Cette journée de cours s’est plutôt bien passée. Nous avons fait un débat puis fait une étude d’un cas particulier. J’ai pris des notes bien sagement. Cette année, je me suis promis de la gérer ! L’année prochaine, si tout se passe bien, j’aurais mon diplôme. Et ça… Je dois dire que ça me motive vraiment. J’ai besoin de m’accrocher à quelque chose. Et ce sera quelque chose de sain. Plus d’alcool, ou très peu, plus de fêtes, plus de drogues. Je serais un exemple. Je ne vais plus déraper. Je me le suis promis. Ces années à New-York n’ont pas vraiment été les meilleurs moments de ma vie. Je me suis engouffré dans trop noir trop puissant pour que je puisse y résister. Moi qui dit que je suis un être fort et que je suis libre et capable de faire ce que je veux… Ce n’était plus le cas. J’étais dicté par des instincts primaires que ne me ressemblaient pas. Je me cacher derrière des faux semblants. J’ai menti et surtout je me suis menti à moi-même. Mon addiction aux antidouleurs n’a fait qu’augmenter. Je mélangeais tout ça avec beaucoup trop d’alcool et de joints. Je me suis réveillé certains matins sans savoir ce que j’avais fait la veille. Et la douleur, la peine, les questions n’étaient que plus présentes de jour en jour. Il ne faut pas croire que nos fantômes cachés dans le placard ne reviennent jamais nous hanter. Ils étaient présents tous les jours. Ils étaient là, derrière chacun de mes mouvements. Je devenais fou. Alors je me noyais dans cette débauche que pouvait m’offrir New-York. Ce n’était pas la solution… Parce qu’un jour, tout a dérapé. Je crois que c’est ce jour-là où je me suis rendu compte que j’étais en train de commettre la plus grosse erreur de ma vie. Oui je suis bourré de remords mais rien ne les enlèvera. Je ne peux que tenter de les atténuer en m’accrochant à ma vie et non en m’y éloignant. C’est comme ça que je me suis rendu compte qu’à ce train-là je finirais par m’éloigner complètement de Kaylee. Il fallait que je me resaississe. Et elle… Parce qu’on s’est entrainé l’un l’autre dans ce gouffre. On avait sauté main dans la main dans ce gouffre ensemble. On était conscient de la connerie qu’on faisait mais on s’en moquait. On avait besoin de nous changer les idées. Et puis New-York… Ça monte vite à la tête ! Des idées viennent s’incruster dans vos esprits. Vous rencontrez des gens qui changent, qui vous poussent au vice. On n’était pas des modèles de pureté Kaylee et moi avant d’arrivé à la Grande Pomme. Mais on était beaucoup trop sage comparés à certains habitants de cette ville géante. On a découvert des sensations, des expériences… Je n’en garde pas un si mauvais souvenir. Je sais juste que ça m’a détruit. Ça a détruit celui que j’étais et pour rien au monde je veux redevenir cet homme impuissant que j’étais à New-York. Alors voilà, je suis déterminé à finir mes études de la meilleure façon qu’il soit. Je veux retrouver cette magie qu’il y avait entre Kaylee et moi dans nos débuts. Déjà, notre voyage au travers des États-Unis pour venir jusqu’à Huntington a été simplement incroyable. Nous avons redécouvert des plaisirs simples. On a pu discuter et ouvrir nos cœurs comme jamais. J’aime Kaylee. Je crois que je suis capable de tout pour elle. Et c’est d’ailleurs pour cela que j’ai envie de réussir mes études. J’ai envie de pouvoir avoir un métier confortable et qui me plait. Je veux pouvoir la gâter, lui faire plaisir, la faire vivre dans le confort. Je ne serais jamais comme mes défunts parents. Je ne vivrais pas dans une villa en m’acharnant au boulot et en oubliant les personnes avec qui je vis. Kaylee passera toujours avant n’importe qui et n’importe quoi. Il n’y a qu’elle et c’est tout. Je ne veux pas construire quoi que ce soit sans ma Princesse. C’est mon premier véritable, grand, puissant et magique amour. Et je suis persuadé que c’est l’unique. Il n’y aura personne d’autre pour me faire ressentir ce qu’elle est capable de faire. Kaylee fait de moi un homme meilleur. Chaque instant que je passe avec elle est un moment de pur délice. Peut-être qu’à New-York nous avons oublié nos priorités et ses sensations incroyables… Mais maintenant que j’ai la tête bien ancrée dans les épaules, je peux enfin ressentir à nouveau tout ça. Mon cœur recommence à guider mon esprit. Ma tête n’est plus embrouillée par un épais brouillard constant. Je suis maitre de mon âme, de mon corps, de mes pensées.
Alors que je rentre de l’université, je reçois un texto de la part de ma colocataire, c’est-à-dire Kaylee. J’arrête ma Jeep au feu rouge à la périphérie de la ville. Je lis son message. Elle me demande d’aller faire deux trois courses pour ce soir parce que le frigo est vide. Ben voyons ! Madame à la flemme de bouger son mignon popotin ! Bravo ! Je vais devoir me taper le sale boulot. Ça va que je suis un amour… Parce que j’aurais pu l’envoyer bouler… Au lieu de ça, je lui dis que je vais le faire et lui demande même ce dont elle a besoin avec un petit mot d’amour. Quand je vous le dis que je suis l’homme parfait… Une vraie perle rare ! Enfin, en apparence… J’ai quand même pas mal de défauts ! Mais bon Kaylee ne pouvait pas avoir un Prince Charmant non plus ! Je fais donc un détour par l’épicerie du coin et m’y arrête. Je coupe le contact et descend de la voiture. Il fait plutôt chaud et beau dehors. J’ai bien fait de mettre un tee-shirt ! Les tatouages dessinés sur mes bras prennent un peu le soleil et j’aime l’idée de faire tâche dans cette ville de Californie si parfaite. Je pénètre dans le magasin et remarque que mon tee-shirt ressemble un peu à ceux des caissiers. Noir avec une inscription verte sur la poitrine. Pour aller avec ce haut j’avais opté pour mes converses vertes. C’était un cadeau que j’avais fait à ma sœur. Je les ai achetés pour la narguer un peu. C’est une écolo, le genre à aimer les animaux, à défendre la nature et tout ce qui en suit. De coup je l’aider dans ses campagnes de protection de la faune et la flore. En gros, on passait un peu notre temps entouré de vert. Du coup, un jour j’ai acheté ses chaussures pour lui faire un clin d’œil, pour attirer le regard et montrer à tous que le vert et l’avenir de notre planète. Je suis vraiment un grand-frère adorable… Vous ne trouvez pas ?
J’avance dans le magasin à la recherche d’idées de repas pour les jours à venir. Je déambule dans le magasin, les mains dans les poches de mon jean troué. Je m’arrête devant les fruits et légume, un peu perdu devant cette multitude de choix. Je crois que les courses est la pire des corvées imaginables !