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 Qu'on m'enlève ce qui est vain et secondaire ♫ PV Vivian

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MessageSujet: Qu'on m'enlève ce qui est vain et secondaire ♫ PV Vivian   Qu'on m'enlève ce qui est vain et secondaire ♫ PV Vivian EmptyJeu 29 Aoû 2013 - 21:52




Vivian && Gabrielle




La musique. L’Envie… Voilà par quoi j’allais commencer. Ça mettait l’ambiance, c’était français alors les gens ne comprenaient pas les paroles, ils se contentaient d’écouter ma voix, d’apprécier vaguement et de reprendre leur verre. Ou les jeunes venaient danser. Je suis montée sur scène, j’ai regardé la salle. Il y avait du monde… mais il y avait souvent du monde. Le Wildjam était un super bar, je l’avais toujours dit. Il avait quelques défauts, malheureusement, mais qu’est-ce qui n’en avait pas ? Le principal défaut était le frère du patron. Bon, ce n’était pas un défaut à proprement parlé du pub, mais c’était important. Pour moi. Evidemment, ça ne rebutaient pas les gens. Ils venaient tous m’écouter quand même. M’écouter, ou boire, je n’avais pas la prétention de croire qu’ils ne venaient que pour moi non plus… Enfin…. En fait, si, j’avais tout à fait cette prétention parce que c’était ce que je voulais absolument. Je voulais qu’ils ne viennent que pour moi, que je sois la star. Ça allait venir, un jour. J’étais sûre qu’il y avait déjà des personnes dans le bar qui me connaissaient et me reconnaissaient, sauf que je ne le savais pas encore. A chaque fois, quand j’arrivais sur scène comme ce soir, je scrutais chaque visage avec attention, dans l’espoir d’en trouver un qui serait déjà venu. Mais il y avait trop de têtes. Beaucoup trop de têtes pour moi et ma très mauvaise mémoire des visages. J’avais déjà du mal à reconnaître mes propres musiciens… Je leur ai donné la liste de mes chansons du soir. Aujourd’hui, j’étais en forme, plus que je ne l’avais jamais été – ou alors ce n’était qu’une impression. J’avais envie de mettre le feu, et j’allais m’exploser la voix avec tout ce que je leur avais demandé, mais ce n’était pas grave. J’étais prête. ♫ Bonsoir tout le monde !  ♫ ai-je crié dans le micro en arrivant. Je n’étais pas très fan des longs discours pour le public, je préférais chanter. D’ailleurs, la plupart du temps, les chanteurs, surtout les chanteurs de rock, il ne valait mieux pas qu’ils parlent. C’étaient rarement des génies… juste des bêtes de la scène. Oui, on dit une « bête » de la scène, et il faut dire qu’ils portent bien leur nom. De vraies bêtes, incapables d’aligner trois mots. Même mon idole Johnny Hallyday, je l’avais entendu dire à la télé « Vous êtes génials !!!! » le jour de son anniversaire. Et pourtant, il était français, lui. Pas moi. Moi j’avais entendu la faute et je ne l’aurais même pas faite. La musique s’est lancée sur un geste de ma part. La musique dure, froide, lente au début. Les premiers instruments… et j’étais partie. J’étais dans mon monde, dans ma vie. J’étais sur scène, dans mon pub préféré, et mon patron n’était pas mon médecin ! Ils avaient le même nom et c’était perturbant, amis quand la musique démarrait, tous les problèmes s’envolaient. Oui, tous…  ♫ Qu’on me donne l’obscurité puis la lumière…♫

Oui, j’adorais cette chanson. Elle me ressemblait tellement… Tout me donner pour que je n’aime que son contraire. Qu’on me donne tous les malheurs, si je ne les avais pas déjà ! L’obscurité, la nuit, la maladie, le silence, la peine, le froid, la misère… qu’on me donne la solitude et oublier les toujours. Il n’y avait pas de toujours. Pas chez moi, ni chez personne. Il n’y avait qu’aujourd’hui. J’avais eu du mal, pourtant, à faire accepter mes chansons aux musiciens ! Normal, ils ne les connaissaient pas. Mais jusqu’à nouvel ordre, c’est le chanteur qui décide. Enfin… C’était moi qui avais instauré cette loi. De toute façon, ils avaient été obligés de voir que j’avais raison, avec le public qu’on avait tous les soirs. La musique a accéléré, certains ont reconnu la chanson et ont crié des choses que je n’ai pas comprises. Alors, je savais que certains étaient déjà venus ! J’ai chanté le premier refrain, calmement. Je les entendais… je les entendais toujours et je n’entendais qu’eux. Peu importaient les musiciens et les instruments, les notes. Le rythme, je l’avais, je le connaissais sur le bout des doigts, j’aurais pu chanter sur la musique en me bouchant les oreilles. C’était ma chanson préférée. ♫ On m’a trop donné, bien avant l’envie, j’ai oublié les peines et les mercis, toutes ces choses qui avaient un prix, qui font l’envie de vivre et le désir… et le plaisir aussi… qu’on me donne l’envie, l’envie d’avoir envie, qu’on allume ma vie… ♫ Je me suis reculée. C’était la partie musicale. La musique était belle, forte, magnifique. Eh bien, j’avais eu raison d’imposer cette chanson, non ? Ils avaient même un super interlude à jouer, le meilleur morceau que je n’avais jamais entendu ! Et je suis revenue sur le devant de la scène pour terminer, mon cœur battait, mes doigts tremblaient sur le micro. Il fallait toujours commencer par cette chanson. Ça mettait le public dans l’humeur. Mais pas que le public : moi, aussi. Après ça, j’étais prête à chanter n’importe quoi et toute la nuit. Mais pour leur faire plaisir, j’ai repris sur des chansons plus récentes et, surtout, plus américaines. Les chansons de mes musiciens, quoi… Ouais. En fait, il avait fallu que je fasse un petit compromis. Une des miennes, une des leurs. Je ne savais pas ce que les gens préféraient dans la salle et, au fond, je m’en fichais. Ils dansaient, ils applaudissaient, c’était le plus important. Et même s’ils n’aimaient pas MES chansons, s’il je n’étais plus là, il n’y avait plus de chanson du tout, même pas les leurs. Après tout, elles n’étaient pas si mal, leurs chansons… je préférais les vieux trucs pour la musique. Vieux, comme mon patron. C’était peut-être pour ça qu’il m’aimait bien, d’ailleurs !

Mais les nuages semblaient toujours être les plus forts. Qu’on me donne l’obscurité puis la lumière… C’était ma première phrase en rythme ce soir. Je l’avais peut-être mal chantée. Ah, mais pourquoi toujours croire qu’on est coupable ? J’étais sûrement coupable. La lumière n’était pas venue. Elle ne venait jamais. Il n’y avait que l’obscurité, toujours, la maladie, et la misère, et le silence, et la peine, et le froid. La nuit, éternelle et froide, sordide. Ma nuit qui n’en finissait jamais. A la fin du morceau, j’ai été obligée de demander une pose de quelques minutes, juste le temps d’aller boire un verre. Le public a eu l’air déçu ; j’étais contente. Ils étaient déçus que je parte. Ils m’aimaient, mais cette admiration me torturait et j’ai dû me retenir de pleurer. Est-ce qu’ils allaient disparaitre ! m’a respiration s’est bloquée justement. Comme d’habitude. J’ai senti cette si grande douleur, ce goût immonde dans ma gorge… le goût du sang, de la mort. C’était le goût de la mort. J’ai couru dans les toilettes et je me suis penchée pour boire. Le goût ne partait toujours pas. J’ai craché. C’était rouge. Ça recommençait… mais d’où est-ce que ça venait ? Pourquoi maintenant, alors que j’allais si bien ? Pourquoi toujours à l’improviste ? Quelqu’un est entré à ma suite dans les toilettes. Je me suis redressée, je me suis passé un coup d’eau sur la figure, en oubliant que j’avais du maquillage. J’ai essuyé grossièrement. Je ne voulais pas qu’on me voit comme ça. Surtout pas là, maintenant, au sommet de ma gloire. C’était MA gloire et personne n’avait le droit de me l’enlever. Surtout pas cette maladie ignoble. J’allais retourner sur scène. J’ai carrément ignoré la femme qui était entrée et je me suis jetée devant les musiciens qui s’étaient mis à jouer pour combler mon absence. J’aurais dû attendre qu’ils aient finis, mais je ne voulais pas prendre le risque qu’on vienne me parler. Ce n’était vraiment pas le moment. La tête me tournait un peu, mais j’étais en mesure de reprendre, et j’ai demandé la nouvelle musique, sans le moindre mot d’excuse. M’excuser de quoi ? D’avoir dû faire un passage éclair aux toilettes ? J’avais le droit, quand même. Ce n’était pas grave… tout allait bientôt s’arranger. J’irais vite mieux, comme j’allais de nouveau chanter. J’avais été obligée de demander une chanson plus calme. Enfin, plus calme… ♫ Je vous préviens, n’approchez pas ! Que vous soyez flic ou badaud. Je tue celui qui fait un pas. Non je ne ferai pas de cadeau. Eteignez tous vos projecteurs, et baissez vos fusils braquer… Non, je ne vais pas m’en aller sans elle. ♫ Plus calme… J’aurais déjà dû varier et éviter Johnny Hallyday. Mais je voulais une bonne soirée rock pour célébrer la vie et la santé, pour faire la fête, m’éclater ! Non, je ne pensais pas qu’il viendrait encore tout gâcher. Morbus. C’était à cause d’un ancien prof d’histoire que je l’appelais comme ça.

Morbus m’a pris à la gorge. C’était toujours comme ça. Je venais juste d’entamer le refrain et, Dieu ! j’adorais ce refrain. Je détestais qu’il me coupe dans mon élan, encore plus à ce moment-là. Je détestais cette sensation, cette impression que j’avais de m’étouffer et sentir le sol trembler sous mes pieds. Ne plus entendre la musique ni même ma propre voix. Il n’y avait qu’un immense bruit sourd, des gens… ils applaudissaient, sautaient, dansaient. Ils avaient des verres dans la main. Et ils faisaient trop de bruit… beaucoup trop de bruit… J’ai commencé à perdre mon équilibre, et pourtant je continuais à chanter, même si je sentais Morbus juste derrière moi, qui m’attrapait déjà et se glissait à l’intérieur de mon corps pour me couper le souffle. ♫ Je n’étais qu’un fou mais par amour, elle a fait de moi un fou… un fou d’amour… mon ciel… c’était… ses yeux, sa bouche… ma vie, c’était… ♫ Ma vie ? Où était-elle partie ? Ce furent mes dernières paroles. Je sais que je suis tombée de la scène. J’avais l’impression que la musique était trop forte, mais ce n’était pas la musique : c’était Morbus. Morbus m’avait poussée par-derrière pour que je m’écroule sous son regard victorieux. Je te tuerai, Morbus. Un jour, la vie gagnera. J’en suis sûre.

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