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 Just thoughts, and a heap of good weed. ☮ TAHIR

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MessageSujet: Just thoughts, and a heap of good weed. ☮ TAHIR   Just thoughts, and a heap of good weed. ☮ TAHIR EmptyVen 26 Juil 2013 - 0:37

Courir. Courir à en perdre haleine. Courir pour fuir les ennuis. Toujours plus vite, mes pieds prenaient appui sur le sol pour me propulser vers l’avant. C’était comme si j’avais troqué mes baskets contre les chaussures du Dieu Mercure. Je ne m’étais jamais soupçonné d’avoir une aussi bonne endurance. Ou peut-être que cette performance était simplement liée à l’adrénaline qui m’habitait depuis que j’avais fui le poste de police, j’en savais trop rien. Par contre, ce que je pouvais affirmer avec certitude, c’est que mes poumons étaient si enflammés que j’aurais pu me mettre à cracher du feu si je le voulais. Heureusement, mon asthme à l’effort semblait avoir pris son jour de congé, et je remerciai le saint esprit pour ça, aussi impie étais-je. Je me réjouissais presque à l’idée d’avoir filé entre les doigts des autorités lorsque mon cerveau me rappela à l’ordre. Mon heure de gloire n’avait pas encore sonné, oh non. Je pourrais être fier de moi uniquement après avoir affronté la colère de Tahir. Si j’y survivais, bien entendu. L’angoisse me tordait les boyaux. A un tel point que j’avais presque envie de tourner les talons pour me jeter dans le bras des policiers qui étaient à ma recherche pour les supplier de me garder pour une nuit ou deux. Il allait me tuer. Me botter le cul si fort que j’allais devoir dormir sur le ventre pendant une semaine. Me faire regretter de m’être servi en toute impunité dans ses réserves de marijuana. Je ne savais pas ce qu’il m’était passé par la tête, vraiment. De tout le campement, Tahir était la dernière personne à qui il fallait se frotter, à cause de son côté … explosif. Quand quelque chose ne lui allait pas, il ne se gênait pas pour le faire comprendre à sa façon. Il n’avait pas pour habitude de mâcher ses mots, et je faisais souvent les frais de sa rudesse de langage. Faut dire que j’avais la fâcheuse tendance à vouloir que tous les spots soient braqués sur moi quand il trainait dans les parages. J’agissais tout sauf naturellement. Un torrent de conneries se mettait à déferler de ma bouche sans que je ne puisse rien y faire. Et je me haïssais. Je me haïssais d’être le pantin de mes sentiments. Parce que non, Tahir ne me laissait pas indifférent et ça, c’était un secret pour personne, même pas pour lui.

De retour au quartier général, je ressentis le besoin de me fumer un pétard, isolé dans la tente que je partageais avec Pepino, le van étant trop petit pour nous abriter tous les huit. Je voulais me détendre, histoire de ne pas me retrouver debout au milieu d’une flaque de pisse parce que je me serais vidé ma vessie dessus. Ok, j’exagérais peut-être un peu. Autant, Tahir n’avait même pas encore remarqué qu’on lui avait dérobé sa récolte. Je pourrais très bien jouer les innocents et attendre que quelqu’un d’autre se fasse engueuler à ma place. Le problème, c’est que j’étais un piète menteur. Tôt ou tard, je finirais par me trahir. Alors, autant me dénoncer de suite. Ce fut d’un pas trainant que je rejoignis l’intéressé. Il était assis non loin du van. Je m’en voulais de venir troubler sa quiétude pour des conneries. S’il n’avait pas levé la tête dans ma direction, je me serais probablement enfermé dans notre abri de fortune pour ne plus en sortir. « Tahir, je … » Morituri te salutant. « J’ai voulu t’aider à refourguer ta came, le problème c’est que je me suis fait choper. » J’inspirai profondément, tête baissée pour ne pas avoir à croiser son regard. « Ils m’ont laissé sans surveillance, alors j’ai paniqué et j’en ai profité pour me barrer. Je sais pas si j'ai bien fait. » C’est ça, Morten, enfonce-toi dans ta merde. Tu fais ça si bien. « Ils m’ont saisi l’herbe que j’ai pas réussi à vendre mais ils ont pas eu le temps de trouver l’argent. » Je laissai alors le silence reprendre ses droits le temps de retirer les quelques billets que j’avais réussi à me faire de ma chaussette. Je devais être le seul dealer sur terre à mieux planquer l’argent que la marchandise. Pour ma défense, c’était la première fois que je faisais ça. D’une main tremblante, je lui tendis. « Je te rembourserais le reste dans les plus brefs délais, sois en sûr. » C’était toujours à Tahir que je confiais l’argent que je gagnais. De un, parce que c'était lui qui était considéré comme notre leader et de deux, parce que je n’avais jamais su me gérer, financièrement parlant. Je dépensais si vite ma thune que je n’avais même pas le temps d’en admirer la teinte. C’était comme si les billets me brûlaient les doigts, et que je me sentais obligé de m’en débarrasser au plus vite. Or maintenant que la troupe en avait besoin, je ne pouvais plus me le permettre. Tout ça pour dire que j’effacerais mes dettes auprès du soldat, d’une manière ou d’une autre. « J’suis désolé. » Comme s’il allait vouloir de mes excuses. Comme si.
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MessageSujet: Re: Just thoughts, and a heap of good weed. ☮ TAHIR   Just thoughts, and a heap of good weed. ☮ TAHIR EmptyVen 26 Juil 2013 - 21:45

La journée avait été longue. Dans cette ville paumée, c’était pas si évident de trouver des clients. J’avais beau essayer, la plupart me regardaient comme le camé qui venait foutre la merde dans leur petite bourgade, et d’un côté, ils avaient pas tout à fait tort. S’ils savaient tout de mon casier judiciaire, nul doute que les petits paysans sortiraient les fourches et les torches pour me chasser en scandant des phrases assassines. J’avais grand besoin de me reposer et je m’étais installé près du van, où j’avais étendu une couverture afin de pouvoir dormir à la belle étoile. Cette vie n’était peut-être pas celle dont je rêvais mais j’avais la sensation exquise d’être libre et c’était quelque-chose d’exceptionnel. Je pouvais enfin profiter pleinement, sans me soucier de mes engagements, de ma famille, de mes emmerdes. Là, mon seul problème, c’était de trouver du fric pour payer les réparations qui nous permettraient de repartir enfin. Au début, j’avais eu du mal à accepter de plus être seul. Mais la petite troupe que je me trimballais me déplaisait pas tant que ça au fond. Ça me faisait un peu de compagnie, et ils savaient tous quand me foutre la paix. J’aurais sans doute pas pu demander mieux.

Une clope à la main, je laissais mon regard se perdre dans l’obscurité. Le silence qui m’entourait était savoureux à bien des égards, parce qu’autant vous dire qu’à huit dans un van, c’était rarement aussi calme. Mais mon répit fut de courte durée, parce que bientôt, j’entendais des bruits de pas qui s’approchaient. Morten. Je l’avais reconnu sans mal, sa démarche hésitante, timide. Un léger sourire vint s’installer sur mes lèvres. Etrangement, même s’il me collait à outrance, il était celui dont j’avais le plus de facilité à supporter la présence. Et pourtant, après quelques mots de sa part, je me tournai pour lui asséner un regard noir. « Pardon, j’ai pas bien compris là, t’as fait quoi ?! » Contrairement à ce que je disais, j’avais très bien compris. Mais j’avais besoin qu’il répète pour être certain de bien saisir l’ampleur du problème. « Bordel mais tu t’rends compte que tu viens d’me foutre dans la merde comme jamais ? » Soudain, j’me levai, j’l’agrippai par les épaules et le plaquai violemment contre la chambranle métallique du van. Je réfléchissais à toute allure, j’imaginais déjà les prochains jours que je passerai à me planquer pour éviter qu’on me retrouve. J’étais en cavale mais j’espérais que tout était terminé depuis que j’étais monté avec la bande qui m’avait récupéré sur la route. C’était visiblement raté. « Si jamais ils te retrouvent, ils tomberont sur moi et ils me laisseront le choix : soit j’vais en taule, soit j’retourne en Irak. Si tu voulais que j’me casse t’avais qu’à l’dire, là t’aurais pu aller me balancer ça aurait été pareil ! » Je devenais dingue, j’avais envie de le cogner jusqu’à ce qu’il en pleure pour lui faire comprendre de plus jamais se mêler de mes affaires. Ce mec savait plus quoi faire pour attirer mon attention, là au moins il était certain que j’étais pas prêt de le lâcher. Il méritait de s’en prendre une alors merde, pourquoi j’lui envoyais pas mon poing dans la mâchoire ?! Il avait peur, j’le lisais dans ses yeux. Il aurait même pu fondre en larmes, j’en étais persuadé. Mais plutôt que de devenir violent, je préférais crier, hurler de toute mon âme combien j’le détestais d’avoir réagi comme ça. « Et tu vas m’rembourser comment hein ? Tu vas aller vendre ton joli p’tit cul, tu vas aller faire la pute sur le trottoir pour te faire du fric ? » Je devenais vraiment mauvais, alors que je savais pertinemment que Morten n’avait jamais voulu me nuire. Il était pas comme ça, il aurait pas pu faire exprès parce qu’il passait son temps à me suivre comme un p’tit chien mais j’allais devoir assumer ses erreurs et ça me foutait en rogne. Les conséquences pouvaient s’avérer dramatiques pour ma tronche, et je pouvais pas accepter ça. J’partirai pas. Pour la première fois depuis longtemps, j’avais peur, j’avais peur pour ce qui allait m’arriver et j’étais en réalité terrorisé à la simple idée de devoir tous les abandonner. Ouais c’est vrai, je passais mon temps à râler parce qu’ils m’emmerdaient sans arrêt, j’étais pas spécialement tendre avec ces gamins mais j’les aimais, j’avais appris à les supporter et maintenant je pouvais plus imaginer me séparer d’eux. Même Morten. Ce crétin avait réussi à m’amadouer avec le temps, et au fond j’appréciais presque d’avoir un gars qui me léchait les bottes du matin au soir. Pendant de longues minutes, j’le gardais sous mon emprise, je le toisais d’un air méprisable, j’étais à deux doigts de le frapper mais… J’pouvais pas me résoudre à abîmer sa belle gueule. C’était un p’tit con, certes, mais il était pas méchant. Alors je finissais par le laisser en paix et j’allais m’exiler quelques mètres plus loin pour m’asseoir et replier mes genoux contre mon torse. Jamais j’m’étais senti aussi vulnérable. « Putain… » lâchai-je finalement en enfouissant mon visage entre mes mains comme pour me cacher du reste du monde, parce que c’était bien ce que j’serais obligé de faire désormais. A cause de ses conneries, j’allais devoir me mettre à prier même si j’avais jamais été croyant, parce que s’ils mettaient la main sur moi, j’étais mort. J’survivrai pas à la prison, et certainement pas à quelques années de plus au front mais ça il semblait que j’étais le seul à m’en soucier.
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MessageSujet: Re: Just thoughts, and a heap of good weed. ☮ TAHIR   Just thoughts, and a heap of good weed. ☮ TAHIR EmptySam 27 Juil 2013 - 4:04

« Pardon, j’ai pas bien compris là, t’as fait quoi ?! » Je baissai la tête à m’en rompre la nuque. Elle était comme entrainée vers le sol par le poids de la honte. Ouais, j’étais pas fier. Tahir était probablement la dernière personne que je voulais décevoir. Que du contraire, depuis qu’il nous avait rejoint, j’avais fait que gratter sa fierté, même pour des actes qui ne la méritait pas. J’aurais tout fait pour sentir ses yeux posés sur moi, parce que ça faisait ma journée. Parce que ça me plaisait toujours plus que ce regard chargé de mépris qui me mitraillait depuis que j’avais ouvert la bouche. « Une regrettable connerie. » Loin de moi l’idée de le provoquer. J’arborais souvent cet air effronté quand je me faisais taper sur les doigts. C’était ma façon à moi de montrer aux adultes que je pouvais leur tenir tête. Que leurs mots ne m’atteignaient pas, même si sur le coup, je devais bien reconnaitre que la colère de Tahir ne me laissait pas de marbre. J’avais peur qu’il refuse de m’adresser la parole à nouveau. Peur de voir tout espoir de réconciliation s’estomper au fil du temps. J’étais pas sûr de pouvoir le supporter sans passer par la case dépression. Quand le jeune soldat souligna le fait que je l’avais plongé la tête la première dans une merde noire, je ne sus plus où me mettre. « Je voulais pas. Si je pouvais réparer ce que j’ai fait, j’te jure que je le ferais. » Ma voix tremblait, tout comme le reste de mon corps d’ailleurs. Je me forçais à me dire que ce n’était qu’un mauvais moment à passer. Que d’ici demain les tensions se seraient dissipées et que tout redeviendrait comme avant. Mes certitudes s’envolèrent au moment où mon dos percuta le métal froid du van. Instinctivement, je fermai les yeux et nichai ma tête au creux de mon épaule. J’avais tellement peur qu’il me frappe que j’en oubliai même de respirer. J’avais toujours été paralysé devant la violence. J’avais l’impression que mes jambes étaient rembourrées de coton tant elles supportaient mon poids avec difficulté. Je m’imaginais déjà terminer ma nuit dans un lit d’hôpital après que Tahir m’ait réglé mon compte. Faut dire que j’avais les os aussi fragiles que du verre et que la moindre petite secousse suffisait à les briser. Heureusement pour moi, il avait choisi de s’époumoner à en perdre sa voix plutôt que de laisser ses poings parler à sa place. Ce n’est que lorsqu’il me mit face à mes erreurs que je pris conscience des risques qu’il encourait par ma faute. Je ne pus m’empêcher de relever ses paroles, afin de lui sortir l’idée que j’aie pu faire ça pour le voir débarrasser le plancher de la tête. « Dis pas de conneries, tu sais très bien que c’est pas ce que je veux. Je le voudrais jamais. » Parce que la troupe sans Tahir, c’était comme Pepino sans son furet. C’était impossible.

« Tu vas aller vendre ton joli p’tit cul, tu vas aller faire la pute sur le trottoir pour te faire du fric ? » Ses mots me blessaient. Ils avaient autant d’impact sur moi que s’il avait décidé de me jeter des cailloux à la gueule. Je mourais d’envie de lui demander s’il ne voulait pas ouvrir le bal et me faire office de premier client. Seulement, les seuls vocables qui quittèrent mes lèvres furent les suivantes. « D’abord, je vais commencer par me trouver un métier. Ensuite, on verra si je dois en arriver là. » Je préférais ne même pas songer à cette option. Je n’étais qu’un agneau parmi les loups, incapable de me défendre en cas d’attaque. Ils ne feraient qu’une bouchée de moi. Et encore, c’était à peine si je pouvais leur servir d’amuse bouche. En effet, j’étais si maigre qu’on pouvait aisément compter mes côtes. Ca leur ferait des os à ronger, dans le pire des cas. Tahir se résolut enfin à me lâcher. Pas mécontent d’être à nouveau libre de mes mouvements, j’effectuais plusieurs cercles avec mes épaules pour chasser la douleur qui leur avait donné l’assaut. Je regardai alors Ryan s’éloigner avec un pincement au cœur. Je voulais pas que la soirée s’achève cette fausse note. Je voulais pas qu’elle s’achève tout court. C’est sans doute pour cette raison que j’avais trottiné derrière lui, lui emboitant le pas. Je lui laissai néanmoins le temps de se calmer. De une, parce que Tahir n’aimait pas les faibles et que j’en étais le meilleur représentant, et de deux, parce que se frotter à l’irakien, c’est un peu comme entrechoquer deux morceaux de silex. Le débat s’échauffe pour finalement produire des étincelles qui peuvent réduire une forêt à l’état de cendres si le vent ne souffle pas en leur faveur. Et j’avais pas envie que notre altercation ne se transforme en brasier. Timidement, ma main vint se poser sur son genou. Je la retirai immédiatement, histoire qu’il ne se méprenne pas sur mes intentions. Quand il ouvrit la bouche, probablement pour une seconde tournée de méchancetés, mon index alla se poser contre ses lèvres pour lui intimer de garder le silence. « Gueule pas s’il te plait, je veux pas qu’on réveille les autres. » J’étais étonné que tout le monde soit endormi, à cette heure-ci. Enfin, faut dire que la journée avait été harassante. La troupe était exténuée, et nous n’échappions pas à la règle. Avant que l’envie de me planter là pour aller dormir ne s’empare de l’esprit de Tahir, ma main glissa sur son épaule. Désireux de me faire pardonner, ma voix se voulait rassurante. « Ils t’auront pas, Tahir. J’irai me dénoncer au poste demain matin. » Ce n’était pas des mensonges proférés dans l’unique but de m’attirer son pardon. Non, je n’avais jamais été aussi sincère.
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MessageSujet: Re: Just thoughts, and a heap of good weed. ☮ TAHIR   Just thoughts, and a heap of good weed. ☮ TAHIR EmptySam 27 Juil 2013 - 17:09

A cause du gamin, j’me retrouvais dans la merde. Genre vraiment. Genre on allait me rattraper et j’serais obligé d’retourner en Irak pour aller me faire mitrailler par les camps ennemis, et j’étais pas prêt à ça. J’en avais trop bavé, j’voulais pas revivre l’horreur que j’avais connue là-bas. J’étais p’tet lâche, égoïste mais au moins, moi, j’étais en vie et tous mes camarades pouvaient pas en dire autant. Dans un élan de rage, je l’avais plaqué contre le van, à deux doigts de le cogner. Mais j’le faisais pas. J’préférai gueuler, je savais que ça suffisait avec lui. Après un court moment, j’le libérais et j’allais m’asseoir plus loin pour souffler un peu. Et contrairement à ce que j’espérais, il vint me rejoindre en posant d’abord sa main sur mon genou puis dans mon dos. Il regrettait son geste et j’en étais bien conscient mais c’était pas ses belles paroles qui allaient arranger quoi que ce soit à ma situation. « Dis pas n’importe quoi Dahmer, tu tiendrais pas trois jours en taule. » dis-je en laissant échapper un léger rire ironique. Morten était un gosse, il pouvait pas finir comme ça. D’abord parce qu’il le méritait pas et ensuite parce que je pouvais pas supporter l’idée qu’il lui arrive quelque chose. Alors même si ça signifiait que j’me mettais en danger pour sauver son joli p’tit cul, je refusais qu’il fasse quelque-chose d’aussi stupide et irraisonné. « J’te préviens, si tu vas te dénoncer, je te retrouve pour te faire bouffer le trottoir, pigé ? Tu vas nulle part. » Le ton que je venais d’employer ne laissait aucune place à la discussion. Il était hors de question qu’il aille se dénoncer. D’ordinaire, j’aurais moi-même été le balancer pour récupérer ce qu’il me devait, j’l’aurais pourchassé jusqu’à ce qu’il me rembourse mais Morten méritait pas ça, et j’me rendais compte que j’voulais pas le voir partir. Il avait pas le droit d’se tirer et d’nous laisser en plan. D’me laisser en plan. J’étais terrorisé parce que je craignais que sous l’impulsion il ne m’écoute pas et aille se rendre aux flics. C’était bien son genre de réagir de cette façon mais j’le laisserai pas faire, j’avais ce besoin irrationnel de le protéger parce que je savais qu’il pouvait pas se débrouiller tout seul. Et imaginer la vie dans le van sans lui, c’était inconcevable. J’m’étais attaché à certains plus qu’à d’autres, et à lui plus qu’à tout le monde. Il faisait tout c’qui était possible pour me foutre en rogne et au lieu de ça, j’continuais à supporter sa présence, je me surprenais même à l’apprécier plus que de raison. « Pourquoi tu cherches autant à m’impressionner hein ? » Ca m’était venu comme ça, j’avais pas réfléchi, j’avais parlé sans me poser de question. J’m’étais tourné vers lui et mon regard s’était ancré au sien, même si j’laissais passer aucune émotion. J’commençais sérieusement à me demander pourquoi il traînait toujours derrière moi, pourquoi il se démenait pour attirer mon attention. Là, il aurait eu toutes les raisons du monde de se tirer, d’aller se réfugier à l’intérieur du van pour aller pleurer toutes les larmes de son corps en se cachant sous sa couverture. Mais il était resté quand même pour me consoler, pour me promettre qu’on m’attraperait pas. Et mine de rien, ça me touchait. J’étais p’tet le mec le plus dangereux du groupe à toujours m’énerver pour un rien mais j’avais quand même une pointe de sensibilité et je savais reconnaître quand quelqu’un me voulait du bien. Je soupçonnais Morten d’en pincer un peu pour moi et bien sûr, j’en jouais, j’en profitais parce que ça me faisait rire et ça m’arrangeait d’avoir un gamin à ma botte, de pouvoir lui demander n’importe quoi en sachant qu’il ferait tout pour me contenter. Sauf qu’au bout d’un moment, il allait trop loin et cette dépendance devenait risquée, alors j’étais décidé à le faire sortir de sa coquille pour qu’il avoue enfin ce qui le tourmentait comme ça même s’il était parfaitement possible que j’me sois planté sur toute la ligne. « Non mais c’est vrai quoi, t’es toujours fourré avec moi, si tu crois qu’j’ai pas remarqué ton petit manège tu t’gourres. Mais j’ai du mal à comprendre pourquoi tu t’comportes comme ça. J’suis trop jeune pour être ton père biologique et j’suis presque certain d’pas être ton frère caché ou un truc du genre alors quoi ? » J’avais beau chercher à comprendre, j’voyais pas ce que ce petit mec me trouvait de si intéressant. Je savais que j’lui faisais peur, la preuve, il avait presque chialé rien qu’à m’entendre lui hurler dessus comme un forcené. A bien y réfléchir, je regrettais un peu de m’être emporté comme ça. Au fond, c’était qu’un gamin inconscient qui avait voulu me filer un coup de main, même s’il s’y était pris comme un manche. Et de toute façon, j’étais incapable de le détester vraiment parce que sa belle gueule d’ange m’empêchait de camper sur mes positions. J’avais toujours été fasciné par ses yeux, qui dégageaient une chaleur rassurante et réconfortante et qui m’aidaient sans doute à ne pas péter un câble à la simple idée qu’on puisse un jour me retrouver et m’arracher à ceux qu’je considérais comme ma famille. Parce qu’ils étaient tous plus ou moins mes frères et sœurs même si on passait notre temps à se taper dessus.
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MessageSujet: Re: Just thoughts, and a heap of good weed. ☮ TAHIR   Just thoughts, and a heap of good weed. ☮ TAHIR EmptySam 27 Juil 2013 - 21:59

« Dis pas n’importe quoi Dahmer, tu tiendrais pas trois jours en taule. » Sa remarque me fit sourire. J’étais peut-être qu’un gringalet incapable de se servir de ses poings, mais j’étais toujours plus futé que tous ces poids lourds qui croupissaient en prison. Je n’aurais qu’à les fuir comme la peste et faire en sorte de ne pas me retrouver au mauvais endroit au mauvais moment, et tout irait pour le mieux. Tout ce que je savais des prisons se limitait à ce qu’en disait la télévision, ce qui expliquait sans doute pourquoi je n’étais pas plus inquiet que ça à l’idée de me retrouver derrière les barreaux. « Tu veux vraiment parier ? » Oui, je faisais partie de ces gens qui étaient prêts à risquer leur vie pour le simple plaisir d’avoir raison. Je survivrais quatre jours s’il le faut, rien que pour prouver à Tahir que j’étais pas aussi vulnérable qu’il ne le pensait. Il pouvait dire ce qu’il voulait pour m’empêcher de foutre les pieds au commissariat, ça rentrerait par une oreille et ça ressortirait par l’autre, pour la simple et bonne raison que j’avais pris ma décision. Je voulais pas qu’il vive dans la crainte d’être découvert parce que j’avais joué au con. Ses menaces me passaient au dessus de la tête. Je partais du principe que s’il n’avait pas pu se résilier à me cogner une fois, ce phénomène se reproduirait dans le futur. C’était peut-être risque d’appliquer ce mode de pensée à un mec aussi imprévisible que Tahir, mais j’étais assez sûr de moi sur ce coup là. Ce fut avec sourire provocateur scotché aux lèvres que je le défiai, lui projetant ces quelques mots à la figure. « Tu vas devoir me surveiller toute la nuit, dans ce cas. Au pire on en reparlera au parloir, t’en dis quoi ? » C’était tout moi. Je prenais tout à la rigolade, même les affaires les plus sérieuses. Ca devait être pour ça que jamais rien n’avait abouti dans ma vie. Depuis toujours, je voguais au rythme des renvois et des licenciements. Parfois la marée me submergeait, mais l’eau finissait toujours par évacuer mes poumons et je répétais les mêmes erreurs. Suivant l’impulsion de Pepino, j’avais fini par embarquer dans le bon bateau. Même si nous avions naufragé au milieu de nulle part, je ne regrettais pas de m’être lancé dans cette aventure, parce que je me sentais bien. J’étais débarrassé de toute pression, et nous pouvions enfin vivre nos vies comme nous l’entendions, Pepino et moi. C’était juste parfait. Ouais, parfait était le mot.

« Pourquoi tu cherches autant à m’impressionner hein ? » Cette constatation m’arracha violemment à mes songes. Mon cerveau turbinait à du 100 km/h, cherchant une réponse à lui servir, histoire de dissimuler la vérité un peu plus longtemps. Je voulais pas l’emmerder avec mes histoires de cœur. C’était probablement provisoire. Je m’étais sûrement attaché à lui parce qu’il était la copie conforme de l’homme que j’aurais rêvé d’être. Vous savez, le genre de mec que tout le monde regarde dans la rue. Sans oublier que Tahir, il avait l’étoffe d’un héros et ce, même s’il avait déserté. Je comprenais son choix. Ca arrive même aux superhéros d’avoir besoin de prendre des vacances, et l’armée était pas du genre à offrir des congés payés. Ca vous boufferait n’importe quel homme, toute cette haine injustifié à l’égard d’une autre nation. Il en avait vu des horreurs, à force de côtoyer la violence à longueur de temps. Je pense que s’il avait attendu un peu plus longtemps pour rendre les armes, Tahir aurait sûrement terminé dans une cellule capitonnée. Enfin bref, là n’était pas la question. Toute la malice qui animait mon regard quelques minutes plus tôt fut balayée par un vent imaginaire. J’étais pas prêt à m’ouvrir à Tahir, et là, je me sentais bousculé. « Tu te fais des idées. Je suis comme ça avec tout le monde. » Le prendre pour un con, c’était tout ce que j’avais trouvé de mieux à faire pour éluder sa question. J’étais semblable à un animal farouche. J’étais sans cesse au taquet, et le moindre faux mouvement me suffisait pour prendre la fuite. Ca doit être pour ça que je ne me focalisai que sur certains éléments de sa tirade, sans doute les moins importants. « T’as raison. Il est grand temps pour moi de te laisse respirer. Je vais pieuter. Bonne nuit. » Je lui jetai un dernier regard confus avant de me réfugier dans ma tente, me laissant tomber sur le matelas pneumatique que Pepino avait délaissé. Je ne me souciais pas trop de son absence. Mon cousin avait toujours été un adepte des escapades nocturnes. Dans un sens, ça m’arrangeait. J’étais pas vraiment en état d’être sujet à un de ses interrogatoires. Parce que rien lui échappait, à Pepino. Je sais pas comment il faisait, mais dès que quelque chose me tracassait, il le remarquait toujours, et ce malgré tous les efforts que je déployais pour le cacher. Heureusement, je serais probablement endormi quand il regagnerait nos quartiers. Bien décidé à oublier tout ce qu’il venait de se passer, je retirai mon t-shirt avant de me mettre à rôtir. Le soleil avait tapé sur la toile toute la journée, transformait notre nid en une véritable fournaise.
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MessageSujet: Re: Just thoughts, and a heap of good weed. ☮ TAHIR   Just thoughts, and a heap of good weed. ☮ TAHIR EmptyDim 28 Juil 2013 - 20:26

J’arrivais pas à y croire. Morten avait voulu m’aider, certes, mais j’allais devoir échapper aux flics pour rester libre. Parce qu’il y avait pas à douter ; ils remonteraient facilement jusqu’à moi après qu’il se soit soustrait à leur vigilance. J’pouvais pas imaginer repartir seul sur les routes. La vie en communauté me branchait pas plus que ça mais j’avais fini par m’y faire et j’étais pas prêt à m’en défaire. Ces gosses me collaient à la peau et finalement, c’était pas si désagréable. J’étais jamais seul, et j’l’avais été trop longtemps pour laisser mes conneries me retirer cette chance. Du coup, j’m’étais énervé, et évidemment, il avait pris peur. Alors pour se racheter, il voulait aller se rendre et cette option n’était pas envisageable. Mais malgré mon interdiction formelle, j’étais persuadé qu’il le ferait. Il me provoquait ouvertement ce crétin, il trouvait ça drôle et moi ça m’amusait pas du tout. Je décidai alors de retourner la situation à mon avantage et je le pris à son propre jeu. Il avait voulu se montrer plus fort, il avait perdu. J’avais réussi à taper là où ça lui ferait vraiment mal et résultat il préféra fuir. Fuir lâchement dans sa tente en prétextant que sa conduite n’avait rien d’inhabituel et que j’étais loin d’être privilégié. Manque de bol, j’en croyais pas un mot. J’le regardais s’éloigner et j’affichai un air satisfait mais frustré. J’attendis quelques instants, songeant qu’il se penserait en sécurité. Après une dizaine de minutes, je me relevai en grimaçant et me glissai sous sa tente, installée non loin du van.

« T’as vraiment cru qu’j’allais t’lâcher comme ça ? » C’était mal me connaître que de penser qu’j’abandonnerai si facilement. Il avait piqué ma curiosité à s’enfuir ainsi et j’avais besoin de la satisfaire maintenant. Le rejoindre dans un espace si confiné n’était peut-être pas une idée brillante de ma part, je savais de quoi j’étais capable mais j’aurais de toute façon été parfaitement incapable de m’endormir avec tant de questions sans réponse. J’avais rien d’exceptionnel, j’étais un mec banal, comme les autres, avec quelques tendances un peu psychopathes et violentes. Y avait aucune raison qu’il s’intéresse autant à ma modeste personne, alors j’y voyais-là qu’une seule explication et sans qu’je comprenne vraiment pourquoi, mon hypothèse me plaisait assez. « Tu sais Mort’, j’suis pas l’genre de gars que tu devrais prendre pour un con. » Comme un fauve prêt à prendre sa proie, je m’avançai vers lui sans le lâcher des yeux. D’un geste brutal, j’attrapai ses jambes et je le forçai à s’allonger pour me placer au-dessus de lui. Ainsi, il n’avait plus aucune chance de m’échapper. J’étais probablement un peu trop dur avec lui, il méritait pas qu’on le traite comme ça mais j’pouvais pas m’en empêcher, je profitais de ses faiblesses pour me l’approprier parce qu’au fond, j’adorais l’avoir entièrement à ma merci. J’étais odieux, j’étais monstrueux, mais il semblait pas décidé à m’lâcher pour autant. J’étais conscient de notre proximité, et d’ailleurs ça me laissait pas franchement indifférent. Depuis qu’Alej’ m’avait fait découvrir les plaisirs homosexuels, j’avais une fâcheuse tendance à reluquer les mecs et j’m’en voulais, j’m’en cachais mais c’était plus fort que moi. Ma respiration se calait sur celle de ma victime, mes mains encadraient son visage et j’étais irrémédiablement envoûté par ses yeux bruns d’une profondeur que je n’avais jamais remarquée jusqu’alors. Je restai impassible, j’avais pas envie qu’il se rende compte de l’effet qu’il me faisait à être si vulnérable. C’était qu’un gamin et j’avais le pouvoir de le casser en deux si j’le voulais, cette impression était jouissive, presque addictive. Mais j’me promettais de ne pas lui faire de mal, parce que j’aurais pas aimé voir sa figure angélique se teinter de tristesse. « Réponds à ma question. Pourquoi tu t’comportes comme ça avec moi ? » Mon regard accrochait le sien, et je ne lui laissai aucune échappatoire. Il devait être franc, pour une fois, et c’était ma manière à moi de le pousser à avouer ce qu’il avait réellement sur la conscience. C’était sans doute hypocrite de ma part, parce que j’étais loin d’être tout blanc. Mais je supportais simplement pas l’idée qu’il puisse me mentir, j’avais bien l’intention de découvrir le côté obscur qu’il tentait de dissimuler avec tant d’acharnement.
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MessageSujet: Re: Just thoughts, and a heap of good weed. ☮ TAHIR   Just thoughts, and a heap of good weed. ☮ TAHIR EmptyLun 29 Juil 2013 - 3:29

Assis en tailleur, j’étais sur le point de me griller une dernière clope avant de fermer les yeux et de guetter l’arrivée du marchand de sable. Je ne tirai pas la sonnette d’alarme lorsqu’un bruit de pas vint troubler ma quiétude. C’était probablement un des gars qui allaient lever la patte contre un arbre, rien d’anormal jusque-là. Par contre, les chances que ce même gars confonde les toilettes avec ma tente étaient un peu plus minces. J’aurais bien filé à l’anglaise pour la seconde fois de la soirée pour échapper à cette conversation, mais il s’avérait que Tahir se tenait entre la sortie et moi. Et quelque chose me disait que ce coup-ci, il ne me laisserait pas passer entre les mailles de son filet. Son entrée en scène vint me le confirmer. « Ca coûtait rien d’essayer. L’espoir est encore gratuit. » Dans un élan désespéré pour éviter qu’il n’envahisse mon espace vital trop rapidement, je me reculai jusqu’à ce que la peau de mon dos rencontre la toile du fond. Cette situation était franchement inconfortable. Je voulais pas qu’il m’approche. Je voulais juste qu’il s’en aille avant que mon comportement ne commence à parler de lui-même. J’avais tendance à perdre complétement mes moyens quand j’étais mal à l’aise, ce qui n’allait pas tarder à arriver s’il continuait à me brusquer comme il le faisait. J’étais fermé comme une huitre et malgré ça, il s’efforçait à vouloir mettre la main sur la perle qui se cachait à l’intérieur. Seulement voilà, il fallait impérativement que je prenne mes distances avant que ma coquille ne finisse par exploser. J’étais même prêt à le supplier pour ça, parce que c’était plus facile d’implorer plutôt que de lui dire ce qu’il voulait entendre. C’est ce que je m’apprêtais à faire lorsqu’il me tira par les jambes pour me soumettre à sa volonté. « Tahir, j’cracherais pas le morceau, alors laisse-moi dormir. » Voyant qu’il n’avait même pas ciller à ma demande, j’eus recours à l’une des formule de politesse la plus couramment utilisée quand il s’agissait d’obtenir ce qu’on voulait. « S’il te plait ? » Ce que je pouvais être naïf quand je m’y mettais. Il était clair que le soldat ne s’était pas invité sous mon toit pour repartir bredouille.

Tétanisé. Je l’étais. Mes muscles étaient si tendus qu’ils auraient pu servir de toile pour un trampoline. Je me tortillais comme un ver pour tenter d’échapper à son emprise. La peur avait éloigné le fait qu’il avait des années d’entrainement derrière lui de mon esprit. J’étais convaincu qu’il me restait encore une issue de secours, que l’heure de mes aveux n’avait pas encore sonné. « Réponds à ma question. Pourquoi tu t’comportes comme ça avec moi ? » J’avais l’impression que ma peau était en train de fondre à l’emplacement de ses doigts qui m’empêchaient de détourner mon regard du sien. Il pensait vraiment que j’allais lui avouer cash que j’avais des sentiments pour lui dont je n’étais pas maitre ? Non. J’allais me la jouer plus subtile que ça, en espérant que ça lui convienne, parce qu’il n’obtiendrait rien d’autre de ma part. Craintive, ma main vint se joindre à la sienne pour la guider jusqu’à mon torse. Du côté gauche, plus exactement. Mon cœur cognait contre ma cage thoracique avec autant d’ardeur qu’un boxeur se déchainant sur son punching ball. Souffrant de graves problèmes cardiaques – cela faisait maintenant une quinzaine d’années que j’étais maintenu en vie par une pile au cœur –, il était quelque peu anormal que mon boum boum batte à ce rythme. Mais ça, Tahir ne pouvait pas le savoir, à moins d’avoir étudié mon dossier médical. « Oui, mon colonel. Ca vous va comme réponse ou je vais devoir être plus explicite ? » Parce que mon cœur était loin d’être le seul organe touché par son charme ravageur, si vous voyez ce que je voulais dire. Je respirais si fort que j’avais l’impression d’entendre l’aspirateur de ma mère à chaque inspiration que je prenais. Il faudrait vraiment que je songe à prendre des cours de yoga si je ne voulais pas mourir d’une attaque. Ca devrait pas être autorisé par le loi d’avoir un tel sex-appeal, surtout en présence de tapettes aussi faibles que moi. Pris d’un soudain élan de bravoure, mon front alla se coller contre le sien tandis que nos souffles se mélangeaient dangereusement.
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MessageSujet: Re: Just thoughts, and a heap of good weed. ☮ TAHIR   Just thoughts, and a heap of good weed. ☮ TAHIR EmptyLun 29 Juil 2013 - 11:02

J’aurais sûrement dû lui foutre la paix. Après tout, j’étais qui pour l’amener à me révéler ce qu’il refusait de me dire ? Je n’avais aucun droit sur lui, il n’était pas ma propriété, je n’étais pas non plus son supérieur hiérarchique mais sans doute que l’armée avait laissé des marques indélébiles qui influençaient mon comportement encore aujourd’hui. Je pouvais pas accepter qu’on me dise non, qu’on me cache quelque-chose, et ce même si j’avais quelques hypothèses pour expliquer son comportement douteux. Et puis je cherchais quoi à faire irruption dans sa tente comme ça ? Ca n’avait aucun sens, je le provoquais par plaisir de l’emmerder plus que toute autre chose alors qu’en réalité, je le faisais peut-être souffrir inutilement alors que je savais même pas c’que j’voulais. Alors j’m’étais imposé, et j’envahissais son espace personnel sans la moindre gêne au point de le coincer entre mes bras pour le mettre au pied du mur. Il avait plus d’autre choix que de tout avouer, et s’il continuait à me mentir, j’hésiterai pas à employer les manières fortes. Il tenta d’abord de résister, mais la détermination que je décelais dans sa voix ne suffisait pas à me dissuader ; c’est pourquoi j’insistai encore en constatant qu’il ne tarderait plus à craquer. Je gardais quelques réflexes de mon passé de soldat, j’étais notamment incapable d’abandonner tant que mon objectif n’était pas atteint et ce soir, mon objectif, c’était lui.

Sa main guida alors la mienne sur son torse nu et je n’eus aucun mal à comprendre où il voulait en venir exactement. Son palpitant s’affolait au contact de ma peau contre la sienne, et je me plaisais à croire que son corps réagissait à ma présence. Peut-être aurai-je pu me montrer plus entreprenant encore pour aller vérifier par moi-même si ma théorie était vraie mais je préférai jouer plus finement. Un vague sourire installé sur mes lèvres, j’observais son visage, ses joues rougies par l’embarras, ses yeux pétillants de la crainte que je lui inspirais et dont je me délectais intérieurement. « Une valeur seule est inutile. Il faudrait qu’je puisse comparer à ton état habituel mais j’peux pas. » Ma remarque pouvait paraître un peu surfaite mais en réalité, j’avais bien une petite idée derrière la tête. Mon regard ne quittait plus le sien, je cherchais les réponses à mes nombreuses interrogations et plutôt que de rester à se regarder dans le blanc des yeux pour partir dans une discussion complexe et douloureuse, je préférais agir. J’avais toujours fui les conversations trop sérieuses, c’était une habitude, j’étais un homme de terrain et j’aimais me mettre en danger. Là, je nous mettais en danger tous les deux. Un brin joueur, peut-être trop, je nichai mon visage au creux de son cou que j’embrassai furtivement, quelques baisers volés innocents qui amenaient à bien d’autres choses. Je poussai le vice jusqu’à remonter sur sa mâchoire puis sa joue et j’avais déjà bien du mal à contenir mon impatience qu’il pouvait parfaitement sentir puisqu’ainsi installé contre lui, mon jean devenait soudain nettement plus serré. « Et si j’fais ça… » Ma phrase restait inachevée, mes lèvres allaient effleurer les siennes, jouaient avec elles, j’y glissai doucement ma langue pour goûter à la saveur sucrée de sa peau d’enfant. Son cœur s’accélérait soudain et je prenais conscience que Morten tenait sans doute plus à moi que ce qu’il voulait bien me dire, il ne s’agissait peut-être pas là d’une simple attirance physique et déjà, je savais que ces sentiments risquaient de poser de sérieux problèmes. J’étais pas vraiment du genre émotif et il était clair que je lui ferais du mal parce que je serais incapable de lui offrir ce qu’il désirait mais pour l’heure, j’étais bien loin de me poser la question, électrisé par sa présence, sa proximité. Du bout des doigts, j’explorai son torse avec une lenteur calculée, convaincu qu’il devait être terrorisé à la simple idée que je puisse prendre ainsi le contrôle de son corps aussi, j’essayais de prendre mon temps parce qu’au fond, j’étais pas spécialement rassuré non plus. Si Alej’ m’avait aidé à admettre que les mecs me plaisaient, j’étais pas encore prêt à l’avouer à tout le monde et là, j’étais justement en train de le montrer à Mort’ même si je savais qu’il saurait se taire.
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MessageSujet: Re: Just thoughts, and a heap of good weed. ☮ TAHIR   Just thoughts, and a heap of good weed. ☮ TAHIR EmptyLun 29 Juil 2013 - 21:01

Je n’avais jamais douté de mon orientation sexuelle. Je n’en avais jamais eu honte, non plus. Je répondais franchement lorsque l’on me posait la question, mais ce n’était pas pour autant que je m’affichais. Je devais dire que toutes ces rafales de crime visant la population gay dont Boston avait été victime ne m’avaient pas encouragé à sortir main dans la main avec une personne du même sexe. L’homosexualité n’était pas une maladie. L’homophobie l’était. J’avais eu beaucoup d’avoir réussi à me soustraire aux brimades concernant ma sexualité. Si je parvenais à la cacher avec autant de brio, c’était pour une seule et unique raison : je ne voulais pas que le privilège de mater les lycéens dans les vestiaires sans être jugé du regard me soit retiré. Parce que moi au moins, je n’avais pas besoin d’escalader le mur séparant les douches des filles de celles des garçons pour alimenter mes fantasmes. Enfin, tout ce baratin pour en venir au fait que j’avais eu quelques aventures, mais qu’aucune d’elles ne s’était terminée dans la joie et la bonne humeur. A leurs yeux, je n’étais qu’un distributeur à pipes, ni plus ni moins. Alors je finissais toujours par me barrer avant que ça n’aille plus loin. La question que je me posais actuellement était la suivante : Tahir était-il intéressé par moi ou par mon petit cul bien roulé qui en avait attiré d’autres avant lui mais qui pourtant était resté inexploré ? Je savais même pas qu’il avait des penchants homosexuels jusqu’à maintenant. Je me faisais peut-être des idées, mais il était bien trop confiant pour que ça soit sa première fois. Je n’irais pas jusqu’à dire qu’il avait fait ça toute sa vie, mais une chose était sûre, il était moins débutant que moi. Moi qui prêtais attention au moindre de ses gestes. Il était sous surveillance. Un pas de travers. C’était tout ce qu’il avait à faire pour que je me mette à crier comme un cochon qu’on égorge. Je ne savais pas comment me comporter et ça me rendait dingue. J’avais juste envie de disparaitre. De cligner des yeux et de me réveiller demain matin, quand le soleil se sera levé sur un nouveau jour.

J’avais l’impression que chaque parcelle de ma peau où se posaient ses lèvres était marquée au fer rouge. Et puis y avait mon cœur qui palpitait toujours autant, menaçant de me lâcher d’une minute à l’autre. Ca faisait longtemps qu’il avait plus été mis à si rude épreuve. « Et si j’fais ça… »  Mes doigts se resserrèrent sur son t-shirt. J’avais besoin de me prouver que tout ceci n’était pas un rêve, qu’il n’allait pas se volatiliser comme par magie. Que je n’allais pas me lever avec une trique matinale d’enfer et des regrets pleins la tête. « Si c’est une blague c’est franchement … » Mes paroles furent entrecoupées par un râle de plaisir. J’avais toujours eu l’épiderme très sensible, et j’étais loin d’être indifférent à ses caresses. « Pas drôle. » J’avais beaucoup de mal à croire que Tahir était un coureur de caleçons. De tous les mâles de la troupe, c’était celui qui passait le plus de temps à étaler les coups qu’il avait à son actif à qui voulait l’entendre. Et à mes souvenirs, aucun d’eux ne portait un prénom masculin. Ne cessant de lui jeter des regards furtifs à chacun de mes mouvements pour m’assurer que j’avais son approbation, je laissai mes mains s’échouer au niveau de son entrejambe pour entreprendre de déboutonner son pantalon. J’avais l’intuition qu’il commençait à se sentir un peu à l’étroit dedans. Mes lèvres quittèrent les siennes pour aller se perdre dans son cou et descendre peu à peu vers son torse. Je n’avais pas autant d’assurance que lui, mais je faisais ce que je pouvais pour ne pas laisser transparaitre mon mal être. Je finis cependant par m’interrompre et redresser la tête vers lui. « Ca … Ca va faire mal ? » La question du puceau par excellence.
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MessageSujet: Re: Just thoughts, and a heap of good weed. ☮ TAHIR   Just thoughts, and a heap of good weed. ☮ TAHIR EmptyMar 30 Juil 2013 - 0:40

J’avais toujours été attiré par les femmes et uniquement elles. C’était pour moi une certitude qui venait d’être sérieusement mise à mal par une soirée passée à la plage à fumer des joints et à boire des bières. Alej’ m’avait fait connaître des sensations nouvelles, inédites et surprenantes et j’y avais dangereusement pris goût. Je refusais encore de l’admettre mais Morten m’avait poussé à bout sans le vouloir. Ses grands yeux de gosse m’avaient terriblement plu et je réalisais seulement maintenant que ça faisait un bon moment que j’le regardais différemment. Peut-être que la vie dans le van perturbait tous mes principes, en tout cas, j’avais fini par le rejoindre sous sa toile de tente en sachant pertinemment ce qui finirait par arriver si je ne me calmais pas sous peu.

Ses doigts se resserraient sur mon t-shirt, mais je m’empressai de me débarrasser de celui-ci en constatant que la température montait d’un cran. Mes lèvres parcouraient sa peau avec une lenteur calculée, j’avais l’impression qu’il risquait de s’enfuir à tout instant tant il avait l’air d’être paralysé par la peur. Ses soupirs m’enivraient déjà et j’en voulais plus, je le désirais lui tout entier ; un simple baiser avait suffi à me rendre accro à sa douceur. « Je joue pas Mort’. » assénai-je d’une voix un peu dure pour lui faire comprendre que tout ça n’était pas une plaisanterie. Il pouvait d’ailleurs facilement se rendre compte de mon trouble grandissant ; installé de la sorte au-dessus de lui, il aurait été stupide de douter de l’attirance que j’éprouvais à son égard et d’ailleurs, sa main timide vint déboutonner mon jean pour me libérer du carcan dans lequel j’étais enfermé. Heureusement, il prenait de l’assurance, parce que j’étais clairement pas assez à l’aise avec l’homosexualité que je me découvrais tout juste pour le guider comme Alej’ l’avait fait pour moi. Je m’apprêtais à glisser mes doigts entre ses jambes mais soudain, je m’arrêtai tout net dans mon élan. Sa voix, si enfantine, m’avait sorti brutalement du rêve éveillé que je vivais et j’atterrissais au sol avec une violence inouïe. Bordel mais qu’est-c’que j’foutais ?! J’avais perdu le contrôle, j’avais royalement merdé et j’pouvais pas revenir en arrière. « Je… J’en sais rien. J’suis pas homo, j’ai jamais… J’ai jamais fait ça avant. Enfin si mais pas comme ça. Merde, j’sais pas quoi t’dire. » J’m’énervai tout seul sans me rendre compte qu’il était sûrement le plus angoissé de nous deux. J’aurais pu faire c’que j’voulais de lui mais je pouvais pas me résoudre à profiter de la vulnérabilité que je notais dans son regard. J’me rendais finalement compte que j’avais été con d’entrer dans sa tente, parce que j’étais pas capable d’aller jusqu’au bout. J’arriverai pas à lui faire l’amour convenablement, et même si ça me tuait de le reconnaître, j’étais sûrement pas le mieux placé pour l’initier à ce genre de plaisirs que je maîtrisais à peine. Une partie de moi refusait d’le laisser partir parce que je supportais pas qu’il puisse faire ça avec un autre, ça me plaisait de croire que son cœur battait pour moi mais je pouvais pas non plus me montrer aussi égoïste, il méritait bien mieux pour un moment aussi crucial. « J’ai pas envie d’te faire mal, tu devrais peut-être pas le faire avec moi. J’sais pas comment m’y prendre. » avouai-je dans une grimace. Je détestais avouer ce genre de faiblesses, spécialement devant Morten qui me portait toujours sur un piédestal alors que je n’avais rien de si exceptionnel. J’voulais pas être responsable d’un truc aussi important, une première fois ça ne s’oublie pas et j’étais en plus conscient qu’il était déjà trop attaché à moi, ça commençait à me faire peur et comme d’habitude, je préférais fuir plutôt que d’affronter la situation qui s’imposait à moi alors que je n’avais rien demandé d’aussi compliqué. J’avais juste pensé qu’il en avait envie autant que moi et peut-être que c’était le cas mais j’étais pas prêt à prendre de telles initiatives parce que je me souvenais de cette nuit passée dans les bras d’Alejandro et de la douleur que j’avais ressentie alors que lui était plutôt expérimenté. Si le gamin se laissait aller avec moi, j’étais sûr qu’il allait en souffrir et j’avais du mal à l’accepter.
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MessageSujet: Re: Just thoughts, and a heap of good weed. ☮ TAHIR   Just thoughts, and a heap of good weed. ☮ TAHIR EmptyJeu 1 Aoû 2013 - 22:27

En retirant son t-shirt, Tahir venait de faire un pas de plus vers l’étape ultime. A présent, le seul obstacle qui nous retenait encore d’aller plus loin, c’était son jeans. C’était fou de se dire que le dénouement final ne tenait qu’à un misérable bout de textile. Au fur et à mesure que les lèvres du soldat découvraient mon corps, mes ongles s’enfonçaient dans sa chair. J’avais besoin de le sentir sous mes doigts, de peur que le contact soit rompu. Je ne voulais pas qu’il m’abandonne face à toutes ces sensations qui étaient nouvelles pour moi. Je ne savais pas quoi en faire. Elles demeureraient un mystère jusqu’à ce que je me les approprie, le problème, c’était que je n’avais pas envie de plonger seul dans l’inconnu. J’avais peur de ce que j’allais y trouver. Mentalement, je me plaisais à comparer cette première fois à la boite de Pandore. J’ignorais ce qui allait en ressortir, mais cela pouvait être positif comme négatif. Il n’y avait plus qu’à en soulever le couvercle pour le découvrir. Seulement voilà, j’avais peur de ce qu’elle renfermait, et c’était sans doute pour ça que je m’accrochais à Tahir comme on s’accroche à la vie. Je comptais sur lui pour être mon fil d’Ariane, celui qui me conduirait à travers les ténèbres de l’ignorance. J’eus la désagréable impression d’être englouti par le vide lorsqu’il m’apprit que ma question devrait se passer de réponse. « Merde, j’sais pas quoi t’dire. » Mes prunelles accrochèrent son regard et mes épaules se soulevèrent mollement. « Alors dis rien. Agis. » Ceci était une invitation à continuer sur notre lancée. Je ne pouvais pas le blâmer de ne pas s’être tapé des hommes à la chaine, jusqu’à en perdre le compte. En vérité, j’étais même plutôt content de faire partie des premiers. De ceux qu’on oubliait pas. Ca ne m’intéressait pas d’être juste un gars parmi tant d’autre. Si ça avait été à ce titre que je prétendais, j’aurais tout aussi bien pu aller trouver un gigolo.

« J’ai pas envie d’te faire mal, tu devrais peut-être pas le faire avec moi. J’sais pas comment m’y prendre. » Au moins, il avait le mérite d’être honnête. Il y avait peut-être des personnes que ça dérangeait de copuler avec un homosexuel en début de carrière, mais je ne rejoignais pas leur position. Premièrement, parce que je n’avais pas matière à comparer et deuxièmement, parce que j’estimais qu’il fallait bien commencer quelque part, et c’était valable aussi bien pour lui que pour moi. Il n’y avait encore aucun mode d’emploi intitulé être gay pour les nuls et être un bon coup était loin d’être inné. C’est en forgeant qu’on devient forgeron, comme dirait l’autre. Sans crier gare, je pris du recul. Par rapport à Tahir et par rapport à la situation. J’avais besoin d’aérer mes pensées avant qu’elles ne m’empoisonnent. Réfléchir, c’était bien, mais à petite dose. « Je suis peut-être pas un expert en la matière, mais je peux t’affirmer que tu vas pas avoir besoin de ça. » Mes lèvres se tordirent en un sourire malicieux tandis que je lui ôtais son jeans, en profitant au passage pour le défaire de son boxer. Histoire qu’il ne se sente pas trop seul à être nu comme un ver, je ne tardai pas à en faire de même. Si j’avais pu le faire, je me serais probablement enfoui sous la couette pour ne plus jamais en sortir tant j’avais honte de mon corps de crevette. Quand je le voyais là en face de moi, ça me rendait malade. A côté de lui, j’étais rien. Rien que de la chair, des os, et de la connerie en surplus. Je crois que même en passant ma vie dans une salle de sport, je n’aurais pas un tiers de sa masse musculaire. J’espérais franchement que Tahir ne voyait rien contre le fait de se taper un squelette ambulant, sinon, il risquait d’être plutôt déçu. Après lui avoir lancé un regard qui recelait pas mal de choses, je roulai sur le ventre et plongeai ma tête dans l’oreiller pour me couper du monde réel durant ces quelques secondes cruciales qui nous séparaient du passage à l’acte.
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MessageSujet: Re: Just thoughts, and a heap of good weed. ☮ TAHIR   Just thoughts, and a heap of good weed. ☮ TAHIR EmptySam 3 Aoû 2013 - 0:27

J’étais qu’un lâche, j’étais terrorisé, paralysé par une peur que j’avais jamais ressentie jusqu’alors. Même quand j’avais couché avec Alej’ pour la première fois, j’m’étais pas senti aussi vulnérable. Mais Morten, il me faisait quelque-chose. Il me regardait avec ses grands yeux d’enfants et je sombrais dans la pâleur de ses prunelles, j’avais l’impression de me noyer sans avoir envie de nager pour sauver ma vie. J’voulais prendre soin de lui, faire naître un sourire sur ses lèvres, j’voulais être le seul. Je savais pas pourquoi, parce qu’après tout, qu’est-c’qu’il avait de plus qu’un autre ? J’m’en foutais des explications, j’voulais juste l’avoir pour moi. J’acceptais pas de le partager, parce que ce soir il s’offrait à moi et à personne d’autre. Il avait jamais laissé quiconque lui faire l’amour, j’allais donc laisser sur lui une marque indélébile et ça m’plaisait de penser qu’il se souviendrait de moi quoiqu’il arrive. La question innocente qu’il m’avait posée m’avait complètement coupé dans mon élan ; j’pouvais pas continuer en pensant de façon si égoïste alors que je risquais de lui faire mal en prenant mon pied. Il était si faible entre mes bras, j’aurais sans doute pu le casser en deux si j’avais essayé, et je profitais ouvertement de ses fragilités pour obtenir ce que je désirais le plus. Sauf que je n’savais pas encore s’il s’agissait de son corps ou de son cœur, et j’étais bien loin de m’en inquiéter là, à demi-nu installé sur lui. La chaleur étouffante m’empêchait de réfléchir correctement et les quelques mots de ma délicieuse victime suffirent à me convaincre. Il semblait décidé à ne pas s’arrêter en si bon chemin, j’allais lui donner ce qu’il voulait même si j’étais persuadé de le regretter le lendemain, quand nous devrions faire face aux regards soupçonneux des autres qui n’auraient sûrement aucun mal à deviner ce que nous avions fait de notre nuit.

Comme pour me pousser à bout, Morten m’ôta mon jean ainsi que mon boxer, et retira ensuite son dernier vêtement avant de rouler sur le ventre, m’offrant ainsi une vue imprenable sur sa chute de reins, ses épaules et sa nuque. Je réprimai un soupir à le voir dans une position si érotique et m’approchai de lui pour embrasser sa peau, mes mains couraient sur ses côtes et s’arrêtèrent à ses hanches que j’agrippai fermement. Mon cœur battait à une vitesse folle, j’avais du mal à contrôler ma respiration et mes gestes pouvaient paraître maladroits et hésitants, mais je réussis tout de même à patienter suffisamment pour attraper mon jean dans lequel je gardais toujours de quoi me protéger. Ce soir, je remerciais le ciel de n’avoir pas utilisé le préservatif avec quelqu’un d’autre, je m’en serais voulu de louper une occasion pareille de satisfaire le blondinet qui se donnait à moi corps et âme. Dans un élan de tendresse infinie, je pris possession de son corps en veillant à y aller doucement afin de lui éviter toute souffrance inutile. Déjà, je lâchai un grognement rauque, témoin des sensations qui m’assaillaient de toute part avec une violence inouïe. Mais Mort’ avait mal, je le sentais se raidir sous mes caresses, j’avais l’impression qu’il ne voulait pas de moi, qu’il me rejetait et j’étais sur le point d’abandonner mais je me souvins alors de ma première fois, de la manière dont j’avais réagi lorsqu’Alej’ s’était insinué en moi et je compris que je devais faire mon possible pour le détendre, sans quoi nous ne pourrions pas aller plus loin. Du bout des doigts, je m’engouffrai dans ses cheveux que je me plus à ébouriffer un peu tandis que mon autre main venait rejoindre la sienne qui se serrait convulsivement sur le duvet, et après une attente qui me parut interminable, j’entamais de doux et lents coups de reins qui m’arrachaient des soupirs terriblement explicites. Je prenais conscience que Morten avait pour moi une importance toute particulière, en tout cas, je culpabilisais à la simple idée de lui causer la moindre douleur et surtout, j’appréciais plus que de raison le contact de sa peau contre la mienne, ce qui me troublait assez pour que ma tête se mettre à me tourner délicieusement -à moins que ces vertiges ne résultent directement du plaisir exquis que j’éprouvais-.
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