Allongée sur le ventre sur mon lit, j'avais posé mon menton sur mes avant bras et je fixais Sparrow droit dans les yeux. "Qu'est-ce que tu en penses? Je devrais y aller ou pas?" Mon adorable jack russel releva un peu la tête, l'une de ses oreilles se redressa. "Je pourrais rester à la maison…" Il laissa tomber sa tête sur ses pattes comme s'il était blasé. "Oui bon, tu as raison.. Il faudrait que je sorte… Et puis c'est Ailynn, ça va forcément être amusant." Sparrow laissa échapper un aboiement. "Ça va, ça va… Je vais y aller." Mon chien se leva alors d'un bond, on aurait presque pu penser que je venais de lui proposer une promenade. Je l'attrapais pour le coller contre moi et lui faire un rapide câlin, toujours allongée sur mon lit. "C'est toi que je préfère Sparrow. T'es le meilleur de tout l'univers mon bébé." J'étais peut-être un peu gaga de mon chien, certes mais il n'y avait pas de mal à cela et puis avec sa bouille comment lui résister de toute manière? Il était comme mon meilleur ami, mon partenaire de vie. Je l'aimais plus que tout au monde et ça pouvait peut-être sembler démesuré aux yeux de certaines personnes mais pas pour moi. Lui au moins ne m'avait jamais fait de mal, mon chien valait beaucoup mieux que les humains capables des pires crasses. Je sentis sa langue glisser sur mes doigts et c'est à ce moment que je choisis de mettre fin au câlin pour aller me préparer. Je l'abandonnais sur mon lit et me dirigeais vers la salle de bain juste en face, avant d'y entrer je lui lançais un dernier regard, amusée et mystérieuse: "No boys allowed. Désolée mon chou. " Et hop, je fermais la porte alors qu'un nouvel aboiement se faisait entendre, je ne pu m'empêcher de sourire. Ce chien et moi communiquions tellement bien.

Je me fixais dans la glace avant d'ouvrir le robinet et de me balancer de l'eau fraiche au visage. Mes points de sutures se voyaient encore mais on m'avait enlevé les fils ce qui atténuait les marques. J'avais encore des bleus et mes côtes cassées, bien que beaucoup moins douloureuses, n'étaient pas encore tout à fait remises. Les médecins m'avaient prévenu que cela pourrait prendre jusqu'à huit semaines. J'en étais encore loin et pourtant j'arrivais à nouveau à bouger. Je devais malgré tout rester prudente. Jusqu'à présent je n'étais toujours pas prête à sortir à nouveau en soirée et à faire la fête. Je n'étais pas d'humeur, et quand bien même je le serais il ne m'en fallait pas beaucoup pour que je me mette à paniquer. Ce soir je voulais faire un effort pour Ailynn. J'avais reçu un texto de sa part qui me proposait de la rejoindre au centre commercial. Le centre commercial un samedi soir c'est toujours amusant quand on a seize ans, quand on en a vingt cinq ça l'est beaucoup moins, mais depuis mon agression je n'avais envie de rien alors même si ça faisait des années que je n'avais pas passé un soir de weekend à faire du shopping j'étais prête à faire un essais. De toute façon dans un centre commercial on peut faire tout un tas de choses, pas seulement les boutiques. Il y a le food court si jamais on a faim par exemple, et au pire on pourra toujours s'asseoir sur un banc et faire nos langues de putes. Je n'étais pas non plus d'humeur pour les commérages à vrai dire, mais je pouvais tout de même écouter Ailynn. Je ne l'avais pas vu depuis un petit bout de temps et à bien y songer ça me ferait sans doute du bien de passer une soirée en sa compagnie. Elle et moi on se connaissait depuis pas mal d'années déjà. Elle était un peu comme la petite soeur que je n'avais jamais eu mais avec elle j'avais l'impression de perdre au moins trois au quatre ans à mon compteur. On passait notre temps à faire n'importe quoi ensemble, on ne peut pas dire que je sois vraiment un modèle pour elle, je l'ai toujours entrainé avec moi dans des plans merdiques où le seul but était de faire une connerie juste pour le fun. Je l'aime vraiment cette fille. On ne se prend pas la tête, on s'amuse et en même temps si elle a des soucis elle sait qu'elle peut compter sur moi et vice versa. Même si sortir de chez moi alors que le soleil commençait à se coucher m'embêtait un peu, je tenais à faire cet effort pour Ailynn, pour lui montrer que je restais forte.

Après avoir recouvert mon visage de maquillage pour atténuer les marques laissées par mon agresseur, j'avais enfilé un jean, un t-shirt à manches longues pour couvrir mes bleus et une paire de converses. Clairement je ne faisais pas dans le sexy, mais puisque j'allais faire une activité de gamine de seize ans il était presque logique que j'adopte leur style vestimentaire. En plus cette tenue permettait de camoufler mes blessures ce qui m'arrangeait parfaitement. Il me fallut bien cinq minutes pour ouvrir la porte de la maison. Je restais plantée devant comme une idiote avant de finalement la déverrouiller. Cinq minutes supplémentaires me furent nécessaire pour la refermer. J'avais fais ajouter des verrous à ma porte d'entrée, mais en plus de ça il fallait que je vérifie au moins une dizaine de fois que c'était bel et bien fermé à double tour. Sur le coup je ne me rendais pas compte à quel point j'étais perturbée mais une fois que j'étais assise dans ma voiture et que l'envie extrême de retourner chez moi arriva j'avais soudain envie de pleurer. Je restais dans l'allée, accrochée à mon volant, le moteur éteint. Une petite voix dans ma tête me disait que je n'allais pas y arriver, elle me répétait qu'il valait mieux que je reste à la maison et que je prenne soin de moi. Sortir de chez moi n'était pas sûr, c'était même dangereux. Je me battais contre moi-même pour ne pas rejoindre à nouveau ma porte d'entrée. Finalement, j'inspirais un bon coup et sans réfléchir je démarrais la voiture. Hors de question de me laisser guider par mes angoisses, je devais les vaincre une bonne fois pour toutes et redevenir la fille que j'étais.

Après un rapide trajet en voiture, j'arrivais à me garer rapidement et proche de l'entrée en plus. J'envoyais un texto à Ailynn pour la prévenir que j'étais arrivée. Je quittais mon véhicule et me dirigeais vers l'une des entrées principales du centre commercial. Avec ma chance, je marchais en plein dans une flaque d'eau énorme et profonde et je me retrouvais avec les pieds trempés. "Parfait. C'est juste parfait!" J'allais m'asseoir sur un banc juste devant le mall. Il fallait que j'enlève mes chaussures, je ne pouvais pas baigner dedans alors que de l'eau toute dégueulasse avait imprégné mes chaussettes. Je posais donc mes converses sur la place à côté de moi et je tentais de me sécher les pieds avec des mouchoirs en papier. La tête baissée, concentrée sur ma petite affaire j'entendis une voix familière. Je me redressais et j'aperçu la fille la plus adorable qu'il soit, rien que de la voir j'en avais le sourire. "Hey! " Je me levais, pieds nus pour la saluer et la serrer rapidement dans mes bras. "Regarde moi ça, avec ma chance je me suis inondée les pieds." Je souriais à mon amie. J'allais reprendre mes basket lorsqu'un gamin d'environ quatorze ou quinze ans passa à notre niveau et me chourra mes chaussres. "Hey! Mais…! " Il était rapide, tellement rapide que je n'essayais même pas de le courser. "Il ne manquait plus que ça pour rendre cette soirée mémorable." Je me laissais tomber sur le banc. "Non mais vraiment, je dois rêver. Je viens de me faire voler mes chaussures par un gamin… Heureusement qu'on est au centre commercial, apparemment je vais devoir m'acheter des nouveaux souliers." Oui mais pour l'instant j'allais devoir rester pieds nus. Etait-ce un signe des Dieux qui voulaient me montrer que j'aurais bel et bien dû rester chez moi? Peu importe, Aiynn était là à présent et j'avais hâte de savoir comment elle allait. "Désolée, j'ai l'air d'une clocharde… Comment tu vas? "

Passer du temps avec Ailynn ne pouvait être qu'un vrai plaisir. Je m'attendais à avoir le sourire aux lèvres toute la soirée, on trouverait forcément un truc pour s'amuser un peu quitte même à ce qu'on ai l'air de deux gamines pré-adolescentes. Vu que non seulement on était sur le terrain de jeu et qu'en plus j'étais habillée comme l'une d'entres elles, adopter leur attitude ne serait sans doute pas un si gros problème. Ce soir je pouvais avoir quinze ans si ça me chante! Un peu comme le film Trente ans sinon rien, mais dans le sens inverse. Je m'égare… Alors que je lui montrais à quel point j'étais douée en lui faisant remarquer mes pieds trempés, je vis un sourire se dessiner sur son visage, ensuite tout se passa très vite. Un mioche passa à tout allure en piquant mes chaussures au passage. Ni Ailynn, ni moi n'avions eu le temps de l'intercepter, et je n'ayant vraiment pas la force de le courser, je l'avais laissé filer. Il fallait encore que je me ménage, selon les médecins il était important que je ne précipite pas trop mes efforts, je devais laisser mon corps se remettre de ses émotions. De toute façon, ces chaussures n'étaient pas non plus du grand luxe, une paire de converses ça se rachète. On m'aurait volé une superbe paire de Louboutin ou des Manolo Blahnik, je ne dis pas, mais là…. je n'avais pas envie de me fatiguer pour si peu. Il s'agissait encore d'un petit con, une tête à claques… Peut-être s'était-il imaginer une course poursuite de dingue, un truc qui lui donnerait un grand frisson, il avait mal choisi sa cible. Karma is a bitch. Voler c'est moche, il le payera forcément tôt ou tard. J'ai confiance. En attendant j'étais venue ici pour me détendre, pas pour me prendre la tête. Les évènements récents qui avaient eu lieu dans ma vie ces dernières semaines m'avaient appris qu'il y avait certaines choses plus graves que d'autres et qu'il valait mieux profiter de la vie plutôt de passer son temps à se plaindre et à ne pas être heureux. Même si j'étais encore tétanisée à l'idée de sortir de chez moi, je voulais vraiment mettre tout ceci en pratique. Je devais absolument tirer une leçon de ce qui m'était arrivé. En fait, c'est un peu étrange mais je ressentais en moi le besoin de donner un sens à mon agression. Si je tenais tant à la voir comme un signe du destin pour me pousser à apprécier la vie encore plus et à la croquer à pleine dent, c'était aussi et surtout parce que de cette manière-là je ne me torturais pas à penser au pourquoi du comment de toute cette histoire. Je m'angoissais déjà assez comme cela, si je pouvais me soulager d'un petit poids, c'était déjà ça de pris. Ailynn me proposa ses bottes, elle était adorable. Je ne pu m'empêcher de rire. "Non ça ira, garde tes bottes!" Pour le coup j'avais vraiment envie de la serrer à nouveau dans mes bras, sa manière d'être me mettait de bonne humeur. Ailynn dégageait quelque chose de joyeux même si d'un autre côté je craignais qu'il n'y ait un petit malaise entre nous. Elle avait l'air un peu gênée par moment mais j'en ignorais la raison. "Merci quand même de me l'avoir proposé." ajoutais-je en lui souriant.

On ne s'était pas vu depuis quelques temps même si elle m'avait rendu visite après l'agression. Je me demandais si elle allait bien, si ses cours se passaient bien et si elle était heureuse, tout simplement. Elle me parlait de chance, ce qui me fit sourire à nouveau. Il était clair pour tout le monde, je crois, que j'en manquais terriblement ces dernières semaines. Une agression, un vol de chaussures et qu'allait-il m'arriver ensuite? Enfin cela dit, on ne pouvait pas trop comparer le vol de mes baskets avec mon agression dans le parking sous terrain. Je préférais qu'on me vole trente paires de pompes plutôt que d'avoir à subir à nouveaux les trente et quelques coups de pieds et autres coups que je me suis prise dans le ventre et sur le reste du corps cette nuit-là. Je préférais même qu'on me vole mes vêtements, mon sac et ma voiture plutôt que de ressentir cette douleur atroce ou même éprouver la sensation de peur monter en moi et me paralyser au point où je n'aurais même plus la force, ni le courage d'ailleurs, de luter et de tenter d'arrêter mon calvaire. Toutes ces choses que mon corps, mon esprit avaient subit ce soir-là… toutes ces choses étaient bien pire que n'importe quel vole. Mais si on parlait de chance, je considérais chanceux de se faire dérober quelque chose de matériel plutôt que de se faire dérober une part de soi comme ça avait été le cas pour moi au moment de mon agression. Ce monstre m'avait volé un morceau de moi-même. Je n'étais pas sûre d'un jour retrouver ce qu'il m'avait pris. D'ailleurs, en pensant à lui, je ne pu m'empêcher de me tourner pour regarder autour de moi. A chaque fois que je me trouvais en dehors de chez moi c'était comme ça. Et s'il m'observait à l'instant même? Et s'il se trouvait là, quelque part, caché entre les voitures ou même au milieu des gens? Je craignais qu'il ne me surveille, je craignais qu'il s'en prenne encore à moi ou même à mes amis. La police pensait qu'il avait sans doute quitté la ville, puisque j'avais vu son visage c'était trop dangereux pour lui de rester dans les parages. J'aurais préféré le savoir en prison quand même…. Peut-être avaient-ils raison, peut-être était-il vraiment parti loin d'ici mais sans preuve aucune je ne pouvais pas en être totalement certaine et convaincue. C'était sans doute le plus dur à gérer. Un doute persistait en moi et je devais me faire violence pour le surmonter et continuer à avancer malgré tout. Ailynn m'affirma qu'elle allait bien mais elle avait ajouté que ce n'était pas à elle qu'on aurait dû s'intéresser. Je grimaçais un peu. Elle était adorable mais je ne voulais pas qu'elle s'inquiètes pour moi, ni elle ni les autres. Et c'est d'ailleurs ce que je m'entêtais à répéter à tout le monde dernièrement. Je ne supportais plus les regards de chiens battus que certains me lançaient en signe de compassion. Je voulais qu'on me traite exactement comme avant que quoi que ce soit ne m'arrive. Déjà que moi-même je me sentais différente, si en plus mes amis se mettaient à changer j'allais vraiment me sentir mal. " Ce n'est pas à moi non plus qu'on devrait s'intéresser. Par pitié, ne parlons pas de tu sais quoi et ne t'inquiètes pas pour moi. Je vais bien. " Je levais les yeux vers elle pour plonger mon regard dans le sien et lui prouver ainsi que je n'étais pas au bord du suicide ni même de la dépression. Au fond de moi, je me hurlais la même chose: *je vais bien* il fallait que je me le répète et peut-être qu'alors ce serait vraiment la vérité. Je n'aimais pas mentir à mes proches mais je ne voulais parler de tout ceci avec personne. J'avais besoin de gérer ça seule. Je savais que je pouvais y arriver.

Finalement Ailynn se leva d'un bond, elle avait l'air tout excitée. " Je ne sais pas… tu crois? " Elle pensait que le gamin voleur de converses avait sans doute voulu relever un pari. Peut-être avait-elle raison mais nous ne saurions jamais apparemment. Je ne voyais pas tout de suite là où elle voulait en venir mais lorsqu'elle repris la parole mon regard s'illumina et je penchais la tête, la bouche mi-ouverte. Elle était la meilleure pour trouver des idées loufoques. "Carrément que ça me dirait! Je suis venue pour m'amuser, pas me tourner les pouces…. Cela dit, j'ai quelques côtes de cassées déjà alors je suis prête à relever tout les paris tant qu'ils ne nécessitent pas de jouer les casse-cou. J'ai eu ma dose pour un moment. " Je lui fis un large sourire en me levant du banc. Je fixais un instant mes pieds, je ne sais pas pourquoi mais je les trouvais drôlement beaux. Je crois que j'aurais pu être mannequin de chaussures, mes pieds auraient étaient des stars dans le milieu! Je haussais finalement les épaules. "Tu sais quoi? On a qu'à dire que mon premier gage c'est de rester les pieds à l'air pendant un petit moment… Si je tiens disons une heure ou deux sans chaussures, tu me payeras un menu big mac!" Je lui donnais un coup de coude avant de lui faire un petit clin d'oeil. Finalement j'attrapais son bras et je la tirais avec moi vers le centre commercial où nous allions enfin pouvoir pénétrer. La soirée promettait d'être riche en fous rire. J'avais hâte d'entendre son plan pour faire chier les morveux et en particulier celui (ou ceux) qui m'avait piqué mes basket.

Ailynn était tout simplement adorable, depuis toujours je lui trouvais un truc irrésistible que me donnait l'envie constante de la prendre dans mes bras. Elle était loin d'avoir l'air d'être une petite chose fragile, mais sa bouille me faisait toujours sourire et sa personnalité, n'en parlons même pas! Elle me faisait rire, même si ensemble nous avions sans doute l'air de deux gamines, ou plutôt de deux adultes qui refusent de grandir, je m'en fichais parce que nous étions nous-mêmes avant tout et que le principal ce n'était pas ce que les autres pensaient mais notre propre divertissement. Et à ce niveau)là, croyez-moi, Ailynn est un spectacle à elle toute seule. Comment ne pas l'apprécier alors qu'elle est la fille la plus gentille qu'il soit? Gentille et têtue quand même, elle ne se laisse pas marcher dessus, elle est un bon mix de toutes les qualités que je rêverais d'avoir, quoi qu'il en soit il est impossible de ne pas l'aimer. A mes yeux elle est totalement comme la petite soeur que je n'ai jamais eu, heureusement quand même que l'on s'est trouvé et qu'à présent nous pouvons entretenir une jolie amitié. Je la connaissais depuis assez longtemps déjà pour la considérer comme l'une de mes amies les plus proches malgré notre différence d'âge qui n'était d'ailleurs pas si importante que cela. Cette petite sortie entre nous devait impérativement me faire du bien, aussi quand elle commença à dévier un peu sur le sujet délicat de mon état d'esprit actuel, comment j'allais et tout et tout, je ne pu m'empêcher d'y couper court! Je n'avais pas envie de penser à mon agression, ni au fait que j'étais clairement déprimée et peu sûre de moi ces derniers temps, je préférais profiter de ce soir pour m'amuser un peu et rire, si c'était possible. Ailynn s'excusa alors, pensant sans doute qu'elle m'avait vexé alors que ce n'était pas du tout le cas. "Ailynn! Tu ne m'as pas du tout vexé, je t'assure! C'est juste que je préférerais qu'on s'amuse un peu ce soir, je n'ai pas envie de m'apitoyer sur mon sort une seconde de plus et j'ai encore moins envie que tu le fasses aussi!" Je lui souriais un peu plus pour qu'elle comprenne que j'étais sincère et que telle était ma volonté. Je savais qu'elle respecterait cela et qu'elle ne me forcerait pas d'avantage. Me confier à elle n'était pas le problème, je savais que je pouvais lui faire confiance, j'étais même plutôt à l'aise pour lui dire certains de mes petits secrets que je n'aurais révélé à personne d'autre, mais pour le coup… je ne parlais pas tellement de mon agression à qui que ce soit, pas même à mes soeurs, la seule personne à qui j'en parlais à coeur ouvert c'était moi-même, ah et à Sparrow aussi! Mon chien pouvait m'écouter des heures sans se lasser, et franchement sur ce point là, il est sans égal. Le truc c'est juste que je n'avais pas envie d'en parler à quelqu'un d'autre, pour le moment je gérais cela moi-même et c'était suffisant, je n'étais pas prête à donner plus de détails à qui que ce soit, pas même à Ailynn. "Ne t'inquiètes pas pour moi. S'il te plait… Je vais bien. Vraiment." J'insistais encore un peu. Il fallait qu'elle me croit, je ne pouvais pas lui laisser le choix de douter à ce sujet.

Pour finalement dévier de cette conversation sans qu'elle ne s'éternise, Ailynn venait de lancer une idée. Une soirée défis à l'image de ce gamin qui m'a volé mes chaussures. Même si j'étais d'attaque pour accepter n'importe quel paris débile qu'elle aurait envie de faire, je préférais la prévenir que mon état physique n'était pas forcément très adapté mais ça, elle l'avait apparemment déjà compris. "Aw… Tu m'aimes!" Ne tenant pas compte du reste de sa phrase, je me précipitais pour la serrer rapidement dans mes bras. Alors que je m'étais levée, je lui proposais de me laisser marcher pieds nus quelques temps, comme s'il s'agissait déjà de mon premier gage. Elle était d'accord, et moi à partir du moment où j'obtenais un big mac à la fin, je ne pouvais être que très satisfaite! Je l'avais alors attrapé par le bras pour la tirer vers le centre commercial, ça faisait une éternité que je n'y avais pas mis les pieds, ou du moins c'était l'impression que j'avais. Ailynn voulait savoir si j'allais acheter des nouvelles chaussures dès maintenant ou bien si on allait encore attendre un peu. Je lui lançais un regard amusé. "Toi t'as vraiment envie d'aller dans un magasin de chaussures! Maintenant que tu m'as lancé l'idée d'une soirée défis, j'ai tout sauf envie de faire du shopping!" Je haussais les épaules. "J'attraperais une paire de crocs chez Macy's avant de partir." et je ne pus m'empêcher de rire. "J'ai toujours rêvé d'avoir des crocs en ma possession! C'est l'occasion!" Nous étions à présent à l'intérieur mais je ne savais pas trop par où commencer. "Alors? On va de quel côté?"