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 {{ You can't escape the rising of the tide. {Alexander ♥}

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MessageSujet: {{ You can't escape the rising of the tide. {Alexander ♥}   {{ You can't escape the rising of the tide. {Alexander ♥} EmptyMar 22 Nov 2016 - 23:15



❝ You can't escape the rising of the tide. ❞
Beth Wilkerson & Alexander Ballmer


Depuis quelques mois, les affaires avaient repris. Ou plutôt, depuis quelques mois, Beth s'était forcée à reprendre les affaires. C'était Sisi qui l'avait poussée à reprendre le contrôle de sa vie toute entière, elle qui l'avait laissée à l'abandon pendant de trop longues semaines déjà. Les choses avaient doucement repris leur cours, même si elles n'avaient rien d'habituel. Elle n'arrivait plus à rester seule, parce que rester seule la destinait à ressasser tout ce qu'elle aurait pu faire différemment, toutes les failles qu'elle aurait du déceler dans son mariage et cet enfant qu'elle aurait pu garder, même sans la personne avec qui elle avait crée cette nouvelle vie. Il lui semblait parfois qu'à force de revivre continuellement ces questionnements, elle en arriverait bientôt à bout, mais un an plus tard, elle n'en voyait finalement toujours pas la fin. Il n'y aurait probablement jamais réellement de fin à cette histoire, parce que Daniel ne lui en avait pas donné l'occasion, et parce que les choses auraient pu et du être faites de façon bien différente. Elle n'aurait jamais du épouser Daniel, se disait-elle maintenant que le temps l'avait forcée à la lucidité. Elle n'aurait jamais du l'enfermer dans un mariage qui ne l'avait jamais rendu heureux, qui l'avait emprisonné et éloigné de la personne qu'il l'était. Mais lui, avait-il pensé à elle une seule seconde ? Ils ne s'étaient toujours pas revus. Les courriers du divorce étaient tout ce qu'ils étaient : des courriers qu'elle recevait au nom de l'avocat que Daniel avait choisi pour défendre sa personne. Il ne se représentait même pas lui-même alors qu'il était l'un des plus grands spécialistes du droit de la famille dans la ville et dans l'Etat. Qu'est-ce que cela pouvait bien signifier; comment devait-elle prendre cette soudaine lâcheté ? Comment devait-elle prendre tous ces silences ? Pouvait-elle se fier à l'adresse de son avocat; était-il allé vivre sur la côte est aux côtés de son frère, ce frère contre lequel il éprouvait tant de rancoeur ? Elle se posait ces mille questions presque quotidiennement et en sachant pertinemment qu'elles ne trouveraient probablement jamais de réponse. Alors elle s'efforçait de continuer, elle s'était crée un quotidien comme on se préparait un plan d'attaque face aux pires défis. Elle s'interdisait de réfléchir au passé, alors elle avait volontairement évincé les trop longues périodes seule de son agenda. Elle se levait aux aurores, à des heures presque inhumaines, pour aller courir, plus encore qu'elle ne le faisait avant. Elle accumulait les rendez-vous professionnels et avait récupéré toutes les attributions de ses deux postes. Elle gérait d'une main de fer son association et son poste à la mairie, et il trouvait un réconfort presque jubilatoire. Elle se sentait à nouveau servir à quelque chose. C'était là sans doute le seul héritage qu'elle laisserait à ce monde : son travail continuel pour les autres. Eden, Leah et Sisi étaient ses plus grands soutiens, et elle remerciait chaque jour le hasard de les avoir menés jusqu'à elle. Elle repensait parfois avec une certaine angoisse à ses retrouvailles avec Eden, quelques années auparavant seulement. Elle n'imaginait plus son quotidien sans sans lui, son soutien et sa petite Faith; que serait-elle devenue si elle n'avait pas croisé son chemin au détour d'un stand de hot-dogs ? Elle aimait parfois penser que le hasard et la chance n'avaient rien à voir avec ces retrouvailles, mais que quelque chose, sans parler d'une divinité supérieure, le Destin peut-être, les avait réunis pour une bonne raison. Parce qu'ils avaient été meilleurs amis et parce qu'il avait trop tôt pour eux pour se perdre de vue; parce que ces amitiés-là, celles qui avaient toujours suivi notre vie et avaient accompagné notre jeunesse et notre entrée dans la maturité adulte étaient les plus solides; parce qu'Eden et Beth n'avaient jamais été du hasard, parce qu'une amitié solide n'en était jamais vraiment un.

Les journées de Beth se ressemblaient donc toutes sans réellement être les mêmes. Le rythme était toujours effréné et elle rentrait toujours tard pour souvent retrouver Tom, mais les rendez-vous et les missions dont elle était responsable n'étaient pas les mêmes. Elle jonglait avec beaucoup de difficultés mais avec brio entre son association et la mairie, et conciliait ses deux rôles de façon presque millimétrée. Travailler avec et pour Johar l'avait aidée depuis sa défaite aux élections, mais aussi et sans doute encore plus depuis que Daniel l'avait quittée. Elle se sentait, dans ce nouveau rôle de conseillère municipale, investie d'une mission toute particulière et utile à ceux qui l'entouraient. Elle n'avait pas besoin d'aller au Guatemala pour voir le résultat du bien qu'elle arrivait à engendrer du mieux qu'elle le pouvait. Elle en voyait les bénéfices dans sa propre ville et y trouvait un réconfort que sa vie personnelle avait du mal à lui procurer depuis le départ de Daniel.

Les affaires ne cessaient donc jamais réellement. Lorsqu'elle n'était pas à la mairie pour s'occuper des derniers projets à mettre en place, Beth était au quartier général de son association, là où tout se passait. Il était bientôt temps pour eux de lancer l'un de leurs galas de charité annuels, et si la recherche de sponsors avait commencé bien des mois auparavant, elle était encore loin d'avoir été menée à son terme. Plus ils en trouveraient, plus ils pourraient espérer obtenir de fonds pour bâtir la prochaine école. Certains de ses collègues étaient délégués à la tâche, mais il arrivait encore très souvent à Beth de s'occuper personnellement de convaincre les plus gros investisseurs de la région. Elle voulait mettre toutes les chances de son côté et surtout se sentir une utilité toute particulière auprès de cette association qui, même si elle était la sienne, avait réussi à lui prouver durant son absence de quelques semaines que sa présence était au mieux appréciée, mais loin d'être nécessaire. C'était donc entourée de deux commerciaux de son association qu'elle avait rendez-vous à l'un des restaurants les plus huppés de la ville ce soir-là. Les lieux n'étaient pas sans lui rappeler quelques dîners que lui avait offerts Daniel au cours de leur mariage, mais elle décida, dès qu'elle eut quitté sa voiture et posé le pied sur le trottoir, de laisser de côté toutes ces idées-là. Alexander Ballmer serait probablement entouré de ses propres conseillers. Ils savaient probablement l'un comme l'autre qu'ils allaient faire affaire ce soir, comme c'était maintenant le cas depuis quelques années, mais Beth ne se laissait jamais gagner par la certitude d'une victoire alors que les jeux n'étaient pas encore faits. C'était donc parée de l'une de ses plus belles robes et de talons offerts par son ancien époux qu'elle avait rejoint, d'un pas sûr et déterminé, la table où étaient déjà installés tous les convives. Elle serait donc la seule femme de la soirée. Charmant.

Le verdict ne se fit pas attendre, et, en réalité, ils auraient probablement tous pu se contenter d'un café dans l'après-midi pour se mettre d'accord sur les clauses de ce nouveau partenariat. Tous, pourtant, savouraient la cuisine gastronomique qui se fondait parfaitement dans le décor et l'atmosphère des lieux. La musique classique, douce et raffinée, apportait à la grande salle aux lumières tamisées quelque chose d'encore plus agréable. Le restaurant était le lieux favori des hommes et femmes d'affaire du comté, mais aussi des couples de la jeune et de la plus vieille bourgeoisie. « Je vais prendre votre suprême au chocolat Manjari et vanille Bourbon », dit-elle à la suite de ses collègues et en refermant le menu. Son regard se posa sur Ballmer, le dernier à choisir son dessert pour ce soir. « Je suis sûre que vous allez prendre la même chose, je vous ai vu regarder l'assiette quand elle est arrivée chez nos voisins », lâcha-t-elle malicieusement en désignant du menton la table voisine à la leur, sur laquelle trônait maintenant une assiette vide qui avait contenu ce que venait de commander la jeune femme. « Ça se mariera très bien au champagne... », fit-elle remarquer en posant les coudes sur la table, fixant son voisin de table, son investisseur du jour.
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MessageSujet: Re: {{ You can't escape the rising of the tide. {Alexander ♥}   {{ You can't escape the rising of the tide. {Alexander ♥} EmptyDim 4 Déc 2016 - 18:54


La Mongolie semblait tellement loin. Y passer plusieurs semaines n'avait pas suffit pour ancrer un souvenir indélébile dans l'esprit de l'homme. Des heures durant son regard avait balayé les steppes de la Mongolie intérieur pour scruter ce paysage à nul autre pareil. Une mer verte qui ondulait sous le souffle du vent. A sa surface les cavaliers et leurs montures donnaient l'impression de survoler cette masse végétale. Et déjà le retour à la vie civile avec son ballet automobile qui ne semblait jamais en finir. Un contraste terrible pour celui qui avait à cœur de défendre la faune et la flore de cette planète. Le brouhaha de la ville avait quelque peu rembruni Alexander malgré sa veste de costume qu'il avait choisi dans un ton écru. Le noir et le bleu marine donnaient souvent l'impression d'un personnage sévère et sournois, aussi était-il préférable d'user de couleurs plus lumineuses. Pour parfaire la tenue, il avait pris un mouchoir en lin rapporté d'un vieux voyage en Europe, comme un trophée qui finissait le tout. Pourtant le bout de tissu n'avait rien d'exceptionnel, il avait un peu moins de finesse que du coton et une couleur plus pâle que traditionnellement. Mais c'était un cadeau de feu son ex-épouse lorsqu'ils étaient parti en voyage dans le sud de la France. Il arborait donc ce souvenir d'une autre époque comme un fragment qu'il ne fallait pas oublier.

Il était temps. Temps de rejoindre le restaurant et temps de retrouver les frissons futiles de la vie civile. Il fallait s'accommoder à nouveau à la chaleur de la Californie quand on avait passé des journées dans la fraîcheur du centre de l'Asie. Retour à la gastronomie occidentale. Alexander avait pourtant l'habitude du changement de culture, après tant d'années à voyager en Amérique du Sud, en Afrique ou en Asie. Mais il ne s'habituait jamais à l'occident.

Le repas s'était déroulé sans accroche avec le PDG de la Squale, l'avocate et la petite armée de conseillers dont il se serait bien passer. L'administratif avait quelque chose de rébarbatif et ridicule dans une situation pareil. Lex avait le seul souhait de venir en aide à l'association de Beth, mais là encore cela demandait moultes papiers pour peu de choses. Égale à lui même, notre homme était resté le plus neutre possible, ne décrochant que rarement un vrai sourire pour savourer son assiette végétarienne. La tournure des choses avait été des plus limpides et n'avait pas nécessiter de joutes verbales avec ses conseillers pour faire entendre ce qu'il voulait.

Lex observa une légère moue après avoir écouter Beth qui parlait à propos du dessert qu'elle venait de prendre. « Désolé de vous décevoir très chère, mais je ne dérogerais pas à mon habitude du chocolat liégeois » répondit-il d'une voix douce qui trahissait volontairement son amusement. Son corps saurait rapidement lui pardonner son écart gourmand. Il l'observait avec une certaine intensité dans le regard, celle qu'il connaissait depuis quelques années maintenant sans jamais avoir véritablement pris le temps de discuter avec elle… avec sincérité. Les commandes prises, le serveur s'était éloigné de la table pour laisser aux convives le plaisir de converser entre eux. « Vous comptez aller au Guatemala cette année ? » fini-t-il par demander le plus naturellement du monde. Les gens d'une certaine élite avait des conversations étranges n'est-ce pas ? C'était comme demander si elle comptait aller à la plage ou se promener dans un parc. Ou peut-être n'y avait-il que Alexander pour avoir ce genre de réflexion. Allez savoir.
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MessageSujet: Re: {{ You can't escape the rising of the tide. {Alexander ♥}   {{ You can't escape the rising of the tide. {Alexander ♥} EmptyDim 11 Déc 2016 - 1:08



❝ You can't escape the rising of the tide. ❞
Beth Wilkerson & Alexander Ballmer


Les affaires avaient été réglées encore plus simplement et rapidement que ce à quoi Beth s'était attendu. Elle n'avait pas pensé une seule seconde que ce dîner pourrait être laborieux pour autant. Après tout, Alexander Balmer était un associé de longue date de son association, et il aurait probablement fallu une raison magistrale pour défaire ce partenariat. Ils y trouvaient tous leur compte, et tant que ce système fonctionnerait, l'un et l'autre n'avaient aucune raison de mettre un terme à ces accords reconduits d'une année sur l'autre et d'un événement à l'autre. Beth ne s'était que brièvement inquiétée avant le début de ce dîner : elle avait beau avoir repris les rênes de l'association depuis des mois, elle était régulièrement assaillie de doutes lorsqu'il s'agissait pour elle de se montrer capable d'un certain sens du business. Elle craignait d'avoir perdu toute légitimité avec Daniel, et elle ne pouvait s'empêcher de laisser une part d'elle lui susurrer à l'oreille que le respect dont certains pouvaient faire preuve à son égard n'avait existé que parce qu'elle était la femme de, que parce que lorsqu'elle avait épousé Daniel, elle avait intégré cette grande famille de requins qu'était celle des Wilkerson. Elle portait encore son nom, mais tous savaient qu'elle n'en faisait plus partie. Les raisons, elle les gardait pour elle et les quelques proches amis qui égayaient son existence. Tout ce qu'elle laissait entrevoir de son épisode était ce qu'elle avait révélé malgré elle. Sa séparation l'avait affaiblie au point pour elle de prendre du recul sur toutes ses activités; maintenant, elle était de retour, et si elle comptait bien ne laisser personne lui retirer sa place, la question de sa légitimité se posait à présent bien malgré toutes ses bonnes résolutions. Elle savait comment ce monde fonctionnait, et si c'était en grande partie ce qui l'avait poussée à se battre pour le rendre meilleur, elle ne pouvait que constater que les choses étaient souvent loin d'être aussi simples.

Pourtant, cette fois-ci, elle devait bien l'admettre, les choses avaient été simples, bien plus simple que ce qu'elle avait redouté après un tel passage à vide. Alexander Ballmer était toujours le même; il posait sur elle ce même regard placide, et Beth en était même venu à se demander s'il avait eu écho de sa séparation d'avec son époux, et, par conséquent, d'avec une grande partie des hautes sphères californiennes. Elle l'admirait pour son calme et ce sourire impassible duquel il la gratifiait toujours, même aujourd'hui. En cette soirée précis, Beth avait presque l'impression que rien dans sa vie n'avait été chamboulé, et même qu'en rentrant chez elle, elle retrouverait un Daniel épuisé par sa journée avec un verre de whisky à la main. Sa coupe de champagne à la main, elle se laissa porter quelques secondes par cet utopisme, savourant l'accord qu'ils venaient une nouvelle fois de sceller autour d'un bon dîner. « Désolé de vous décevoir très chère, mais je ne dérogerais pas à mon habitude du chocolat liégeois », lui répondit Ballmer lorsqu'elle s'avança sur le choix de dessert qu'elle était presque sûre, ce soir-là, de le voir faire. Elle soupira légèrement de déception, bon enfant dans son échec, avec un petit sourire, avant d'approuver. « Vous êtes fidèle à vous-mêmes », admit-elle en sirotant une gorgée de champagne. Ballmer appartenait à ces hommes hauts en couleur et imprévisibles, mais lorsqu'il s'agissait de desserts, il avait toujours prouvé à Beth qu'il n'était pas contre un peu de fidélité bien placée. Elle leva les yeux vers le serveur qui approuvait le choix de son client, puis reposa son regard sur son partenaire d'affaires. Leurs collègues s'étaient mis à parler sitôt le serveur part, et la brune perçut quelques mots qui la laissa supposer qu'ils étaient lancés dans une conversation passionnée de football... ou de baseball, ou de basket. Enfin, quelque chose de cet acabit, quoi. Ballmer la fixa étrangement et sans piper un mot pendant quelques secondes, la faisant froncer des sourcils, amusée, jusqu'à ce qu'il prenne la parole. « Vous comptez aller au Guatemala cette année ? » La question était un brin inattendue, mais pas déplacée. Il était presque logique pour elle de s'intéresser aux projets de l'association vu la relation de partenariat qui la liait à son entreprise. « On y a déjà été deux fois cette année... moi une seule fois, en début d'année. A priori, la prochaine fois, ce sera en début d'année prochaine. On a toujours fonctionné comme ça », lâcha-t-elle comme si elle récitait une présentation parfaitement préparée. Elle repensait à ce voyage en Guatemala qui lui avait paru hors du temps, et qu'elle liait encore aujourd'hui à quelques erreurs, notamment une. Elle s'était imposé cette mission au Guatemala par principe, par fidélité, pour revoir ce qui étaient là-bas, mais elle le savait, elle n'avait probablement pas été aussi vive et utile que d'habitude sur place, et c'était pour cette raison qu'elle avait décidé, dès son retour, de prendre du recul sur toute cette vie qui l'avait perdue. Elle était bien loin de tout ça, maintenant, mais les faits étaient les faits, et elle repensait à sa nuit avec Julian avec l'une de ses pires bêtises. « Pourquoi, vous seriez partant pour nous joindre ? On est toujours ravis d'accueillir de nouvelles mains, et vous verrez, les enfants son adorables et leurs parents reconnaissants. Ça nous fait toujours reconsidérer bien des choses d'être témoin d'une telle authenticité. » Hypocrite ? Elle ne pensait pas l'être, même assise à la table de ce restaurant gastronomique aux prix exorbitants, portant une robe et des chaussures qui valaient sans doute le prix de deux ou trois loyers sur Pacific Lane. Elle appréciait les belles et les bonnes choses, mais elle savait aussi ce qui construisait une personne, à commencer par son éducation et les personnes qui l'entouraient.
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MessageSujet: Re: {{ You can't escape the rising of the tide. {Alexander ♥}   {{ You can't escape the rising of the tide. {Alexander ♥} EmptySam 17 Déc 2016 - 11:43


Note de déception sur le visage féminin qui lui était donné de voir. Lex se contentait d'esquisser le sourire léger et indescriptible que tout le monde lui connaissait. Un sourire dont on ne savait pas s'il était moqueur ou bienveillant. Mais un fabriquant d'armes pouvait-il se parer d'un tel qualificatif ? Le réponse était un grand mystère que personne ne pourrait trouver à moins de lire dans l'esprit de l'américain. Chose qui n'était pas vraiment conseillé à vrai dire… Cela reviendrait à ouvrir la boite de Pandore. Quant à Beth, elle semblait avoir son esprit vif de tous les jours. Un plaisir, toujours, de se retrouver en sa compagnie, même si l'animal se montrait également à lui même, peu enclin à quelques effusions que ce soit. Ô mais depuis le temps elle devait le connaître un peu, ils n'en étaient pas à leur premier repas d'affaire. Cependant, la conversation la plus appréciable était toujours celle qui se trouvait après la négociation. Une conversation où l'on pouvait parler normalement sans avoir à cacher quelque chose derrière la tête. Quoi que Alexander donnait toujours l'impression d'avoir une idée en tête.

Malgré tout, il donnait toute son attention à son interlocutrice écoutant la réponse qu'elle était entrain de formuler suite à sa question à propos du Guatemala. Elle semblait avoir répété ce texte une petite dizaine de fois pour le connaître par cœur. Lex n'en fit rien et continuait de poser sur elle un regard parfaitement neutre tout en lui accordant son attention. La suite était beaucoup plus sincère dans le sens où il y avait du vécu derrière ces mots, ce n'était pas simplement répéter ce qui lui avait été rapporté. Là, l'homme porta son index sur ses lèvres en signe de réflexion. Il restait volontairement indéchiffrable et observait la jeune femme avec son air continuellement imperturbable. Pourtant, il était entrain de réfléchir, de se souvenir.

« Oui, je sais ce que c'est » dit-il en étirant un peu plus son sourire pour peindre une émotion sur son visage. « Je vis chaque fois la même chose quand je vais Colombie ou en Afrique et plus récemment en Mongolie. Même si pour ma part il s'agit d'animaux. » Personne ne saurait dire quel lien il était parvenu à établir avec ces bêtes sauvages. Lui même en était une, certes éduquée, mais une bête quand même. Alexander se passa un main dans la barbe, son esprit saisissant un souvenir au vol. « Hier encore, j'étais dans les steppes à observer le loup de Mongolie. Une bête magnifique qui a façonné l'histoire et la culture mongole. Les gens là-bas disent qu'ils sont les passeurs entre le monde des vivants et celui des morts. Ils ont même inspiré des stratégies militaires suffisamment efficace pour défaire l'armée impériale des Han. Vous imaginez ? » Mais cette même bête était vouée à disparaître simplement parce que les hommes en avaient décidé ainsi. Une étincelle de tristesse se mit à briller dans les prunelles de l'homme d'affaire. « Beaucoup pense que nous créons des fondations seulement pour nous faire bien voir et pour passer le temps. Mais vous et moi savons que c'est beaucoup plus important et que nos actes peuvent peser » dit-il d'une voix basse et douce pour ne pas attirer l'attention d'autrui. Même si les deux fondations n'étaient pas comparable dans leur objectif, le moteur et la motivation étaient sensiblement les même.

De l'autre côté de la table, leurs collègues étaient dans un autre monde, sans doutes étaient-ils à des années lumières des préoccupations de Beth et d'Alexander. Ce dernier leur lança un coup d’œil, s'assurant ainsi qu'ils étaient toujours en plein dans leur conversation sportive, du moins c'était ce qu'il lui semblait. A cette instant, on aurait pu croire qu'il ne leur témoignait pas beaucoup de considération. Suite à quoi il reporta son attention sur la brune « Aussi ça aurait été un plaisir pour moi de participer à ce voyage. Mais je devrais préparer le mien en Afrique. Janvier et Février sont toujours des mois plus propices au braconnage malheureusement. » Carcasses d'éléphants et rhinocéros seraient son cadeau de début d'année. Un cadeau qu'il n'avait pas encore réussi à arrêter.
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MessageSujet: Re: {{ You can't escape the rising of the tide. {Alexander ♥}   {{ You can't escape the rising of the tide. {Alexander ♥} EmptyLun 19 Déc 2016 - 3:40



❝ You can't escape the rising of the tide. ❞
Beth Wilkerson & Alexander Ballmer


La relation que Beth partageait avec Alexander Ballmer n'avait jamais été bien compliquée. C'était un collègue de travail, un allié et un partenaire de renom, mais aussi une figure amicale qu'elle retrouvait à chaque fois avec plaisir. Si les réunions d'affaire l'angoissaient toujours un peu puisqu'elles étaient contraintes à bien plus de paramètres que ceux qu'elle pouvait maitriser, celles auxquelles elle assistait avec Ballmer avaient toujours quelque chose d'un peu plus rassurant que les autres. Aussi impressionnant soit-il, ils avaient réussi à s'apprivoiser au fil des années et des accords passés l'un avec l'autre. Ses longs silences l'inquiétaient souvent plus que de raison, mais ses regards et ses sourires plus encore. Elle ne savait jamais s'ils appuyaient ce qu'il pouvait rire ou en disaient tout le contraire. Pourtant, il n'avait jamais été mauvais avec elle. Il avait même représenté l'une des premières entreprises à faire affaire avec son association, et c'était quelque chose qui, à l'époque comme encore aujourd'hui, comptait beaucoup pour elle. Il ne lui avait jamais fait faux bond; il était une valeur sûre. Elle le retrouvait souvent dans des soirées de gala ou de charité totalement par hasard, et ils échangeaient toujours quelques politesses cordiales mais sincères. Elle était hypnotisée par les histoires de ses voyages, et lui s'intéressait à ses propres allers et retours vers le Guatemala, suffisamment impliqué lorsqu'elle parlait pour qu'elle se demande régulièrement si elle ne devait pas lui proposer une place au sein de son association.

Comme d'habitude, ce serait le dessert qui leur donnerait les meilleures opportunités pour échanger au sujet de leurs voyages, de leurs projets, de leurs désirs, de leurs craintes, de ce qu'ils avaient réussi à accomplir ces derniers mois et de ce qu'ils comptaient accomplir pendant les mois à venir. Le serveur qui les quitta après avoir pris leur commande marqua le début de ces échanges un peu spéciaux qui s'approchaient probablement plus du personnel que des affaires à proprement parler. Ils n'étaient pas si différents, au fond. La seule chose qui avait fait tiquer Beth était les produits qui faisaient la fortune d'Alexander. Elle n'arriverait probablement jamais à cautionner quiconque contribuait aux conflits, quels qu'ils soient, qui détruisaient le monde, mais Ballmer s'était démarqué par sa fondation pour laquelle sa sincérité et son implication n'avaient jamais été à démontrer. C'était un homme complexe, fait de contradictions que Beth était persuadée de ne pas connaître et de ne jamais connaître, mais elle se contentait de ce qu'il lui donnait.

Malgré tout, depuis sa séparation d'avec Daniel, il semblait à Beth que certaines questions avaient des allures de pièges involontaires. Comme celle que lui avait posée Tom dans la voiture, ou celle que Ballmer venait de lui poser à l'instant. Le Guatemala ? Elle avait du mal à s'imaginer y retourner alors qu'elle était à peine capable de s'occuper d'elle-même. Mais si elle répondait sincèrement, elle était piégée; il n'avait pas besoin de connaître chacun de ses états d'âme et de ses doutes sous prétexte qu'ils étaient passés au dessert. Alors, par réflexe, elle avait débité un petit discours qui semblait pré-mâché, de ceux qui expliquaient clairement aux novices qu'elles étaient les intentions de l'association. De quoi lui donner le temps de rebondir et de savoir ce qu'il était le plus approprié de dire ensuite. Le sourire de la brune se détendit lorsqu'Alexander choisit de parler de ses propres aventures. Tous ces voyages qu'il décrivait à chaque fois qu'ils se voyaient la faisaient rêver. Son dernier grand voyage remontait à deux ans, lorsque Daniel l'avait emmenée visiter Rome pour leurs retrouvailles... peu de temps avant de tout démolir pour de bon. Le Guatemala, elle le connaissait comme une seconde maison. Elle savait quelles étaient ses missions à chaque fois qu'elle y mettait les pieds, qui était là pour l'aider à atteindre ses objectifs mais aussi qui pouvait attendre d'elle ce qu'elle comptait leur offrir. Comme une machine bien huilée, ses voyages là-bas se déroulaient toujours plus ou moins de la même manière. Elle aimait ce qu'elle faisait, mais ce n'était plus ce qu'elle pouvait appeler une évasion. Même si elle avait été témoin là-bas de bonheurs réels et authentiques, d'éclats de rire sincères et de partages exceptionnels, elle y avait aussi vu trop d'horreurs pour les oublier. Son rôle là-bas n'avait jamais été de danser ou de rire; tout ça n'était qu'un bonus. Elle allait là-bas pour être confrontée au pire et apprendre à apporter des solutions contre lui. Tous ces animaux et ces paysages que Ballmer pouvait décrire semblaient presque appartenir à la fiction; en tout cas, il n'avait pas d'autre réalité dans sa vie à elle que celle que lui offraient les discours de l'homme d'affaire et les reportages télévisés. « Vous avez pas l'air d'avoir souffert du voyage ou du décalage horaire », fit-elle remarquer, admirative, en buvant une gorgée de champagne. « Le Guatemala est bien plus près que la Mongolie, et pourtant, quand je rentre, j'ai besoin d'hiberner au moins vingt-quatre heures. Il faudra que vous me donniez votre secret... » Elle posa sa coupe sur la table en jetant un coup d'oeil aux personnes qui les accompagnaient, toujours emportées dans une discussion passionnées au sein de laquelle ils ne semblaient pas avoir leur place. « Aux Etats-Unis, on a la dinde de Thanksgiving. J'avoue qu'elle a pas la même étoffe que des loups, mais... » répondit-elle, amusée, en haussant les épaules, les bras croisés sous sa poitrine. Mais il marquait un point en abordant ce sujet des fondations. Son air devint subitement un peu plus grave, réfléchissant à ce qu'il venait d'avancer. « C'est parce que les hommes et les femmes qui peuvent se permettre de créer des fondations non lucratives sont des personnes qui veulent et savent utiliser leur pouvoir pour une cause plus grande qu'eux. » Elle haussa les épaules en se penchant vers lui, remontant discrètement sa robe sur son décolleté pour ne pas lui offrir plus que de convenance. « C'est comme ça que ça marche. Ceux qui ont l'argent et le pouvoir sont ceux qui sont capables de faire bouger le monde, dans un sens comme dans l'autre. Je veux juste croire que parmi ces personnes se cachent quelques licornes capables de seulement vouloir rendre le monde meilleur. Des fois je me dis même que leurs réelles intentions importent peu. Si un rappeur fait don des profits d'une chanson à une oeuvre charitable, les résultats seront les mêmes quelles que soient les raisons qui l'aient poussé à le faire. » Elle soupira légèrement alors que son regard se perdait sur les tables installées derrière Alexander. « Les personnes qui pensent qu'on fait ça pour occuper notre temps ou notre argent ou nous donner en spectacle le pensent parce qu'elles ne comprennent pas toutes les ficelles du jeu de pouvoirs qui règne sur ce monde. Elles n'ont pas le luxe de pouvoir investir de l'argent ou du temps dans des causes qui les dépassent. Nous, on sait de quoi nos lendemains seront faits... » Sa phrase resta en suspend quelques instants. Elle avait la sécurité financière, voilà ce qu'elle disait. Quant au reste... « Eux, ils se battent pour avoir à manger et un toit au dessus de leur tête pour ce lendemain. Ce sont deux points de vue différents... » Leurs collègues ne cessaient de jacasser à côté d'eux. Beth sourit, amusée, en posant son regard sur l'un de ses représentants. Alexander et elle parlaient bien moins fort qu'eux, et leur discussion passait totalement inaperçue à côté de celle de ceux qui les accompagnait. « Vous partez deux mois complets là-bas ? » demanda-t-elle alors que le serveur s'approchait avec trois premières assiettes de desserts, qu'il servit à leurs voisins bruyants. Beth lança un regard déçu à son interlocuteur, qui devait au moins attendre son chocolat liégeois comme elle attendait son suprême au chocolat. Le serveur prit à nouveau la direction des cuisines alors qu'elle reprenait la parole. « Vous avez déjà pris des braconniers en flagrant-délit ? Vous faites quoi, dans ces cas-là ? Vous les reportez aux autorités ? Est-ce que ça intéresse les autorités, là-bas, au moins ? »
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MessageSujet: Re: {{ You can't escape the rising of the tide. {Alexander ♥}   {{ You can't escape the rising of the tide. {Alexander ♥} EmptyDim 8 Jan 2017 - 15:49


L'animal n'était pas dupe, il voyait bien que la femme en face de lui se gardait bien de quelques détails. Quand bien même les deux discutaient, ce n'était pas à cœur ouvert, il y avait toujours une forme de retenue qui agaçait passablement Ballmer. Une barrière sociale que les élites avaient tendance à placer bêtement pour d'obscures raisons, faisant d'eux des êtres presque non-humain. A son sens, il n'était clairement pas humain de vouloir s'enfermer dans des conventions sociales futiles uniquement pour se donner un genre à la fois pathétique et désuet. Même si Lex lui même n'échappait pas à l'apparence qu'il donnait. Or il ne tentait pas de se donner une image, il était juste ainsi, un homme différent avec un parcours atypique qui lui avait forgé un regard et un esprit unique par rapport à l'élite à laquelle il appartenait initialement. Mais ça… Qui pouvait se targuer de le savoir ?

Alexander esquissa l'ombre d'un sourire énigmatique, prêtant une oreille toujours attentive à sa jeune interlocutrice. Il l'écoutant sans porter de jugement, sans chercher à lui faire comprendre qu'il avait raison et qu'elle avait tort. Non, il l'écoutait simplement, chose que beaucoup de gens ne savaient plus faire avec le temps. Les vraies conversations ne semblaient plus avoir lieu d'être dans un monde où tout allait toujours plus vite, où c'était à celui qui raconterait la meilleure histoire. Là, i se passa une main dans la barbe, signe qu'il réfléchissait en même temps que Beth exprimait son point de vue. Elle n'était pas dans le faux, du moins de son point de vue à elle. A dire vrai, elle était même dans une certaine forme de vérité que peu de gens parvenaient à accepter. Mais c'était une vérité parmi des milliards.

« J'aimerais nuance le propos » dit-il après avoir écouté attentivement. « Je ne doute pas qu'il y ait une vérité et une expérience derrière tout ça, mais la réalité – pour ne pas dire vérité, puis qu'elle est finalement assez subjective – c'est que les choses sont encore plus complexes que cela. » Lex était sans doute une des personne les mieux placer pour exposer son propos, profitant que les deux autres personnes à leur table soient toujours en grande conversation. « Je ne doute pas de votre engagement et votre envie de voir le meilleur chez l'être humain, néanmoins, ce qu'il faut savoir, c'est que la majorité des puissants dans ce monde ne souhaitent pas voir les peuples les plus pauvres et les plus démunis s'en sortir. En réalité, cette pauvreté les arrange. Qu'importe le président élu, les gouvernements et les dictatures, les seuls à diriger ce monde sont ceux qui sont parvenus à amasser des milliards. Vous pouvez accepter ou non la vision que je vous propose, hélas elle est bien plus concrète que tous les espoirs de l'humanité. » L'animal n'avait jamais été aussi franc de toute sa vie à propos des réalités géopolitiques de ce monde là. Les riches étaient toujours plus riche et les pauvres toujours plus pauvre.

La conversation revint sur son prochain voyage en Afrique. Il hocha la tête pour affirmer qu'il partait bien deux mois. Les desserts commençaient à arriver à leur table, bien qu'il faille attendre encore un peu pour le liégeois au chocolat. Il avait bien attendu tout le temps de son voyage en Mongolie, il pouvait bien attendre encore un peu. Beth aborda la question des braconniers, ce qu'il pouvait faire à leur égard. L'homme eut un sourire plus prononcé qu'il cacha qu'un revers de doigts, tout en sachant pertinemment que la jeune femme le verrait. Il baissa le regard un instant pour feindre la réflexion, alors qu'en réalité il savait. Là, il se passa l'index sur la lèvre inférieur, gardant ce sourire accroché à la commissure. Il releva les yeux et planta son regard bleu dans celui de la brune. « Je les tue » dit-il simplement avec ce sourire figé.
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MessageSujet: Re: {{ You can't escape the rising of the tide. {Alexander ♥}   {{ You can't escape the rising of the tide. {Alexander ♥} EmptyLun 9 Jan 2017 - 5:36



❝ You can't escape the rising of the tide. ❞
Beth Wilkerson & Alexander Ballmer


Beth n'avait jamais joué de jeu, même lorsqu'elle avait fréquenté les hautes sphères de la ville et de l'Etat aux côtés de celui qui avait été son époux. Elle avait été élevée de la sorte, et si elle lâchait parfois quelques grossièretés, elle savait se comporter en société. Elle savait quels mots étaient appropriés à quelles circonstances et comment caresser quelqu'un de haut placé dans le sens du poil. Elle savait différencier les comportements parfaits des comportements acceptables, et les comportements tolérés des comportements inadmissibles. A ce moment précis, elle en était consciente, elle était partagée entre sa sincérité et ces apparences qu'elle avait appris avec tant de conviction à laisser prendre le dessus. Ballmer était un collaborateur avant d'être un ami, et pour cette simple raison, elle comptait bien lui cacher tout ce qui lui avait nécrosé le cœur durant des mois. Personne n'avait besoin d'en savoir plus que ce qu'elle avait décidé d'annoncer à ceux qui étaient là pour l'entendre : elle s'était séparée de Daniel, qui était parti s'installer sur la côte est. Voilà ce que tout Huntington savait à son sujet, et voilà les seuls arguments qu'elle utilisait lorsqu'elle devait justifier son absence de quelques mois à l'association ou à la mairie. Seuls ses rares amis savaient que c'était Daniel qui l'avait quittée, et quelles en étaient les raisons. Personne d'autre n'avait besoin de le savoir, et encore moins de monde n'avait besoin de savoir qu'elle avait avorté de leur enfant, des quelques cellules qui avaient eu le temps de grandir dans son ventre avant d'en être violemment arrachées. Alexander ? Elle avait beau l'apprécier, il était un collègue, une connaissance au mieux. Ils se croisaient une ou deux fois dans l'année pour les événements à officialiser et à organiser, ils s'entendaient bien, mais pour le reste... au regard de Beth, il faisait partie de ce monde effrayant dans lequel elle ne voulait pas se perdre. Et, comme si ces seules raisons ne suffisaient à pas à lui couper la chique dès qu'elle hésitait sur certaines de ses réponses, Ballmer ne cessait de l'intimider de ce regard perçant qu'il posait sur elle à chaque instant. Il n'interrompait pas, jamais; il écoutait avec attention, s'abreuvait de chaque mot et les analysait, décortiquait sans doute chacune de ses micro-expression comme s'il pouvait lire sur son visage tout ce qu'elle s'efforçait de taire dans les mots. Ce simple regard qu'il posait sur elle n'avait de cesse d'intimider une Beth assez peu expérimentée à cet exercice.

Alors, Beth, elle préférait écouter Ballmer parler que de buter sur chaque mot, se demandant ce qu'il pourrait en retirer. Pour ce qui était de ses opinions publiques, un peu plus politisées que sa vie personnelle du moins, elle n'avait rien à cacher. Elle avait tout de même mené une campagne pour la mairie de la ville, et ses opinions n'étaient plus un mystère pour quiconque. Les débats qui suivaient étaient souvent très enrichissants. Tom lui avait déjà donné du fil à retordre face à certaines de ses convictions, mais Ballmer, en la contredisant à présent, lui donnait également quelques pistes de réflexion plus qu'intéressantes. « Tout le monde est loin d'être parfait. Le monde fonctionne de façon chaotique parce qu'il est pas dirigé par les personnes les plus innocentes. Nos politiques arrivent là parce qu'ils savent aussi comment ça marche, et qu'ils le tirent à leur profit. Notre place à nous est presque unique. On peut contribuer à rendre le monde meilleur avec ce qu'on a, mais tous ceux qui ont l'argent ou le pouvoir ont pas le mêmes priorités, malheureusement. Si l'argent dominait pas le monde comme ça, j'aurais aucune raison de venir en aide à tous ces enfants au Guatemala. On serait tous égaux et on s'entraiderait sans avoir à se poser de questions. Mais c'est toujours une question de pouvoir. Nous on apprend juste à l'utiliser pour aider ceux qui l'ont pas. » Elle marqua une pause comme pour se remémorer chacun des arguments proposés par son interlocuteur. « Et ceux qui accumulent les milliards et dont vous parlez tiennent les politiques par les couilles. Les pays, les politiques et les gouvernements sont au service des grandes fortunes. Parce qu'un pays a besoin d'argent, et c'est le chat qui se mord la queue... » Accablée par ce qu'elle venait de dire, elle soupira et attrapa sa coupe de champagne pour en avaler quelques gorgées d'un coup.

Et l'Afrique. L'Afrique et ses braconniers. Le mal existait, elle en avait bien conscience. Il se cachait sous plusieurs formes, et l'un et l'autre en chassait déjà deux bien différentes l'une de l'autre. Ballmer avait choisi une cause bien honorable lui aussi, mais Beth devait admettre n'y connaître pas grand chose, si ce n'était rien. Elle sourit lorsqu'il s'efforça de masquer son sourire. Elle se demandait ce qu'il pensait à cet instant précis. Sa question avait-elle été particulièrement ridicule ou hors de propos ? Il lui jeta subitement un regard qui la glaça sur son siège et renforça son effet par trois mots seulement. « Monsieur... madame... » les interrompit le serveur en leur déposant leurs desserts, non sans faire sursauter la brune. « M-merci », répondit-elle, un peu décontenancée, au jeune homme qui quittait déjà leur table. « Vous les tuez ? » répéta-t-elle bêtement avant de s'esclaffer subitement. Il plaisantait, voyons. Comment avait-elle pu le prendre au sérieux une seule seconde ? « Très drôle, monsieur Ballmer. Vous tuez... », gloussa-t-elle non sans se resservir un peu de champagne pour se remettre de ses émotions. « Vous êtes vraiment un comique, vous... » Sans s'en rendre compte, la brune fuyait le regard de son collaborateur, horrifié à l'idée d'y lire une sincérité effrayante.
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MessageSujet: Re: {{ You can't escape the rising of the tide. {Alexander ♥}   {{ You can't escape the rising of the tide. {Alexander ♥} EmptyDim 22 Jan 2017 - 19:02


Dire que la dernière phrase d'Alexander avait fait son petit effet, c'était peu dire. Un silence avait pris place entre eux alors que le serveur venait leur apporter les desserts qu'ils avaient commandé. Un trouble bien passager durant lequel la jeune femme retrouva un peu la voix. Suite à quoi, gardant la situation instable, le PDG ne pipa mot, trop content d'observer son interlocutrice dans l'embarra de cette révélation. Beth avait fini par rire certes, mais d'une maladresse qui masquait son malaise. L'homme avait su, dès l'esquisse de cette phrase rédigée dans son esprit, qu'elle ne serait pas sans choquer. Lui que l'on connaissait toujours bienveillant et calme en toutes circonstance, il avait également le don d'en déconcerter plus d'un et ce d'une simple réponse.

« Du moins c'est ce qu'il conviendrait de faire pour lutter efficacement contre le braconnage » finit-il par dire à la jeune femme pour faire cesser la gêne qu'il avait instauré dans la conversation. « Le guépard est officiellement en voie de disparition sur le continent africain, rejoignant de ce fait la girafe et le rhinocéros noir. » Une nouvelle qui le laissait bien amère face à l'étendue des dégâts commis par les hommes. « Mais voyez vous, l'être humain a tellement sacralisé la vie que même tuer les êtres les plus viles est considéré comme une infamie. Bien qu'à mon sens, il faudrait arrêter de penser à l'intérêt humain en premier lieu et ce consacrer à celui de la planète avant toute chose. Est-ce qu'on ne vivrait d'ailleurs pas mieux ? »

Lex observait Beth en arborait un air de profonde réflexion alors qu'il prenait sa cuillère. Il était temps de voir si le goût de la glace au chocolat liégeois était toujours le même qu'avant son séjour en Asie. Il planta le couvert dans la chantilly qui coiffait les boules de glace, déjà ennuyé de devoir la manger avant de pouvoir atteindre le meilleur. Une première cuillerée de ce qui avait l'air d'un nuage de crème et le voilà qu'il retrouvait des sensations familière. Voilà bien une chose qui lui avait manqué, et une petite entorse à son régime végétarien. Il n'y aurait personne pour le savoir. Il releva le regard pour écouter son interlocutrice donc il savait qu'elle avait beaucoup à dire. Beth était une de ces rares personnes à qu'il convenait d'observer qu'elle avait une âme et une conscience, quand d'autres se contentaient de n'être que des pions sur un jeu d'échecs. Ils était sots les bienheureux qui ne voyaient pas plus loin que ce qui leur était donné de voir.

L'homme jouait avec sa barbe poivre et sel, tirant sur quelques poils sans vraiment chercher à les arracher, plus par habitude qu'autre chose en réalité. Il tendit l'oreille pour écouter la conversation qui se jouait à la même table. Le commun des mortels avait le don de l'ennuyer. L'ordinaire l'ennuyait, si bien qu'il décrocha assez vite de cette discussion pour savoir quel était le meilleur joueur de l'année. A leur physique ils n'étaient même pas capable de jouer un match professionnel plus d'une trentaine de seconde avant de rouler sous le banc des remplaçants.
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MessageSujet: Re: {{ You can't escape the rising of the tide. {Alexander ♥}   {{ You can't escape the rising of the tide. {Alexander ♥} EmptySam 28 Jan 2017 - 2:21



❝ You can't escape the rising of the tide. ❞
Beth Wilkerson & Alexander Ballmer


Il semblait subitement à Beth que le temps s'était arrêté. Elle fixait Alexander un peu bêtement mais surtout très sonnée par ce qu'elle venait d'entendre. Le serveur avait déposé leurs desserts dans ce qui lui paraissait être la plus grande des discrétions, mais le fait était qu'elle ne cherchait qu'à trouver une façon digne de réagir à une telle révélation. Faisait-elle réellement face à un meurtrier ? Beth exécrait beaucoup de personnes en ce bas-monde, des personnes qui n'arrivaient à être rattrapées par aucun système judiciaire mais qui mériteraient au moins des milliers de condamnations. Des profiteurs de toutes sortes, des ingrats qui exploitaient les plus faibles, des violeurs, des terroristes, des pédophiles, des trompeurs, des malhonnêtes. Le monde était fait d'injustices, mais Beth n'avait jamais cru que la meilleure arme face à cette dernière était elle-même. Ce n'était pas à eux, quels qu'ils soient, de rendre la justice de la plus ancienne des façons. Oh, il lui arrivait parfois de regretter la peine de mort dans son bel état de Californie, mais au fond d'elle-même, Beth savait que ce n'était jamais la réelle solution. Tuer des braconniers ? Ce n'était pas la solution non plus. C'était peut-être là leur seul gagne-pain. Alexander et elle avaient tout le loisir de se battre pour les animaux qui ne pouvaient pas le faire pour eux-mêmes, mais ces hommes-là, ce qui vivaient de ce que ces animaux leur offraient, pouvaient-ils en dire autant ? Le monde n'était pas noir, et il n'était pas blanc. Il était fait d'un camaïeu de gris insoluble duquel il était parfois bien difficile de se dépêtrer.

Elle n'avait jamais pensé se retrouver face à un meurtrier un jour, et encore moins à l'occasion de l'un de ces dîners auxquels elle était tant habituée. Ballmer avait toujours représenté un mystère insoluble pour Beth. Elle savait de lui ce qu'elle avait besoin de savoir. Leurs conversations étaient souvent bien cordiales et aimables, mais c'était également à ça qu'elles se limitaient. Après tout, il pouvait très bien tricoter tous les soirs ou dépecer des renards dans son jardin qu'elle n'en saurait strictement rien. Et c'était ainsi que les choses fonctionnaient, dans ce monde vague qu'était celui des affaires. On se contentait souvent du minimum lorsqu'il s'agissait de faire des affaires; pas besoin de savoir davantage que ce dont on avait besoin pour profiter d'un éventuel partenariat. Après tout, lui ne connaissait pas tous ses déboires personnels, et c'était sans doute bien mieux comme ça, et pour eux deux. De toutes les options qui s'offraient à présent à elle, Beth décidé donc d'éclater d'un rire un peu nerveux, cherchant à s'échapper à cette pression qui s'était subitement abattue sur ses épaules lorsqu'il avait prononcé ces quelques mots on ne peut plus surprenants. Lorsqu'il reprit la parole, Beth se rendit compte qu'elle avait retenu sa respiration quelques secondes. Elle fut soulagé comme jamais en l'entendant répliquer sur le même ton qu'elle. Sa cuillère plantée dans son dessert, elle se raidit pourtant à nouveau lorsqu'il parla de cette façon qu'avait l'espèce humaine de sacraliser la vie. Il lui fallut quelques secondes et une concentration extrême pour trouver de quoi rebondir. Ce dîner prenait une bien drôle de tournure. « Même si on est d'accord sur le fait qu'ils sont pas idéaux, il y a des systèmes de justice pour la rendre. Si on commence à autoriser le meurtre pour servir des causes... » Elle baissa le regard sur son dessert et découpa saignement une part une tranche dans la part de son gâteau. « ... alors quelle cause en vaudra la peine, et à partir de quand il sera considéré qu'on va trop loin ? Ce sera la porte ouverte à l'anarchie. Votre voisin pourrait vous abattre parce que vous lui avez piqué son journal. » Elle glissa sa cuillère entre ses lèvres et savoura le goût du chocolat un instant, son regard posé sur un Ballmer qui ne cessait d'éveiller sa curiosité. « Mais je suis d'accord, la Terre c'est notre reine. Ou du moins, ça devrait l'être. Il faudrait que tout le monde s'en rende compte, à commencer par les systèmes judiciaires. S'il n'y avait personne pour acheter l'ivoire ou les peaux d'animaux exotiques, y aurait pas de braconniers. C'est un système tout entier qui foire. Mais encore une fois... l’appât du gain. » Son regard suivi celui de son interlocuteur, qui observait ceux qui les accompagnaient. « Mon mari aimait bien LeBron James... » glissa-t-elle, amusée, à Ballmer, comme pour commenter cette conversation à laquelle elle ne comprenait pas un traître mot. Elle venait malgré elle de glisser une information de trop, la conjugaison d'un verbe qui laissait entendre la seule information qu'elle avait considérée nécessaire d'annoncer officiellement. Son regard fuit celui du barbu un instant avant qu'elle ne se reprenne en continuant sur sa lancée. « J'ai rien suivi, ils parlent bien de basket, hein ? »
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MessageSujet: Re: {{ You can't escape the rising of the tide. {Alexander ♥}   {{ You can't escape the rising of the tide. {Alexander ♥} EmptyDim 12 Fév 2017 - 12:18


Il voyait dans son regard le choc qu'il passait au travers de son âme. Alexander avait en face de lui une créature comme la société en avait façonné des milliers. Le sourire qu'il avait affiché tantôt s'était vu effacé, comme s'il n'avait jamais eu lieu, comme si tout ceci n'avait jamais été dit. Pourtant il l'avait fais. Une vérité dérangeante dite à voix haute pour observer la réaction de son interlocutrice. Était-il lui même surpris ? Pas le moins du monde. Peu de choses semblaient pouvoir ébranler cet homme. L'animal observait Beth sans laisser paraître un quelconque amusement à malmener ses convictions et sa vision du monde. Comme toujours il ne laissait pas échapper grand-chose de sa propre façon de penser, bien loin des conventions sociales mise en place par la civilisation occidentale. Mais à n'en pas douter, il ne partageait pas le point de vue de la jeune femme sur le système juridique, peut-être parce que lui même y échappait allègrement malgré les atrocités qu'il était capable de commettre. Mais c'était tout à son honneur que de croire en un monde meilleur, seulement elle semblait bien loin de la réalité du terrain, de la situation géopolitique mondiale dominée par les intérêts des puissants. Savait-elle seulement pourquoi depuis 2003 les États-Unis s'était embarqués dans une guerre contre le moyen-orient ? Pour une histoire de pétrodollars. Parce que la puissance du pays s'était battis uniquement sur l'or noir et que l'Irak avait menacé cette équilibre fébrile pour troquer le dollar contre l'euro. Parce que le système bancaire américain reposait sur un argent que le pays ne possédait même pas. Peu de gens savaient qu'il y avait bien plus de billets en circulation que d'or dans la banque centrale. Et si aujourd'hui le monde était en guerre ouverte contre le terrorisme, il fallait remercier ce très cher Bush pour ça. Mais le savait-elle ? Lex n'en dirait mot, dans cette conversation, la laissant à son utopie, parce que certains avaient bien le droit de croire au bonheur. A défaut de le connaître.

Aussi, l'homme laissa la conversation dévirer sur celle de leurs collègues qui semblaient toujours autant passionné par les exploits sportifs. Ballmer les jaugea de pied en cape, sans le laisser remarquer, arborant un air pensif à les écouter discuter. Mais bien vite il reporta son attention sur Beth qui tenta de nouveau d'échapper à son regard. Il se passa une main dans la barbe, sentant le contacte de cette dernière sous ses doigts. « Je ne sais pas, à dire vrai je ne m'intéresse pas aux sports professionnels. Mais c'était tout à l'honneur de votre mari de s'intéresser au basket. Même si je doute que ce soit toujours son cas, un divorce ne change pas les goûts des gens. » Lex prit une nouvelle bouchée de glace, mélangeant ainsi chocolat et chantilly, des notes entre la douceur de la crème fraîche et le corsé du chocolat noir. Sa cuillère vint rencontrer le verre, émettant un tintement familier qui se fondait dans la masse des autres bruits du restaurant. Il était encore un peu difficile de se faire au retour à la civilisation. Il semblait à Alexander qu'il entendait tous les bruits environnant. Les rumeurs de conversation, les voix de ses collègues, les chocs des couverts. « Personnellement je préfère pratiquer un sport. En l’occurrence j'en fais plusieurs, c'est quelque chose de bien plus intéressant que de commenter des matchs. Loin de moi l'idée de paraître médisant à l'encontre des autres, c'est seulement parce que je me dois d'être en bonnes conditions physiques quand je dois séjourner plusieurs mois au cœur de la nature » dit-il, lui qui parlait rarement des pratiques sportives qu'il affectionnait depuis des années maintenant. Lex n'avait jamais vraiment eu le culte du corps parfait, mais passer du temps en compagnie d'animaux des toutes sortent lui avait appris qu'il fallait toujours être prêt à n'importe quelle situation, surtout celle de la survie. « Et vous ? Vous pratiquez quelque chose ? » demanda-t-il sans émettre le moindre jugement à l'égard de l'avocate à qui il avait laissé entendre qu'il en savait bien plus sûr elle qu'il ne voulait bien l'avouer.
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MessageSujet: Re: {{ You can't escape the rising of the tide. {Alexander ♥}   {{ You can't escape the rising of the tide. {Alexander ♥} EmptyDim 12 Fév 2017 - 17:10



❝ You can't escape the rising of the tide. ❞
Beth Wilkerson & Alexander Ballmer


Les convictions et espoirs de la brune en laissaient plus d'un dubitatifs. D'aucuns pensaient qu'elle conservait une façade, à l'image de tous les politiques qui les dominaient, pour mieux les entuber, alors que d'autres étaient persuadés que sa naïveté la perdrait. Beth, quant à elle, était persuadée que sa façon de voir et de faire était la plus honorable. Elle voulait faire les choses avec justesse, même si le monde qui les entourait était truffé d'injustices. Elle voulait croire qu'un candidat à la présidence comme Trump n'avait aucune chance d'atteindre le poste le plus admiré du pays, parce qu'il n'en avait ni les compétences, ni la réelle envie. Ce qui la motivait, jour après jour, c'était ce et ceux qui l'entouraient, c'était la perspective de rendre ce monde au moins un tout petit peu meilleur. Elle savait qu'il courait à sa perte, elle savait les dérèglements climatiques, la banquise qui disparaissait et le courroux d'une Terre qui réagissait à l'insatiabilité de l'Homme. Elle savait que l'argent gouvernait tout, y compris les idées et convictions des hommes les plus hauts placés. Mais se contenter d'observer la perte à laquelle courrait le monde reviendrait à l'abandonner. Beth n'avait jamais été capable d'abandonner. Elle était de ceux qui se levaient jusqu'à se faire entendre. Tous étaient capables de changer les choses, au moins à leur échelle, et elle voulait le faire bien. Utiliser ces armes légales qu'elle avait étudiées bien assez longtemps, c'était le meilleur moyen de retourner contre eux tous ce que les politiciens et grands hommes avaient utilisé jusque là pour dominer le monde.

« Je sais pas » avoua-t-elle dans un petit sourire triste, avouant à demi-mot qu'elle n'avait plus aucune nouvelle de celui qui deviendrait un jour prochain son ex-époux. Elle serait une divorcée à trente-deux ans à peine, détruite par des promesses qui n'avaient jamais eu lieu d'être. Elle était parvenue à un point où elle se demandait ce qui avait pu être sincère dans la moindre parcelle de leur relation. Daniel avait-il jamais réellement le basket, ou était-ce à nouveau une façade qu'il s'était construite ? Elle ne le saurait probablement jamais, et c'était sans doute mieux ainsi. Elle redoutait à présent bien trop ces vérités pour les affronter de front. Ballmer et elle se turent quelques instants, laissant la conversation de leurs collègues prendre le dessus une nouvelle fois. Beth était un peu perdue dans ses pensées, absorbée par son dessert et toutes les questions qu'elle pouvait encore se poser au sujet de Daniel. « Mmh ? Lesquels ? » demanda-t-elle alors qu'Alexander l'avait tirée de ses pensées. « De toute façon c'est chacun ses besoin. Ça peut aussi être un moyen d'évacuer certaines choses. Un esprit sain dans un corps sain, tout ça. » Elle enfourna une cuillère chocolatée entre ses lèvres. « C'est votre côté man vs. wild », s'amusa-t-elle un peu en s'imaginant ce genre de voyages, un peu rêveuse. « Ça doit être dépaysant, quand même. De ne plus être entouré que du plus simple. C'est toutes ces choses-là qui sont trop facilement oubliées ou laissées de côté. » Par elle la première, d'ailleurs. A force d'être accaparé par sa propre existence, on en oubliait les réelles valeurs de la vie dans ses plus simples apparats. Beaucoup d'entre eux n'avaient plus à se préoccuper de leur survie au sens strict du terme. Ils avaient un toit et la sécurité, et ne cherchaient qu'à progresser dans l'échelle de Maslow. C'était signe d'un confort plus que bienvenu, mais aussi d'un éloignement des choses les plus basiques et les plus instinctives. Ils en oubliaient la survie de leur espèce, et, par dessus tout, celle de leur environnement et de ce qui les entourait. « Je cours beaucoup... tous les jours en fait. Au moins une heure. Ça vide l'esprit. Et puis la plage est vide aussi tôt le matin, c'est presque surréel. La ville dort jusque tard. » Parole de lève-tôt, bien trop tôt d'ailleurs.
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MessageSujet: Re: {{ You can't escape the rising of the tide. {Alexander ♥}   {{ You can't escape the rising of the tide. {Alexander ♥} EmptyDim 19 Fév 2017 - 11:40


Le contacte froid de la coupe de glace sous les doigts, une sensation rafraîchissante qui était loin de lui rappeler le climat glacé de l'Arctique. La chantilly sur son chocolat liégeois fondait lentement et lui rappelait la fois où il était parti tout une semaine à l'aventure du froid polaire pour se rendre compte de la fonte des glaciers. Un souvenir lointain et pourtant mémorable. Jamais il n'avait connu une sensation pareille et la glace chocolaté dans sa bouche était pour lui rappeler à quel point ce n'était rien en comparaison. A vivre dans un monde trop conditionné par l'homme, on en oubliait parfois les ardeurs extrêmes de la planète. Alexander releva les yeux de son dessert pour s'intéresser à nouveau à Beth. En avait-il vraiment quelque chose à faire cette femme ? Impossible de le savoir, l'animal de gardait bien de partager ses pensées avec qui que ce soit, encore moins avec ceux avec qui il était le plus proche.

« Cyclisme, course à pied et musculation » répondit-il simplement, cherchant à se rappeler quelle séance était d'ailleurs prévue pour le lendemain. « Et pourtant dieu seul sait comme j'en avais horreur quand j'étais à l'école » rajouta l'homme avec une vague pensée pour son enfant et ses heures de sports passées à maudire ses professeurs qu'il trouvait déjà incompétent à l'époque. « Mais aujourd'hui, c'est différent, ce n'est plus le même rapport au corps. Et si je peux vous conseiller une chose, si ce n'est pas déjà fait, c'est d'aller courir en pleine jungle. C'est l'une des choses les plus difficiles et éprouvantes au monde, mais à la fin on se dit qu'on a réussi à le faire. » En effet, Lex l'avait déjà fais en pleine jungle Colombienne. Une expérience intense, douloureuse qui rappelait à chacun ses limites et qui apprenait à les dépasser. L'homme d'affaire avait une trentaine d'années lorsqu'il avait tenté l'aventure, à son retour à la vie civile, il n'avait plus été le même, sa vision du monde avait changé et elle perdurait aujourd'hui encore. « Pas seule, cela s'entend, mais si vous en avez l'occasion en Équateur, vous risquez de découvrir une autre facette de vous même. » Celle d'une survivante. Celle qui avait découvert le sens profond de chaque chose et à quel point la vie humaine était faite de futilité qui nous faisait apprécier le confort d'un lit. C'était sans doute la raison pour laquelle, chaque année, Lex retournait dans les lieux les plus reculé de la Terre pour soutenir le travail de sa fondation.

A nouveau, il plongea sa cuillère dans son dessert et la porta à sa bouche pour sentir la saveur du chocolat noir sur sa langue. Il la sentait fondre et laissait échapper toute la rondeur cacaoté, quelques notes corsées et un léger arôme de praline en fin de bouche. La cuillère tinta à nouveau contre le verre lorsqu'il la posa dans la coupe, prenant ainsi le temps de manger son dessert et surtout parce qu'il aimait la laisser un peu fondre, c'était bien plus appréciable.
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MessageSujet: Re: {{ You can't escape the rising of the tide. {Alexander ♥}   {{ You can't escape the rising of the tide. {Alexander ♥} EmptyMar 21 Fév 2017 - 1:20



❝ You can't escape the rising of the tide. ❞
Beth Wilkerson & Alexander Ballmer


Sa cuillère plantée dans sa part de gâteau, Beth se demandait un peu où la mènerait cette conversation avec Ballmer. Elle ne connaissait pas grand chose de l'homme, si ce n'était ce qu'il jugeait bon de laisser transparaître, mais il était largement plus discret qu'expansif. Il semblait à la trentenaire qu'il passait sans doute bien plus de temps à mesurer ce qu'il allait dire ou à sagement observer et écouter qu'à réellement se laisser aller. Il était secret au point d'en devenir un peu effrayant aux yeux de la brune. Il posait sur quiconque il observait un regard froid mais loin d'être vide. Ses idées semblaient être en ébullition à chaque instant, il semblait vous déshabiller de pied en cap au point même de lire vos pensées les plus intimes. Pourtant, Beth ne s'était jamais démontée devant lui; ils avaient conclu tous les deals qui avaient pu être mis sur le tapis au fil des ans, et c'était tout ce qui lui suffisait. Elle n'était jamais allée chercher plus loin. Professionnellement, ils étaient sur la même longueur, et ils se profitaient l'un à l'autre. « Et puis faire les choses par obligation, c'est jamais pareil. C'est pas motivant ou gratifiant. » Elle, pour le coup, avait toujours été aussi bonne élève que sportive motivée. Elle ne pouvait pas nier qu'elle se démenait jusque dans ses cours de sport. C'était l'un des seuls échappatoires qu'elle avait jamais trouvés pour l'aider à gérer la pression qu'elle se mettait et elle même et en compagnie de sa mère sur les épaules. « Courir en pleine jungle... » répéta-t-elle avec un petit sourire amusé en attrapant sa flûte de champagne dont elle but une nouvelle gorgée. Décidément, le chocolat se mariait très bien à ce met franco-français. « J'en ai jamais eu l'idée, même au Guatemala. » Elle devait l'avouer, là-bas, elle ne quittait jamais les sentiers battus. Elle était aventurière mais pas à ce point, et rien que visiter la jungle de la plus simple des façons comme elle avait déjà pu le faire à plusieurs reprises lui était paru comme presque insurmontable, bien trop de sa zone de confort, en tout cas, pour qu'elle ose à présent monter la difficulté d'un cran supplémentaire. « Ça vous apprend quoi de courir dans la jungle ? Je veux dire, si j'ai soif d'aventure j'ai qu'à tenter les élections municipales de ma ville natale et perdre face à un homme qui possède déjà le monde. » Cynique ? Elle l'était peut-être un peu. Elle fuit le regard de Ballmer pour le poser sur sa part de gâteau et en couper avec une extrême concentration un nouveau morceau qu'elle enfourna entre ses lèvres rouges.

Le serveur s'approcha discrètement de leur table alors que Ballmer et Beth étaient chacun concentré sur leurs desserts. Il leur demanda s'ils avaient besoin de quelque chose et la brune hocha négativement de la tête. Elle était probablement allée un peu trop loin avec cette histoire d'élections, mais son interlocuteur avait su la titiller, et l'amertume qu'elle gardait face à sa défaite n'était pas un secret d'état. Elle préférait largement avoir lâché ce genre d'informations que n'importe quoi qui aurait pu avoir un lien avec Daniel ou leur séparation. « Je suis heureuse au conseil municipal, hein, j'espère que vous interpréterez pas mal mes paroles. Mais... je pense qu'on a tous nos défis, même s'ils peuvent paraître négligeables aux yeux de certains. On a pas forcément besoin de courir dans la jungle pour se sentir fier ou épuisé... » Elle se racla la gorge en posant sa cuillère dans son assiette quelques instants. « Je veux dire, c'est très bien que vous en ayez l'opportunité et que ça vous permette de vous épanouir. Je le ferai un jour si j'ai le courage. Mais il y a pas forcément besoin d'aller si loin pour relever des défis qui nous rendent fiers ou nous épuisent jusqu'à la moelle. » Elle sourit et récupéra sa cuillère. « Dans quelle jungle vous avez fait ça, vous ? »
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MessageSujet: Re: {{ You can't escape the rising of the tide. {Alexander ♥}   {{ You can't escape the rising of the tide. {Alexander ♥} EmptyDim 5 Mar 2017 - 11:12


Qui avait-il en face de lui ? Si un temps il avait pensé avoir un esprit instruit et curieux, il se rendait compte à mesure comme Beth n'avait pas le recul qu'il avait gagné après tant d'années à arpenter le globe pour se confronter à d'autres civilisations, d'autres cultures. Mais l'on disait toujours qu'avec le temps venait la maturité, la capacité de comprendre qu'il existait autant d'univers qu'il existait d'êtres pensants. Il se retrouvait exactement dans ce cas présent. Deux mondes avec leur propre fonctionnement, leur propre expérience de la vie. Pour lui, l'aventure ne se limitait pas simplement à participer à une élection municipale. Sans doute parce que pour lui il s'agissait là d'un échelon bien bas qu'il n'avait jamais eu besoin de gravir. Lex était déjà au sommet et posait sur le monde un regard qui n'était ni celui d'un homme d'affaire, ni celui d'une élite. Il détestait l'espèce humaine, ni plus ni moins. Or jusqu'à présent, il s'était toujours garder de le faire comprendre et ce repas d'affaire n'échapperait pas à la règle. Hélas, la femme qu'il avait en face de lui ne lui provoquait pas grand intérêt. L'animal se retrouvait avec son chocolat liégeois à entendre la réponse de son interlocutrice, sans plus paraître ébranler par ce qu'elle tentait de lui expliquer et qu'il comprenait parfaitement.

Pourtant, une idée était entrain de naître dans son esprit, une idée dont lui seul avait le secret. Néanmoins il ne pipait mot, laissant à Beth tout le loisir d'exprimer son point de vue. Etait-il nécessaire de lutter, de vouloir s'évertuer à lui faire comprendre son point de vue à lui ? Non, depuis longtemps il avait compris qu'il était inutile de chercher à imposer son propre mode de pensée. C'était la méthode des dictateurs. Mais lui qui avait tant voyagé, il savait qu'elle n'avait pas tant vécu. Qu'elle ne voulait pas tant vivre, le confort d'une vie même ébranlée par les aléas des autres, voilà à quoi elle semblait vouloir aspirer. C'était noble, à n'en pas douter. Alexander avait pourtant l'impression de jouer une partie de carte et cachait bien son jeu, comme toujours. Il faisait tourner la cuillère entre ses doigts, sentant ce contact froid par endroit alors que le couvert avait pris la chaleur de sa paume à force d'être tenu. Une nouvelle bouchée de glace qui avait commencé à fondre, lentement, sous la température ambiante.

« Amazonie, bassin du Congo, Sri Lanka, un peu partout où il est donné d'avoir une jungle à dire vrai » répondit l'homme en arborant un air pensif en se rappelant de chacune de ses expéditions. Il se souvenait de chaque expérience, de tous les obstacles qu'ils avaient dû affronter qui lui donnaient l'impression que la vie civile était dérisoire et ridicule. Un léger sourire s'esquissa, il en avait déjà dessiné bien trop à cette table mais tant pis, c'était un aventurier, qu'il le veuille ou non. Alors, au lieu d'être sur la défensive comme n'importe qui aurait tendance à l'être, l'animal semblait beaucoup paisible et serein. Aujourd'hui il n'avait pas envie de se battre, mais asticoter quelqu'un était toujours intéressant. Beth était une bonne candidate à ce jour. « Ça aide à se rappeler que nous ne sommes que des hommes. Comme César qui, chaque jour, avait un esclave chargé de le lui murmurer à l'oreille. » L'anecdote lui décrocha un léger rire avant de revenir au calme.
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MessageSujet: Re: {{ You can't escape the rising of the tide. {Alexander ♥}   {{ You can't escape the rising of the tide. {Alexander ♥} EmptyDim 12 Mar 2017 - 1:46



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Beth Wilkerson & Alexander Ballmer


Le regard que Ballmer posait sur elle ne l'avait jamais particulièrement rassurée. Il n'était pas doux, pas protecteur, et pas spécialement bienveillant. Il était souvent accompagné d'un fin sourire qui pouvait laisser entendre des dizaines de choses différentes. Beth respectait Ballmer sans doute avant tout parce qu'il lui faisait un peu peur, parce qu'elle ne le comprenait pas vraiment et n'arrivait pas à lire ses réactions. Son visage n'était jamais figé, mais quelles que soient les micro-expressions qui s'y dessinaient, Beth n'avait jamais réussi à vraiment les traduire. Il était avare en mots, les comptait, se contentait de s'exprimer en utilisant un minimum d'entre eux, là où la brune était expressive, peut-être un peu trop bavarde, mais surtout passionnée et démonstrative. C'était là que les deux mondes se rencontraient en se heurtant. Ils avaient des points communs qu'ils venaient de relever, mais ce qui les éloignait était également indubitable. Au regard qu'il lui lançait maintenant, Beth devinait qu'il pensait à présent à tout ce qui les séparait.

Beth, elle se disait qu'il était toujours plus intéressant de partager ses points de vue et de s'enrichir de ceux des autres. Malgré ce qu'elle pouvait représenter aujourd'hui, elle aimait sa vie. Elle aimait surtout ses engagements et les personnes pour lesquelles elle se battait. Elle croyait en la bonté de l'homme, même s'il était parfois stupide et guidé par les mauvaises idées et les mauvaises personnes. L'Homme était un animal qui avait évolué pour être capable de compassion et d'amour de son prochain. Il ne s'agissait pas de religions ou de drôles d'idées qui s'étaient ancrées là par le simple fait de l'Homme lui-même. Il n'était qu'une espèce parmi d'autres, mais une espèce qui avait développé son propre instinct de survie et ses propres réflexes. L'Homme était bon, et elle en était persuadée. Il avait ses dérives, il avait fait ses erreurs, mais l'Homme simple, celui qui n'était pas endoctriné ou défié à survivre dans les pires conditions, cette Homme-là était bon. « Ça doit être particulier de courir dans un terrain qui ne s'y prête pas... » avoua-t-elle en pensant aux pistes californiennes dont elle se contentait tous les jours. Le sable lui paraissait déjà un terrain bien particulier pour la course. Alors les racines saillantes, les arbres par milliers et les terrains cabossés lui paraissaient un défi presque impossible à relever. Mais impossible à relever ne faisait pas réellement partie de son langage, et elle se surprit à penser qu'il lui faudrait peut-être, comme le lui avait proposé Ballmer, se tenter à cette aventure si l'occasion lui en était un jour donnée. Elle savoura sa dernière bouchée de fondant chocolaté et reposa sa cuillère, qui tinta d'un son clair en retrouvant sa place au fond de son assiette. « Il y a d'autres façons de s'en rappeler » dit-elle en croisant les mains devant elle. « Il suffit de faire un tour dans le Nevada, de s'asseoir quelques instants face à l'océan Pacifique ou de lever les yeux vers les étoiles loin d'une grande ville qui les polluent. » Elle haussa les épaules. « La nature est la même partout. Elle est immense et maîtresse de tout. Partout. On s'en rend moins compte ici parce qu'on est privilégié, qu'on peut visiter la vallée de la mort dans une voiture climatisée, observer les étoiles dans un sac de couchage confortable et subir les blizzards hivernaux de la côte est avec tout notre chauffage, nos doudounes et notre technologie. » Leur pays était une telle cacophonie de climats, de détresses et d'Hommes qu'elle en était persuadée, il y avait déjà bien suffisamment à faire sur place. Le monde entier était un lieu de troubles. Beth avait juste fait du Guatemala et de son propre pays ses chevaux de bataille. Parce que si tous fuyaient la société qui les avaient façonnés, qui aiderait ceux qui en avaient besoin ? « La prochaine fois que je vais sur la cote est pendant un blizzard, je tenterai un jogging... » se promit-elle pourtant à voix haute, un peu rêveuse, éliminant d'ores et déjà l'idée de relever ce même défi dans la vallée de la mort.
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MessageSujet: Re: {{ You can't escape the rising of the tide. {Alexander ♥}   {{ You can't escape the rising of the tide. {Alexander ♥} EmptyMar 16 Mai 2017 - 12:41


A mesure qu'ils parlaient, des souvenirs lointains venaient à refaire surface dans l'esprit du trafiquant d'armes. Immobile dans la jungle. Ça et là se dressaient des arbres de plusieurs dizaines de mètres. Dans toute cette végétation luxuriante il était presque impossible de voir le sommet de la canopée. Partout un mélange de branches, de feuilles et de lianes. S'il n'y avait que ça. Les bruits incessant de la faune locale, ces singes, ces oiseaux et ces reptiles. Au loin les cris des singes laineux qui s'énervaient, peut-être deux groupes qui se faisaient une guerre de territoire. Mais la grandeur des lieux rendait tout cela dérisoire. Dans cette nature profondément sauvage, l'homme n'était qu'un invité qui devait apprendre à se faire accepter. Un silence, l'attente pesante de quelque chose. La nature se taisait un peu, laissait place au calme. Et puis, l'orage éclata au dessus de la jungle, les premières gouttes tombaient en prenant leur temps pour traverser la voûte végétale. Quelques minutes plus tard c'était le déluge d'eau. La terre encore sèche à l'instant devenait complètement boueuse. Un marécage venait de ses créer en en l'espace de quelques secondes. La température venaient de baisser de quelques degrés mais l'averse était chaude, impossible de refroidir le corps, tout au plus cela servait à rincer la sueur sur le corps. N'importe qui deviendrait fou s'il prenait conscience l'immensité de cet enfer vert, de chaque arbre, chaque être vivant. N'importe où, le regard se posait sur un décor infini et la nature rappelait sa puissance à chaque pas.

Sans doute qu'Alexander avait pris l'habitude de la jungle avec les années. Il ne s'émerveillait plus devant la civilisation et son urbanité. Il n'y avait plus de beauté dans ce que l'homme parvenait à bâtir, parce que la vraie beauté était ailleurs, elle était inimitable et personne ne pourrait la contrefaire. Si bien que l'animal restait avare de tout quand il était en compagnie de ses congénères à deux pattes. Ce qui ne l'empêchait pas d'écouter Beth et son idéalisme de femme du monde. Ce qu'elle ne pouvait sans doute pas comprendre, c'était la haine profonde que vouait Lex à l'espèce humaine. Une haine qu'il ne laissait jamais transparaître dans ses paroles. Mais dans ses actes… Il était des choses que beaucoup ne pouvaient pas soupçonner de sa part.

« J'ai rencontré un homme un jour, qui a mit près de six mois à traverser l'Amazonie sur l'équateur. Il me disait que l'être humain n'était pas fait pour vivre dans les milieux extrêmes, parce que nous recherchons avant tout le confort. Alors je lui ai demandé pourquoi s'être lancé dans une telle aventure ? » racontait-il sur le cheminement d'idées que Beth l'avait amené à suivre. « Parce que ce qui est impossible c'est ce qu'on a pas envie de faire m'a-t-il répondu. » Il se souvenait encore de cet explorateur incroyable, à l’œil vif et au sourire communicatif. Aujourd'hui ce même homme était reparti à l'aventure autour du monde tandis que Lex retournait s'enfoncer toujours plus loin chaque année dans l'Amazonie, pour retrouver l'ère des premiers hommes, cette nature indomptable et inchangée qui n'avait que faire des problèmes du quotidien. « Je crois qu'aujourd'hui, on ne vit pas, on survit » finit-il par dire. Certes Beth et lui même n'avait pas à se plaindre de leur situation, mais la plus part des gens sur Terre vivaient pour leur travail et non pour eux même. Mais pourquoi se préoccuper d'eux quand lui même les détestait ? Difficile de comprendre. Alexander avait déjà son propre chemin de croix.

Là, il reporta son attention sur son interlocutrice, faisant abstraction de leurs deux comparses qu'ils avaient perdu depuis longtemps dans des conversations qui n'intéressaient pas l'animal. « Je sais que nous avons deux courants de pensées bien différents et chacun de nous possède sa propre vérité. Mais si un jour je peux vous offrir un voyage spirituel, ce serait un plaisir pour moi de le faire » dit l'homme qui n'était pas complètement exempt de sagesse et de patience.
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MessageSujet: Re: {{ You can't escape the rising of the tide. {Alexander ♥}   {{ You can't escape the rising of the tide. {Alexander ♥} EmptyLun 10 Juil 2017 - 1:59



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Beth Wilkerson & Alexander Ballmer


Ballmer avait toujours eu le don de l'inquiéter. Par tant par ses mots que par son attitude; d'ailleurs. Son regard clair avait quelque chose d'aussi dur que doux et Beth sortait souvent troublée d'un simple coup d'oeil échangé avec lui. Elle avait toujours eu l'impression qu'il pouvait lire en elle comme dans un livre ouvert et qu'elle pouvait lui dévoiler, en un regard ou une micro-expression, tous ses secrets les mieux gardés. Peut-être la connaissait-il mieux qu'elle ne se connaissait elle-même; elle en venait parfois à se poser la question, convaincue qu'il arrivait à voir des choses invisibles au regard du commun des mortels. Ça aurait expliqué tout ce succès qui était le sien, dans le domaine professionnelle comme ce qu'elle imaginait de sa vie privée. Il était homme à réussir parce qu'il était homme à déduire, à comprendre, à décrypter jusqu'à l'indécryptable. Ce genre de personnes l'impressionnait autant qu'il lui faisait peur. Elle considérait encore secrets certains pans de sa vie, et même à Eden ou Leah elle n'avait pas tout confié de ce qui l'avait touchée récemment ou moins récemment. Il y avait dans son esprit une part d'elle et de son histoire qu'elle avait enfermée et isolée et qu'elle espérait invisible à l’œil de tout un chacun, mais lorsqu'elle croisait le regard de Ballmer, Beth en venait à reconsidérer toute la solidité des remparts qu'elle avait dressé autour de son jardin secret. Lorsqu'il la regardait, elle avait l'impression qu'il voyait à travers ses yeux le moment où Daniel lui avait annoncé qu'il était gay, celui où elle avait au revoir à leur enfant où celui où elle avait pleuré de la façon la plus pathétique qui soit dans ses toilettes lorsque Daniel l'avait quittée. Elle avait l'impression qu'il pouvait entendre la conversation qu'elle avait eue au téléphone avec Eden juste après, étouffée par ses propres larmes, et voir toutes les soirées et nuits qu'elle avait passées devant la télé avec un verre de vin qu'elle remplissait inlassablement jusqu'à s'écrouler à la fois ivre et éreintée sur le canapé qui était devenu son lit pendant les premières semaines après la chute ultime.

Ballmer était un collègue, un allié d'affaire qu'elle appréciait pour ce qu'il était; un allié stratégique. A deux, leurs filiales respectueuses étaient plus fortes, plus soutenues, plus supportées, et Beth serait éternellement reconnaissante à cet homme qui avait préféré accordé à une cause comme la sienne qu'à une autre association ou une multinationale aux intentions qu'elle espérait vendeuses. Elle avait encore du mal à croire au succès de son association mais elle était fière du chemin qu'elle avait parcouru. Ils atteignaient leurs objectifs chaque année, les amplifiait celle d'après, et de nouvelles mains apparaissaient régulièrement pour les aider à faire les choses bien. Elle croyait dur comme faire à son projet qui était devenu plus qu'un projet mais une réalité; et elle était émue qu'il y ait autant de personnes pour le porter avec elle. Ce n'était pourtant pas de mélanger plaisir et business qui lui faisait peur; après tout, elle avait rencontré Leah par ce biais et la jolie brune était devenue une de ses amies les plus proches. Pourquoi ne pouvait-il pas en être autant qu'avec Ballmer ? Parce qu'il avait ce regard et ce sourire qui lui faisaient froid dans le dos, et qu'elle avait l'impression qu'il s'imprégnait de chacune de ses paroles comme s'il allait pouvoir les presser jusqu'à en obtenir la sève ultime, tous les secrets qu'elle cherchait à cacher. Il semblait décortiquer chaque donnée qu'on lui envoyait comme s'il les emmagasinait et se préparait à les utiliser d'une façon ou d'une autre. Elle utilisait ses mots avec le plus de parcimonie et de sagesse possible, mais elle se savait faillible. Elle ne croyait pas Ballmer malveillant, mais cette façon d'être avait quelque chose de presque inhumain, et c'était là une caractéristique qui avait toujours effrayée Beth, Beth l'incroyablement faillible et humaine.

Elle sourit en écoutant Ballmer lui répondre. Il avait l'air à mille lieues de leur quotidien à tous, et ça la frappa de réaliser à quel point les aventures qu'il avait pu vivre l'avait fait changer. Elle-même avait cru que ses activités associations lui avaient fait voir du monde, mais c'était un tout autre monde qu'elle défendait. Elle défendait l'Homme, il défendait tout ce qu'il détruisait. « Le meilleur moyen de rendre quelque chose possible c'est d'ignorer qu'elle est impossible. Mark Twain avait de très beaux mots pour décrire ça. Ils ne savaient pas que c'était impossible, alors ils l'ont fait. Et peut-être que c'est notre société et notre éducation qui nous imposent des barrières. Sans elles, qui sait, des millions de rêves pourraient être réalisés. » Elle haussa les épaules. Refaire toute la société maintenant lui paraissait impossible. L'Homme avait été conditionné par les générations qui l'avaient précédé, par l'Homme lui-même et ce qu'il avait décidé ce qu'il serait. « Je suis pas d'accord », tenta-t-elle avait toupet, penchant la tête pour appuyer ses dires, « je pense qu'on vit. L'homme a évolué avec la société qu'il a construite. On peut trouver une satisfaction énorme dans un travail bien fait ou une relation saine avec la personne qu'on aime. C'est une vie. Se battre pour ces valeurs-là est déjà un superbe combat, vous n'êtes pas d'accord ? » Étrangement, elle sentait la réponse négative arriver. « L'aridité de la nature est un autre monde qu'on a évolué pour oublier. L'instinct revient quand la connexion se fait, mais quelque chose qu'on connait pas peut pas nous manquer. » Elle haussa finalement les épaules pour signifier qu'elle n'irait pas jusqu'à rentrer dans un conflit pour conforter ses positions. Elle croyait à la bonté humaine et en son but en ce bas-monde. Elle pouvait être profondément mauvaise, mais elle avait aussi le choix de prendre de bonnes décisions réellement altruistes. La plupart des animaux agissait par intérêt personnel; les hommes, eux, avaient le privilège du choix. C'était à eux de se montrer nobles, et c'était là que se départageaient les bons des mauvais. Il y avait entre eux toute une nuance de gris que Beth considérait comme incroyablement humaine. C'était ça, son monde; c'était eux, son combat.

Elle fronça les sourcils un instant, surprise par la proposition de l'homme, mais un sourire trahissait toute sa reconnaissance. « Un voyage spirituel ? Qu'est-ce que vous entendez par là ? Vous voulez me faire fumer de l'opium ? » Taquin, son œil brillait de malice. Elle se rapprocha de la table pour le fixer et s'accouda sur la nappe immaculée. « Vous avez une idée précise en tête ? » demanda-t-elle finalement avec le plus grand des sérieux, ayant déjà oublié leurs collègues qui, pourtant, n'avait pas mis la sourdine dans leurs débats sportifs.

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