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| in vain I have struggled, it will not do | |
| Auteur | Message |
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| Sujet: in vain I have struggled, it will not do Lun 7 Avr 2014 - 2:07 | |
| In vain I have struggled, it will not do. Elijah Jones & Alicia Horowitz On pouvait décemment dire qu'Elijah était un battant de nature. Si depuis sa plus tendre enfance il avait toujours eu plus ou moins tendance à se laisser guider par les évènements, il n'en était pas moins un garçon éveillé et déterminé qui n'avait jamais eu peur de faire des choix. Élevé dans une famille répressive, il avait pris la décision de s'en défaire à l'adolescence pour mener sa propre vie, quittant le nid avec seul quatre sous en poche et son sens inné de l'orientation, bien décidé à se soustraire à l'influence néfaste de ses parents aux moeurs bien étranges et suivre l'exemple de sa grande soeur. Garçon courageux dont le rêve était de faire partie des forces de l'ordre depuis aussi loin qu'il s'en souvenait, il n'avait pas hésité à quitter l'Angleterre pour débarquer en Amérique et trouver sa voie. C'était ainsi qu'il fonctionnait : avec une bonne raison, il se donnait corps et âme dans tout ce qu'il entreprenait. La perspective de retrouver la seule personne de sa chair qui ait compté pour lui avait été la première, puis était venue celle de se marier avec la femme de sa vie, de fonder une famille, et enfin de protéger les siens en devenant un policier respectable... Voilà ce qui avait été son moteur pendant toute son existence : se battre pour ce qu'il voulait et être là pour les siens. Et cela avait été vrai jusqu'au jour où il avait perdu contre la fatalité. Trouver la force de se battre pour lui tout seul... Cela n'avait pas été facile. La facilité avait été de choisir le chemin de la vengeance et de l'oubli, suite à la perte des personnes les plus chères à son coeur, et cela avait été une pente difficile à remonter... Il avait d'ailleurs bien failli perdre la partie lors d'un instant précaire où il pensait ne plus rien avoir à gagner à combattre, mais il avait tenu bon. Tenu par un maigre espoir : celui d'un jour obtenir réparation. De se reconstruire. Notion bien abstraite quand on ne savait même plus pourquoi on devait se battre. Par le passé, Elijah avait toujours eu un ennemi bien visible contre lequel se liguer : éloigner le mal de sa route. Mais ce dernier l'avait terrassé d'un vulgaire revers de la main comme si tous ses efforts avaient été vains et sa certitude la plus profonde s'était envolée : celle que le bien triomphait toujours. Perdre cette fondation profonde de son être l'avait déchiré, mutilé, et il n'avait plus jamais été le même. Il lui arrivait encore parfois de se demander par quel miracle il était encore là, et régulièrement, il se questionnait sur le bien fondé de ce fait, car si sa nature profonde avait toujours été d'aider les autres, se laisser aider lui était bien plus difficile... C'est bien pour cela qu'il vivait seul et ne comptait partager sa vie avec personne. Quand on avait déjà du mal à vivre avec soi-même, on ne pouvait décemment vouloir que quelqu'un vive avec soi, et être un fardeau pour les autres étaient bien la dernière chose qu'il désirait. La chambre d'Elijah était plongée dans la pénombre malgré l'heure avancée de la journée. Retranché dans son lit, dans la moiteur de ses draps, il s'était prostré dans une position quasi-foetale, si bien que quiconque serait entré n'aurait sûrement remarqué qu'un amas de draps, cassant avec le côté très rangé de la pièce sobrement décorée. En écoutant bien, on pouvait entendre la respiration légèrement sifflante de l'homme ainsi recroquevillé ainsi que ses dents qui claquaient par intermittence. Des frissons le transperçaient de part en part, si bien qu'il n'osait presque pas bouger, décidé à attendre que son état fébrile s'éteigne de lui-même. Il poussa un énième soupir en essayant de trouver une position plus confortable mais ne fit que se donner le tournis et finit par capituler, retournant à sa position précédente. Des gouttes de sueurs perlaient dans son cou. Depuis plusieurs jours il se sentait vaseux et avait jugé plus prudent de ne pas sortir de son appartement, désireux d'attendre que ça passe en s'administrant divers remèdes dits "naturels". Ce n'était pas forcément ce qu'il y avait de plus efficace mais ça marchait... Et dans le pire des cas, ça finissait toujours par passer. Il le savait d'expérience lui qui, depuis dix ans, considérait que prendre un traitement ne faisait pas partie des options à envisager lorsqu'il tombait malade. Il n'avait pas sevré son corps de certaines drogues pour en utiliser d'autres, il était plus fort que ça... C'était ce qu'il se répétait en boucle tandis que le chaud et le froid se battaient alternativement pour gagner son être. Depuis quelques heures, les choses avaient empirées sensiblement. Cependant, Monsieur était têtu et se refusait à abandonner. Il croyait en l'effet du mental sur le corps et ne comptait pas se déclarer vaincu... Et tant pis si il finissait par mourir d'une banale fièvre alors qu'on ne voyait plus de cas du genre depuis le Moyen-Âge. Ça ferait au moins plus original que le suicide par arme à feu - humour noir du soir, BONSOIR. Lorsqu'il entendit le téléphone vibrer sur sa table de nuit, il crut un instant rêver avant de comprendre ce dont il s'agissait. Dans un effort surhumain, il tendit le bras et attrapa le petit objet qu'il colla à son oreille sans réfléchir avant de répondre d'une voix pâteuse à son interlocuteur, dont la voix lointaine lui parvint à peine. Ça avait été un réflexe plus qu'autre chose car il n'était pas véritablement en état de répondre... Il bafouilla donc de le rappeler plus tard et, si c'était urgent, d'appeler les autorités compétentes, avant de raccrocher sans trop de cérémonie, énervé contre lui-même de se présenter sous un tel jour et se sentant stupide de s'être dévoilé ainsi vulnérable à une tierce personne. Cela ne lui ressemblait pas, il ne savait décidément plus ce qu'il faisait. Voulant le reposer sur la table de chevet, il le fit tomber au sol et étouffa un juron. Il l'entendit vibrer de nouveau mais n'essaya même pas de bouger pour le récupérer. Il n'en avait pas la force... C'était d'un pathétique ! Il aurait voulu en mourir sur le champ. Il détestait se sentir diminué comme ça, cela le rendait fou ; d'autant plus que la sensation de fièvre lui rappelait les longues heures de supplice que le manque avait provoqué en lui lorsqu'il avait commencé sa désintoxication... Rien de bien réjouissant, en somme. Il dût s'endormir un moment suite à cette pensée désagréable car il fut soudain pris d'un sursaut en entendant des coups prononcés à sa porte. Peut être qu'il pouvait faire comme s'il n'entendait pas et que la personne finirait par partir...? Les coups redoublèrent, faisant éclater sa courte utopie. Et merde... Il voulut crier quelque chose mais aucun mot ne sortit de sa gorge. Comme les coups continuaient, il dut se résigner à l'idée qu'on le laisse mourir tranquille et entreprit de sortir de sa torpeur. Il finit donc par se mettre sur ses pieds et réussit à tituber tant bien que mal jusqu'au battant pour regarder par le judas quel malheureux venait ainsi déranger son agonie... Ses yeux s'écarquillèrent alors et il s'arrêta de respirer un instant. Passant une main dans son cou, il tira nerveusement sur l'encolure de son tee-shirt. Alicia était là. Il n'avait aucune idée du pourquoi et du comment mais il ne pouvait pas lui dire de partir... Ni la laisser dehors. Il se sentait délirant, incapable de coordonner gestes et pensées. Ouvrir ou ne pas ouvrir... Oh et puis merde ! Il dut s'y reprendre à quatre fois pour enlever la chaîne de sûreté et quand il se présenta enfin sur le seuil, il devait avoir l'air d'un mort-vivant. C'était pourtant le cadet de ses soucis... D'ailleurs, la première phrase qui sortit de ses lèvres fut un banal, mais très sincère : « Tout va bien ? », force de l'habitude ; s'inquiéter pour elle était devenu une seconde nature. Voyant toutefois qu'elle ne répondait pas, il se contenta donc de la regarder un moment avant de s'enquérir très tranquillement : « T'en tires une de ces tronches... Quelqu'un est mort ? » La réplique qui se voulait drôle lui arracha une grimace, simulacre de sourire. D'accord, c'était totalement nul et franchement pas marrant du tout, mais c'était le meilleur qu'il avait à offrir dans ces conditions alors elle devrait faire avec... Code by Silver Lungs |
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| Sujet: Re: in vain I have struggled, it will not do Mar 8 Avr 2014 - 21:20 | |
| Malgré les efforts déployés par Alicia pour rester calme, celle-ci commençait à s’agiter sur sa chaise. Un observateur extérieur l’ayant connue à ses débuts aux AAs aurait dit que cela lui rappelait les fois où elle était en manque et où mes évocations des travers des autres lui étaient insupportables, décuplant ses envies. Cela aurait cependant été complètement faux : contrairement à ces fois-là, elle ne s’enfonçait pas ses ongles dans les paumes de main à les faire saigner, Dieu merci, et elle ne s’était pas totalement ramassée sur sa chaise comme si elles espérait devenir invisible. Au contraire, même, elle scrutait la salle sans s’arrêter, se retournant à intervalles réguliers pour surveiller la porte. Alicia attendait quelqu’un, de façon visible. Et l’un de ses voisins commença à s’apercevoir que quelque chose n’allait pas quand elle manqua de le percuter, pivotant rapidement pendant qu’ils applaudissaient un témoignage particulièrement émouvant qu’elle n’avait écouté que d’une oreille : Oh ! Désolé. La jeune femme grimaça de façon comique avant de se redresser sur sa chaise : Ne le sois pas, c’est ma faute. Ce qui ne l’empêcha pas de se retourner une fois de plus, de plus en plus nerveuse. L’homme fronça les sourcils et se pencha vers elle, posant sa main sur la sienne. Sursautant, Alicia la lui enleva et se concentra de nouveau sur ce qui se passait devant, accueillant une nouvelle personne qui allait raconter son histoire. Pardon. Il n’y a pas de mal, je n’aime juste pas … Qu’on la touche sans permission. Et c’était problématique, elle le savait pertinemment. Tu attends quelqu’un ? Mon parrain n’est pas là … Il lui jeta un regard compréhensif : Si tu as besoin de parler … Non, ce n’est pas cela, mais merci, répondit-elle le plus gentiment possible.
En vérité, elle aurait aimé pouvoir le bousculer un peu mais cela n’aurait pas été correcte. Elle était morte d’inquiétude parce qu’Elijah ne manquait aucune des réunions et que, s’il avait un empêchement de type professionnel (il n’en avait jamais d’autre), il la prévenait de son absence. Et là, rien. Par acquis de conscience, elle vérifia discrètement qu’elle n’avait reçu aucun texto et que sa messagerie était bien vierge de tout appel en absence. Rien. Et il y en avait encore pour au moins une demi-heure avant la première pause, demi-heure qui lui parut interminable. Elle n’y pouvait rien. Elijah était son point de repère. Le premier auquel elle écrivait en se levant le matin, le dernier le soir. Il ne répondait pas systématiquement mais cela ne faisait rien, elle en avait besoin, simplement de lui envoyer quelques mots. Alors s’il ne venait pas, c’était qu’il se passait quelque chose. Il était trop investi dans l’association pour ne pas venir sans avoir une bonne raison. Qu’elle brûlait de connaître. Mais pour cela, il fallait qu’elle attende. Et elle se jeta sur son téléphone au moment où on signala qu’ils pouvaient prendre une pause autour d’un café. Laissant ses affaires en plan, elle sortit en faisant signe qu’elle revenait. Chaque sonnerie retentit douloureusement dans son crâne. Elle ne pouvait pas penser au pire, elle ne devait pas penser au pire. Ce n’était rien, il était juste … A l’agonie ?Considérant d’un air médusé son téléphone, elle finit par le rempocher. Quitter la séance semblait maintenant ? Il avait l’air vraiment malade mais pas en danger. A moins que ce ne soit une crise de manque ? Non, il avait récemment fêté ses dix ans ce n’était pas …
L’hésitation ne dura pas longtemps. Rapidement, elle regagna sa place, glissa un mot à l’organisateur pour lui expliquer qu’elle avait une urgence, rien de grave, ne t’en fais pas, attrapa ses affaires et sortit. Le trajet n’allait pas lui prendre longtemps, elle en était consciente. Il ne fallait pas qu’elle s’affole, il ne fallait pas qu’elle … elle n’y pouvait rien. Il y avait comme cela, des personnes dans votre entourage, qui vous semblaient invincibles et Elijah en faisait partie. Ne sachant pas ce dont elle aurait besoin, elle s’arrêta en vitesse chez Starbucks pour prendre deux cafés, se disant qu’elle ne connaissait rien de mieux contre … à peu près tous les maux pour tout dire et finit par gagner Orange Avenue. Arrivée à la porte, elle frappa, sans doute plus fort qu’elle ne l’aurait du. Une série de coups. Et rien qui ne venait. Sans prendre le temps de faire une pause, elle enchaîna. Il fallait qu’il ouvre, sinon … sinon rien, elle n’était pas vraiment en état de défoncer la porte. Elle l’appellerait, dans ce cas, d’ailleurs, elle allait le faire. Calant les cafés entre sa hanche et le mur, elle sortit son mobile et commença à composer son numéro quand … la porte s’ouvrit enfin. Sur … un fantôme. Les yeux d’Alicia, écarquillés sous le choc, passèrent sur la tenue de son parrain, qui lui collait au corps par endroits tant il était trempé de sueur, sur ses cheveux en bataille et son visage émacié. Il avait l’air … d’un zombie. Choquée, elle ne bougea même pas, ne réagissant pas à sa première question. Ce fut la seconde qui la réveilla.
Toi, visiblement, sans prendre la peine de me prévenir. Baissant les yeux juste le temps de reprendre sa prise sur le carton supportant les deux gobelets, elle revint rapidement à lui. Elijah, tu aurais dû m’appeler ! Ou au moins un médecin. Le connaissant comme elle le connaissait, depuis le temps qu’elle pratiquait l’animal, elle se permit d’entrer en passant devant lui, sans lui demander son avis, chose qu’elle n’aurait jamais faite avant. Il était vrai que la plupart du temps, c’était elle qui avait besoin de lui quand elle se trouvait sur son paillasson, mais elle ne se serait jamais imposée de la sorte avec qui que ce soit d’autre. Mais c’était lui. Et cela justifiait son intrusion quelque peu culottée dans sa demeure, qui ressemblait toujours à une page de magasin de décoration. Cela l’avait longtemps mise mal à l’aise, avant qu’elle ne s’y habitue et n’y voie simplement l’expression de la personnalité de cet homme. Cet homme qui n’allait pas se débarrasser d’elle le temps qu’il n’irait pas mieux, d’ailleurs. Il faudrait qu’elle s’occuper d’Hécate, bien évidemment, mais chaque chose en son temps. Elle posa les cafés sur la table basse et se tourna vers lui, enlevant sa veste : Depuis combien de temps es-tu dans cet état ? As-tu au moins vu un médecin ? Posant les mains sur ses hanches, elle l’observa avec un mélange d’inquiétude et de réprobation. Les rôles étaient inversés et elle allait s’occuper de lui, que cela lui plaise ou non. |
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| Sujet: Re: in vain I have struggled, it will not do Ven 2 Mai 2014 - 19:23 | |
| Elijah était rarement malade mais quand il l'était, ce n'était jamais à moitié. Pour autant, il ne s'était jamais plaint. Même jeune, il n'avait jamais été le genre à geindre pour un rien. Peut être parce qu'il avait fait de l'asthme juvénile pendant une partie de son enfance et que ses parents lui avaient appris à se gérer seul, comme un grand. Ce trait de caractère s'était affirmé avec le temps. Il se souvenait encore de ce pneumothorax qu'il avait fait à l'âge de treize ans et où il n'avait rien dit à personne malgré la douleur, jusqu'à tomber dans les vapes pendant un cours, donnant une peur bleue à ses éducateurs qui l'avait pris de justesse à temps. Elijah était comme ça, il ne voulait compter que sur lui-même. Peut être parce qu'il avait toujours su tout au fond de lui qu'il ne pouvait compter sur personne d'autre.
Le regard d'Elijah avait du mal à rester au même endroit, mal à l'aise qu'il était de se montrer sous un tel jour, surtout devant Alicia. La peur de lire de l'inquiétude sur son visage rivalisait avec celle de que son regard sur sa personne change, si bien qu'il ne cessait de faire des aller-retour entre elle et sa propre personne, passant de ses yeux bruns à ses mains blanchâtres, moites et tremblantes. Elle avait raison : il avait vraiment l'air d'un cadavre. Il fourra prestement ses mains sous son tee-shirt. Comme si cela allait changer quelque chose... Mais il ne voulait pas qu'elle le voit comme ça, aussi... Diminué. Il voulait qu'elle continue de le voir comme un homme fort. Ce même homme qui l'avait aidée et qui s'était lui-même sorti de son addiction, sans l'aide des psychiatres et du personnel médical. Il voulait qu'elle le voit toujours comme celui sur lequel elle pouvait s'appuyer quand elle en avait besoin, et non l'inverse. « Elijah, tu aurais dû m’appeler ! Ou au moins un médecin. » Il se dandina un instant d'un pied sur l'autre, tentant de chasser les fourmillements dans ses jambes. A n'en pas douter, elle le prenait pour un fou... Au fond, elle ne serait pas la première. Problème : son avis à elle avait le malheur de compter, contrairement à celui du reste du monde. Too bad. Ses yeux ripèrent un instant contre les siens et il les baissa aussitôt, triturant l'intérieur de son tee-shirt sans savoir quoi dire. En deux phrases, elle avait anéanti tous ses pseudo-espoirs de garder un semblant de contenance, et il se contenta donc de froncer les sourcils, le regard dans le vague. Il fallait bien qu'il se rende à l'évidence : il était bien trop épuisé pour conserver le masque qu'il s'était échiné à mettre en place. Il l'était déjà trop pour réussir à penser convenablement, alors...
En désespoir de cause, il se laissa mollement reconduire à l'intérieur tandis qu'elle entrait "de force" sans plus dire un mot. Du bout des doigts, il eut juste le temps de refermer le battant, sans prendre la peine de tourner le verrou ni de remettre la chaîne. Et il resta là, à attendre, l'air sérieux et le regard fuyant. Personne n'y aurait fait attention et pourtant, ce qui venait de se produire n'était pas normal. Qu'il laisse Alicia entrer (enfin, s'inviter, mais c'était tout comme) et vagabonder dans son appartement ? Ça, si. C'était même une des choses les plus normales qui se passaient dans cet endroit. Ce qui ne l'était pas, en revanche, c'était son détachement, et surtout, l'oubli qu'il venait de faire et qui ne semblait pas plus que ça le perturber. D'habitude, Elijah fermait toujours sa porte. C'était une manie chez lui, presque un TOC ; une fois que c'était fait, il ressentait même régulièrement le besoin de le vérifier, pour être sûr. Il n'en fit cependant rien. A vrai dire, il n'y pensa même pas. Il se contenta d'essayer tant bien que mal de la suivre des yeux alors qu'elle entrait dans son salon pour déposer ses deux gobelets sur la table avant de retirer sa veste. « Depuis combien de temps es-tu dans cet état ? As-tu au moins vu un médecin ? » Elijah releva le menton pour tenter de soutenir l'intensité de ses deux billes sombres braquées sur lui, le scrutant avec attention. Il savait qu'au moindre faux pas, il pourrait les faire vaciller, et c'était bien la dernière chose qu'il souhaitait. « Un jour ou deux... Trois grand max. » Il fit une légère grimace. Il n'aimait pas lui mentir, mais il ne voulait pas accentuer la petite flamme d'inquiétude qu'il voyait briller au fond de ses prunelles. Croisant les mains derrière sa nuque, il compléta à demi-mots : « Mais ce n'est qu'une petite fièvre, pas besoin de s'alarmer. Sûrement une vilaine grippe. Ça va bien finir par passer. » Il esquissa un sourire. Nouvelle tentative peu glorieuse. Afin de briser ce moment gênant, il s'avança d'un pas, main tendue vers elle tout en proposant avec sa gentillesse habituelle : « Laisse moi te débarrasser... » Il se saisit de sa veste pour aller l'accrocher au porte-manteau. Si cela lui demanda un certain effort, il n'en laissa rien paraître. Les apparences étaient cependant dures à maintenir, et il était persuadé que sa respiration rapide le trahissait quand même. « Oh et, merci pour le café mais, ce n'était pas la peine, tu sais. » Rajouta-t-il pour meubler, prenant un instant appui sur le mur, l'air de rien. Il n'était pas complètement en phase avec lui-même, aussi bizarre que ce "lui-même" soit en temps normal, et elle aurait tôt fait de s'en rendre compte, mais il refusait de capituler. Et il le ferait jusqu'à ce que la dernière goutte d'énergie se soit vidée de son être. Par fierté peut être... Ou car l'inconnu lui faisait peur. Car il ignorait ce qu'il se passerait si il cessait soudain de jouer les durs. Ce visage qu'elle entrevoyait là, celui de l'humain faillible et agité, il aurait souhaité qu'elle ne le voit jamais. |
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| Sujet: Re: in vain I have struggled, it will not do Ven 20 Juin 2014 - 21:20 | |
| Inquiète, Alicia l’était. Elle avait même passé ce point depuis que le visage d’Elijah lui était apparu. Son parrain était très malade, même s’il n’y avait pas de quoi l’emmener à l’hôpital. Son opiniâtreté à combattre le mal seul devait avoir aggravé ce qui n’aurait sans doute du être qu’un simple rhume et se terminer sans douleur, quelques jours plus tard. N’ayant eu aucun problème avec les médicaments, Alicia n’imaginait absolument pas ce qui pouvait se passer dans l’esprit de son mentor. Une envie folle de le secouer la prit, même si ce n’était absolument pas dans sa nature. C’était l’inquiétude qui parlait. Elle se doutait de ce qu’il allait dire, que ce n’était pas grave, qu’il pouvait s’en sortir seul, qu’il n’avait pas besoin d’elle, même, sans l’ombre d’un doute. Mais il n’était pas question qu’elle le laisse seul. Se retournant pour le détailler, elle ne put s’empêcher de secouer la tête, lèvres pincées, avec un air légèrement désapprobateur. Elle ne le jugeait absolument pas, elle s’en faisait simplement pour lui. Dans tous les cas, peu importeraient ses arguments, il ne s’en tirerait pas aussi facilement et elle ne viderait pas les lieux avant d’avoir la certitude qu’il n’allait pas retourner se coucher pour attendre que cela passe. Parce que cela pouvait ne pas passer et il n’était pas question qu’Elijah meure d’une angine, d’une grippe ou peu importait le nom que son affliction avait prise. Il n’était pas question qu’il meure tout court, d’ailleurs. Ne pas dramatiser. Sourire pour le rassurer, mais rester ferme. Cela n’avait rien d’évident. Les rôles étaient inversés et, pour le coup, elle n’avait aucune légitimité pour s’imposer. Il pouvait la mettre dehors quand il le voulait. Elle résisterait, certes. Cette bataille n’était pas gagnée d’avance. Un jour ou deux... Trois grand max. Tu mens, souligna-t-elle avec douceur à sa grimace. Elle ne l’avait jamais entendu lui mentir, mais il n’était pas en mesure de dissimuler quoi que ce soit et il lui semblait qu’il était pourtant en train d’essayer.
Il faisait des efforts pourtant, mais cela ne prenait pas. Le coeur de la jeune femme battait un peu plus fort depuis qu’elle était entrée et cela ne diminuerait pas comme ça. Mais ce n'est qu'une petite fièvre, pas besoin de s'alarmer. Sûrement une vilaine grippe. Ça va bien finir par passer. Elle ouvrit la bouche mais la ferma quand il sourit. Il avait ce pouvoir sur elle, celui qui lui permettait de la persuader à chaque fois que tout se passerait au mieux.Laisse moi te débarrasser... Oh, merci dit-elle en se débarrassant de sa veste. Il ne la chasserait donc pas. Il venait d’accepter sa présence par ce simple geste, elle ne protesta donc pas en le voyant se diriger vers le portemanteau alors qu’elle aurait pu s’en charge elle-même. Elle put donc se détendre légèrement. Il acceptait tacitement son aide. Elle n’aurait pas à se battre pour rester, ce qui était déjà un soulagement.Oh et, merci pour le café mais, ce n'était pas la peine, tu sais. Je t’en prie. Je ne savais pas ce que tu avais, donc j’ai paré au moins à cette éventualité. Même si à mon avis, je vais plutôt aller acheter des légumes et te faire une soupe maison. Elle n’était pas exactement un cordon bleu, mais cela restait encore dans ses cordes. Il lui fallait quelque chose de chaud, peut-être également acheter une réserve conséquente de thé et lui en faire boire régulièrement. Mais surtout, il fallait qu’il voie un médecin. Se penchant, elle prit le gobelet qu’elle avait demandé pour lui puis le lui tendit en annonçant : Un double expresso, supplément lait écrémé, c’est ma première prescription. Profitant du fait qu’il avait les mains momentanément occupées par le café, elle leva la sienne pour dégager les mèches trempées de sueur de son front. S’avançant, elle déposa un baiser sur celui-ci, technique de ses parents pour mesurer empiriquement sa température lorsqu’elle était petite. Et le verdict était sans appel et la fit grimacer alors qu’elle se reculait : Tu es brûlant ! Elijah, ce n’est pas sérieux, il faut que tu voies un médecin. Retournant près de la table basse, elle se saisit de sa propre boisson et s’assit, tapotant la place à côté d’elle. Qu’il arrête de jouer les soldats blessés voulant mourir debout, cela ne prenait pas avec elle. Ou laisse-moi au moins t’aider … Je te le dois bien. Son regard était on ne pouvait plus sérieux et elle ne lâchait pas les yeux de son parrain. Il devait ressembler à ce qu’elle était quand elle débarquait chez lui, en manque, et qu’il la prenait en charge. Et aujourd’hui, les rôles étaient inversés. Il fallait qu’il l’accepte, évidemment. Mais elle n’accepterait pas qu’il le lui refuse. Il lui avait appris la persévérance et risquait malheureusement pour lui (enfin, heureusement, selon le point de vue) d’en faire les frais. |
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