Sujet: Love ain't fair so there you are... My love Dim 3 Aoû 2014 - 15:52
YOUR HEARTS A MESS, YOU WON'T ADMIT TO IT, IT MAKES NO SENSE... BUT I'M DESPERATE TO CONNECT. AND YOU CAN'T LIVE LIKE THIS.
Je m’agrippai fortement aux objets que je tenais dans mes mains lorsque je grimpais sur le perron, sautant les marches quatre en quatre pour m'arrêter devant la porte d'entrée, essoufflé. Fébrile. Posant les sacs à terre un bref instant pour remettre mon costume en place, je refis le bouton de ma chemise, ce dernier que j'avais défait sur le chemin du retour, dans la voiture, alors que malgré la climatisation à fond, je me sentais oppressé, dans l'habitacle de cette bagnole luxueuse pourtant loin d'être exiguë. Je jetais des coups d'oeil à intervalle régulier sur le siège passager, où trônait un énorme bouquet de fleurs blanches, étouffant de longs soupirs alors que mes jambes se secouaient nerveusement. J'avais eu la chance de trouver un fleuriste en train de fermer, qui m'avait vendu un de leurs derniers bouquets, pas mécontent de s'en débarrasser. C'était une grosse composition, un peu hors de prix, mais j'avais les moyens, et il l'avait su tout de suite, sinon, il ne me l'aurait pas proposé avec autant de véhémence. « Si c'est pour vous faire pardonner, alors, prenez celui-ci. Il est très spécial. » avait-il dit avant de m'expliquer sa provenance. Il avait été commandé pour un mariage et personne n'était venu le chercher car le mariage avait été annulé. Était-ce vraiment pour une occasion spéciale ? Peut être bien. Le vendeur avait vu tout de suite sur mon visage que quelque chose n'allait pas et s'était empressé de détourner le regard, comme pour ne pas être trop intrusif. Aucun doute qu'il me prenait pour un mari infidèle, et le pire, c'est qu'il n'aurait pas eu tort. Je m'étais contenté de le fixer avec un regard torve, avant de, finalement, hausser les épaules. « Le malheur des uns fait le bonheur des autres. » avais-je tout de même consenti à cracher, pour faire bonne figure, obligeant un sourire à passer mes lèvres qui, pourtant, ne demandait qu'à rester résolument pincées. Je n'avais écouté que d'une oreille sa réponse, me fichant bien de ces triviales explications sur les fleurs qui le composaient. Je l'avais choisi pour sa taille plus réellement sa signification, qui devait sûrement être la pureté et l'amour éternel, ou des conneries du genre. Peu m'importait en réalité. Le romantisme n'avait jamais vraiment été mon fort, même si je savais y faire pour charmer. Quand était la dernière fois que j'avais ramené des fleurs à Beth ? C'était la question qui avait tourné en boucle dans ma tête lorsque j'avais repris le volant précipitamment, mes doigts pianotant furieusement sur le cuir. Je ne m'en souvenais même plus, et c'était un sentiment terrible. Une vérité cruelle, qui venait accréditer toutes ces choses que m'avaient dites Joshua, tous ces éléments que j'avais réfuté avec véhémence. Non, clairement, je n'étais pas le meilleur des maris, et je le savais bien. Mais je voulais croire que Beth n'était pas plus mal lotie avec moi qu'avec un autre. Après tout, j'étais riche, beau, intelligent, et j'avais une grosse... Voiture. Certes, pas le Prince Charmant, loin s'en faut. Ou alors, une version plus digne des Contes de Grimm que des Disney édulcorés auquel Joshua s'était sûrement gavé dans son enfance. Joshua. Rien que de penser son nom, je sentis ma lèvre supérieure tressauter, mais je me repris bien vite pour poser la main sur la poignée, enfoncer la clé dans la serrure et entrer, claquant la porte derrière moi.
Il n'avait pas tort sur ma nature profonde, mais il avait tort sur un point : jamais je n'aurais fait du mal à Beth. Tout du moins, pas consciemment. Même si, dans les faits, je l'avais épousée intentionnellement pour me sauver plutôt que pour faire son bonheur, l'un n'empêchait pas l'autre. Et je pensais sincèrement être capable de la rendre heureuse. Dans la mesure de mes moyens. Je restais un instant dans l'entrée, lâchant mes sacs au sol, ne gardant en mains que le bouquet quinze fois trop grand que j'avais acheté. Soudain, il me sembla ridicule. Un simple petit bouquet aurait fait l'affaire, mais non, il avait fallu que je prenne celui là. Comme si le fait d'acheter le plus beau de tous et le plus cher allait, quelque part, lui faire plus plaisir. Je savais tout au fond de moi que c'était un raisonnement débile, et que les plus petites attentions pouvaient faire bien plus plaisir que les grandes. Le bonheur n'était pas proportionnel à la somme d'argent dépensé, non. Mais j'étais comme ça. Tout en démesure. Et j'avais quelque chose à compenser. Ce grand vide que je ressentais dans la poitrine depuis que j'avais laissé Joshua à ses illusions, et à ses certitudes bancales... Il avait tort, sur toute la ligne. Je ne vivais pas dans un placard. Je vivais dans une grande maison. Immense. Avec tout ce dont un homme rêve. Et je n'étais pas qu'un enfoiré, non. Je savais être quelqu'un de bien. Sinon, Beth ne m'aurait jamais épousé. Sinon, j'aurais fini seul et putain de bordel de merde, non, je n'étais PAS seul au monde. Mais alors... Pourquoi avais-je l'impression de ressentir un manque ? Là, juste là... Je portais ma main à ma chemise, serrant le tissu à l'emplacement de mon muscle cardiaque à m'en faire blanchir les phalanges. Ma mâchoire se serra et je sentis mon dos choir contre le bois dans un bruit mat, comme si je venais de me prendre un grand coup de poing dans le ventre, bloquant ma respiration. J'entendais le sang battre furieusement contre mes tympans. Ma vue se brouilla un instant et je faillis lâcher les fleurs, ces putains de fleurs qui coûtaient une fortune. Je cherchais en vain un point de repère dans la pénombre, n'ayant pas pris la peine d'allumer malgré que la nuit commençait à tomber. C'était mieux ainsi. Je n'avais pas envie de croiser mon regard dans le grand miroir du hall. J'aspirais de grandes goulées d'air pour me remettre, avançant dans l'obscurité vers la lumière que je voyais filtrer du salon. Alors, je poussais la porte, doucement, mais fermement, laissant filtrer la clarté, qui manqua de m'éblouir. Ou peut être était-ce juste le fruit de mon imagination, et cette sensation tenace d'être au bord de l'évanouissement, qui me fit cet effet là. Sans attendre, je marchais droit jusqu'à Beth, là, debout, se dirigeant déjà vers moi, m'ayant sûrement entendu rentrer. Nos regards se croisèrent et cela me donna la force qui me manquait pour accomplir un dernier geste. Un sourire. Avant de l'attirer contre moi et d'enfoncer ma tête dans son cou. Tout pour ne pas avoir à soutenir son regard alors que j'ouvrais la bouche pour prononcer d'une voix rendue pleine par l'abandon de soi : « Si tu savais comme je t'aime, mon amour. Je t'aime tellement. » Et venir chercher ses lèvres ensuite. Avidement. Désespérément.
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Sujet: Re: Love ain't fair so there you are... My love Dim 3 Aoû 2014 - 17:26
Daniel & Beth Wilkerson
« Tell me you love me If you don't then lie to me. »
Encore une fois, la journée de Beth avait été longue, interminable. Elle se forçait à s'occuper l'esprit, parce que c'était tout ce qui arrivait à lui faire oublier que Daniel s'éloignait d'elle, de plus en plus, et sans qu'elle puisse rien y faire. Son association, plus que jamais, était devenue sa vie. Elle se forçait à faire les horaires les plus pleines possibles, mais en réalité, dès qu'elle avait quelques minutes, la desperate housewife qu'elle était se demandait encore ce qu'elle pourrait concocter pour le diner de son mari. Elle se demandait aussi si ça valait la peine qu'elle achète cet ensemble de lingerie qu'elle avait repéré une semaine plus tôt, ou s'il se souviendrait de leur anniversaire de mariage. Elle ne comprenait plus Daniel. Pourtant, lorsqu'il lui avait demandé sa main, son plus beau rêve s'était réalisé. Elle allait épouser l'homme parfait, celui qui allait devenir sien jusqu'à la fin. Elle l'aimait éperdument, et, pour une raison qui lui était totalement floue, il l'aimait aussi. Ils se comprenaient d'un simple coup d’œil, se connaissaient par cœur. Elle savait tout de lui, et maintenant, elle avait l'impression de faire face à un parfait inconnu. Elle n'aurait jamais du lui demander. Elle n'aurait jamais du lui demander s'il voulait des enfants. Ça faisait des années, pourtant, qu'ils étaient ensemble. Elle le pensait comblé, aussi comblé qu'elle, mais cette vague marche arrière qu'il avait fait depuis lors avait le don de la faire douter de tout. Si ses horaires n'avaient jamais été particulièrement arrangeantes pour une vie de couple, Beth s'y était faite. A présent, c'était de pire en pire. Ils ne communiquaient plus, pratiquement plus. Il lui avait promis un voyage en Italie, mais les mois avaient passé, et Beth réalisait qu'elle n'en verrait jamais la couleur, tout simplement parce que c'était sans doute la seule technique qu'il avait trouvé pour la laisser un peu de côté, le temps de réaliser sa demande. Oui, Beth voulait porter ses enfants. Elle voulait concrétiser tout cet amour qu'elle avait pour lui, et elle voulait le combler, lui aussi. Mais cet instinct de recul qu'il avait eu lui restait en travers de l'estomac. Elle n'arrivait pas à mettre les mots sur tout ça, aussi, elle n'avait pas encore fait la démarche de s'expliquer avec lui. Ils s'adressaient vaguement la parole. Sans qu'ils soient froid, leurs rapports n'étaient plus aussi tendres qu'auparavant. Il ne la touchait plus. Peut-être par peur qu'elle décide de mettre ses ovules sur le marché. Peut-être parce qu'il n'avait plus envie d'elle. Peut-être... Les possibilités étaient infinies, mais ans tous les cas, rien n'était bon pour le mariage. Ses sourires lui manquaient. Les étincelles dans son regard bleu lui manquaient. Et puis, ses caresses, ses baisers. La situation semblait sans issue. Et ce soir-là, à l'image de tous ceux qui s'étaient succédé depuis des mois, n'allaient pas en encourageant la brune. Elle avait préparé à manger pour deux, encore une fois, mais lui n'était pas rentré. Sa part s'était retrouvée amoureusement rangée dans le frigo, comme d'habitude, et puis elle s'était posée dans le salon, avec un livre. Elle n'arrivait pas réellement à lire, mais il fallait essayer de faire comme si de rien n'était. Il allait rentrer, peut-être chercherait-il à manger, et puis ils passeraient une fin de soirée silencieuse, jusqu'à se coucher sur un bref bonne nuit. Mais chaque soirée qui se déroulait de la sorte amplifiait le mal-être de Beth. La plaie s'ouvrait de plus en plus, et elle n'arrivait pas à s'imaginer la situation continuer pendant des mois encore. Peut-être voyait-il une autre femme, se disait-elle parfois, mais elle n'avait jamais retrouvé de rouge à lèvres sur ses chemises ou de drôle d'odeur de parfum féminin sur ses fringues. Dans les films, c'était comme ça que les maris infidèles se faisaient pincer. Peut-être que lui aussi avait remarqué ça, d'ailleurs, et se faisait un point d'honneur à ne laisser aucun de ses indices là. Non, il ne pouvait pas la tromper. Leur belle histoire ne pouvait pas finir comme ça, elle l'aimait trop pour ça. Daniel Wilkerson s'était engagé à la rendre heureuse et à rester à ses côtés, pour le meilleur et pour le pire. Mais elle avait besoin de lui parler. Elle avait besoin de savoir...
La porte d'entrée venait de claquer. Tirée de ses pensées, Beth réalisa qu'elle n'avait avancé son roman que d'une page. Elle fut obligée de jeter un coup d’œil à la couverture pour se souvenir de ce qu'elle lisait. Comme d'habitude, Daniel allait franchir la porte, et commencerait le jeu de celui qui parlerait le moins. Mais elle attendait, elle attendait... et il ne venait pas. Elle en vint à s'inquiéter pour lui, et limite même à se demander si c'était bien lui qui venait de rentrer... Elle ôta le plaid de ses genoux et se leva, laissant le livre, posé à l'envers sur le canapé pour en retenir la page, pour traverser le salon. La porte s'ouvrir sur un Daniel... fatigué ? Il avait l'air d'avoir vécu la pire journée de sa vie, et rien que cette sensation la fit se sentir mal. Elle se précipita vers lui, avant de réaliser qu'il n'avait pas les mains vides, loin de là. Attrapant brusquement le grand bouquet d'une main pour le poser sur un guéridon, elle passa sa main dans les cheveux de Daniel, qui s'écroulait presque contre elle. « Si tu savais comme je t'aime, mon amour. Je t'aime tellement », glissa-t-il contre sa peau alors qu'elle le serrait contre elle, savourant cette proximité qu'il lui manquait tant. Elle ferma les yeux quelques instants, le berçant contre elle. « Je t'aime aussi, Daniel... » Elle fut interrompue par un baiser des plus inattendus. Elle retrouvait aussi ses lèvres... Le baiser qu'elle lui rendit fut à la hauteur de tous ceux qu'ils n'avaient plus échangé, du moins avec cette passion là, depuis trop longtemps. Lorsque leurs lèvres se séparèrent, Beth ouvrit doucement les yeux pour le regarder, encadrant son visage de ses mains. « Dan, ça va ? Tu sais... » Elle lança un regard vers les fleurs. « J'ai pas besoin de ça, j'ai juste besoin de toi... » Le regardant à nouveau, l'inquiétude s'empara d'elle. « T'es tout pâle... Je t'ai laissé des lasagnes, je vais les réchauffer ! » dit-elle avec un sourire rassurant avant de le lâcher pour se diriger vers la cuisine, d'où elle cria : « Ramène tes fesses... et le bouquet, les pauvres ont besoin d'eau, quand même... »
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Sujet: Re: Love ain't fair so there you are... My love Dim 3 Aoû 2014 - 19:27
J'avais failli oublier le bouquet, pourtant conséquent, que je tenais dans les mains. Heureusement, Beth avait assez de présence d'esprit pour nous deux et me l'avait ôté des mains avant que je l'écrase contre elle. Ç’aurait été dommage. Un si beau bouquet, préparé avec amour pour un couple qui, sur le moment, avait certainement pensé qu'il serait à la hauteur du plus beau jour de leur vie... Entre mes mains, il faisait tâche, et je n'étais pas mécontent d'en avoir été débarrassé par ma compagne. Là, contre elle, qui me murmurait son amour en retour à ma déclaration enflammée, comment aurais-je pu ne pas être heureux ? Ou plutôt... Comment pouvais-je, puisque, manifestement, je ne l'étais pas. Pourtant, j'aurais voulu l'être, de toutes mes forces. Je voulais me sentir proche d'elle comme je m'étais senti proche de Joshua, pendant un an. Sans plus réfléchir, je m'étais épris de ses lèvres, qu'il me semblait ne plus avoir senti contre les miennes depuis bien longtemps. Pas comme ça, en tout cas. Tout au plus du coin des lèvres pour se dire bonjour, au revoir, ou bonne nuit. Là, c'était un vrai baiser, avec de la passion. Une passion qui m'habitait et me consumait tout entier. Mais une passion qui ne lui était pas forcément destinée... Et cela me tuait. Le baiser cessa presque aussi brutalement qu'il avait commencé. Ses mains encadrèrent mon visage, me forçant à la regarder, et je me perdis un instant dans ses yeux. Je m'étais toujours dit que si j'avais pu aimer une femme comme j'avais aimé Joshua, ç'aurait été elle. Elle était l'incarnation parfaite de ce qui, pour moi, représentait la femme idéale. Belle, intelligente, patiente, douce, attendrissante, et elle partageait la même passion du droit. Elle me ressemblait et, à la fois, savait gommer mes mauvais côtés. Elle était le pendant parfait de ma personnalité. La touche de féminité qui me manquait, moi si brut, si véhément. Elle m'apaisait. Et, par dessus tout, elle m'aimait, pour mes bons, et même mes mauvais côtés. Elle prenait tout de moi. Sans concession.
Son regard à la fois tendre et affirmé me calma un court instant, durant lequel je sentis que, oui, j'aurais pu tomber amoureux de cette femme là... Mais je n'étais pas constitué comme ça, et je le savais pertinemment. Pour autant, je l'aimais, à ma manière. Et ce que je ressentais pour elle, si ce n'était pas de l'amour charnel, était au moins aussi fort. « Dan, ça va ? Tu sais... J'ai pas besoin de ça, j'ai juste besoin de toi... » Prononça-t-elle de cette voix que j'aimais tant, avec cette sollicitude qui lui était propre, cette immense bonté qui semblait percer par chaque parcelle de son être. Je hochai la tête, bien incapable de répondre par l'affirmation. J'étais accablé de fatigue, et elle semblait déjà l'avoir remarqué, c'est pourquoi, je n'essayais même pas de montrer le contraire. « T'es tout pâle... Je t'ai laissé des lasagnes, je vais les réchauffer ! » Réagit-elle soudain, partant directement en direction de la cuisine avant même que j'ai pu dire quelque chose pour la détromper. Cela aurait, de toute façon, était vain, et elle ne semblait pas presser de connaître la raison... Comme si elle cherchait à m'éviter. Comme si elle devinait que quelque chose d'important s'était passé aujourd'hui... Et qu'elle préférait retarder le moment où elle en apprendrait la teneur. Un léger frisson me parcourut, et je baissais le menton, posant une main sur mes yeux. Ça m'arrangeait bien, pour tout vous dire, car je n'étais pas pressé non plus de lui parler. Déjà, parce que je n'aurais pas su lui dire. Ensuite, parce je comptais même ne pas le faire du tout, pour dire vrai, préférant moi aussi retarder ce moment, préférant croire qu'on était bien, ensemble... Et qu'on pourrait le rester encore longtemps. « Ramène tes fesses... et le bouquet, les pauvres ont besoin d'eau, quand même... » J'eus un regard en direction de ces dernières. Sans un mot, je les attrapais de nouveau pour lui emboîter le pas, d'une démarche lente, presque exagérée, tant je tentais de calmer l'agitation qui m'habitait. « Tu le trouves ridicule, toi aussi, hein. » Fut la première chose qui réussit à passer mes lèvres alors que je la rejoignais piteusement, tenant ces fleurs trop belles et trop nombreuses devant moi, le plus loin possible, comme si j'avais eu peur de me salir avec - et avec des airs de mariée s'approchant de l'autel. Je les déposais sur le plan de travail avant de m'asseoir sur un des tabourets de bar disposé à côté de l’îlot central. Mon regard se perdit un instant sur elles. Elles représentaient tout ce que j'aurais voulu me faire pardonner, trop de choses, et j'eus un bref instant envie de les mettre à la poubelle... Mais je n'en fis rien. J'avais peur de faire un geste de travers, et de l'alarmer encore plus. De faire grandir cette flamme de doute et d'inquiétude que je voyais briller au fond de son regard. « Je les ai vues en passant en voiture, alors je me suis arrêté. Le vendeur m'a dit qu'elles étaient pour un mariage et qu'elles représentaient... » Je réalisai soudain que je n'avais rien écouté de ce qu'il avait dit, en réalité, et ajoutai brièvement : « Enfin, bref, elles étaient jolies quoi. » Je posais mon coude sur le marbre pour me masser le front distraitement, la regardant, le visage légèrement en biais, s'affairer. Pour moi. Me préparant mon repas comme elle l'avait fait pendant tant d'années, sans que jamais je ne lui dise combien je lui en étais reconnaissant. « Beth, je... » m'entendis-je alors prononcer, la fixant avec intensité, sans réellement savoir ce que j'allais voulu lui dire. Il y aurait eu tellement de choses à dire. Tellement de non-dits, et de secrets. La voir bouger m'empêcher de penser correctement, c'est pourquoi je lui intimai, d'une voix un peu ferme, bien que très calme : « Pose ça, s'il te plaît, et écoute moi. » N'y tenant plus, je me levai pour venir derrière elle, plaçant mes mains autour d'elle, sur son ventre. Après quoi, je fermai les yeux, collant ma joue contre son crâne, respirant l'odeur de ses cheveux qui sentaient toujours si bons. « Beth, j- » commençai-je, les mots brûlant ma langue. Il fallait que j'arrive à les prononcer, ce n'était pas si difficile. Il fallait en finir avec cette situation malsaine dans laquelle nous étions depuis maintenant des mois, bien loin du bonheur parfait que j'avais voulu dépeindre à Joshua. Bien loin aussi de ce à quoi j'aspirais moi-même, et du couple uni et heureux que nous avions presque réussi à former pendant tant d'année avant ça. Je ne suis pas celui que tu crois.« J'ai peur... De ne pas être... A la hauteur... » Finis-je par articuler. Je resserrai légèrement ma prise, mordant farouchement ma joue. Ce n'était qu'une demi-vérité, mais c'était toujours mieux que de continuer de faire l'enfant. Je n'allais pas pouvoir l'esquiver plus longtemps, de toute façon, je le savais. Et ce soir était le bon soir. J'étais prêt à faire face. Joshua, s'il n'avait aucune idée de nos problèmes et de notre vie de couple, aurait au moins amené ça de bon dans nos vies. Celle de me donner envie d'être un homme meilleur, au moins une fois dans ma vie.
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Sujet: Re: Love ain't fair so there you are... My love Lun 4 Aoû 2014 - 18:53
Daniel & Beth Wilkerson
« Tell me you love me If you don't then lie to me. »
Beth n'avait été amoureuse qu'une fois, et ça avait été de Daniel. Dès leur rencontre, elle avait ressenti cette drôle de chose au fond de ses tripes, mais elle s'était aussitôt freinée, se convaincant elle-même que quelqu'un comme lui n'avait que l'embarras du choix, et que, dans ce genre de situations, ce n'était pas elle qu'on choisissait. Pourtant, leur amitié avait laissé place à un baiser, puis à une nuit, alors que la brune avait depuis longtemps abandonné cette idée. Les fiançailles avaient suivi très peu de temps, et même si la mère de Beth n'approuvait pas son choix, cette dernière comptait bien lui prouver qu'elle avait tort, qu'elle pouvait prendre des décisions importantes sans se tromper. Ils étaient jeunes et leur histoire n'était encore qu'à ses balbutiements, mais ils étaient amoureux, et c'était tout ce qui comptait. Pour lui, elle aurait tout fait. Pour lui, elle aurait abandonné ses études, mais c'était lui qui l'avait poussée à continuer sa passion jusqu'au bout. C'était lui qui lui avait donné les fonds nécessaires à la création de Knowledge is Power, son association et ce qui se rapprochait plus d'un enfant à ses yeux. C'était lui qui lui avait donné tout ce dont elle pouvait avoir besoin, et même ce dont elle n'avait pas besoin. Son seul regret dans ce mariage, c'était de ne pas le voir assez. Elle l'avait su dès le début, pourtant, elle qui avait failli emprunter le même chemin professionnel, mais pendant toutes ces soirées, et même ces quelques nuits, passées seule dans leur grande villa, elle se surprenait à penser que les clients de Daniel lui volaient son mari. Et depuis quelques mois, c'était encore pire. Pour se rassurer, elle se disait que le travail devait lui en faire voir des vertes et des pas mûres en ce moment, mais elle ne pouvait s'empêcher de faire le lien entre ses absences et ses retards répétés et cette demande qu'elle lui avait faite, un soir, entre un dossier et le dernier baiser du soir. Peut-être lui en voulait-il de quelque chose, ou peut-être qu'il s'en voulait à lui même... D'avoir trouvé une autre femme. Cette idée ne cessait de lui revenir, mais elle l'écartait corps et âme, persuadée qu'il ne pourrait pas lui faire du mal. Il était coriace en tant qu'avocat, mais il était l'époux rêvé. Il ne lui ferait jamais de mal, c'était impossible. Parce qu'il était cet homme qui l'avait poussée à finir ses études alors qu'ils étaient mariés et qu'il pouvait tout lui offrir; parce qu'il était celui qui lui avait demandé sa main après quelques mois de relation seulement, se disant trop amoureux pour attendre encore; parce qu'il était celui qu'elle avait aimé dès le premier jour, et qu'il serait le seul à qui elle se donnerait entière comme elle le faisait encore maintenant.
Car même si elle commençait à douter de son dévouement pour elle, Beth ne cessait, de son côté, de se consacrer à lui. Peu importaient les missions de l'association, elle serait toujours rentrée pour dix neuf et lui préparer un dîner qu'il aimerait, avec elle, ou des heures plus tard. Peu importait s'il lui accordait un peu un regard fatigué lorsqu'il rentrait, elle s'efforçait de rester irréprochable ; toujours maquillée, bien habillée et entourée de ce nuage de parfum qu'il lui offrait tous les ans depuis qu'ils étaient ensemble. Elle serait là, prête, dès qu'il voudrait à nouveau d'elle. Et... peut-être que ce jour venait d'arriver. Lorsqu'elle avait vu sa mine défraichie, Beth s'était sentie mal, mais ce qui avait suivi, aussi égoïste que ce soit, l'avait réconfortée. Il l'aimait... des mois qu'elle n'avait pas entendu la douceur de ces mots, des mois également qu'elle n'avait plus goûté à ses lèvres comme ça, et qu'il ne l'avait pas serrée contre lui avec une telle ferveur. Il lui revenait. Et elle ferait tout pour lui. Elle ferait tout pour lui rendre le sourire. A commencer par le nourrir. Et, de sa cuisine, elle entendit son mari, dépité, dire : « Tu le trouves ridicule, toi aussi, hein. » Elle arqua un sourcil surpris en refermant le frigo. « J'ai juste dit qu'elles avaient besoin d'eau... » rit-elle en passant devant lui en coup de vent pour enlever le film protecteur du plat et sortir assiette, couverts et verre, qu'elle installa sur l'îlot central, auquel venait de s'assoir Daniel. La brune se pressa jusqu'à un vaisselier, d'où elle sortit un immense vase, derrière lequel elle était cachée malgré elle en retournant vers le centre de la cuisine. Elle le posa sur le plan de travail, à côté des fleurs, et sortit, paniquée d'avoir oublié, une bouteille de vin entamée du frigo. « Je les ai vues en passant en voiture, alors je me suis arrêté. Le vendeur m'a dit qu'elles étaient pour un mariage et qu'elles représentaient... » entendait-elle derrière elle alors qu'elle remplissait le vase d'eau et y plongeait l'immense bouquet. « Enfin, bref, elles étaient jolies, quoi. » Beth se retourna avec un petit sourire et, dans un élan de force -bah oui, entre le bouquet et l'eau dans laquelle il était plongée, ça demandait une force surhumaine-, ramena la composition florale à côté de Daniel. Elle s'accouda quelques secondes à la table, juste le temps de lui dire : « Elles sont magnifiques. Et puis, le malheur d'un mariage fait le bonheur d'un autre ». Très brièvement, elle lui caressa la joue et se retourna à nouveau, s'afferrant à côté du four. « Beth, je... » Quoi, il allait éternuer ? Non, elle savait très bien que non. Elle le connaissait par cœur, et elle connaissait ce ton sur lequel il parlait depuis qu'il était rentré. elle ne voulait rien savoir. Elle voulait juste croire qu'il lui avait dit qu'il l'aimait parce qu'il l'aimait, et qu'il lui avait offert un bouquet de fleurs parce qu'il en avait simplement eu envie. Comme pour éviter d'être confrontée à ce qu'il pourrait lui dire, Beth continuait de régler son four. Il ne s'agissait pas de louper le réchauffage de ces lasagnes ! Elle attrapa brusquement le plat, posé sur le plan de travail à côté d'elle, et entendit presque aussitôt : « Pose ça, s'il te plait, et écoute moi. » Il voulait divorcer. Il l'aimait encore, avait du respect pour elle, mais avait trouvé une vraie femme, qui avait mené une carrière de rêve et avait plus de couilles qu'elle pour tout. Elle le satisfaisait plus au pieu, dans leurs conversations et même lorsqu'ils s'échangeaient des regards, parce qu'ils étaient lourds de sens et qu'eux deux, ça avait été le coup de foudre. Qui pouvait être cette femme ? Une collègue ? Une autre avocate, une avocate qu'elle connaissait, peut-être ? Oh, elle pouvait enfiler des tailleurs stricts, si c'était ce qui lui plaisait. Sans s'en rendre compte, Beth n'avait pas arrêté de bouger, et le plat était à présent déposé dans le four. Dans le reflet de la vitre, elle vit Dan arriver, se rapprocher d'elle, la serrer contre lui. Il avait lové son visage dans ses cheveux, et ses mains s'étaient délicatement posées sur son ventre. Beth, trop faible pour ne pas savourer l'instant, avait fermé les yeux, posant ses mains sur celles de son époux. Ce contact lui faisait tant de bien... mais elle savait qu'il ne pouvait rien présager de bon. « J'ai peur... de ne pas être... A la hauteur... » souffla-t-il contre son visage. Elle ne brisa pas le silence tout de suite, mais enfin, elle avait compris. Et un sourire bête se dessina sur ses lèvres. Enfin... elle avait compris. « On le sera tous les deux, à la hauteur, mon amour. Je te rappelle qu'on est des Wilkerson... » Elle marqua une pause et ouvrit doucement les yeux, observant le reflet de Daniel dans la vitre du four. « Ils seront la chair de notre chair, ils seront parfaits », ajouta-t-elle en entremêlant ses doigts à ceux de son époux, posés sur son ventre. Ainsi, il avait peur... de ne pas être à la hauteur d'un enfant ? Mais Beth voulait concrétiser leur amour. Elle voulait lui donner confiance en cet amour, et porter ses enfants. « Tu aurais du me le dire avant... Si tu préfères attendre, je comprends, mais fais-moi confiance, Dan... » Elle se retourna dans son étreinte et, collant son front au sien en plongeant son regard dans le sien, elle répéta : « S'il te plait, fais-moi confiance... Je veux pas te brusquer. Je veux juste que tu sois heureux. Et que tu saches à quel point je t'aime. Mais ne me rejette pas... » Ses yeux s'étaient légèrement humidifiés alors qu'elle repensait avec douleur à ces derniers mois. Elle voulait rattraper tout ce temps. Elle le voulait lui, entier, pour compenser cette absence qui avait duré trop longtemps dans sa vie.
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Sujet: Re: Love ain't fair so there you are... My love Lun 11 Aoû 2014 - 15:43
Je cherchais sa présence, comme pour me rassurer encore un peu. Est-ce que cette rencontre un peu plus tôt pouvait ne devenir que l'ombre d'un mauvais rêve ? Si tel était le cas, je savais que ce serait entre ses bras à elle, parce qu'elle était ma femme, qu'elle était ma vie, et qu'elle était la seule qui puisse concurrencer ce sentiment grandissant à l'intérieur de moi. La stabilité, c'était avec elle que je l'avais trouvée. Oui, beaucoup aurait appelé ça de la routine, mais c'était rassurant. Les habitudes, le quotidien, c'était ce qui m'avait permis de ne pas me perdre, et je ne comptais pas me laisser aller aujourd'hui. Pas après six ans à construire une vie. Tout ne pouvait pas s'arrêter à cause de quelques regrets. C'était trop bête. C'est pourquoi je tentais par tous les moyens de garder la face et de me reprendre, malgré la douleur diffuse que je ressentais et la fatigue qui menaçait de m'écraser. Là, contre celle que j'aimais, je tâchais de me convaincre que j'étais à ma juste place. Une place que j'avais choisie, et qui, au début, m'avait coûtée, il fallait bien le dire. Il n'avait pas été si facile de rentrer dans le moule, de réfréner mes penchants et mes pulsions, de faire en sorte d'avoir cette petite vie parfaite, sans accroc. Cela avait demandé du temps et de l'énergie, beaucoup d'abnégation aussi, envers elle, cette femme que j'avais décidé de faire mienne envers et contre tout. Nous étions un couple, engagé jusqu'à la mort. Ce n'était pas des paroles en l'air, quoi que puisse en penser Joshua. J'avais pensé chaque mot, même si ils ne reflétaient pas ma vraie nature, j'avais fait une promesse, et malgré ma moralité douteuse, j'étais un homme d'honneur. Je ne pouvais plus reculer. Même si, certains jours, cela me pesait plus que d'autres. Surtout depuis que le sujet des enfants était venu sur le tapis. Une question qui, de nombreuses nuits, m'avait empêché de dormir. Je ne voulais pas être père. Élever ma progéniture... C'était... trop. J'aurais pu leur offrir un foyer et la sécurité, oui, mais.. Je n'étais pas fait pour ça. Ce n'était pas moi.« On le sera tous les deux, à la hauteur, mon amour. Je te rappelle qu'on est des Wilkerson... » Mais Beth, elle, oui. Chaque fibre de son corps l'appelait à devenir mère. Elle ne rêvait plus que de ça. C'était la dernière chose qu'elle souhaitait. Et la seule que je ne pouvais pas lui offrir. Mais comment le lui dire ? « Ils seront la chair de notre chair, ils seront parfaits. » Les doigts de ma bien-aimée vinrent crocheter les miens, et mon coeur s'accéléra. J'étais pris au piège. Je ne voyais aucune issue à cette discussion. Elle avait déjà décidé, et moi, et bien... Je ne savais plus comment me sortir de ce mensonge que je lui avais sorti des mois plus tôt, lorsque je lui avais laissé entendre que je n'étais pas contre l'idée. « Tu aurais du me le dire avant... Si tu préfères attendre, je comprends, mais fais-moi confiance, Dan... » J'avais fermé les yeux, tâchant de maîtriser la tempête qui faisait rage en mon for intérieur, pour murmurer, entre mes lèvres qui refusaient presque de se dé-serrer tant mes mâchoires étaient contractées : « Attendre... Le peux-tu seulement ? » Je réussis difficilement à contrôler mon ton. Ma voix menaçait de se briser. Je n'avais plus envie que d'une chose : aller m'enfoncer dans les draps et oublier cette conversation, ainsi que la précédente. Pour retrouver ma plénitude et ma foi en l'avenir. Même si, au fond, elles m'avaient déjà quitté depuis plus longtemps que je voulais bien l'admettre.
Et Beth l'avait sûrement compris aussi. A croire qu'elle me connaissait mieux que je me connaissais moi-même. « S'il te plait, fais-moi confiance... Je veux pas te brusquer. Je veux juste que tu sois heureux. Et que tu saches à quel point je t'aime. Mais ne me rejette pas... » Elle s'était retournée et je mis un certain temps à rouvrir mes paupières pour la regarder. Je ne me sentais pas le courage, tout comme je n'avais pas les épaules pour cette discussion. Jamais je n'aurais dû l'engager, ce n'était pas le bon moment... Mais y'en aurait-il eu un ? Elle sentait sûrement que je cherchais à me rétracter puisqu'elle s'accrochait à moi, me suppliant presque. Je me mordis la joue. La voir dans cet état me dévastait. Et de savoir que je le provoquais... Je n'en pouvais plus. « Justement, je te fais confiance. C'est moi qui... C'est moi le problème. Moi. Pas toi. Et je voudrais que tu sois heureuse, mais tu ne l'es pas. » Il n'y avait pas besoin qu'elle me le dise, je le voyais bien. Dans ses regards, dans ses silences. Dans la façon que nous avions de nous croiser plus que de réellement vivre ensemble. J'avais évité de m'y confronter parce que je ne voulais pas que cela devienne réel mais... Je le savais, et ça durait depuis des mois : elle n'était plus heureuse. Je ne comblais plus tous ses désirs. C'était un fait. Elle pouvait dire tout ce qu'elle voulait : je n'étais plus à la hauteur de ses attentes. Et c'était bien là le noeud du problème. « Les choses ont changé, Beth. Entre nous, ce n'est plus pareil, tu le sais bien. » Ajoutai-je finalement, presque fatalement. J'eus un léger mouvement de recul, un sourire un peu triste grimpant sur mon visage alors qu'une main vint plaquer mes cheveux en arrière. C'était lourd de sens, mais c'était la vérité. Elle ne pouvait le nier. Elle voulait plus. Et moi, et bien... Je ne me sentais pas capable de le lui donner. C'était égoïste mais j'aurais voulu que jamais rien ne change, et les choses étaient en train de changer. Rectification : elles avaient déjà changé, mais ce n'était qu'aujourd'hui que nous acceptions de nous le dire en face. « Je ne te suffis plus. » Conclus-je alors dans un souffle. Le dos de ma main vint glisser le long de son visage, dans une légère caresse fugace, avant que mon dos vienne se caler contre le frigo, me séparant presque d'elle même si mes doigts tenaient entre les siens du bout des phalanges, personnifiant la distance entre nous. Cette distance qui n'avait cessé d'augmenter... Jusqu'à cet instant, où il nous faudrait décider de se rapprocher, ou de s'éloigner, et je n'avais pas le monopole de la décision. C'était un choix qui se ferait à deux.
Pour le meilleur, comme pour le pire.
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Sujet: Re: Love ain't fair so there you are... My love Lun 11 Aoû 2014 - 20:37
Beth était éperdument amoureuse. Depuis des années, ces sentiments qu'elle avait pour Daniel n'avait cessé de s'amplifier, que leur vie relève du rêve ou d'une période plus sombre. Elle n'arrivait pas à s'imaginer qu'il puisse être autre chose que l'amour de sa vie. Après six ans de pur bonheur, cette passe qu'ils traversaient à présent n'était que passagère. Et c'était cette certitude qui lui permettait de tenir jour après jour. Elle le retrouverait, son amour. Elle le retrouverait, encore plus fort qu'auparavant. Ils seraient à nouveau heureux ensemble, puisque c'était leur destin, leur destin. En attendant, prétendre qu'elle ne souffrait pas serait mentir. Car si, en premier lieu, elle avait étonnée de l'intérêt qu'il lui avait porté, soutenue par les dires de sa mère, elle s'était ensuite accrochée à cette idée onirique et idéale de l'amour parfait. Elle avait prouvé à sa mère qu'elle avait tort le jour où elle avait épousé Daniel Wilkerson et pris son nom. Elle lui avait prouvé qu'elle valait peut-être un peu plus que ce dont elle-même était persuadée. Ce jour-là avait marqué le début d'une nouvelle vie, une vie de bonheur et de joies quotidiennes. Ce qu'elle voulait faire de son avenir ? Être heureuse. Avec lui. Les premières années avaient été douces et belles. Six ans maintenant qu'elle partageait la vie quotidienne de celui qu'elle aimait. Ils s'étaient construits une vie confortable, et cette vie, Beth l'aimait. C'était celle qu'elle avait toujours rêvé de vivre, même si elle n'avait sans doute jamais osé se l'avouer. Elle aimait se lever tous les matins, courir, préparer le petit déjeuner pour eux deux. Elle aimait le regarder tendrement en train d'avaler son premier café, encore à moitié endormi. Elle aimait l'embrasser pour lui souhaiter une bonne journée et partir vivre la sienne. Le retrouver le soir, se raconter leurs journées autour d'un verre de vin, puis d'un plat qu'elle aurait préparé avec tout son cœur. Tout ça, cette vie qu'ils s'étaient construite, elle l'aimait. Pourtant, il y a quelques mois, tout avait volé en éclats. Et Beth s'en voulait. Elle avait dégoupillé une grenade, elle le savait, mais elle ne comprenait pas comment, ni pourquoi. Et à présent, elle était épuisée. Épuisée d'attendre un geste de la part de Daniel, épuisée de se demander à chaque instant s'il comptait la quitter. Elle était épuisée de l'imaginer avec une autre femme, épuisée de cette peur qui la rongeait jour après jour. Pendant quelques semaines, le déni avait été sa meilleure arme, mais elle n'avait pu le brandir comme bouclier très longtemps. Son regard lui manquait. Ses sourires lui manquaient. Sa présence lui manquait, ses lèvres, et puis sa peau. Il lui manquait tout entier, et elle ne pouvait plus nier que rien n'avait changé. Ce soir-là, pourtant, quelque chose avait changé. Elle n'osait plus espérer que ça arrive, et pourtant... Ce n'étaient pas les fleurs qui avaient importé. C'était ces trois mots. Je t'aime. Trois mots qu'elle n'avait plus entendu depuis des mois. Trois mots qui, à eux seuls, semblaient panser cette plaie béante qui s'était creusée avec le temps.
Pourtant, rien n'allait plus. Elle le comprenait doucement, maintenant qu'il avait posé ses mains sur son ventre. Elle voulait le rassurer. Elle voulait lui dire que tout irait bien, qu'il était tout pour elle et qu'elle l'attendrait, pendant tout le temps dont il pourrait avoir besoin. Cette famille qu'elle désirait tant, c'était avec lui, et uniquement avec lui, qu'elle voulait la construire. Alors, le rassurer, voilà ce qu'elle essayait tant bien que mal de faire. « Attendre... Le peux-tu seulement ? » finit-il par lâcher, les mâchoires contractées par une pression qu'elle lui imposait malgré elle. « Mes ovaires sont encore assez jeunes pour me donner le choix », se força-t-elle à rire, le cœur brisé par l'image déchirée que lui renvoyait son époux. Elle avait peur. Cette peur qui avait disparu pendant quelques minutes, lorsqu'il l'avait embrassée en rentrant, elle venait de réapparaître. Plus forte que jamais. Elle était amplifiée, tellement amplifiée qu'elle se transformait en douleur, en douleur viscérale. Se retournant pour lui faire face, Beth ne savait plus quoi faire. Elle ne savait plus quoi faire pour le retenir à ses côtés. Elle le perdait... elle le perdait, elle le savait, et cette incapacité à le retenir lui faisait ressentir une horrible sensation d'impuissance face à la situation. Si elle n'était même plus capable de rassurer son mari... C'était qu'ils avaient pris des chemins réellement différents, quelque part, à un moment donné. « Justement, je te fais confiance. C'est moi qui... C'est moi le problème. Moi. Pas toi. Et je voudrais que tu sois heureuse, mais tu ne l'es pas. » Non, Beth n'était pas heureuse. Elle ne l'était plus. Mais sûrement pas pour les raisons qu'il s'imaginait. Il ne s'agissait pas d'enfants. « Je veux juste que tu me parles ! » dit-elle alors qu'elle haussait le ton malgré elle, sentant que, malgré elle et tous les efforts qu'elle faisait pour les contenir, les larmes lui montaient aux yeux. « Les choses ont changé, Beth. Entre nous, ce n'est plus pareil, tu le sais bien. » Brusquement, elle s'arrêta de respirer. C'était comme si l'air n'arrivait plus à trouver sa trachée. En réalité, elle n'essayait même pas de l'aider. Ce qu'il venait de faire, c'était mettre des mots sur ces derniers mois. Oui, les choses avaient changé, mais malgré tout ce temps, elle ne s'était jamais sentie prête à l'admettre. Elle ne pouvait pas. Ce serait comme renoncer à son mariage, et elle ne pouvait pas. Elle le vit s'éloigner, comme s'il avait décidé d'illustrer ce qu'il disait. Une larme vint humidifier sa joue alors que, dans une inspiration réflexe, elle finit par hoqueter. « Mais on est les mêmes ! » s'entendit-elle lâcher, « on est les mêmes, et je t'aime... Est-ce que les choses doivent vraiment changer si on est pas prêts ? » S'il n'était pas prêt. Elle l'attendrait... Elle l'attendrait des mois, des années s'il le fallait. Si elle avait voulu construire une famille, c'était parce qu'elle était heureuse, et que c'était le meilleur moyen de concrétiser ce bonheur et cet amour qu'elle ressentait à l'égard de Daniel. Pourtant, maintenant, elle regrettait. Elle regrettait d'avoir été trop avide et d'avoir voulu plus. Et si elle le pouvait, elle retournerait des mois en arrière et se tairait. Elle lui prendrait ce dossier des mains et le jetterait par terre, mais cette fois, ce ne serait pas pour parler. « Je ne te suffis plus. » Dernière claque. Violente. Comment pouvait-elle répondre à ça ? Il lui suffisait. Il lui suffirait toujours. « Je t'aime », répéta-t-elle bêtement, perdue, « Je t'aime, Dan, et tu me suffiras toujours. Je pensais pas que t'étais pas prêt, mais j'attendrai. J'attendrai, tant que t'es avec moi, je serai heureuse. Je voulais juste te prouver à quel point je crois en nous, en notre couple et notre histoire. Je voulais construire encore plus avec toi, parce que c'est avec toi et seulement avec toi que je veux vieillir. J'attendrai. » Docile, voilà ce qu'elle était devenue. Mais pour lui, elle serait prête à tous les sacrifices. Pourtant, elle lui lâcha les mains, brisée par ce qu'elle entendait, par ce qu'il percevait d'elle et par cette injustice profonde qu'elle ressentait. Il ne croyait plus en son amour ? Il pouvait la combler, même s'il ne lui donnait pas d'enfants, pas immédiatement. Elle ne voulait pas le perdre pour ça. C'était lui qu'elle voulait, et elle ne voulait pas tout détruire sur un espoir infondé de plus, d'une famille parfaite et de bambins qui gambadent dans leur grande maison. Elle voulait encore lui préparer son petit-déjeuner et le voir boire sa première tasse de café...
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Sujet: Re: Love ain't fair so there you are... My love Mer 13 Aoû 2014 - 17:32
Je n'étais pas le genre d'homme à pleurer, même à verser une larme devant une scène particulièrement dramatique dans un film, ni à m'étouffer dans mon pop corn au cinéma car le héros est en train de mourir sur une musique lente et pathétique insupportable (contrairement à ma joueuse *pan*). Non, je ne pleurais, pour ainsi dire, quasiment jamais. J'avais bien déjà versé des larmes de douleur, réflexe physiologique quasiment impossible à réfréner, mais ce n'était arrivé que rarement. C'était sûrement pourquoi j'avais cette réputation d'homme froid et insensible, en dehors du fait que je ne montrais quasiment jamais mes émotions. Cela faisait partie de mon éducation, de mon mode de fonctionnement basique. Mon père m'avait toujours dit qu'il ne fallait pas montrer ses faiblesses et jamais, non, jamais, je ne me serais abaissé à pleurer devant quelqu'un. Même lors de funérailles. La dernière fois que j'avais pleuré remontait, dans mon souvenir, au jour où j'avais enterré la chienne de mon enfance, une magnifique Golden Retriever noir nommée Savannah. Mon père m'avait alors regardé avec un mélange de compassion et de lassitude, avait serré mon épaule d'une poigne étrange, un peu pataude, entre la compréhension et la hâte, et avait juré de m'endurcir... Ce qu'il avait fait. Depuis ce jour là, je ne me rappelais pas avoir pleuré, pas une seule fois. Il fallait croire que j'étais constitué comme ça. Ou que j'étais destiné à le devenir.
Pourtant, à cet instant, voir Beth pleurer me retournait les entrailles. Le coeur au bord des lèvres, je la regardais et c'était comme si une lame chauffée au fer blanc fouillait mes viscères tandis qu'elle s'exprimait, avec une sincérité vibrante, sans plus rester de marbre, dévoilant enfin cette souffrance que j'avais à peine pu déceler jusqu'alors. « Mais on est les mêmes ! On est les mêmes, et je t'aime... Est-ce que les choses doivent vraiment changer si on est pas prêts ? » J'observai, silencieux, le sillon de la larme qui était descendue dans son cou, et je sentis mes propres yeux s'humidifier, dans une désagréable sensation de brûlure. Sa dévotion me transperçait de part en part. Cette foi inébranlable en moi, cet amour si pur, si fort, si sincère... Que je ne méritais pas. « Je t'aime. Je t'aime, Dan, et tu me suffiras toujours. Je pensais pas que t'étais pas prêt, mais j'attendrai. J'attendrai, tant que t'es avec moi, je serai heureuse. Je voulais juste te prouver à quel point je crois en nous, en notre couple et notre histoire. Je voulais construire encore plus avec toi, parce que c'est avec toi et seulement avec toi que je veux vieillir. J'attendrai. » Ses mains quittèrent les miennes, et je me retrouvais là, incertain, me sentant soudain très seul... Seul avec le poids des reproches que je me faisais à moi-même. J'aurais voulu faire le pas qui nous séparait, la prendre dans mes bras et lui dire que tout irait bien, mais je n'y aurais pas cru une seconde. C'était d'ailleurs ce que j'aurais fait d'ordinaire, mais je ne sus pas vraiment pourquoi, je n'en fis rien. Je restais là, sans rien faire, à ... attendre, sans savoir quoi faire. Comme si la réponse allait tomber du ciel. J'étais perdu. Je ne savais plus qui j'étais, ou plutôt, qui je voulais être. Je pouvais continuer de jouer les maris parfaits, de maintenir l'illusion qui nous avait tenu ensemble ces derniers mois, mais cela n'aurait fait que retarder un peu plus l'inévitable, le moment où il faudrait que je lui dise que je n'avais pas été honnête avec elle... Mais une raison inconnue me poussait à... Changer. C'est pourquoi, j'adoptai une attitude différente. Totalement. Une de mes mains se porta à ma bouche et je secouai la tête, las. Vide. Et je ne relevai les yeux qu'au tout dernier moment, deux pupilles vacillantes, embuées. « La question n'est pas et ne sera jamais si je t'aime ou pas, Beth. Putain, je t'aime tellement que j'en ai mal, que j'en souffre de te regarder chaque jour, et de me dire que je ne te donne pas ce que tu mérites. Je t'aime au point où je voudrais devenir l'homme que tu souhaites, cet homme qui élèverait tes enfants et te regarderait avec ravissement en voyant grandir un petit être en toi, l'homme qui sourirait en regardant dans le vague rien qu'à l'idée d'avoir un enfant de toi, l'homme qui n'aurait pas hésité une seule seconde à l'idée de fonder une famille avec toi, mais je l'ai fait... J'ai hésité, parce qu'au fond de moi, j'ai toujours douté. Pas de toi, mais de moi. » Je pris une profonde inspiration pour empêcher les perles accrochées à mes cils de dégringoler et de maculer mon visage, me répétant intérieurement comme une litanie : les hommes Wilkerson ne pleurent pas. Me mordant fermement la lèvre, j'expirai lentement, prononçant dans un murmure : « Je ne veux plus te mentir, Beth. » Je fis un pas vers elle, décidé à prendre ses mains dans les miennes avant de me raviser. Si je la touchais, j'allais vouloir reculer. Et il fallait que je prononce les derniers mots qui me brûlaient la langue, et me consumaient de l'intérieur depuis de longs mois : « Je ne suis pas cet homme. Je ne veux pas d'enfants, et... Je n'en voudrais jamais. » Mon ton s'était fait ferme, fermant définitivement la porte à la négociation. Je voulais qu'elle comprenne. Qu'elle entende que je n'étais pas l'homme qu'elle voulait... Peu importe combien je l'aurais voulu. Qu'elle prenne la mesure de l'ampleur de cette révélation, dans son intégralité. Arrêter de la faire espérer pour rien. Lui dire ce que j'avais sur le coeur, comme elle me l'avait demandé. Je veux que tu me parles, elle avait dit, et bien, j'avais parlé. La vérité avait enfin éclaté... Mais au lieu de me sentir mieux, je commençais à présent à me sentir vaseux.
La tête me tourna un instant et j'étais bien content qu'il y ait le frigo derrière pour me retenir car je sentais que mes jambes flageolantes ne m'auraient plus tenues bien longtemps. Je portais une main à mon cou, défis à nouveau les boutons de ma chemise et tentais de déglutir, mais je ne fis qu'accentuer cette sensation d’âcreté qui s'était emparée de ma bouche et me brûlait la langue. Je me retournai pour me pencher sous l'évier et boire, directement au robinet, de longues gorgées d'eau, avant de me redresser, de m'essuyer les lèvres du revers de la manche, lui faisant toujours dos. « Je suis désolé. » réussis-je à articuler, d'un ton pitoyable qui ne me ressemblait guère. Il m'avait fallu me battre pour prononcer ces trois stupides mots. J'avais perdu ma superbe, délaissée toute classe, et ma dignité avait aussi foutu le camp. Mon teint était cireux, mes yeux rougis. Mon reflet dans la vitre se détachant sur le fond noir de la nuit qui était tombée me renvoyait l'image d'un fantôme. Un long frisson me parcourut. Oui, je n'étais plus que l'ombre de moi-même. Une ombre sans substance, qui ne semblait plus vraiment rattachée à ce corps parfait. L'adage "un esprit sain dans un corps sain" n'aurait pu plus vrai qu'à cet instant, car j'avais beau avoir une plastique très bien entretenue, maintenant que mes démons intérieurs avaient à présent récupéré leurs droits sur ma personne, j'avais perdu tout pouvoir de séduction, et toute ma grâce naturelle. En clair, je ne ressemblais plus à... Rien. Et je méprisais cet autre que je représentais, tant et si bien que je n'osais même plus regarder en direction de la femme que j'aimais, gardant mes yeux résolument fixés sur ce reflet qui semblait me narguer, de peur de voir sur son visage qu'il la rebutait aussi... Et qu'elle m'abandonne.
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Sujet: Re: Love ain't fair so there you are... My love Dim 17 Aoû 2014 - 18:01
Beth n'avait jamais été du genre à se laisser abattre facilement. Parce que c'était comme ça qu'on l'avait élevée, sans doute. Partir gagnante dans toutes les circonstances, parce qu'elle se battrait pour obtenir tout ce à quoi elle pouvait avoir le droit. Et à entendre sa mère, elle avait le droit à tout. Alors, elle s'était toujours battue pour tout. Surtout pour ses études, en fait. Mais aussi pour tout ce qu'il y avait autour. Au lycée, elle avait appartenu à plusieurs clubs et s'était efforcée d'être populaire. A la fac, elle voulait simplement être la meilleure. Elle travaillait sans répit pour parvenir à ses fins. Et puis, en amour, ça avait été différent. Elle n'avait pas eu besoin de se battre ou d'espérer très longtemps. Daniel était presque tombé du ciel, en réponse à quelques prières secrètes, à des espoirs de voir l'homme idéal débarquer dans sa vie comme si de rien n'était. Il était le premier, et serait le dernier. L'histoire de conte de fée que l'on se raconte lorsque l'on est enfant. Pour cette histoire-là, elle ne s'était jamais battue. Jusqu'à maintenant... Maintenant, ça semblait être une lutte perpétuelle. Une lutte avec elle-même, ses peurs et ses angoisses, ses envies et ses remords. A quoi avait-elle pu penser en lui demandant, quelques mois auparavant, s'il était prêt à être père ? Presque six ans qu'ils étaient mariés, et pourtant, depuis cet instant, elle avait l'impression de ne plus le connaitre. Plus aussi bien qu'elle le croyait, en tout cas. Il s'était détourné d'elle et toute communication s'était coupée nette. Peur de l'engagement, ou simplement engagé ailleurs ? Il lui manquait. A chaque instant, il lui manquait. Elle avait l'impression qu'on lui avait arraché une part d'elle, et cette douleur était encore plus importante quand elle croisait son regard au détour d'un repas, mais que toute étincelle semblait s'en être évaporée. Elle avait envie d'exploser. De le remuer, de lui décrire tout cet amour qu'elle ressentait à son égard, et cette détresse provoquée par le silence constant qui s'était installé entre les deux époux. Elle avait envie de lui sauter dessus et de le faire parler. Mais de tout ça, elle ne faisait rien. Elle n'avait rien fait d'autre que de subir, pendant ces derniers mois. Subir, et espérer. Espérer qu'il finisse par se confier et lui expliquer les raisons de tout ça. Ce qui se passait ce soir... en quelques sortes.
Parce qu'au final, maintenant qu'elle faisait face à la source de tout ça, elle aurait presque préféré continuer dans sa longue phase de déni. Voir Daniel dans cet état la blessait sans doute plus que de raison, et même si entendre à nouveau ces trois mots tant espérés lui avait redonner une bribe d'oxygène à respirer, c'était pour mieux la couler ensuite. Elle était prête à tout, pourtant, pour que tout redevienne comme avant. Elle était prête à tout pour le voir sourire et rire à nouveau, pour croiser ce regard tendre qu'elle aimait tant. Et elle ne se rendait pas encore compte que ce serait ce soir-là qu'elle lui avouerait qu'elle abandonnerait tout pour lui. Elle voulait comprendre, avant tout. Enfin comprendre, et, naïvement, elle voulait mettre tout ça derrière eux. Elle était prête à l'attendre tout le temps dont il aurait besoin. A vouloir aller trop loin, elle en était venue ) doucement perdre celui qu'elle avait peut-être considéré comme acquis. Alors oui, il lui suffirait. Il était le seul qui lui suffirait, et c'était cette promesse-là qu'elle avait fait en lui passant l'alliance au doigts, six ans plus tôt. Celle de toujours être à ses côtés et de toujours se battre pour lui. Ce jour-là avait marqué le début d'une nouvelle vie pour elle, et pourtant, cette vie semblait s'effriter peu à peu depuis quelques mois. Et si elle ne le rendait pas heureuse ? Et s'il n'arrivait pas à s'engager plus avec, s'il n'arrivait pas ou plus à se projeter avec elle comme c'était le cas pour elle ? Cette idée se faisait de plus en plus présente et oppressante, et Beth n'arrivait plus à laisser de côté. Voir Daniel dans cet état ne faisait qu'éveiller cette peur de le voir la quitter. Elle n'avait pas été une épouse modèle, oh non. Elle était devenue passive, par peur sans doute, mais aucune justification n'aurait été assez importante pour expliquer ce recul qu'elle avait préféré prendre en attendant qu'il soit prêt à parler. Je t'aime, lui avait-il dit. Pourtant, le soulagement que ces quelques mots lui avaient procuré avait été étouffé par tout le reste. Par l'état de Daniel, qui était effondré, et par ses paroles, défaitistes. Malgré ses promesses et son besoin de lui faire savoir qu'elle était toujours là, fidèle et dévouée, Beth n'avait pu s'empêcher de lâcher ses mains. A mesure des minutes qui passaient, elle se sentait de plus en plus affaiblie. Elle ne savait pas réellement pourquoi, d'ailleurs. L'atmosphère était oppressante, et, finalement, elle connaissait peut-être encore trop bien Daniel pour reconnaître cette lueur de panique dans ses yeux bleutés. Le silence qui s'était maintenant fait n'était pas pour la détendre, et si elle s'était écoutée, elle aurait tourné les talons pour remettre à plus tard toute cette scène. Faire comme si rien ne s'était passé, comme s'ils ne s'étaient encore rien dit de si grave. Elle voulait continuer à croire que tout redeviendrait comme avant. Pourtant, à présent, Beth le regardait, muette, attendant quelque chose. N'importe quoi. Un signe, un sourire, un mot. Elle espérait secrètement qu'il lui dirait que tout irait bien, mais lorsqu'il releva ses yeux vers lui, elle comprit tout de suite que ce ne serait pas le cas. Les larmes étaient montées aux yeux de Daniel, et depuis toutes ces années, c'était la première fois qu'elle le voyait pleurer. Elle restait silencieuse. De toute façon, elle ne savait plus quoi dire. Elle ne savait plus quoi faire. Elle était comme essoufflée de tout ce qu'elle lui avait dit, tout ce qui ne semblait pas suffisant. « La question n'est pas et ne sera jamais si je t'aime ou pas, Beth. Putain, je t'aime tellement que j'en ai mal, que j'en souffre de te regarder chaque jour, et de me dire que je ne te donne pas ce que tu mérites », avait-il fini par dire alors que Beth avait porté la main à sa bouche pour étouffer un hoquet. Il l'aimait... Mais quelque part, ce que ça introduisait ne la rassurait pas. Elle était atterrée par la suite avant même de l'entendre, et ses oreilles s'étaient mises à bourdonner en même temps qu'elle sentait le sang affluer à ses joues, paniquée. « Je t'aime au point où je voudrais devenir l'homme que tu souhaites, cet homme qui élèverait tes enfants et te regarderait avec ravissement en voyant grandir un petit être en toi, l'homme qui sourirait en regardant dans le vague rien qu'à l'idée d'avoir un enfant de toi, l'homme qui n'aurait pas hésité une seule seconde à l'idée de fonder une famille avec toi, mais je l'ai fait... J'ai hésité, parce qu'au fond de moi, j'ai toujours douté. Pas de toi, mais de moi. » Douter de... lui ? Mais de quoi pouvait-il douter, au juste ? Il était... parfait ! Et elle, elle ne comprenait plus rien... S'il l'aimait autant qu'il le disait, comment pouvait-il douter de lui ? D'eux ? « Je ne veux plus te mentir, Beth. » Beth détourna le regard. Ça commençait à devenir trop pour elle. Son monde s'écroulait, et son monde, c'était lui. « Je ne suis pas cet homme. Je ne veux pas d'enfants, et... Je n'en voudrais jamais. » L'air lui manquait. Elle ne savait plus comment sortir de cette situation. Elle voulait lui dire qu'elle se moquait des enfants et de ce souhait ridicule qu'elle avait formulé. Elle voulait lui dire que c'était lui qui comptait, lui et personne d'autre. Que tant qu'il serait là, elle serait la plus comblée des femmes. Mais aucun son ne dépassa la barrière de ses lèvres. Parce qu'elle ne savait plus comment dire les choses, elle ne savait plus comment le convaincre qu'il était le plus important. Dans son champ de vision, elle voyait Daniel pas loin de défaillir. Elle ne bougea pas. Pas plus qu'elle ne parla. Elle restait immobile, muette, comme paralysée par ce qui se passait. Lui s'était finalement retourné pour boire au robinet. « Je suis désolé. » Ils étaient décidémment dans de drôles d'états. Et finalement... « Les lasagnes » s'entendit-elle réagir en se retournant brusquement vers le four. Elle l'ouvrit et attrapa le plat, sauf que... elle ne cria pas. Les gants de cuisine étaient restés posés à côté du four, et elle venait de se brûler. Elle sentait à peine la douleur, à dire vrai. Elle avait étouffé un cri, qui s'était transformé en espèce de sifflement, et serrait les dents. Elle finit par mettre un gant pour sortir le plat du four, contourner l'ilot central et y poser le plat. « Ça va refroidir... » tenta-t-elle d'une voix faible. Ses mains commençaient à la bruler mais ce n'était pas ce qui lui faisait le plus mal. Et, voyant que Daniel était toujours accoudé sur le bord de l'évier, elle contourna le plan de travail et le rejoignit doucement. Elle regardait son reflet dans la fenêtre qui donnait sur le sombre extérieur tandis qu'elle avançait. Il avait l'air détruit. Il avait l'air... elle ne l'avait jamais vu dans un tel état. Alors, doucement, essuyant une énième larme silencieuse qui avait glissé le long de sa joue pâle, elle avait posé sa main sur l'épaule de son mari. « Qu'est-ce qui s'est passé, Dan ? C'est le travail ? » Elle se glissa à sa droite et caressa avec douceur son visage, de façon à ce qu'il la regarde. « Je t'ai déjà dit que c'était toi qui comptais, mon amour... » dit-elle finalement. « Je me moque que tu veuilles pas d'enfant. Tout ce que je veux, c'est toi... Tu es tout ce que je veux depuis qu'on s'est rencontrés. » Elle déposa un baiser furtif sur sa joue et répéta : « Les lasagnes vont refroidir. » Elle prit délicatement sa main dans la sienne et le dirigea vers le tabouret qui l'attendait. Ses mains la brulaient, mais à e moment précis, ça n'importait pas. Beth le servit copieusement et s'assit à côté de lui, posant une main affectueuse au-dessus de son genou sans le quitter du regard. Ils iraient bien. Ils iraient bien... parce qu'elle l'aimait à la folie, et que c'était plus fort que tout, n'est-ce pas ?
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Sujet: Re: Love ain't fair so there you are... My love Dim 24 Aoû 2014 - 17:45
WHEN YOU HEAR SOMETHING DIFFICULT DON'T BACK AWAY SOME PEOPLE SAY NOTHING, GOOD ONES ENGAGE
Si j'avais peur de la solitude ? Pas vraiment. Je m'étais toujours considéré comme un homme plus qu'indépendant, et ce même bien avant d'être un homme. Peut être à cause des espoirs que mon père fondait en moi, peut être à cause de la rivalité qu'il avait créée avec mon frère depuis que nous étions gosses pour que nous devenions les meilleurs dans tout ce que nous entreprenions... Et peut être aussi parce que ma mère l'avait toujours laissé faire sans un mot. Non, on ne pouvait pas dire que j'avais vécu dans un foyer idyllique. Oui, nous étions riches. Oui, nous avions une réputation de bien sous tout rapport. Et non, je n'avais pas, comme Joshua, par exemple, été poussé dans le monde réel sans filet. Je n'étais pas parti de rien, mais je m'étais quand même construit tout seul, à la force de ma seule volonté. On pouvait dire ce qu'on voulait de moi, que j'étais né avec une cuillère en argent dans la bouche, que j'étais un fils à papa, que son nom m'avait ouvert des portes et procuré une sécurité certaine... C'était vrai. Pourtant, j'aurais pu mal tourner. J'aurais pu également me reposer sur mes lauriers et attendre que tout m'arriver tout cuit. Mais je ne l'avais pas fait. Je m'étais battu. Chaque jour. A chaque seconde. Et à cet instant, même si j'avais failli renoncer, je me battais encore. Pour rétablir la vérité. A quel prix ? Je n'en avais encore aucune traître idée, et c'était bien ce qui me faisait peur.
C'est pourquoi je restais immobile un moment après la révélation choc que je venais de proférer. Mes pâles excuses ne pouvaient réellement en altérer le goût amer, mais malgré tout, je voulais la ménager le plus possible. Beth était l'une des plus belles choses qui me soient arrivées. Elle était facile à vivre, aimante, loyale, fidèle. Elle me complétait et savait me ressembler quand il le fallait. Pourtant, nous n'avions jamais été aussi éloignés l'un de l'autre qu'à cet instant, malgré une promiscuité physique certaine. Un gouffre s'était creusé entre nous au moment même où elle avait parlé d'enfants, quelques mois plus tôt, et il n'avait cessé de s'agrandir depuis... Pour arriver à cet instant T où il nous faudrait décider de le franchir ensemble, ou de partir chacun de notre côté. Pourtant, nous retardions tout deux le moment de faire face à cette décision. Et visiblement, Beth avait déjà fait son choix : celui de fermer les yeux, encore un peu, et de remettre à plus tard, comme nous l'avions fait ces derniers temps. « Les lasagnes » me rappela-t-elle soudain, se détournant de moi pour aller les récupérer. J'aurais pu être soulagé qu'elle change de sujet mais je ne l'étais pas le moins du monde. C'était même tout le contraire. Je souhaitais en finir. Ici et maintenant. Et repousser l'inévitable ne faisait qu'augmenter mon sentiment de mal-être. Résolu, je tournais les yeux pour la voir poser le plat, sans un regard ni un mot pour moi, concentrée sur sa tâche. « Ça va refroidir... » rajouta-t-elle d'une voix sifflante. Je voulus ouvrir la bouche mais les mots moururent dans ma gorge face à cette scène que j'avais regardé des dizaines et des dizaines de fois, me détournant aussitôt, bien qu'un détail me chagrinait. Je choisis de l'ignorer, incapable sur le moment de faire le lien entre ce qui m'avait choqué et la situation présente, banal moment du quotidien, alors si agréable. Aujourd'hui, il aurait pu l'être, si une tension palpable n'avait pas alourdi l'atmosphère, rendant moins alléchante que d'ordinaire la pourtant si bonne odeur de ses lasagnes que j'avais toujours adorées. Un bref instant, je fermai les yeux... Avant de la sentir à mes côtés, sa main sur mon épaule. Cela m'avait semblé durer une seconde à peine, mais j'avais visiblement perdu la notion du temps. « Qu'est-ce qui s'est passé, Dan ? C'est le travail ? » Sa naïveté me frappa à l'estomac. Elle qui me connaissait si bien n'avait pas la moindre idée de ce qui trottait dans ma tête en cette soirée si morne... Mais en même temps, comment aurait-elle pu deviner ce qui se jouait en moi ? Je ne lui avais jamais laissé le moindre indice. J'avais toujours été... Irréprochable. En apparence, pour le moins. Jusqu'à ce soir. J'eus un haussement d'épaules alors qu'elle reprenait déjà : « Je t'ai déjà dit que c'était toi qui comptais, mon amour... Je me moque que tu veuilles pas d'enfant. Tout ce que je veux, c'est toi... Tu es tout ce que je veux depuis qu'on s'est rencontrés. » Le contact de ses lèvres sur ma joue, faisant suite à la douce caresse de ses doigts, m'empêchèrent de réagir, et mon regard s'échappa vers un point invisible. Je ne pouvais plus soutenir ses yeux. C'était trop dur. Alors, je hochai finalement la tête, bien que sans conviction, et la suivis sans un mot pour m'asseoir alors qu'elle prononçait de nouveau « Les lasagnes vont refroidir. » La dernière goutte d'énergie venait de me quitter. Pourtant, sa main dans la mienne provoqua une sensation différence de d'habitude. Ce n'était qu'une impression infime et une nouvelle fois, je voulus l'ignorer pour docilement m'attabler et la regarder d'un oeil un peu morne remplir mon assiette, comme elle l'avait fait tant de fois... Jusqu'à ce que la lumière se fasse dans mon esprit. Que je revois dans ma tête l'instant où elle s'était dirigée vers le four à mains nues, et comprenne. Ma main fusa au dessus de la table pour attraper son poignet, lui faisant lâcher la cuillère qu'elle tenait. De la seconde, j'ouvris sa paume pour apercevoir les cloques blanches qui commençaient à se former sur ses phalanges. Mes pupilles s'écarquillèrent, mon souffle s'arrêta quelques secondes avant que le sang ne me monte au visage, dont ma bouche s'était entrouverte dans une expression offensée. Ce fut la goutte de trop, et le vase déborda.
Ou plutôt, ce dernier éclata en mille morceaux sur le sol, puisque je venais de donner un grand coup dans le bouquet ostentatoire que je lui avais offert un peu plus tôt. Le tabouret sur lequel j'étais assis tomba à son tour sur le sol alors que mes deux mains virent se plaquer sur mon crâne et que je la fixais, le regard soudain noir. « Mais c'est incroyable, putain, in-croy-able ! » Oui, je me mettais aux "putain", aussi. Oui, voilà, Joshua avait raison, et il pouvait en être content : finalement, il fallait croire que je n'étais pas mieux qu'un autre. « Non mais regarde toi... Tu ne peux pas me faire passer avant tout, Beth, et surtout pas avant toi ! C'est... c'est... Tu ne peux pas, bordel ! Ce n'est pas toi ! La femme que j'ai épousé vaut mieux que ça ! Elle n'aurait jamais fait ça, et aurait encore moins regardé son mari lui dire qu'il lui a menti sans rien dire ! Tu ne peux pas rester là les bras croisés à me dire que ce n'est rien ! Ce n'est pas rien ! ALORS ARRÊTE DE SUBIR ! » Je tâchais de reprendre mon souffle, saccadé par la colère. Je l'aimais, oui, et je l'aimais tellement que de la voir ainsi se laisser faire me torturait bien plus que si elle s'était défendue. Je voulais la voir se battre. Je voulais qu'on se dispute. Je ne voulais pas qu'elle me regarde sans un mot et attende que la tempête passe en parfaite femme soumise. La Beth que j'avais rencontré et en qui j'avais vu celle avec qui je pourrais partager ma vie était une battante, une bosseuse et une fille populaire et, ça, cette personne capable de s'effacer entièrement pour mes beaux yeux, ce n'était pas elle. Ce n'était pas la femme que j'avais voulu dans ma vie au point d'abandonner l'homme qui représentait tout à mes yeux à l'époque. Ce n'était pas ça la vie que j'avais choisi. Ce n'était pas la cohabitation de deux êtres en souffrance incapable de se dire les choses en face et qui, un beau jour, allait devenir des étrangers l'un pour l'autre. Il fallait réagir... Avant qu'il ne soit trop tard.
Ce fut donc mon tour de prendre le contrôle des opérations. J'ouvris de nouveau le robinet pour saisir son bras, l'entraîner devant, et mettre ses mains sur le jet. Elle se laissa faire, et je lui en fus reconnaissant. Je l'avais assez faite souffrir comme ça. Il était temps de réparer mes erreurs. Mes yeux brillaient toujours de cette lueur flamboyante et ma respiration ne s'était pas calmée, témoignant de mon coup d'éclat précédent. C'était la première fois en plusieurs années que je m'énervais ainsi contre elle. Je ne l'avais encore jamais fait. J'étais toujours resté maître de moi-même en toutes circonstances... Jusqu'à aujourd'hui. Elle aussi devait se demander qui était cet homme qu'elle avait épousé, ou plutôt, qui était cet homme qui se tenait face à elle, et qui n'avait plus grand chose à voir avec celui qu'elle côtoyait tous les jours depuis six ans. « Mais qui sommes-nous devenus ? » Cela avait dépassé mes lèvres sans que je ne le veuille vraiment. C'était une question légitime. Nous ne nous reconnaissions plus, l'un comme l'autre. Moi, d'habitude si parfait et si maîtrisé, qui n'avait que le pardon à la bouche... Elle, d'ordinaire bien plus vive et enjouée, qui ne semblait plus se préoccuper que de ses lasagnes... C'était vraiment "incroyable". En tous les cas, je n'aurais jamais cru voir arriver tout ceci un jour, encore moins en si peu de temps. Cette journée réservait décidément bien des surprises... Après un court temps de latence, je jetai un coup d'oeil en direction de l’ilot central sans lâcher ses poignets, où le plat encore fumant - soit le coupable de tout ça - semblait nous narguer. J'eus un air un poil ironique. Toute cette situation était définitivement grotesque... Tout comme ce que j'allais ajouter dans quelques secondes : « Surtout, surtout... » commençai-je, d'un air redevenu calme, avant de compléter en fronçant les sourcils, « Ne me dis pas que les lasagnes vont refroidir. » C'était sorti tout seul, d'un ton implacable. Il y eut un blanc après lequel, j'eus un réflexe étrange et complètement inapproprié... Je me mis alors à rire. Doucement. Et tout seul. Jusqu'à devoir me mordre la lèvre pour ne pas partir en fou rire. Ce n'était pourtant pas drôle, mais il fallait croire que j'en avais besoin, car mes zygomatiques refusaient de redescendre. Finalement radouci, je pris une profonde inspiration pour me calmer et conclure : « Je me moque de manger froid. Tout ce que je veux, c'est que tu ailles bien. C'est ce que j'ai toujours voulu, depuis l'instant où je t'ai rencontrée. Sois toi-même, et ne me ménage pas. Ne me ménage plus jamais. »
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Sujet: Re: Love ain't fair so there you are... My love Dim 7 Sep 2014 - 15:35
En fait, elle aurait pu continuer à vivre dans le déni. Il avait l'avantage de lui laisser, quelque part, une part d'espoir. Mais tout venait de lui tomber dessus si brusquement qu'elle réalisait seulement maintenant qu'elle n'avait vécu que dans l'espoir qu'il lui dise que ce n'était qu'une histoire au boulot qui le rendait si distant. Oui, il lui aurait dit que ça n'avait rien à voir avec eux, avec elle, et que tout reviendrait à la normale dès que le procès sur lequel il travaillait d'arrache-pied était clôturé. Et puis l'histoire se serait arrêtée là, et ils se seraient retrouvés, comme avant. Mais là, l’abcès avait été crevé d'un coup, bien trop brutalement pour qu'elle ait réellement eu le temps de s'y préparer. Pourtant, depuis des mois, elle n'avait de cesse de penser qu'elle était prête à connaitre le fin mot de cette histoire. Elle se sentait prête à affronter la réalité, quelle qu'elle soit -mais peut-être un peu plus si elle lui ramenait son mari. Enfin... c'était ce qu'elle pensait. Car maintenant que Daniel était prêt à parler, elle, étrangement, ne l'était plus. Surtout depuis qu'elle avait reconnu l'air grave de son époux, et encore plus maintenant qu'elle le voyait pleurer. De rage, de détresse, peu importait, il pleurait, et ça, c'était une exclusivité. Mais pas de celles qui vous font sauter de joie, au contraire. Et c'était tellement inattendu que ça voulait tout dire. Y compris, sans doute, ce qu'il ne lui disait pas. Dans ces larmes-là, Beth lisait un besoin pour lui d'en finir avec tout ça... avec elle. Mais elle ne comprenait pas. Il venait de lui dire qu'il l'aimait. Elle errait dans une brume opaque, à présent. Et elle cherchait juste un échappatoire. Elle voulait le retenir. Elle ne supportait pas l'idée de perdre son amour, et elle voulait le retenir par quelque moyen que ce soit. Mais le moyen le plus noble, celui qu'elle avait choisi, c'était de s'ouvrir complétement à lui. Elle l'aimait. Elle l'aimait de toute son âme, de tout son cœur et de son corps, et c'était sans doute ce qui faisait que la douleur, au-delà de torturer son esprit, s'était emparée de son être physique. La promesse qu'elle lui avait faite devant l'autel avait été loin d'être légère. Elle en avait pensé chaque mot, et chaque phrase était sortie des tréfonds de son être, comme un engagement qu'elle ne comptait jamais briser. Pourtant, maintenant, plus rien n'était clair. Et si elle avait promis d'être là dans les meilleurs comme dans les pires moments, elle ne pouvait s'empêcher de penser que les pires moments étaient sans doute ce qui avait raison de la plupart des mariages. Mais ils n'auraient pas raison du sien, n'est-ce pas ? Les Wilkerson qu'ils étaient étaient bien plus forts que ça.
S'il ne voulait pas d'enfant... d'accord. Elle ferait avec. Mais quelque part, à présent, une part d'elle lui en voulait de ne pas lui en avoir parlé auparavant. Parce qu'elle se sentait bête. Parce qu'elle avait l'impression qu'il ne lui faisait pas confiance, que ce qui les avait autrefois liés n'était plus là. Alors oui, il lui disait que ça ne venait pas d'elle... mais le fait était qu'il pourrait le lui répéter autant de fois qu'il le souhaitait, ça ne changerait rien à cette sensation qu'elle avait. Parce que dans un couple, qu'on le souhaite ou non, si quelque chose ne va pas, les deux personnes sont fautives. L'une de ne pas avoir su retenir l'autre, et l'autre de ne pas avoir su rester. Parce que c'était ce qui était en train de se passer, n'est-ce pas ? Il le faisait pas à pas, mais c'était demi-tour qu'il lui offrait là...
Le déni, donc. L'arme secrète de Beth. Et le déni, à cet instant précis, se matérialisait sous la forme de lasagnes. Elle avait fini par se rapprocher de lui avec une douceur qui la rassurait elle-même. Toute cette douceur et cette tendresse, cette affection, elle avait besoin plus que jamais. Et lui aussi. Beth était prête à l'écouter. Et ce qu'elle voulait entendre, c'était que cette affaire l'accaparait, mais que tout redeviendrait comme avant une fois qu'elle serait bouclée. Voilà pourquoi elle avait tendu la perche du boulot. Lui ne disait rien, et elle s'était déjà installée à table. Elle avait beau faire tout ce qu'elle voulait, lui ne semblait pas prêt à passer à autre chose. A admettre qu'ils pouvaient repartir du bon pied. Parce qu'après tout, c'était tout ce qu'elle voulait entendre. Que ce n'était que passager, et qu'ils se retrouveraient, comme avant. Mais il n'avait pas l'air décidé, et son silence faisait à Beth l'effet d'une arme blanche qu'on lui planterait dans la poitrine. Malgré tout, elle préférait continuer. Continuer à faire bonne figure, à se forcer à croire que tout irait mieux.
Pourtant, Daniel finit par réagir. Presque violemment. Son geste avait été brusque, et Beth avait lâché la cuillère de service par réflexe. Elle s'arracha de sa prise, mais il était trop tard. Elle qui voulait le voir réagir n'allait pas être déçue. Il s'était levé presque aussitôt, renversant d'une part le vase et le bouquet, et d'autre part le tabouret, dont le bruit de la chute fit écho à celui du vase qui s'éclatait par terre. Beth le regardait, à présent effrayée. Elle ne l'avait jamais vu dans un tel état. « Mais c'est incroyable, putain, in-croy-able ! » lâcha-t-il, le sang aux joues. Elle se taisait, figée par la scène qui se déroulait sous ses yeux. « Non mais regarde toi... Tu ne peux pas me faire passer avant tout, Beth, et surtout pas avant toi ! C'est... c'est... Tu ne peux pas, bordel ! Ce n'est pas toi ! La femme que j'ai épousé vaut mieux que ça ! Elle n'aurait jamais fait ça, et aurait encore moins regardé son mari lui dire qu'il lui a menti sans rien dire ! Tu ne peux pas rester là les bras croisés à me dire que ce n'est rien ! Ce n'est pas rien ! ALORS ARRÊTE DE SUBIR ! » Elle... n'avait pas les bras croisés. Et elle ne subissait pas. Elle l'aimait. Et avant qu'elle n'ait eu le temps de réagir, il la tirait vers l'évier pour mettre sa main sous l'eau. « Non mais ça va... » tentait-elle de s'échapper, effrayée par le Daniel qui s'était matérialisé devant elle. Pourtant, il avait raison. C'était l'amour, sans doute, qui l'avait changée. Mais l'attitude de Daniel n'était qu'une preuve de plus que rien n'allait. Et que rien n'irait sans doute jamais plus entre eux. « Mais qui sommes-nous devenus ? » lâcha-t-il après un silence que seul le jet de l'eau brisait. Beth, elle, devait bien admettre que la fraicheur lui faisait du bien. Mais les lasagnes refroidissaient. « Tu comprends pas, Daniel. » Oui, elle l'appelait pas son prénom complet. Ça puait. « Tu comprends pas. Je suis toujours cette femme battante, mais je peux pas me résoudre à vouloir te changer d'une manière ou d'une autre. Je t'aime comme tu es, et si je dois te laisser un peu plus de libertés, je le ferai. Parce que si j'ai le choix entre quoi que ce soit et te perdre, je choisirai toujours le "quoi que ce soit". » Et écartant ses mains de l'eau, elle vérifia si les brûlures la lançaient toujours -ce qui était le cas, et elles rejoignirent à nouveau le jet d'eau fraiche. « Et si c'est le fait que je me sois brulée qui te fait dire ça... alors laisse-moi juste te dire un truc. » Sa douceur avait laissé place à un air plus grave et sévère, même si elle n'arrivait pas à se mettre dans un état qui aurait sans doute été légitime après la réaction de son mari. « Je te ferai toujours passer avant. Parce que je t'ai épousé pour faire de toi le plus heureux des hommes, j'te rappelle. Et s'il s'agit de petites brulures face à un mal-être... » Elle fit un geste de la main qui désignait Daniel dans son entièreté, l'arrosant de quelques gouttes d'eau au passage, « qui est plutôt évident, alors c'est ce mal-être que je chercherai avant tout à soigner. Les brûlures, avec un peu de flotte, c'est réglé. L'état dans lequel tu es me fait peur. Parce que je t'ai jamais vu comme ça. Que t'as cassé un cadeau de mariage », dit-elle en désignant du menton le vase qui s'était explosé sur le carrelage, « et que je peux pas m'empêcher de penser que ça représente notre mariage, et que tu veux y mettre fin. » Elle éteignit l'eau et attrapa un torchon pour tapoter doucement sur ses mains afin de ne pas réveiller la douleur. « Je me battrai jusqu'à ce que je sois sûre que tu aies bien compris ce que tu es aux yeux de ta femme, mais si si tu décides que notre histoire n'a plus d'avenir, dis-le tout de suite. Parce que je suis épuisée d'attendre patiemment que tu dises ce que j'espère entendre, et je suis épuisée de bosser douze heures par jour pour sortir mes angoisses de mon esprit. » C'était ce qu'il voulait, n'est-ce pas ? Elle, pourtant, ne se sentait pas forcément mieux. Même pas du tout. C'était comme si elle venait de lui lancer un ultimatum... et elle avait peur d'en connaitre l'issue. Elle attrapa un sac plastique et retourna près de l'îlot central de la cuisine pour s'accroupir et ramasser le verre. « Les lasagnes vont refroidir. Tout ça ne t'empêche pas de te nourrir. Tu voulais que je me batte ? Commence par manger. »
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Sujet: Re: Love ain't fair so there you are... My love Mer 24 Sep 2014 - 23:16
'CAUSE THE TRUTH GONNA COME AND CUT ME OPEN WIDE
Je n'étais pas forcément homme à me remettre en question. Je faisais des choix et je m'y tenais. Cela ne me ressemblait pas de revenir sur une décision, tout comme de perdre mon sang froid... Et pourtant. J'étais submergé par des désirs contraires. Trop longtemps j'avais fermé les yeux et laissé la situation se gangréner. J'avais tellement de choses sur le coeur, tellement de choses que j'aurais aimé qu'elle entende... C'était sûrement ce qui me poussait à m'ouvrir ce soir, tout comme la force étrange qui m'avait amené à me mettre délibérément en travers du chemin de Joshua un peu plus tôt dans la journée. Si j'avais su où cela me conduirait, peut être aurais-je agi différemment... Peut être pas. Je ne pouvais en être sûr. Oui, continuer de faire semblant que tout allait bien aurait été beaucoup plus facile... Mais je n'étais pas homme non plus à choisir la facilité, sinon je n'aurais pas embrassé une carrière d'avocat, et n'aurais même jamais entamé une relation avec un homme tout en sachant pertinemment que cela ne mènerait nulle part, car c'était incompatible avec mes ambitions. N'allez pas croire pour autant que je le regrettais. Cela avait sûrement été une des plus belles et des plus sereines périodes de ma vie. Mais la réalité m'avait rattrapé et j'avais décidé de prendre un autre chemin. Celui vers Beth. Celui qui m'avait conduit ce soir, dans cette cuisine, à, tout simplement, péter les plombs, et relâcher une pression retenue bien trop longtemps. « Tu comprends pas, Daniel. » finit par prononcer la femme que j'avais épousé, et qui devait se demander où était passé l'homme bien sous tout rapport qui lui avait juré de l'aimer jusqu'à la fin. Peut être qu'en réalité, je comprenais trop bien. Mais je ne pus me résoudre à la couper, surtout pas quand elle m'appelait par mon prénom ainsi au lieu des habituels surnoms tendres et affectueux dont elle m'affublait. « Tu comprends pas. Je suis toujours cette femme battante, mais je peux pas me résoudre à vouloir te changer d'une manière ou d'une autre. Je t'aime comme tu es, et si je dois te laisser un peu plus de libertés, je le ferai. Parce que si j'ai le choix entre quoi que ce soit et te perdre, je choisirai toujours le "quoi que ce soit".» Mon regard tenta de s'ancrer dans le sien, brièvement alarmé. Elle semblait tellement convaincue que j'allais la quitter que cela me frappa un instant. Etait-ce que j'étais en train de faire ? Non, je... Non. Si ? Mes yeux bifurquèrent sur ses doigts, bien plus faciles à fixer que ses prunelles brillant d'un éclat vif, que je fus momentanément heureux de retrouver. « Et si c'est le fait que je me sois brulée qui te fait dire ça... alors laisse-moi juste te dire un truc. » J'attendis la suite, les bras ballants. Son expression presque féroce me saisissait. C'était son tour de prendre l'avantage, et je le lui laissais volontiers. J'aurais, de toute façon, était bien incapable de trouver quoi que ce soit à redire à ce qui suivis. « Je te ferai toujours passer avant. Parce que je t'ai épousé pour faire de toi le plus heureux des hommes, j'te rappelle. Et s'il s'agit de petites brulures face à un mal-être... qui est plutôt évident, alors c'est ce mal-être que je chercherai avant tout à soigner. Les brûlures, avec un peu de flotte, c'est réglé. L'état dans lequel tu es me fait peur. Parce que je t'ai jamais vu comme ça. Que t'as cassé un cadeau de mariage, et que je peux pas m'empêcher de penser que ça représente notre mariage, et que tu veux y mettre fin. » Je me sentis déglutir et essuyais machinalement les quelques gouttes qui m'avaient éclaboussé, ouvrant la bouche sans qu'aucun mot n'en sorte. Elle n'avait pas fini. « Je me battrai jusqu'à ce que je sois sûre que tu aies bien compris ce que tu es aux yeux de ta femme, mais si si tu décides que notre histoire n'a plus d'avenir, dis-le tout de suite. Parce que je suis épuisée d'attendre patiemment que tu dises ce que j'espère entendre, et je suis épuisée de bosser douze heures par jour pour sortir mes angoisses de mon esprit. » Un moment, je restai sans voix. Sans vie, aussi. Comme drainé de toute énergie par ces paroles que j'avais pourtant cherchées. Elle mentionna ensuite une nouvelle fois les lasagnes, m'intimant de manger, mais si cela m'avait énervé l'instant d'avant, cela ne me fit cette fois ni chaud ni froid. Tout juste à température ambiante, quoi, comme le plat.
Je restai un moment là, debout, à la regarder s'affairer en silence. Les mots ne me venaient plus. J'étais... Comme perdu, une fois de plus. Si j'avais pensé ce matin en me réveillant que je vivrais un de ces moments fatidiques où la balance finit inexorablement par pencher d'un côté ou de l'autre... Pas une seconde je n'y avais songé. Ce matin, d'ailleurs, j'allais très bien. J'avais fait comme tous les jours. Je m'étais levé, m'étais préparé, avais relu mes dossiers en cours, et puis j'étais parti travailler. La seule chose qui différait était que j'avais pris la décision, dans la voiture, sur le chemin, d'aller faire quelques achats après le boulot pour commencer à préparer notre voyage romantique à Rome, sentant bien que Beth avait besoin de penser à autre chose... Mais jamais je n'aurais pensé me retrouver de nouveau à la croisée des chemins, comme six ans plus tôt, dans cette ruelle où le poing de l'homme que j'aimais alors était venu écraser mon nez. Je revis le regard furieux de Joshua lorsqu'il m'avait annoncé qu'il n'y avait "pas eu de bon vieux temps"... Et c'est peut être ce qui me donna la force de bouger. De m'avancer finalement jusqu'à elle pour m'accroupir à ses côtés, encadrant ses épaules avec poigne de mes mains. « C'est toi qui n'a rien compris, Beth. » fut la première chose un poil sensée qui franchit mes lèvres alors que je réfléchissais à toute allure. J'avais, à cet instant, tellement peur de la perdre que je devais me faire violence pour m'empêcher de trembler. « Que ce soit bien clair. La vie que j'ai avec toi, c'est tout ce dont j'ai toujours rêvé. » Je tentai d'accrocher son regard au mien, continuant sur ma lancée : « Quoi rêver de mieux que rentrer le soir auprès d'une femme aussi extraordinaire ? » C'était vrai. Je le pensais réellement. Elle était sûrement une des meilleures choses qu'il m'ait été donné d'avoir. Elle était parfaite. Ce n'était pas elle, le problème... C'était moi. « Mais serais-tu aussi extraordinaire si tu savais tout à propos de l'homme avec lequel tu vis, c'est ce que je me demande. » terminai-je alors, la fixant un instant avant de me relever pour m'asseoir d'une fesse sur le siège où je me trouvais un peu plus tôt. Les lasagnes étaient en train de refroidir. Tant pis. De toute façon, je n'avais plus faim. J'attrapai cependant ma fourchette pour en avaler un bout, espérant qu'elle cesserait ensuite de m'ennuyer avec ça. Après un soupir, et avoir avalé ma bouchée, j'ajoutai, secouant la tête : « Il y a tant de choses que tu ignores... »
Le silence retomba dans la pièce, lourd de sens. Il semblait que nous étions voués à souffler le chaud et le froid, à tour de rôle. Moi avec mes phrases aux allures de révélation de dernière minute façon épisode final d'une série quelconque, elle en ramenant systématiquement ses lasagnes sur le tapis. Mais comment lui dire ? Comment lui avouer ce que j'étais réellement ? Comment pouvais-je lui faire comprendre qu'elle vivait avec... un imposteur ? Quelqu'un dont le passé était bien plus trouble que tout ce qu'elle aurait pu imaginer ? Mes pensées se bousculaient dans mon crâne, mon sang cognant fort dans mes veines. Par où commencer... Mon regard accrocha alors mon poignet, que je levai soudain devant mes yeux pour lancer, presque dans un rire, bien qu'il sonnait affreusement faux, mû par l'illumination du moment : « A commencer par cette montre ! Une malheureuse contrefaçon. Et pourtant, personne ou presque ne le remarque. Elle est tellement bien faite ! » Je fronçai un instant les sourcils pour l'observer attentivement. C'est vrai qu'elle était quasiment identique à l'originale... Hormis sa valeur. Oui, le grand Daniel Wilkerson au compte en banque à plusieurs zéros avait une montre en toc. Ça pour une révélation, c'en était une ! « Je l'ai gardé car elle me rappelle que... Tout n'est pas ce qu'il semble être. » Nouveau silence, alors que je me perdis dans la contemplation de cet objet banal, et qui, pourtant, me renvoyait à la figure une atroce vérité : j'étais faux. Tout comme elle. J'eus de nouveau un léger rire, cette fois plein de cynisme. Décidément, j'étais aussi doué pour les sous-entendus douteux que pour les métaphores à deux francs. Il allait peut être falloir arrêter de tourner autour du pot... « Le fait est, Beth, que je t'aime. J'aime que tu fasses toujours en sorte que je me sente bien quand je rentre. J'aime que tu aies encore les yeux qui brillent à chaque fois que tu regardes la photo de notre mariage. J'aime tout ce que tu es, car je sais tout de toi. Si c'est si important pour moi d'être honnête avec toi ce soir, c'est car je te connais par coeur... Mais de ton côté, tu ne sais pas tout de moi, et ce n'est pas normal. » Non, définitivement, rien n'était normal dans tout ça, vraiment pas. J'attrapai de nouveau ma fourchette pour prendre un autre morceau de lasagnes, que je mis à la bouche avant de le mastiquer un moment, prenant mon temps. Je savais que le moment où j'ouvrirais la bouche serait peut être celui de mes derniers mots que je prononcerais en tant qu'homme marié... Alors, je comptais bien les faire compter. « Je ne peux pas t'en parler pour le moment mais, je voulais que tu le saches. Parce que tu es ma femme, et que je t'aime. » Mon ton s'était fait plus doux. Peu à peu, je me retrouvai. Je regagnai mon calme habituel, et ma capacité à gérer n'importe quelle situation. Je reposai la fourchette sur le bord de l'assiette pour croiser les bras sur mes jambes, l'observant à présent avec appréhension. J'étais conscient que c'était beaucoup d'un coup, cela l'était pour moi aussi. Mais nous pouvions en ressortir plus forts... Tout du moins, c'est ce que j'espérais du plus profond de mon être.
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Sujet: Re: Love ain't fair so there you are... My love Mer 8 Oct 2014 - 1:40
Elle ne savait plus comment lui parler. Elle ne savait plus quoi lui dire, ce qu'il avait besoin d'entendre, ou ce qu'il préférait ne pas entendre. Alors, Beth avait simplement craché ce qu'elle pensait. Il la trouvait ramollie ? Alors, ça ne durerait pas. Elle n'était pas amorphe. C'était juste que tout s'était cantonné à de simples pensées qu'elle n'avait pas retranscrites avec des mots précis jusque là. Le déni était plus simple. Elle avait voulu lui faire comprendre par tous les moyens qu'elle l'aimait plus que tout, mais il demeurait toujours cette ombre de doute qui planait au-dessus d'elle, comme une épée de Damoclès. Pourtant, maintenant que le coupe semblait au cœur des révélations, Beth ne redoutait que le moment fatal où il lui annoncerait que c'était terminé. Quelle qu'en soit la raison, elle serait détruite. Car elle remettrait toute sa vie en question. Son dévouement à son époux, cet amour pour lui qu'elle avait lui-même aimé follement, et toutes ces convictions autour desquelles elle s'était construite depuis leur mariage. Comment pouvait-elle prétendre croire à un avenir meilleur pour quiconque si elle n'arrivait même plus à construire le sien ? Comment pouvait-elle envoyer des messages remplis d'espoirs aux enfants qu'elle s'efforçait d'aider et aux donateurs qu'elle essayait d'attirer à son association ?
A aucun moment elle n'avait choisi la facilité. A aucun moment elle n'avait décrété que le déni était plus simple. Elle avait laissé les choses suivre leur cours, tout simplement, en espérant voir Daniel revenir un soir et tout lui expliquer. Lui dire que le travail était difficile, harassant, mais que rien n'avait changé entre eux et qu'il s'efforcerait de le lui prouver. C'était d'une naïveté assez pitoyable, mais elle en était à peine consciente. Au moment présent, pourtant, elle n'arrivait plus à croire en grand chose. Elle avait fini de se terrer dans une zone qu'elle trouvait rassurant, aussi. Elle voulait se battre. Elle allait se battre. Pour lui, par amour, pour lui et pour la vie qu'ils s'étaient promis de partager. Elle lui montrerait qu'elle ne comptait pas pleurer comme une bonne à rien en espérant lui faire pitié. Elle serait la femme qu'il avait épousée, et ça voulait entre autres choses dire qu'elle se battrait avec hargne pour parvenir à ses fins. Ses fins étant, dans le cas présent, de bien faire comprendre à Daniel quelles étaient ses intentions et les raisons qui lui intimaient de rester à ses côtés, quoi qu'il arrive. Elle l'aimait. Elle l'aimait, et elle le crierait haut et fort, juste pour être sûre qu'il l'entende. Mais, s'il fallait se résigner et abandonner, elle saurait le faire. Il voulait qu'elle soit forte ? Alors, si elle devait partir, elle aurait la force de le faire. Probablement pas la force de continuer ensuite... mais au moins la force de partir la tête haute. Et s'il voulait la quitter, autant qu'il le fasse maintenant. Ce serait plus simple pour tout le monde. Pour Daniel, pour elle, et pour sa secrétaire qu'il se tapait sur son bureau entre deux rendez-vous professionnels. Mais même en s'imaginant ce scénario catastrophe, Beth ne se démontait. Oui, les lasagnes allaient être froides, et les réchauffer une nouvelle fois serait sans doute un crime culinaire. Les débris de verre, par contre, ne se désintégreraient pas d'eux-mêmes, et la brunette s'était agenouillée à terre pour prudemment les glisser dans un sac plastique. Elle redoutait la réaction de Daniel autant qu'elle l'attendait. Et visiblement, cette peur avait été justifiée, car lorsqu'il empoigna ses épaules et qu'elle l'entendit dire ces quelques mots, quelque chose se tordit dans son ventre. « C'est toi qui n'a rien compris, Beth », avait-il dit simplement alors qu'elle relevait ses prunelles bleutées vers lui. Elle... n'avait rien compris ? Pourtant, oh putain, qu'est-ce qu'elle s'efforçait de comprendre ! Mais il semblait clairement y avoir un problème de communication. Et c'était sans doute, se dit-elle dans un frisson de frayeur, ce qui signait le début du déclin d'une relation. Donc non, elle n'avait peut-être rien compris. Peut-être voulait-il la quitter, et peut-être était-ce même ce qu'il essayait de faire à l'instant présent. Elle devait être ridicule à se battre dans le vent... « Que ce soit bien clair. La vie que j'ai avec toi, c'est tout ce dont j'ai toujours rêvé. » Beth pencha la tête sur le côté, attendrie et rassurée, avant de se contracter à nouveau. C'est ce dont il a toujours rêvé, mais ? Car à ces déclarations-là suivent toujours un mais beaucoup moins agréable... « Quoi rêver de mieux que rentrer le soir auprès d'une femme aussi extraordinaire ? » continuait-il sur sa lancée. Le mais promettait d'en être décuplé. Mais pourtant, une part de Beth ne pouvait s'empêcher de se laisser berner par Daniel... et, affaiblie, la brune passa une main douce sur la joue de son mari. Elle le fixait amoureusement, peut-être simplement, sans naïveté aucune, savourer ce moment qui ne s'éterniserait pas. « Mais serais-tu aussi extraordinaire si tu savais tout à propos de l'homme avec lequel tu vis, c'est ce que je me demande. » Il avait coupé court à l'instant, se relevant pour s'assoir à table. Cette remarque était sans doute moins grave que ce à quoi elle s'attendait... Car elle l'avait épousé pour qui il était, dans son entièreté. Elle l'avait épousé pour ses perfections, mais aussi pour ces imperfections qu'elle aimait sans conditions. « Il y a tant de choses que tu ignores... » Et pourtant l'homme qui se tenait devant lui était toujours le même... Un silence lourd suivit, et Beth finit par jeter un gros morceau de verre dans le sac et par tout laisser en plan pour se redresser à son tour et faire face à l'avocat. Son air grave était revenu. « Je t'ai épousé pour ce que tu es, dans ton entièreté. Si tu es malade, je te trouverai les meilleurs médecins. Si tu as tué quelqu'un, je t'aiderai à cacher le corps. Si c'est toi qui a perdu une de mes Louboutin, j'en rachèterai une. Avec ton argent. » Elle eut un bref sourire rassurant. « Qui n'a pas de secrets, Daniel ? Toi qui me décris comme ça, tu crois vraiment que je suis toujours extraordinaire ? » Mais lui n'avait pas fini de prouver son point de vue. « A commencer par cette montre ! Une malheureuse contrefaçon. Et pourtant, personne ou presque ne le remarque. Elle est tellement bien faite ! » Beth jeta un coup d’œil à la malheureuse, impressionnée par le rire qui avait accompagné la démonstration de Daniel. « Je l'ai gardé car elle me rappelle que... Tout n'est pas ce qu'il semble être. » Et si... et si le problème, c'était son boulot ? S'il ne gagnait plus d'argent ? S'il avait été viré de son cabinet ? Et si elle vivait au dessus de leurs moyens malgré elle, alors que lui se battait comme un forcené pour trouver un job d'avocat et lui permettre ce train de vie ? Cette fois, et parce qu'il n'y comprenait réellement plus rien, Beth ne dit rien. Elle le regardait regarder sa montre, mais ne disait rien. Elle se moquait de l'argent, de la contrefaçon ou même de cette Louboutin disparue qui rendait sa jumelle malheureuse... Elle ne vivait pas pour le bien matériel et ne vivrait jamais pour le bien matériel. Mais cette façon qu'il avait d'insister sur ses secrets n'allait pas en la rassurant, il fallait bien se l'avouer. Elle s'attendait à ce qu'il s'annonce tueur en série. Elle était prête à cacher autant de corps que nécessaire pour lui, mais dans ce genre de situation, qu'est-ce qui lui assurerait qu'elle ne serait pas sa prochaine victime ? Idée un brin loufoque, soit, mais qui témoignait du bordel qui régnait actuellement dans l'esprit de la jeune femme. C'est Daniel, donc, cette fois-ci, qui brisa le long silence qui n'avait fait que trop durer. « Le fait est, Beth, que je t'aime », commença-t-il, encourageant. « J'aime que tu fasses toujours en sorte que je me sente bien quand je rentre. J'aime que tu aies encore les yeux qui brillent à chaque fois que tu regardes la photo de notre mariage. J'aime tout ce que tu es, car je sais tout de toi. Si c'est si important pour moi d'être honnête avec toi ce soir, c'est car je te connais par cœur... Mais de ton côté, tu ne sais pas tout de moi, et ce n'est pas normal. » La conclusion, par contre, était un peu dure à encaisser. Et Beth ne put empêcher un frisson qui détala le long de son échine. Elle fuyait son regard. Parce qu'elle redoutait de plus en plus ce qu'il pourrait lui annoncer, même si, sincèrement, elle n'avait aucune idée de ce que ça pourrait être. Elle remarqua à peine que Daniel avait fini par succomber à ses invitations à manger. « Je ne peux pas t'en parler pour le moment mais, je voulais que tu le saches. Parce que tu es ma femme, et que je t'aime. » Il semblait s'être calmé, et, quelque part, cet apaisement la rassura. Elle arriva enfin à le regarder à nouveau et s'approcha de lui, posa ses mains sur ses épaules brièvement, avant de se lover au creux de ses bras, comme une gamine qui avait besoin de te rassurer. « T'es toujours celui à qui j'ai tout promis, celui que j'aime par-dessus tout... » glissa-t-elle. « Dis-moi juste que ce secret n'implique pas de me tuer dans mon sommeil et je saurai vivre avec... » Une larme silencieuse glissa le long de sa joue et s'écrasa sur la chemise de Daniel. « Tout ce que j'ai besoin de savoir, c'est que notre couple est toujours le même, toujours aussi solide. Je me fous de tous ces cadeaux que tu peux m'offrir, tout ce qui compte, c'est toi... ». Apaisée par l'étreinte et les indénombrables « je t'aime » que Daniel l'avait laissée entendre, Beth se sentait maintenant... fatiguée. Adoucie et tranquillisée, mais fatiguée. Et elle se serait volontiers endormie, debout, dans les bras du beau brun, mais elle s'écarta doucement de lui pour ajouter : « On a tous une part de mystère. Une part d'ombre, à t'écouter, mais aussi de choses qui nous rendent plus forts sans qu'on s'en rende compte. Tu ne me connais pas par cœur, Dan, et j'espère que je serai toujours un peu mystérieuse pour toi. Je me connais pas parfaitement moi-même, tu sais. Et c'est peut-être pas plus mal. D'avoir une infinité de possibilités insoupçonnées. » Après un petit sourire rassurant, Beth retourna se coller à son plan de travail et ouvrit le robinet, d'où s'échappa un flot violent d'eau fraiche. Ses mains la brulaient toujours. Surtout maintenant que la hargne de son angoisse s'était apaisée.
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Sujet: Re: Love ain't fair so there you are... My love Mer 29 Oct 2014 - 22:22
Si il y avait quelque chose que j'aimais par dessus tout chez Beth, c'était sa franchise. Elle avait toujours le bon mot, le mot juste pour traduire sans détour sa pensée, et parfois, cela aurait pu m'agacer, mais ce n'était pas le cas. Au contraire. C'était une qualité que j'admirais chez elle. Une honnêteté brute. Une sincérité sans faille. Tout l'inverse de ce que j'étais, en somme. Et c'était ce que je voulais qu'elle entende... Même si elle ne semblait pas vouloir s'y résoudre. « Je t'ai épousé pour ce que tu es, dans ton entièreté. Si tu es malade, je te trouverai les meilleurs médecins. Si tu as tué quelqu'un, je t'aiderai à cacher le corps. Si c'est toi qui a perdu une de mes Louboutin, j'en rachèterai une. Avec ton argent. Qui n'a pas de secrets, Daniel ? Toi qui me décris comme ça, tu crois vraiment que je suis toujours extraordinaire ? » Son sourire se refléta un bref instant sur mon propre visage, par mimétisme. Elle prenait les choses tellement bien... C'était presque insensé. C'est pourquoi je me continuais à enfoncer le clou, de plus en plus décidé à lui faire comprendre qu'elle ne pouvait pas tout me pardonner. C'était peut être même ce que je cherchais sûrement inconsciemment : qu'elle ne me pardonne pas, et que je souffre à mon tour, afin de me décharger un peu de cette culpabilité grandissante... Ou peut être pas. Peut être qu'en réalité, je voulais par dessus tout qu'elle me pardonne, tout en sachant que je ne le méritais pas une seule seconde, si bien que ce paradoxe me consumait de l'intérieur. J'avais les mains toujours croisées sur mes jambes quand son regard accrocha le mien et l'instant d'après, là voilà venue contre moi. J'eus un moment d'hésitation, sous la surprise, avant de lentement passer mes bras autour de son corps, avec une lenteur et une douceur presque calculées. Puis, j'accentuais mon étreinte, relâchant la pression dans un soupir de soulagement avant de venir glisser mon visage dans son cou. « T'es toujours celui à qui j'ai tout promis, celui que j'aime par-dessus tout... Dis-moi juste que ce secret n'implique pas de me tuer dans mon sommeil et je saurai vivre avec... Tout ce que j'ai besoin de savoir, c'est que notre couple est toujours le même, toujours aussi solide. Je me fous de tous ces cadeaux que tu peux m'offrir, tout ce qui compte, c'est toi.... » Il y eut un bref silence durant lequel je marmonnais, éludant sans vraiment le vouloir sa question en repensant à quelque chose qu'elle avait dit plus tôt : « J'espère quand même que tu ne resterais pas avec moi si j'avais tué quelqu'un, hein. » J'eus un bref sourire contre sa peau, avant de sentir que ses joues s'étaient humidifiées. Fronçant les sourcils, je relevai le menton, mes mains venant encadrer son visage. Avant que j'ai pu parler, elle s'écarta, et je la laissai faire sans broncher. « On a tous une part de mystère. Une part d'ombre, à t'écouter, mais aussi de choses qui nous rendent plus forts sans qu'on s'en rende compte. Tu ne me connais pas par cœur, Dan, et j'espère que je serai toujours un peu mystérieuse pour toi. Je me connais pas parfaitement moi-même, tu sais. Et c'est peut-être pas plus mal. D'avoir une infinité de possibilités insoupçonnées.» Elle avait l'air épuisée, et je pouvais le comprendre : j'étais exactement dans le même état. C'est pourquoi je me contentais de l'écouter plutôt que d'essayer de prendre la parole. Elle était meilleure que moi pour les jolies conclusions bien pensées. Moi, mon truc, c'était plutôt les phrases bien senties qui restent longtemps dans l'air en guise de sortie, et j'en avais assez fait pour ce soir. Je suppose.
Elle retourna faire couler de l'eau sur ses doigts pendant que je méditais un instant ce qu'elle venait de dire, sans trouver quoi lui opposer. Elle avait raison, pas forcément sur tout, mais en grande partie... Et je n'avais pas envie de semer le doute davantage. Je finis donc de manger en silence alors qu'elle me tournait le dos, le regard fixé sur elle. Pour la première fois depuis que j'étais sorti du centre commercial, je respirai calmement, et ça faisait foutrement du bien. Manger aussi, d'ailleurs. Mine de rien, j'étais affamé. La dernière chose que j'avais avalé remontait sûrement au midi... Je me rendis compte que je ne me souvenais même plus ce que j'avais mangé, ni avec qui; tant ça me paraissait loin. Pourtant, cela ne faisait quelques heures, mais je n'arrivais pas à remonter au delà de l'esclandre du centre commercial, point culminant de ma journée. C'était tout de même un monde. En tout cas, je n'étais pas prêt d'oublier ces lasagnes. Premièrement, car Beth s'était assurée de me laver le cerveau en les mentionnant à répétition et deuxièmement, car elles étaient divinement bonnes. « Je crois que c'est la meilleure chose que j'ai mangé de toute ma vie. » lançai-je soudain, du fond du coeur, posant mes couverts du même temps, mon assiette terminée. Je me levai ensuite pour aller les mettre au lave-vaisselle avant de venir poser une main douce au milieu des omoplates de la brune. « Ça va tes mains quand même ? Il nous reste de la Biafine de cet été, normalement, viens, je vais t'en mettre. » proposai-je tranquillement, laissant ma main glisser dans son dos avant de me diriger vers l'escalier pour monter à l'étage. Je pris au passage les sacs que j'avais laissé dans l'entrée pour les monter, achats faits un peu plus tôt que j'avais quasiment oubliés... Je les déposais dans la chambre avant d'aller dans la salle de bain attenante récupérer le tube en question, toujours à la même place : dans le tiroir du milieu. Attendant qu'elle me rejoigne, je criais, pour être sûr qu'elle m'entende : « Je l'ai trouvé ! Il est bon jusqu'en 2015, ça va, tu risques rien ! » Ouais, j'avais vérifié la date, quand même, au cas où. Avec ce genre de produits incontournables, c'était parfois difficile de se rappeler depuis combien de temps on les avait... « Je sais pas si je me couche de suite ou si je prends un bain avant. »continuai-je à blablater, assis sur le rebord de la baignoire, faisant rouler le tube dans mes mains. « D'un côté je tombe de fatigue. J'ai peur de me noyer. » J'eus un petit rire pour moi-même, bien que seulement à moitié amusé. D'un côté, j'avais très envie de me prélasser sous l'eau chaude. D'un autre, je n'avais pas envie que de sombres pensées viennent m’assaillir, comme bien souvent quand on prenait trop le temps de se poser. Je ne voulais pas repenser à ce qui s'était passé. C'était encore trop frais, trop "à vif". Je n'allais pas manquer de cogiter, si je faisais ça, c'était certain, et je le refusais. Je redoutais d'ailleurs également le sommeil, pour exactement la même raison.
Les yeux dans le vague, je ne l'entendis pas entrer. Ce n'est que quand je vis une forme mouvante dans le champ périphérique de ma vision que je compris que je n'étais plus seul, et dus retenir un sursaut. « T'en as mis du temps, tu mettais la recette de tes lasagnes dans le coffre-fort c'est ça ? » Décidément, ça allait beaucoup mieux. J'avais retrouvé mon humour vaseux. Et le sourire, avec ça. Diantre. « Donne tes mains. » continuai-je, l'air de rien, attrapant ces dernières pour commencer à étaler l’onguent blanchâtre, effectuant de petits cercles du bout des doigts. « Tu me dis si je te fais mal, hein... Je suis pas très sûr d'être bon dans le rôle de l'infirmière. » Un sourire doux s'étira sur mes lèvres, dissipant totalement le malaise précédent, mon regard se fondant un instant dans le sien. Puis, j'ajoutai : « En fait, je sais pas si je vais dormir de suite. C'est pas bon de dormir sur la digestion. » La crème pénétrait petit à petit dans sa peau alors que je continuai mon massage avec application. « Mais je vais quand même me me mettre au lit, je pense... Et comme tu m'as l'air aussi fatiguée que je le suis, je t'invite fortement à en faire de même. » Je relevai les yeux un bref instant pour la dévisager avant de me re-concentrer sur ma besogne, finalement terminée. « Et voilà ! » m’exclamai-je avant d'embrasser doucement ses paumes du bout des lèvres, puis de me détourner pour me laver les mains. Puis, j'entrepris de me brosser les dents, la fixant tranquillement dans le miroir avant de, soudain, proclamer : « 'u ché, 'Eth, y 'aut 'ue 'e 'e 'ise une 'ose... 'U es 'a 'eule 'emme 'ue 'ai 'aimé, 'e 'ou'e ma 'ie, et 'u 'e'as 'ou'ours 'a 'eule. » Je crachai finalement le dentifrice pour la fixer un long moment avant de hocher la tête pour moi-même : « C'est la vérité, entière, incontestable. » Mon regard chercha le sien dans le miroir. Puis, je me rinçai la bouche pour terminer, d'un ton détaché, parfaitement sûr de moi, sans la moindre complaisance : « Il n'y a toujours eu que toi, et il n'y aura aucune autre femme. Jamais.» C'était un fait. Ça, elle pouvait en être assurée.
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Sujet: Re: Love ain't fair so there you are... My love Jeu 30 Oct 2014 - 2:46
Étrangement, la situation semblait avoir pris un tout autre tournant. Daniel, comme elle, s'était calmé, et ce pauvre vase semblait être le seul qui rejoindrait le doux paradis des vases ce soir-là. L'ambiance était passée d'électrique à calme, presque sereine. Beth n'arrivait plus à s'arrêter de parler, pourtant, comme pour prouver encore et toujours à Daniel qu'il faisait fausse route. Sur le fait qu'elle soit extraordinaire,mais aussi sur l'image qu'il semblait avoir de lui-même. Beth savait de qui elle était tombée amoureuse. Elle savait qui elle avait épousé, et cet homme-là n'était en aucun cas mauvais. Il avait ses faiblesses, comme tout le monde. Il était humain. Mais il n'était pas mauvais, ça, Beth ne pourrait pas y croire un seul instant, même si sa vie en dépendait. Daniel Wilkerson était un homme bon, ambitieux, souriant, battant. Il n'était pas cette ordure qu'il semblait être convaincu d'être. Et la brune préférait le lui répéter, le lui prouver par différents arguments, plutôt que de l'entendre le répéter encore une fois. Le voir dans cet état lorsqu'il était rentré l'avait atteinte jusqu'au plus profond de son être. Même si leur relation n'avait pas été idéale ces derniers mois, Beth n'avait pas perdu l'esprit protecteur qu'elle avait toujours eu envers lui, comme pour toutes les personnes qui comptaient à ses yeux. Elle ne pouvait se résoudre à le laisser penser des inepties pareilles sur lui-même, que la source ait été sa journée, son travail, ou le fait qu'il aurait pu marcher dans une crotte de chien devant son cabinet. Même si sa journée, et plus encore, sa soirée, l'avait épuisée, elle continuerait toute sa plaidoirie toute la nuit s'il le fallait. Au bout d'un moment, cependant, Daniel ne semblait plus trouver de contre-arguments. Beth mit ça sur le compte d'une victoire, et ce qui semblait le confirmer était la sérénité que semblait avoir retrouvé l'avocat. Elle s'était lovée au creux de ses bras, comme si elle venait de finir une course folle contre lui et contre ses peurs. L'instant avait quelque chose de rassurant et d'hors du temps, et quelques larmes, probablement de soulagement, trouvèrent leur chemin sur la joue de la brune. Daniel redressa son visage et la regarda avec une douceur qui la troubla. « J'espère quand même que tu ne resterais pas avec moi si j'avais tué quelqu'un, hein » glissa-t-il dans le creux de son cou. « Ça dépend qui c'est. Si c'est la voisine qui laisse son chien chier dans notre pelouse, alors je resterais avec toi. Plutôt deux fois qu'une. Et je t'attends dans la chambre pour te remercier. » Elle souriait mais pourtant, sa voix s'était faite tremblante. Trop d'émotions, sans doute. En tout cas, une chose était à présent sûre : Daniel n'était pas un meurtrier. Ouf. Creuser des tombes en escarpins n'aurait pas été chose aisée -les promesses, c'est beau, mais lorsqu'elles sont concrètement réalisables, c'est mieux. Beth reprit finalement quelques arguments pour conclure et, finalement, elle se détacha complètement du brun pour retourner apaiser la douleur de ses brûlures sous un jet d'eau fraîche. Dans la cuisine, il n'y avait plus que le bruit de cette eau qui coulait, sans doute trop fort, dans l'évier, et celui des couverts de Daniel, qui semblait s'être enfin décidé à manger. Beth s'était immobilisée, les mains bêtement tendues devant elle, épuisée par tout ça. Pourtant, malgré l'énergie que cet épisode venait de lui coûter -pas autant que la vision du finale d'Hannibal, tmtc-, Beth était soulagée. Pour la première fois depuis de longs mois, depuis d'interminables mois, elle était calme et sereine. Pour la première fois depuis une infinité de journée amères qui se ressemblaient par leur répétition, elle revivait. La simple pensée d'être tant dépendante de quelqu'un aurait provoqué une aversion totale chez elle si on lui en avait parlé une dizaine d'années auparavant. Mais maintenant, les choses étaient différentes. Elle se permettait cette dépendance, tout simplement parce qu'elle l'accordait au seul homme qui avait autant compté dans sa vie, et au seul qui compterait jamais autant. Il y a dix ans, elle n'aurait pas toléré la moindre dépendance à un homme, parce qu'elle n'avait pas rencontré Daniel. Les choses avaient changé, et maintenant, elle lui donnerait tout d'elle, juste parce qu'il était Daniel. Juste parce qu'il était son mari, et qu'ils s'étaient promis le possible, et même l'impossible, en s'engageant à s'apporter bonheur et soutien pour la durée de toute une vie. Et cette vie qu'était la sienne, Beth serait capable de la lui confier. « Je crois que c'est la meilleure chose que j'ai mangé de toute ma vie » entendit-elle, coupant court à toutes ces pensées niaises. « Tu dis ça parce que t'avais faim » rit-elle, modeste, non sans relever le compliment pour autant. Elle tourna la tête pour l'observer, sans bouger ses mains, qui, de toute façon, étaient presque congelées par l'eau. Elle lui sourit et il se leva, alors qu'elle reportait son attention sur ses mains, rougies par la brûlure, ou le froid qui avait suivi, ou la combinaison des deux. Elle sentait la douceur d'une main de Daniel, qui s'était déposée dans son dos. « Ça va tes mains quand même ? Il nous reste de la Biafine de cet été, normalement, viens, je vais t'en mettre. » Jetant un regard dégoûté à une cloque qui s'était formée, Beth approuva. « Merci, mon infirmier. » Elle réussit à faire bouger un doigt, mais ses deux mains étaient bien engourdies par le froid. Elle ferma le robinet non sans mal et, avec précaution, s'essuya doucement les mains. « Je l'ai trouvé ! Il est bon jusqu'en 2015, ça va, tu risques rien ! » entendit-elle de l'étage du dessus. Elle passa un coup d'éponge à côté de l'évier, juste parce qu'il y avait quelques gouttes d'eau, et éteignit la pièce avant de la quitter et de monter dans leur chambre. Rapidement, elle ôta sa veste et ses chaussures et attaqua la fermeture-éclair qui fermait sa robe. Elle grimaça à la douleur qui la lança lorsque ses mains abîmées et gelées s'écorchèrent contre la fermeture. « Je sais pas si je me couche de suite ou si je prends un bain avant. D'un côté je tombe de fatigue. J'ai peur de me noyer » entendit-elle avant de regarder bêtement la porte de la salle de bain et de pouffer.
Pieds nus et silencieusement, Beth rejoignit la salle de bain et posa quelques instants sa main et sa tête sur l'encadrement de la porte, un sourire mutin étirant ses lèvres. « J'ai mon brevet de secouriste, tu sais. » Et elle s'avança vers lui, profitant du sol chauffant pour ignorer le fait qu'elle était pieds nus. « T'en as mis du temps, tu mettais la recette de tes lasagnes dans le coffre-fort c'est ça ? » Amusée, elle s'était arrêtée devant lui et le regardait, les mains croisées. « T'en dis, de ces conneries, toi... » Elle s'assit à côté de lui, sur le rebord de la baignoire, et le fixa pour ajouter : « ... je l'ai brûlée. Comme ça, plus aucun autre moyen de la connaître que moi. Tout est dans ma tête. Donc si tu veux encore de mes lasagnes, va falloir me laisser en vie ». Se mordant la lèvre avec un faux air triomphant et à sa demande, elle lui tendit ses mains rougies. « Tu me dis si je te fais mal, hein... Je suis pas très sûr d'être bon dans le rôle de l'infirmière. » Bêtement et sans doute parce qu'elle était fatiguée et infiniment reconnaissante et soulagée par l'évolution de la situation, Beth regardait le travail de son mari. « Tu t'en sors très bien », lui dit-elle en levant son regard bleuté vers le sien. « En même temps, vu ton don pour les massages, je vois pas comment t'aurais pu ne pas t'en sortir, infirmier Wilkerson. » Le contact de la peau de Daniel contre la sienne et la pression du massage qu'il exerçait pour faire pénétrer la crème réchauffaient ses mains par la même occasion. « En fait, je sais pas si je vais dormir de suite. C'est pas bon de dormir sur la digestion. » Beth ne cessait de l'observer, comme si elle le redécouvrait. Elle était amoureuse et attendrie, et reconnaissante et émue. Qu'il était beau. Qu'est-ce qu'il était beau lorsqu'il souriait comme ça, même fatigué et sans doute encore tourmenté. Si elle n'était pas aussi heureuse de le retrouver, ses autres émotions, et notamment le soulagement, prendraient à nouveau le dessus en la faisant verser quelques larmes. Encore maintenant, les mêmes questions demeuraient sans réponse... Comment... pourquoi ? Comment et pourquoi Daniel Wilkerson l'avait-il épousée ? Qu'avait-il vu en elle qu'il qualifiait de si exceptionnel ? Comment pouvait-elle mériter ce modèle qu'elle avait de la perfection masculine ? Secouant brièvement la tête pour revenir à la situation présente, Beth répondit « y'a toujours le bain... ça peut te faire du bien, surtout vue la température de ce soir. T'as du te geler. » Elle en avait oublié ses mains, qui, il fallait l'avouer étaient... -non, je vais pas oser la faire... si ? si !- ...entre de bonnes mains. La douleur s'était peu à peu dissipée. Il fallait dire que, comme auparavant, elle n'était plus ce vers quoi son esprit s'était focalisé. Sauf que là, ça n'était parce qu'elle était en panique. Non, c'était parce qu'elle était, plus que jamais, éperdument amoureuse de son mari. « Mais je vais quand même me me mettre au lit, je pense... Et comme tu m'as l'air aussi fatiguée que je le suis, je t'invite fortement à en faire de même. » Beth fronça les sourcils brièvement. « La délicatesse de monsieur Wilkerson est-elle en train d'essayer de me faire comprendre que j'ai une sale gueule ? » demanda-t-elle. « Oublie pas que y'a pas que ma mort qui peut te priver de lasagnes. Ma mauvaise volonté peut aussi le faire. Et si je boude, c'est souvent accompagné de mauvaise volonté. » Elle haussa un sourcil de challenge, ne pouvant s'empêcher d'esquisser un petit sourire malicieux.
« Et voilà ! » finit-il par conclure ses soins. Beth, déçue, articula un petit « merci, mon amour. » Et elle ajouta, prise d'un flash back foudroyant. « Au fait, au pire, de la Biafine périmée... ça va pas me transformer en Biafinewoman. Et puis, rien qu'avec tes soins, ça aurait été. » Elle le regarda quelques secondes dans le miroir, souriante, avant de regarder ses mains. Elles étaient vraiment dans un drôle d'état. Le comble du sexy. Elle n'avait qu'à réfléchir un peu, aussi. Elle se perdit à nouveau dans ses pensées quelques instants avant d'entendre un « 'u ché, 'Eth, y 'aut 'ue 'e 'e 'ise une 'ose... 'U es 'a 'eule 'emme 'ue 'ai 'aimé, 'e 'ou'e ma 'ie, et 'u 'e'as 'ou'ours 'a 'eule » qu'elle tenta de déchiffrer tant bien que mal, les sourcils froncés par sa concentration. « Je suis pas bien sûre... tu viens de me faire une déclaration d'amour ou de m'insulter ? Je suis pratiquement sûre d'avoir entendu le mot endive. Tu sais, c'est pas parce que mon anti-cernes m'a lâchée que... » Il releva la tête après avoir craché le dentifrice et conclut : « C'est la vérité, entière, incontestable. » Et il avait plutôt intérêt à réfuter le coup de l'endive. D'ailleurs, pourquoi une endive ? C'est fatigué et ridé, une endive ? Un chou de Bruxelles, à la limite... Mais une endive, quoi ! Oh merde, elle était vraiment fatiguée... Et c'est ce regard perdu et crevé qui accrocha celui de Daniel dans le miroir. « Il n'y a toujours eu que toi, et il n'y aura aucune autre femme. Jamais. » C'était donc la première option. Il lui avait fait une déclaration d'amour. Ça faisait décidément beaucoup d'émotions en une seule soirée, mais ce genre d'émotions, elle les accueillait à bras ouverts. Surtout après avoir pensé qu'il y aurait pu y avoir quelqu'un d'autre dans la vie de Daniel... Elle se leva et se posta derrière lui alors qu'il fermait le robinet. Doucement, elle posa sa joue contre son dos -avec leurs vingt-cinq centimètres de différence, elle était complètement ridicule à côté de lui-, et l'enlaça, posa ses mains biafinisées sur la cage thoracique de son amour. « Je t'aime, si tu savais... » souffla-t-elle en fermant les yeux quelques instants, profitant du calme de sa respiration. Elle finit par se mettre sur la pointe des pieds pour observer le reflet qu'ils renvoyaient, ainsi enlacés. Seuls ses yeux dépassèrent de l'épaule de Daniel, et il se tournèrent vers le visage de ce dernier. « Faudra vraiment qu'on retrouve ma Louboutin, j'te jure, les talons c'est vraiment important. » Relâchant son étreinte, elle se posta à côté de lui pour lui faire dos et déplaça l'ensemble de sa chevelure sur son épaule. « Tu peux m'aider, s'il te plait ? » La fermeture-éclair était partiellement descendue, mais elle n'avait pas réussi à lui faire un sort plus tôt. Après qu'il l'eut aidée, elle se retourna et le regarda d'un drôle d'air. C'était la première fois depuis une éternité qu'il la regardait alors qu'elle était en sous-vêtements. Doucement, elle dé-serra sa cravate et l'aida à enlever sa veste, puis commença à déboutonner sa chemise. « Je viens de réaliser que j'ai du te mettre de la Biafine partout... Non périmée, mais quand même... » se justifia-t-elle, alors qu'il fallait tout de même avouer que la grande majorité de la crème avait déjà passé la frontière de son épiderme grâce aux bons soins de Dan.
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Sujet: Re: Love ain't fair so there you are... My love Lun 3 Nov 2014 - 19:46
La panique était passée. Enfin, je me sentais de nouveau moi-même, et de nouveau en pleine maîtrise. Je devais avouer en ressentir un soulagement intense, et à présent, un sentiment incroyable de bien-être retrouvé m’emplissait. Rarement m'étais-je retrouvé ainsi à perdre mon sang froid, à laisser mes émotions me guider et me submerger. Cela ne me ressemblait pas de leur céder, de laisser mes sens me dominer. J'étais un cérébral, un réfléchi, et si parfois agir sous la colère pouvait être un acte calculé de ma part, je n'aimais guère être commandé par l'emportement, souvent prompt aux erreurs les plus basiques. J'étais donc bien content de retourner à ma placidité habituelle, et que le courant de mes pensées soit redevenu plus tranquille ; de laisser derrière moi l'impétuosité pour regagner mon assurance coutumière. Partir de la cuisine et m'éloigner du "lieu du drame" avait déjà été plutôt salvateur, me permettant d'échapper à une grande part de ma culpabilité en me concentrant sur autre chose, à savoir : ma femme. Et surtout, son bien-être. Qu'elle se soit brûlée par ma faute me rendait malade, même si ce n'était qu'indirectement. Mon état de fureur l'avait perturbée, et je me sentais responsable, c'est pourquoi je comptais bien réparer mon erreur, maintenant que j'étais calmé, capable de penser correctement, et surtout : d'agir normalement. Je détestais perdre le contrôle. Et je détestais encore plus ne pas en avoir conscience avant d'être devant le fait accompli. Jamais je n'aurais pensé que revoir Joshua me troublerait à ce point. Jamais je n'aurais pensé non plus un jour faire une scène dans un grand magasin. Ce n'était tellement pas moi, tellement pas "mon style". Me laisser atteindre d'une telle façon, qui plus est par un gamin insolent, m'énervait prodigieusement. J'étais froid, détaché. Jamais je n'avais laissé mes sentiments interférer. J'avais toujours su faire la part des choses, tout du moins aimais-je à le penser. C'est pourquoi, maintenant que je n'étais plus mû par aucun instinct ni pulsion quelconque, comme quand j'étais délibérément entré en collision avec Joshua, ou que j'avais acheté ces fleurs ostentatoires un peu plus tôt, ou encore que j'avais cassé ce vase car sa signification m'irritait, tout allait bien. Je respirais de nouveau, je souriais de nouveau, et je regardais ma femme de la façon dont j'aurais toujours dû la regarder : avec l'admiration et la tendresse qu'elle méritait. En somme, je me contentais de réagir de la façon qui s'imposait, avec bon sens et discernement, et retrouver cela me faisait un bien fou, qui se lisait dans chaque once de mon être. J'étais de nouveau Daniel Wilkerson, le mari aimant. Et même si mon subconscient continuait d'essayer de reprendre ses droits sur mon esprit tourmenté, il n'était plus question de le laisser gagner.
Beth m'avait enfin rejoint dans la salle de bain, et je m'étais aussitôt mis à son service, bien décidé à réparer le tort que j'avais en partie causé : la blesser, mentalement, mais aussi physiquement. Les brûlures sur ses mains, soumises à ma vue, me firent grimacer, mais je tâchais de rester de marbre. Je m'attelais donc à ma tâche avec application, bien décidé à soigner ses maux, en commençant par celui-ci, mais pas seulement. En lui parlant, aussi, posément, de tout et de rien. Avoir une conversation banale après les mots échangés plus tôt était également un bonheur infini... Même lorsqu'elle prenait mes simples constatations sur notre fatigue mutuelle comme un outrage, mon invitation à la voir me rejoindre dans le lit conjugal devenant, selon elle, un manque de délicatesse et une atteinte à sa beauté, pourtant sans égale à mes yeux. « Tu sais bien que pour moi, tu es la plus belle, et ce en toutes circonstances. » avais-je marmonné, prenant un air outré à mon tour, levant les yeux au ciel avant de terminer de soigner ses doigts douloureux. Elle m'avait ensuite remercié, m'affublant de nouveau d'un sobriquet affectueux qui avait fait briller mon regard avec tendresse. « Avec plaisir, Amour. » avait-je répondu machinalement, avant de pouffer bêtement à sa boutade. Se transformer en BiafineWoman... J'imaginais mal ce que cela aurait donné. Peut être une espèce de prêtresse dans le genre vaudou dont les mains auraient eu le pouvoir de calmer les brûlures ? Ou, moins sexy, sécrétant un liquide blanc apaisant par les paumes... Ouais, on allait éviter ce débat, hein. Ça allait devenir dégueulasse. Un sourire simple ornait mon visage alors que je la contemplais, enfin apaisée, tout simplement heureux de ne plus lire le moindre tourment dans son regard. Je voyais, au contraire, qu'elle me fixait d'un air où se lisait cet amour incommensurable qu'elle m'avait tant vanté plus tôt, bien loin d'être des paroles en l'air. Et ce fut peut être ce qui conduisit à une déclaration mentholée de ma part, puisque je n'avais même pas craché mon dentifrice avant de lui signifier quel serait, et ce à jamais, la seule femme dans ma vie. Bon, y'avait plus glamour, certes, que le faire en brandissant une brosse à dent, mais plus attendrissant, peut être pas... Elle sembla plutôt d'accord puisqu'elle se leva, et vint se lover contre mon dos. Ses mains se posèrent sur mon torse, et mon reflet lui sourit en retour. « Je t'aime, si tu savais... »« Je sais... » répondis-je de la même voix douce qu'elle avait employée. Ma main vint caresser un instant l'un de ses bras alors que nous restions là, à profiter du silence.
Un instant plus tard, ses yeux apparaissaient brièvement au dessus de mon épaule. « Faudra vraiment qu'on retrouve ma Louboutin, j'te jure, les talons c'est vraiment important. »« Avoue, c'est une excuse pour t'en choisir une nouvelle paire... » plaisantai-je gentiment, connaissant son obsession pour les chaussures. Avec un air malicieux, j'ajoutai : « Et puis, au pire, un mari n'a pas besoin d'excuse pour faire plaisir à sa femme. » Ce qui signifiait, en gros, qu'elle allait bientôt accueillir de nouvelles pensionnaires dans son dressing. « J'ai fait quelques achats en prévision de Rome, en sortant du boulot... Je sais pas si t'as vu les sacs au pied du lit. Tu me l'aurais dit plus tôt, j'aurais pu passer te prendre pour qu'on fasse un saut chez Christian Louboutin en même temps. » Sacs que j'avais bien failli complètement oublier, d'ailleurs et, croyez-le bien, ils auraient fait le bonheur de pas mal de gens. Rien que les lunettes de soleil Oliver Peoples se trouvant dans l'un d'eux représentait l'équivalent d'un mois de salaire pour beaucoup de gens. Pas pour moi, cela dit. Elle coupa court à cette discussion un brin matérialiste pour me demander de l'aider à retirer sa robe, et quasi instantanément, je les oubliais de nouveau pour venir me placer derrière elle, et finir de faire glisser la fermeture. Sans faire attention, je m'étais mordu la lèvre dans la manoeuvre, et lorsqu'elle se retourna, je surpris son air... surpris - ahah, hrm. Elle s'approcha ensuite pour me retirer cravate et veste, puis bientôt ma chemise... Et je la laissais faire sans bouger d'un poil, me contentant d'un vague sourire en coin. « Je viens de réaliser que j'ai du te mettre de la Biafine partout... Non périmée, mais quand même... » J'eus à mon tour un drôle d'air, entre la curiosité et la malice. « Ah c'est pour ça que tu me déshabilles, tu veux mettre une lessive ? Je suis déçu... » arguai-je tout en faisant glisser le tissu le long de mes bras, pour que cette dernière, biafinisée ou non, trouve le sol. Je retirai ensuite chaussures et chaussettes avant de défaire ma ceinture, puis de retirer mon jean, sans me presser. Mon regard ne la quittait pas, brillant d'un éclat plus ténu que d'ordinaire. Car cela aurait pu être un de ces instants routiniers où nous nous préparions à aller nous coucher, se déshabiller étant le processus normal avant de rejoindre le lit, mais il n'en était rien, et nous en avions conscience tous les deux. Sinon, elle ne serait pas restée là à me fixer avec ce drôle d'air qui ne l'avait plus lâchée depuis qu'elle avait retiré sa robe... Sinon, je n'aurais pas non plus fini de combler le mètre de distance qui nous séparait pour venir l'embrasser. Cette fois, je le fis sans impatience ni violence, simplement avec délicatesse, parce que c'était la suite logique des choses, et pas parce que le désespoir me tenaillait. Je le faisais parce que c'était ce qu'un homme marié aurait dû faire, parce que c'était ce qu'un couple normal faisait, et parce que, tout simplement, mon coeur me le dictait. Ma main grimpa dans sa nuque alors que je rapprochai mon corps du sien, la seconde se posant contre son ventre pour venir se loger au niveau de son sternum. Sous mes doigts, je pouvais sentir son coeur battre. Les yeux clos, je pouvais même en compter les battements, et je le fis, calquant automatiquement mes pulsations sur les siennes. Car c'était la seule chose que je souhaitais à cet instant : savoir que nos deux coeurs battaient à l'unisson. Et retrouver un équilibre, notre équilibre : parce que nous étions ensemble, parce que nous nous aimions, et parce que notre couple était solide... Et le resterait. Car, quoi qu'en disent ou pensent certains, il était bien réel, et pas seulement pour les apparences. Nous étions les Wilkerson, oui, mais nous étions aussi bien plus que ça. Avant tout, nous étions Daniel et Beth, deux individus qui s'étaient trouvés un jour et avaient décidé de passer leur vie ensemble. Pour le meilleur et pour le pire.
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Sujet: Re: Love ain't fair so there you are... My love Mar 4 Nov 2014 - 4:33
C'était comme si tous ces mois précédents avaient disparu d'un coup. C'était bête, hein, de croire que quelques instants pouvaient effacer autant de journées de doutes, de peurs et d'angoisses, et pourtant, c'était bel et bien le cas. Beth n'avait pas ressenti ce bonheur depuis des mois, et il éclipsait toutes ces nuits moyennes et ces journées interminables. Certaines de ces dernières, malgré tout, avaient ramené des amis, depuis longtemps perdus de vue, dans sa vie. Mais elle devait l'avouer, sa vie, maintenant, tournait entièrement autour de son époux. La vivre sans lui n'avait plus grand intérêt, et, ce soir-là, Beth avait éludé le plus longtemps possible le fond du problème, juste parce qu'elle ne se sentait pas la force d'affronter la réalité. Le perdre... jamais elle ne pourrait s'en remettre. Et pour éviter l'inconcevable, elle avait été prête à tout accepter. Y compris renoncer à ses rêves de maternité. Elle ne serait pas mère, voilà tout, mais peu importait. Tant qu'elle était encore sa femme à lui. Voilà ce qui était le plus cher à son cœur. Il était son mari, son meilleur ami, son amant, mais aussi cet homme auquel elle avait promis toute dévotion six ans auparavant. Et aujourd'hui, enfin, elle le retrouvait. Et elle revivait. Peu importait ce qu'ils avaient traversé, ce vase qui s'était crashé sans aucune dignité sur le sol de la cuisine et ces mains desquelles il s'occupait maintenant, le principal était qu'ils se retrouvaient enfin. Et, aussi ridicule que ça puisse paraître, Beth avait maintenant le sentiment de ne jamais s'en être éloigné. Elle retrouvait le Daniel qui s'était éloigné d'elle, des mois en arrière. Cet état dans lequel elle venait de le voir restait malgré tout ancré en elle, mais Beth se plaisait à croire, sans doute avec une prétention incomparable, qu'elle pourrait être la clé à ses maux. En tout cas, elle ferait tout pour l'être. Elle prendrait soin de lui comme elle l'avait toujours fait, et comme elle comptait encore le faire avec son ou ses enfants quelques heures auparavant. Lui, de son côté, semblait reprendre son rôle de mari très à cœur, puisqu'il s'occupait d'elle avec une douceur inégalable. Pourtant, il fallait l'admettre, les plaies n'avaient rien de très glamour, ni même de très ragoûtant. Mais les mouvements circulaires que Daniel lui prodiguaient avaient le don d'atténuer ces sensations de brûlures douloureuses. De toute façon, même si elles lui faisaient un peu grincer des dents, il fallait bien admettre qu'elles n'étaient largement pas ce qui comptait le plus. La peau pouvait se régénérer, elle le ferait très bien toute seule. Son cœur, lui, sortait enfin d'une torpeur paralysante dans laquelle il s'était figé des mois plus tôt. Et ça, par contre, elle voulait le vivre avec lui. Cette régénération revigorante et revivifiante, elle comptait la vivre à chaque instant. Et ça commençait maintenant.
« Tu sais bien que pour moi, tu es la plus belle, et ce en toutes circonstances » se rattrapait-il par exemple avec un air réprobateur. Oui, c'était comme s'ils ne s'étaient jamais séparés. La scène semblait sortie d'une de leurs conversations antérieures. Beth se contenta de lui lancer un regard satisfait malgré l'agacement de son compagnon. C'était comme ça qu'il fallait parler à une femme, voyons. Bientôt, il fut à deux doigts de repeindre la salle de bain couleur dentifrice. Mais c'était pour la bonne cause, aussi, la brune ne lâcha pas un mot à ce sujet. En réalité, c'était sans doute la déclaration la plus inattendue qu'il avait pu lui faire, mais elle était loin de cracher dessus, au contraire. Elle en était d'autant plus touchée. Et, croyez-le ou non, mais ça faisait beaucoup d'émotions pour une seule soirée. Au final, elle comptait juste lui dire, autant de fois qu'il le faudrait, qu'elle l'aimait. Et qu'elle ne le laisserait pas penser une seule seconde qu'elle le quitterait pour un secret caché, quel qu'il soit. Plaquée dans son dos, Beth avait fermé les yeux quelques instants, juste pour savourer le moment et ces retrouvailles. Il lui avait manqué. Son sourire lui avait manqué, son parfum lui avait manqué, ses étreintes et sa douceur lui avaient manqué. Son amour lui avait manqué. Et elle souhaitait de tout son être ne plus jamais avoir à ressentir cette lacune béante qu'était le manque de lui. « Je sais... » répondit-il à sa piètre déclaration, pour le moins plate, bien qu'on ne peut plus sincère. Elle n'avait plus réellement la force d'élaborer des phrases évoluées et interminables pour en venir à un point. Ce point, présentement, était l'amour qu'elle lui portait. Elle aurait pu être poétique, attendrissante ou passionnée, peu importait, la conclusion serait toujours la même : elle l'aimait. Chaque pore de sa peau respirait l'amour qu'elle éprouvait pour lui. Niais et ridicule, dites-vous ? Alors, elle vous rétorquera que vous n'avez simplement pas encore eu la chance de tomber amoureux. Pour de vrai. Beth ne bougeait plus, trop occupée à profiter de la sérénité de l'instant pour bouger. Elle s’enivrait de son parfum et des battements de son cœur, qui raisonnaient dans sa cage thoracique. Il ne fallait pas beaucoup plus. C'était ça, le bonheur. Mais elle le savait, elle ne pouvait pas rester figée dans l'instant malgré ses envies. Alors, ses yeux avaient dépassé de l'épaule de Daniel pour jeter un coup d’œil dans le miroir. « Avoue, c'est une excuse pour t'en choisir une nouvelle paire... » répondit-il à sa demande, taquin. « Et puis, au pire, un mari n'a pas besoin d'excuse pour faire plaisir à sa femme. » Puisqu'elle était toujours cachée derrière la large épaule de son mari, seuls ses yeux trahirent son sourire. « Depuis quand j'aurais besoin d'excuses ? Non, j'ai vraiment besoin de remplacer cette paire si on retrouve pas la chaussure manquante... Question d'organisation de dressing, chéri. » Elle marqua une pause et ajouta : « Par contre, si tu veux me faire plaisir, y'a un sac Chloé qui me fait de l’œil. » Bref, Beth ne perdait pas le nord. En réalité, il était clair qu'elle pourrait largement se passer d'une paire d'escarpins. Mais juste pour le contredire, voyez-vous... Et juste parce qu'elle connaissait le langage Wilkerson depuis longtemps maintenant, et qu'elle avait parfaitement décrypté l'accord de Daniel pour lui offrir ces escarpins qui devaient valoir le PIB de la Belgique. Et à propos de shopping, ce n'était pas fini... Daniel semblait avoir eu la fièvre acheteuse. « J'ai fait quelques achats en prévision de Rome, en sortant du boulot... » Rome... Alors, il n'avait pas oublié ? Elle, avec tout ça, en avait oublié cette fameuse promesse. Et le retour de celle-ci ne faisait que renforcer cette sensation de reprendre sa vie là où elle l'avait laissée des mois auparavant. « Rome ? » répéta-t-elle bêtement, presque abasourdie par ce qu'elle venait d'entendre. « Je sais pas si t'as vu les sacs au pied du lit. Tu me l'aurais dit plus tôt, j'aurais pu passer te prendre pour qu'on fasse un saut chez Christian Louboutin en même temps. » Les sacs au pied du lit... ? En réalité, à moins qu'elle ne se soit pris les pieds dedans, elle était beaucoup trop perdue et fatiguée pour se rendre compte de quoi que ce soit d'inhabituel sur le sol de leur chambre. Elle aurait même loupé une mygale qui aurait trouvé la moquette asse douillette pour y élire domicile. « Crois-le ou non, mais j'ai encore quelques chaussures de côté, je sortirai pas pieds nus. Les remplaçantes peuvent attendre. » Elle était assaillie par ses émotions. Il... il se souvenait de Rome alors qu'elle-même en avait tout oublié. Ce n'était plus l'important, en réalité. Tout ce qui avait compté pour elle durant tous ces mois, ça avait été de le retrouver. Mais même maintenant que c'était fait, elle n'arrivait pas à s'imaginer que tout revienne à la normale si rapidement. Elle ne pouvait qu'en être émerveillée, mais elle en devenait dépassée. « T'as acheté quoi ? Des chapeaux de soleil ? Des lunettes ? Des guides ? Des euros ? »
Mais en réalité, tout cela lui importait peu. Ce soir, en tout cas, ça avait bien peu d'importance. Elle en était restée aux retrouvailles pures et brutes avec son mari. Et même si, au départ, elle lui demandé de l'aide pour une raison purement logistique, elle n'en devenait pas moins poussée à des pensées un brin voluptueuses. Le contact des mains de Daniel contre la peau de son dos n'y étaient peut-être pas pour rien, mais, quelles qu'en soient les raisons brutes, elle s'était retournée avec un drôle d'air. Parce qu'elle ne voulait rien brusquer, mais que ces envies-là étaient bel et bien présentes. Sans rien dire, elle avait donc fait un sort à ce qui recouvrait le torse de son époux. Ce n'est que lorsqu'il était à deux doigts de se retrouver à demi-nu qu'elle se sentit obligée de se justifier. C'est en jaugeant ses lèvres, qui s'étaient étirées malicieusement, que Beth réalisa qu'elle n'était peut-être finalement pas à côté de la plaque. « Ah c'est pour ça que tu me déshabilles, tu veux mettre une lessive ? Je suis déçu... » glissa-t-il. Beth ne put s'empêcher de répondre à son sourire. « Tu connais pourtant mon penchant pour les lessives de nuit... » Se détachant lentement de lui alors qu'il s'attaquait au reste de ses vêtements, elle ne put retenir un « Merci, je vois que tu es prêt à faire mon bonheur cette nuit... » des plus malicieux. Non, il ne s'agissait pas de lessive. Et si ça n'était pas clair jusqu'à présent, le baiser qui les lia pouvait maintenant en témoigner. Beth s'en délecta comme elle n'avait osé le faire avec aucun de ceux qu'ils avaient échangé ce soir. Cette fois-ci, c'était le réel baiser d'un époux qui aimait sa femme, de Daniel qui aimait Beth. Et c'était le plus cadeau qu'il pouvait lui faire. Doucement, la brune crocheta la nuque de son époux avant de doucement se perdre dans ses cheveux. La main qu'il posa sur son ventre la fit frissonner de bien-être. Depuis combien de temps ne l'avait-il plus touchée ? Elle avait perdu le compte de ces jours qui étaient devenus des semaines, et de ces semaines qui étaient devenues des mois. Le simple frôlement de sa peau contre la sienne semblait avoir un effet décuplé tant elle avait souhaité et espéré ce moment. Ses lèvres ne semblaient pas décidées à quitter celles de Daniel, néanmoins, elles finirent par s'en détacher à regrets. Pour qu'elle puisse le regarder de ses pupilles bleues, toucher ce visage qui lui avait tant manqué... et ce corps qu'elle connaissait pourtant par cœur. Tandis qu'une main semblait s'être immobilisée sur sa joue, l'autre se perdait doucement sur sa peau, avant de s'accrocher à l'élastique du dernier morceau du tissu qui le couvrait. Elle se mordit la lèvre, lascive, sans cesser de le regarder, avant de souffler : « la lessive n'est pas qu'une affaire de femmes, tu sais... Regarde, c'est simple... » Ses mains quittèrent le corps de Daniel pour se perdre derrière elle. Quelques instants plus tard, le soutien-gorge sautait et ses deux mains agrippaient à nouveau le sous-vêtement de Daniel pour le faire descendre, tandis qu'elle liait à nouveau leurs lèvres dans un baiser tendre. Peu importait ce voyage à Rome et ces escarpins Louboutin. Tout ce qui comptait, c'était lui, et elle comptait bien se prouver à elle-même que c'était réciproque.
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Sujet: Re: Love ain't fair so there you are... My love Mar 4 Nov 2014 - 23:35
TEACH ME TO MEET MY DESIRES WITH SOME GRACE
Depuis un certain temps maintenant, la vie avait été un combat de tous les instants, mais cette soirée prouvait, finalement, que, si l'on le décidait, tout pouvait devenir d'une simplicité enfantine. Il avait suffit que je prenne conscience de la chance que j'avais d'avoir une femme si fantastique à mes côtés pour écarter tous mes doutes momentanés. Alors, oui, il m'arriverait sûrement encore de perdre pied en pensant à ce que ma vie aurait pu être si j'étais resté avec Joshua. Oui, certains soirs où son souvenir et celui de notre relation idyllique se raviveraient de nouveau à ma mémoire seraient plus compliqués que d'autres. Oui, mon coeur se mettrait toujours à battre la chamade rien que de penser l'apercevoir au détour d'une rue ou de croire entendre sa voix. Enfin, oui, parfois, il m'arriverait de fermer les yeux et d'imaginer ce qu'aurait été notre vie si je n'avais pas choisi Beth, et une certaine nostalgie me prendrait... Mais cette souffrance n'était pas une fatalité, tout simplement parce que j'avais une femme incroyable, aimante, belle, et que cela aurait dû être suffisant. Il avait fallu une franche dispute et des sentiments contradictoires pour me rappeler à l'ordre, mais maintenant que j'en avais conscience de nouveau, je ne comptais plus l'oublier. Je ne devais plus l'oublier. Jamais.
La crise passée et plusieurs vérités avouées, je pouvais enfin me dévouer de nouveau à mon devoir de mari exemplaire et aimant sans plus me sentir étranger à ce rôle que je n'avais plus su incarner depuis belle lurette. L'évocation par Beth de fonder une famille m'avait bien plus ébranlé que je n'avais voulu l'admettre, et immédiatement, j'avais cherché un plan de secours pour ne pas me confronter à cette question. Pour l'éloigner de l'esprit de Beth, également. Beth aurait fait une mère formidable, je n'en doutais pas, mais de mon côté, je ne me sentais pas... Disons, fait pour ça. Ce n'était pourtant pas quelque chose que je n'avais jamais envisagé, la famille étant une valeur importance chez les Wilkerson, mais je ne m'étais jamais projeté en tant que père. Je n'avais jamais pu. Certaines personnes n'étaient simplement pas faîtes pour ça, il fallait croire... En tous cas, c'était la conclusion à laquelle j'étais arrivé, et après laquelle je n'y avais plus jamais repensé, préférant occuper mon esprit à d'autres préoccupations, comme la planification d'un voyage à Rome en amoureux, par exemple. Chose prévue des mois plus tôt que Beth avait, visiblement, complètement oublié. « Rome ? »« Mais oui, tu sais bien, la capitale de ce pays en forme de botte là, où on mange que de la pizza et des pâtes... » avais-je rétorqué, taquin, face à son incrédulité. Sa remarque ne la fit par rire. Elle semblait... bouleversée. Elle s'intéressa tout de même au contenu des sacs que j'avais mentionné, non sans avoir les yeux qui brillent, et je lui répondis d'un simple sourire énigmatique. J'avais été quelque peu "perturbé" dans mes achats, il fallait dire, et n'était plus très sûr de ce que j'avais acheté ou non aussi jouais-je la carte du mystère... Et elle ne s'en formalisa guère puisqu'elle détourna la conversation pour l'attirer vers un terrain plus... Sulfureux. Où, bientôt, parler ne serait plus tellement nécessaire...
Même si, pour l'instant, nous en étions encore aux faux semblants et aux sous-entendus, malgré un rapprochement physique évident. Nos lèvres s'étaient trouvées avec douceur, rappelant à nos sens des sensations oubliées. Cela n'avait rien à voir avec le baiser précédent, c'était... Tendre. Tout simplement emprunt d'affection, et non de précipitation. Un peu comme un premier vrai baiser, de ceux où l'on cherche à apprivoiser l'autre. C'était un peu ce qui se produisait à cet instant : chacun se redécouvrait, après des mois d'attente, à ne plus réellement faire attention à l'autre, à laisser la distance s'installer, imperceptiblement tout d'abord, puis de façon visible, et durable. Jusqu'à ce que nous ne nous voyions même plus. Le soir, lorsque je rentrais, Beth était déjà couchée, et lorsque je me levai, elle était souvent déjà partie. La seule communication vraiment suivie que nous avions eue avait été par post-it interposés, souvent laissés sur le frigo, et la marque d'affection la plus probante que nous nous étions échangés avait été de petits coeurs dessinés sur le papier pour elle, et de simples "xxx" pour moi. Entre ces longs mois d'absence et le moment présent, il y avait donc un fossé, que ni l'un ni l'autre n'avions hésité à franchir. A présent, les mains tâtonnaient, les yeux se cherchaient, les corps se rapprochaient... Nous retrouvions notre symbiose passée, sans se précipiter. « la lessive n'est pas qu'une affaire de femmes, tu sais... Regarde, c'est simple... » m'intima-t-elle finalement, joueuse, tout en retirant son soutien-gorge. « Je ne te lâche pas des yeux... » répondis-je simplement dans un murmure, liant le geste à la parole, mon regard glissant sur son corps parfait, non sans ressentir une certaine fierté que cette femme là, à demi-nue devant moi, me fixant d'un regard de braise, m'appartienne. Je ne pus retenir un sourire satisfait. De nouveau, ses lèvres retrouvèrent les miennes, et je la laissais venir, sans rien presser. Je pouvais lire dans chaque mouvement de Beth combien elle me désirait, mais je ne comptais pas faire ça n'importe comment, à la "vite fait bien fait"... Je comptais bien faire ça bien - et j'ai presque envie de dire "avec doigté" mais on va m'accuser de dire des trucs sales, après, hein, bon *out* - et surtout, prendre tout mon temps. Toute la nuit, s'il le fallait.
Yeux clos, mes mains parcouraient son dos jusqu'à descendre au niveau du dernier morceau de tissu qui nous séparait encore, dernière barrière entre nos deux peaux. Mais je ne le lui retirai pas tout de suite. Je n'étais pas si impatient. Mes doigts glissèrent simplement à l'intérieur, mes paupières se soulevant légèrement pour que je puisse observer l'effet de mes caresses. Du même temps, ma bouche glissa dans le creux de son cou, où elle s'attarda un instant avant de remonter pour dispenser de petits baisers le long de l'arête de son menton, et de nouveau retrouver sa bouche. Puis, je descendis, ma langue passant la barrière de mes lèvres pour venir chatouiller sa poitrine découverte, offerte. Du même temps, j'accentuai la pression de mes doigts, sans toutefois me faire plus pressant. Plus que la faire mienne et la posséder, je voulais la voir se consumer de plaisir pour moi, cliché le plus pur de mon égo typiquement masculin. A cet instant, je voulais seulement sentir son corps s'embraser, et ce, quitte à embrasser chaque parcelle de sa peau, s'il le fallait... C'était aussi simple que ça. Ce n'était clairement pas entièrement désintéressé, mais il n'était pourtant pas question de moi, à cet instant, mais seulement d'elle. Et surtout, de ce qu'elle voulait. Et ce qu'elle voulait, il ne fallait pas être bien perspicace pour le deviner : c'était moi, et tout ce que je représentais. L'amour, le désir... Le plaisir, aussi. Et, croyez-le bien, j'étais entièrement disposé à lui donner exactement ce qu'elle voulait... Et plus encore, même. Je la contemplai un instant, guettant ses réactions avec un sourire en coin, lèvre inférieure coincée entre mes dents. Je devais avouer me délecter de ce moment à peu près autant qu'elle, appréciant l'impact que j'avais sur elle, et de savoir que j'étais la cause de ses soupirs. Je continuais jusqu'à ce qu'elle ne puisse quasiment plus respirer puis, beau joueur, je retirai ma main pour venir retrouver ses hanches. Tout en m'éprenant de nouveau de ses lèvres, je fis passer mes mains sous ses cuisses pour, ensuite, la soulever, et, dans le même mouvement, la porter jusqu'au lit où je la déposai, délicatement, rompant momentanément la connexion de nos lèvres. J'utilisai ce moment pour, enfin, retirer le dernier obstacle entre nos corps, le tout avec lenteur, laissant le tissu glisser tranquillement le long de ses jambes que mes doigts caressèrent dans la manœuvre. Puis, après l'avoir envoyé quelque part dans la pièce, mes mains firent le chemin inverse, et je la surplombai de nouveau, ancrant mon regard dans le sien. Il ne me semblait pas avoir déjà vu cette culotte, tiens... « Nouvelle lingerie ? » demandai-je après un bref temps d'arrêt, sans pour autant cesser de caresser sa peau, avant de rajouter : « Très mignonne en tout cas, j'aime bien... Même si j'aime autant quand tu ne l'as plus. » Sourire graveleux, suivi d'un nouveau baiser, plus appuyé, cette fois. Adieu l'homme respectable, bonjour l'homme tout court, et tout ce que cela pouvait bien représenter...
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Sujet: Re: Love ain't fair so there you are... My love Mer 5 Nov 2014 - 4:03
En temps normal, Beth Wilkerson était une digne adepte de shopping et de dépenses. Elle connaissait tout aux dernières sorties, qu'il s'agisse de la mode la plus fine à la technologie la plus poussée. Les réductions lui importaient peu, et elle n'était pas le genre de femmes que l'on pouvait qualifier de shoppeuse raisonnable. Depuis qu'elle avait plus d'argent qu'elle ne pouvait en compter, elle se faisait plaisir sans se soumettre une seule seconde à une quelconque mauvaise conscience. Elle n'en était pas pour autant compulsive au point d'acheter les trucs les plus loufoques et inutiles au monde, mais elle ne boudait jamais son plaisir devant un potentiel achat, ni même son bonheur lorsqu'elle lâchait tous ses sacs une fois rentrée à la maison, juste avant de les déballer un à un. Alors oui, on pouvait dire que Beth avait un côté matérialiste, mais elle n'en perdait pas de vue ce qui avait toujours compté pour elle : l'amour. Qu'il soit familial, amical ou purement amoureux, ce sentiment avait toujours tenu une part spéciale dans sa vie, et ce n'était pas maintenant que ça allait changer, même sous l'appât de quelques sacs qui lui réservaient sans doute des surprises agréables. Non, à cet instant précis, elle se contrefoutait totalement du butin de Daniel. C'était lui qui comptait, et ni personne, ni rien d'autre. Si elle avait été amenée à y penser une seule seconde, Beth se serait demandée comment elle avait pu tenir si longtemps dans un état pitoyable de survie, sans lui à ses côtés. A l'heure actuelle, elle ne s'imaginait à nouveau plus vivre une seule journée en sachant que si elle avait de la chance, elle ne le croiserait que brièvement dans la soirée. Maintenant, ce temps-là semblait bel et bien révolu, comme s'il n'avait jamais existé. Il semblait même appartenir à une vie antérieure tant Beth vivait l'instant présent, insouciante, laissant de côté tous ces mauvais souvenirs. « Mais oui, tu sais bien, la capitale de ce pays en forme de botte là, où on mange que de la pizza et des pâtes... » la taquinait d'ailleurs Daniel, comme si leur complicité n'avait jamais été interrompue. Beth, elle, revenait peu à peu à cette nouvelle réalité, celle dans laquelle leurs projets existaient encore et le sourire de son mari reprenait vie. « Oui, je vois... le pays de Pucci, Gucci et Ricci... » avança-t-elle avec l'accent italien le plus travaillé, juste pour accentuer cette consonance redondante qu'elle avait volontairement mise en avant d'un air innocent. Oui, elle voyait très bien Rome et l'Italie. Son rêve, le rêve qu'il avait décidé de lui offrir à cette époque qui semblait appartenir à la fois à présent palpable et un passé lointain. Ces achats qu'il avait fait, donc ? Peu importait. C'était sur lui que s'était portée toute son attention. Leurs lèvres s'étaient délicatement cherchées pour se lier en un baiser d'une tendresse qui défiait les films les plus romantiques. De toute façon, Beth n'avait plus besoin de contes, d'idéaux, de rêves et de fantasmes. Tout ça, c'était sa réalité depuis qu'elle avait pris le nom Wilkerson. Et c'était sans doute maintenant que cette réalité avait la signification la plus forte et l'impact le plus important. Et ce baiser semblait éclipser ceux qu'ils avaient échangés ce soir, sans doute avec moins de conviction et plus d'amertume. Celui-ci était comme un premier baiser, ampli de toute cette tendresse qui caractérisait le couple. Tout ce qui s'était peu à peu brisé au fil des mois semblait revenir doucement, avec une certaine candeur, celle de deux êtres qui se redécouvraient doucement sous les caresses. Alors qu'elle dévoilait sa poitrine, lui répondait sur le même ton joueur qu'elle. « Je ne te lâche pas des yeux... » Elle eut un demi-sourire mais ne répondit rien. Il la regardait... Il la regardait à nouveau. Et ce simple regard la fit tressaillir. Ils se redécouvraient peu à peu, et pourtant, ils se connaissaient déjà par cœur. Une contradiction qui ne semblait pas les émouvoir ou les freiner dans leurs gestes et leurs envies, au contraire... Beth y trouvait là comme un regain d'énergie, une audace et une hardeur dont elle n'aurait pu soupçonné l'existence plus tôt dans la soirée. Elle retrouvait Daniel, ce soir, mais elle se retrouvait aussi elle. Elle se redécouvrait une force et une envie d'être elle, désirable et désirée, aimante et aimée.
Beth faisait les choses doucement, presque délicatement, redécouvrant peu à peu son partenaire, presque apeurée de se brusquer autant que de le brusquer lui. Elle voulait être irréprochable. Elle voulait lui dévoiler toute cette tendresse, cet amour et cette ardeur, ce besoin qu'elle avait de lui, et cette envie, aussi... Elle voulait lui révéler tout ce manque dont elle se défaisait maintenant... Et, alors que l'exaltation des baisers retenait leurs lèvres prisonnières, la main de Daniel avait frôlé son dernier sous-vêtement... et s'était immiscée sous le tissu pour y faire son oeuvre avec cette aisance de celui qui savait combler sa femme depuis des années. Malgré elle, ses lèvres se séparèrent doucement de celles de son époux et amant, juste pour pouvoir respirer malgré le rythme saccadé que prenait son souffle. Les yeux toujours fermés, elle tendit le cou pour y accueillir les lèvres Daniel, qui glissèrent jusqu'à son visage. Doucement, elle ouvrit les paupières et se mordit les lèvres sous la pression des caresses, qui se faisaient de plus en plus appuyées. Elle sentait le sang affluer et la dévorer. Son cœur s'était emballé, partant dans une course infernale qui semblait loin d'être physiologique. Bientôt, elle croisa le regard de Daniel, qui la regardait avec un sourire qui amplifia encore, si c'était possible, ses sensations. Elle s'était accrochée à une de ses épaules, la resserrant bien malgré elle. Le plaisir allait crescendo, et la perte de contrôle sur son état la fit attraper de son autre main et par réflexe le rebord du plan de toilette, à sa gauche. Une chose était sûre, et sans mauvais jeu de mot, Daniel n'avait pas perdu la main. Mais cette main finit par rejoindre sa hanche, tandis qu'il les unissait d'un nouveau baiser. Reprenant son souffle avec difficulté, Beth n'arrivait pourtant pas à se calmer. Un instant plus tard, il la soulevait pour rejoindre la chambre. Elle avait tout lâché pour à nouveau encadrer le visage de Dan de ses mains dont les brûlures importaient à présent peu. Maintenant allongée sur le lit, elle souleva son bassin pour l'aider dans la tâche à laquelle il s'attelait maintenant avec un douceur infinie. « Nouvelle lingerie ? » demanda-t-il alors que son visage était penché à quelques centimètres au-dessus du sien. Son index se posa sous son menton et, avec un sourire en coin, elle répondit : « C'est mon amant qui me l'a offerte... » Ouais, son amant, c'est ça. Elle n'avait qu'un seul amant, c'était son mari. Et, puisqu'elle n'en avait pas eu ces derniers mois, il était en effet fort probable qu'elle se soit perdue dans des rayons lingerie... Mais elle ne parlera qu'en présence de son avocat. Ah bah tiens, quand on parle du ... loup ? « Très mignonne en tout cas, j'aime bien... Même si j'aime autant quand tu ne l'as plus. » Beth ne perdait pas son sourire aguicheur. Ses mains, quant à elles, se perdaient à présent sur le corps de Daniel, et l'une d'elle s'arrêta au niveau de la ceinture. Sans briser leur regard, elle répondit : « Pourtant, tu t'es très bien débrouillé avec... » Elle se mordit la lèvre un instant, mais il brisa ces quelques centimètres qui séparaient leurs visages dans un baiser plus pressant que les précédents. Les jambes relevées, encadrant le corps de Daniel, Beth passa une main dans les cheveux du brun, qui descendit dans son cou, son dos... tandis que l'autre, vengeuse, cherchait à lui infliger ce même type de sensations que celles qu'elle venait de vivre. Contre sa poitrine, elle pouvait sentir le cœur de Dan s'affoler à son tour, et le sien se mit à battre en écho. Elle ne comptait pas le laisser être le plus adroit des deux, même s'il se débrouillait... plutôt très bien. Non, elle voulait à nouveau lire dans son regard tout ce qu'il avait du lire dans le sien quelques instants plus tôt, tout ce qu'elle n'avait pas su maîtriser tant les sensations l'avait submergée. Oui, elle voulait lui communiquer toute cette passion qui l'animait maintenant, et tout cet amour attisé par leurs retrouvailles.