Whatever the ruin
Brandish your weapons,
Bring on the rain
On these straws.

We will win together
United body and soul,
Sundown
On this battlefield.

Forward Brethren, raise our beer
We have to cross the Reach iron,
Forward Brethren, we are made ​​of stone,
That ... pass away ... those who trample our land.

Ne me demandez surtout pas pourquoi cet hymne me trottait dans la tête depuis toute la matinée. Ce n'était ni une chanson douce, ni quelque chose chose dans l'ère du temps. Non, juste une sorte de chant de guerre inspiré d'une série médiévale. Bref, quelque chose de lent mais qui reste dans la crâne. Et voilà que cet air m'avait suivi dans le bus, puis le long du chemin menant au boulot. Horaires de fermeture aujourd'hui, ou comment gâcher la moitié de la soirée.

Un rapide salut au collègue gay, une poignée de main avec la patronne et voilà que tout commençait. Je sentais assez mal ma journée mais bon... Une pensée me força à sourire malgré tout, ce soir, j'allais pouvoir commencer à dépenser ma paye et racheter des hauts à Pom-Pom. La petite ouvrirait probablement de grands yeux émerveillés avant de les ranger dans son carton à vêtements. A ne surtout pas confondre avec son carton-lit où elle possédait un "matelas" composé de mes vieilles frusques dépassées.

Ma première cliente de la journée fut une vieille peau, une habituée, qui se mit à déblatérer durant des heures sur la vie de ses deux chatons dont l'unique passion semblait être de déchirer allègrement le moindre rideau passant dans leur ligne de mire. Le carré plongeant ne fut heureusement pas trop long à faire apparaître dans sa chevelure.. Un sourire forcé, deux trois paroles amicales et voilà un billet de cinq dollars qui apparaissait comme par magie dans ses mains ridées, avant de finir dans ma boîte à ciseaux, digne repère à pourboire de chaque coiffeuse se respectant.

La vieille, nommée Ingrid, repartit de sa démarche traînante alors que j'allais chercher le balais dans l'arrière boutique. Alors si vous vous êtes toujours demandés ce que devenaient les cheveux coupés, si on les revendait pour faire des perruques ou autre, je tiens à vous démentir. On rassemble tout dans des grands sacs et... on se moque des stagiaires. Quand ils sont désobéissants, ces petits jeunes, on leur fait trier les cheveux par couleur et par longueur. Et à la fin de leur stage, on leur offre la perruque qu'ils auront réussis à confectionner. Des heures et des heures de fou rire. A moins qu'une demoiselle ne vienne avec une très très grande chevelure à couper, nous ne sommes plus à l'époque des filles du Docteur March...

Le "ménage" achevé, je vis une jeune demoiselle se diriger vers mon " terrain de jeu ". Blonde ou châtain, environ entre l'âge de Maximus et celui des jumeaux, avec un sourire franc, de jolis yeux clairs comme l'océan des îles paradisiaques, sûrement une fille née du bon côté. Ce qui n'a jamais été un problème, ce sont eux qui me font travailler. Son salut me fit doucement sourire. Au moins, elle n'allait pas me traiter comme de la merde. Après réflexion, je ne l'avais jamais vue. En même temps, vu la taille du salon et le rythme de travail, ce n'était pas étonnant. Je lui répondis d'une voix douce, après tout, je n'allais pas déjà commencer à être de sale humeur, la journée commençait à peine pour moi :

Bonjour à toi ! Je suis Plùm et toi ? Enfin si je peux te tutoyer, je trouves que c'est plus convivial.

Le trait commercial et poli de la phrase était à peine forcé, la force de l'habitude et une certaine spontanéité aidant. N'étais-je pas la meilleure ? Je l'aidais alors à enfiler l'habituel peignoir, avant de rajouter l’infâme bavoir en cuir noir. Je tournais alors sa chaise face au miroir, me plaçant derrière elle et faisant des essais avec ses cheveux :

J'adore tes cheveux, vraiment, je pense que je pourrais tuer pour une pareille teinte. Les anglaises sont naturelles ? Bon dis moi, qu'est-ce que tu voudrais comme coupe ? Tu as une idée précise ou tu veux qu'on en discute. On peut en parler pendant que je te fais un shampoing et un massage du crâne si tu veux ?

Oui, j'essayais de placer là une vente additionnelle. Et alors ? Ce n'est pas ma faute, je suis payée pour. Et j'adore manipuler les cheveux, sentir les clientes se décontracter sous les caresses. Et ça fait partie de la vie que j'ai imaginée.. En moins bien, en moins rose, mais il faut bien faire ce que maman ne peux plus faire...