille. Elle ouvrit brutalement son frigo, faisant brinquebaler les bouteilles dans la porte, et en sortit son vin. Elle attrapa deux verres sur l'égouttoir et retourna au salon. Elle posa le tout sur la table basse recouverte de magazines et de documents liés au travail, et attrapa son ordinateur, qu'elle posa par terre sans aucune délicatesse, pour laisser la place à Elisabeth de s'asseoir. « J’allais oublier ». Sisi souleva son panier pour désigner les cookies qu'elle avait préparés, arrachant un sourire à Beth, qui se sentait indigne de les attentions de son aînée. Elle frôla délicatement une des roses que lui tendait Elisabeth, alors que ses yeux s'embuaient. Daniel lui en avait offert, des roses. « Elles sont superbes... » souffla-t-elle sans arriver à aligner plus que ces trois mots. Elle voyait Daniel lui ramener des bouquets lorsqu'il rentrait trop tard pour manger avec elle. Elle le voyait dans l'encadrement de la porte, cette même porte qui lui faisait face. Il faisait sombre mais il souriait, négligemment adossé au bois de la porte. Il s'excusait, tendait les roses qu'il avait achetées en rentrant, et les lui tendait. Il déposait un baiser sur ses lèvres et elle lui proposait de réchauffer le repas qu'elle avait préparé. « Que se passe-t-il Beth ? » La question avait sonné brusquement, la tirant de son rêve éveillé. Elle lâcha la rose et, secouant la tête, répondit simplement. « Merci pour tout ça... » De brumeux, ses yeux étaient passés à humides. Elle se retourna subitement pour épargner cette vue à Elisabeth. « Je vais... chercher un vase. » Sa voix était tremblante. Elle ne savait pas où elle allait, mais elle allait loin de Sisi. Elle ne voulait pas qu'elle la voie dans cet état, elle n'avait pas mérité ça.
Les yeux fermés, elle s'était accoudée au comptoir de sa cuisine. Elle renifla et releva la tête. Il était hors de question qu'elle se laisse plus aller encore devant Elisabeth. « Qu'est-ce que... je cherchais ? » cria-t-elle, tremblante, à l'attention de son amie, probablement restée dans le salon.
Elisabeth n’avait qu’une envie, prendre la jeune femme dans ses bras et comme une mère qu’elle aurait aimée être Sisi l’aurait rassuré uniquement par ce câlin qui aurait valu tous les mots. L’octogénaire n’était pas timide ni du genre à faire des manières mais Beth n’était pas comme à son habitude, elle ne voulait pas la brusquer surtout que Sisi n’avait pas été réellement invité à débarquer chez elle ! Vivante était un bien grand mot, oui elle était debout et ne semblait pas atteinte d’une maladie incurable mais elle n’était pas dans son assiette, quelque chose la minait et cette chose devait être assez grave car elle se laissait aller, sa maison assombrie ressemblerait bientôt au manoir de la famille Adams., alors qu’elle était pourtant si belle, si bien décorée, si lumineuse à l’ordinaire. Le regard posé sur ce maudit peignoir dont elle serra la ceinture, Sisi sentait qu’elle allait devoir sortir une baguette magique pour remettre en ordre tout ceci ! Manque de chance pour elle, elle était loin d’être une magicienne et d’avoir une baguette dans sa manche, mais Sisi n’avait pas besoin de magie elle savait écouter, comprendre et aider ses proches, elle connaissait assez Beth pour se permettre de l’inviter à se confier et elle ne quitterait pas son domicile sans être certaine que le pire était derrière elle. Elisabeth était une femme bien, une dame comme on en faisait plus, toujours prête à se plier en quatre pour les autres, la main toujours tendu vers les autres, pleine de vie et l’esprit tellement ouvert. Beth n’était pas au mieux de sa forme, la femme pleine de vie était absente de la pièce pour le moment, Sisi ne lui en tenait pas rigueur, tout le monde avait ses coups de mou. D’ailleurs elle avait bien autre chose à penser, elle était soucieuse, très soucieuse même parce que plus elle observait la jeune femme, ses réponses, ses mimiques, sa posture et son regard plus elle comprenait que quelque chose de grave avait eu lieu. Où était Daniel ? Voilà la première chose qui traversa l’esprit de l’octogénaire. Elisabeth resta silencieuse, elle ne voulait pas poser la question parce qu’elle était persuadée que la réponse était là, Daniel était la seule hypothèse qu’elle avait en tête. Beth ne se laisserait pas aller ainsi, elle aimait prendre soin d’elle et plaire à son mari, c’était pourquoi il formait un aussi beau couple, la flamme était toujours aussi présente qu’au premier jour… qu’avait-il fait ? Que s’était-il passé ? Beth était-elle responsable d’une dispute entre eux, une éventuelle pause dans leur couple ? Qui n’avait pas connu de crise au sein de son couple ? Elisabeth avait partagé plus de soixante ans de sa vie avec le même homme et elle avait connu quelques crises, pas jusqu’à penser à la séparation mais parfois ils avaient vécu des moments difficiles mais ça avait renforcé leur amour. Beth et Daniel étaient-ils fâchés ?
Se retrouvant seule dans le salon, stoppant toutes ses questions qui lui traversaient l’esprit elle préféra avancer vers les fenêtres et baies vitrées pour ouvrir, laisser entrer le soleil et l’air frais. Sisi ne sentait pas partout chez elle mais sa complicité avec Beth lui permettait ce genre de comportement, et puis une dame de son âge qui voyait la jeune femme comme sa propre fille ne cherchait pas très longtemps. Elle était en train d’ouvrir au moment où elle entendit crier. Elle avança rapidement vers la cuisine où se trouvait Beth, elle sentait que quelque chose n’allait pas, elle avait compris au timbre de voix de Beth. Sisi ne comptait pas rester sagement dans le salon, il y avait urgence selon elle. Elle entra dans la cuisine et dit d’une voix douce « un vase… tu cherchais un vase ma chérie. » Elle s’approcha d’elle, doucement, posant sa main sur l’épaule de la jeune femme l’accueillant si elle le souhaitait contre elle, ne voulant surtout pas la brusquer. « Et si je te faisais couler un bain bien chaud ? » Elle lui adressa un sourire, grand, chaleureux, réconfortant. « Je suis là… tu sais que je suis là ? Laisse-moi prendre soin de toi, tu en as besoin et si jamais l’envie te dit je t’écouterais avec plaisir. » Elisabeth ne voulait pas la forcer, si Beth voulait se confier elle le ferait d’elle-même. Sisi voulait juste l’aider, lui ouvrir cette petite porte qu’elle avait fermé pour se bloquer dans un monde bien à elle, empêchant quoi que ce soit de venir l’embêter. Que se passait-il ? Cette question revenait sans cesse dans l’esprit de la vieille femme mais elle ne voulait pas lui demander, elle voulait prendre soin d’elle et lui avait proposé un bain chaud, de quoi faire un brin de toilette mais surtout se détendre. « Si tu es prête à supporter une vieille femme je t’accompagne pour la soirée ! » Elle sourit à nouveau, elle était inquiète de la savoir seule pourtant elle n’était toujours pas au courant de ce qui se passait mais Beth semblait si vulnérable soudainement, si fragile.
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Sujet: Re: Grandma Howard débarque ! Mer 20 Avr 2016 - 4:22
Grandma Howard débarque !
Beth Wilkerson & Elisabeth Howard
C'était la première fois depuis qu'elle était dans cet état que Beth avait si honte. Elle qui s'était promis dans sa jeunesse de devenir une femme indépendante se révélait incapable de vivre décemment sans un homme. Sans son homme. Sans lui, elle se sentait vidée de toute substance, incapable des gestes les plus banals. Elle mangeait à intervalles irréguliers, si elle mangeait. Elle n'était même plus sûre de se doucher tous les jours, et, face à Elisabeth, elle réalisait qu'elle devait avoir peu fière allure, peut-être même sentir le chacal. Elle se laissait dépérir sans même le réaliser, trouvant un peu de réconfort dans le travail qu'on lui envoyait de l'asso ou de la mairie. Elle ne servait plus à grand chose, mais elle n'était même plus sûre de vouloir servir à grand chose. Elle se posait des milliers de questions qui n'avait aucun rapport avec ses professions. Daniel allait-il finir par lui envoyer les papiers du divorce ? En voulait-elle vraiment ? Voulait-elle reprendre une nouvelle vie sans lui, ou ne se contenterait-elle pas de vivre dans le mensonge, jusqu'à la fin de ses jours, juste pour le savoir à ses côtés ? Elle avait vécu dans le mensonge pendant huit ans, pourquoi pas jusqu'à la fin ?
Parce qu'il ne l'aimait pas, probablement. Parce qu'il ne l'avait jamais aimée, pas comme elle l'avait aimé, et parce qu'à ses yeux, elle était au mieux une amie agréable, au pire une bonne poire qu'il avait utilisée pour faire face au monde. Elle n'arrivait même plus à penser à ce bébé qu'elle avait abandonné sans songer à ces caresses fausses et à ces soupirs forcés. Le seul homme à qui elle s'était offerte ne l'avait pas désirée, ne l'avait jamais désirée. Pas comme elle s'était brûlée pour lui. Naïve et aveugle, bête, voilà ce qu'elle était. Et malheureuse, aussi. Remplie de chagrin, d'une peine qui ne semblait pas prête de s'évanouir. Cela faisait plusieurs mois qu'il était parti, et pourtant, la douleur semblait toujours aussi vive. Elle ne s'atténuait pas; elle évoluait. Des pleurs, elle était passée à la peine silencieuse, à la haine de tout et de tous. Elle haïssait les gens heureux, ceux qui s'embrassaient et ceux qui riaient. Elle haïssait les chiens qu'elle entendait aboyer dans la rue, parce qu'il ne connaîtraient jamais ce chagrin-là. Elle haïssait les présentatrices des journaux télévisés de continuer à parler du quotidien et du monde comme si sa situation n'existait pas ou qu'elle ne comptait pas. Elle haïssait sa mère de ne pas avoir compris son désarroi, mais elle la haïrait encore plus si elle le comprenait. Elle haïssait ses voisins de partir travailler le matin, et puis Daniel de ne pas lui donner de nouvelles. Elle haïssait la gynécologue qui avait ôté la vie à son enfant; elle haïssait son utérus de l'avoir laissé vivre ces quelques semaines. Elle haïssait ces putains de paires de Louboutin rangées en rangs d'oignons, dans sa penderie. Elle haïssait les costumes de Daniel qui n'avaient pas bougés, et puis elle haïssait cette place qui restait vide au lit, là où il s'était autrefois allongé. Elle haïssait l'obscurité, elle haïssait la lumière. Elle détestait manger, elle détestait avoir faim, elle ne voulait pas boire ou dormir, elle était fatiguée, réconfortée par le vin. Elle haïssait quiconque l'appelait ou lui envoyait des messages, mais elle détestait tous ceux qui ne le faisaient pas. La solitude lui pesait, mais c'était d'être accompagnée qui lui faisait le plu peur. Elle haïssait le facteur qui lui apportait le courrier chaque jour et déposait des lettres pour Daniel. Elle se haïssait de se laisser émouvoir par les moindres petites choses, mais encore plus de laisser le temps passer sans arriver à sortir de sa torpeur.
« Un vase… tu cherchais un vase ma chérie. » La main d'Elisabeth s'était doucement posée sur son épaule. Cela faisait longtemps que Beth n'avait plus eu de contacts humains, et c'était sans doute pour cette raison que ses yeux s'humidifièrent. Ou peut-être parce qu'elle réalisait qu'elle ne pourrait pas mentir à cette seconde mère, parce qu'elle lui devait la vérité, et que cela voulait dire mettre des mots, une fois de plus, sur ce qui se passait. Peut-être aussi s'en voulait-elle d'avoir tenu Sisi à l'écart de sa vie et de ses tourments si longtemps; elle n'aurait su dire si c'était par considération pour elle ou par pur égoïsme. Sans doute un peu des deux. Doucement, Beth laissa sa tête choir au creux du coup de l'octogénaire, la serrant timidement contre elle. Elle ne voulait pas craquer, pas devant cette femme qu'elle admirait et aimait plus que tout. Pourtant, dans ses bras, elle se sentait en sécurité, à l'abri de toutes ces pensées moroses qui faisaient de sa vie un enfer. A cet instant précis, Beth réalisait à quel point Sisi lui avait manqué; à quel point, aussi, elle avait besoin d'elle. « Et si je te faisais couler un bain bien chaud ? » proposa cette dernière alors que Beth rompait leur étreinte. « Je... veux bien. Mais tu resteras avec moi, dis ? » Rester seule dans un bain chaud reviendrait à la torture du coucher. Ses pensées ne finiraient pas d'aller et venir, de l'enfoncer dans ses idées noires, de l'éveiller et de la faire réaliser que rien n'était un cauchemar, que tout était réel. « Je suis là… tu sais que je suis là ? Laisse-moi prendre soin de toi, tu en as besoin et si jamais l’envie te dit je t’écouterais avec plaisir. » Timidement, gênée probablement, Beth lui sourit. « Si tu es prête à supporter une vieille femme je t’accompagne pour la soirée ! » Ses yeux étaient rouges, son nez bouché par les pleurs qu'elle retenait tant bien que mal. « Je suis désolée de pas t'avoir appelée... » commença-t-elle alors qu'elle rejoignait le salon, où Beth récupéra les verres et la bouteille de vin entamée. « Tu peux prendre les muffins, ça fera un bon accompagnement », suggéra-t-elle avant d'ajouter : « J'ai un beau vase là-haut... » Bras dessus bras dessous, les deux femmes montèrent les escaliers de la villa pour se diriger vers la grande salle de bain privée jouxtant la chambre parentale. Ou plutôt... sa chambre de célibataire. Silencieuse, Beth ressortit de la pièce pour récupérer le vase, rangé sur le palier, et retourna dans la salle de bain pour le remplir d'eau et y déposer les magnifiques roses que Sisi lui avait apportées. Elle arrangea le bouquet et, tandis qu'Elisabeth faisait couler le bain, alla le déposer sur sa table de chevet.
Elle s'appuya contre l'encadrement de la porte de la salle de bain, silencieuse. Sisi la regardait avec douceur et tendresse. Elle savait que c'était le moment de tout lui dire. Pourtant, elle avait beau ouvrir la bouche et délier ses lèvres, les mots ne venaient pas. Ils restaient bloqués dans sa gorge. Alors, elle se mit à pleurer. Bruyamment, lourdement, sans fin. Sa tête lui faisait mal, son nez se bouchait, ses yeux la brûlait. Elle était pitoyable, mais une mère ignorait ces choses-là, n'est-ce pas ? « Daniel... » tenta-t-elle en hoquetant, cherchant l'oxygène comme si elle ne noyait, « m'a quittée... Il... » Elle se laissa glisser le long du mur alors que le peignoir quittait son épaule. « m'aimait... pas... il... » Elle essayait de respirer à plein poumons, mais il lui semblait que ses bronches l'abandonnaient. Pourtant, même en hypoxie, elle continuait de pleurer; la logique et la bienséance avaient été abandonnées au profit des émotions, qui, par vagues, semblaient l'achever progressivement. « gay... »
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Sujet: Re: Grandma Howard débarque ! Sam 23 Avr 2016 - 14:44
Elisabeth ne se voyait pas quitter le domicile de celle qu’elle considérait comme sa fille, Beth était sa fille d’adoption, sa fille de cœur. Comment pourrait-elle retourner chez elle, reprendre sa petite vie tranquille en sachant que Beth était mal. Il se passait quelque chose, une chose qui échappait à Sisi mais elle ne tarderait pas à le savoir. L’octogénaire lui laisserait le temps, n’aimant pas brusquer les gens et leur tirer les verres du nez. Elle allait faire ce pour quoi elle était le plus douée, prendre soin des autres, écouter et être présente. Sisi avait hérité de ce don, son père était un homme toujours très à l’écoute, compréhensif et bien veillant. Il avait été un modèle à ses yeux, elle avait passé tellement d’heure à l’observer lorsqu’il était derrière son bureau, dans le jardin cueillant une rose ou bien encore à table lorsqu’il parlait aux invités. La petite fille qu’elle avait été avait admiré ce père, peut-être qu’elle l’avait idolâtré bien plus qu’il ne l’aurait fallu mais Elisabeth avait été tellement proche de lui, si fière d’être la seule à monter à cheval à ses côtés, si fière de pouvoir lui parler de politique, si fière de lui ramener des souvenirs de ses nombreux voyages, si fière d’avoir été si différente à ses yeux. Elle avait été très affecté lors de son décès, pourtant elle avait perdu sa mère alors qu’elle n’était qu’une adolescente mais elle n’avait pas le souvenir de cette douleur dans la poitrine, ce manque qui ne pouvait pas être comblé. Les années passaient et Sisi avait appris à enterrer ses proches, continué à vivre sans eux et profiter de cette chance qu’ils n’avaient pas eue. Vieillir c’était bien mais vieillir seule c’était difficile, elle aimerait tellement que son Edward soit toujours à ses côtés. Il lui manquait terriblement. Il était parti depuis déjà cinq longues années, elle surprenait parfois à lui parler, à ouvrir la porte d’entrée en entendant sa phrase, avant de comprendre qu’il n’était pas là, il n’était pas dans son fauteuil à lire son journal et à attendre son retour pour connaître les derniers commérages du coin. Son Edward, son amour, son unique amour avait quitté ce monde la laissant seule mais il veillait sur elle, elle en était persuadée ! Le plus difficile dans la perte d’un être cher c’était le sentiment de ne plus rien avoir de lui. Des photos, un vieux pull, une voiture qui prenait la poussière dans le garage ce n’étaient pas assez, elle aurait aimé avoir un enfant, des enfants de son Edward, pouvoir les avoir chaque dimanche midi à sa table, voir ses petits-enfants courir dans le jardin. Par chance elle avait les orphelins qu’on lui confiait, ces jeunes sans domicile qui venaient se réfugier chez elle en sachant qu’il n’y aurait aucun jugement, par chance elle avait cette maison pleine de vie mais parfois c’était dur, lorsque aucun enfant et adolescent n’étaient présents, c’était long, si calme. Elle avait Beth, sa précieuse Beth, cette fille qui n’était pas la sienne mais dont elle aimait croire le contraire. Si elle était présente à ses côtés, si elle s’inquiétait autant pour elle c’était parce que la jeune femme était dans son cœur, qu’elle y avait sa place bien précise.
Protégeant Beth d’une étreinte maternelle, elle garda le silence quelques instants avant de lui proposer de lui couler un bain. Sisi était persuadée que les petits gestes du quotidien étaient suffisants pour vous aider, un bain bien chaud, une idée simple mais pourtant si agréable lorsque vous n’allez pas bien. Beth avait besoin que l’on prenne soin d’elle c’était ce que ressentait l’octogénaire. « Bien sûr, ne t’en fais pas » Elle passa sa main sur la joue de Beth, la rassurant par ce geste doux et son regard. A présent Elisabeth en était certaine quelque chose de grave se passait, elle semblait si fragile, si vulnérable et ça ne lui ressemblait tellement pas. Elisabeth la rassura lui précisant qu’elle était là et qu’elle pouvait l’écouter. Puis elle lui proposa par la suite de l’accompagner pour la soirée. Sisi n’avait aucun jeune chez elle, depuis un mois on ne lui avait pas confié d’enfants et aucun adolescent paumés n’avaient sonné à sa porte. L’âge commençait-il à lui jouer de mauvais tour ? Elle ne l’espérait pas, que serait-elle sans ces gamins paumés ? « Ne t’excuses pas » lui dit-elle d’une voix douce, Elisabeth ne lui en voulait pas bien au contraire Beth avait le droit à de l’intimité et de ne vouloir personne sur le dos. Sisi aurait dû réagir plus vite, débarquer dès les premiers jours de l’absence de la jeune femme à l’association. Ce comportement n’était pas normal, elle n’avait jamais agi ainsi et l’octogénaire aurait dû comprendre bien plus vite. Elisabeth s’en voulait presque d’avoir mis autant de temps à comprendre.
Faisant couler l’eau dans la baignoire, elle vérifia la température avant de se redresser à l’aide de la baignoire. Elle avait beau prendre des cours de zumba et de yoga l’âge la rappelait à l’ordre. Posant son regard plein de tendresse sur la jolie brune elle l’observa, que se passait-il ? Beth semblait vouloir parler mais les mots ne sortaient pas. Les mots ne voulant pas sortir de sa bouche se furent les larmes qui débarquèrent. Posant la main sur son cœur, Elisabeth était prise à son tour d’une émotion difficile à supporter. Voir pleurer Beth ainsi était insupportable. Pourtant il le fallait, les mots devaient sortir, Beth devait dire tout haut ce qui la torturait pour réussir à se délivrer de cette douleur. Daniel lâcha-t-elle, Elisabeth avait visé juste il s’agissait bien du mari de Beth, en même temps ça ne pouvait être que lui vu l’état de la jeune femme. D’ailleurs où était-il ? Lui aussi se faisait vraiment discret depuis quelques semaines. Etait-il mort ? Non Elisabeth aurait été prévenue, elle aurait été là, présente, soutenant Beth, présente à ses côtés à l’enterrement et puis elle aurait vu son nom dans le journal… Ils étaient séparés, Elisabeth lâcha sa main qui était posé contre son cœur, elle n’aurait jamais cru cela possible. Beth glissa contre le mur, sa souffrance était tellement forte qu’elle touchait en plein cœur l’octogénaire, ce moment était si difficile, si poignant. Avançant vers la jeune femme qui annonçait qu’il ne l’aimait plus. Se baissant doucement pour se mettre à hauteur de Beth, elle perdit l’équilibre alors que le mot « gay » sortait de la bouche de sa fille de cœur. Tombant sur les fesses de quelques centimètres, elle crut rêver. Daniel gay ? Non. La détresse de Beth la ramena à la réalité. Ses deux bras vinrent prendre la jeune femme l’entourant rapidement. Passant une main dans la chevelure de Beth, la berçant doucement prononçant en douceur et en tendresse quelques morts « Je suis là ma chérie, je suis là. » Elle sentit une larme couler doucement sur l’une de ses joues « Tout va bien se passer » Elle serra ses lèvres, ne voulant pas pleurer, elle se l’interdisait c’était Beth qui avait d’aide, qui avait besoin de réconfort, d’écoute et qu’on l’aide à se relever de cette épreuve qui serait longue mais dont elle sortira vainqueur ! « Je suis là » répéta-elle à nouveau. Daniel avait tout intérêt à prier de ne pas croiser le chemin de la vieille femme, parce qu’elle n’hésiterait pas à accélérer et l’écraser. Après tout on pouvait mettre ça sur le dos de son âge et de sa vue qui baisse ! « Calme toi… respire. » Desserrant son étreinte tout doucement, la laissant reprendre plus d’air et tentant de la calmer. « Respire doucement... ça va aller. » Beth craquait, les larmes avaient besoin de sortir, et tout ce qui était enfoui en elle demandait à sortir, elle était dans cet état parce qu’elle souffrait terriblement.
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Sujet: Re: Grandma Howard débarque ! Ven 29 Avr 2016 - 2:48
Grandma Howard débarque !
Beth Wilkerson & Elisabeth Howard
Beth avait toujours aimé sa famille, de tout son cœur. Fille unique, elle avait été choyée dès les premiers instants. Ses parents l'avaient mise sur un piédestal dès son plus jeune âge, l'encourageant dans tout ce qu'elle entreprenait, de ses cours de ballet à ses premières créations de pâte à sel. Considérée par ses parents comme l'enfant prodige, la seule et unique chance qu'ils avaient de faire les choses bien et de laisser un héritage à ce monde, Beth n'avait jamais réellement eu le temps de se torturer avec des idées à la dérive. Tout était déterminé, tout l'avait toujours été. Si à un moment, elle avait un doute quelconque, ses parents étaient là pour la remettre dans le droit chemin. Elle avait été élevée de la sorte : chaque chose était carrée, organisée, toute sa vie était un projet déjà pré-établi, organisée en classeurs codifiés en couleurs dès qu'elle avait appris à marcher. Dans cette vie-là, elle n'avait jamais à faire face au doute ou aux questions. Sa mère la première se faisait un plaisir de l'éduquer comme on l'avait éduquée. Beth, comme elle, serait une jeune femme propre sur elle, et elle ferait tout pour faire d'elle la femme à succès qu'elle la souhaitait voir devenir. En grandissant, la brunette ne s'était pas formalisée de cette éducation stricte. Malgré tout, elle aimait ses parents. Ils l'encourageaient dans tout ce qu'elle pouvait entreprendre, et même ce qu'elle n'avait pas eu l'idée elle-même d'entreprendre. Elle avait fini par être diplômée valedictorian au lycée, et rien ni personne n'avait su la séparer de ce sourire qu'elle arborait en toutes circonstances. Quand elle tombait, Beth se relevait. C'était ce que sa mère lui avait inculqué, l'obstination et la détermination. Beth ne serait pas une vulgaire mère au foyer. Elle serait médecin, avocate, politicienne. Elle serait la figure de la femme indépendante dont elle rêvait. Et jusqu'à ce qu'elle arrive en droit, tout semblait avoir bien démarré. Mais il avait fallu qu'elle rencontre cet homme là, ce Daniel Wilkerson qui l'avait demandée en mariage bien plus tôt que raisonnable. Elle n'avait jamais compris ce qu'elle lui avait trouvé, à ce jeune Wilkerson. Il avait le sourire des coureurs de jupon et le regard de ces requins d'avocats qui ne lui inspiraient pas confiance. Oui, maman Walsh avait toujours veillé sur sa fille, jusqu'à la reprendre sur façon de marcher en talons ou d'éternuer en public. Elle l'observait à chaque instant, fidèle conseillère prête à tout pour l'amener au sommet, à ce sommet dont elle avait rêvé pour elle dès sa naissance, dès qu'elle avait tenu entre ses bras de jeune maman cette petite fille blonde aux grandes prunelles bleutées.
Beth, au fil des ans et en grandissant, avait accepté chacune des critiques de sa mère. C'était de l'amour vache, se disait-elle. Ces critiques, elles la portaient plus haut, toujours plus haut. Elles la forçaient à se surpasser jour après jour, année après année, objectif après objectif. Pourtant, il y avait eu la goutte d'eau qui avait fait déborder le vase. Comme si sa mère avait été incapable d'apercevoir un autre bonheur que ceux qu'elle lui avait fixés, elle lui refusait l'amour. Elle n'avait jamais freiné sa sincérité, et celle-ci avait été acerbe jusqu'au bout : sa mère ne voulait pas de Daniel pour gendre. Il n'était pas digne d'elle, il n'était pas propre sur lui. Et à présent, des années plus tard, Daniel lui avait donné raison. Beth, qui s'était prouvée capable de voler de ses propres ailes et de faire ses propres choix, s'était écrasée lamentablement en plein vol. Une fois de plus, sa mère avait eu raison. Une fois de plus, elle finirait par lui vomir ses vérités, l'inconscience dont elle avait fait preuve. Elle lui démontrerait encore et encore qu'elle avait raison, qu'elle était celle qui savait le mieux ce qui était bien pour sa fille. Mais la vérité, c'était que personne ne le savait. Beth, elle-même, était perdue. Elle n'était plus qu'une ombre, incapable du moindre effort, de supporter le moindre regard de pitié. Son cœur avait implosé, et elle ne voulait pas laisser le regard des autres s’émietter devant la loque qu'elle était devenue. Pourtant, la voilà, sa mère... celle qu'elle s'était choisie. Bien loin de celle qui lui avait donné la vie, Sisi avait été capable, dès qu'elles s'étaient rencontrées, d'apporter le sourire et la positivité dans sa vie de jeune trentenaire occupée. Dès le début, Beth avait éprouvé une affection particulière pour cette femme dynamique, mais seuls les mois, puis les années, avaient transformé cette relation en ce qu'elle était aujourd'hui.
Perdue dans le réconfort de l'étreinte d'Elisabeth, la jeune femme réalisait la stupidité dont elle avait fait preuve en la gardant si éloignée d'elle. Sisi avait du s'inquiéter pour elle, bien plus que de raison. Elle aurait du donner des nouvelles, quitte à enjoliver la situation et prétendre être la victime d'un virus aux propriétés floues. Pourtant, bercée dans les bras de sa protectrice, Beth ne pouvait s'empêcher d'être égoïste. Cette présence la réconfortait. C'était bête, futile, inexplicable. Mais elle n'était plus seule. L'octogénaire ne savait même pas ce qui la mettait dans cet état, mais elle n'était plus seule et, elle le réalisait seulement... ne plus être seule était peut-être ce dont elle avait besoin. Juste un peu. De savoir qu'elle comptait encore pour quelqu'un, peut-être. De savoir qu'elle n'était pas oubliée, hors de ces murs, et que son image continuait à vivre partout où elle avait laissée sa trace. Que la vie continuait sans elle, là où elle avait été, et qu'elle avait laissé un trou, aussi minime puisse-t-il être, là où avait autrefois été sa place. « Bien sûr, ne t’en fais pas » la rassurait Sisi, protectrice et attentionnée. Beth avait conscience d'abuser du temps de celle qu'elle considérait comme sa marraine la bonne fée, mais elle n'avait pas la force de s'en vouloir. A ce moment précis, elle était juste incroyablement égoïste, au point même d'en oublier toute culpabilité. Elle avait besoin d'Elisabeth, elle avait tellement besoin d'Elisabeth. « Ne t’excuse pas », continuait cette dernière, bienveillante. « Je... » commença-t-elle timidement avant de faire volte-face dans ses propos et de se taire. Il n'était pas encore temps. Pas encore.
Ce n'est qu'arrivées dans la salle de bain que Beth lâcha tout. Peut-être était-ce les lieux qui lui rappelaient de drôles de souvenirs, leurs réconciliations plus d'un an auparavant, et leurs retrouvailles qui avaient commencé devant ce lavabo à la gauche de la jeune femme... Tout la ramenait à Daniel, et Elisabeth, elle, la rappelait à la réalité. Les mots étaient les plus difficiles à appréhender. Elle ne les avait prononcés que deux fois jusqu'à présent, et si elle s'en serait volontiers contentée, elle savait que ce serait impossible. Elle ne comptait pas prévenir la Terre entière des détails de sa séparation, mais elle avait besoin de ceux qu'elle aimait. Elle devait apprendre à devenir vulnérable, à devenir une femme protégée et réconfortée, et ne plus être celle qui protégeait et réconfortait. Les rôles avaient changé. Et elle, aussi avaient changé. Elle ne sortirait pas de cette séparation indemne, elle le savait. Une part d'elle s'était éteinte lorsque Daniel avait franchi le pas de la porte sans retour, les laissant elle et leur enfant dans la plus pitoyable des situations. C'était Eden, fidèle ami, qui l'avait récupérée en pleurs dans les toilettes du rez-de-chaussée. Oui, dès ce soir-là, Beth avait su que plus rien ne serait jamais comme avant. Ils ne pourraient plus prétendre ; Daniel n'arrivait plus à prétendre l'aimer, elle, femme indigne de son réel amour, et elle n'arriverait plus à l'aimer lui, homme incapable de lui retourner tout l'amour qu'elle avait éprouvé pour lui, dès le premier jour. Noyée dans ses propres larmes, la brune ne voyait pas les réactions de Sisi à mesure qu'elle dévoilait, un par un, les mots-clés qui résumait son divorce à venir. C'est seulement lorsqu'elle prononça le mot de trop qu'elle vit la femme tomber à côté d'elle. Elle émit un hoquet pathétique, paniquée à l'idée d'être responsable d'un incident qui pourrait mettre son aînée en péril. Elle eut à peine le temps de reprendre son souffle que Sisi, à nouveau, la serrait contre elle. « Je suis là ma chérie, je suis là. Tout va bien se passer » la réconfortait-elle paisiblement. Beth reprenait sous souffle au creux du coup de la femme, s'apaisant doucement. « Calme toi… respire. » Elles se séparèrent doucement alors que Beth hoquetait pour retenir un nouveau flot de larmes. « Respire doucement... ça va aller. » La respiration entrecoupée de spasmes et la voix tremblante, la brune s'enquit tout de même de l'état de Sisi. « Tu t'es pas fait mal ? » Elle essuya grossièrement ses joues humides et tenta de se redresser. « Je suis désolée d'être si pathétique, Sisi... » hoqueta-t-elle en ôtant son peignoir, qu'elle laissa tomber par terre. « J'aurais du... » Retenant de nouvelles salves de chagrin, Beth avait du mal à s'exprimer. Mais pour Sisi, elle voulait tenir le coup. Elle voulait croire à de jours meilleurs. Elle n'avait pas à la subir dans un état pareil, elle n'avait pas à se retrouver confrontée à une telle tragédie, dont Beth, et seule Beth, était l'héroïne. C'était à elle de gérer ses soucis, ses peines et ses malheurs. Doucement, elle retira son pyjama et sa culotte, et, nue comme un ver, se glissa dans le bain que lui avait coulé l'octogénaire. Elle ne s'émouvait pas de ce manque de pudeur; si elle se sentait à l'aise avec la nudité face à quelqu'un, c'était bien Sisi. La mère qu'elle s'était choisie... « Tu sais... » commença-t-elle avant de laisser glisser son visage sous l'eau pour se rafraîchir. La vision trouble, Beth n'entendait plus que les vagues mouvements d'Elisabeth, qu'elle devinait non loin de la baignoire. Au milieu de ce silence étrange, presque abyssal, seuls retentissaient les battements de son cœur, puissant tambourinement qui claquait inlassablement contre ses tempes. Pauvre palpitant déchiqueté par le seul homme qu'elle avait jamais aimé, le seul homme qui l'avait jamais touchée, qui l'avait jamais vue aussi vulnérable qu'elle pouvait l'être maintenant. Elle pouvait voir le plafond de sa salle de bain à travers le filtre trouble de l'eau chaude sous laquelle elle avait laissé s'évanouir son corps. Daniel lui manquait. Terriblement. Il avait pris toute une partie d'elle en la quittant. Ses tripes, son cœur, tout ce qui lui avait donné envie de croire en la vie et l'avenir. D'une impulsion du pied au fond de la baignoire, elle arracha son buste à l'eau tiède. « Je sais pas si le pire, c'est d'avoir été aveugle toutes ces années... ou de réaliser qu'il me manque et que je donnerais tout pour être capable de faire semblant, avec lui. » Son visage était humide, mais plus de larmes. A présent impassible, Beth essayait de s'imaginer ce que sa vie était censée devenir, maintenant. A quoi Daniel l'avait abandonnée. Que restait-il d'elle ? Qui était-elle, maintenant, délestée de tout cet espoir qui l'avait faite avancer depuis ses plus jeunes années ? « Comment tu te... reconstruis après un truc pareil ? » se demanda-t-elle à voix haute. « Est-ce que tu crois que je pourrais me reconstruire ? Est-ce que tu crois que... est-ce que tu crois qu'on pourra m'aimer, un jour ? » Accablée à la seule pensée d'une réponse négative et paniquée à l'idée qu'elle puisse être positive, Beth, de ses mains trempées, avait attrapée celle de Sisi. Elle ne supportait pas l'idée de rester paralysée dans cette situation à vie... mais elle ne voulait pas penser à une autre vie que celle qu'elle avait... avait eue avec Daniel. Bloquée entre deux peurs et deux envies, voilà ce qu'elle était depuis qu'il était parti.
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Sujet: Re: Grandma Howard débarque ! Dim 8 Mai 2016 - 16:35
Daniel n’était pas cet homme bon, doux et gentil que connaissait Sisi. Il était un menteur et un lâche. Qu’il soit homosexuel n’était pas le problème, Elisabeth n’avait aucun problème avec la sexualité et au contraire des vieux de sa génération elle semblait pouvoir tout comprendre et accepter. Elle aurait accepté Daniel dans sa vie et l’aurait soutenu, elle l’aurait fait si cet homme aurait été un ami de Beth et non son mari. Il y avait là une grande différence qui faisait de Daniel un ennemi public aux yeux de l’octogénaire qui ne supportait pas de voir Beth dans cet état. Daniel avait menti, depuis toujours peut-être, mais il avait menti à celle qui était sa femme, à ses proches, son entourage. A vrai dire tout la vie couple des Wilkerson était basé sur un mensonge. Avait-il aimé Beth ? Avait-il fait semblant pour cacher son homosexualité ? Aurait-elle la chance un jour d’avoir toutes ses réponses pour se reconstruire ou plutôt tourner cette lourde page. Daniel était un lâche, il n’était pas un homme, il s’était caché derrière son costume et sa petite vie bien rangée. Il n’avait pas fait face à la réalité et il avait surtout emmené une jeune femme innocente dans sa lâcheté. Qui était-il ? Son sourire, ces blagues, ces petites intentions étaient-elles vraies ? Sisi se demandait qui avait été cet homme aux côtés de sa fille. Elle n’avait rien vu, elle n’aurait jamais pensé une seule seconde que ce garçon puisse faire du mal à Beth. Il était parfait, trop parfait sûrement. Daniel était gay et cette révélation remettait en doute tout, cette révélation était surtout une douleur sans fin dans le cœur brisée de la jeune femme. Il aurait pu être comme beaucoup d’homme et la trompait, il aurait pu faire cette erreur, se laisser aller dans les bras d’une autre femme ne sachant pas pourquoi ce geste, pourquoi cet écart mais cette tromperie aurait pu presque passée. Beth aurait peut-être pu pardonner, devenir parfois méfiante, avoir cette peur qui ne meurt jamais, cette peur d’une rechute mais elle aurait pardonné comme beaucoup le faisaient parce qu’ils s’aimaient et que personne n’était réellement à l’abri d’une telle chose. Mais la tromperie n’était pas uniquement sexuelle, ce n’était pas un coup d’un soir, un besoin de toucher une autre personne, de sentir un autre parfum, de se croire séduisant. Non Daniel n’aimait pas les femmes, il aimait les hommes et cette nuance avait une grande importance. Beth était en quelque sorte salie. Son mariage était un leurre, le sourire, les attentions de son mari étaient fausses ou tout du moins il n’y avait pas l’amour qu’elle attendait dans ces gestes. Tout était remis en question. Il n’y avait plus rien de solide. Comment savoir quand Daniel était sincère ? Jamais Beth ne pourrait savoir une telle chose. Il avait tout brisé, anéanti. Qui était l’homme avec qui elle avait passé ses nuits ? Qui était cet homme qui lui avait promis fidélité et protection jusqu’à ce que la mort les sépare ?
Sisi serait là, à ses côtés pour remonter cette pente glissante. Elle ne la laisserait pas parce que cette épreuve était douloureuse et que sans soutien il était impossible de s’ouvrir à nouveau, de s’épanouir, construire et accorder à nouveau sa confiance. « Non, ne t’en fais pas » S’il y avait eu une douleur elle ne la ressentait plus et l’avait déjà oublié. Bien trop préoccupée par l’état de Beth. « Tu n’es pas pathétique. » Elle secoua la tête, un air presque agacée par ce que disait la jeune femme. « Tu as le droit de pleurer, de déprimer et d’avoir de l’intention ! » Beth avait tous les droits. Vu la situation il était tout à fait normal qu’elle soit dans un tel état, si elle était toute joyeuse et ne ressentait rien à ce sujet ça serait plus qu’inquiétant. Ce n’était pas dans sa nature de pleurnicher pour un rien, elle donnait de son temps à ceux qui en avaient besoin et n’était pas du genre à attendre quoi que ce soit en retour. Beth avait droit à son tour d’aide. Elisabeth ramassa les vêtements de la jeune femme l’observant quelques instants alors qu’elle se laissait glisser entièrement sous l’eau. Sisi déposa les vêtements dans la corbeille de linge constatant par la même occasion qu’il serait temps de faire une machine. La maison avait besoin d’un bon coup de balai, avec une maison propre Beth n’aurait plus qu’à prendre du temps pour elle. Ce n’était pas dans la saleté et le bordel qu’on pouvait se relever ! Elisabeth posa ses fesses sur le bord de baignoire alors que la jeune femme faisait surface et prenait la parole. « Ma chérie tu n’es pas responsable de cette situation, ce n’est pas toi qui a été aveugle durant toutes ses années. Bien sûr qu’il te manque et c’est normal, tu l’aimais et tu l’aimes toujours… aujourd’hui tu es libre… c’est difficile et le mensonge serait plus facile en ce moment mais ce n’est pas cela la vie. Tu es libre Beth… ce monde qu’il a inventait pour cacher son homosexualité, ce n’est pas le tien.» Beth avait vécu dans le mensonge qu’avait imposé cet homme, un mensonge si réel que personne n’avait jamais soupçonné quoi que ce soit. Daniel était doué, doué parce qu’il avait certainement cru qu’il pourrait oublier son homosexualité. La jeune femme était en plein doute et lorsqu’elle attrapa sa main, Sisi sentait l’inquiétude de Beth, elle avait peur, peur de cet avenir dont elle n’avait jamais eu à penser. « Tu es une femme magnifique, tu as un grand cœur, tu es intelligente et tu trouveras quelqu’un de bien, quelqu’un qui réussira à te faire oublier cet homme… il te faut du temps, tu as besoin de reprendre confiance en toi, de faire confiance à nouveau aux autres… le temps n’efface pas tout mais le temps permet de te reconstruire, je sais qu’aujourd’hui tu souffres, que tu n’imagines pas cet avenir, que tu as peur mais je suis là… ta famille est là, tes amis, nous allons t’aider… Un jour sans même que tu ne t’en rendes compte un homme sera à tes côtés, tu as le droit au bonheur. » Elle se releva doucement, déposant un baiser sur le front de sa fille de cœur avant de reprendre place sur le rebord de la baignoire.
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Sujet: Re: Grandma Howard débarque ! Dim 5 Juin 2016 - 0:57
Grandma Howard débarque !
Beth Wilkerson & Elisabeth Howard
Après un échec pareil, qu'est-ce que l'avenir pouvait lui réserver ? Depuis que Daniel l'avait quittée, elle ne se reconnaissait plus. Elle s'était efforcée d'aller au Guatemala, comme chaque année, superviser l'avancement du chantier d'une école subventionnée par son association, mais même au cœur de ce qui aurait du lui redonner foi en l'humanité et en ses convictions, Beth avait merdé. Elle avait merdé en beauté, même. Un peu trop de tequila pour un organisme qui n'était habitué qu'au vin, un peu trop de danses endiablées et de rires légers, et elle avait s'était réveillée dans les draps de l'un de ses collègues et ami. Elle se souvenait de tout, du verre qui avait été de trop, du goût qu'avaient eu les lèvres de Julian, des doutes qu'elle avait laissé l'alcool occulter, des mains fermes qu'il avait posées sur ses hanches et de la décharge électrique qui avait parcouru son échine lorsqu'elle s'était sentie désirée. Aurait-elle besoin d'alcool maintenant pour s'offrir à un homme ? Était-elle devenue ce genre de femmes perdues, incapables d'ouvrir leur cœur et prêtes à masquer ce manque en écartant les cuisses ? En repensant à la gêne qu'elle avait éprouvée au réveil, Beth frissonna. Pourtant, lorsqu'il l'avait embrassée et touchée, elle s'était sentie vivre à nouveau. Une part d'elle s'était sentie nouvelle, s'était sentie éclore. La chaleur de l'alcool s'était mêlée à celle du corps de Julian, mais tout avait subitement disparu lorsqu'elle s'était réveillée, le lendemain matin, la tête lourde, l'esprit embrumé. Daniel était le seul homme qu'elle avait connu et aimé, il était le seul à qui elle s'était donnée, et elle venait de trahir la personne qu'elle était. Pourtant, Daniel était la seul qui l'avait trahie, se répétait-elle inlassablement, comme un discours naïf, un mantra plein d'espoir. Elle avait le droit de s'offrir à qui elle le voulait, non ? Elle avait le droit de se sentir désirée à nouveau...
Mais plus que jamais, elle se sentait sale. Elle ne s'était pas seulement trahie elle-même, elle avait également trahi l'amitié qui l'unissait à Julian. Et ses amis, les uns après les autres. Sisi avait été obligée de venir chez elle pour avoir de ses nouvelles. Eden était l'un des seuls qu'elle tenait au courant de son état. Il était le seul à tout savoir d'elle et des motifs de leur rupture, de ses doutes. Il avait été le premier qu'elle avait appelé, celui qui l'avait relevée du sort de ses toilettes, le soir où son mari l'avait laissée. Il n'avait pas su qu'elle était enceinte, pourtant. Rebecca avait été la seule. Sisi, dans toutes cette histoire, s'était retrouvée délaissée dans leur amitié, et plus que jamais, Beth s'en voulait. Elle n'assurait plus rien. Elle avait perdu son enthousiasme et sa superbe, son éloquence et son dynamisme. « Ma chérie tu n’es pas responsable de cette situation, ce n’est pas toi qui a été aveugle durant toutes ses années. Bien sûr qu’il te manque et c’est normal, tu l’aimais et tu l’aimes toujours… aujourd’hui tu es libre… c’est difficile et le mensonge serait plus facile en ce moment mais ce n’est pas cela la vie. Tu es libre Beth… ce monde qu’il a inventé pour cacher son homosexualité, ce n’est pas le tien. » Elle passa sa main dans la mousse qui recouvrait l'eau chaude du bain. « C'est juste que... » Sa voix déraillait, fragile, alors qu'elle essayait de mettre des mots pour l'une des premières fois sur ce qui la rongeait. « ... il faisait partie de moi. Je... » Elle était en train de décrire le genre de femmes dépendantes de leur homme qu'elle méprisait. « Je me suis construite pour lui, avec lui. Même... même ma carrière, je l'ai laissée de côté pour lui », lâcha-t-elle dans un hoquet de stupéfaction, elle-même étonnée d'avoir avoué ce qu'elle s'était caché durant toutes ces années. « Je l'ai laissée de côté parce que je voulais qu'il réussisse, et je voulais pas qu'on soit en concurrence au boulot. Je voulais... je sais pas... » qu'il n'y ait plus de « je » et de « il », je voulais qu'il y ait un « nous », et qu'il rime avec toujours. « Je voulais que son succès soit le mien, et que le mien soit le sien. Qu'on se construise ensemble. Je me sens pas libre, je me sens... vide. » Mais ce qui l'inquiétait, maintenant, c'était l'avenir. Quatre mois après leur rupture, elle commençait doucement à y penser. Elle avait aperçu le genre de femmes qu'elle devenait. Qui était-elle sans Daniel ? Qui était-elle censée devenir ? « Tu es une femme magnifique, tu as un grand cœur, tu es intelligente et tu trouveras quelqu’un de bien, quelqu’un qui réussira à te faire oublier cet homme… il te faut du temps, tu as besoin de reprendre confiance en toi, de faire confiance à nouveau aux autres… le temps n’efface pas tout mais le temps permet de te reconstruire, je sais qu’aujourd’hui tu souffres, que tu n’imagines pas cet avenir, que tu as peur mais je suis là… ta famille est là, tes amis, nous allons t’aider… Un jour sans même que tu ne t’en rendes compte un homme sera à tes côtés, tu as le droit au bonheur. » Beth avait serré très fort la main de Sisi dans la sienne et avait penché la tête, émue, en versant à nouveau quelques larmes, qui rejoignirent l'eau parfumée du bain. Elle attrapa sa fleur de douche et commença mollement à se frotter les épaules. « Maintenant je suis la pauvre trentenaire qui a perdu les élections et épousé un homme qui ne voulait pas d'elle. La pauvre conne qui s'est laissée berner par son idée de l'homme parfait. » Elle lâcha un rire brisé. « Je sais pas qui pourrait vouloir de moi. Peut-être quelqu'un qui a besoin d'argent. » Car avec ou sans Daniel, Beth avait une bonne somme d'argent de côté. Son double emploi avait au moins ce mérite. « J'espère que tu as raison, Sisi... » souffla-t-elle finalement, le regard dans le vide, épuisée par le chagrin. « Dis, tu peux rester dormir ? »
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Sujet: Re: Grandma Howard débarque ! Sam 25 Juin 2016 - 23:10
Elisabeth avait un pincement au cœur depuis l’instant où Beth lui avait avoué la vérité, elle se sentait mal pour la jeune femme, elle l’aimait tellement qu’elle souffrait à son tour de cette trahison. Comment pouvait-on faire une telle chose à une femme aussi magnifique et gentille que Beth ? Sisi ne comprenait pas, elle ne pouvait pas admettre une telle chose, on n’avait pas le droit d’être ainsi avec une femme. Le respect, est-ce que quelqu’un savait encore ce que cela voulait dire dans ce monde ? Cet homme était égoïste, oui il avait lui aussi souffert de ce secret mais ce n’était rien comparé à la souffrance qu’éprouvait aujourd’hui la jeune femme. Elle était détruire, ce monde qu’elle avait construit autour de lui était totalement faux, il n’y avait plus rien de vrai dans ce monde. Elle était en deuil, en deuil d’un époux, d’un idéal, d’une vie, d’une famille et d’un futur qui n’existait plus aujourd’hui. Beth avait tout laissé tomber pour cet homme et ses paroles étaient si difficiles, sa voix était fragile, ses propos semblaient difficiles à prononcer parce qu’il prenait un sens. Cela devenait réalité. « Tu vas devoir apprendre à vivre autrement et surtout à penser différemment. Reprends ta vie, tu as une seconde chance, celle d’ouvrir un nouveau livre et de vivre ta vie. » Oui c’était douloureux mais un jour ça irait mieux, un jour Beth sera capable d’ouvrir un nouveau livre et d’entamer une vie qui lui appartient uniquement à elle. Sa vie. Elisabeth voulait l’aider mais malheureusement que pouvait-elle faire ? Dans ce genre de moment la seule chose à faire c’était d’être présent pour la personne, l’écouter et la soutenir. L’octogénaire pouvait faire cela, et elle reprit la parole pour lui dire à nouveau combien c’était une femme bien, tentant de lui faire comprendre qu’il faudrait du temps avant que la confiance soit de nouveau au rendez-vous et qu’il était normal d’avoir peur. Beth serra sa main, elle semblait touchée par les propos d’Elisabeth. Cette dernière secoua légèrement la tête face aux propos de sa fille de cœur. « Trente ans c’est un bel âge, écoutes donc les propos du vieille dame qui aimerait bien revenir à ses trente ans… tu n’es pas à la fin de ta vie, tu verras un jour ce moment comme une seconde chance. » Elle grimaça quelque peu, l’argent ne pouvait rien pour elle, enfin si mais rien qui mérite d’attirer son attention et de faire son bonheur. L’octogénaire adressa un sourire à la jeune femme « J’ai raison et ce n’est pas mon orgueil qui parle. » elle rit légèrement, elle ne disait pas cela pour ne surtout pas avoir tort. Elle y croyait sincèrement. « Bien sûr, de toute façon la nuit va tomber et mes yeux ne vont jamais me ramener à la maison » Elle sourit, et ce n’était pas sa voiture de collection qui allait éclairer comme les voitures d’aujourd’hui. De toute façon vision ou non parfaite, elle avait bien comme idée depuis le début de rester aux côtés de Beth. « Je resterai le temps qu’il faut à tes côtés. » Elle passa une main dans les cheveux mouillés de la jeune femme. « Tu sais personne ne m’attend chez moi » Plus de mari et aucun enfants ou adolescents dans le besoin pour le moment. Elle espérait cependant récupérer bientôt d’une monde, elle n’aimait pas voir sa demeure vide, elle n’aimait pas le silence ou bien encore cuisiner pour elle seule. Elisabeth ne voulait pas être ainsi, une vieille dame abandonnée de tous. Elle avait besoin de vivre, de profiter jusqu’à la fin parce qu’elle était en vie et que c’était un cadeau qu’elle n’avait pas le droit de refuser. Sisi profitait, malgré son âge et quelques soucis de santé, elle était toujours la même. Il y avait toujours quelqu’un dans le besoin et ayant du temps et de l’argent elle pouvait bien aider, tendre la main et c’était elle la plus heureuse, parce qu’aider lui faisait passer le temps et lui permettait aussi de créer des nouveaux liens.
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Sujet: Re: Grandma Howard débarque ! Mar 19 Juil 2016 - 3:10
Grandma Howard débarque !
Beth Wilkerson & Elisabeth Howard
Pour la brune, la vie était devenue cauchemardesque. Tout ce en quoi elle croyait semblait avoir disparu en même temps que Daniel. Elle avait perdu goût à tout ce qu'elle aimait, et cette épreuve qui s'imposait à elle lui semblait insurmontable. Elle n'avait pas eu une seule nouvelle de Daniel depuis qu'il avait claqué la porte de leur maison, mais elle n'avait pas cherché à en avoir non plus. Elle redoutait d'entendre sa voix ou de revoir son visage. Elle qui avait toujours prôné l'acceptation de soi se sentait prise à son propre piège : toutes ces années de mariage n'avaient été que pur mensonge, une illusion montée de toutes pièces par un Daniel Wilkerson qui ne l'avait sans doute jamais considérée comme autre chose qu'une couverture. Et en lui avouant tout, il avait détruit tout le monde qu'elle s'était construit, tout ce pour quoi elle s'était battue depuis sa plus tendre jeunesse. Elle ne croyait plus en grand chose, à présent. A cet homme-là, elle avait tout donné. Et si elle ne pouvait rien en récupérer, hein ? Et si son cœur était destiné à rester dans cet état pitoyable dans lequel il l'avait laissé ? Elle n'arrivait même plus à avoir de peine pour l'enfant qu'elle avait fait mourir. Puisqu'une perte en masquait une autre, elle n'était plus réellement sûre de savoir où son cœur s'était perdu. Le deuil de leur enfant avait été fait depuis qu'elle avait appris son existence, mais Beth avait probablement et malgré elle gardé l'espoir de voir Daniel changer d'avis lorsqu'elle le lui aurait annoncé. De cet espoir et de l'amour de son mari, il ne lui restait aujourd'hui plus rien. Plus rien qu'une charpie d'une âme qu'elle avait offert dans son entièreté à celui qu'elle avait pensé être le seul et l'unique. « Tu vas devoir apprendre à vivre autrement et surtout à penser différemment. Reprends ta vie, tu as une seconde chance, celle d’ouvrir un nouveau livre et de vivre ta vie » lui soufflait Sisi, réconfortante comme jamais. L'état dans lequel elle était empêchait à Beth de se rendre compte de l'image qu'elle pouvait renvoyer à sa fidèle amie. Peut-être qu'un jour, si elle allait mieux, elle regretterait de s'être dévêtue devant elle et d'avoir pleuré toutes les larmes de son corps pour un homme qui ne l'avait jamais aimée. Pour l'instant, pourtant, c'était tout ce dont elle se sentait capable. « J'arrive pas à me dire que... que je vais devoir tout reconstruire. Toute seule » hoqueta la brunette dans son main, alors que sa main se resserrait autour de celle d'Elisabeth. C'était l'une des premières fois qu'elle posait des mots concrets et audibles sur tout ce qui s'était passé. Dans sa tête, tout était resté flou, brumeux et désorganisé. Les mots avaient le mérite et le malheur de tout concrétiser. « Trente ans c’est un bel âge, écoute donc les propos du vieille dame qui aimerait bien revenir à ses trente ans… tu n’es pas à la fin de ta vie, tu verras un jour ce moment comme une seconde chance. » La jeune femme releva son regard clair vers son aînée, peinée. Trente ans, c'était l'âge où la vie s'installait. Trente ans, c'était l'âge on avait des enfants, l'âge où tout ce pour quoi on avait travaillé jusque là prenait forme. Et elle, à trente ans, avait l'impression de tout avoir perdu brutalement... « Bien sûr, de toute façon la nuit va tomber et mes yeux ne vont jamais me ramener à la maison. » Elle avait arraché un petit rire à la jeune femme, qui, rassurée de ne pas être seule pour la nuit à venir, se savonnait dans l'eau de son bain. Il lui semblait qu'un poids s'était retiré de sa poitrine. Etre accompagnée ne lui était paru comme une évidence à aucun moment de ce double deuil, et pourtant, maintenant, la présence de Sisi lui paraissait indispensable. « Je resterai le temps qu’il faut à tes côtés. Tu sais personne ne m’attend chez moi. » Soulagée à chaque mot d'Elisabeth, Beth se sentait respirer un peu mieux. Peut-être que ce soir marquerait pour de bon le début d'une vie. Peut-être que Sisi était un rappel à la réalité, une preuve que tout était encore possible, que cet échec ne marquait que le départ d'une vie nouvelle, qu'elle reconstruirait comme elle avait construit tout le reste... « Une semaine, pour commencer ? » osa-t-elle demander, malgré tout d'une petite voix timide, se sachant abuser du temps et de la gentillesse de son amie.
Après s'être lavée, elle sortit du bain et attrapa un drap de douche dans lequel elle s'enveloppa. Elle vida la baignoire et attacha ses cheveux au-dessus de sa tête. « Je suis désolée, je ne sais pas ce qui me reste à manger au frigo... » Sûrement des trucs périmés, des vieux yaourts et des condiments. D'un pas un peu traînant, elle rejoignit son dressing, et, après avoir jeté un regard mélancolique à sa collection de Louboutin, elle attrapa un pyjama propre qu'elle enfila à la hâte. « Je vais te préparer le lit de la chambre d'ami... » dit-elle dans un sourire à Sisi avant de quitter sa chambre, de traverser le couloir, et de sortir les draps qu'elle installa en quelques minutes. Elle se retourna et descendit dans la cuisine avec Sisi. « Et toi, alors... comment tu vas ? » demanda-t-elle, pauvre amie égocentrique qui n'avait même pas posé la question à sa sauveuse. D'un geste de la main, elle invita Elisabeth à s'installer à table et entreprit de fouiller son congélateur, dans lequel elle retrouva ses sempiternelles lasagnes, préparées avec amour pour Daniel. « Des lasagnes, ça t'irait ? Je suis désolée, je crois que j'ai rien d'autre... »
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Sujet: Re: Grandma Howard débarque ! Dim 31 Juil 2016 - 23:28
« Ma chérie, tu n’es pas seule. C’est ça ta force. » Elle n’était pas seule, elle était bien entourée, l’octogénaire était présente et elle était sûr que les amis de la jeune femme l’aiderait tout autant. Pour se reconstruire il fallait du monde, il ne fallait surtout pas s’enfermer dans sa bulle. Lorsqu’elle avait perdu son mari, Sisi aurait pu se morfondre, rester seule, devenir une vieille grand-mère perdant la tête. Au contraire elle s’était raccroché à ses proches et surtout avec Edward ils s’étaient fait une promesse, de ne pas se laisser aller, de profiter, même sans l’autre il fallait continuer à vivre. C’était parfois difficile, certains jours tout lui rappeler son mari et elle se demandait pourquoi elle était toujours en vie et non lui. Mais au lieu de se poser ce genre de question elle préférait profiter, parce qu’elle n’avait qu’une vie et que cette vie passait tellement vite qu’elle s’interdisait de se morfondre ou de manquer les secondes devenues précieuses à son âge. Beth avait besoin d’elle et Elisabeth ne comptait pas l’abandonner, elle passerait le temps qu’il faudrait dans cette maison à ses côtés. Elle sortirait faire deux, trois courses, passerait chez elle arroser son jardin et relever le courrier au cas où mais elle pouvait bien s’absenter quelques semaines, elle avait le droit à des vacances ! « Oui une semaine… et même deux ou trois. » Elle sourit, amusée par la timidité dont faisait preuve sa fille de cœur, elle pouvait tout lui demander, elle en avait le droit.
« Ne t’en fais pas. » Elle lui frotta le dos alors qu’elle avait la serviette sur le corps, un geste affectif, plein de tendresse. Elle se moquait de manger ou non, elle était même prête à passer commande comme les jeunes fainéants qui ne savaient plus cuire un œuf ! « Ça peut attendre… et puis je peux le faire ce soir avant de me coucher. » Beth prit tout de même le temps de lui préparer sa chambre, l’octogénaire l’aida ne pouvant pas rester les bras croisés. Sisi n’était pas du genre à se poser dans un canapé et regarder un feuilleton, d’ailleurs elle avait horreur des conneries qui passaient à la télévision, quand elle pensait au soap qui durait depuis plus de vingt ans elle se demandait ce que pouvait bien faire les gens devant ces trucs-là. Elisabeth se posa à table, prenant la parole tandis que la jeune femme fouillait dans le frigidaire. « Je vais bien… cela fait plusieurs semaines qu’on ne me confit plus personne, je vais devoir faire un scandale à la mairie et si il le faut je vais le faire sortir de son bureau ce nouveau maire. » Elle secoua la tête, agacée, elle aimait bien l’ancien maire, c’était un ami et elle n’avait pas à se justifier sur sa maison d’accueil. Oui elle avait quatre-vingt ans mais elle était en mesure de gérer les enfants et les adolescents, elle le faisait depuis tellement d’années, c’était toute sa vie cette maison remplie de monde. Elisabeth se leva « Assois-toi. » Elle grimaça en voyant les lasagnes, ça ne semblait pas très frais. « Je vais te faire la recette magique de mon Edward… quand ça allait mal il me faisait toujours cette petite recette. » Elle prit le plat et le vida dans la poubelle, autant ne pas faire venir les bactéries dans le frigidaire. « Je me souviens d’un soir, je rentrais d’un tournage avec ce vieux…. » Elle marqua une pause, ne se rappelant plus de ce qu’elle voulait dire, elle passa une main dans ses cheveux, n’aimant pas cela. « Mince… c’est bête, j’ai oublié son nom. » Elle secoua la tête avant de s’exclamer. « Hitchcock ! Même mort il me hante toujours celui là. » Elle eut un léger rire, fouillant dans les placards elle sortait de la farine, du lait, un plat, un fouet…. « Tourner avec lui n’était pas une chose facile, c’était un homme odieux ! Bref je me souviens de ce tournage, il faisait chaud, la prise ne lui convenait jamais et en rentrant j’étais exténuée, je voulais tout arrêter, ce monde-là ne me plaisait pas… Edward avait passé une dure journée aussi, mais il ne m’avait rien dit. Il m’avait simplement laissé sa place dans le fauteuil et avait passé du temps dans la cuisine avant de me déposer un plateau tout prêt fait ! » Elle sourit, pensant à cet homme si bon avec qui elle avait partagé sa vie. Elisabeth mélangeait les ingrédients, fouetter le contenu tout en se déplaçant dans la cuisine. Elle posa le plat, cherchant une poêle avant de la mettre sur la plaque de cuisson. « Quand ça ne va pas, il n’y a rien de mieux que le sucre et les calories ! » Elle versa une louche dans la poêle faisant les mêmes mouvements pendant quelques minutes avant de prendre une assiette et servir la jeune femme. « Des pancakes spécial Edward ! » Une bonne dose de rhum là-dedans et ça faisait toute la différence ! Elisabeth déposa la pâte à tartiner devant la jeune femme, sortie la confiture qui semblait encore comestible puis sortie une bouteille de lait pour servir deux verres. « Crois-moi, il y a déjà assez d’alcool dans ces pancakes pour ne pas en ajouter davantage. » Elle adressa un sourire à la jeune femme.
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Sujet: Re: Grandma Howard débarque ! Mar 9 Aoû 2016 - 1:13
Grandma Howard débarque !
Beth Wilkerson & Elisabeth Howard
A l'heure actuelle, il lui semblait que tout s'écroulé devant et derrière elle, et qu'elle devait se reconstruire entièrement. Cela faisait quelques mois déjà que Daniel était parti, mais les choses ne semblaient pas aller mieux. Peut-être que le recul qu'elle avait pris sur l'ensemble de sa vie et de ses occupations n'allait pas pour l'aider, mais elle n'en était pas encore à se poser la question. Elle avait besoin d'être seule, s'était-elle dit inlassablement. Elle avait besoin de réfléchir à la personne qu'elle avait été, celle qu'elle n'était plus, celle qu'elle avait de devenir ou celle qu'elle ne pourrait plus jamais être. Un tas de remises en question, qui, évidemment, ne l'aidait pas à aller de l'avant. A force de se morfondre seule chez elle, Beth était arrivée à n'avoir que quelques idées noires qui tournaient en boucle dans sa tête. Et si on ne l'aimait plus ? Si elle n'inspirait plus que la pitié ? Si tout ce qu'elle avait fait jusque là tombait aux oubliettes, et qu'elle ne devenait que la femme abandonnée, celle de laquelle le grand Daniel Wilkerson n'avait finalement plus voulu ? Personne ne saurait jamais sans doute pourquoi il était parti. Elle s'était fait un point d'honneur à ne répéter à personne d'autre que quelques amis proches quelles étaient les raisons qui l'avaient mené à la porte. Aux yeux du monde, Beth n'était destinée qu'à devenir la femme abandonnée, et, elle le réalisait maintenant plus que jamais, c'était quelque chose qu'elle n'était pas prête à accepter. Elle voulait être connue et reconnue pour son travail et ses accomplissements. Mais, se disait-elle de temps à autres, un homme se poserait-il le même genre de questions ? Un homme se relèverait sans aucun soucis. Un homme ne serait qu'un jeune célibataire dans la fleur de l'âge, prêt à reconquérir le monde. Et elle... ? Il lui semblait qu'elle avait eu le droit à une chance, une seule chance, et que le départ de Daniel avait marqué le fin de tout ce qu'elle avait accompli pendant toutes ces années. Elle avait perdu son amour, et toute la vie qu'ils avaient construite ensemble. Elle avait perdu tout le travail qui l'avait fait vivre. Elle se demandait parfois ce qui pouvait se dire d'elle à la mairie ou à l'association. Si ça se trouve, les ragots allaient déjà gaiement. Pourquoi donc franchirait-elle le seuil de sa porte pour faire face à tout ce qui avait été détruit ?
Pourtant, la présence d'Elisabeth la ramenait peu à peu à la réalité. Elle trouvait les mots justes, Sisi. Elle savait quoi dire, elle savait comment la rassurer. Elle était cette présence maternelle dont elle n'avait plus osé rêver depuis des années. Sisi lui disait tout ce que sa propre mère ne lui dirait jamais. « Ma chérie, tu n’es pas seule. C’est ça ta force » lui souffla-t-elle encore, comme pour lui ancrer cette idée dans la tête une bonne fois pour toutes. « Merci, merci d'être là... » Et, dans un appel désespéré, elle lui demanda si elle pourrait rester un peu plus longtemps que juste ce soir. Peut-être que la présence de Sisi était tout ce dont elle avait besoin, et peut-être qu'elle tombait à pic, comme un rappel à la réalité et à la vie dans tout ce qu'elle avait de plus complexe, mais aussi de plus beau. « Oui une semaine… et même deux ou trois. » Les lèvres de Beth s'étirèrent dans un sourire mi-rassuré, mi-gêné. « Tu risques pas d'avoir des jeunes chez toi ces prochaines semaines ? » se demanda-t-elle malgré tout, confuse à l'idée de l'arracher à ces jeunes qui dépendaient tellement d'elle.
En sortant de sa baignoire, Beth se sentait un peu moins pathétique. Ses cheveux ruisselaient dans son dos, la rafraîchissant, et il lui semblait que ses yeux étaient devenus moins douloureux, dégonflés par le moment de détente que lui avait offert Sisi. « Ne t’en fais pas » la rassurait encore et toujours son aînée. Elle l'avait trouvée dans la pire des situations. Beth ne s'était jamais présentée de la sorte à quiconque, et peut-être était-ce d'ailleurs simplement parce qu'il n'y avait eu que le départ de Daniel pour l'accabler à ce point. Encore une fois, Sisi, bienveillante, lui souffla qu'elle n'avait pas besoin que son lit soit fait sur le champ et qu'elle pourrait le faire elle-même le moment venu. Beth, bornée, lui lança un sourire tendre avant de sortir les draps et de lui préparer le lit le plus douillet qui soit. Son amie, tout aussi têtue, l'aida dans sa tâche, et bientôt, le grand lit double place était prêt pour accueillir Sisi. Il était maintenant temps de passer à ce qui semblait être aux yeux de la trentenaire une torture. Manger. Elle n'avait plus grand chose de potable; rien, en fait. Elle ne faisait les courses que lorsqu'elle s'en sentait et le courage et l'ultime nécessité. « Je vais bien… cela fait plusieurs semaines qu’on ne me confie plus personne, je vais devoir faire un scandale à la mairie et s'il le faut je vais le faire sortir de son bureau ce nouveau maire. » Les plaintes de Sisi arrachèrent à la jeune femme un petit rire amusé -premier rire depuis bien longtemps. « Tu veux que je lui en touche un mot ? Ça fait un moment qu'il m'a pas vue, mais je suis sûre qu'il regarderait un peu tout ça. » Elle marqua une pause, les yeux perdus dans le vague, en réalisant qu'elle pourrait elle-même faire bouger les choses... si elle trouvait le courage de retourner à la mairie et de reprendre son rôle. Avant son départ, elle avait une place convenable. On la respectait, là-bas. N'importe qui serait prêt à lui rendre un service, si elle demandait. Mais qu'en était-il maintenant ? Lui rirait-on au nez après cette absence ? « Ou sinon... je pourrais aller voir moi-même » tenta-t-elle de s'encourager d'une petite voix. Peut-être qu'il n'y aurait jamais de moment idéal pour sortir de sa tanière. Peut-être qu'elle avait besoin d'un bon coup de pied au cul et d'une dose massive de courage pour remettre le nez dehors et prétendre que la vie continuait. « Assois-toi » ordonna Sisi alors que Beth lui tendait tristement son vieux plat de lasagnes congelées. « Je vais te faire la recette magique de mon Edward… quand ça allait mal il me faisait toujours cette petite recette. » Penaude, elle la regarda vider son plat dans la poubelle. C'était triste de sa part d'en arriver là, mais elle ne pouvait s'empêcher de penser à Daniel, pour qui elle avait préparé ces lasagnes avec amour. Les jeter revenait à un adieu supplémentaire. Mais il était grand temps d'accepter ces adieux une bonne fois pour toutes, n'est-ce pas ? Sagement, alors, Beth s'assit sur un tabouret du comptoir et, passant la main dans ses cheveux pour les aider à sécher, écouta Sisi raconter son anecdote. Elle étouffa un hoquet de surprise en l'entendant parler de Hitchcock, mais ne la coupa pas dans sa tirade. Elle la regardait mélanger les ingrédients, hypnotisée par le coup de main de son amie. « Quand ça ne va pas, il n’y a rien de mieux que le sucre et les calories ! » Beth fronça les sourcils. « C'est gentil mais je sais pas si je vais pouvoir manger grand chose... » Sa gorge était encore nouée par ses crises de larmes et ce chagrin qui ne semblait pas encore prêt à la laisser tranquille. « Hitchcock, sérieusement ? » s'autorisa-t-elle enfin à demander, le regard brillant d'une curiosité presque enfantine. « T'as des histoires à raconter sur lui ? » ajouta-t-elle alors que Sisi la servait comme une reine. « J'aurais aimé rencontrer Edward... » soupira-t-elle avant de se rendre compte de la maladresse de sa remarque. « Il avait l'air d'un homme bien. T'en as de la chance », ajouta-t-elle avec un sourire en coin. Mollement, elle ouvrit le pot de confiture que Sisi avait posé devant elle et renifla l'odeur fruitée et sucrée qui en émanait. « Pâte à tartiner ou confiture ? » demanda-t-elle à Sisi alors qu'elle-même hésitait encore. Sisi serait donc celle qui réussirait à lui faire retrouver l'appétit. « T'as des histoires à raconter sur lui ? » ajouta-t-elle alors que Sisi la servait comme une reine. « Le rhum, c'est l'ingrédient secret d'Edward ? »
Quelques instants plus tard, Beth s'était décidée pour la confiture, et, à la première bouchée de pancake, se sentit redécouvrir le goût. Comme une explosion de saveur qui attaquait chacune de ses papilles. « Oh putain ! » s'écria-t-elle, les yeux grands écarquillés par la surprise. Le jeûne lui avait fait oublier le bonheur du goût. « Il avait d'autres recettes secrètes, Edward ? Tu me les feras ? » Sans s'en rendre compte, Beth semblait retomber en enfance. Sans s'en rendre compte, elle s'autorisait à dépendre un peu plus encore d'Elisabeth, qui lui offrait toute la bienveillance et la compagnie dont elle avait besoin.
Spoiler:
Je pense qu'on va bientôt pouvoir conclure en les amenant au lit ? *-* Tu en penses quoi ? Tu veux développer d'autres choses, peut-être ?
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Sujet: Re: Grandma Howard débarque ! Ven 23 Sep 2016 - 21:40
« Si tu veux ma chérie mais je crois que notre maire est bien plus occupé à jouer au Cluedo avec le corbeau qu’écouter les plaintes d’une vieille dame. » Sisi n’avait pas dit son dernier mot, si il fallait elle allait monopoliser la secrétaire de monsieur le maire jusqu’à obtenir un rendez-vous avec ce dernier. Oui elle avait quatre-vingt ans mais jusqu’à preuve du contraire elle n’avait pas la tremblote et avait toujours sa tête sur les épaules ! Elisabeth aimait tellement voir des enfants dans cette maison, elle avait bien conscience que son âge commençait à lui faire défaut, il y avait déjà plusieurs années qu’elle n’avait pas eu d’enfants de moins de trois ans, la sécurité avant tout pourtant elle s’en sentait capable. Elle pouvait accepter qu’on lui retire les enfants trop jeunes, mais pas les ado, elle avait besoin d’être utile, elle était persuadée d’être toujours importante pour ceux qui en avaient besoin, une oreille attentive, une bonne cuisinière, une personne de confiance, bref que des qualités pour aider un jeune à retrouver sa place dans le monde. « Ne te presse pas. » Elisabeth ne voulait pas que Beth s’occupe de ses soucis, pas en ce moment, pas avec ce qu’elle traversait, elle n’aurait pas dû lui en parler et passer pour la petite vieille malheureuse d’être seule dans sa grande maison. L’octogénaire avait bien entendu Beth mais elle continua sa recette, il fallait manger pour reprendre des forces. La jeune femme n’avait sûrement pas très fin mais se coucher le ventre vide n’était pas franchement bon non plus, et en reprenant goût à la nourriture elle reprendrait goût doucement à la vie, au monde extérieur. « Des dizaines… et pas que sur lui ! » Elisabeth avait eu une vie remplie, elle avait vécue tellement de chose qu’elle finissait par en oublier la moitié. Elle avait eu une belle carrière de mannequin puis d’actrice, elle avait enflammé le tout Hollywood à son époque et les réalisateurs les plus célèbres se l’étaient arraché. Sisi s’était lassé de cette vie, ce monde de paillette et de faux semblant. Elle avait été bien plus heureuse par la suite, au côté de son époux, écrivant ses romans et profitant du coucher de soleil. « Oui c’était un homme bien. » Elle sourit pour elle-même « Il a été mon seul amour… je t’assure que si on me l’avait dit à l’aube de mes dix-huit ans je ne l’aurais jamais cru, aimer qu’un seul homme, aimer même… » Elle lâcha un rire, elle qui rêvait d’évasion et de tour du monde elle avait fini derrière les fourneaux à s’inquiéter pour la cuisson de sa tourte et de la coupe de ses rosiers. « Pâte à tartiner… c’est mon médecin qui va être furieux » elle sourit, telle une jeune fille faisant le mur pour la première fois, cette innocence dont elle faisait souvent preuve était ce qui la maintenait autant en forme. « Oui bien sûr… et on va avoir de nombreuses soirées devant nous pour parler. » Sisi aimait les souvenirs qu’ils soient bons ou mauvais, ils avaient fait d’elle ce qu’elle était aujourd’hui et surtout ça la ramenait à des époques où la jeunesse était sa force. Edward, son amour, le seul. Elle pourrait en parler des heures, de leur rencontre à leur vie commune tout comme elle pouvait parler de sa carrière d’actrice, des choses qu’elle avait découvert à Hollywood, de cette vie irréelle qui faisait fantasmait le monde entier. « Oui… ça te soigne tous les maux ! » Elisabeth étalait la pâte à tartiner sur son pancake, elle mordit dedans profitant de tout ce sucre qui lui était interdit, interdit voilà un mot qu’elle n’aimait pas trop surtout à son âge, pourquoi se priver ? Pour gagner une année ou deux, après quatre-vingt longues années elle n’avait plus peur, elle s’était faite à l’idée que la terre continuerait de tourner sans elle. Elle sourit en entendant Beth, apparemment la recette lui plaisait et ça lui faisait plaisir de la voir ainsi, de voir que pendant quelques instants elle oubliait son chagrin, cette douleur immense dans son cœur, ce vide… Elisabeth serait là, présente jusqu’à ce que sa fille de cœur retrouve réellement le sourire et le goût de la vie. « Si tu veux ma chérie… demain soir on aura qu’à se faire le cocktail spécial Edward… encore quelque chose que le médecin a en horreur. » Elle rit, à ce pauvre médecin s’il l’entendait il serait fou. Sisi termina son premier pancake, elle attrapa la confiture, il fallait être raisonnable même si il y avait du sucre là-dedans c’était des fruits c’était plus naturel… « Ça sera mon dernier, sinon je ne vais jamais pouvoir dormir… au moins tu as mangé ! »
Spoiler:
je suis réellement désolé, j'étais persuadée avoir répondu Oui on peut le clôturer, j'ai essayé justement de ne pas trop rentrer dans les détails pour pouvoir le finir
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Sujet: Re: Grandma Howard débarque ! Ven 30 Sep 2016 - 1:11
Grandma Howard débarque !
Beth Wilkerson & Elisabeth Howard
Malgré tout ce qu'elle avait fait pour l'éviter, la présence de Sisi la ramenait progressivement à la réalité. Cette réalité, elle l'avait probablement fuie trop longtemps. Car dedans, il n'y avait plus de place pour Daniel ou pour le deuil qu'elle portait encore de leur enfant. Cette réalité-là continuait à filer à toute allure, et elle n'avait plus envie de la suivre. Il lui faudrait sans doute y rentrer pas à pas, comme un enfant trop prudent qui mettrait quelques orteils dans la piscine avant d'oser y mettre le pied entier, puis la jambe, et enfin le reste de son corps. Beth était hésitante, encore fragilisée par toutes les épreuves qu'elle avait eues à encaisser d'un coup. Elle le réalisait maintenant, pourtant, et grâce à Elisabeth : elle avait besoin d'aller de l'avant. Elle devrait se forcer et ce serait bien difficile, mais elle n'avait plus l'intention de se laisser porter par la décadence d'une vie qu'elle n'avait jamais choisie. Cet espoir-là, cette envie de se battre pour se retrouver et retrouver goût à la vie, c'était Sisi qui, grâce à sa patience, à son affection et à sa bienveillante, venait de les lui insuffler. « Si tu veux ma chérie mais je crois que notre maire est bien plus occupé à jouer au Cluedo avec le corbeau qu’écouter les plaintes d’une vieille dame. » Beth jeta un regard tendre à sa mère de cœur. Elisabeth pensait à trop bien avec tout le monde. Elle était la bonté incarnée. Beth lui devait bien ce service. « Tu rigoles ? Ça me donnera une occasion de remettre un pied à la mairie... » Car malgré ses aspirations et ses envies de retrouver la vie qu'elle avait toujours menée -Daniel en moins-, Beth restait pétrifiée à l'idée de retrouver le monde réel. Que s'était-il passé à l'extérieur pendant tout ce temps ? Que pensaient ses collègues de sa disparition soudaine ? Et à l'association, qu'avaient pu penser ses bénévoles et employés de son besoin de prendre du recul ? Quelques passages et missions ne lui auraient probablement pas suffi à garder la confiance de tous ceux avec qui elle travaillait, à la mairie comme à son association. « Je le ferai m'écouter, tu me connais » ajouta-t-elle, un sourie en coin, pour -elle l'espérait- achever de la convaincre. Imran lui accorderait bien quelques minutes, même s'il venait à devoir déléguer cette affaire. Elle savait qu'il lui accorderait bien cette faveur. « T'inquiète pas », répondit-elle à la gentillesse d'Elisabeth, « j'en ai besoin. »
Assise à sa table de cuisine, Beth observait d'un air distrait la cuisinière. Cela faisait des semaines qu'elle-même n'avait pas cuisiné. Elle se demandait si elle en retrouverait un jour le goût. Elle ne supporterait probablement plus jamais de faire ces lasagnes au sujet desquelles Daniel n'avait jamais tari d'éloges. « Des dizaines… et pas que sur lui ! » Beth oubliait parfois tout ce qu'avait vécu Elizabeth avant de la connaître -avant même qu'elle soit née ! L'Elisabeth qu'elle connaissait était calme et posée, épanouie, généreuse, compréhensive, indulgente, douce, prévenante et amicale... loin de l'image qu'elle se faisait du tout Hollywood. « Oui c’était un homme bien. Il a été mon seul amour… je t’assure que si on me l’avait dit à l’aube de mes dix-huit ans je ne l’aurais jamais cru, aimer qu’un seul homme, aimer même… » Et la tendresse avait laquelle elle parlait de son défunt mari ne faisait que démontrer toutes les facettes de cette personnalité affable. Beth voulut lui demander un instant comment elle avait surmonté sa disparition, mais elle se refréna avec sagesse. Elle ne s'imaginait pas vivre sans Daniel, et pourtant, il faudrait qu'elle apprenne peu à peu à le faire. Comment Sisi avait-elle réussi là où tant avaient du échouer ? « Ma théorie, c'est que la pâte à tartiner fait râler les médecins seulement parce qu'ils y ont pas d'actions... » souffla-t-elle d'un air malicieux, reprenant peu à peu goût à ce qu'elle avait autrefois été. « Merci... je veux dire, d'être venue, de... d'avoir cuisiné, et puis de rester. » Il lui semblait qu'elle venait de retrouver le sens du goût. Chaque bouchée était à la fois un calvaire et un bonheur étrange qu'elle redécouvrait. Elle se demanda si son organisme supporterait une telle entrée de calories après des semaines de semi-jeûne, puis elle décida de laisser la question à plus tard. Elle en connaîtrait la réponse bien assez tôt. « Tu pourras... m'accompagner à la mairie quand j'y retournerai ? » demanda-t-elle avec une grimace inquiète. Il lui tardait de vivre ces prochaines semaines aux côtés de Sisi. Elle avait crucialement besoin d'elle, de ses histoires et de ses recettes secrètes.
Une heure plus tard, Beth se coucha sous l’œil de celle qui était devenue son ange gardien officiel. Ses draps semblaient plus doux et agréables. Sisi l'embrassa sur le front comme si elle avait vingt ans de moins, et la jeune femme savoura le contact avec une satisfaction à peine dissimulée. Sa mère n'était plus capable de tels gestes depuis bien des années. « Bonne nuit, Sisi... et merci. » Dans un dernier sourire, la brune éteignit sa lampe de chevet et ferma les yeux. Cette nuti-là, elle allait enfin dormir.
RP terminé
Spoiler:
Y'a pas de soucis ! J'espère que la conclusion t'aura plu, si quelque chose ne convient pas, hésite pas à m'envoyer un petit mp !