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 Philanthropie version Beth - avec Beth

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MessageSujet: Philanthropie version Beth - avec Beth   Philanthropie version Beth - avec Beth EmptyLun 15 Aoû 2016 - 19:01

On a beau vivre comme un saint 364 jours par année, il y aura toujours cette journée où le hasard décidera de s’écarter de son chemin pour venir vous mettre son poing dans la gueule. Et il se trouve qu’aujourd’hui, le hasard, c’était moi. Le p’tit fils de pute n’a rien venu venir, c’est moi qui vous le dit!

Du coup, je me retrouvais dans ma retraite semi-annuelle dans la cellule du poste de police d’Huntington Beach, à réfléchir sur ma variation de la théorie des strings et sur le bruit que fait un arbre qui tombe dans une forêt où il n’y a personne pour l’écouter. Le regard fâché des officiers de bureaux me donne envie de sortir mon shaft.

À chaque fois, ça les fait chier, de tomber sur moi et sur mon absence de papiers d’identités. Ils sont convaincus que je me prends une petite sinécure sur le bras du système carcéral pour refaire mon stock de graisse pour l’hiver où je ne sais quoi d’autre. Bien entendu, je me fais à chaque fois un plaisir de rester aussi longtemps que possible à les emmerder.

Sauf que cette fois-ci, c’est différent.

Les seules occasions où je me laisse conduire au poste, il s’agit d’infractions triviales qui ne me vaudront au pire qu’une petite semaine à l’ombre quand mes occupations professionnelles me permettent de prendre un peu de temps pour moi. Aujourd’hui, je dois avouer m’être laissé emporter par l’inspiration du moment.

Heureusement que les obstacles ne sont que des opportunités déguisées…

" Monsieur l’agent ? Est-ce que je pourrais passer mon coup de téléphone s’il vous plaît ?"

J’ai toujours voué le plus grand respect aux hommes en uniforme. Vous me connaissez.

Il me conduisit au téléphone public.

" Auriez-vous une pièce de 25 sous ?"

" Fais un appel à frais viré, t’auras pas une cenne de moi, clôchard."

Voyez où la politesse vous mène ?

Je sortis le petit calepin qui ne me quitte jamais et j'y cherchas un numéro que je rêvais de composer depuis des semaines : celui de Booty Beth la wannabe mairesse.

" Bonjour. Vous recevez un appel de Tom Fuller – il faut vraiment que je te parle, Bet…. Acceptez-vous l’appel ? "

Une partie de moi se demandait si elle avait aimé le condom à saveur de raisin. Une autre, si elle allait simplement me raccrocher au nez. Une troisième se demandait si elle avait changé de parfum. Une quatrième se l’imaginait en train de se faire humper maladroitement la jambe par Bambi. Et, en quelque part, une petite fraction réalisait qu’il avait probablement réellement besoin d’elle.

" Oh, God, merci d’avoir pris l’appel, madame Wilkerson. Voyez-vous, je n’ai pas beaucoup d’amis à Huntington et… vous êtes avocate, n’est-ce pas ? Dites-moi, que diriez-vous de passer l’après-midi à renouer avec your very best Tommy Boy ? On pourra prendre le thé, et promis, je vais garder ma chemise cette fois-ci. Je vous attends. Oh, j’suis au commissariat. Une bête erreur sur la personne. À tout de suite!"

J’avais parlé très vite pour réduire les chances d’un refus catégorique. Et très fort, pour être certain que les policiers lèvent un sourcil curieux à propos de cette histoire de chemise entre moi et la conseillère Wilkerson.

Que voulez-vous, certains aiment à la folie les petits chatons ; moi, ce sont les quiproquos.

Comme bien souvent, il ne me resterait plus qu’à espérer, alors qu’on me faisait regagner ma petite cabine grillagée.

Ça, et l’exploration de ce scénario récemment évoqué, avec Bambi…
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MessageSujet: Re: Philanthropie version Beth - avec Beth   Philanthropie version Beth - avec Beth EmptyJeu 25 Aoû 2016 - 23:59



Philanthropie version Beth
Beth Wilkerson & Tom Fuller



« Bonjour. Vous recevez un appel de Tom Fuller – il faut vraiment que je te parle, Bet… Acceptez-vous l’appel ? » Assise à son bureau, la brune fronça les sourcils en fixant bêtement l'écran de son ordinateur, qui s'était mis en veille un bon nombre de minutes plus tôt. Devant elle, les papiers de son divorce. Elle traitait l'affaire elle-même, comme elle savait que Daniel traitait l'affaire lui-même, utilisant son avocat comme simple messager. « Oui oui, j'accepte » répondit-elle sans réfléchir une minute de plus, jetant son stylo contre son clavier. N'importe quel prétexte était bon pour échapper à ce divorce. Sous l’œil bienveillant d'Elisabeth, elle avait même repris le travail, se noyant plus que jamais dans ses différentes missions pour oublier ce que sa vie personnelle lui réservait lorsqu'elle rentrait du travail. Elle avait ruiné son amitié avec Julian, elle en était persuadée, et ses amis s'étaient évanouis les uns après les autres, révélant la superficialité de ce qui avait pu les lier. Ne restait à ses côtés qu'Elisabeth et Eden, fidèles amis qui, elle le réalisait maintenant plus que jamais, faisait partie de ce qu'elle pouvait, sans aucun doute possible, appeler sa famille. Lorsqu'elle entendit la voix de Fuller à l'autre bout du fil, elle eut une ultime certitude : Tom ne l'avait pas oubliée. Elle, de son côté, n'était pas prête de l'oublier. Elle n'avait pas ce genre de visites tous les jours à l'association, et si, à ce moment précis, c'était dans son bureau de conseillère municipale, à la mairie, qu'elle était installée, elle n'en oubliait pas que toutes ces missions et ses objectifs étaient étroitement liés les uns aux autres. Même si ses cadeaux avaient bien vite trouvés une place au fond de sa poubelle, elle n'avait jamais vraiment oublié Tom. Il était la représentation même de la réalité dont elle ne souhaitait jamais se perdre. Pourtant, lorsqu'elle reconnut sa voix de l'autre côté de la ligne, elle ne put s'empêcher de soupirer d'inquiétude. Dans quoi l'embarquait-il ? Quant à où il l'embarquait, elle avait déjà eu sa réponse : au commissariat.

Ni une ni deux, elle avait refermé son dossier de divorce, l'avait rangé dans un tiroir, puis attrapé un dossier de feuilles vides -pourquoi, elle ne le savait pas trop. Pour ne pas arriver les mains vides, sans doute, ou pour simplement se donner un peu d'assurance. Elle, avocate ? La bonne blague. Elle n'avait pratiqué que pendant ses études. Et ses études... oh, elles remontaient, maintenant, ses études. Peut-être était-ce d'ailleurs le moment pour elle d'appeler un réel avocat. Elle ne put s'empêcher, pendant quelques instants, de rattraper d'anciens réflexes qui l'amenèrent à penser à son époux, bientôt ex-époux, et à son statut d'avocat. Elle avait bien rapidement quitté son bureau et prévenu sa secrétaire qu'elle avait une urgence professionnelle. « Je prends vos messages » avait répondu celle-ci, toujours aussi bienveillante à son égard. Beth n'avait jamais su qui l'avait embauchée pour elle, mais elle était plus que reconnaissante. Elle s'imaginait que c'était Imran qui avait entouré son équipe des meilleurs collaborateurs. Elle salua d'ailleurs celui-ci rapidement avant de s'engouffrer dans l’ascenseur et de quitter la mairie. Direction le commissariat. Installée à sa place de parking, il lui fallut quelques minutes pour programmer son GPS -pas qu'elle ne soit pas allée au commissariat très souvent, mais presque...

« Bonjour, Maitre Beth Wilkerson, je suis venue voir mon client, monsieur Tom Fuller », annonça-t-elle solennellement au policier qui tenait l'accueil. Sans qu'elle ne sache trop pourquoi, il la regarda d'un drôle d'air -elle s'imagina qu'il l'avait reconnue à toutes les affiches qui avaient été placardées dans la ville pour sa campagne électorale. Encore un échec de sa vie. Pourtant, elle ne se démonta pas et fit claquer ses talons jusque dans les cellules, la tête haute. « Bonjour » lâcha-t-elle simplement, avec un petit sourire rassurant, à travers la grille qui la séparait de celui qui, elle ne savait toujours pas pour quelles raisons, était devenu son client. Lorsque le policier les dirigea vers une petite pièce isolée, Beth ne put s'empêcher, pour la première fois réellement depuis qu'il l'avait appelée, de se demander ce qu'il avait fait pour se retrouver enfermé ici. Lorsqu'ils furent en tête, la porte fermée, Beth s'agit sagement du côté de la table qui lui était réservé. « Dis-moi que t'as tué personne », lâcha-t-elle dans un souffle, le suppliant presque de la rassurer. « Je sais pas si t'as bien fait de m'appeler, tu sais très bien que j'exerce plus depuis des années. Je suis affiliée à aucun cabinet ni rien... » Tremblant légèrement, impressionnée par la situation, elle ouvrit son dossier sur le paquet de feuilles vides qu'elle avait prises avec elle, sortit un stylo de sa pochette, et passa une main angoissée dans ses cheveux. « Raconte-moi tout. Je vais faire ce que je peux pour te sortir de là. Le flic a pas l'air très sympa... et il m'a pas apporté mon thé. » Elle tenta un gloussement mais ne réussit qu'à lever un regard inquiet vers lui. « Erreur sur la personne, alors ? On te reproche quoi ? » Au moins, elle ne pensait plus à Daniel, à leur enfant perdu, ou à leur divorce. Merci Tom Fuller.
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MessageSujet: Re: Philanthropie version Beth - avec Beth   Philanthropie version Beth - avec Beth EmptyLun 29 Aoû 2016 - 16:13

… et puis alors que Bambi commençait à agiter son petit museau de plus en plus rapidement d’avant en arrière, j’entendis sa voix à elle. Et pas juste dans ma tête. Ayant tendance à me méfier de différentes formes d’hallucinations auxquelles je me savais particulièrement susceptible, je me refusai de crier victoire trop vite. Quelques secondes plus tard, je ne pus plus douter de la réalité – Beth était là, tout en talon et en professionnalisme. Lorsqu’elle me salua, j’en fus quasiment sans mot – c’est tout dire. Je me contentai de sourire comme un con. Pas un con soulagé – mais un con victorieux.

Je conservai mon sourire muet jusqu’à ce que l’agent nous reconduise à mon petit salon privé.

" J’peux pas croire que tu sois là. Ni que tu puisses croire que je sois capable de tuer quelqu’un. Je suis doux comme un agneau, tu le sais bien. Même si t’as jamais voulu me laisser te le démontrer."

Le meurtre, c’est tellement vulgaire.

Puis, j’assiste en silence à son petit numéro d’avocate. Elle est adorable, à se comporter comme si elle devait représenter la famille Sterling contre les forces de police de Bâton-Rouge. Tellement que je la laisse aller, jusqu’à ce qu’elle arrive au bout de son souffle. Alors, je lui prends les mains.

" Merci d’être venue, Beth. Un gars comme moi n’a plus beaucoup d’amis lorsqu’il se trouve dans un poste de police."

Dans les faits, il s’agissait réellement d’une situation triviale qui me coûterait tout au plus une semaine. Mais elle semblait tellement prendre ça à cœur.

Et puis, entre vous et moi, dans quelles autres circonstances aurait-elle daignée venir me rendre visite ? J’aurais dû défoncer la gueule d’un pauvre type beaucoup plus tôt. Crétin.

Je ramenai mes mains vers moi.

" T’en fais pas pour le bœuf – je crois qu’il est juste jaloux que je possède plus de droits que lui ici. Et puis…"

Je me rapprochai doucement d’elle, pour continuer sur le ton de la conspiration.

" Les femmes, ça l’intimide. Beaucoup. Il préfère de loin les gros bâtons…"

Rien de mieux que l’humour pour détendre l’atmosphère. Parce qu’à nous regarder, Beth semblait être celle qui risquait la peine capitale. Une petite blague sur l’homosexualité ne pouvait que la mettre à l’aise.

"Officiellement, on me reproche six points de suture, deux dents et un os fracturé, pour tout te dire. Officieusement par contre, et c’est là ma plus grosse charge, on me reproche que le visage en question ait appartenu à un avocat du groupe Hamilton. "

Je baisse les yeux, faussement penaud.

"Lui aussi, il m’a cogné. Enfin, cogné… J’crois que j’ai peut-être encore une petite rougeur, ici, tu vois ? Regarde bien, juste là là "

Je lui indique ma joue gauche, rayonnante de santé.

"D’ailleurs, ça lui a valu un dix minutes au poste, lui-aussi. Probablement les deuxième dix minutes les plus humiliantes de sa vie. Après, probablement que son bâton devait être moins impressionnant que le mien, parce que le brave lieutenant Vaginophobe l’a laissé partir pour l’hôpital. "

Il y avait aussi été vaguement question de ‘caution’ et de ‘poche arrière’, mais le jargon légal sonnait à mes oreilles comme une langue satanique que je me devais d’ignorer. Encore moins la répéter.

"Qu’auriez-vous fait, à ma place ? Je l’ai croisé devant l’école privé de Huntington. Et tu sais à quel point je n’aime pas me mêler de ce qui ne me regarde pas. Mais il parlait tellement fort que j’ai pas pu m’empêcher d’entendre toute la merde qu’il donnait à son fils parce qu’il avait embrassé j’sais pas qui. Et le pauvre gamin qui pliait l’échine encore plus à chaque fois que son paternel lui vomissait des insultes que même moi je n’oserais pas prononcer. Alors, j’ai pensé à toi, ma super héroïne et je me suis interposé. J’ai été super soft en plus, t’aurait été fière de moi. J’lui ai dit que c’était pas une façon de parler à son fils. Il m’a dit de me… d’aller me faire foutre. J’lui ai dit que son gl… attitude ferait honte à sa sainte mère. Il ma caressé la joue gauche. J’lui ai défoncé la joue droite.  Et la gauche, aussi… avec ma botte. "

C’était la pure vérité, en plus. Enfin, à quelques mots près.

"Son fils, il m’a rien dit, mais dans ses yeux, j’ai vu sa gratitude… Puis, cinq minutes plus tard, les flics m’ont embarqué. "

"Est-ce que je suis dans la merde, Beth ? "
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MessageSujet: Re: Philanthropie version Beth - avec Beth   Philanthropie version Beth - avec Beth EmptyLun 5 Sep 2016 - 2:17



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Beth Wilkerson & Tom Fuller



Sur la route du commissariat, Beth ne pouvait s'empêcher de se demander pourquoi Tom l'avait appelée elle. Même un avocat commis d'office aurait plus de chance de le sortir de ses déboires qu'elle. Peut-être que toutes les années qui s'étaient écoulées depuis la fin de ses études n'étaient pas étrangères à ces doutes, mais cette récente série d'échecs qu'était devenu sa vie depuis des mois ne l'aidait pas à positiver lorsqu'il s'agissait de relever de nouveaux défis. L'appel de Tom l'avait perturbée dans ce morose quotidien qu'elle avait pourtant décrété essentiel à sa reconstruction. Le commissariat ? Elle n'y avait jamais mis les pieds, même en tant que conseillère municipale. Elle n'en avait pas eu l'occasion jusque-là, mais Tom était en train de la lui offrir bien gracieusement. Et malgré toutes les doutes dont elle était assaillie concernant ses capacités à plaider au nom de quiconque, d'autres inquiétudes la tiraillaient. Qu'avait-il pu arriver à Tom ? Se jouait-il d'elle ? Cherchait-il à se venger de leur dernière entrevue. Car Beth le savait parfaitement, elle n'avait pas forcément été des plus ouvertes et courtoises.

Pourtant, c'est un Tom souriant qui l'accueillit de l'autre côté des barreaux, et cet étrange de sourire ne le quitta pas, même lorsqu'ils furent aimablement escortés dans cette drôle de salle réservée aux contacts entre avocats et clients. « Je sais pas... je te connais pas si bien que ça », répondit-elle, hésitante, en regardant partout autour d'elle, comme si on venait de la jeter dans la fosse aux lions. Elle en avait fréquenté, des endroits du genre, pendant ses études. A Los Angeles et en tant qu'étudiante, elle avait fréquenté un sacré cabinet d'avocats. Mais cette vie-là lui paraissait ne jamais avoir réellement existé. Était simplement les années qui lui avaient volé cette flamme qui l'avait autrefois animée, ou Daniel qui avait emporté tout ça avec lui ? C'est Fuller qui, en lui prenant les mains, calma ces tirades infernales qui swinguaient gaiement dans sa tête. Elle le fixa subitement, obnubilée son calme et soudainement apaisée par le silence de la pièce. « Merci d’être venue, Beth. Un gars comme moi n’a plus beaucoup d’amis lorsqu'il se trouve dans un poste de police. » Elle ne put s'empêcher de sourire. Pourquoi était-elle prête à lui rendre service ? Elle n'en avait aucune espèce d'idée. Comme elle le lui avait dit quelques instants plus tôt, elle ne le connaissait pas tellement plus que lorsqu'il avait franchi le seuil de son bureau à l'association près d'un an plus tôt. « Un gars comme toi m'a moi » répondit-elle avec bienveillance avant de grimacer et de soupirer. « Même si je suis pas sûre que ça soit une bonne chose... » Lorsqu'il lâcha ses mains, elle, nerveuse, réaligna son petit tas de feuille pour qu'il soit aligné au le bord de la table.

Il reprit la parole, lui arrachant un nouveau sourire... jusqu'à ce qu'il sous-entende -ou sur-entende- l'homosexualité du policier qui les avait menés jusque dans cette salle. Son visage se crispa subitement alors que ce simple terme la renvoyait à son ancien époux. Enfin... légalement encore son époux. Les choses traînaient, et elle était assez familière avec le système judiciaire américain et californien pour savoir qu'elle ne serait probablement officiellement pas célibataire avant un long moment. Qu'est-ce qu'il lui tardait, pourtant, de reprendre son nom de jeune fille pour pouvoir mettre ce mariage misérable derrière elle. Il lui fallut faire force de détermination pour reprendre ses esprits et se concentrer un maximum sur ce que Tom lui expliquait. « Un avocat du groupe Hamilton ? » répéta-t-elle un peu bêtement, les sourcils froncés, lui donnant un air sévère. Ces histoires de grands groupes familiaux, et maintenant qu'elle s'apprêtait à quitter celui des Wilkerson plus que jamais, la débectait. Ce n'était pas le pouvoir qu'elle aimait, celui des noms et des abus et des inégalités de traitement. « Je vois rien, tu dois pas marquer très facilement », tenta-t-elle de se détendre alors que les idées tournaient dans sa tête à une vitesse hallucinante. « Ou alors faudra me donner le nom de ton correcteur, ça m'intéresse. » Eh ouais, le maquillage, rien de mieux pour tricher sur ses nuits et ses malheurs. Depuis quelques mois, elle savait que son image reposait au moins autant sur son anti-cernes que sur le sourire un peu forcé qu'elle affichait à son association ou à la mairie. « Oui, oui, c'est sans nul doute une histoire de taille de bâton. Ou alors c'est juste que quand on a l'argent et le nom, on considère qu'on peut tout se permettre », soupira-t-elle, amère, en griffonnant quelques premières notes sur sa page vierge. « Il faudra me donner son nom précis. Est-ce que tu considères que c'est lui l'instigateur de votre... rixe ? » demanda-t-elle sans lever le nez de son dossier, écrivant déjà ses premières idées. « Est-ce qu'ils t'ont parlé de caution ? Tu peux sortir sous caution ? Est-ce qu'il a porté plainte ? Est-ce qu'il y a des témoins ? »

Et la réponse à certaines de ses questions lui fut bien rapidement apportée. Elle ne put s'empêcher de lâcher un sourire de satisfaction en l'entendant expliquer les raisons de son heurt, mais elle se retint de tout commentaire encourageant, se racla la forge pour reprendre son sérieux, et et rajouta rapidement quelques mots sur sa feuille blanche. « C'est mal. On ne répond pas à la violence avec de la violence », lâcha-t-elle pour le geste, le ton de sa voix rendant bien clair tout le soutien qu'elle pouvait avoir pour Tom et son acte héroïque. Si elle avait eu un enfant avec Daniel, elle ne l'aurait jamais éduqué de cette façon. Et elle n'aurait laissé aucun Wilkerson le faire à sa place. Daniel, elle le savait, et malgré tous les ressentiments qu'elle pouvait aujourd'hui avoir à son égard, aurait été un incroyable père. Mais sa famille ? Pas tellement. De toute façon, la question ne se posait pas... elle ne se posait plus. Elle avait tué leur enfant, et même le père de ce dernier n'avait jamais su ce qu'ils avaient crée ensemble. « Donc c'est lui qui a commencé ? » demanda-t-elle pour être sûre de ce qu'il avançait.

En pleine réflexion sur les procédures à mener, croisant les bras sous sa poitrine, elle lui jeta un coup d'oeil lorsqu'il reprit la parole. « T'es pas dans la meilleure des situations, mais t'es pas dans la merde », répondit-elle, l'air grave. « Est-ce que tu sais s'il t'attaque ? Parce que si c'est pas le cas, tu risques rien. Ils te relâcheront aussi sec et tu seras tranquille. Donc s'ils t'ont pas encore relâcha, y'a deux solutions : soit il t'attaque, soit il hésite avec son avocat. Parce que je vais être franche, si c'est lui qui t'a attaqué le premier, c'est lui qui risque le plus. C'est une simple voie de fait* et selon le paragraphe 243 du code pénal californien, il risquerait au plus six mois de prison. Les amendes, je pense qu'il en aurait rien à foutre. Son avocat lui conseillera sûrement de rien faire. S'il ne l'écoute pas, on a notre défense. S'il y avait des témoins, ce serait parfait. Le jeune, peut-être ? » réfléchit-elle à voix haute avant d'ajouter : « Mais si t'étais devant l'école, il devait y avoir d'autres parents, peut-être ? Bon. De toute façon... commence déjà à réfléchir à si tu veux porter plainte contre lui. » Elle marqua une pause et sourit alors que son regard se posait sur sa feuille et qu'elle passait à la seconde pour commencer à rédiger quelque chose de sa plus belle écriture. « Tu sais, pour lui donner une leçon qu'il serait pas prêt d'oublier. » Elle signa le document et le tendit à Tom en lui glissant le stylo. « Je suis désolée, comme je t'ai dit, je suis dans aucun cabinet, je fais avec les moyens du bords... Si ça te fait pas peur et que tu veux faire de moi ton avocate, il faut officialiser ça. Il me faudra aussi un dollar symbolique. Je te le rendrai en bière, si tu veux. Après, j'irai voir ce flic pour savoir s'il connaît la décision d'Hamilton et le nom de son avocat. Ça doit être dans la famille, mais bon. » Elle se laissa tomber contre le dossier branlant de sa chaise et croisa à nouveau les bras. « Tom Fuller, défenseur de la veuve et de l'orphelin... »
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MessageSujet: Re: Philanthropie version Beth - avec Beth   Philanthropie version Beth - avec Beth EmptyJeu 15 Sep 2016 - 22:35

C’était touchant de l’écouter parler, la maître Wilkerson. Elle était là, assise dans une cellule de prison à m’expliquer que je pouvais compter sur elle. C’était beau. Ça réchauffait le cœur. En même temps, je me demandais jusqu’ou sa bonté allait. Serait-elle là si j’avais tiré à bout portant sur un mafieux ? Ou écrasé un aveugle en conduisant ivre ?

À essayer dans les mois à venir. Vous ne connaitriez pas un aveugle, par hasard ?

" Alors j’suis le plus chanceux des détenus. "

C’est important à cultiver, l’altruisme. Ça meurt si vite. Et pourtant si facile à nourrir.

" Ok, attend, je vais peut-être devoir rectifier un truc. J’suis doux, mais pas suffisamment doux pour porter du maquillage… Et dans le cas qui nous concerne, je crois que ça a plutôt à voir avec la vigueur de mon agresseur plutôt que ma peau. Ça sonne bizarre en bouche ça, agresseur. J’me sens pas propre tout d’un coup… "

Ça donnait vraiment une toute nouvelle perspective au système de justice que de le vivre en compagnie de Beth. De l’écouter me demander qui avait touché qui en premier, puis à prendre tout ça en note comme s’il s’agissait des numéros gagnants de la loto du mois prochain. Elle s’investissait vraiment dans mon histoire. Alors que c’était plutôt moi qui avait généralement tendance à infiltrer les histoires des autres.

"Pruttford. Tu parles que je me rappèle de son nom. Pruttford… ça s’oublie pas. Je crois que c’est Jim, ou James, Pruttford. Il était pas très bavard durant notre petit séjour commun ici, et il ne m’a pas vraiment présenté à sa mère… Je sais où il habite par contre!  "

Ohhh comme je me ferais un plaisir d’aller lui présenter Beth la Terrible! Et de pisser sur ses fleurs.

Mon excitation à l’idée devait se voir dans mes yeux.

"Y’avait son fils qui était là. Encore une minute et je crois qu’il m’aurait remplacé, à taper sur son père. Je voudrais pas le traîner dans cette histoire par contre. Le pauvre gosse en a déjà assez sur les épaules. Y’avait quelques autres personnes, mais je ne crois pas que je les reconnaitrais.  "

Elle me rabroua ensuite pour avoir usé de violence, mais je voyais bien que le cœur n’y était pas. Je baissai néanmoins piteusement  la tête.

"Désolé, maître Wilkerson. Je ne le referai plus.  "

Mon sourire trahissait probablement l’absence de sincérité.

"Nous ne sommes pas allés à la même école, toi et moi. La violence est la façon la plus accessible de renverser ceux qui dominent grâce à la tyrannie du système législatif. Différentes armes, même combat. Et même misère. D’ailleurs, j’sais pas si vous avez des enfants, mais c’est pour exactement la même raison que les brutes cognent sur les intello à l’école. L’autre extrémité du pendule. "

La suite me pris franchement par surprise. Elle se proposait de me soutenir dans des procédures légales contre un avocat, pour lui mettre une correction sur son propre terrain. J’en croyais à peine mes oreilles. Cette femme avait le feu sacré.

Je parcourus le document qu’elle me tendait des yeux, en me demandant si je devais jouer sur les préjugés et feindre l’analphabétisme. Un regard dans les yeux de Beth me convainquit du contraire.

Elle méritait mieux que ça.

Et elle méritait une chance de se battre. C’était évident que ça la démangeait.

Je me reculai dans ma chaise.

"Wow... Je... Je sais pas quoi dire… Déjà que tu sois venue pour me soutenir, mais là… non seulement tu me dis que tout va bien aller, mais en plus, que nous avons une chance de le faire payer parce que c’est un pourri ? De la bonne manière ?  "

Je m’étirai au-dessus de la table pour la prendre dans mes bras, faisant crisser la chaise dans mon déplacement.

C’était une idée complètement loufoque, de poursuivre un type dont je venais de défoncer la gueule. En même temps, c’était tellement poétique.

Je repris ma place.

"Ce serait un rêve, de voir le système judiciaire fonctionner pour de vrai. De montrer ça au gamin Pruttford, en plus. Et je ne le ferai avec personne d’autre au monde que vous, Maître Wilkerson, peu importe la taille de son cabinet. Sauf que… "

J’avais une sainte horreur des juges et des cours, pour être honnête. Tous une bande de p’tits cons qui se cachaient derrières des années d’inaction pour continuer de macérer dans leur immobilité et, surtout, pour demeurer à des milliers de kilomètres de toutes formes de risques! J’avais ma façon de faire les choses, et ces gros systèmes sociaux n’en faisaient absolument pas partie.

Mais là, c’était différent. C’était pour Beth.

Je regardai autour de moi, puis je baissai le ton, honteux.

"Sauf que… je n’ai pas vraiment d’argent. Ni vraiment d’emploi…en fait, je vis dans la rue… "

Elle n’avait pas besoin de savoir que c’était par choix, et que je vivais infiniment mieux que la quasi-totalité des esclaves salariés. Ni que je possédais mes entrées dans plusieurs baraques de la ville.

"Je ne vois pas comment je pourrais réussir à vous payer. Enfin, le dollars, je pourrais le trouver, mais après…En plus…"

Petite pause, pour ajouter au suspense de la scène. J’suis un artiste de la manipulation.

"… Ils ne veulent pas me laisser sortir sans une caution de 500$. Et à cause de ma situation locative, ils insistent que quelqu’un se porte garant de moi jusqu’à ce que l’affaire soit conclue..."

J’avais peut-être un peu exagéré cette histoire de garant, et peut-être qu’ils me laisseraient sortir sans. Mais bons, tous ces termes légaux me dépassaient –elle me pardonnerait certainement une petite inexactitude ?

Si jamais elle la découvrait, bien entendu.
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MessageSujet: Re: Philanthropie version Beth - avec Beth   Philanthropie version Beth - avec Beth EmptyLun 19 Sep 2016 - 1:29



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Beth Wilkerson & Tom Fuller



« Alors j’suis le plus chanceux des détenus. » Beth se demandait si son client à venir prenait vrament la mesure des choses. Elle n'était avocate que sur le papier. Elle n'avait exercé le droit qu'en tant qu'étudiante et continuellement supervisée par de vrais avocats. Elle n'avait pas les moyens juridiques d'un cabinet, et elle ne pouvait même plus compter sur ceux qu'auraient pu mettre à sa disposition celui de Daniel. Même eux n'avaient aucune nouvelle de lui, et c'était tout ce qu'elle savait. « Ne parle pas trop vite... » Elle ne savait pas pourquoi elle avait accepté d'être là et d'entendre son histoire. Cet homme, elle le connaissait à peine. Pourtant, elle s'était prise d'une étrange affection pour lui, le genre d'affection qui lui interdisait de tourner les talons et d'ignorer la situation dans laquelle il se trouvait. Pourtant, elle redoutait par-dessus tout d'aggraver cette situation. Les souvenirs, elle les avait. Mais la théorie et la pratique étaient aussi proches l'une de l'autre que Donald Trump et le Dalai Lama. En reprenant la parole, il lui arracha un sourire. Heureusement que l'un d'eux était assez détendu pour les deux. Et quel comble qu'il s'agisse du détenu... « Dommage qu'il soit pas doué. Un cocard, ça aurait été une preuve » soupira-t-elle malgré tout avant de relever son regard vers Tom. « Mais c'est peut-être pas plus mal, hein, je suis pas en train de dire que j'aurais aimé que tu te retrouves aux urgences. » Elle bafouilla quelques instants pour s'expliquer. Oh, quelle avocate elle faisait... Pourtant et encore une fois, il lui arracha un sourire -presque un rire, même. « Pruttford, mon Dieu... » gloussa-t-elle en notant le-dit nom. « Tu sais où il habite, tu dis ? » l'invita-t-elle à lui donner l'adresse. Elle lui rendrait une petite visite. Il faudrait sans doute qu'elle s'entraîne devant un miroir avant, mais elle pouvait le faire, elle le savait. Elle avait un pied dans la politique, après tout, et la pire des catastrophes en expression orale ne pouvait pas avoir un pied dans la politique; elle n'était donc pas la pire des catastrophes possibles lorsqu'il s'agissait de défendre son steak, CQFD. Elle pouvait le faire. « Je t'arrête tout de suite, t'as pas le droit de m'accompagner. Par contre, tu pourrais rester dans la voiture... » souffla-t-elle en arquant un sourcil malicieux, l'air de rien.

Le gosse, pauvre gosse. Elle acquiesça à la remarque de Tom, bien consciente qu'il était mieux de ne pas impliquer un enfant dans cette histoire, encore moins le fils de l'accusé, et ce pour le retourner contre son propre père. Il morflait déjà assez au quotidien, visiblement. « Ce sera facile de les retrouver. Y'a au moins les parents des gamins qui sont dans la classe du petit... Pruttford. Putain, ce nom est vraiment dégueulasse. Et puis en trouvant les emplois du temps des autres élèves, ce sera facile de savoir quels enfants sortaient à cette heure-là. Si j'en trouve un qui veut coopérer, il pourra me dire qui d'autre était là. » Tout un plan d'attaque. Il était hors de question de laisser Tom sans témoin. « J'y compte bien » répondit-elle, peu convaincue, lorsqu'il lui promit de ne plus user de violence à l'avenir. Ils savaient l'un comme l'autre que ce monde n'avait rien d'idyllique. Parfois, il fallait savoir se faire violence pour se faire entendre. Maître, pourtant... Une dénomination qu'elle n'avait plus entendue depuis bien longtemps. « Pas maître. Plus Wilkerson. Appelle-moi Beth, je me reconnaîtrai. »

Des enfants... Décidément, sans s'en rendre compte, Tom savait toucher ses points sensibles. Elle décida d'ignorer la semi-question qu'il venait de poser. Elle avait été maman, pendant quelques semaines. Maintenant, elle était une mère qui avait tué l'être qui grandissait en elle. Inutile de préciser que c'était quelque chose qu'elle préférait ne pas aborder dans un endroit et dans une situation pareille. « Même si ça se voit pas forcément, je connais notre monde. Tu connais la violence physique, je connais la violence verbale. Elles servent toujours les mêmes propos. Des fois, c'est des attaques gratuites; et des fois, elles ont un réel but. Des fois, elles sont la seule solution. » Elle laissa son regard vagabonder dans la petite pièce décrépie en repensant à sa mère. Même sa mère avait usé de ce type de violence avec elle. Les mots pouvaient parfois être aussi douloureux qu'une hémorragie. « Il y a de bonnes personnes dans le système législatif. Souvent, ce sont celles qui ne savent pas être violentes quand il le faut, d'ailleurs. » Elle se pencha vers Tom en le regardant droit dans les yeux. « Nous, maintenant, on va être violents de cette violence que la justice sait entendre : les mots. C'est une promesse. »

Quelques instants plus tard, elle lui tendait un document qu'elle venait de rédiger rapidement. S'ils voulaient se battre, il fallait qu'elle soit légalement son avocat. Il devait signer ce qu'elle venait d'écrire, et malgré ses réticences, lui demander un dollar symbolique. Un silence étrange s'installait maintenant dans la petite pièce, alors qu'il lui jetait un drôle de regard et s'enfonçait dans sa chaise. Elle avala sa salive avec difficultés, se demandant si elle ne venait pas de faire une grosse gaffe. Elle s'était encore trop emportée. Sauf que... « Wow... Je... Je sais pas quoi dire… Déjà que tu sois venue pour me soutenir, mais là… non seulement tu me dis que tout va bien aller, mais en plus, que nous avons une chance de le faire payer parce que c’est un pourri ? De la bonne manière ? » Non, elle ne s'était pas emportée. Pas de trop, en tout cas. Elle sourit, soulagée, et respira à nouveau. « C'est ce que je te dis, oui... je vais te prouver que la justice sait écouter, quand on sait lui parler. » Elle avait à peine eut le temps de finir sa phrase qu'il s'était presque allongé sur la table pour la prendre dans ses bras. Surprise, Beth eut une première réaction raide, puis passa son bras dans le dos musclé du blond, et bêtement, sourit.

« Beth, je t'ai dit » tenta-t-elle de l'arrêter avant qu'il ne prenne une voix grave, sur le ton de la confidence, qui l'inquiète. A quoi devait-elle s'attendre maintenant ? « Sauf que… je n'ai pas vraiment d’argent. Ni vraiment d'emploi… en fait, je vis dans la rue… » Elle bloqua quelques instants, le regard fixé sur Tom, médusée par ce qu'elle venait d'entendre. L'accusé finit par reprendre la parole pour finir de clarifier sa situation. « Dans... dans rue ? » Une idée lui traversa la tête, et elle ne prit pas le temps de réfléchir avant de reprendre la parole. « T'as besoin d'un logement ? » Elle avait toujours sa grande villa qui restait désespérément vide depuis le départ de Daniel. Elisabeth était retournée chez elle depuis bien longtemps déjà. Elle ne connaissait guère plus Tom qu'avant qu'il l'appelle, mais elle ne pouvait se résoudre à le laisser vivre dans la rue. Tout le monde avait le droit d'avoir un toit au-dessus de sa tête, et, au-delà de ce toit, un foyer accueillant pour le protéger de tout le reste. « Les 500$ de caution, y'a pas de problème. Ça revient même à me porter garante. » Elle ne se souvenait pas avoir déjà vu quelqu'un devoir se porter garant pour la libération sur caution d'un accusé, même s'il n'avait pas d'adresse fixe. « Un dollar, vraiment pas ? » le supplia-t-elle presque du regard. « Et après, je t'offre un bon café pour te rembourser. J'ai juste besoin du dollar significatif... Ou un thé, d'ailleurs, peu importe » insistait-elle, désolée d'avoir à le faire. « C'est le premier pas vers le combat » tenta-t-elle en papillonnant des cils en argument ultime. « Un garant, t'es sûr ? J'ai jamais vu ça nulle part... la caution sert de garantie... Oh, peu importe. Donne-moi un dollar et je ferai éclater au grand jour la réelle nature de... Puttford. »
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MessageSujet: Re: Philanthropie version Beth - avec Beth   Philanthropie version Beth - avec Beth EmptyMar 27 Sep 2016 - 17:58

" Oh putain, oui, je t’en prie, laisse-moi être dans ta voiture quand tu vas aller lui annoncer qu’on le poursuit! J’vais être sage comme une image, j’te promets. Par contre, je te garantis pas que tu ne m’entendras pas rire pendant que tu lui foutras la volée verbale de sa vie! "

Voir la gueule du Pruttford alors que la conseillère plus-si-Wilkerson-que-ça lui annonce qu’il fait l’objet d’une poursuite judiciaire pour voie de fait sur un hobo vaut ma foi tous les handjobs du monde. Enfin, au moins tout ceux de Californie, ne nous énervons pas trop vite.  

J’suis convaincu qu’elle conduit une bagnole démente en plus, ma Beth.

Avec des calques de flammes dessus.

" Si je peux me permettre, Beth, t’as bien fait de changer de nom. Wilkerson, c’est un nom de merde. J’veux dire : le fils de Wilker ? J’ai pas une grande éducation, mais déjà, c’est moche de te définir en fonction de tes parents, puis surtout, rien qu’en te regardant, c’est plutôt évident que t’es le ‘fils’ de personne, for fuck’s sake. T’as choisi quoi à la place ? Beth Thunderbird ? Beth McAwesome ? Beth Illicious ? Beth Kant ?"

Je jouais au con, bien sûr, mais je me demandais non moins ce que cette histoire impliquait. Avait-elle finalement épousé le pirate que j’avais croisé il y avait quelques temps, ou bien, au contraire, retrouvait-elle ses ailes ? Dans tous les cas, cela promettait d’être épique.

" Ouais... dans la rue… Écoute, j’veux pas de pitié ou que ce soit. C’est juste que ces derniers temps, j’ai eu un peu de difficultés à me ré-acclimater. Y’a certaines choses qui…ne seront jamais plus comme avant. J’suis pas un gars parfait, loin de là, mais je m’en sors. Et puis, la solitude d’habiter seul dans un petit logement, ça me rendrait dingue… Il me faudrait quelqu’un, pour m’aider à me remettre sur mes rails, mais… c’est presque aussi difficile à admettre qu’à trouver… "

Of course I was lying my ass off. De dire que je vivais dans la rue, c’était comme si le propriétaire de la Joconde mentionnait qu’il possédait une vieille toile. Je ne possédais légalement rien, vrai, mais par choix. Parce que refusant de reconnaître leur système de propriété, tout m’appartenait. Par contre, si prétendre le contraire me donnait une chance d’aller habiter quelques temps avec la peut-être nouvellement célibataire Booty Beth…

J’étalai le contenu de mes poches sur la table devant moi. Une douzaine de pièces, totalisant un dollars quarante-trois sous, un carton d’allumette du Red Dragon, une carte d’affaire d’un certain Comte von Dil Do in Hass et, bien entendu, un préservatif. Sans saveur, cette fois-ci, mais avec un beau gros « XL » bien en évidence. Que je ne remis pas assez promptement dans ma poche.  

" Désolé...Est-ce que tu crois qu’il y assez ? Je peux remettre le condom, si ça permet d’atteindre le dollar ? "

N’allez pas vous mettre en tête que je ne sais pas compter! Simplement qu’en ce moment, ce n’était pas à mon avantage, tout simplement.

" Tu... tu vas vraiment vouloir être ma garante ? Et payer 500$ pour moi ? Wow… écoute, j’sais pas quoi dire. J’vais te les rembourser, je te le promets. Je retournerai m’enrôler dans l’armée, s’il le faut. Ou bien j’irai vendre un rein. Faire ta pelouse. Te masser les pieds. J’suis plein de ressource – je vais trouver un moyen.  "

Putain, cette histoire était en train de prendre une tournure franchement incroyable. Une chance sur deux  qu’elle soit en instance de divorce, 50% des chances qu’elle m’héberge sous son toit, et 100% de chance qu’on aille enculer un fils de pute ensemble! J’vous laisse faire vos calculs, mais pour une journée qui commençait par un séjour en prison, elle venait de devenir une des plus glorieuses de la semaine. Fuck, peut-être même du mois!

" J’me suis peut-être planté, avec l’histoire de garant. Ils le font exprès, d’utiliser ce jargon que la plèbe ne peut pas comprendre… Je croyais que vu qu’ils ne savaient pas où me retrouver, ils tenaient mordicus à ce que j’habite chez quelqu’un le temps que cette histoire se règle, pour pouvoir me convoquer en cours si cela s’avérait nécessaire. Et pour éviter que je disparaisse dans la nature comme un pleutre. J’s’rais pas surpris d’entendre que la seule chose qui les intéresse en fait, c’est l’argent de ma caution…  "
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MessageSujet: Re: Philanthropie version Beth - avec Beth   Philanthropie version Beth - avec Beth EmptyLun 3 Oct 2016 - 2:05



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Beth Wilkerson & Tom Fuller



Cela ferait bientôt un an que Daniel l'avait quittée, mais Beth ne se remettait que tout doucement du cyclone qui avait traversé et retourné sa vie entière. Il lui avait fallu plusieurs mois pour oser remettre le pied à son association ou à la mairie, premier plongeon pour retrouver la vie qu'elle avait construite. Parce que c'était ce qu'Elisabeth et Eden s'évertuaient à lui répéter : elle était une femme indépendante, elle n'avait pas besoin d'un homme pour diriger sa vie. Ce n'était pas lui qui avait fait d'elle ce qu'elle était; peu importe ce qu'elle pensait d'elle-même, elle s'était faite toute seule. Les premiers pas sans lui, pourtant, avaient été incroyablement difficiles. Elle craignait le regard des autres plus que celui qu'elle portait sur elle-même. Qu'avait-on pu dire d'elle ? Que pouvait-on pu dire d'elle ?

Elle avait appris à ignorer ce que ses peurs la poussaient à penser. Ses collègues étaient restés les mêmes, près à la soutenir, et s'il avait fallu une armée pour la faire peu à peu reprendre confiance en elle, elle continuait chaque jour de se reconstruire, comme si c'était un exercice de chaque instant. Elle avait repris à la mairie les dossiers dont elle était en charge, et s'y consacrait comme elle avait pu le faire auparavant. A l'association, elle avait appris à déléguer. Leah, Matthew et Elisabeth étaient ses plus grands soutiens. Elle évitait Julian depuis le début de l'année; cette aventure au Guatemala les avait incroyablement éloignés, quoiqu'ils puissent en dire. De tout ce dont elle avait peur, la personne en laquelle elle semblait se transformer était la pire. Elle ne trouvait plus le même charme à chacun des objectifs qu'elle atteignait, parce qu'elle n'avait plus personne avec qui les partager en rentrant chez elle. Elisabeth avait depuis longtemps quittés sa ville, qui demeurait depuis incroyablement vide. Elle invitait autant que possible; Leah et Mason, Eden et Faith... tous l'aidaient, et tous lui rappelaient que ce n'était pas seulement à son mariage qu'elle avait échoué, mais également à cette aspiration qu'elle avait de devenir mère. Sans le savoir, Tom lui offrait un nouvel objectif, une nouvelle façon de se prouver qu'elle valait plus que tout ce dans quoi elle semblait s'être enfermée pendant tous ces mois. « Oh, mais je rêve de t'entendre rire quand je lui annoncerai la nouvelle » sourit-elle, malicieuse, « mais m'en veux pas, je devrai faire ma poker face. Je suis une avocate neutre et professionnelle. » Oh, et quel objectif il lui donnait là... l'objectif de toute sa vie politique, sans doute, et par extension, de sa vie toute entière. La destruction de cette frontière en verre qui séparait les privilégiés du reste du monde. La justice existait, et c'était pour elle qu'elle avait travaillé des années durant à obtenir ce grande, chèrement payé, d'avocat à la cour de Californie. Elle laissa échappé un sourire triste lorsqu'il embraya sur son nom. Elle l'avait cherché en refusant d'être appelée par le nom de son mari. Mais elle ne pouvait l'être. Même si elle n'en avait pas eu conscience à l'époque, même s'il lui avait fallu des mois pour le réaliser, lle avait cessé d'être madame Wilkerson dès le moment où il avait franchi le pas de la porte de leur foyer. « Officiellement, c'est encore mon nom... » souffla-t-elle tristement sans rien ajouter de plus à ce sujet. Tom avait bien plus important à penser que les histoires de cœur d'une avocate incapable de se faire aimer de son propre époux. « Walsh. Je préfère tes propositions, mais la tradition ça reste de reprendre le nom de sa famille. » Le nom de ses parents. Ce n'était pas beaucoup mieux, à dire vrai. Ils étaient à peine au courant qu'elle s'était séparée de Daniel; Beth ne voulait pas donner à sa mère la satisfaction d'avoir eu raison sur toute la ligne. Plutôt mourir que de lui avouer qu'elle n'avait pas su le satisfaire. « Merci... » glissa-t-elle maladroitement. Tom semblait avoir la recette pour lui rendre le sourire. Et il semblait aussi avoir la recette pour la complimenter plus qu'elle ne le méritait. « Ecoute... » Elle ne comprenait plus grand chose d'autre que le fait qu'il n'avait pas de foyer. « C'est pas de la pitié. J'ai pitié que des crétins écervelés qui nous dirigent ou des salopards qui sont de l'argent sur le reste du monde. Ce sont les seuls à mériter ma pitié. » Elle passa une main dans ses cheveux, cherchant maladroitement les mots pour être sûre de ne pas être mal comprise. « Je peux pas te garantir de te sortir de tout ce qui t'est préjudiciable. Si j'en avais le pouvoir, sois sûr que je le ferais. Mais on vit pas dans ce genre de monde où la seule volonté permet d'obtenir ses buts les flous. Je peux juste te proposer une chambre chez moi. C'est trop grand, trop vide... Je cuisine pas trop mal, et j'ai le câble. En ce moment y'a une série avec une nana qui me ressemble comme deux gouttes d'eau. Apparemment, elle est dresseuse de dragons; je sais pas, j'ai pas trop suivi. Peu importe. Tout ça pour dire... si t'as besoin, une chambre t'attendra chez moi. Et j'y serai aussi... » Elle se racla la gorge avant de préciser : « si t'as besoin d'une oreille attentive. Et puis... » Elle soupira une énième fois, gros tas de chagrin à peine masqué. « J'ai besoin de quelqu'un pour m'aider à me remettre dans les rails, moi aussi. » Proposition sans doute bien déraisonnable, elle l'admettait bien volontiers. C'était seulement la seconde fois qu'elle le rencontrait. Mais pourtant, cet homme avait démontré en ces deux entrevues d'une bonté authentique. Maladroite, mais authentique. Quoiqu'ait pu faire Daniel d'elle pendant toutes ces années d'un mariage aveugle, il n'avait pas écrasé cette part d'elle qui voulait constamment sauver le monde de lui-même. Il restait du bon ici-bas, et il valait la peine, au moins, d'essayer.

Son regard se posa sur ce que versait Tom sur la vieille table. Elle arqua un sourcil curieux. Cet homme-là semblait avoir quinze vies. Impossible de recoller tous les morceaux pour en faire une histoire cohérente. Elle aimait le mystère qui s'en dégageait, cette preuve d'une liberté qui avait encore sa place ici. « J'ai pas besoin de capote » rit-elle, non sans penser à Daniel et à son aventure d'une nuit avec Julian, plus récente. Non, vraiment, elle n'avait plus besoin de capotes. Elle fit glisser quelques pièces jusqu'à elle et compta un dollar pour lui rendre le reste. « Ça me suffit amplement... Je te laisse tes autres trésors » sourit-elle, amusée. « C'est qui ce comte ? On dirait le nom d'un acteur porno. » Elle n'attendit guère plus longtemps pour lui annoncer solennellement la nouvelle. « Ça y est, je suis donc ton avocate, monsieur Tom Fuller. »

Mais les démarches n'en étaient qu'à leurs débuts. Il y avait cette caution qu'il ne pouvait se permettre, et puis il y avait elle aux revenus aisés dont elle ne savait guère plus que faire. Tenir une association et être conseillère municipale lui rapportait largement de quoi subvenir à ses besoins, même avec le départ de Daniel. « J'ai besoin de rien d'autre que de voir cette injustice réparée. Fais pas de conneries. Et je le pense : fais pas de conneries. » Elle le trouvait assez mystérieux pour trouver légitime de se poser la question du sérieux des options qu'il envisageait pour la rembourser. « C'est à ça que sert la caution, que tu te pointes pour la récupérer. Tu te pointeras, on va les récupérer, c'est aussi simple que ça. »

Elle ferma son dossier dans un coup de vent et le rangea, avec son stylo, dans son sac. Elle fit glisser les quelques pièces de Fuller, qu'elle glissa dans une poche de son sac. Elle se releva et fit claquer ses talons sur le sol en béton pour rejoindre la porte métallique, à laquelle elle frappa du poing. Le policier qui les avait installés dans la pièce leur ouvrit et Beth lui offrit son plus beau sourire. « Je suis l'avocate de monsieur Fuller ici présente, Maitre Wilkerson. » Prononcer ce nom la fit frissonner, mais elle ne laissa paraître aucune sorte d'émotion. Elle était sur le point de faire ce qu'elle aimait le plus en ce bas monde : réparer une injustice, et prouver à tous ceux qui avaient cru s'en sortir sans une égratignure qu'ils auraient mieux fait d'accepter l'égratignure. « On va payer la caution de $500, et on va porter plainte, aussi. Vous pouvez préparer le dossier et libérer monsieur. Dites-nous juste dans quel bureau vous nous attendez pour les détails de notre plainte. »
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MessageSujet: Re: Philanthropie version Beth - avec Beth   Philanthropie version Beth - avec Beth EmptyMar 11 Oct 2016 - 17:45

" Walsh ? Vraiment ? Écoute, c’est correct, j’peux comprendre, vu que le code des lois, c’est ça qui te branche et tout et tout… Mais est-ce que ça te dérangerait que je t’appelle ma Miss McAwesome quand même ?  "

Bam! Le chat sortait du sac. Il ne suffisait plus que de connecter les points pour comprendre que Booty Beth redevenait un trésor à conquérir. Je n’avais rien contre monsieur Wilkerson. Au contraire, même. Simplement que les périodes de transition et de changement sont tellement plus intéressantes que les navires qui ont jeté l’ancre. Surtout si je suis aux premières loges pour assister à la très certainement houleuse reconstruction.

Parce que c’était maintenant officiel – elle me voulait sous son toit!

Fallait qu’elle m’intrigue, la Beth, pour que je m’embarrasse d’une adresse, aussi non-officielle soit-elle.

" Oh my god, une chambre…et le câble. Ça fait des années que je rêve d’écouter des dessins animés en mangeant mes céréales le matin… Merci mille fois pour ta confiance, Beth! Je vais me faire aussi petit qu’une souris, tu verras tu ne sauras même pas que je suis là! No, wait... "

J’hallucinais, vraiment. J’étais très certainement le plus grand marionnettiste d’opportunités de la côte d’ouest, no contest there, mais pourtant, jamais au grand jamais je n’aurais osé espérer un tel revirement de situation. Je venais littéralement de frapper un grand chelem en dixième manche du dernier match de la série mondiale. Je venais d’obtenir une chance d’empêcher le zombie de mettre ses gros doigts sales sur Beth, bienfaitrice de l’analphabète et justicière masquée. C’était une sacré prise!

" J’serai pas silencieux, en fait… Et je prends beaucoup de place. Pas que je me laisse traîner – tu risques pas grand-chose là-dessus, parce que je ne possède pas suffisamment d’objets pour que ça soit encombrant, même si j’essayais très fort- mais juste parce que je ne fais jamais semblant. J’aime le vrai, pis le vrai, ça occupe de l’espace. Et je peux rarement m’empêcher de faire exploser le phony- et ça c’est bruyant… Mais tu verras, après une semaine, tu ne voudras plus jamais me laisser partir. Parole de boyscout. "

Je mets la main gauche sur mon cœur et lève la main droite en un serment officiel.

" J’te parie une semaine de plonge que je cuisine mieux que toi, par contre. J’suis même créateur de deux nouvelles tendances culinaires super hipster. La première, ça s’appelle le Real Junk et ça consiste à recycler créativement les restes légèrement périmés. Tu verras, c’est génial. "

Ouais, je sais, je réalise que ma jubilation intérieure à un petit quelque chose de malsain. J’veux dire – dans quel état croyez-vous qu’il faut se trouver pour aller sortir un SDF de prison, lui payer sa caution, lui offrir une chambre dans sa maison ET lui offrir de lui faire àbouffer? Vous voyez, le fond du baril ? Ben en fait, y’a un espace encore un peu plus creux et encore moins confortable – SOUS le baril. Elle allait devoir en baver avant de parvenir à se reconstruire. Heureusement pour toi, le karma a mis Tom the Builder, le plus grand d’architecte d’âme humaine, sur ta route, Beth. On racontera encore l’histoire de la femme que tu as choisi de devenir, avec le respect que l’on doit aux plus grandes légendes, des millénaires après que le nom de Wilkerson ne soit plus que poussière.

" Un acteur porno ? Franchement! Le comte in Hass est probablement mon deuxième plus grand idole. Juste derrière la miss McAwesome. Il n’a rien à voir avec l’industrie du sexe – j’vois même pas ce qui a pu te suggérer ça. Ton esprit mal tourné me fait me demander quel genre de chaîne j’vais trouver, sur ton câble. Ça promet. Et je comprends mieux pourquoi tu dis ne pas avoir besoin de ce préservatif…"

Je rempoche mes différentes babioles métalliques – qui possédaient toutes une histoire plus intéressantes les unes que les autres, d’ailleurs-, avant d’hocher la tête face aux recommandations de ma nouvelle avocate. Fuck, avouez que ça en jette, de dire que j’ai une avocate ?

" Est-ce que tu pourrais préciser ce que tu entends par connerie ? Ça veut dire différentes choses pour différentes personne, et je voudrais pas qu’une confusion linguistique ne vienne s’immiscer entre nous. "

Et à partir de là, je remets ma destinée entre ses mains expertes, comme des milliers de guatémaltèques. Je la suis dans le petit bureau où nous conduit un policier visiblement abasourdi par la tournure des évènements, en me concentrant sur la seule chose que j’ai besoin de faire – sourire comme un con satisfait. Ça ne m’arrivait pas souvent, que les circonstances soient de mon côté. Mais je pourrais m’y habituer. Et j’étais persuadé qu’avec mes Beth à mes côtés, le taux de succès de mes entreprises ne pouvait qu’augmenter. Elle faisait partie des gagnantes, une espèce rare et précieuse qui savait transformer en victoire les projets auxquels elle accordait son attention.

Nous survolâmes le processus législatif avec efficacité, et à peine une trentaine de minutes plus tard, je tirai ma révérence à mon ex-geôlier, sur les talons de Maître Wilkerson.

Shit was about to get real.

" God, ça a pas été long, mais grand dieu que ça m’a manqué, la liberté. Je voudrais le redire pour une dernière fois, Beth, avant que ça ne devienne gênant – merci d’être venue me repêcher aussi rapidement. T’as vraiment renversé bout pour bout mon futur… Merci. Et tu sais, si jamais tu préfères que je n’approche finalement jamais de ta maison, y’a pas de soucis, je comprendrais.  "

J’suis comme tout le monde, au final – j’sais jouer au gentleman, quand il le faut.
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MessageSujet: Re: Philanthropie version Beth - avec Beth   Philanthropie version Beth - avec Beth EmptySam 15 Oct 2016 - 3:59



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Depuis de trop longs mois, Beth avait l'impression d'avoir perdu, à défaut de l'attrait qu'elle leur portait, toutes les aspirations qui l'avaient construite jusque là. Elle était allée au Guatemala, comme chaque année, peu après que Daniel l'ait quittée, mais l'expérience semblait avoir perdu de sa saveur. L'écart dont elle y avait fait preuve aux côtés de Julian n'y était certainement pas pour rien; elle ne se reconnaissait plus vraiment. Alors, avant d'avoir l'occasion de mettre en péril toutes ses relations amicales, Beth s'était plongée dans un mutisme douloureux et solitaire. En se retirant subitement de sa scène professionnelle, elle s'était sans doute encore plus perdue, et il lui avait fallu qu'Elisabeth lui ouvre les yeux à l'occasion d'une visite surprise pour lui rappeler ce qu'elle aimait et ce pour quoi elle était faite. Car la personne entière qu'elle était était faite pour tout ce pour quoi elle s'était battue toutes ces années, du lycée à la fac de droit, des querelles les plus insignifiantes aux débats qui l'avait opposée à ses concurrents à la mairie. Tout n'avait pas été simple pour elle; peut-être parce qu'elle n'avait jamais été confrontée à l'échec, elle avait toujours eu dans l'idée que sa propre vie ne serait jamais son plus grand défi. Échouer à remporter la mairie avait été l'un de ses premiers naufrages, mais le second avait clairement été le pire qu'elle ait jamais vécu, et probablement le pire qu'elle aurait jamais à vivre. Beth s'était retrouvée seule du jour au lendemain, confrontée au choix le plus difficile qui lui avait été donné de prendre jusque-là. En quelques semaines à peine, elle avait perdu l'amour de sa vie et leur enfant. Se remettre sur pied n'avait pas été chose aisée, et c'était encore un processus de chaque instant. Le travail, à la mairie ou à l'association, arrivait à lui occuper l'esprit comme rien d'autre n'en était capable. Elle ne se morfondait plus seule dans son canapé devant des rediffusions des premières saisons de Grey's Anatomy, mais le poids de la solitude, lorsqu'elle retrouvait sa villa -leur villa-, était toujours là. L'appel de Tom avait été aussi inattendu qu'il se révélait maintenant salvateur dans le défi qu'il lui offrait. Il était temps qu'elle redevienne Beth, même si c'était Beth Walsh. Beth Walsh s'en était toujours sortie. « Si tu veux », répondit-elle, presque intimidée par l'insistance de Tom. Qu'il accepte sa proposition de venir vivre chez elle quelques temps lui arracha un sourire satisfait. Ils se rendraient mutuellement service, elle en était persuadée. Elle ne supportait plus cette solitude et ce silence qui lui donnait l'impression que la vie l'avait quittée. Elle sursautait au moindre bruit, presque persuadée qu'elle croiserait de vieux fantômes. La tombée de la nuit était devenu un moment particulièrement difficile. Il lui semblait que les lueurs orangées du soleil couchant apportaient avec elles leur lot de démons. Les nuits étaient longues et agitées, et l'aurore était une délivrance. Elle courrait plus encore qu'avant, longeait la plage sur des kilomètres parce qu'il lui paraissait ridicule de perdre ce temps à essayer de dormir. Les grasses matinées jusqu'à sept heures du matin, ce n'était plus pour elle. Elle s'agitait pour oublier sa solitude, mais cette dernière ne perdait jamais une occasion pour se présenter à elle. Son invitation était sans doute majoritairement motivée par un égoïsme qu'elle n'était pas prête à admettre, mais elle avait besoin de quelqu'un à ses côtés. Elle avait besoin de parler à nouveau, de rire, de faire vivre cette maison restée silencieuse et obscure trop longtemps déjà. « Je te préviens, j'attends de toi que tu tues les araignées », lâcha-t-elle avec un sourire complice. « T'es le bienvenu. Je serai plus là pour les dessins animés, t'auras la télé tout à toi. Tu me diras quelle marque de céréales tu préfères, j'en mange pas. Si y'a une surprise dans le paquet... on tirera au sort son heureux propriétaire. J'aime bien les dragons en plastique qu'il y avait dans la pub il y a quelques temps, mais je pense que... » Elle partait un peu loin, là, non ? Ils étaient encore enfermés dans une pièce peu chaleureuse. « Pour être honnête, je sais pas combien de temps je vais garder la maison. J'en saurai déjà plus dans quelques mois... » quand le divorce sera signé. « ... mais elle est bien trop grande pour une seule personne. En attendant, tu peux y poser tes bagages sans problèmes. » Elle se demanda un instant à quoi pourrait ressembler leur cohabitation. Elle n'avait jamais vécu sous le même toit que quelqu'un d'autre que ses parents ou Daniel. Le changement serait probablement radical, mais c'était aussi ce qui faisait le charme de ce projet. « Des restes périmés ? » répéta-t-elle en haussant un sourcil méfiant. Déjà lors de ses missions au Guatemala, elle était obligée de boire de l'eau minérale alors que tous les habitants qu'elle croisait buvaient directement au puits. Madame était une lady. Madame n'avait pas eu l'occasion de développer un système immunitaire digne des infections par ingestion.

Mais Tom était définitivement en pleine forme, et il prit la défense du Comte in Hass avec une passion non réprimée qui la fit sourire. Elle se demandait parfois où commençait son humour et où s'arrêtait son sérieux. Cet homme restait une énorme énigme à ses yeux -il fallait dire que malgré les apparences, oui, ce n'était que la seconde fois qu'elle le voyait. « Sur mon câble, j'ai HBO... » glissa-t-elle en feignant l'incompréhension. « Pauvre homme », ajouta-t-elle pour entrer dans son jeu, « heureusement qu'il est comte, ça doit compenser les moqueries qu'il pourrait recevoir avec son nom... Vous lui transmettrez ma compassion, à l'occasion. »

Ça y est, c'était officialisé : elle était l'avocate de Tom Fuller. Elle. Etait. Avocate. L'avocate de quelqu'un, en vrai, pour la première fois depuis qu'elle avait eu son diplôme. Elle repensa à ses quatre années de stages en cabinet et croisa les doigts pour ne pas avoir oublié comment se jouaient ces choses-là. « Par connerie, je veux dire t'engager dans l'armée ou vendre un rein. On va les récupérer, les sous de la caution. Donc pas la peine de faire ce que j'appelle une connerie, et que tu devrais aussi appeler une connerie. » Ce genre de décisions étaient du genre à ne pas devoir être prises à la légère, et elle ne voulait sous aucun prétexte qu'il se mette dans une situation pareille parce qu'elle lui avait offert un service. « C'est un prêt entre moi et le tribunal, voilà, un prêt. Pas de conneries », répéta-t-elle, posant un regard sévère sur son client pour être sûre qu'il comprenait bien où elle voulait en venir.

Les formalités ne durèrent pas bien longtemps, mais Beth ne put ignorer l'euphorie qui s'était emparée d'elle dès qu'elle avait officiellement chaussé ce rôle d'avocate. Dans le bureau de l'agent qui s'occupait d'eux, elle eut l'impression de retrouver cette verve qui avait disparu depuis bien trop longtemps déjà. Ils avaient porté plainte en une demi-heure à peine et échangé quelques regards satisfaits en cours de route.

Lorsqu'il quittèrent le commissariat, la lumière avait déjà changé. Beth avait du passer une heure à l'intérieur du bâtiment, mais elle portait déjà un regard différent sur le monde. L'heure avait changé et l'angle du soleil aussi, mais elle n'arrivait pas à croire qu'il puisse simplement s'agir de ça. Tom l'arrêta en haut des marches pour reprendre la parole et la remercier. « Tu sais très bien que la justice fait battre mon cœur », lâcha-t-elle avec un sourire malicieux. La justice, probablement son meilleur amant -sachant qu'elle n'avait connu que Daniel... « Dis pas de bêtises, j'étais sérieuse. Faudra juste qu'on se fasse une liste de règles à respecter. Par exemple, si tu veux ramener une fille, tu me préviens avant. Oh, et on laisse jamais la cafetière vide. » Elle descendit quelques marches avant de se retourner, le visage grimaçant face au soleil. « Faudra que j'appelle le bureau, mais ma voiture est là-bas. On lui rend une visite, à Puttford ? »

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MessageSujet: Re: Philanthropie version Beth - avec Beth   Philanthropie version Beth - avec Beth EmptyMar 13 Déc 2016 - 23:31

Vous vous en doutez peut-être maintenant, mais j’aime bien prendre les choses en mains. Certaines vagues connaissances croient que j’ai « My way or the fucking highway » de tatouer dans le visage la plupart du temps. Que nenni!!

La preuve ? Je viens docilement de déposer ma laisse entre les mains que j’espérais habiles de Beth McAwesome. Sans aucune hésitation. Sans même savoir si elle croyait savoir ce qu’elle allait en faire. Pour être honnête, ça m’importait peu. Ça me changerait, de me laisser promener en branlant la queue et en reniflant les poteaux, pour une fois. À force de vouloir changer les autres, j’avais oublié de me laisser me transformer moi-même.

Je l’admire silencieusement alors qu’elle évolue dans son élément, le cygne qui se prend pour le vilain petit canard parce qu’un trou de cul de pigeon l’a regardée de haut. Nous passons une bonne heure à nourrir la toute aussi goinfre qu’aveugle dame justice, puis, nous sortons, elle devant, moi un demi-pas derrière. Comme le prince Philip.

" Je note. Cafetière pleine. Veut participer si j’invite une fille. Autres règles de la maison ? Oh, d’ailleurs, si t’invite une fille, ou un mec, tu peux me prévenir aussi, si tu veux.   "

J’peux toujours difficilement croire que je vais habiter dans une maison bourgeoise. Ma mère serait tellement fière que ça me rend un peu mal à l’aise, pour tout dire. Et si jamais je me mettais à l’aimer, cette vie là ?!?!

" Oh putain oui, tu parles que je veux qu’on aille lui faire bouffer sa fierté, au Pruttford! Enfin, seulement si ça te convient, hein ? J’me suis déjà pas mal imposé sur ton horaire.  "

Bien sûr que ça lui convient. Elle ne rêve que ça, d’engueuler des avocats dans le tort. Mais j’suis poli.

Je la suis dans sa bagnole, rouge comme les feux de l’enfer qui dévoreront bientôt le Prutt. J’attends quelques secondes de trop avant de boucler ma ceinture, juste question de faire chier le système de sécurité. Puis je joue avec la radio, jusqu’à tomber sur un morceau de Garth Brooks.

Ouais, mon super pouvoir, c’est d’être à l’aise partout où je suis. Ça vient tout seul lorsqu’on se refuse de limiter la définition de « chez soi » à un carré tracé sur un bout de papier par un inspecteur municipal.

" J’pensais que t’étais une femme moderne. La radio, c’est pour les pauvres. T’as pas une babiole pour faire jouer ta musique ? Tu sais, celle par laquelle tu exprimes ton identité et tout ça ?  "

J’espère en fait qu’elle me lance son téléphone, que je puisse y farfouiller pour des photos de célébrités nues.

" Au poste, un plus tôt, tu me mettait en garde contre les conneries. Tu sais, comme d’entrée dans l’armée et tout ça? Je crois pas que ce soit une connerie, que de s’enrôler. Poe était sergent major d’artillerie. Tolkien a fait la première guerre mondiale. Christopher Lee a fait la deuxième. Sans tous ces petits boys qui sont allés se faire exploser la gueule en Allemagne, le monde serait complètement différent. Y’a de la merde, là-dedans, bien sûr. Comme dans tout. Mais il y a encore un principe fondamental que l’armée est la seule institution à avoir su préserver – le patriotisme. Pas forcément envers un pays, parce que ça, c’est le produit d’une jolie perversion – et la raison pour laquelle j’ai foutu le camp de là, by the way-, mais envers une cause. Quand tu t’engages dans l’armée, dans ta tête, tu te définis une série de circonstances, de principes, pour lesquels tu es prêt à donner ta vie. Des trucs qui te dépassent, qui sont tellement plus importants que l’individu que tu es, que t’es prêt à te sublimer pour eux. Ça a l’air banal dans les films, mais quand ça se passe dans ta tête, c’est une vraie bombe. C’est puissant. Et c’est tellement beau – surtout en contraste avec l’obsession pathologique avec laquelle nous pourchassons encore la vie éternelle… "

Je me retourne vers elle, et je lui demande, d’un air creepy as fuck.

" Et toi, Beth, y’as un truc pour lequel tu serais prêt à donner ta vie ?"

J’suis aussi super bon pour entretenir des conversations au sujet de la météo. Si si, j’vous jure! It’s just that nobody cares, really…

" On y est : sur votre gauche, vous pouvez admirer la résidence Pruttford, domicile de plusieurs générations de petits fils de pute. Et c’est aujourd’hui que ça va s’arrêter. Allez Beth, va lui en mettre plein la gueule! Si tu le fais pleurer, je repeins l’ensemble de ta baraque, aussi somptueuse soit-elle! Go Beth go!"

J’étais prêt à ne pas perdre une seule seconde de la scène qui allait se dérouler, convaincu que j’étais de pouvoir vendre le tout aux frères Coen (les producteurs de films, pas les mafieux locaux) afin qu’ils s’en inspirent pour refaire les Rocky en mode thriller psychologique.
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MessageSujet: Re: Philanthropie version Beth - avec Beth   Philanthropie version Beth - avec Beth EmptySam 17 Déc 2016 - 3:06



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Beth Wilkerson & Tom Fuller



Il n'était pas coutumier pour Beth de se laisser abattre, et répondre à l'appel étrange de Fuller s'avérait à présent avoir été l'une des meilleures décisions qu'il lui avait été donné de prendre depuis quelques mois. Il lui donnait une chance de reprendre les choses là où elle les avait laissées, de retrouver ce rôle d'avocat qui lui tenait tant à coeur. Peut-être que son travail en ce monde ne s'était pas fini avec le départ de Daniel, finalement. Peut-être qu'elle avait encore une chance de faire les choses bien, même sans le support d'un époux fidèle et aimant. Car après tout, se disait-elle aujourd'hui, l'avait-il vraiment été un jour ? Fidèle et aimant ? Elle s'était construire avant de le rencontrer. Elle était avocate, merde. Elle était avocate et il lui avait suffi de remettre en marche toute cette machinerie pour se prouver qu'elle n'avait pas tout oublié. Elle avait fait sortir Tom de sa cellule et comptait bien lui offrir ce que personne n'avait semblé capable de lui offrir auparavant : un nouveau point de vue sur leur monde, sur leur justice et sur leurs politiques. Ils pouvaient se battre pour rendre ce monde meilleur, tous autant qu'ils étaient, et Beth allait en donner la preuve à Tom. Les avocats n'étaient pas tous véreux et avides de pouvoir et d'argent. Ils ne débordaient pas tous de vices. Ils étaient humains. Beth n'était pas parfaite, elle le savait, mais elle savait pour la même raison que ses plus grandes forces résidaient dans son espoir et sa persévérance. Elle avait sorti Tom du commissariat, et elle allait lui apporter la preuve concrète que les choses n'avaient aucune raison de s'arrêter là. La justice ne servait pas qu'à se défendre et se sortir de situations malencontreuses. Elle servait aussi à attaquer ceux qui méritaient d'être remis à leur place, et Pruttford semblait définitivement faire partie de cette catégorie d'hommes. « Moi, inviter quelqu'un ? » pouffa-t-elle en haut des marches du commissariat, aveuglée par le soleil de fin de journée. « Elle est bien bonne, celle-là. Mais j'ai quelques amis, dont une petite fille très charmante. » Elle lui lança un regard entendu. Faith n'était certainement pas prête pour les remarques parfois salaces de Tom, et il faudrait qu'ils arrivent à instaurer une dynamique qui mette tout le monde à l'aise. « Je l'aime bien fort, le café », ajouta-t-elle, très sérieuse lorsqu'il s'agissait de café. Et probablement plus sérieuse encore lorsqu'il s'agissait de régler son compte à un homme mauvais et de la plus honorable des façons : à coups bien placés d'une justice implacable. Elle ne répondit d'abord rien à Fuller, glissant sa main dans son sac pour attraper son téléphone et pianoter un sms rapide à chacune de ses secrétaires attitrées. Elles étaient habituées aux changements d'emploi du temps impromptus, parfaitement conscientes l'une comme l'autre que Beth partageait son temps entre l'association et la mairie et qu'elle courait toujours au plus urgent. Et là, le plus urgent était de régler son compte à l'autre crétin. « Réglé ! » Elle laissa retomber son téléphone dans son sac et, enthousiaste, claqua des mains avant de les frotter l'une à l'autre, parée pour ce qui allait suivre. « L'avantage de mes boulots, c'est qu'ils me permettent ce genre de choses ! » lâcha-t-elle en dévalisant les escaliers, faisant claquer ses talons sur la pierre.

Quelques secondes à peine plus tard, ils étaient installés dans la voiture hybride de la brune. Beth arqua un sourcil en allumant le moteur lorsque le système de sécurité se mit à hurler son mécontentement, réalisant que Tom s'amusait à provoquer l'engin. Elle lui lança un regard empli d'une remontrance taquine et attendit qu'il soit attaché pour démarrer -la sécurité, toujours prioritaire ! Attentive à la route qui était bondée en cette fin d'après-midi, Beth remarqua à peine toute l'attention que mettait Tom à changer de station. Tant pis pour ses informations. Quelque part, il rendait probablement sa vie un peu moins chiante, et elle comptait d'avance sur lui pour que ça se prolonge jusque dans leur cohabitation. Elle jeta un regard furtif à l'homme lorsqu'il reprit la parole, s'arrêtant à un passage piéton pour laisser passer un couple de personnes âgées. « Je garde ma babiole pour courir. Dans ma voiture, j'suis beaucoup trop sérieuse », admit-elle dans un sourire gêné en redémarrant. « En plus j'ai jamais le courage de rajouter des chansons. Tu trouverais sûrement mon répertoire très démodé. » Elle marqua une pause, sceptique en écoutant la musique qu'avait choisie Tom. « Mais quelque chose me dit que t'es pas très fan des derniers Rihanna non plus. » Ils poursuivirent la route pendant quelques instants dans un silence seulement ponctué par les klaxons de quelques automobilistes au loin. Le retour des travailleurs chez eux semblait rendre ces derniers bien trop pressés pour garder leur politesse. C'est Tom qui reprit la parole le premier, non sans la surprendre. Elle manqua de piler à un feu vert, perdue dans ce que lui disait son nouveau colocataire. Elle l'écoutait attentivement, peut-être d'ailleurs un peu trop attentivement pour ne pas mettre en danger leur sécurité. « Défendre son pays, c'est une belle cause, oui. Mais défendre une poignée de bureaucrates leurs intérêts, je suis pas sûre que ça en soit une », dit-elle en soupirant. « L'armée est au service de quelques hommes et de leurs idées à eux. Je préfère penser qu'on est libre de décider de ce qu'on souhaite défendre. Défendre un pays, ça veut plus dire grand chose, maintenant. Tu peux défendre des choses plus importante que toi, que nous tous, mais sans passer par l'armée. Tu peux choisir d'aider ceux qui en ont besoin. Quand un homme choisit d'être médecin, je veux croire qu'il le fait pour sauver des vies. Quand tu choisis de donner quelques euros ou quelques heures à la croix rouge, c'est aussi fort. Et tout ça, c'est des décisions qui émanent de toi. Tu peux dédier ta vie aux autres et à des choses plus grandes que ta propre existence sans avoir à passer par l'armée et à défendre des convictions qui sont pas forcément les tiennes. Quand un président demande de massacrer des innocents au nom du pouvoir ou de l'argent, tu es prêt à soutenir ça ? » Elle marqua une pause. Elle n'était pas naïve au point de croire que tout était beau et doux dans le monde. Les conflits existaient; certains étaient parfois plus justifiables que d'autres, mais aucun ne pouvait expliquer la mort d'innocents. De son point de vue, les armées, quelles qu'elles soient, encourageaient à ce genre d'actes. Elles servaient le point de vue d'une poignée d'hommes dans ce monde, une poignée d'homme qui décidait du sort de centaines, de milliers d'innocents dont ils jouaient avec les vies. Non, l'idée de voir quelqu'un s'engager dans l'armée ne la séduirait probablement jamais réellement. Elle lui jeta un bref coup d'oeil lorsqu'il lui demanda pour quoi elle serait elle-même prête à se sacrifier. Plus grand chose, probablement. Un an plus tôt, elle aurait sans aucune hésitation répondu qu'elle donnerait sa vie pour sauver celle de son époux. Aujourd'hui, ces convictions-là s'étaient totalement effondrées. Elle resta muette quelques secondes, comme sonnée par la question, ou plutôt par les réponses qu'elle lui cherchait. « Pour mes convictions, je crois. Si un jour il devait m'arriver un truc au Guatemala, je considérerais que j'aurais vécu pleinement ma vie et que j'en aurais fait ce qu'elle devait être. Et puis quelques amis... le père de la petite dont je t'ai parlé, par exemple, et la petite elle-même. Mais ça ça n'a rien d'original; je pense que tous ceux qui aiment suffisamment quelqu'un dans ce bas monde seraient prêts à donner leur vie pour ces personnes. » Elle jeta un œil à la villa que désignait à présent Tom. Monsieur Pruttford ne se refusait pas grand chose. « Et toi, Tom Fuller ? A part pour les convictions d'autres hommes en costard cravate, tu serais prêt à donner ta vie pour quoi ? Pour qui ? » Elle gara sa voiture soigneusement, éteignit le contact et laissa ses bras retomber sur ses genoux. « Calme-toi » lâcha-t-elle, plus pour se rassurer elle-même qu'à l'attention de Tom. Elle ferma les yeux quelques instants et prit quelques inspirations profondes pour recentrer son attention et son énergie.

Elle jeta finalement un dernier regard à Tom et quitta sa voiture. « Tu peux m'accompagner si tu veux, mais laisse moi faire le blabla » glissa-t-elle avant de refermer la portière, son dossier improvisé à la main. Elle traversa la large rue à la hâte et franchit le portillon déjà ouvert pour aller sonner à la porte. Un homme plus âgé qu'elle lui ouvrit et la dévisagea de bas en haut et sans aucune distinction. Avant qu'il n'ait eu le temps de lui faire connaître le fond de sa pensée, Beth prit la parole. « Je suis Maître Beth Wilkerson, avocate de monsieur Tom Fuller, que je crois, vous avez déjà rencontré. Devant l'école de votre fils, paraît-elle. » Elle soutenait son regard, déterminée, hargneuse. Elle comptait n'en faire qu'une bouchée. « Vous avez fait une grave erreur en reportant les faits, monsieur... ou Maître, devrais-je dire. Vous connaissez bien mal votre métier, vous faites honte à la profession. Vous avez eu la décence de ne pas attaquer mon client, tout espoir n'est donc pas perdu. J'imagine que vous ne vous attendiez pas à ce qu'il contre-attaque. Et bien voilà. Il vous contre-attaque. » Elle se hâtait de parler pour ne lui donner aucune occasion de l'interrompre. Il eut un mouvement de recul et Beth s'approcha d'un pas, posant son pied sur le seuil de la porte pour l'empêcher, si l'envie lui en prenait, de lui claquer la porte au nez. Il allait l'écouter, qu'il en fasse le choix ou non. « Mon client vous attaque pour voie de fait. Je suis sûre que les deux-mille dollars d'amende ne vous feront pas peur, au pire vous congédierez votre troisième majordome, mais j'espère que les six mois de prison du comté vous feront prendre cette histoire au sérieux. » Elle marqua une pause, victorieuse. « On vous tiendra au courant de l'audience au tribunal. Comme on dit, l'arroseur est arrosé. J'espère que vous vous noierez. Et que vous laisserez votre fils en dehors de vos problèmes psychologiques. Sérieux, consultez. C'est dommage d'être aussi arriéré. »
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MessageSujet: Re: Philanthropie version Beth - avec Beth   Philanthropie version Beth - avec Beth EmptyMer 21 Déc 2016 - 22:36

Au risque de paraître comme le plus ingrats des hommes, plus le moment où j’allais franchir la porte de l’appartement/chalet/manoir/palais de Beth se rapprochait, plus je devenais nerveux. Comprenez-moi : depuis plusieurs années, l’essentiel de mon existence constituait à lutter contre la sédentarité des propriétaires fonciers. Et d’ici quelques heures, j’allais littéralement perdre une dimension. Comme une mouche qui heurte un pare-brise. Bien entendu, je ne me soumettais à ce risque uniquement dans l’espoir d’un gain monumental. Même si la description du gain demeurait encore complètement vague.

Tl;dr – YOLO, motherfuckers.

Et c’était pas exactement dans ma zone de confort.

En même temps, le courage, ce n’était pas de passer sa vie à fuir ses peurs.

" Quoi, t’aime pas Rhianna ? You see me I be work work work work. You see me do me dirt dirt dirt dirt dirt. Comment ça peut ne pas t’émouvoir ?   "

C’est cool de la regarder conduire. De voir avec quelle précision elle vérifie ses angles morts; la tension dans sa tempe droite; ses mains bien posées à 9h et 3h sur son volant.

Ça me faisait tout drôle, de me sentir en sécurité dans une voiture.

" J’ai vu des banquiers mettre des familles – fuck, une ville entière, quasiment- à la rue. Des avocats séparer une mère aimante de ses enfants. Des fermiers mettent le feu à la maison de leurs voisins parce qu’ils étaient blacks. Des gestionnaires d’OSBL détourner des fonds et laisser des gens crever de faims. Lorsque viendra le Jugement Dernier, je me demande bien qui pèsera le plus lourd dans la balance…  "

Il y avait du génie dans ce que racontait Beth, même si nous étions encore trop tôt dans notre relation pour que je lui souligne. Il s’agissait justement de la plus belle création de l’Homme à Cravate (les Pieuvres, pour ceux qui s’intéressent d’un peu plus près au Fullerisme). La meilleure façon de contrôler la violence est d’établir un système de lois fort. Et la meilleure façon de renverser un système de lois fort est la violence. En démonisant la seconde tout en brisant toute confiance en la première, que nous reste-il, mis à part le cynisme et l’immobilisme ?

" J’me suis pas engagé pour tirer sur qui que ce soit, tu sais ? Y’a suffisamment de gens qui méritent d’être abattus ici sans que j’ai ressenti le besoin de traverser la moitié du globe pour générer du cadavre. J’lai fait pour aller donner une barre de chocolat à un type dont tout le monde se fout – et avec raison, d’ailleurs. Il était pas très très allumé.   "

Si jamais ça te démange tant que ça, sache qu’il s’agissait d’une kit kat.

" Ça fait un petit moment que je n’ai pas reconnu un président : mais tu sais, chaque fois que t’achète un truc produit en tout ou en partie dans un pays du tiers monde, c’est un peu ce que tu fais. Soutenir le massacre d’innocents. C’est moins violent, moins flashy – mais tout aussi dramatique. Et mille, dix milles, cent milles fois plus fréquent.   "

Ouais, je te regarde, toi qui viens d’aller chercher une merde à la boutique à un dollars. Hu hu hu.

" Je ne sais pas si tu réalises, mais tu me fais là un sacré honneur, Beth. C’est super personnel, ça. C’est ça ce qui réside le plus près de ton cœur. Merci de ta confiance. Va définitivement falloir que tu me la présente, s’te gamine. Moi ? J’peux malheureusement pas mourir. J’suis éternel – pour aussi longtemps que Liberté continuera d’agoniser. Je ne suis qu’une création de l’esprit. Une petite fée…  "

C’était vrai – aussi vrai que n’importe quelle vérité. Il fallait simplement avoir envie d’y croire, voilà tout. Parce que cette culture du sacrifice, ça aussi, ce n’était que de la poudre aux yeux. De l’encre noire projetée par ceux qui menaient le jeu. Parce qu’une fois mort, tu peux plus rien faire pour ce qui te tenait tant à cœur…

Vint ensuite le moment de la confrontation avec Pruttford, nous empêchant d’aller jusqu'au bout de cette conversation. Qu’à cela ne tienne – nous aurions tout le loisir de la terminer sur l’oreiller, en cette journée internationale de l’orgasme. Yup, that’s a thing. J’me demande si elle était au courant, d’ailleurs, la Beth ? 18h47 approchait à grand pas.

" Je crois que c’est plus prudent si je t’attends dans la voiture. Je ne voudrais surtout pas que tu te retiennes à cause de moi. Pour ménager mes oreilles chastes et pures.   "

Je défais quand même ma ceinture de sécurité, au cas où les évènements prendraient une tournure plus excitante. Je ne peux m’empêcher d’éprouver une certaine fierté envers mon avocate, alors que je la vois se donner la contenance nécessaire à écorner un bœuf sous amphétamine.

Et c’est avec un enthousiasme tout enfantin que j’assiste à toute la scène, derrière ma portière à la fenêtre baissée. Tellement que lorsqu’elle termine sa tirade à un Pruttford complètement bouche-bée, je ne peux m’empêcher de gueuler :

" ET BAM! PRUTTFORD, YOU’VE BEEN BURNED, SON!   "

Bien entendu, comme tout bon avocat, il ne peut pas s’empêcher de tenter de placer le dernier mot. Histoire de sauver son honneur, peut-être. Mais son manque de cohérence ne fait que rajouter à sa honte. C’est d’ailleurs pas clair s’il est furieux, abasourdi, ou bien s’il a avalé de la lidocaïne dans les dernières dix minutes. Lorsque Beth se rapproche avec sa démarche victorieuse, je ne peux pas m’empêcher de sortir de la voiture et d’aller lui ouvrir sa portière.

" Mademoiselle McAwesome," que je lui dis en faisait une courte révérence alors qu’elle prend place.

" Ma première idée avait été de te sauter dans les bras". , poursuis-je une fois que j’ai regagné mon siège.

"Mais j’avais peur de me brûler, tellement t’étais ON FIRE! AH! Ça, c’était bien envoyé. Putain, le bout où tu espères sa noyade, c’était divin. Man, j’voudrais pas tomber dans tes mauvaises grâces – tu parles que le café sera toujours frais! Mais où tu caches ça, toute cette hargne ? Toi a toujours l’air si douce ? Putain, j’en reviens toujours pas… T’as entendu, quand sa mâchoire s’est fracassée contre le sol ? Faut aller fêter ça!! Dis-moi, mis à part détruire des enculés, qu’est-ce qui te branche? Où tu vas pour célébrer ?  "


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MessageSujet: Re: Philanthropie version Beth - avec Beth   Philanthropie version Beth - avec Beth EmptyJeu 22 Déc 2016 - 4:13



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Beth Wilkerson & Tom Fuller



Il avait fallu quelques secondes pour Beth, qui était concentrée sur la route, pour rattraper le discours enflammé de Tom. L'écouter chanter Rihanna au-dessus de la radio était bien plus simple. La circulation était dense et Beth aux aguets, l’œil vifs, guettant régulièrement ses rétroviseurs et la route qui s'étendait devant elle. Elle n'avait pas pensé pouvoir tenir une telle conversation un jour avec quelqu'un qui, malgré leur future cohabitation, s'avérait être encore un presque inconnu. Sa propre plaidoirie lui avait fait perdre un peu de sa concentration, mais elle n'avait -par miracle peut-être- renversé ou tué personne. Les feux rouges se succédaient, les piétons sautaient presque des trottoirs dès que les voitures s'arrêtaient et peinaient à y rester lorsque les feux passaient au vert pour elles. Pourtant, Beth n'avait pu s'empêcher de se laisser accaparer de longues secondes par ses réflexions. Le monde était bien trop compliqué pour être réduit à des simplifications presque insultantes, parce que ses habitants représentaient de bien complexes variables impossible à prédire ou à expliquer. Elle était persuadée qu'il y avait du bon et du mauvais en chacun d'eux, mais force était de constater que l'équilibre entre les deux n'était pas le même chez tout le monde. Pruttford, par exemple, avait eu une fuite du côté de son bonté, et le réservoir s'était rempli d'une antipathie presque inhumaine. Beth n'avait jamais réellement réussi à se convaincre qu'il fallait, comme le dicton l'exigeait, de tout pour faire un monde. Il fallait surtout des bonnes personnes, car elles étaient les seules à détenir les clés d'un avenir meilleur. Elle n'était pourtant pas naïve au point de croire que tout pourrait être beau et paisible pour tous. L'être humain était probablement trop vil et égoïste pour vivre en harmonie avec lui-même et le reste du monde. Mais les atrocités de l'Histoire la poussaient à croire que l'humanité avait au moins les capacités d'apprendre de ses erreurs, et que même si elle n'atteindrait jamais la perfection, elle pourrait au moins tendre de manière asymptotique à quelque chose d'un peu moins cruel que ce qu'elle avait pu connaître par le passé. La vie, même sous sa forme la plus primitive, ne s'était pas formée sans concurrence. La concurrence était le moteur de l'évolution, mais elle se surprenait bien souvent à penser que l'Homme avait abusé de ce prétexte pour se détruire lui et détruire tout ce qui l'entourait. Pourtant, le monde était beau, il avait quelque chose de poétique et d'enchanteur, et c'était pour cette part du monde qu'elle se battait. Une seule personne était capable de changer le monde, en mal ou bien d'ailleurs, mais elle savait qu'elle ne serait jamais cette personne. Elle voulait contribuer avec ses meilleures armes à ces guerres des idées en tendant la main à d'autres humains. « Je sais », sourit-elle en baissant le volume de la musique pour qu'ils s'entendent. « Je pense qu'il y a de réelles volontés dans l'armée... mais j'ai toujours préféré croire qu'il y avait pas besoin de sortir ce genre d'armes pour se battre et pour gagner. » Elle ne réalisait même pas à quel point elle était surprise du débat soudain que Tom avait lancé. Ce genre de discussions était ce qui l'animait au plus profond d'elle; elle aimait dialoguer et échanger des points de vue, si possible différents, car elle considérait que c'était la seule façon de réellement avancer. Il fallait apprendre à connaître l'autre autant qu'à se connaître soi-même, comprendre les points de vue autant que possible pour défendre ce que l'on pouvait défendre, à son échelle. « Je sais que le monde va de travers, t'inquiète pas, je le sais. Je sais que notre société est ridicule, que rien qu'en vivant, on enrichit des crétins qui prennent des douches de champagne tous les jours dans leurs salles de bain plaquées or en haut d'une tour qui porte leur nom en plein centre de grandes villes qui font tourner le monde. Je sais que plus les gens sont riches, plus ils ont tendance à vouloir le devenir encore plus, et qu'ils y laissent toute leur humanité, toute leur empathie. Ils s'enrichissent, parfois malhonnêtement en plus, sur le dos de ceux qui cherchent juste à s'offrir quelques conforts dans la vie. » Elle lui jeta un coup d'oeil bref avant de redémarrer lorsqu'un énième feu passa du rouge au vert. « Ces hommes-là, soit ils sont politiciens, soit ils contrôlent les politiciens. Ce sont eux qui dirigent les armées, directement ou indirectement. Le monde est bouffé jusqu'à la moelle, mais je préfère croire qu'on a pas besoin de se battre au nom d'un pays pour se sentir utile et contribuer à le rendre un peu meilleur. » Elle haussa les épaules. « De toute façon, l'Homme est intéressé par deux choses. L'argent et le pouvoir. Bon, et une troisième, aussi : le cul. » Elle prit un virage qu'il lui indiqua. « C'est ça qui contrôle tout ce qui nous entoure. Les esprits indépendants, c'est des perles rares, mais ils existent. » Elle se tourna vers lui et planta son regard dans le sien juste une seconde avant de le braquer à nouveau sur la route. « Alors oui, pour moi, faire l'armée, c'est une connerie. Comme tu l'as dit, y'a assez de connards ici. C'est égoïste de ma part, d'ailleurs, étant donné le but de mon association, mais... pas de guerre. Les guerres compliquent toujours tout, et elle sont menés par des hommes qui les font pour les mauvaises raisons. Si tu me disais que tes missions étaient exclusivement de sauver des innocents d'une mort certaine, j'aurais l'avis contraire. Mais me dis pas que... » Elle soupira. « Me dis pas que les raisons qui poussent les Etats-Unis à envoyer des troupes ailleurs sont toujours louables. » Si on lui avait dit quelques heures plus tôt qu'elle aurait une discussion politique dans sa voiture avec l'homme qui lui avait offert une huile de massage et un pot de lubrifiant... « Et me dis pas non plus que tout ce que t'as vu et vécu là-bas en valait le sacrifice... » Elle repensa à cet ami dont il lui avait parlé lorsqu'il était venu la voir à l'association. Des histoires comme celles-là devaient exister par milliers, et cette seule raison lui suffirait probablement pour être rebutée à l'idée de voir quelqu'un qui pouvait compter pour elle s'insérer dans les rangs de l'armée. Des soldats qui devaient répondre aux ordres sans les contredire et risquer leur vie, leur santé mentale et physique, juste pour satisfaire les désirs de l'homme le plus haut placé... « Je ne sais pas si tu réalises, mais tu me fais là un sacré honneur, Beth. C’est super personnel, ça. C’est ça ce qui réside le plus près de ton cœur. Merci de ta confiance. » L'esprit de la brune s'évada quelques secondes. Ce n'était qu'une fraction de ce qui engourdissait son cœur, qui débordait encore d'un amour désemparé pour Daniel et d'une tendresse infinie pour cet être auquel elle avait ôté la vie. Voilà ce qui était au plus profond de ses entrailles. Elle pouffa subitement en réalisant ce que Tom racontait côté passager. « Ça me rassure, parce que t'es à la place du mort... au moins il peut rien t'arriver ! » rit-elle, non sans remarquer qu'il avait éludé la question. C'était son choix, après tout. « Et ça marche dans l'autre sens ? Si j'arrive à te tuer, Liberté renaîtra de ses cendres ? » Sa question était taquine, amusée. La dernière conversation avait été beaucoup trop lourde pour elle. Entre les armées, la politique, Daniel et son enfant qui ne naîtrait jamais, elle avait été servie. Vivement qu'elle déverse tout cette rancoeur sur le Pruttford. Un petit geste pour la planète, un grand geste pour tous ceux qu'il avait pu emmerder -à commencer par son fils et le nouveau -et seul- client de Beth.

« Je crois que c’est plus prudent si je t’attends dans la voiture. Je ne voudrais surtout pas que tu te retiennes à cause de moi. Pour ménager mes oreilles chastes et pures » répondit-il lorsqu'elle fut garée. « Mais bien sûr, je voudrais pas t'offenser », ironisa-t-elle, amusée, en claquant la porte. « Et après on pourra aller manger une glace et faire de la balançoire, si tu veux », l'infantilisa-t-elle pour le taquiner avant de reprendre ses esprits et sa poker face. Pour la première fois depuis bien trop longtemps, elle n'était plus Beth Wilkerson, mais Maitre Beth Wilkerson, et elle allait faire mordre la poussière à celui qui avait osé faire du tort à son client. « ET BAM! PRUTTFORD, YOU’VE BEEN BURNED, SON! » entendit-elle dans son dos, s'efforçant de garder son sérieux face à celui qui venait de subir son courroux. Ce n'était pourtant pas l'envie qui lui en manquait; si elle s'était écoutée, elle aurait probablement sauté de joie dans les bras de Tom et sauté jusqu'à ce que l'un de ses talons ne se casse. Le regard de Pruttford se perdit derrière elle; il devait chercher du regard Tom Fuller, et elle ne lui en tint pas rigueur. Elle avait le meilleur allié, lui avait bien le droit de découvrir ses adversaires. Elle fronça les sourcils, dubitative, lorsqu'il bredouilla quelques explications bancales avant de lui claquer la porte au nez. Elle fit volte-face sur la plante de ses pieds avant de fixer Tom, interdite. Il lui fallut quelques secondes pour qu'elle comprenne réellement ce qui venait de se passer. Elle descendit fièrement les quelques marches du perron de l'avocat et passa une main faussement modeste dans ses cheveux lorsque Tom lui ouvrit la porte. « Mademoiselle McAwesome » Elle le remercia d'une mimique reconnaissante et amusée. « Monsieur Fuller... » Elle installa ses fesses derrière le volant et resta immobile quelques secondes, sonnée par ce qui venait de se passer. Elle venait d'affronter une partie adverse en tant qu'avocat, et cette partie adversaire, qui n'était ni plus ni moins que l'un des avocats les plus renommés de la ville, n'avait pas trouvé de quoi lui répliquer quelque chose de cohérent. Le dernier regard qu'il lui avait lancé avant de claquer sa porte était resté imprimé sur sa rétine. « Ma première idée avait été de te sauter dans les bras. » Elle l'avait senti s'asseoir mais c'est seulement lorsqu'il reprit la parole qu'elle fut tirée de ses pensées. Toujours immobile, elle laissa son regard se tourner vers lui pour l'écouter. Elle ne réalisait pas pleinement ce qui venait de passer, et l'enthousiasme de Tom semblait venu d'un autre monde. Où elle cachait cette hargne ? Probablement dans le flot d'amour qu'elle avait encore pour son époux... « Je... j'ai un fond de vin, chez moi » répondit-elle d'une petite voix, hébétée. Elle n'était plus habituée à fêter depuis bien trop longtemps. La dernière fois qu'elle avait fêté, c'était au Guatemala, et elle avait rebaptisé les draps de sa chambre avec Julian. Elle s'était perdue, ne savait plus réellement qui elle était. Ni mariée, ni célibataire, mais juste totalement perdue, une trentenaire en quête d'elle-même. Elle redémarra le moteur, le regard fixé devant elle, et indiqua d'un coup de clignotant qu'elle voulait rejoindre la route. « Merde... on va où ? » Elle se tourna enfin vers lui. « Tu veux qu'on aille t'installer ? Faut que j'installe tes draps... et de toute façon je suis plus en état de travailler. Je vais prévenir mes collègues. » Elle se mit au point mort et se pencha au-dessus de Tom pour récupérer le sac à main posé à ses pieds et en sortir son portable. « Je suis désolée pour l'état de la maison. Je me suis levée un peu tôt ce matin, j'ai pas eu le temps de faire la vaisselle. » En fait, elle se demandait même si elle ne s'était pas changée dans le salon la veille avant d'aller courir. Quel bonheur ce serait de le voir découvrir ses vêtements et sous-vêtements sur le canapé... Elle glissa à nouveau le portable dans son sac, qu'elle reposa aux pieds de Tom, et se dressa sur son siège pour surveiller le flot de voitures et s'insérer dans la circulation.


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MessageSujet: Re: Philanthropie version Beth - avec Beth   Philanthropie version Beth - avec Beth EmptyVen 27 Jan 2017 - 17:15

" Ouaip, t’as tout compris Betty, comme à l’accoutumée. Si t’arrives à me faire manger les pissenlits par la racine, bye bye tyrannie, oppression et esclavage salarial. Par contre, j’te préviens d’office : j’suis sacrément coriace. Et y’a une chance que mon fardeau devienne le tien. Alors, penses-y deux fois avant de m’étouffer dans mon sommeil, Sweet Pea.  "

Enfin, ça serait la fin pour moi, à tout le moins. La fin d’une énième croisade contre l’idiotie, aussi anonymement que les autres. Ou pas. Nous habitons dans le pays des opportunités, après tout. Il ne suffirait que d’un judicieux twit pour que mon génie soit reconnu à sa juste valeur. Peut-être devrais-je songer à m’ouvrir un compte ?

Le premier d’une longue série d’humiliants épisode de la saga Pruttford tirait cependant à sa fin, et avec lui s’ouvrait une toute aussi excitante histoire. J’allais pénétrer l’antre du dragon – littéralement seulement, hein ? Avec l’encabanement moderne, on se replie tous tellement sur nos maisons hermétiques avec système de sécurité trois diamants que ça en devient vraiment un repère, avec de grands panneaux à l’extérieur qui gueulent « please fucking stand out- private properties mothafuckas » - pour tenter d’y délivrer la princesse. Je savais bien que ce faisant, je ne pouvais cependant pas me soustraire à la loi de réciprocité de Nietzsche, et que dans le processus, Beth aussi pénétrerait le mien pour y libérer ma princesse. Si ça n’avait pas été le cas, elle n’aurait pas valu mon temps de toute façon.

I always had a thing for abysses.

Tout ce qui comptait, donc, c’est que quelqu’un allait sortir de là avec un diadème.

" Un fond de vin ? Putain, t’es tellement attentionnée – tu veux vraiment que je me sente comme chez moi, c’est ça ? Je présume qu’il vient dans un sac en papier, ce fond de vin ? "

Elle semblait encore un peu groggy de son succès, ma nouvelle avocate. Comme si elle venait de découvrir quelque chose de fantastique auquel elle ne croyait pas. J’avais vu la même expression sur le visage de futur junkies au LSD, d’acheteurs compulsifs d’Iphone, et de la plupart des femmes qui quittaient mon lit pour la première fois. Uh hu uh

" Et les glaces ? Et la balançoire ? On pourra y aller demain, dit Betty, dit ? "

Elle passa un coup de fil au bureau pour prendre le reste de sa journée. Je dus me faire violence pour ne pas mettre la main sur le téléphone. Ou pour simplement farfouiller dans son sac à main. Les semaines à venir allaient représenter un sacré challenge – il y avait bien longtemps que j’avais rejeté le pacte social ‘standard’, avec son code de conduite. Le pire qui pouvait m’arrivé étant de me retrouver à nouveau dehors, je n’avais pas grand-chose à perdre. Simplement une sacrée opportunité pour regarder à travers la fenêtre d’une femme fantastique.

" Pas de soucis pour la vaisselle. Je mange directement dans les chaudrons. Avec mes mains. "

Je n’avais aucune idée de comment j’allais la jouer. Ou bien si j’allais la jouer tout court. Pour le moment, cela n’avait aucune importance. Nous sommes beaucoup trop similaires pour ça, moi et Beth. Le reflet mutuel d’une voie que nous avons chacun rêvé d’emprunter.

Finalement, nous nous stationnons au 1238, Presidente Drive, devant une impressionnante villa on ne peut plus Huntingtonienne. Je siffle admirativement.

" J’espère qu’il y a une piscine intérieure. Sinon, je te préviens tout de suite, c’est même pas la peine- je reste dans la bagnole.  "
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MessageSujet: Re: Philanthropie version Beth - avec Beth   Philanthropie version Beth - avec Beth EmptySam 28 Jan 2017 - 23:35



Philanthropie version Beth
Beth Wilkerson & Tom Fuller



Encore sonnée de ce qui venait de se passer, Beth se réinstaller, presque tremblante, devant son volant. Elle n'en revenait pas. En quelques heures à peine, Tom lui avait donné l'occasion de pratiquer à nouveau la loi, et bon Dieu, qu'est-ce que ça lui avait manqué. Et qu'est-ce qu'elle avait aimé ça. Ce sentiment de justice, ce regard désemparé que lui avait lancé l'homme de tous les torts; ces quelques instants avaient été vivifiants au possible, et le simple fait qu'elle ne s'en serait pas crue capable le matin même semblait accentuer ce sentiment de satisfaction qu'elle ressentait à présent. Avec les années qui étaient passées, Beth était loin de s'être imaginée capable d'un tel discours. Elle croyait avoir laissé derrière elle cette hargne qui l'avait caractérisée pendant ses études. Il lui arrivait souvent de penser que son association et son travail à la mairie représentait une autre sorte de travail, sans doute un peu plus douce que ce monde cruel qu'était celui de la justice. Mais, et si elle n'avait pas tout perdu ? Et si elle était encore capable de ces grandes choses dont elle avait rêvé pendant des années ? Que de questions, de surprises aussi, mais surtout d'incertitudes, d'une sensation toute nouvelle, celle qu'à présent, tout était possible pour elle. Elle s'était battue pour Tom Fuller, elle pouvait donc se battre pour elle, et elle comptait bien le faire. Elle viendrait à bout de ce divorce, elle retrouverait son nom de jeune fille et lui ferait honneur comme elle avait fait honneur à celui de son époux, car c'était ce qu'elle était. Elle se battait, et elle gagnait.

« Un sac en papier ? » répéta-t-elle bêtement, les mains crispées sur son volant. « Non, non, j'ai des verres à vin » répondit-elle, complètement à côté de la plaque. Avait-elle précisé qu'elle avait ouvert cette bouteille voilà quelques jours en arrière ? Il était probablement totalement imbuvable, maintenant, mais c'était là le lot des célibataires qui buvaient un verre de vin quotidien tout au plus. Il y avait forcément quelques pertes au passage. Elle sourit lorsque Tom demanda après la balançoire et la glace et arqua un sourcil comme si elle venait subitement de se réveiller. « Ce soir, même, si tu veux » le taquina-t-elle, prête à aller jusqu'au bout de sa proposition. Ce serait pas mal pour fêter une première soirée de cohabitation. Un coup de fil plus tard, Beth était déchargée de toute forme de travail pour le reste de la journée. Peut-être était-ce ce dont elle avait besoin depuis des mois, quelques heures rien qu'à elle, destinées simplement à profiter de ce que le hasard lui offrait pour contrebalancer tout ce qu'il lui avait fait subir ces derniers temps. « J'ai pas de chaudrons... on est pas dans Harry Potter » souffla-t-elle, amusée, en démarrant sa voiture hybride. Elle vérifia d'un coup d'oeil nerveux que son passager était bien attaché et, quelques longues minutes plus tard, ils étaient parqués devant chez les Wilkerson... devant chez Beth Wilkerson. Beth Walsh. Elle détacha sa ceinture et jeta un coup d'oeil au Tom qui venait de siffler dans l'enceinte de la voiture. Elle se mordit la lèvre en attrapant son sac à main. « Désolée... » s'excusa-t-elle, amusée, « ... est extérieure. C'était un critère sélectif de mon mari quand on a acheté. Je sais pas trop si c'était pour frimer ou pour nager, mais il aimait bien barboter de temps à autres. Et surtout organiser des cocktails à côté. » Elle glissa une jambe à l'extérieur du véhicule et sortit en claquant la porte. « Il a une collègue maladroite qui a fait tomber son portable hors de prix dedans, une fois. Notre piscine est une assassine, je te préviens. » Notre... Non, il n'y avait plus de notre ou de nous, et il fallait qu'elle se le rentre dans le crâne une bonne fois pour toutes. Une fois que le divorce serait prononcé et les biens équitablement partagés, ils pourraient vendre cette villa qui n'était plus qu'un amas de souvenirs et le comble du superflu. Elle n'avait pas besoin de piscine privative ou de quatre chambres. Tom, en attendant cet au revoir avec cette villa, l'aiderait à ramener un peu d'humanité entre ces quatre murs et dans son cœur attristé, et c'était tout ce dont elle avait besoin.


RP terminé

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