HUNTINGTON BEACH ™
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 'Cause tonight I'll be staying here with you •• ALEXIS&DUSTIN

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MessageSujet: 'Cause tonight I'll be staying here with you •• ALEXIS&DUSTIN   'Cause tonight I'll be staying here with you •• ALEXIS&DUSTIN EmptyJeu 13 Fév 2014 - 0:03


Quelques pas en arrière, les bras croisés sur sa poitrine, et un léger souffle qui s'échappe d'entre ses lèvres comme l'expression d'un soulagement. Il sourit. Debout face à la toile qu'il vient d'achever, Dustin l'observe dans les moindres détails. Chaque centimètres de ce tableau qu'il a peint avec précision et passion, comme toujours. Ce n'était pas tout à fait ce qu'il avait imaginé en le commençant, pas tout à fait le résultat qu'il avait cherché à obtenir, mais c'était quand même très bien à son goût et finalement, ça n'aurait pas pu être autrement. C'était parfait. Il ne faisait pas parti de ces artistes incapables d'apprécier leur propre travail, au contraire, il était doué et il en était surtout conscient. Ça n'avait rien à voir avec une quelconque arrogance de sa part, mais pourquoi aurait-il dû dire qu'il trouvait ça moche ou mauvais si son opinion était en fait toute autre? Il n'y avait pas de mal à être fier de son propre travail, de sa réussite non plus, si? Peu importe, il s'en foutait royalement de ce que pouvait penser le reste du monde. Cette nouvelle peinture qui lui avait tout de même pris un mois à achever correspondait à ce qu'il avait envie de dégager à travers son art et elle se glisserait parfaitement sur les murs de sa galerie au milieu du reste de ses oeuvres. Il resta encore quelques instants à la contempler, un très léger sourire dessiné sur les lèvres. Au dehors, il faisait déjà nuit. Il n'avait pas vu l'heure passer mais sans doute était-il déjà vingt trois heures ou minuit. Dustin ne ressentait pas la fatigue, surtout pas lorsqu'il travaillait. Il pouvait passer des jours entiers sans dormir, ça n'avait jamais été un problème. La nuit était bien le moment de la journée qu'il préférait, et s'il pouvait vivre dans une endroit où il fait noir tout le temps, il en serait sans doute ravi. Techniquement, il pouvait, mais Huntington Beach c'était chez lui et ça l'avait toujours été. Il était depuis de nombreuses années déchiré entre l'envie de partir et celle de rester. Il y avait tant de choses à voir et à faire ailleurs, il le savait, mais c'était en Californie qu'il avait toujours vécu et étrangement ça signifiait quelque chose pour lui. Il n'était pas très sentimental sur les autres sujets mais celui-ci, il n'en démordait pas. Partir, mais pour aller où? Le monde est bien trop vaste, il ne saurait pas où donner de la tête. Au moins à Huntington il arrivait encore à se concentrer sur des choses bien précises. S'il partait, arriverait-il encore à peindre? Quand on est occupé à découvrir le monde, trouve-t-on encore le temps de faire autre chose? Il n'en était pas sûr et ça l'effrayait plus qu'autre chose parce que tout ça c'était sa vie. Tout ce qu'il avait. Il n'en demandait donc pas plus, pas moins.

L'eau se mit à couler sur ses mains tandis qu'il frottait énergiquement pour faire partir les tâches de peinture sur ses doigts. Un miroir placé au dessus de l'évier lui permit de se faire face un instant. Il avait les yeux grands ouverts, c'était même un peu effrayant, une barbe de trois ou quatre jours qu'il hésitait encore à laisser pousser, et des cheveux en bataille qu'il n'avait pas pris la peine ni de laver, ni de coiffer depuis au moins autant de temps qu'il ne s'était pas rasé. Qu'est-ce que ça pouvait faire? Il n'était pratiquement pas sorti de son atelier de la semaine, hormis pour aller s'acheter ses paquets de cigarettes qu'il avait fumé à une allure impressionnante, même pour lui. Ça lui avait d'ailleurs donné une idée pour une future expo', alors il avait conservé ses mégots dans un coin histoire de pouvoir les recycler prochainement. Il avait au moins l'impression de ne pas trop jeter l'argent par les fenêtre, parce qu'il avait beau être riche, il vivait comme un pauvre la plupart du temps. Du moins, il avait l'allure du parfait mec fauché. Ce soir, il avait envie d'un verre. Après s'être rapidement débarbouillé à l'aide d'un coup d'eau fraiche sur la gueule, il avait retiré sa chemise couverte de peinture elle aussi et avait enfilé un t-shirt en coton blanc qui trainait dans une pile d'affaire qu'il gardait dans un coin de son atelier. Son jean ferait l'affaire. Il alluma une clope tout en rangeant un peu son bordel. Enfin, ranger, c'est un bien grand mot! Il se contentait de déplacer les choses mais pas vraiment de les réorganiser, ça restait un vrai foutoir. Mais c'était son foutoir et ça lui allait parfaitement.

Dustin avait attrapé une veste au passage avant de s'emparer de ses clés pour fermer la boutique. Show's over, motherfuckers! Pour ce soir en tous cas. La rue était déserte, les mains dans les poches il déambula le long d'une série de magasins clos pour aller récupérer sa voiture. Elle sentait l'alcool, les cigarettes et… un autre genre de cigarette dirons-nous. Il adorait le mélange de ces odeurs, c'était comme sentir un petit bout de paradis comme il le disait souvent. Il prit d'ailleurs une profonde inspiration. Putain, ouais. Il se serait bien fait un petit joint là tout de suite, mais il était à court et il ne serait pas renfloué avant demain. Tant pis. Quoi qu'il trouverait peut-être quelqu'un pour le dépanner ce soir. Où allait-il aller finir la nuit de toute façon? Le Wildjam? Hum… Non. Ça ferme trop tôt. L'ambiance est cool mais être prié de déguerpir à une heure du mat' c'est pas comme s'il avait passé l'âge d'avoir un couvre-feu. Bien sûr il pouvait toujours se rendre ailleurs après, mais il était d'humeur flemmarde, alors passer d'un bar à un autre, très peu pour lui. Quel jour était-ce déjà? Vendredi? Le diamond's ce n'était même pas la peine. Le weekend c'est pire qu'une boite de sardines… Désolé, se frotter les arrêtes avec des inconnus c'est pas trop son truc. *Ah! qu'est-ce qu'on est serrés au fond de cette boite! Chantent les sardines, chantent les sardines! Ah! qu'est-ce qu'on est serrés au fond de cette boite! Chantent les sardines entre l'huile et les aromates* Chanson de merde. Trop kitch à son goût. Le Pim's alors? Il prit une minute pour réfléchir. Principalement pour décider s'il avait envie de se rincer l'oeil ce soir ou pas. Clairement la réponse était évidente. Elle l'était toujours. Mais il pouvait de temps en temps faire semblant de ne pas être un obsédé. Quoi qu'un véritable obsédé passerait sa vie au Penthouse, or ce n'était pas du tout son cas. Le Pim's lui allait très bien.

La route jusque là-bas n'était pas longue. Il n'y avait pas mis les pieds depuis quelques temps en fait, et il cherchait une raison valable à cela mais rien ne lui vint vraiment à l'esprit. Dustin avait simplement été très occupé à peindre, sculpter et il allait principalement à des soirées privées qui plus est. Les petites serveuses qui montent sur le bar pour se déhancher lui avaient manqué cela dit. Il fallait bien l'avouer. Sa gorge se faisait sèche alors qu'il songeait à la boisson qui se trouverait très bientôt entre ses mains. Il commencerait peut-être par des shot de vodka, et puis il passerait à autre chose après. Ou alors il prendrait un truc avec du rhum parce que le rhum c'est la vie. Enfin bon, il aurait le choix. Ça dépendait surtout d'à quel point il avait envie de se mettre la tête à l'envers. Ça non plus il n'avait pas encore décidé mais il devait bien célébrer le nouveau tableau qu'il avait achevé, comme à chaque fois. Il avait fini par couper le moteur de sa voiture, et à la quitter pour rejoindre le bar. Un videur à l'entrée le salua rapidement avant de le laisser passer la porte. Il était quand même considéré comme un habitué des lieux même s'il ne s'y était pas montré depuis longtemps. Si c'était pas la classe ça! Il y avait du monde, mais ça allait encore. Scrutant la salle des yeux, il cherchait un endroit où il pourrait s'asseoir sans être trop dérangé. Il y avait bien une place là-bas, dans un coin sombre en plus, tout ce qu'il aimait. L'air renfrogné, il traversa l'endroit sans lever les yeux, de peur surtout de croiser quelqu'un de sa connaissance. Il était encore submergé par l'émotion artistique qu'il avait tiré de son tableau et dans ces cas-là l'envie de papoter avec qui que ce soit n'était pas franchement au rendez-vous. Boire, c'était tout ce qu'il voulait. il balança sa veste contre le fauteuil avant d'y poser son cul lourdement. Il n'aurait qu'à intercepter la première coyote girl qui passerait par-là. Les coudes posés sur la table devant lui, il se frotta le visage avant de remonter jusqu'à ses cheveux bouclés. Il y avait beau avoir du monde autour de lui, l'impression d'être seul au monde avait frappé à sa porte. Ce soir c'était juste "me, myself and I" et rien n'aurait pu lui faire plus plaisir.
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MessageSujet: Re: 'Cause tonight I'll be staying here with you •• ALEXIS&DUSTIN   'Cause tonight I'll be staying here with you •• ALEXIS&DUSTIN EmptyJeu 13 Fév 2014 - 1:47


Dustin W. Kennedy & Alexis Fackrell

Please wear the face, the one where you smile, because you lighten up my heart when I start to cry.


Si votre passé définissait tout de votre présent, jusqu'à l'avenir, que feriez-vous ? Auriez-vous la force de le laisser de côté une bonne fois pour toutes pour aller de l'avant ? Tenteriez-vous de l'oublier et de le combattre pour accéder à cette promesse d'une meilleure vie ? Alexis, elle, n'avait pas vraiment le choix. Il ne lui avait pas été donné, et peut-être même qu'il ne lui avait jamais été donné. Peut-être que cette période qu'elle avait considérée comme la plus douce de sa vie n'était qu'une parenthèse, comme un mirage pour lui rappeler que chaque instant était un combat, que la vie était une lutte perpétuelle contre des pensées et des cauchemars qui vous réveillaient au milieu de la nuit, vous faisaient trembler et transpirer, dans un état fiévreux. Elle n'avait que vingt quatre ans, mais l'impression d'avoir vécu toute une vie déjà. Elle se sentait vieille, fatiguée et même éreintée, mais elle continuait d'avancer, elle ne savait pas trop pourquoi. Elle luttait pour ne plus avoir à affronter ces vieux démons, mais c'était eux qui venaient la chercher, s’immisçant dans chacune de ses pensées avec une fourberie à en faire pâlir Scapin. Elle devait s'occuper avec autre chose, à chaque moment, mais le seul poste qui lui avait été accessible après un tel passé, c'était ici, dans cet établissement peut-être glauque pour certains, signe d'un nouveau départ pour elle. L'ambiance était particulière, et nul doute qu'elle préférait y travailler en journée, mais encore une fois, elle n'avait pas le choix. Elle préférait sortir, voir du monde, quitte à devoir tester chaque jour ses forces face à la cocaïne ou autres pétards. La clope, voilà tout ce qu'elle s'autorisait. Et elle ne se l'autorisait pas à moitié : elle s'y accrochait comme à une bouée de sauvetage, dépensant chaque semaine un nombre conséquent de dollars dans ces conneries. Elle fumait chez elle; ses parents n'osaient plus lui en imposer trop. Ils préféraient sentir l'odeur de la clope dans sa chambre que d'autres parfums. Elle fumait dehors, aussi. Dans son quartier, trainant comme une âme en peine, réfléchissant à tout et à rien, se torturant, se demandant encore et encore si elle tiendrait, combien de temps, ce qu'elle ferait de sa vie et qui pouvait vouloir d'une telle amie, d'une telle copine. Elle était seule, tout le temps. Elle se sentait incomprise, et c'était peut-être et même probablement égoïste de se part de ressentir une telle injustice avec les mentors qui étaient les siens. Elle allait parler à des réunions, parfois, mais ça ne suffisait pas. Elle était trop endommagée. Cassée et irréparable, se disait-elle constamment. Personne ne pouvait décemment croire qu'elle tiendrait. Elle-même n'y croyait pas. Parce que le manque physique était toujours là, que la tentation trainait toujours dans les parages, que ce soit sous la forme d'un groupe de jeunes qui trainait dans un parc de son quartier ou derrière le Pim's, ou certaines serveuses consommaient d'autres choses qu'elle, encore et toujours suspendue à ses cigarettes. Elle allait se choper un cancer du poumon, se disait-elle parfois avant de se demander pourquoi elle réfléchissait à ses choses-là. L'avenir, c'était pour elle. Ce n'était pas ces peurs-là qui étaient siennes. Elle, elle avait tout le reste pour avoir peur. Le passé, son manque, sa solitude. Pas la maladie, pas la mort. Elle se demandait aussi parfois si elle préférait mourir d'un cancer ou d'une overdose, et elle se disait que l'un valait l'autre, se surprenant même à penser que l'overdose serait synonyme d'une vie plus facile, sans crainte et sans restrictions, avec ce bonheur, peut-être, qu'elle avait connu autrefois. Rire lui manquait, les bras et la peau de Nolan lui manquaient. Le sourire de Dustin lui manquait.

Ils lui manquaient. Sa vie d'avant lui manquait, et elle se demandait encore parfois ce qui lui avait pris de souhaiter meilleur. Était-ce réellement sa conception d'une vie meilleure ? Elle était seule, malheureuse, amère et en colère, était-ce vraiment comme ça qu'on remontait la pente ? Elle était rejetée, regardée de travers par les femmes propres sur elles, correctes et bien mariées qui la voyaient entrer en début de shift au Pim's. Elle était jugée par les hommes, qui se rinçaient l'oeil sans gêne lorsqu'elle devait se dénuder mais se demandaient ce qui avait cloché dans sa vie pour qu'elle en arrive là. Elle était jugée de tous les côtés, mais c'était peut-être encore ce qui lui faisait le moins mal. Et c'est sur cette pensée qu'elle jeta sa cigarette à terre, derrière le Pim's, l'écrasant de la plante de son pieds, le talon surélevé à hauteur vertigineuse. Ce soir-là, elle était de nuit. Et c'était maintenant dans une tenue bien légère qu'elle servait les clients, le visage figé dans un sourire forcé. La salle n'était pas encore comble et, en réalité, Alex y prêtait peu attention. Elle ne savait même pas quelle heure il était, l'atmosphère du bar lui donnait l'impression d'être dans un monde où le temps était relatif, presque inexistant. Une collègue lui avait posé plusieurs verres sur un plateau, lui expliquant quel verre était destiné à quel client, puis elle avait le tour des tables, distribuant les boissons avec un sourire jovial. Elle ignora les remarques sur son décolleté, moins fourni que celui d'autres serveuses présentes, et passa son chemin, traçant sa route droit vers la table suivant, tenant son plateau à bout de bras. Elle manqua de heurter un client qui venait de rentrer, pressé, et étouffa un « Et les clients sont rois, putain... », freinée dans son élan en retenant les boissons dans un mouvement de poignet qui atténua la brusquerie de son arrêt. Elle jeta un regard noir à la silhouette sombre qui s'éloignait, avant de retrouver un sourire des plus faux, destiné au client suivant. Elle se remit à marcher pour rejoindre la table et servir les deux verres commandés. « Voilà pour vous... » sourit-elle avant de poser les verres, ignorant les rires gras des deux hommes, visiblement sortis d'un film de mafia. « Il y a autant de seins qu'il y a d'hommes sur cette terre ! Il en faut pour tous les goûts... ! ». Retenant ses ardeurs, Alex releva le regard vers lui, s'accrochant au verre qu'elle venait de poser en se retenant de lui en lancer le contenu à la figure. Une serveuse passa de l'autre côté de la table, dans le dos des deux hommes, l'intimant du regard à se calmer. Elle lâcha le verre et reprit le plateau vide par la tranche en se retournant. « Il y a autant de paires de seins qu'il y a de femmes, ouais, pas besoin d'avoir fait dix ans d'études pour trouver ça plus logique, connard... » bougonnait-elle avant de s'arrêter devant une table toute proche de celle qu'elle venait de servir, dans un coin sombre, où un homme était tassé sans grande conviction. Pas de boisson sur la table, c'était à elle de jouer... Elle pause la paume de ses mains sur le bois de la table pour mettre en avant ses atouts et demanda avec un sourire : « Vous savez, si vous êtes gay et que vous êtes venu ici pour faire croire l'inverse à je ne sais trop qui, vous feriez mieux d'oser lever la tête vers moi, juste pour réellement convaincre votre public... » Elle avait laissé de côté l'épisode de presque carambolage qui avait failli lui coûter deux boissons. De ce qu'elle voyait, l'homme était barbu et elle se demanda un instant à quel genre de client elle pouvait bien avoir à faire. « Vous savez, même si vous aimez pas les femmes, faut savoir que nos strings cachent pas des monstres... » continuait-elle de plaisanter, entendant derrière elle le rire gras des deux autres, qui s'étaient peut-être pris aux fesses d'une autre service ou continuaient de commenter sa poitrine, qui sait... « Qu'est-ce que je vous sers ? » demanda-t-elle finalement tandis qu'un déclic se faisait dans son esprit. La lumière avait changé, peut-être, ou il avait bougé le visage, elle ne savait pas trop... Mais elle sentait le sol s'effondrer sous ses pieds, et elle entendit à peine le plateau qu'elle venait de lâcher tomber par terre. Elle restait immobile, ridicule, envahie par un élan de timidité et de bonheur, comme si une bouffée d'oxygène venait de forcer le passage vers ses poumons. Une boule s'était créée au creux de son ventre, et ses yeux bleutés le fixaient sans qu'elle ne puisse plus rien dire. Quelles retrouvailles...
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MessageSujet: Re: 'Cause tonight I'll be staying here with you •• ALEXIS&DUSTIN   'Cause tonight I'll be staying here with you •• ALEXIS&DUSTIN EmptySam 15 Fév 2014 - 2:30


Il n'avait pas encore relevé la tête lorsqu'une voix vint l'interpeler. D'ordinaire, il se serait redressé immédiatement, parce qu'il n'était pas venu au Pim's pour garder les yeux rivés sur la table, et Dustin n'était certainement pas du genre à ignorer une jeune femme, peu importe ce dont elle avait l'air, son âge ou son prénom. Mais cette voix lui était familière et si ça n'avait pas fait tilt dans sa tête à la seconde même où elle s'était adressée à lui, il ne lui avait pas fallu plus de deux ou trois phrases supplémentaires pour l'associer à un visage. Et quel visage! Il aurait dû la reconnaitre entre mile. Cette voix-là, il l'avait entendu à de si nombreuses reprises qu'il lui était impossible à présent de relever la tête. Elle continuait de parler mais son coeur à lui s'était arrêté. Alexis. Alexis Flackrell. Ils ne s'étaient pas vu depuis des mois et des mois, depuis trop longtemps à vrai dire. Il n'avait même pas eu de nouvelles depuis qu'elle avait soudainement disparu et malgré tout il ne lui en voulait pas mais il était heureux. Il osait pourtant à peine y croire et sans doute était-ce la raison pour laquelle il craignait de relever les yeux vers la jeune femme. Et si ce n'était que le fruit de son imagination? S'il s'était trompé? Il ne pourrait sans doute pas supporter la déception. Ce serait un autre soir à noyer son chagrin et sa solitude surtout dans un fond d'alcool. Il faudrait aussi qu'il trouve quelqu'un pour le dépanner d'une dose. À ce niveau-là il aurait besoin de beaucoup plus qu'un joint ceci dit. Il n'avait jeté qu'un oeil très furtif à la salle en arrivant mais il savait qu'il n'y avait personne de sa connaissance ce soir et pour ces choses-là Dustin préférait ne pas demander à n'importe qui. Mais si c'était vraiment elle? Il n'aurait pas besoin de demander quoi que ce soit à qui que ce soit. Elle serait suffisante. Ce qu'il ressentait à l'instant présent était déjà suffisant. Les mois sans Alexis lui semblaient avoir été des années. Il l'avait considéré comme l'une de ses plus proches amis, et il lui avait souvent parlé comme rarement il avait parlé avec d'autres. Elle était différente de tout ce qu'il avait connu comme sa relation avec son frère avait été différente des simples amitiés qu'il avait tissé au fil du temps. Dustin avait entretenu des relations étroites avec les enfants Flackrell et c'était sans doute la meilleure chose qui lui soit arrivée. La pire peut-être aussi. Peu importe, pas maintenant. Il crevait d'envie de la regarder et de s'assurer qu'il s'agissait bien d'elle. Elle était de retour. Vu ce qui sortait de la bouche de la demoiselle, les doutes s'envolaient peu à peu parce que merde, il n'y avait qu'elle pour dire ces choses-là! Ça sonnait comme du Alexis tout craché. "Pitié" chuchota-t-il aussi bas que possible. Pitié, que ce ne soit pas son esprit qui lui joue un tour. Pitié. Il dégagea ses mains de devant son visage et ses grands yeux allèrent se poser doucement sur la serveuse qui voulait savoir ce qu'il voulait boire. Le souffle coupé, il ressentit un immense soulagement en la voyant se tenir devant lui. Il ne cilla pas lorsqu'elle laissa son plateau s'échapper de ses mains  et qu'il se retrouva par terre dans un grand fracas. La musique  qui jouait dans le fond avait à peine couvert le bruit mais il s'en foutait complètement de ce foutu plateau et du vacarme et de la musique et de tout le reste parce qu'il retrouvait l'une des personnes qui avaient le plus compté pour lui et qu'à cet instant précis il n'y avait plus qu'elle et lui dans cette pièce. Elle comptait toujours pour tout dire. Ce n'était pas la distance, ni les mois écoulés qui pouvaient changer ça. Jamais. Elle ne s'était clairement pas attendue à la voir ici, pourtant l'inverse aurait été plus logique. Elle avait disparu de la surface du globe, du moins c'était son impression à lui, et aujourd'hui elle réapparaissait dans le bar de la ville qu'il préférait fréquenter. Cette ville qu'il n'avait jamais quitté d'ailleurs. Elle était revenue, alors elle avait bien dû s'attendre à croiser du monde un jour où l'autre, non? Pourtant, vu la gueule du plateau par terre et le petit vol plané qu'il avait fait des mains, il commençait à en douter. Elle avait l'air d'être la plus surprise des deux. Un milliard de choses se bousculaient déjà dans la tête de Dustin qui hésitait entre se lever et la prendre dans ses bras ou carrément l'embrasser parce que putain il en crevait d'envie. Elle était plus belle encore que dans ses souvenirs. Le truc c'est qu'il n'avait jamais agi comme ça avec Alex et elle n'aurait pas compris que ça commence ce soir, pas vrai? Et puis s'il avait un jour osé la voir autrement que comme une petite soeur de coeur, c'était du passé. Un très lointain passé.  Un passé qui avait à peine existé et c'était un futur qui n'existerait pas. Ils avaient traversé des choses ensemble, ils en avaient vu des vertes et des pas mûres, et c'était uniquement de là que son affection pour elle provenait. Leur histoire commune, les choses qu'ils partageaient, les confidences qu'ils avaient pu se faire au détour d'une soirée, les liens qui les unissaient, ce n'était pas de l'amour. Du moins si, mais pas l'amour auquel on aurait pu songer. Ils étaient comme deux membres d'une même famille. Ni plus ni moins. "Alex…" arriva-t-il à articuler sans bouger d'un pouce, ses yeux toujours rivés sur elle. Il y avait à la fois tellement de choses à dire et tellement de choses à ne pas dire. Une douleur violente s'en prit à son coeur. Les souvenirs lui revenaient de plein fouet, il tentait tant bien que mal de les repousser. Il aurait le temps de penser au reste plus tard. Ce soir, il l'avait retrouvé et il ne voulait profiter que de ce moment-là. Pas question de se perdre ailleurs que dans ses yeux à elle. "Alex." répéta-t-il alors qu'il commençait à revenir à lui. Il aurait sans doute l'air très bête s'il ne disait pas quelque chose très vite et de préférence quelque chose autre que son prénom. C'était Alexis, oui. On avait compris. "T'as… T'as l'air d'aller bien." Un début. Maladroit et hésitant peut-être mais un début quand même. "Tu travailles ici?" Évidement crétin, autrement elle ne t'aurais pas demandé ce que tu voulais boire et surtout, elle ne porterait pas cette tenue-ci. "Je ne savais même pas que tu étais revenue…" Il avait entendu dire qu'elle était partie en cure de désintoxication, dans un centre spécialisé ou quelque chose du genre. Il ne savait pas où exactement et ça n'avait pas été faute d'aller voir ses parents pour le leur demander. Ils avaient prié Dustin de se tenir le plus loin possible de leur fille, mais comment pouvait-il s'éloigner maintenant qu'elle n'était qu'à quelques centimètres de lui après tout ce temps? Il en était incapable. Il n'en avait pas envie non plus. "Comment est-ce que tu vas?" Il s'était sincèrement inquiété pour elle et ça lui arrivait encore de se demander où elle en était et ce qu'elle devenait. Il avait sa réponse désormais.  
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MessageSujet: Re: 'Cause tonight I'll be staying here with you •• ALEXIS&DUSTIN   'Cause tonight I'll be staying here with you •• ALEXIS&DUSTIN EmptySam 15 Fév 2014 - 4:27


Dustin W. Kennedy & Alexis Fackrell

Please wear the face, the one where you smile, because you lighten up my heart when I start to cry.


Elle n'avançait pas. Elle n'avançait plus. Depuis qu'elle avait mis un pied hors du centre de désintoxication, Alex avait eu la naïveté de croire que désormais, tout irait mieux. Elle s'était battue entre quatre murs pendant trois mois dans l'optique d'un avenir plus doux, de douces journées, comme avant, sans autres préoccupations que ce qu'elle porterait ou ce qu'elle mangerait le soir. Mais cette vie était révolue, et elle n'arrivait pas encore à le réaliser. Les mois avaient passé, mais elle ne réalisait pas encore. Elle était comme dans un rêve ; ou un cauchemar, plutôt. Elle souhaitait que tout soit différent. Elle souhaitait vivre comme avant, encore. Elle souhaitait que la cocaïne n'ait jamais croisé son chemin. Elle souhaitait retrouver les sourires des membres de la famille qu'elle s'était choisie. Elle souhaitait tant de choses impossibles que c'en était aussi tranchant qu'un couteau acéré. Chaque jour, elle se demandait comment elle se relèverait de tout ça, et même si c'était possible. Chaque jour, elle espérait avoir pris la bonne décision en souhaitant tourner la page et se sortir de tout ça. Mais plus le temps passer, plus la réponse était évidence : si quelque chose pouvait la réparer, c'était ceux qui l'avaient aidée à se construire telle qu'elle était aujourd'hui, autant qu'à se détruire pour la mener là où elle en était, à ce point de non-retour. Si Nolan lui venait naturellement à l'esprit, elle n'avait pu cesser de penser à celui qu'elle avait toujours préféré considérer comme un ami, un second grand frère. Son sourire lui manquait, leurs conversations lui manquaient et, par-dessus tout, elle savait que si quelqu'un comprenait sa peine et sa situation, c'était lui. Elle avait vécu le meilleur comme le pire à ses côtés, et elle savait d'ores et déjà que seuls ses bras pourraient lui faire voir le monde d'une façon plus claire, plus légère et plus douce. il ne la jugerait pas, se disait-elle. Au diable les psys, ses parents et tous ces inconnus qui la regardaient comme si elle avait passé un pacte avec le diable.

Elle avait préféré l'oublier. Elle avait préféré tous les oublier, les laisser de côté, se contentant de laisser une note à Nolan, juste parce que ... parce que quelque part, ils étaient en couple, et qu'une rupture a besoin d'être un minimum propre en toutes circonstances, non ? Dustin, elle ne lui avait rien laissé. Parce que leur relation était différente, parce qu'elle n'en avait pas la force, parce qu'elle voulait juste tirer un trait sur tout ça, et que lui faire face aurait été la plus douloureuse des épreuves. Pourtant, l'oublier était encore plus douloureux. Se dire qu'il était quelque part à Huntington Beach et se retenir de le chercher, c'était comme si vous saviez que vous aviez un pot de Nutella à la cuisine mais que vous vous interdisiez d'y toucher parce que vous êtes au régime. Dustin, si elle le souhaitait, elle le retrouverait probablement. Des contacts, ici et là, quelques coups de téléphone, trouver un dealer et remonter au fil des consommations et des consommateur, et elle le retrouverait. Mais ce serait faire marche arrière que de lui faire face à nouveau. Ce serait tout se reprendre en pleine face et sombrer à nouveau. Recommencer à mener cette vie de camée, pour les mêmes raisons que la première fois : ses beaux yeux. Avec, cette fois-ci, une addiction déjà pré-existante, installée et prête à sauter sur la première occasion pour réapparaitre et la frapper de plein fouet. Pourtant, elle s'était surprise à penser quelques fois au fait qu'Huntington Beach était une ville à l'envergure relativement limitée et que, par conséquent, elle pourrait le croiser par hasard. Oui, elle avait rêvé plusieurs fois à leurs retrouvailles. Toutes les fois où elle n'arrivait pas à dormir et où l'insomnie s'imposait heures après heures, alors que la nuit se faisait de plus en plus noire, elle fermait les yeux et rêvait à ce moment. Aurait-il changé ? Se souviendrait-il d'elle ? Serait-il toujours dépendant de ces saloperies ? Que lui dirait-il ? Serait-il... amoureux ? Elle s'en moquait, dans son scénario à elle, il lui souriait tout le temps. Dès que leurs regards se croisaient à nouveau, tout leur passé commun leur sautait à la gorge. Il disait son prénom, la gorge nouée, et elle en frissonnait. Il lui demandait comme elle allait, elle lui retournait la question, et ils se prenaient dans les bruns l'un de l'autre. La scène était claire et lumineuse, elle se déroulait toujours dans un parc, sous les doux rayons d'un soleil timide. Le vent soufflait dans ses cheveux. Parfois, elle avait l'audace de penser qu'il la prendrait par la main, silencieusement, pour la mener vers un banc. Ils s'asseyaient, ils s'expliquaient. Ils racontaient ce qu'ils avaient vécu, et il la fixait sans un mot, écartait une mèche blonde qui serait venue cacher son regard et lui disait qu'il était heureux de la retrouver, qu'elle lui avait manqué et qu'il se demandait comme il avait tenu sans elle. Il se penchait vers elle, l'embrassait et... à ce moment-là, Alexis s'était endormie, paisible, la respiration calme, partie dans un monde de rêves où les contraintes et les peurs n'existent plus. Juste elle et lui. Voilà ce qu'était devenu Dustin à ses yeux : un mirage, un rêve lointain, un homme qui, au fur et à mesure du temps qui passerait, se transformerait en connaissance lointaine. Elle apprendrait peut-être son mariage dans le journal, dans quelques années. Ou sa mort.

Son plateau est tombé par terre dans un bruit clair qu'elle n'entendit même pas. Ses jambes s'étaient transformées en coton lorsqu'elle l'avait reconnu. Elle l'aurait reconnu entre mille. Son regard, son sourire, elle les connaissait par cœur. Elle s'était figée sans pouvoir dire un mot, hésitant entre s'éclipser et donner la table à une autre serveuse ou se contenter de tomber dans les pommes sur place. Ils n'étaient pas dans un parc lumineux. Il ne la prendrait pas par la main pour se poser sur un banc et il ne l'embrasserait. Mais, au final, ce n'était même pas ce qui lui faisait le plus mal. Le plus douloureux, c'était de le retrouver ici, seul. C'était de réaliser qu'elle aurait du être pour lui, tout le temps, à chaque instant. C'était réaliser qu'il avait toutes les raisons de lui en vouloir. Elle se sentait mal, soudain encore plus fragile qu'à l'accoutumée, blessée en plein cœur. Elle était envahie par des dizaines de sentiments mêlés aux plus important : le chagrin, et le bonheur égoïste de le voir là, face à elle. « Alex. » Son prénom. Elle avait frissonné. Elle avait sa salive avec difficulté, figée. Il se passait quelque chose, tout d'un coup. C'était comme si son cœur redémarrait doucement, pompant peu à peu un sang qui s'était figé dans ses veines. « T'as… T'as l'air d'aller bien. » hésitait-il alors qu'elle reprenait peu à peu ses esprits. « Je... » Tout était relatif. « Tu dis ça parce que je suis à moitié à poil... » rit-elle en se sentant rougir de sa bêtise. « Tu travailles ici ? » demandait-il finalement alors qu'elle s'était accroupie pour reprendre son plateau, qu'elle plaqua au niveau de sa taille, comme par pudeur. « J'aimerais te dire que je suis dans cette tenue pour le plaisir, mais non, c'est juste parce que les mecs consomment plus quand les serveuses montrent leur cul et leurs seins. Tu vas consommer plus ? » demanda-t-elle, sans trop savoir ce qui se passait, encore. Il ne lui avait pas encore sauté à la gorge, ce qui n'était peut-être pas un si bon signe que ça. Elle ne pouvait s'empêcher de penser qu'il était indifférent à sa présence, maintenant. Elle ne pouvait pas le blâmer, pas avec la façon dont elle l'avait laissé, pas avec la distance qu'elle avait laissée entre eux. « Je ne savais même pas que tu étais revenue… » ajoutait-il alors qu'elle n'arrivait pas à cesser de le regarder. Ce visage lui avait tant manqué... et si elle s'était écoutée une seule seconde, elle lui aurait sauté au cou. Au moins pour étreinte platonique. Des retrouvailles entre frère et sœur. Mais qu'étaient-ils, au juste, maintenant ? Plus rien, probablement. Après ce qui s'était passé, il ne restait sûrement rien d'eux. « Tu sais que j'étais partie ? » demanda-t-elle bêtement avant d'ajouter « Je sais pas si je suis vraiment revenue, je... je suis perdue... » Et là, elle se serait bien retournée pour prendre la fuite. Elle commençait déjà à se plaindre, alors qu'ils avaient tant d'autres choses à discuter. Et elle ne voulait pas s'inventer une quelconque importance. Elle n'avait obtenu que ce qu'elle méritait, après tout. Retour de karma, une connerie comme ça. « Comment est-ce que tu vas? » la coupa-t-il dans ses réflexions. « C'est pas important », répondit-elle brutalement, « je veux savoir comment toi tu vas, Dustin. Ce que tu deviens... » Elle voulait s'assoir sur ce banc et parler de tout, de lui, le redécouvrir jusqu'à avoir l'impression de ne jamais l'avoir laissé. « Commande juste un truc, que mes seins te plaisent ou pas, steuplait. Il faut que je repasse au bar montrer que je suis encore vivante. Après j'aurais qu'à me cacher dans le coin, là », désigna-t-elle le coin le plus sombre de la table. Mais ses pensées n'étaient pas pour le bar, les deux hommes d'affaires qui riaient toujours d'on ne savait trop quoi ou les serveuses qui s'affairaient ça et là. Non, elle n'avait plus d'yeux que pour lui. C'était replonger, se noyer... ou respirer ? Elle se sentait vivante à nouveau. Et elle en aurait pleuré.
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MessageSujet: Re: 'Cause tonight I'll be staying here with you •• ALEXIS&DUSTIN   'Cause tonight I'll be staying here with you •• ALEXIS&DUSTIN EmptyDim 16 Fév 2014 - 0:49


Juger les gens, il n'en voyait pas vraiment l'intérêt. Il fallait de toute façon bien avouer que lui-même n'était pas un modèle de perfection, il n'était pas un exemple à suivre tout court, alors évidement qu'il n'avait aucun droit de regarder qui que ce soit de haut. Elle était serveuse? Et alors? Elle devait porter une tenue dévoilant sans doute beaucoup trop de peau? Elle n'était pas à poil non plus et quand bien même elle l'aurait été, qu'aurait-il eu à dire? Rien. Elle menait sa vie comme elle le voulait après tout. Vraiment Dustin, vraiment? C'était Alexis tout de même, pas n'importe quelle nana qui passe par-là. Avait-elle choisi ce job ou ce job l'avait-il choisi? C'était un peu le mystère du soir que Dustin tenterait peut-être d'éclairer plus tard mais pour l'instant il devait savourer ces retrouvailles. Bien sûr qu'elle avait l'air d'aller bien. En bonne santé au moins. Lui qui affichait toujours cet air boudeur qui était devenu sa signature au fil des années, il avait osé sourire en l'entendant parler. C'était si bon de se laisser bercer par le son de sa voix à nouveau. Ça aurait été malhonnête de sa part que de jouer au mec qui voudrait la voir plus couverte. Cette tenue qu'elle affichait ne le dérangeait pas vraiment mais ce sentiment ne semblait pas être partagé avec l'intéressée qui avait l'air plutôt gênée et c'était ce qui embêtait Dustin. Il n'aimait pas l'idée de la savoir inconfortable ou mal à l'aise. Alex avait ramassé son plateau et l'avait placé de façon à ce qu'il cache un peu son corps. Ça l'avait troublé parce que ce corps-là, il l'admirait. Cette silhouette, elle l'avait inspiré auparavant et elle lui avait manqué pendant tout ce temps qui s'était écoulé. Il avait posé ses yeux dessus, ce n'était pas un pervers mais il avait ce besoin obsessionnel de l'observer de long en large et en travers. À la manière d'un aimant, il se sentait attiré vers elle et il devait lutter de toutes ses forces pour ne pas se mettre à la toucher. Pas de contact physique. Ça lui rappelait surtout lorsqu'il était petit et que sa mère lui disait "Tu peux regarder avec les yeux, mais tu ne touches pas!". Quelle frustration! "Consommer plus?" Sa voix à lui semblait presque endormie, comme s'il était perdu dans dans doux rêves. "Je n'ai pas besoin de voir des culs et des seins pour consommer plus même si très certainement que ça aide…" Il baissa ses yeux sur sa nuque, descendant dangereusement sur sa poitrine qu'il passait très rapidement pour tomber nez à nez avec ce foutu plateau qui cachait la vue. Quelle contradiction jeune homme! Dustin faisait déjà le chemin inverse jusqu'aux yeux d'Alexis et dans un haussement de sourcils, il ajoutait: "Les jolis yeux, ça marche beaucoup plus sur moi. Et les sourires aussi." Ironique quand on sait que lui même ne sourit que les trente six du mois. "J'aime bien venir au Pim's pour l'ambiance plus que pour les jolies filles." Menteur. Mais il avait envie de prolonger sa phrase et d'ajouter que c'était particulièrement vrai lorsque les serveuses se trouvaient être aussi belles qu'elle. Des jeune femmes comme Alexis, il n'en avait pas connu des masses. Aucune pour tout dire. Elle était unique en son genre. Elle n'avait rien d'une beauté traditionnelle, et ça attirait forcément l'oeil encore plus facilement que n'importe quelle blondasse aux gros nibards présente ce soir. Elle avait certes les cheveux blonds, mais son regard et les expressions sur son visages n'étaient pas communs. Puisqu'il la connaissait un peu plus qu'il ne prenait la peine de connaitre les autres filles, il savait aussi qu'elle dégageait une attitude bien personnelle. Elle était comme lui, elle le comprenait. Complexe. Impossible à cerner. Surprenante. Drôle. Touchante. Il aurait pu passer des heures à parler d'elle, à la présenter sous son meilleur jour parce qu'il ne voyait rien de mauvais en cette fille.

Bien sûr qu'il savait qu'elle était partie. Il ne l'avait pas remarqué tout de suite pourtant, et il s'en était voulu d'ailleurs, mais au bout de quelques jours passés sans la voir il avait fini par s'inquiéter et à chercher à savoir où elle était passée. Personne ne semblait avoir d'informations au sein de leur cercle d'amis alors il s'était résolu à aller voir ses parents pour demander directement où leur fille se cachait. On avait fini par lui claquer la porte au nez mais il n'avait pas baissé les bras pour autant, pas jusqu'à ce qu'on lui dise où Alexis était vraiment. Pas l'endroit exacte, non, mais rien que de la savoir à l'abris dans un centre de réhab', il s'était calmé et avait arrêté d'insister. Il s'était dit que c'était mieux ainsi, mieux pour elle. Si elle voulait arrêter la drogue et repartir de zéro, il n'avait pas le droit de se mettre sur sa route et de l'en empêcher. Elle méritait au moins une chance et il l'avait même trouvé courageuse de tenter le coup. Il s'en savait incapable. "Tes parents n'ont jamais voulu me dire où tu étais exactement…" articula-t-il en ne la quittant pas des yeux. "J'ai pensé pendant un instant que…" Il hésitait parce que la vérité c'est que l'idée qu'il lui soit arrivé quelque chose l'avait traversé. Il avait imaginé qu'elle aurait pu avoir un accident, et même pire… Il avait eu peur qu'elle ait fait quelque chose. Ça l'avait pris aux tripes et la panique l'avait envahi. C'était de là que sa détermination à la retrouver était venue et c'était pour cela que le centre ne lui avait pas paru si horrible à côté de la mort qu'il avait craint. Il n'aurait pas supporté de la perdre pour toujours. "Je me suis inquiété pour toi quand tu as arrêté de venir aux soirées… Et tu ne donnais plus de nouvelles. Alors je suis allé voir tes parents pour m'assurer que t'allais bien. Je voulais juste… juste savoir que ça allait." Il se revoyait frapper à leur porte, l'angoisse toujours présente, le visage inquiet. Il avait eu tellement peur des mots qui sortiraient de la bouche de ces gens qu'il n'avait pas souvent vu mais qu'il connaissait un peu malgré tout. Alexis lui avait causé plus de stresse à ce moment-là qu'il n'en avait jamais eu dans toute sa vie. Et malgré tout ça, il ne lui en voulait pas le moins du monde. Il avait surtout compris sa démarche. Comment aurait-il pu lui en vouloir pour ça? Bien sûr qu'il aurait aimé qu'elle le mette au courant, qu'elle lui en parle de vive voix mais c'était sa décision et il n'avait rien à voir là dedans au fond. Il avait beau tenir à elle de plus profond de son coeur, elle était la seule maitresse de sa vie et lui qui luttait toujours pour sa propre liberté, il n'aurait jamais pu la garder auprès du reste du groupe si ce n'était pas ce qu'elle voulait. Elle était libre de ses actions, de ses décisions, libre de vivre comme bon lui semble. Il n'avait donc pas prononcé un seul mot sur le ton des reproches. Il n'y avait aucune rancune ni aucune colère en lui à son encontre. Il sentit une sorte de frisson le parcourir alors qu'elle avouait être perdue. Dustin avait presque failli tendre sa main vers elle pour l'attirer vers lui et lui montrer qu'il était toujours là pour elle. Il avait envie de lui dire que tout irait bien et qu'elle ne se sentirait pas toujours comme ça sauf qu'il n'en savait rien. Comment aurait-il pu dire ces choses alors que lui-même était sans doute le mec le plus paumé de tout l'univers. Il se contenta d'hocher la tête doucement. "Tu es là quand même…" souffla-t-il. "Je suis … vraiment content. C'est bon de te revoir Alex." Il était beaucoup plus pudique dans la vie de tous les jours que lorsqu'on lui mettait un pinceau entre les doigts. Il voyait déjà une nouvelle peinture se dessiner sous yeux, pourtant leurs retrouvailles étaient à peine entamées. Cette rencontre ce soir allait certainement l'inspirer pour une oeuvre. C'était forcé. Il se devait d'utiliser ces sentiments-là pour développer son art, en tant qu'artiste c'était même son devoir. Ce ne serait pas la première fois qu'Alexis lui inspirerait quelque chose.

L'envie de savoir très exactement ce qu'elle avait fait durant sa longue, trop longue absence le titillait grandement. Il avait fini par lui demander comment elle allait mais la joli blonde avait renvoyé la question dans son camp. Comment allait-il? Beaucoup mieux maintenant. Obviously. Il allait ouvrir la bouche pour répondre mais elle fut plus rapide. Il avait complètement oublié ce qu'il voulait boire. Voir Alexis l'avait déjà rendu ivre et l'envie de se noyer dans autre chose que cette fille n'existait plus. "T'as qu'à me ramener ce que tu veux, surprends-moi." il lui fit un petit clin d'oeil. Putain, il avait vraiment très très envie de la serrer dans ses bras mais il ne voulait rien brusquer. Il ne savait pas exactement si elle aurait été à l'aise avec cette idée et même s'ils avaient été proches auparavant, les mois qui s'étaient écoulés avaient peut-être permis à Alexis de véritablement prendre de la distance par rapport au passé qu'ils avaient en commun. Et maintenant, voulait-elle encore avoir affaire quelque chose avec lui? Rien n'était moins sûr. Après tout, elle n'avait pas cherché à reprendre le contact et si elle était toujours clean (ce dont elle avait l'air) alors elle n'aurait sans doute pas envie d'avoir à nouveau face à elle quelqu'un qui risquerait de la faire plonger de par sa propre addiction. Dustin n'était lui pas clean du tout et même s'il ne voulait pas l'attirer du mauvais côté de la force après les efforts qu'elle avait dû fournir pour s'en sortir, il savait qu'il n'était pas prêt à renoncer à ce monde-là. Il aurait voulu pouvoir dire qu'elle était suffisante, qu'elle lui donnait assez de force et de courage pour prendre la décision d'arrêter tout ça. Ce n'aurait pas été la vérité et mentir à Alexis c'était comme se mentir à soi-même alors il refusait de dire toutes ces choses et il refusait de lui donner de faux espoirs. Il n'avait pas changé et durant tout ce temps il avait continué à se droguer, à boire, à tomber amoureux et de s'en relever pour aller voir ailleurs encore. C'était sa vie à lui. L'une des raisons pour laquelle il refusait de l'aimer comme ça aussi… L'amour l'avait toujours lassé. Il était du genre à se plonger corps et âme dans une histoire passionnée, quelque chose qui lui donnerait de quoi s'exprimer sur les toiles et dans l'argile et dans la pierre et même sur les lignes d'un bout de papier. L'amour était sans doute sa plus grande addiction. Mais il jetait ses amants comme on jette un mouchoir. Il n'avait pas envie qu'Alexis soit simplement une autre de ses proies. Elle était déjà tellement plus que ça. Alors refouler quoi que ce soit qu'il aurait pu ressentir pour elle était encore plus facile que de l'aimer comme il aurait dû l'aimer peut-être. Il aurait préféré vivre une éternité en étant son ami plutôt qu'une journée seulement à lui faire l'amour. Il ne pourrait jamais supporter de ne plus l'avoir dans sa vie. La preuve en était avec cette absence qu'il avait vécu comme un mal profond. Une torture terrible qui s'apaisait enfin ce soir. C'était à peine s'il osait la laisser se rendre au bar de peur qu'elle n'en revienne pas. Mais malgré tout, elle restait cette fille qu'il devait voir comme une soeur. Cette fille qu'il n'aurait jamais.  
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MessageSujet: Re: 'Cause tonight I'll be staying here with you •• ALEXIS&DUSTIN   'Cause tonight I'll be staying here with you •• ALEXIS&DUSTIN EmptyDim 16 Fév 2014 - 3:29


Dustin W. Kennedy & Alexis Fackrell

Please wear the face, the one where you smile, because you lighten up my heart when I start to cry.


Alexis se retrouvait bête comme jamais. Elle se retrouvée confrontée à celui qui avait à la fois été son premier amour et son meilleur ami. Rien d'autres que de longues conversations ne s'était passé entre eux, mais elle n'avait cessé de l'imaginer comme tel que lorsqu'elle avait trouvé les bras réconfortants de Nolan. Et même à ce moment-là, même si elle le niait de toutes ses forces, il était là, il était toujours là. Mais il était le meilleur ami de son grand frère, et par extension son second grand frère. Il était le fruit défendu, le fantasme d'une adolescente en mal de reconnaissance, probablement. Alors pourquoi, lorsqu'elle avait été séparée de lui pendant ces longs mois, elle avait ressenti un manque, un vide, qu'elle n'avait pas osé lui assimiler ? Pourquoi, maintenant qu'elle le revoyait, elle se sentait si différente ? Pourquoi elle avait l'impression d'avoir retrouvé ses repères, ses bases, son oxygène ? Parce que c'était comme ça lorsqu'on retrouvait un grand frère... n'est-ce pas ? Pourtant, il y avait cette sensation étrange, cette sensation qu'elle avait ressentie les premières fois qu'elle l'avait croisé. Elle avait chaud, subitement et malgré sa semi-nudité. Elle avait une boule dans la gorge, et elle ne sentait plus ses jambes. Son cœur tambourinait dans sa poitrine et sa respiration s'était faite courte. Mais c'était ce qu'on ressentait lorsqu'on retrouvait un vieux frère, n'est-ce pas ? Elle était gênée, parce que de nouveau, elle perdait le peu de contrôle qu'elle avait sur elle-même. Pourquoi ces circonstances ? Pourquoi ici, alors qu'elle servait des vieux commerciaux à moitié à poil pour gagner sa vie et retrouver un semblant de quotidien ? Cette vision idéale de leurs retrouvailles s'était écroulée à l'instant mais en réalité, ce n'était pas ce qui comptait. Ce qui comptait, c'était qu'il était à nouveau là, face à elle, et qu'il ne lui avait pas sauté à la gorge en lui reprochant d'être partie comme ça, sans explications. Elle se sentait coupable, pourtant. De l'avoir laissé comme ça, alors qu'on ne laisse pas un frère derrière soi. Elle n'avait simplement pas eu la force. Et maintenant qu'elle l'avait revu, elle était sûre de ne plus avoir la force de lutter contre grand chose, à commencer par ce besoin de le voir et de le savoir à ses côtés. L'idée de ne plus être seule, ou plutôt, de l'être avec lui et seulement lui, lui faisait peur autant que ça la rassurait. Une crainte demeurait pourtant : ce que lui pensait. Ce qu'il pensait de son départ, de ce qui s'était passé, d'elle et de sa nouvelle vie, de ses choix à la con et de son retour chez ses parents, de son boulot et de sa silhouette à demi nue. « Consommer plus? » avait-il répété d'une voix presque léthargique, alors qu'elle se demandait s'il ne se moquait tout simplement pas de la revoir, lui. Qu'était-il devenu ? Qu'avait-il fait, que faisait-il maintenant ? Pouvait-elle encore prétendre le connaître, alors que les mois avaient passé et qu'elle ne se connaissait plus elle-même ? « Je n'ai pas besoin de voir des culs et des seins pour consommer plus même si très certainement que ça aide… » Un sourire amusé vint éclairer le visage de la jeune femme, et elle fut d'autant plus intimidée lorsqu'elle remarque le regard appréciateur de Dustin. Pourquoi l'observait-il comme ça ? La jugeait-il comme ses grosses voix qu'ils entendaient encore se moquer, non loin de là ? Décidément de redevenir elle-même quelques instants, même si elle ne savait plus très bien qui était cette personne, Alex leva le plateau dans les airs pour se retourner et se déhancher. « Comme ça t'as vu mes seins et mes fesses... t'as intérêt à passer une commande de fou », rit-elle en oubliant un instant son regard, faisant face à la salle en se demandant si elle se réveillait d'un rêve. Mais il était toujours là, elle le savait et elle le sentait. Elle sentait son regard dans son dos, et elle fit un demi-tour rapide avant de laisser le plateau reprendre sa place. « Les jolis yeux, ça marche beaucoup plus sur moi. Et les sourires aussi. » Et tout à coup, elle se sentait bien bête. Parce qu'elle lui avait montré son cul, et que lui, son grand frère de cœur, ne demandait qu'à la voir sourire. Quelle conne elle faisait. Elle émit un faible sourire, ne sachant trop quoi répondre. « T'es sûre que les fesses et les seins ça marche pas plus que ça ? » Parce que d'une part, pour les beaux yeux, elle n'avait aucune certitude de rentrer dans la catégorie adéquate -elle avait des yeux qui voyaient, c'était déjà bien-, et d'autre part, au niveau du sourire, il fallait mieux repasser plus tard. Quand, au moment de trouver le sommeil, elle réaliserait qu'elle avait retrouvé Dustin. « J'aime bien venir au Pim's pour l'ambiance plus que pour les jolies filles », ajouta le beau brun alors qu'elle se disait qu'un grand frère ne pouvait pas dire explicitement qu'il aimait les filles bien gaulées. « Ouais, je suis heureuse de t'entendre dire ça, parce que ce soir c'est moi qui te sers. Au moins tu seras pas déçu », répondit-elle subitement et jetant un regard en arrière, de plus en plus gênée par les mots qu'elle arrivait à capter des deux hommes. Entre nichons, cul, blonde, plate, servir et pute, elle se demandait si l'un de ces termes la concernait. Elle croisa le regard d'une collègue non loin de là, qui haussa les épaules pour lui faire comprendre que le client été roi, et elle avait secoué la tête pour se remettre les idées en place. Dustin était face à elle et, au final, rien qu'à cette pensée, ses idées étaient encore plus en bordel. Elle avait fini par lui demander s'il savait qu'elle était partie, même si la réponse paraissait évidente pour qu'il relève son retour. « Tes parents n'ont jamais voulu me dire où tu étais exactement… » répondait-il alors que, surprise, elle resserra sa poigne autour du plateau. « T'es... t'es allé voir mes parents ? » continuait-elle de répéter de la façon la plus stupide qui soit. Ses parents ne lui avaient jamais parlé de la visite de Dustin, et elle les détesta pour ça. Ils pensaient sans doute à bien, mais elle ne pouvait s'empêcher de penser qu'ils avaient été extrêmement égoïstes. Ç’aurait été une occasion pour elle de le revoir une dernière fois et de lui faire ses adieux solennellement, pensa-t-elle un instant avant de réaliser sa mauvaise foi. Non, si elle l'avait revu, si elle l'avait eu au téléphone ou s'ils avaient échangé des lettres, elle n'aurait plus jamais voulu le quitter. Comme maintenant. Et si, maintenant, ils se retrouvaient, ce n'était du qu'au hasard. Parce qu'à un moment de sa vie, elle n'avait trouvé que ce boulot, et qu'elle n'avait pas voulu en parler à ses parents qui, sans aucun doute, l'auraient dissuadée de bosser ici. Et cette dernière réflexion s'avérait d'autant plus évidente maintenant qu'elle avait retrouvé Dustin. S'ils avaient pensé qu'elle aurait pu le revoir, ils l'auraient sans aucun doute enfermée chez eux et accepté qu'elle ne prenne qu'un travail de bibliothécaire ou de bonne sœur -oui, parce que c'est un métier, hrm. « J'ai pensé pendant un instant que… » Que... que ? La suite était évidente. Et tout d'un coup, les larmes lui montèrent aux yeux. Non, Dustin, j'étais pas morte mais oh, combien de fois j'aurais souhaité l'être. La gorge nouée, elle inspira pour contenir ses larmes. Lui-même savait, lui-même comprenait. « Je me suis inquiété pour toi quand tu as arrêté de venir aux soirées… Et tu ne donnais plus de nouvelles. Alors je suis allé voir tes parents pour m'assurer que t'allais bien. Je voulais juste… juste savoir que ça allait. » Oh, combien elle avait envie de le prendre dans ses bras et de se perdre dans son étreinte à cet instant précis. Elle avait envie de retrouver ce contact physique qu'ils partageaient autrefois. Des étreintes d'un frère pour sa sœur. Elle se demanda un instant ce qu'il savait au juste, si, dans tout ça, il savait qu'elle avait fait une cure de désintox'. Elle se sentait plus coupable que jamais, déchirée entre son envie de tracer un trait sur son passé et son besoin de se reconstruire auprès de celui qui représentait le monde à ses yeux. « Qu'est-ce que tu sais, au juste ? » demanda-t-elle après un silence, laissant une larme s'échapper malgré elle. Elle l'éradiqua d'un revers de main avant d'avouer qu'elle était perdue. « Tu es là quand même… Je suis … vraiment content. C'est bon de te revoir Alex » répondit-il dans un murmure, alors qu'Alexis se retenait de lui sauter dessus et de fondre en larmes dans ses bras. Non, elle n'était pas comme ça. Elle était forte. Elle ne verserait pas une larme de plus, et elle montrerait à Dustin qu'elle était une femme, maintenant, une vraie. De celles qui ne rechignent pas aux difficultés et qui surmontent les épreuves de la vie avec une force déroutante. « Tu m'as manqué... » souffla-t-elle sans vraiment y réfléchir, fuyant son regard, gênée de son aveu. Elle ne comptait pas à ses yeux comme lui comptait pour elle, et elle ne voulait pas le lui montrer. Elle voulait récupérer ce qu'ils avaient avant tout ça, toute cette merde, quitte à abandonner ce rêve chimérique de sentir ses lèvres frôler les siennes ou ses mains parcourir son corps comme elles avaient parcouru celui de tant d'amants auparavant. Ses idées furent occultées lorsqu'il lui demanda comment elle allait. Elle occulta la question, avant de lui demander ce qu'il voulait boire. « T'as qu'à me ramener ce que tu veux, surprends-moi. » Avec un sourire en coin, elle fit remarquer que : « Je sais pas si c'est bon au mauvais signe pour ma plastique, ça. » Elle aurait du pivoter et se diriger vers le bar, à ce moment-là. Mais elle hésitait. Parce qu'elle ne voulait pas partir comme ça, l'air de rien, comme s'ils ne s'étaient jamais quittés. Alors, comme la gamine qu'elle serait à ses yeux, elle se pencha vers lui et, brusquement, déposa un baiser sur sa joue. « Un verre d'eau plate, c'est surprenant, non ? » demanda-t-elle avant d'éloigner son visage du sien et de quitter la table où il était installé pour traverser la salle, passer devant les deux autres énergumènes, et rejoindre le bar. Elle y posa son plateau et s'y accouda, fixant une des serveuses présentes avec un regard perdu. Celle-ci lui demanda ce dont elle avait besoin, et Alex finit par reprendre ses esprits, ravalant ses larmes en passant sa commande, non sans s'attirer un regard étonné de sa collège. Quelques instants plus tard, elle traversait la salle dans l'autre sens, portant son plateau d'une main, l'autre main cachée derrière son dos. Elle essuya quelques remarques des autres cons -elle était sûre qu'elles lui étaient destinées, cette fois-, et les fusilla du regard, se retenant de leur envoyer son plateau à la figure. Mais non, elle allait servir Dustin. Ce verre était pour lui, pas pour ces connards quinquagénaires frustrés par leur vie sexuelle. Arrivant finalement devant la table de son ami, elle y posa le plateau pour lui tendre son verre. De l'eau plate, comme promis. Elle riait déjà de sa blague idiote, avant de cacher ses deux mains derrière son dos et de lui dire : « Mais pour que ça soit une vraie surprise, je t'ai apporté... » Et d'une main, elle lui tendit une paille, tandis que l'autre lui présentait un parasol en papier. « J'te surprends, hein ? » Et, se raclant la gorge en réalisant qu'elle accentuait sans aucun doute son côté immature, Alex reprit son sérieux en lui disant : « Sans déconner, là-bas y'a à peu près tous les alcools que tu veux, dis-moi ce qui te fait envie et jvais te chercher ça ». Elle venait de réaliser qu'il était l'unique personne qui, depuis des mois et des mois, lui avait donné envie de rire à nouveau. De sourire de conneries et de faire des blagues comme elle en faisait autrefois, quand elle était encore une jeune adulte qui n’avait pas encore goûté aux difficultés de la vie. Sans attendre sa réponse, elle lâcha la paille dans le verre d'eau et lui installa le parasol sur l'oreille. Elle ne faisait plus attention à ce qu'il voyait d'elle, et elle le regretterait sans doute plus tard. Le plateau était à présent posé sur la table et elle n'attendait qu'un mot de la part de Dustin pour faire demi tour et aller lui chercher une réelle boisson. Sinon... sinon, il y avait toujours ce petit coin de la table où aucune collège ne penserait à la chercher.
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MessageSujet: Re: 'Cause tonight I'll be staying here with you •• ALEXIS&DUSTIN   'Cause tonight I'll be staying here with you •• ALEXIS&DUSTIN EmptyDim 16 Fév 2014 - 20:13


Quand on lui demandait pourquoi il avait toujours l'air de faire la gueule, Dustin répondait simplement qu'il n'avait aucune raison particulière de se réjouir. Mais lorsqu'il avait l'air heureux c'est qu'il l'était vraiment. Il ne se forçait pas à faire semblant, à paraitre content quand il ne l'était pas, il n'en voyait pas l'intérêt. Son droit à faire la tronche, il le revendiquait haut et fort et après tout c'était sa tête à lui, s'il avait envie de passer pour un méchant bonhomme au regard assassin, c'était son problème. Une fois, sa mère lui avait dit "T'es vraiment pas beau à regarder quand tu boudes." Il n'avait pas plus de dix ans à l'époque et il avait simplement répondu qu'elle n'avait qu'à pas le regarder dans ce cas. Cette réponse-là lui avait valu deux semaines de punition. Le respect, c'était une valeur qu'on lui avait inculqué dès son plus jeune âge et selon son père ce n'était pas une façon de s'adresser à sa mère. Whatever. Face à Alexis, il ne pouvait pas s'empêcher de sourire. Il était sincèrement content de la revoir, même si c'était très soudain. Elle avait une de ces personnalités qui vous oblige à rire en sa présence parce qu'elle dégageait un truc aux yeux de Dustin que peu de gens dégageaient vraiment. Elle le rendait heureux. Et c'est à ça que servent les amis, non? À vous faire sourire et à vous redonner du baume au coeur! Elle jouait le rôle à merveille. Il l'observa se déhancher devant lui après l'avoir regardé avec attention. Se mordillant la lèvre inférieur, il ne dit pas un mot. Elle aussi riait. Les yeux baissés sur les fesses d'Alexis, il fourra ses mains dans ses poches. De cette façon, il ne risquait pas de lui donner une petite tape ou quelque chose du même genre, totalement inapproprié mais vraiment tentant. "Une commande de fou je ne sais pas, mais je te promets de te laisser un joli pourboire." Et le pourboire au moins elle pourrait le garder pour elle. Il avait pourtant dit que ce qu'il préférait c'était encore les filles aux jolis yeux et aux beaux sourires ce qui était son cas à elle. "Ça marche aussi. Bien sûr." avoua-t-il finalement alors qu'elle insistait à parler de fesses et de seins. Évidement que ça marchait aussi. Très très bien même. Il savait cela dit qu'elle n'était pas le genre de fille à se vanter de ses atouts. Elle était peut-être même de celles qui ignorent à quel point elles sont jolies. Oui, sans doute. Au vu de la phrase qui s'échappa ensuite d'entre ses lèvres, c'était même sûr qu'elle ne se voyait pas comme une véritable bombe. Il haussa les épaules avant de lui répondre. "Si j'étais venu ici pour les jolies filles, je n'aurais pas été déçu." Il baissa les yeux, parce que c'était quand même étrange de lui dire ça. Au fond il voulait juste qu'elle ait confiance en elle. "Pas le moins du monde même." Parce que merde! Elle était belle et elle méritait de le savoir et de se l'entendre dire. Bien plus que n'importe quelle autre serveuse ici présente! Elle avait jeté un oeil derrière elle, Dustin s'était décalé lui aussi pour regarder ce qu'elle regardait. C'était des vieux gars assis par-là, il n'avait pas entendu ce qu'ils avaient dit mais vu la tête qu'Alexis faisait ce ne devait pas être très flatteur. Ils avaient des tronches de ploucs. Peu importe ce qui sortait de leurs bouches, personne n'en avait vraiment quelque chose à foutre, surtout pas lui. Il avait envie de lui dire à elle aussi de les ignorer, que ce n'était qu'un groupe d'abrutis, mais il ne dit rien. Elle était assez grande pour se défendre toute seule si elle le voulait et qui plus est des mecs comme ça elle devait en voir tous les jours ici. La routine.

Il avait avoué s'être inquiété pour elle, il venait même de lui raconter qu'il était allé voir ses parents. Il se doutait pourtant qu'elle n'était pas au courant. Son père avait été très clair avec Dustin. Ils ne voulaient plus que leur fille le laisse entrer dans sa vie à nouveau, il était apparemment une trop mauvaise influence et ce n'était pas bon pour elle. Mais il n'avait jamais voulu faire du mal à Alexis, ni à son frère, ni à qui que ce soit d'autre dans la bande. "Je ne savais pas à qui demander d'autre… " Ses parents avaient été son choix de dernier recourt. Il avait trop eu besoin de savoir où elle était passée, alors puisque personne n'avait été capable de lui donner une réponse convenable, Dustin n'avait pas eu d'autre option. "Ils m'ont dit que tu avais besoin de prendre tes distances et que ce serait mieux si les autres et moi on te laissait tranquille… Je n'ai pas insisté." Il n'avait pas insisté parce qu'il avait compris. Il savait ce qu'elle avait traversé parce qu'ils l'avaient traversé ensemble. Jusqu'à ce qu'elle parte, ils avaient toujours tout fait main dans la main pendant des années. Elle faisait partie de ses piliers, avec Samuel. Il n'avait pas besoin de finir sa phrase, elle avait sans doute compris ce qu'il avait pu imaginer en la voyant disparaitre du jour au lendemain. Quelque part, cette décision qu'elle avait prise avait eu quelque chose de terriblement cruel. Après tout ce qu'il s'était passé, elle s'était éclipsée sans un mot, sans un au revoir. Ça aurait pu être difficile à accepter s'il s'était agit d'un autre que Dustin. Lui, il n'était pas du genre à laisser la colère ou la déception l'envahir et prendre contrôle sur sa vie. Bien sûr qu'il avait été triste pendant un temps, mais il s'était surtout accroché à l'idée qu'elle était sans doute plus heureuse là où elle était, qu'elle se sortait doucement des merdes dans lesquelles il avait lui-même contribué à la faire plonger alors qu'ils n'étaient encore que des gosses. Il observa un léger changement se produire. Avec la lumière de merde du Pim's, il n'était pas très sûr mais il avait cru pendant un instant qu'elle allait se mettre à pleurer. Le silence s'installa et après qu'elle lui ait demandé ce qu'il savait exactement, elle utilisa le revers de sa main pour s'essuyer la joue. Il baissa les yeux. Que pouvait-il dire. Ce n'était pas juste une impression, ni une question d'éclairage. Il était déjà en train de la faire pleurer alors que tout ce qu'il avait envie d'entendre c'était son rire. Ce rire qui lui donnait envie d'avancer et de continuer à vivre. Parce qu'il le fallait… Elle lui donnait une raison de le faire cependant. Ce n'était pas juste vivre pour vivre, c'était vivre pour rester ensemble. Que savait-il de son absence? Pas grand chose, hormis le fait qu'elle avait essayé de soigner ses addictions, peut-être aussi qu'elle avait eu besoin de thérapie ou d'autres conneries du genre en lesquelles lui n'avait aucune foi. "Je sais que tu…" Dire qu'elle avait été en réhab c'était presque comme dire un gros mot à ses yeux. La réhab c'est tabou dans sa tête. Pas parce qu'elle devrait en avoir honte, mais parce que pour lui c'était impossible ne serait-ce qu'à envisager. "Tu es clean?" C'était bien une question parce qu'il parvenait à sous entendre qu'il était au courant du fait qu'elle avait été dans un centre pour se soigner et du même coup il pouvait se renseigner sur sa situation actuelle.

Elle était là, et il était là aussi. Ensemble comme avant, ou presque. Il ne fallait pas mentionner les absents, voilà tout. Et Dieu sait qu'ils étaient nombreux pourtant. Il avait cherché à regarder ailleurs parce qu'il aurait voulu lui dire qu'elle lui avait manqué mais il n'avait pas osé. Alors, lorsqu'elle le fit elle-même il releva la tête et il sourit à nouveau. C'était un sourire triste pourtant. Bien sûr que ça lui faisait plaisir mais il n'avait aucune idée de comment y répondre. "Je…" Il avait cru qu'elle n'avait plus envie d'avoir affaire à lui, alors l'entendre dire qu'il lui avait manqué, ça faisait terriblement du bien à son coeur. "Toi aussi." finit-il par articuler. Il n'allait pas lui dire que depuis son départ leur groupe d'amis s'était peu à peu dissous et qu'au final ils ne se voyaient plus vraiment. Dustin avait gardé contact avec presque tout le monde, certes, mais c'était fini l'époque où tout le monde se réunissait presque chaque soir pour le simple plaisir d'être ensemble. Ils se rappelaient sans doute des trop mauvais souvenirs les uns aux autres et l'atmosphère avait changé. Ce n'était plus aussi léger qu'au départ et Dustin ne s'y retrouvait plus non plus. Il avait perdu ses repères au sein même de sa bande et désormais ce qu'il préférait faire c'était s'enfermer dans son atelier et peindre jusqu'à ce que la fatigue le gagne. La solitude était devenue sa nouvelle meilleure amie. Il ne s'en plaignait pas, mais il fallait bien avouer qu'Alexis était beaucoup plus agréable à regarder qu'un mur couvert d'affiches et de photos témoins d'un passé révolu ou encore un plafond fissuré et terni qui l'angoissait toujours alors qu'il se couchait le soir. C'était les vues qu'offraient pourtant son appartement de Pacific Lane. Le même depuis des années.

Peu importe ce qu'il y aurait dans son verre, ce qu'il voulait c'était boire ses paroles à elle, renouer le contact et se perdre dans ses yeux. Raviver les souvenirs, ceux qui les feraient sourire tous les deux, pas ceux qui leur donneraient envie de pleurer. "Ça m'ira très bien, oui!" annonça-t-il fièrement en la regardant amusé alors qu'elle venait de l'embrasser sur la joue. Il ne s'y était pas attendu et bien que ça l'ait un peu surpris, il trouvait ça adorable. De l'eau plate? Peu importe putain. Il s'en foutait vraiment maintenant. Il la regarda s'éloigner, ne la quitta pas des yeux même lorsqu'elle se fraya un chemin à travers le monde qui s'agglutinait autour du bar. Il tenta de retrouver ses esprits. C'était pourtant à peine croyable ce qu'il venait de se passer. Il avait retrouvé Alexis par le plus grand des hasards. C'était la chose la plus incroyable de toute cette semaine, de tout ce mois même, c'était encore mieux que le fait d'avoir achevé son tableau. Lorsqu'il la vit revenir vers lui, il se tourna pour jouer à l'indifférent. Elle déposa le verre devant lui et il le fixa hébété. Elle lui avait vraiment ramené de l'eau. Mais elle ne s'était pas arrêtée là, elle lui tendait une paille et un parasol. "C'est parfait!" lâcha-t-il en rigolant. "T'es la reine des surprises, clairement!" Pendant qu'elle était partie au bar, il avait entendu le mec de tout à l'heure, celui qui l'avait forcé à se retourner, faire part de ses impressions sur les serveuses du Pim's dans un langage très fleuri, of course! Dustin n'avait encore une fois rien dit, mais il avait jeté un regard noir en direction de l'homme qui se prenait pour le roi du monde alors qu'il n'était rien d'autre que le roi des cons. Alors qu'Alexis tentait de le convaincre de vraiment commander quelque chose d'un peu plus fort que de l'eau, il se détourna légèrement pour observer l'homme qui n'avait pas cessé de parler. Il le vit jeter un oeil à Alex, ou plutôt à son cul. Il attrapa la jeune femme par le bras comme dans un automatisme, tout naturellement. C'était la première fois qu'il la touchait depuis des mois et l'effet fut immédiat. "Reste." Ses yeux quittèrent le vieux con de derrière pour se poser sur sa main et l'endroit exacte où il la tenait. "S'il te plait. Reste." Il relâcha ses doigts autour de son bras, pour aller chercher sa main à elle et la faire s'approcher. "Je m'en fous de ce que je veux boire, j'ai même pas soif. Parle-moi." Voilà ce qu'il voulait. Parler. C'était très flou, mais c'était tout ce qui l'intéressait. Pourtant, lorsqu'il entendit un "sale pute" s'échapper de la bouche du mec de derrière, il écarta Alexis de quelque centimètres en la poussant délicatement sur le côté et se leva en regardant l'homme droit dans les yeux. Après avoir fait un ou deux pas dans sa direction, il l'interpella. "hey?! Ouais toi, le gros connard misogyne… Et si t'essayais de fermer ta grande gueule pour voir?" Il ne se battait jamais, chercher la bagarre ce n'était pas son truc, mais il ne pouvait pas rester les bras croisés éternellement. Et il fallait bien que quelqu'un se dévoue à le remettre à sa place, non? Les serveuses ne le pouvaient peut-être pas parce qu'il était leur client mais lui, il ne lui devait rien à ce connard. Et maintenant qu'il était débout, il se rendit compte qu'il n'avait plus qu'à se tourner pour faire face à Alexis. Il sentait la chaleur de son corps dans son dos. Dustin inspira profondément et fit volte face. Ils se retrouvaient nez à nez, à quelques centimètres seulement l'un de l'autre. Il respirait doucement, la proximité qu'ils retrouvaient peu à peu l'apaisait. C'était tellement bon de la revoir.  
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MessageSujet: Re: 'Cause tonight I'll be staying here with you •• ALEXIS&DUSTIN   'Cause tonight I'll be staying here with you •• ALEXIS&DUSTIN EmptyLun 17 Fév 2014 - 1:11


Dustin W. Kennedy & Alexis Fackrell

Please wear the face, the one where you smile, because you lighten up my heart when I start to cry.


Alexis était déchirée entre l'envie de le laisser de côté, comme la première fois, pour aller de l'avant et oublier, tout oublier, et celle de rester avec lui, tout le temps, pour construire son futur à ses côtés, peu importe de quel futur il s'agirait. Mais au fond, et elle le savait très bien, maintenant qu'elle l'avait retrouvé, plus jamais elle ne se séparerait de lui. Le quitter ne l'avait pas menée loin, au final. Leur séparation l'avait plus brisée qu'aidée, et c'était maintenant que c'était le plus évident. Maintenant qu'elle se surprenait à sourire à nouveau pour des conneries et à arriver à se retenir plus facilement que d'habitude d'exploser des verres aux visages de ces crétins de clients quotidiens. Cette journée était différente, elle s'était transformée sous ses yeux au moment précis où elle avait reconnu ce regard, ce visage et cette voix. Maintenant qu'elle réalisait que s'il voulait toujours d'elle, elle resterait à ses côtés à chaque instant, elle trouvait la vie beaucoup plus douce. Même ces connards, derrière, ne comptaient plus vraiment. Le soir, sous ses draps, elle souriait bêtement, s'imaginant, cette fois-ci, un scénario encore différent. Elle pourrait être assise contre lui, silencieusement, à regarder un documentaire pourri et à penser à tout ce qu'ils avaient traversé. Elle pourrait lui piquer la dernière part de pizza et partir se cacher dans les toilettes pour la manger en riant, juste parce qu'il aurait essayé de la rattraper pour récupérer son du. Elle pourrait être dans ses bras, frôler sa peau de ses lèvres et s'allonger à ses côtés, rassurée par la chaleur de son corps et les battements réguliers de son cœur qu'elle sentirait sous la paume de sa main. Tellement de possibilités et de rêves, maintenant. Certains plus réalisables que d'autres, qui demeureraient sans aucun doute au stade de rêves. Pourtant, le revoir ici et le retrouver avait encore une fois attisé tous ces sentiments qui l'avaient effrayée autant qu'ils lui avaient apporté de l'espoir des années auparavant. Dustin avait été son premier amour, malgré tout ce qu'elle pourrait dire. Il était celui qui avait emballé son cœur pour la première fois et, malgré les années et les épreuves passées, rien n'avait réellement changé, si ce n'était sa résignation à passer à autre chose. Oh oui, elle voulait passer à autre, oublier ses lèvres et le considérer comme le grand frère qu'il était. Mais c'était beaucoup trop difficile, et elle s'en rendait compte à présent. Dustin ne serait jamais son grand frère de cœur, mais elle devrait faire avec. Elle devrait se contenter de ce qu'il avait à offrir, car elle préférait passer une vie entière à profiter de son amitié que quelques instants à lier leurs lèvres dans le baiser dont elle rêvait depuis des années pour se faire repousser et évincer de sa vie. Maintenant qu'elle l'avait retrouvé, elle ne voulait plus le perdre. Et tant pis si ça signifiait qu'elle aurait quelques sacrifices à faire. Pour son sourire, elle donnerait sa vie. Alors pourquoi pas son rêve d'adolescente... « Une commande de fou je ne sais pas, mais je te promets de te laisser un joli pourboire », se contenta-t-il de répondre à son déhanchement, confirmant que ses fesses ne l'intéressaient pas. « Je me fous du pourboire », souffla-t-elle malgré elle d'un ton rempli de sous-entendus. Ce qui comptait, c'était lui. C'était qu'il était là, à cet instant précis, face à elle. Les commandes et le pourboire, en réalité, ça comptait peu. Même pas du tout. Il acquiesça cependant lorsqu'elle mit en avant les atouts proposés par les jeunes femmes qui travaillaient ici -elle y compris, de loin. « Si j'étais venu ici pour les jolies filles, je n'aurais pas été déçu. Pas le moins du monde même. » reprenait-il. Pour la rassurer, sans doute, reprendre le rôle du grand frère qu'il était. Un peu comme lorsqu'elle était une adolescente mal dans sa peau et que sa mère lui disait qu'elle était une jolie jeune fille. « Pff, tu dis ça pour me faire plaisir », répondit-elle non sans un petit sourire reconnaissant, avant de se retourner pour regarder ce qui se passait du côté des deux crétins qui continuaient leur show. Rien de très intéressant, de toute façon : ils continuaient leur show, voilà tout. Mais bon, même si elle se forçait à laisser de côté leurs remarques désobligeants, Alex ne pouvait s'empêcher de s'imaginer leur couper les couilles à la petite cuillère sans anesthésie. Ce genre de clients n'étaient pas vraiment rares, mais Alexis ne s'y était pas faite. Certaines collègues lui avaient dit qu'on se faisait à tout, ce qui ne l'avait pas franchement rassurée. Comment se faire à des remarques qui font de vous une moins que rien ? Oubliant ces deux gars-là, Ally reprit la conversation avec Dustin là où elle l'avait laissée. « Je ne savais pas à qui demander d'autre… » disait-il en expliquant les parents. Elle avait laissé tout le monde derrière elle, et elle s'en voulait comme elle s'était rarement voulue de quelque chose auparavant. Seul Nolan avait eu le droit à un petit mot et, encore aujourd'hui, elle se demandait pourquoi il avait été le seul à qui elle ait fait ce privilège. Peut-être parce que voir Dustin l'aurait trop secouée, qu'elle savait que son sa simple présence en face d'elle l'aurait fait renoncer à ses résolutions. « Ils m'ont dit que tu avais besoin de prendre tes distances et que ce serait mieux si les autres et moi on te laissait tranquille… Je n'ai pas insisté. » Bien sûr qu'il n'avait pas insisté. Elle imaginait très bien ses parents et leur regard plein de jugements et sur-protecteurs. Ils ne lui avaient jamais rien dit de cette visite, et Alexis les détestait pour ça. Parce qu'ils avaient préféré la couper de son monde plutôt que lui voir apporté du soutien. Il l'aurait soutenue, elle le savait. Il lui aurait écrit, peut-être, ou téléphoné. Il aurait été là, elle l'aurait su à ses côtés, et tout aurait été plus doux. Quand elle était enfermée, elle aurait pu s'accrocher à l'espoir de le revoir sans se penser démente. Mais, au lieu de ça, tout ce qu'elle attendait de sa sortie était la liberté, ce sentiment rassurant de retrouver les lieux qu'elle connaissait et sa famille. Mais voilà, c'était aussi retrouver ce qui l'avait détruite, et, sans Dustin, elle s'était apprêtée à le vivre seule. Avec ses parents, peut-être, mais dites-moi à quel moment ils l'avaient réellement comprise ? Ils ne comprenaient rien à rien. Ils ne comprenaient pas pourquoi elle avait fait tout ça, ni ce-ux- dont elle avait besoin pour se tirer de tout ça. C'était avec eux, mais surtout avec lui qu'elle avait tout vécu. Ils étaient son roc, son pilier, et leur absence était aussi douloureuse que le manque de cocaïne et d'héroïne. « Bien sûr qu'ils ont dit ça », répondit-elle sèchement, agacée par ses parents. Mais elle ne pourrait rien leur dire. Elle n'osait même pas imaginer leur réaction si elle leur apprenait qu'elle avait renoué contact avec Dustin.

Une larme lui échappa. Même maintenant, c'était encore dur de parler de tout ça. La plaie était encore loin d'être cicatrisée, et Alexis n'était pas assez forte pour faire face à ce passé qu'ils avaient pourtant enduré ensemble, côte à côte. Elle lui trouva pourtant la force de lui demandait ce qu'il savait exactement de ce qu'il était advenu d'elle. « Je sais que tu… Tu es clean? » Ainsi donc, il savait. Gênée par la question sans trop savoir pourquoi, elle acquiesça d'un signe de tête. Ouais, elle était clean, mais elle n'arrivait plus à croire que ça durerait. La vie était vachement plus moche, comme ça. Chaque instant était lourd, grave et douloureux. Depuis qu'elle était sortie de rehab' et à de nombreuses reprises, elle avait combattu l'idée même de se piquer à nouveau. Elle n'osait même pas imaginer le défi contre elle-même que représenterait la vue d'un peu de poudre blanche. Pourtant, ce qui comptait à présent, c'était lui. Ses parents et l'héroïne n'avait aucun intérêt à cet instant précis. Et il lui avait tant manqué... « Je… » hésitait-il avec un sourire triste. Alexis le regardait, hésitante, se demandant ce qui pouvait le rendre si malheureux dans ce qu'elle venait de dire. A part qu'elle ne lui avait pas manqué... « Toi aussi. » Elle crevait d'envie de s'assoir à ses côtés, de poser sa tête sur son épaule et de lui demander ce qui se passait, maintenant. Ce qu'ils allaient devenir, et surtout, si elle pouvait encore espérer un « ils », un « nous », après son départ précipité. « Je suis désolée pour tout... » s'excusa-t-elle, au bord des larmes, ressassant une fois de plus tout ce qui s'était passé, tout ce qui les avait liés et tout ce qui les avait séparés. Mais elle ne voulait pas s'attarder là-dessus, elle ne voulait plus. Elle voulait être rassurée, savoir qu'il était là et le serait encore lorsqu'il quitterait le bar. Elle voulait se sentir aussi apaisée que maintenant à chaque moment à venir.

Mais elle coupa court à cette séquence émotion en retournant au bar, où elle se calma, reprit ses esprits et avala ses larmes. Elle posa le verra sur son plateau -plateau qu'elle gardait pour le geste car, avouons-le, un verre et une main, c'est pas totalement incompatible même sans plateau. Lorsqu'elle revint à sa table, il regardait ailleurs, comme perdu, ce qui fit monter en elle une angoisse. Et si ce n'était qu'un mirage, et si ce n'était pas Dustin, et si elle délirait complétement ? Le manque pouvait-il encore faire effet maintenant ? Elle mit de côté cette peur pour poser le plateau et le verre sur la table. « C'est parfait! » Son rire... la plus douce des musiques. Il lui avait tant manqué qu'elle aurait pu l'oublier, depuis le temps. « T'es la reine des surprises, clairement! » Fière de sa réaction, elle avait joint les mains devant elle penchant la tête sur le côté, comme intimidée. Mais cette blague ne devait pas conditionner sa soirée. Il était venu ici pour boire et profiter des serveuses, non ? Elle lui proposa une nouvelle fois de choisir autre chose, et elle lui amènerait une autre serveuse, d'une façon ou d'une autre. Il n'allait pas se contenter d'elle, il ne devait pas se contenter d'elle. Ce n'était pour elle qu'il était venu, non, aucune raison donc qu'il n'obtienne pas ce pourquoi il avait choisi de passer le pas de la porte du Pim's. Pourtant, elle perdit l'attention de Dustin bien rapidement. Une autre serveuse, probablement. Bien qu'elle fut pincée de jalousie, elle ne pouvait qu'approuver : il écoutait ses conseils. Ce n'est que lorsqu'il attrapa son bras pour lui demander de rester qu'elle comprit que ça n'avait sûrement pas grand chose à voir avec une autre paire de fesses. Un frisson la parcourut au contact de sa main, et il fut encore plus intense lorsqu'il prit sa main dans la sienne. « Qu'est-ce qui se passe ? demanda-t-elle, effrayée. Elle s'était rapprochée de lui, inquiète. « Je m'en fous de ce que je veux boire, j'ai même pas soif. Parle-moi. » Sérieusement, elle avait peur. Elle serra sa main par réflexe, ne comprenant pas trop ce qui se passait. « Je te parlerai toute la nuit sans m'épuiser, tu le sais bien », laissa-t-elle échapper, tentant sans doute autant de le rassurer lui qu'elle-même. Mais elle fut poussée sur le côté, non sans douceur, et elle regarda Dustin se lever, réalisant soudain ce qui se passait. Elle lui attrapa le bras pour le retenir mais il était trop tard. Au passage, elle en profita donc pour attraper le parasol en papier qu'elle avait installé derrière son oreille -juste histoire de gagner en crédibilité. « hey?! Ouais toi, le gros connard misogyne… Et si t'essayais de fermer ta grande gueule pour voir? » Restée un peu en arrière, Alex faisait tourner le parasol entre ses doigts, admirant l'absence de réaction des deux vieux. C'était beau de placer critique sur critique lorsqu'il n'y avait rien derrière. La blonde un sourire satisfait qui s'éclipsa aussitôt lorsqu'elle croisa le regard d'une collègue, qui, de là où elle était, fit remarquer que les bagarres se déroulaient exclusivement à l'extérieur. Les deux quinquagénaires ne tiquèrent pas, ne se sentant visiblement pas concernés, et reprenaient déjà leur conversation spirituelle, passant cette fois-ci à leurs secrétaires dont ils comparaient les atouts. Avant qu'elle ait le temps de répondre à sa collègue, Alexis avait levé son regard bleuté vers Dustin, qui s'était retourné pour lui faire à présent face. Leur proximité était douce et apaisante, mais la serveuse se sentit bien mal à l'aise, se disant soudainement qu'elle n'arriverait plus à le considérer comme le grand frère qu'il était pendant longtemps encore. Leurs souffles se mêlaient presque, tandis qu'elle murmura : « Ils parlaient de moi ? » Son regard valsait de sa bouche à ses yeux, tandis qu'elle réalisait de loin qu'il venait de défendre son honneur. Encore un scénario qu'elle aurait pu imaginer et auquel elle n'aurait pas osé croire. D'un geste hésitant, elle monta la main vers son visage, puis ses cheveux, avant de replacer le parasol légèrement ouvert derrière son oreille. « Je te l'ai enlevé parce que ça cassait ton image de bad boy », souffla-t-elle avant de caresser son visage du bout des doigts. Ils étaient tellement proches qu'elle aurait pu faire une connerie, une grosse connerie. C'était presque pire comme tentation que de se retrouver face à un kilo d'héroïne. Pour casser l'attrait qu'avaient les lèvres de Dustin, elle se blottit subitement contre lui, le serrant dans ses bras comme elle avait rêvé de le faire depuis qu'ils s'étaient reconnus. Le contact était apaisant et rassurant, et sa chaleur calma toutes les anxiétés qu'elle pouvait avoir, y compris celles dont elle pouvait ne pas avoir conscience. Elle ferma les yeux quelques instants, le visage plaqué contre l'épaule du jeune homme, savourant cet instant. Elle ne voulait pas se séparer de lui, elle ne voulait plus se séparer de lui. « Je suis désolée... » répéta-t-elle dans un sanglot étouffé, peu à peu tranquillisée par les battements du cœur de celui qu'elle aimait.
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MessageSujet: Re: 'Cause tonight I'll be staying here with you •• ALEXIS&DUSTIN   'Cause tonight I'll be staying here with you •• ALEXIS&DUSTIN EmptyJeu 20 Fév 2014 - 4:18


Au delà du bonheur de la retrouver, il y avait l'angoisse. Celle de la perdre à nouveau, celle de la voir replonger et celle de la voir malheureuse. Il y avait l'angoisse de ce que demain deviendrait. L'angoisse des secrets dont ils ne parleraient jamais mais dont ils connaissaient pourtant tous les deux l'existence. L'angoisse profonde de rater quelque chose. Et à cet instant précis il avait autant envie d'être heureux que profondément triste. C'était plus fort que lui, ancré dans son âme, dans son coeur, il y avait tout ces souvenirs, tout ces rêves qu'ils avaient eu, qu'ils avaient fait ensemble, toutes ces conversations qu'ils avaient partagé, cette amitié qui s'était tissée et puis la vie et ses injustices. La vie, cette chienne. Alexis réveillait en lui des choses qu'il avait mis un point d'honneur à ne pas trop s'autoriser à ressentir, elle le forçait à s'ouvrir à elle parce qu'il était incapable de toute façon de lui mentir. Incapable de lui faire du mal. Oui, elle était belle et il fallait qu'elle le sache. Peu importe son job, peu importe sa vie, elle était magnifique. Rayonnante même. Ce n'était qu'un trait de sa personne qui attirait terriblement Dustin. Il y avait tant d'autres choses qui constituaient cette fille et faisaient d'elle un cas unique en son genre, il se sentait chanceux de la connaitre et de l'avoir dans sa vie. "Tu sais que je ne dis jamais des choses que je ne pense pas…" Affichant un air sérieux, trop sérieux peut-être, il avait lâché ça en la regardant droit dans les yeux. C'était parfois tellement difficile de dire les choses à voix haute, mais les yeux ne savent pas mentir. Elle le connaissait bien, mieux que la plupart des gens en tous cas. Et malgré les mois qui les avaient tenu à l'écart l'un de l'autre, malgré tout le reste, il avait l'impression de ne l'avoir quitté que la veille. Elle lui avait manqué, tellement, mais à présent tout redevenait comme avant. Presque. Elle était là devant lui, comme si hier encore ils n'étaient que ces gamins fumeurs de pétards. Il repensait à leur insouciance, leurs éclats de rire, et la liberté. Comme si hier encore ils n'étaient que des gamins? Comme si hier tout allait bien? Non… Ça ne pouvait pas ressembler à hier. Elle était là, certes, mais ce n'était plus du tout comme avant. En fait, on aurait même pu croire que plusieurs années avaient passé plus que quelques mois en réalité. Reparler de son départ le ramenait à la solitude qu'il avait ressenti en comprenant qu'elle était partie. Les parents d'Alexis, il était allé les voir pour une raison de survie. S'il n'y était pas allé, il en aurait crevé. Il avait failli devenir fou en imaginant son corps inanimé sur le sol, seule et dans le froid de la nuit. Et s'il lui était arrivée quelque chose? Il n'aurait jamais pu s'en relever, jamais pu se le pardonner. Alors, il n'avait pas eu le choix. Il avait dû retourner la ville pour retrouver sa trace. Il revoyait encore dans sa tête le visage de la mère d'Alexis lorsqu'elle avait ouvert la porte et découvert Dustin. Il n'avait pas su dire s'il s'agissait plutôt de colère, de peine ou de peur. Une mélange des trois peut-être… Il avait senti qu'il n'était pas le bienvenu mais il avait insisté. Et même face au père, il avait tenu bon pour qu'on lui dise au moins qu'elle allait bien. À cet instant-ci, sans doute lui en avait-il voulu un peu de l'avoir forcé à vivre ça. Cette angoisse de la mort il ne l'avait pas toujours eu, il n'en avait d'ailleurs longtemps pas eu conscience, mais quelque chose avait changé et désormais il avait peur de ne pas pouvoir sauver ses amis. Sauver les gens qu'il aime. Il vivait avec cette peur au ventre, et c'était aussi l'une des raisons qui rendait sa solitude plus supportable. Quand on est seul, on n'a pas besoin d'aimer qui que ce soit, et quand on n'aime personne il n'y a pas de raison de s'inquiéter, personne à sauver non plus. Oublier Alexis, il n'avait jamais été capable de le faire. Il aurait pu essayer mais il n'en avait jamais eu envie. Il pouvait tourner la page avec les autres, ce serait peut-être même mieux pour eux… Mais avec elle, il était incapable de passer à autre chose. S'isoler dans sa bulle, peindre jusqu'au petit matin, oublier qu'il y a une vie au dehors. Son quotidien avait changé, ses habitudes aussi. Il avait commencé à consommer parce que ses amis le faisaient, c'était un truc qu'ils faisaient ensemble au bout du compte, comme un facteur social, quelque chose qui jouait grandement sur ses relations. Dustin avait cherché un sens à tout ça maintenant qu'il n'y avait plus grand monde à ses côtés et il n'était pas parvenu à en trouver un… Malgré tout, il s'était piqué le bras en sachant que ce ne serait pas la dernière fois, qu'il en avait besoin au fond et que c'était ça sa raison désormais. Ce n'était plus simplement un jeu, c'était une part de lui. La drogue qu'il consommait, il en avait besoin comme il avait besoin d'air pour respirer. Le simple fait de réaliser sa véritable condition l'avait changé quelque peu. Il conservait ses rêves et ses envies, mais il avait une vue sur le monde un peu différente. Plus sombre et plus brouillon. "Ils essayaient seulement de te protéger…" répliqua-t-il en l'entendant réagir au récit de sa visite chez ses parents. Il n'avait pas envie de créer des problèmes entre Alexis et sa famille, après tout Dustin avait compris qu'eux aussi tenaient à elle et qu'ils voulaient la garder auprès d'eux pour qu'elle aille mieux. Et même s'ils détestaient Dustin du plus profond de leur être, il n'éprouvait pour eux que de la reconnaissance. Il leur était reconnaissant de prendre soin d'elle quand il ne le pouvait pas.

Elle n'aurait jamais pu se tourner vers lui pour devenir clean. Il n'aurait pas été capable de l'aider, il n'aurait pas eu la force. Même pour elle. Même avec elle. Il avait l'impression d'être un monstre mais il était aussi foncièrement honnête. Et c'était sa réalité. Sa dépendance, il la voyait comme un membre de sa famille justement. Toujours là dans un coin de sa tête, partout dans son sang, il vivait avec depuis bien trop longtemps pour envisager de s'en séparer. Avec elle, ce serait à la vie à la mort, il le savait pertinemment et tant pis si c'était tragique. Ce n'était pas pour autant qu'il était inconscient et qu'il faisait n'importe quoi. Mourir, il n'en avait pas envie… Surtout plus maintenant. Il regardait Alexis et en voyant qu'elle était sur le point de pleurer ou bien même qu'elle pleurait déjà, il eu comme un sursaut. C'était léger, mais c'était là. Il aurait dû se lever et la prendre dans ses bras, juste quelques secondes. Il n'avait pas pu. La différence entre ce que son coeur désirait et ce que sa tête lui disait de faire était de plus en plus frappante et flagrante. C'était tout nouveau pour lui. Les retrouvailles intensifiaient les choses et le forçaient à ressentir tout beaucoup plus fort que ça n'avait été le cas auparavant. Il tentait encore de se convaincre qu'il ne l'aimait pas autrement que comme une soeur, que tout le reste n'était qu'une illusion de son esprit, une manifestation étrange du manque violent qu'il avait éprouvé en ne la voyant pas pendant des mois. C'était tout. Alors, pour ne pas enfoncer le clou, il avait lutté contre l'envie de la serrer, contre l'envie d'essuyer ses joues et contre l'envie de lui dire que ça irait. Il se contenta de confirmer qu'elle aussi lui avait manqué, et son sourire triste laissa place au silence. Peut-être qu'il était le roi des cons d'agir de la sorte, il ne voulait pas lui faire de la peine, mais il ne savait pas comment faire autrement. Elle s'excusa alors et Dustin baissa la tête quelques instants. C'était une lutte terrible avec lui-même. Lui qui revendiquait son goût pour la liberté sous tout ses aspects mais particulièrement la liberté de s'exprimer, la liberté de ressentir, la liberté de vivre… C'était comme se trahir que de refouler ce qu'il avait en lui et il détestait ça mais avec tous les efforts du monde pour ne pas paraître trop touché, il releva les yeux vers elle et articula: "Je sais." Était-ce trop cruel? Il n'en savait foutrement rien mais il avait envie de se taper la tête dans un mur. "T'as pas à être désolée Alex. " Il ne pouvait pas la laisser ainsi. "Tu n'as rien fait de mal." En vérité, il aurait voulu lui dire que lui aussi été désolé et que s'il avait pu être là pour elle avant il l'aurait fait. Il était désolé d'être faible et de manquer de courage pour faire ce qu'elle avait fait. Il tenta alors de sourire. Sourire pour oublier qu'il était un abrutit. Sourire pour la rassurer peut-être aussi. Ses yeux hurlaient à la place de sa bouche. "Non Alexis, je ne te déteste pas. Je ne te déteste pas du tout même. Mais je n'ai pas le droit de t'aimer, pas comme je le voudrais au fond de moi. Je n'ai pas le droit de te dire que ton absence m'a laissé à l'agonie, et je n'ai pas le droit de te dire que j'ai besoin de toi, que je ne veux plus jamais lâcher ta main. Je n'ai pas le droit putain." C'était tellement plus simple de plaisanter avec un verre d'eau que de lui dire ça. Tellement plus simple.

À son retour, le coeur de Dustin s'était allégé quelques secondes, le temps de retrouver la bonne vielle relation qu'ils avaient entretenu avant. Quand ils riaient encore tous les deux avec la plus grande des sincérités. L'eau plate, le parasol, c'était adorable. Il aurait voulu voir son sourire et entendre leurs rires se mêler l'un à l'autre toute la nuit, mais il avait fallu que le gros con de derrière l'ouvre à nouveau. Dustin, n'était peut-être pas le genre de mec nerveux mais il y avait des limites à tout et sa patience y compris. Il n'avait pas envie d'une autre boisson. Il voulait simplement qu'Alexis reste avec lui et qu'ils parlent comme au bon vieux temps. Il était même curieux de savoir ce que ça faisait d'aller en réhab. Il n'oserait peut-être pas poser trop de questions, mais ça ne signifiait pas qu'il n'avait pas envie de savoir. Evidement que ça l'intéressait! Evidement qu'il voulait avoir un récit précis sur ce qu'elle avait fait durant tout ce temps, ce qu'elle avait ressenti, ce qu'elle avait vécu. Toutes les interrogations auxquelles il avait fait face pouvaient maintenant obtenir des réponses qu'elle seule détenait. Il avait attrapé son bras tout en continuant de lui parler mais il était déjà ailleurs. Concentré sur les mots qui s'échappaient de la bouche du crétin de la table d'à côté. Des mots qui le dégoûtaient et qui lui donnaient envie de casser un verre sur le crâne de ce type. Il n'était vraiment pas violent, non… Mais c'était Alexis. Pour elle, avec elle, c'était différent. Il sourit en l'entendant dire qu'elle pourrait lui parler toute la nuit sans s'épuiser mais presque aussitôt il l'avait repoussé sur le côté et déjà Dustin s'adressait au lourdingue de première pour le remettre à sa place. Il ne cherchait pas la bagarre, pas même des excuses, mais il ne voulait plus entendre un mot déplacé sortir de cette bouche dégueulasse à l'encontre d'Alex. Point. Il leva les yeux au ciel en entendant les deux hommes entamer une nouvelle conversation toute aussi charmante. Au moins, ils ne parlaient plus d'elle. Elle. Ça résonnait dans sa tête. Il l'avait senti dans son dos, il avait deviné la proximité qu'ils venaient de gagner lorsqu'il s'était mis debout et il avait à peine réfléchi avant de se retourner. Leurs visages si proches, leurs deux corps se touchant presque… Il ne savait plus quoi dire tout à coup. Elle demanda si les deux types parlaient d'elle et il secoua la tête machinalement. "Peu importe." Il n'avait pas envie qu'elle s'inquiète de ça. Les mecs de ce genre ne méritent même pas une minute du temps d'Alexis Flackrell. "C'est des connards." ajouta-t-il. Les yeux de Dustin quittèrent le visage de la jeune femme pour retrouver le parasol et le suivre jusqu'à ce qu'elle le glisse à son oreille. Il rit parce qu'elle y allait encore de son petit commentaire. Son image de bad boy? Il s'en foutait bien pourtant. "Je l'aime bien moi ce parasol." L'envie de faire un pas en avant pour la toucher le poursuivait plus que jamais, mais au lieu de ça il s'apprêta à faire un pas en arrière quand il la sentit tout contre lui. Il n'était même plus très sûr du quel d'entre eux avait approché l'autre en premier. Il en avait eu tellement envie qu'il n'aurait pas eu de mal à croire que ses jambes et ses bras aient fonctionné sans l'accord de sa tête. Sans réfléchir, définitivement sans réfléchir, il resserra son étreinte. Des câlins, il lui en avait déjà fait mais c'était purement amicale. Là, il n'en savait trop rien. Que faisaient-ils au juste? Qu'étaient-ils l'un pour l'autre? Parce quelle que soit la réponse, il savait qu'il y avait encore des choses qu'ils ne pourraient pas faire, qu'ils ne pourraient pas être. Il avait beau la désirer, il y avait cette barrière entre eux qu'il se refusait à envoyer valser. "Arrête…" Elle avait répété qu'elle était désolée, et tout en continuant de la tenir contre lui, il secouait la tête. "T'as aucune raison d'être désolée. Absolument aucune. En fait… C'est moi qui devrait l'être." Il passa une main sur ses cheveux longs et doux avant d'ajouter: "Je t'aime toujours, tu sais?" Il força un large sourire. Il l'avait dit sur le ton du grand frère, pas sur le ton de l'amant et peut-être qu'elle serait déçue, peut-être qu'elle lui en voudrait mais il n'avait pas le choix de le lui dire autrement. Il venait de lui dire "je t'aime" parce que c'était le cas, ça l'avait toujours été, mais il l'avait dit d'une façon qui était très loin de transmettre ce qu'il ressentait vraiment. On aurait presque dit qu'il s'agissait d'une plaisanterie. Pourtant, il avait senti ses sanglots qui la prenaient, et il avait entendu au son de sa voix qu'elle était encore brisée, mais il ne savait pas comment se sortir de cette situation et s'il lui donnait trop d'espoir et qu'elle l'embrassait, il serait incapable de continuer à faire semblant, incapable surtout de lui dire non sans lui briser le coeur. Peut-être valait-il donc mieux qu'il tente d'arrêter tout avant qu'ils n'aillent trop loin et qu'ils le regrettent. "Tu… Tu ne fumes plus je suppose?" Il s'écarta à nouveau d'elle, et haussa les épaules. "J'ai besoin de prendre l'air, tu peux venir avec moi? Je sais que tu bosses mais… Tu peux prendre une petite pause, non?" Il avait besoin surtout de la voir en dehors de cet endroit qui devenait presque oppressant. Entre la musique, les spots lumineux et les odeurs d'alcool, Dustin rêvait soudainement d'un peu de calme pour la retrouver. Ça lui permettrait sans doute de se calmer, de poser les choses et de ralentir la cadence. 
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MessageSujet: Re: 'Cause tonight I'll be staying here with you •• ALEXIS&DUSTIN   'Cause tonight I'll be staying here with you •• ALEXIS&DUSTIN EmptyDim 23 Fév 2014 - 1:25


Dustin W. Kennedy & Alexis Fackrell

Please wear the face, the one where you smile, because you lighten up my heart when I start to cry.


L'amour, c'était censé être facile, non ? C'est ce que disaient les films, les chansons et les séries. On rencontrait la personne idéale, parfois on se tournait autour pendant dix saisons, mais, au final, l'happy ending était toujours là. A moins, bien sûr, de faire à faire à quelqu'un qui ne nous correspond pas du tout et, dans ce cas, on se retrouve avec une chanson de rupture qui fait pleurer dans les chaumières. Mais pourquoi elle n'avait jamais entendu de chansons qui l'auraient rendue moins perdue à cet instant précis ? Pourquoi il n'y avait aucun mode d'emploi de ce putain de muscle cardiaque ? A moins que ce ne soit le cerveau ? Peu importe ce qui contrôlait tout ça, au final, Alex était perdue. Parce c'était trop cruel de ressentir tout ça pour un grand frère de cœur. Un grand frère, et rien de plus. Il avait quatre ans de plus qu'elle et une panoplie de conquêtes parmi lesquelles elle n'avait pas sa place et n'aurait jamais sa place. Ces idées qui lui trottaient dans la tête n'étaient que chimères fictives, et ne seraient jamais rien de plus que ça. Le plus important était leurs retrouvailles, la vue de ce sourire qui lui avait tant manqué. Voilà ce qui comptait. Sa présence, celle de son grand frère de cœur, et rien d'autre. Elle se moquait de ce que leurs retrouvailles pouvaient signifier, en réalité. Si ses parents l'auraient sans doute menacée d'une rupture familiale totale, Alex, elle, considérait ce merveilleux hasard comme un coup de pouce de la vie. Dustin la connaissait par cœur, mieux encore que ses parents, et la comprenait comme personne ne l'avait jamais comprise, y compris Nolan et son frère. Il y avait entre eux une alchimie qui leur avait autrefois permis de passer bien vite de simples connaissances à amis. Pourtant, à aucun moment Alexis n'avait réussi à réellement mettre de côté ces drôles de sensations qu'elle ressentait en sa présence. Dustin était le meilleur ami de Samuel, et il devenait son grand frère de cœur. A eux tous, ils formaient une seconde famille, une famille qu'elle s'était choisie, et ça n'avait pas de prix. Nolan avait réussi à occulter cette douleur que provoquait son affection à sens unique. Alexis l'avait aimé, à sa manière, et lui avait été reconnaissante de tous ces moments partagés. Avec lui, elle avait grandi, évolué, et appris à découvrir de nouveaux sentiments. Mais si elle n'osait même pas encore l'admettre, Dustin avait été le premier à lui ouvrir les yeux sur l'amour. Elle était encore au lycée, à l'époque, et elle se foutait complétement de toutes ces conneries. Elle avait plus important à faire que tomber amoureuse. Elle avait tellement de choses à vivre. Et puis... et puis elle s'était rendue compte que rien ne valait réellement la peine d'être vécu si elle ne choisissait pas les personnes avec qui les partager. Et ces personnes, elle les avait trouvées en cette nouvelle famille. Et les sentiments qu'elle éprouvait pour Dustin n'avait cessé de s'étendre. Jusqu'à ce que Nolan ne vienne prendre une part importante dans son cœur, lui aussi, occultant celui qui était devenu bien malgré elle-même son second frère. Elle s'était contentée de cette relation, et elle le vivait bien. De toute façon, elle n'avait pas le choix. Mais maintenant, les choses avaient changé. Elle avait été seule trop longtemps, enfermée dans un environnement hostile avant d'en sortir, errant dans un monde de flou où personne ne la comprenait, et où elle ne comprenait personne. Finalement, cette liberté dont elle avait rêvé pendant sa cure n'était pas aussi rose qu'escomptée, loin de là. Oh, elle s'en était doutée. Mais elle n'aurait pas pensé que tout serait si douloureux. Chaque instant lui demandait un effort presque surhumain. Elle savait où trouver de l'héro ou de la cocaïne, et le plus difficile était de ne pas succomber à cette tentation. Si elle avait un peu de ces poudres entre les doigts, elle savait d'ores et déjà que ce serait fini. Si on lui avait expliqué comme à une débile que le manque ne durerait que peu de temps, on avait omis de lui dire que le manque physique n'était que la partie émergée de l'iceberg. Elle ne se sentait plus elle-même depuis tous ces mois. Peut-être parce qu'on l'avait séparée de sa famille de cœur, mais aussi et tout simplement à cause de l'absence de ces produits chimiques. Elle se sentait constamment impuissante face au monde, perdue et débile, inutile et invisible. Alors oui, si l'occasion se présentait, elle s'injecterait à nouveau toutes ces saloperies directement dans les veines, juste pour se sentir elle-même à nouveau.

Pourtant, le hasard venait de lui démontrer quelque chose. Dustin était là, face à elle, et elle avait senti un poids disparaitre de ses frêles épaules. Comme si une part de cette sensation de manque et d'incompréhension avait disparu. Alexis avait récupéré une part d'elle-même, et elle avait gagné en légèreté. Le monde ne lui paraissait plus si dégueulasse, maintenant. Elle avait retrouvé celui à qui elle ne demandait qu'à s'accrocher, et ce peu importe les conséquences que cela pouvait avoir. Si elle replongeait, tant pis. Elle s'en moquait. Maintenant, elle était avec lui et... même si elle n'était pas prête à l'admettre, il était sans doute sa plus grande addiction. Et même s'ils n'étaient aux yeux de tous, y compris à ceux du beau bruns, que frère et sœur, Alexis n'arrivait pas à se sortir de l'idée le reste... Tout ce reste qu'elle n'aurait su définir. « Tu sais que je ne dis jamais des choses que je ne pense pas… » répondait-il comme en écho à ses pensées. Oui, le grand frère qu'il était devait tenter de lui redonner un tout petit peu de confiance en elle, sans doute. Alors elle sourit, presque timidement, en penchant la tête sur le côté, touchée par les propos de son ami. « Merci... » répondit-elle simplement avant d'ajouter sur un ton rieur : « Pour le coup, tu m'as fait plaisir ! » Oui, ce regard et toute la personne qui y était rattachée étaient ses plus grandes addictions. Tant pis pour ses parents et leur jugement hâtif, de toute façon, ils n'avaient jamais rien compris à rien. Ils la traitaient encore comme si elle avait seize ans et une pathologie mentale. Elle était fragile, peut-être, mais n'avait pas besoin de se l'entendre dire quotidiennement. Elle n'avait pas besoin qu'on lui répète à quel point sa vie était un échec, le nombre de mauvais choix qu'elle avait faits et que « oui, la cure, c'était un bon premier pas, mais maintenant ? ». A vingt quatre ans, elle était en âge d'être perdue pour elle-même. Et ce que Dustin venait de lui dire, lui expliquant qu'il était allé voir ses parents pour comprendre ce qui se passait, ne l'étonnait pas réellement. Enfin... si, peut-être, mais c'était un gros bordel dans sa tête. Parce que Dustin avait cherché à prendre de ses nouvelles, elle était plus qu'étonnée. Elle se sentait coupable, aussi, même plus que coupable. Elle aurait pensé qu'il l'aurait détesté après un abandon comme celui qu'elle lui avait fait subir, mais au lieu de ça, il s'était enquit de son bien-être. Elle aurait peut-être préféré qu'il la déteste, au fond. Ça aurait été plus simple. Pas d'espoirs alambiqués, mais surtout, elle aurait tout ce qu'elle méritait. Et on ne cessait de lui répéter que tout ce qu'elle avait vécu, elle l'avait mérité. Alors, pourquoi pas cette séparation ultime ? Dustin, lui, prenait la défense de ses parents, sans qu'elle ne sache trop pourquoi. « Ils essayaient seulement de te protéger… » disait-il alors qu'elle l'observait, tentant de savoir si c'était réellement une protection qu'ils lui avaient infligé en rejetant Dustin de sa vie. « Me protéger de toi ? Dis pas de connerie. Ils voulaient se protéger eux. » Des regards de leurs voisins et de leurs collègues, des conneries comme ça. Ils voulaient pas être rattachés à ce milieu dont ils s'efforçaient de tirer leur fille. Pas de ces gens-là chez eux. Mais au fond, le réel problème qui la hantait à présent ne venait pas de ses parents. Il venait d'elle. Elle était sa propre ennemie à tous les niveaux, et elle ne devait qu'à elle-même, de base, sa séparation d'avec Dustin. Elle aurait du rester à ses côtés. Ou, au moins, elle lui aurait du quelques explications et un au revoir. Elle n'en avait pas eu la force, mais c'était une des choses les plus égoïstes qu'elle avait faites dans sa vie jusque là. Dustin n'avait pas l'air d'accord. Mais elle, elle ne s'excuserait jamais. Elle se sentait responsable de quelque chose de bien plus grand qu'elle. C'était indéfinissable. C'était comme si elle lui avait montré, par ce simple geste, qu'il n'avait pas réellement compté autant qu'elle le lui avait dit. C'était comme si elle avait dénigré le lien qui les avait liés, quel qu'il soit. Et n'était-ce pas là la plus cruelle des insultes dans une relation ?

Pourtant, visiblement, pour le moment, les insultes actuelles ne provenaient d'aucun des deux jeunes. Plutôt des deux vieux commerciaux de seconde zone en pleine crise de la cinquantaine. Alexis n'arrivait pas à s'habituer à ce genre de clients, mais on lui avait appris peu à peu à faire avec. Il parait que ce n'était pas très vendeur de casser un verre sur le crâne d'un client. Pourtant, ce n'était pas l'envie qui avait manqué à Alex à de nombreuses reprises... Mais, encore une fois, on la forçait à ne plus être elle-même, allant jusqu'à la faire ravaler le peu de fierté qui lui restait. Elle avait l'impression d'être transformée en une espèce de copie spectrale de celle qu'elle avait été autrefois, même avant de plonger dans cet univers particulier. Elle se sentait comme une coquille vide dénuée de toute identité. Pourtant, depuis quelques instants, c'était comme si elle s'était réveillée. Comme si, quelque part dans les tréfonds de son être, quelque chose se réveillait et se remettait à vivre. C'était tout l'effet que lui faisait son grand frère. Oui, son grand frère de cœur... Celui qui venait de prendre sa défense face aux deux autres crétins et se retrouvait maintenant à une proximité qui la faisait frissonner. « Peu importe. C'est des connards » la rassurait-il alors qu'elle haussait les épaules. « Je sais. Mais je voulais savoir si c'était de mon cul dont ils parlaient depuis de si loooongues minutes. » En général, dans ce genre de situations, il n'y avait pas une seule serveuse qui en prenait pour son grade. Mais dans tous les cas, se retrouver impliquée dans une de ces conversations n'était pas agréable. C'était rare qu'on vienne la complimenter sur son physique, ou, pire, son intellectuel ! De là à tolérer les insultes, c'était une autre paire de manche... Une occasion de plus de l'enfoncer et de lui faire comprendre qu'elle ne valait pas grand chose, même en tant que serveuse dénudée. Doucement et avec un petit sourire, Alexis avait replacé ce parasol derrière l'oreille de Dustin. Si ses patrons savaient quelle utilité elle trouvait à leurs décorations de boissons... « Je l'aime bien moi ce parasol » lui glissait-il alors que son regard pétillant s'était perdu dans le sien. Elle eut un petit rire. « J'espère bien, je te l'ai choisi avec amour... » Enfin, amitié, quoi. Ou fraternité, même, plutôt. Et ce mot lui avait sans doute échappé trop facilement. Même si un frère et une sœur ne se seraient pas formalisés d'une telle expression, Alex, elle, ne pouvait s'empêcher de penser qu'avec ses conneries, tout ce qu'elle allait obtenir c'était qu'il l'abandonne à son tour. Sauf que lui, il ne reviendrait pas, parce qu'elle aurait été la raison de sa fuite. Pourquoi rester auprès de la petite sœur de son meilleur ami, sa cadette de quatre ans, si celle-ci semble développer des sentiments qui n'ont rien à voir avec leur amitié ? Elle était ridicule. Et tellement heureuse de le retrouver... Se serrant contre lui, elle s'excusa une nouvelle fois. Et peu importe ce qu'il disait, elle ne s'excuserait jamais assez. Elle ne voulait plus qu'ils se séparent, jamais. Elle voulait rester à ses côtés, parce que tout était plus doux à ses côtés. Elle se sentait exister à nouveau, elle redevenait peu à peu cette Alex qui avait été heureuse de vivre à un moment. Cette étreinte qui lui rendait n'allait pas sans la rassurer, au contraire. Elle se sentait protégée et épanouie, comme si elle pouvait à présent vivre les pires crasses du monde. Dans ses bras, la vie prenait une toute nouvelle dimension. Le monde reprenait quelques couleurs, et Alex se surprenait à croire à nouveau en un avenir. Tant qu'il serait à ses côtés, tout était possible. Elle avait oublié ces mois passés à remplacer des substances chimiques par d'autres, à écouter des gens aussi amochés qu'elle décrire leurs expériences. Elle en avait oublié ses parents et leur égoïsme, leur jugement et leur ton condescendant. Elle était dans sa bras, et, serrée contre lui, elle était apaisée comme jamais. « T'as aucune raison d'être désolée. Absolument aucune. En fait… C'est moi qui devrait l'être » entendait-elle comme de loin, tranquillisée par la douceur de la main qu'il passait dans ses cheveux. « Toi, mais pourquoi ? » souffla-t-elle contre son cou, « Je t'ai dit d'arrêter de dire des conneries, Dustin... ». Elle avait fermé les yeux pour savourer l'instant, souriant bêtement en entendant « Je t'aime toujours, tu sais ? ». Non, elle ne savait pas. Elle ne savait plus. Et elle s'apprêtait à dire la plus grosse connerie de sa vie... Comme quoi, elle considérait que les conseils qu'elle lui donnait ne s'appliquaient pas à elle. « Je t'ai toujours aimé, tu sais ? » La voilà, la connerie. Parce qu'elle n'avait pas pu la retenir, parce que ça passerait sûrement crème auprès d'un homme qui ne la considérerait jamais comme rien d'autre qu'une petite sœur à protéger. Oui, lui, il l'aimait toujours... Comme on aime sa petite sœur. Et même si c'était beau, même si c'était un des plus cadeaux que la vie pouvait lui offrir que de lui tendre les bras de Dustin à nouveau, elle n'en était pas moins cruelle...

« Tu… Tu ne fumes plus je suppose? » demanda-t-il subitement en s'éloignant d'elle. Se trouvant subitement tirée hors de son cocon douillet, Alex se sentit stupide. Stupide d'avoir pensé un instant à ce qui aurait pu être, ce qu'il aurait pu déceler, ou ce qu'il aurait pu ressentir. « Heu... » commença-t-elle en reprenant ses esprits. « Jsuis traditionnelle, quoi... Je fume légal » rit-elle en ayant l'impression de dire « je fume bio, de l'herbe élevée en plein air sans pesticides. » Mais non, elle fumait juste des cigarettes, l'addiction la plus communément admise. « J'ai besoin de prendre l'air, tu peux venir avec moi? Je sais que tu bosses mais… Tu peux prendre une petite pause, non? » lui avait-il proposé alors qu'elle jetait un coup d’œil aux serveuses présentes. Elle finit par capter le regard de celle avec qui elle s'entendait le mieux, lui faisant un signe de tête signifiant qu'elle prenait une pause. En cas d'urgence, et elle n'en doutait pas un instant, elles sauraient venir la chercher... Mais tous les clients dont elle était responsable étaient servis et le nombre de serveuses présentes était suffisant pour les prendre en charme temporairement. Sa collègue acquiesça d'un sourire malicieux. « Suis-moi », dit-elle simplement en le prenant par la main malgré elle, récupérant de son autre main le plateau où elle avait replacé le verre d'eau. Ils se dirigèrent vers le bar où elle déposa son petit barda, discutant rapidement avec une collègue et ajoutant en direction de Dustin :  « Si tu veux boire ton verre d'eau c'est maintenant. Cuvée 2014, eau du robinet, avec un arrière goût de chlore. Fais-toi plaisir. ». Penchant la tête sur le côté, elle eut un sourire amusé en revoyant le parasol à moitié ouvert derrière son oreille. « Je suis fière d'avoir choisi ce parasol, il te va très bien », pouffa-t-elle sans réellement réaliser le bonheur que cette insouciance retrouvée signifiait. Elle s'en rendrait sans doute compte lorsqu'elle s'endormirait le soir sous ses draps avec un sourire béat d'adolescente amoureuse... Avec un dernier regard à sa collègue amusée, Alexis reprit la main du beau brun dans la sienne pour le mener à une porte placardée par un magnifique « privé », derrière le bar. Elle l'ouvrit sans ménagement, dévoilant un couloir qui desservait réserves et salle de pause/préparation. C'est dans cette pièce que se réfugia Alex, lâchant la main de Dustin pour récupérer son manteau et son sac à main. Partout dans la pièce, un bordel innommable. Entre fringues, sacs et tables recouvertes de produits de maquillage et de coiffure, la pièce avait tout l'air de coulisses de théâtre. Sauf que... elle n'était pas vraiment actrice. « Fais pas gaffe, t'es dans les coulisses de nos super spectacles... » dit-elle en haussant un sourcil navré et blasé. Elle enfila son manteau rapidement et le referma, juste histoire de pas sortir dehors en sous-vêtements. Elle passa devant lui en lui attrapant le bras, cette fois-ci, et le guida dans le couloir jusqu'à une porte qui les mena à l'extérieur, dans une arrière-cour peu fréquentée et particulièrement glauque après la fermeture. Elle laissa la porte claquer derrière eux et se mit à frissonner tant la différence de température se faisait ressentir. Le vent s'infiltrait sous son manteau, et elle se dépêcha de sortir une clope et un briquet de son sac pour allumer cette dernière, puis croisa ses bras contre elle pour retenir la chaleur. « Si tu perds ton parasol, je t'en voudrai longtemps », le prévint-elle en réponse aux coups de vents. Elle souffla un nuage de fumée dans le sens du vent sans trop savoir quoi dire, balançant entre l'envie de l'embrasser et le besoin raisonnable de ne pas le faire. Malgré elle, elle se mordit la lèvre inférieure en le regardant. « Tu t'en iras pas, hein ? » souffla-t-elle finalement dans un murmure à peine audible, témoignant de l'angoisse qui la saisissait depuis qu'elle l'avait retrouvé. « Tu me laisseras pas, hein... » J'ai besoin de toi. Répare-moi, soigne-moi, aide-moi, et aime-moi. Même si je t'aimerai toujours différemment.
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MessageSujet: Re: 'Cause tonight I'll be staying here with you •• ALEXIS&DUSTIN   'Cause tonight I'll be staying here with you •• ALEXIS&DUSTIN EmptyJeu 6 Mar 2014 - 4:01


Que celui qui n'a jamais été attiré par l'interdit me lance la première pierre. Dustin en bon petit rebelle en herbe a toujours eu un penchant très prononcé pour toutes ces choses que l'on a pas le droit de faire, que l'on ne devrait pas faire mais que l'on crève d'envie de faire malgré tout. En général, il ne se privait pas pour assouvir ses désirs puisque de toute façon il se fichait de l'avis de tout le monde hormis du sien et qu'à partir du moment où il avait une chose en tête la lui retirer relevait du défis. Il n'avait eu aucun scrupule à fumer ce joint que son frère l'avait supplier de ne pas prendre, aucun scrupule à claquer la porte au nez de ses parents après les avoir envoyé chier un énième fois, encore moins lorsqu'il avait rejoins sa petite bande et qu'avec eux il avait fait les quatre cent coups. Ils ne se refusaient rien. Jamais. Pas tant qu'ils estimaient que ça les rendrait heureux. Et tous ensemble, ils étaient si forts, ils n'avaient peur de rien. Mais il y avait pourtant une chose que Dustin n'avait jamais osé faire et qu'encore aujourd'hui, même après des années à ne rien respecter et surtout pas les limites qu'il s'amusait à franchir avec sa terrible insolence, il avait du mal à l'envisager. Réaliser et accepter ses sentiments pour la fille qui se tenait devant lui ce soir. Il en avait fait des choses dans sa vie, mais ça … Ça lui semblait être plus insurmontable que quoi que ce soit d'autre. Il y avait toujours eu ce lien incroyable entre eux, elle lui donnait l'impression de tout comprendre si facilement et à chaque fois qu'elle était là pour parler avec lui, il sentait que tout se mettait en place. Le monde avait alors l'air tellement accessible, et tout ses rêves, toutes ses envies, à portée de main. Alexis, elle n'avait qu'à sourire pour le faire sourire à son tour. Il était incapable de garder sa moue boudeuse à ses côtés, il ne luttait même pas contre ça. Mais il luttait contre tout le reste. Bien sûr qu'elle était jolie et bien sûr qu'elle était drôle et intelligente et adorable et évidement qu'il l'aimait. Comment aurait-il pu ne pas l'aimer? Ils s'étaient tout dit pendant des années mais pourtant, ce soir il avait l'impression de ne lui avoir jamais rien dit. Ces choses qu'il parvenait à deviner, ces choses qu'il sentait, leurs regards échangés qui ne le trompaient pas, qui ne le trompaient plus. Il avait longtemps préféré croire que c'était simplement le fruit de son imagination. C'est bien connu, les mecs ont des pénis à la place du cerveau et du coeur, les mecs ont des pénis partout. Ils voient une fille mignonne et boum, on les perd. Sauf que non… Dustin n'était pas ce genre de connard. Ou peut-être qu'il l'était, si. Mais pas avec elle. Jamais avec elle. C'était tellement plus facile de l'appeler petite soeur que de ne pas l'appeler du tout. Et si elle l'aimait et qu'il l'aimait aussi mais qu'ensemble ils faisaient tout foirer? Il ne pourrait jamais supporter de la perdre pour toujours. Il était plutôt doué pour jouer la carte de l'indifférence, si bien qu'elle devait être persuadée qu'il ne l'avait jamais regardé autrement que comme cette gamine qu'elle était lorsqu'ils s'étaient rencontrés pour la première fois. Combien de fois avait-il eu envie de lui dire la vérité? Bien trop pour pouvoir les compter. Il n'était pas complètement con et avait déjà remarqué les petits coups d'oeil qu'elle lui lançait parfois, il mettait ça sur le compte de leur amitié mais il savait qu'il y avait plus. Peut-être qu'au fond ça l'arrangeait bien tout ça et qu'il se complaisait dans cette situation. Quoi qu'il en soit, ce soir il était profondément heureux. Et triste à la fois. Mais profondément heureux quand même. Entendre le rire d'Alexis, malgré la musique et le brouhaha provoqué par les autres clients, c'était comme détenir la clé donnant accès à l'un des plus vieux secrets du monde. En lui disant qu'elle était belle, même à sa façon, il en pensait tous les mots. Il avait envie de la voir confiante et sûre d'elle parce qu'elle le méritait plus que n'importe qui.

Pour elle, il avait développé un instinct de protection qu'on ne lui avait jamais connu auparavant. Il disait à qui veut l'entendre qu'un grand frère se doit de protéger sa soeur. C'était vrai, sans doute. Peu importe ses raisons, il était toujours là pour assurer ses arrières et même si ça faisait mal parfois, il était prêt à tout pour l'aider. Elle avait voulu s'éloigner de lui et du reste de la bande, arrêter la drogue et les conneries et même s'il n'en était pas encore là, il comprenait. Aussi, lorsqu'on lui avait demandé de rester en dehors de tout ça, il n'avait pas insisté. Pas parce qu'il l'abandonnait, mais parce qu'il voulait surtout lui donner une chance de s'en sortir sans venir lui mettre des bâtons dans les roues. Il savait qu'à ses côtés la vie serait beaucoup plus compliquée pour elle. Il représentait la tentation. C'était surprenant peut-être mais pour le coup, il avait respecté la demande des parents d'Alex. Dustin se redressa légèrement lorsqu'elle lui demanda de ne pas dire de conneries. Apparemment, elle n'était pas d'accord avec cette vision des choses. Il ne dit rien, parce qu'il n'avait pas envie de la contre-dire. C'était sa vie et ses parents après tout. Mais il n'éprouvait cependant pas de regrets. Il avait pris une décision tout comme elle l'avait fait en décidant de soigner son addiction. La protéger de lui, la protéger de d'elle-même, la protéger de tout. Peu importe. "L'important, c'est que tu ailles bien maintenant." Il avait dit ça très calmement, sans cesser de la regarder. "C'est tout ce qui compte." Et c'était tout ce qui avait toujours compté.

S'il avait pu choisir un endroit pour la retrouver, le Pim's n'aurait sans doute pas été son lieu de prédilection mais puisqu'il fallait faire avec, il essayait de se montrer conciliant. Elle travaillait ici à présent et il allait devoir s'y faire s'il voulait la voir de temps en temps… Ou tout le temps peut-être. Lui qui n'était pas du genre à s'emporter trop facilement et qui n'haussait presque jamais la voix en dehors des cas d'extrême urgence, il allait sans doute devoir s'habituer à entendre des vieux salauds parler d'elle dans des termes pas jolis-jolis. Ce soir, il n'avait pas pu se taire. "Ça me dégoûte les types comme ça." lâcha-t-il légèrement tendu alors qu'elle avait demandé si c'était de son cul à elle que les deux messieurs parlaient. Des choses sur son cul, il y en avait des tas à dire mais en gentil garçon qu'il était, Dustin se les gardait pour lui. Il détestait l'idée qu'Alexis soit traitée de la sorte de manière récurante par des clients impolis. Elle valait tellement mieux. Ils étaient si proches l'un de l'autre, il pouvait sentir son souffle sur sa peau et son parfum aussi. Elle le rendait nostalgique. Là, tout de suite, il aurait voulu qu'il existe une télécommande capable de les renvoyer tous les deux dans le passé. Que les choses redeviennent comme avant… Il savait pourtant que c'était impossible mais ça faisait tellement mal de la voir et de penser à tout ce qu'ils avaient eu et tout ce qu'ils avaient perdu. Il avait eu peur de ne jamais plus la retrouver mais ce soir, c'était comme si les choses reprenaient là où elles s'étaient arrêtées. Là où ils les avaient laissé. Dustin avait laissé Alexis placer le parasol de sa boisson derrière son oreille. Il sourit alors qu'elle déclarait l'avoir choisi avec amour. Amour. Un mot tellement simple, mais qui provoquait en lui un flot d'émotions. Oh Alexis. Si elle savait…

La serrer dans ses bras était ce qu'il avait attendu dès l'instant où elle était apparue devant lui. Ils étaient tous les deux exactement là où ils auraient dû être. Et le temps de quelques secondes, le monde était à nouveau un endroit magique. Il n'avait pas peur et il n'était plus triste. Elle ne cessait de s'excuser mais lui aussi se sentait coupable. Les mots avaient glissé sur ses lèvres presque comme un automatisme, parce qu'il n'avait pas pu s'en empêcher et que quelque part c'était aussi prendre une part du poids qui pesait sur les épaules de la jeune femme. Il était désolé pour un milliard de choses. "Je suis désolé de ne pas avoir pu sauver ce qu'il y avait à sauver, désolé de ne pas savoir comment t'aimer comme tu le mérites, désolé d'être lâche, désolé de ne pas avoir tenu ta main quand tu en avais besoin. Je suis désolé de ne pas avoir insisté pour te voir, pour ne pas t'avoir soutenu comme je l'aurais dû, pour ne pas avoir été là." Il avait envie de lui dire tout ça, mais à la place, il se contenta de deux mots. "Parce que…" Dustin baissa la yeux. Il se mordait la langue pour ne pas hurler tellement l'envie d'exploser et de tout laisser sortir le démangeait. Son souffle toujours. Elle était là. Leurs deux corps l'un contre l'autre. Il la serrait. Après avoir ravalé ses sentiments, il parvint à articuler ces quelques mots qu'il arrivait encore à dire avec amusement. Comme si tout ça n'était qu'un jeu alors qu'il savait que ça ne l'était pas. Pour ça aussi il était désolé. Il avait dit qu'il l'aimait toujours, un large sourire fixé sur sa bouche, quel crétin! Il la regarda alors qu'elle réagissait à son tour. Quelques secondes de silence qui lui semblèrent durer une éternité. "Oui. Je sais." Il jouait encore à l'autruche pourtant. Mais pendant quelques instants, il avait simplement regardé Alexis dans les yeux et il avait essayé de lui dire qu'il savait vraiment et qu'il était reconnaissant pour tout, que c'était des sentiments partagés et que s'il pouvait il l'embrasserait sur le champs. "Moi je t'avoue que je t'ai un peu détesté la fois où tu as faillit m'appeler Justin par mégarde… On venait de se rencontrer et j'ai eu peur de ne jamais pouvoir devenir ton ami!" Il lâcha un rire qui se révéla plus fort et plus exagéré qu'il ne l'aurait souhaité.


"Ça m'ira très bien une clope aussi. C'est tout ce que j'ai sur moi de toute façon." Pour ce soir en tout cas. Prendre l'air ne pourrait que leur faire du bien. Il l'observa prévenir silencieusement ses collègues qu'elle prenait sa pause et lorsqu'elle s'empara de sa main en lui disant de la suivre, il s'exécuta instantanément. Traversant le Pim's main dans la main, il souriait. Ils allaient enfin être un peu au calme. Juste tous les deux. Alexis l'avait d'abord amené jusqu'au bar. Il s'empara du verre et le bu cul-sec. "Ouh putain." Il porta une main à sa tête avant de mimer un léger vertige. "Je sens que je suis déjà un peu pompette là." lâcha-t-il le plus sérieusement du monde. Presque aussitôt, il laissa échapper un rire en l'entendant le complimenter sur le parasol toujours derrière son oreille. "Merci, merci. Tout me va toujours très bien, tu sais?" Modestie, bonjour! Leurs deux mains à nouveau entremêlées, il se laissait guider par la jeune femme. La suivant de près, il observait ses cheveux se balancer dans son dos, il avait envie de tendre la main pour les caresser. Ignorant complètement l'endroit où ils se trouvaient, il constata qu'ils étaient à présent dans une pièce légèrement en bordel mais qui sentait le parfum de fille, le maquillage aussi sans doute, la laque pour les cheveux et … la pizza? "Et après on ose dire que les mecs sont plus bordéliques que les filles! Clairement, ces gens n'ont jamais mis les pieds ici!" Il plaisantait bien entendu, mais tout de même. Lui aussi avait son petit bordel dans son appart' mais surtout dans son atelier. Mais attention, ça restait un bordel organisé! Dustin sortit son paquet de cigarettes et en glissa une entre ses lèvres sans l'allumer. Il laissa Alexis s'emparer de son bras après avoir enfilé son manteau et lorsqu'il se retrouvèrent dehors il s'empressa d'allumer sa cigarette tandis qu'elle en faisait de même. "Je ne compte pas le perdre." Il ne lui dirait peut-être pas mais ce parasol, il allait sans doute le garder en souvenir de ce soir. Peut-être qu'il le glisserait sur sa table de chevet, ainsi il le verrait toujours avant de s'endormir et dès le matin au réveil. Il penserait à elle. Il s'apprêtait à lui demander si elle n'avait pas trop froid lorsqu'elle se montra plus rapide. Le silence à nouveau. Que pouvait-il dire? Autant elle avait le don de rendre un tas de choses beaucoup plus simples dans la vie, autant elle rendait la tâche de Dustin impossible. Il la regardait avec ses yeux noirs, et laissait un filet de fumer s'échapper d'entre ses lèvres. "Je suis là." finit-il par articuler. "J'ai toujours été là." Il fit quelques pas, s'approchant légèrement d'Alexis, il jeta un oeil aux alentours pour être sûr d'être vraiment seul avec elle. "Je serai toujours là." Il affichait un air sérieux à présent. Tirant à nouveau sur sa cigarette, il laissait le silence et le froid de la nuit s'emparer de l'instant. Il y avait encore tant de choses à dire. Oserait-il? Quelques pas à nouveau, il avait l'impression d'être un lion en cage. Emprisonné par des sentiments qu'il ne pouvait pas exprimer. Il retira alors la veste qu'il avait enfilé et la tendit à Alexis. "Tiens. T'en a plus besoin que moi." Il y a avait une espèce de tension palpable dans l'air mais il ne savait pas comment crever l'abcès et il avait bien trop peur de faire le premier pas. Et si elle l'embrassait maintenant, que ferait-il? Et si c'était lui qui l'embrassait? Et si ce soir ils franchissaient ensemble cette limite qu'ils s'étaient imposés à eux-mêmes? Et si ce soir tout était permis? Mais que resterait-il d'eux deux demain matin? C'était de ce lendemain dont il avait peur. Il n'avait pas envie de faire d'elle une autre de ces personnes qu'il aimait à vitesse grand V. "Tu m'as vraiment manqué Alexis." C'était tout ce qu'il avait trouvé pour rompre le silence et c'était dit avec la plus grande des sincérités. À nouveau, ses yeux retrouvaient le chemin des siens et l'envie de se perdre en elle s'intensifia alors qu'il menait cette bataille contre son coeur. 
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MessageSujet: Re: 'Cause tonight I'll be staying here with you •• ALEXIS&DUSTIN   'Cause tonight I'll be staying here with you •• ALEXIS&DUSTIN EmptyDim 9 Mar 2014 - 4:14


Dustin W. Kennedy & Alexis Fackrell

Please wear the face, the one where you smile, because you lighten up my heart when I start to cry.


Alexis n'avait jamais osé rêver à beaucoup de choses. Elle avait espéré, parfois, mais n'avait jamais réellement cru à trop rien. Même lorsqu'elle était la lycéenne aux notes parfaites, elle n'avait pas osé s'imaginer une vie idéale, des études lisses, le prince charmant et la jolie maison en banlieue. Elle n'avait pas pour autant rêvé d'une vie faite de surprises et de spontanéité. C'était tout simplement qu'elle n'avait pas osé rêvé. C'était trop dangereux, peut-être. Pourtant, un jour, un ami de Samuel s'était démarqué à ses yeux. Il avait cette étincelle dans son regard, ce sourire indescriptible qui la faisait chavirer, et un don incomparable pour la faire se sentir en confiance. Il était un ensemble de perfection et d'imperfection qui lui avaient subitement donné envie de rêver. D'un coup, elle s'était autorisée à espérer le meilleur et le tout aussi irréalisable. Elle s'était dit qu'elle pourrait changer, attirer son regard, être de ceux qui pouvaient s'autoriser à imaginer les plus beaux scénarios. Elle s'était libérée de toutes les contraintes qu'elle s'était imposée jusque là, et elle n'avait plus peur de grand chose. Elle avait commencé à vivre, subitement, et elle avait pensé que cette période ne prendrait jamais fin. Parce qu'elle ne l'aurait jamais laissé faire. C'était trop parfait pour s'arrêter. Mais, maintenant qu'elle avait pris du recul, elle se disait surtout que c'était trop parfait pour continuer. Pourtant, sur le coup, elle y avait cru dur comme fer. Elle avait cru à ce bonheur brut qu'ils vivaient tous, autant qu'ils étaient. Pas de complications, juste des moments doux comme violents, paisibles et douloureux. C'était un bonheur simple, dont Alexis se serait volontiers contentée toute sa vie. Il y avait Nolan, à ses côtés. Et il y avait Sam et Dustin, et tous les autres. Ils lui suffisaient. Peu importaient ces études qu'elle avait lâchées, ses parents qui l'emmerdaient jusqu'à ce qu'elle décide de les laisser de côté, ses amis qui l'avaient fuie. Elle s'en foutait de ne pas être acceptée par la grande majorité de la société, elle les avait eux. Nolan la faisait se sentir belle, intelligente et désirable. Sam la faisait se sentir utile, à nouveau une sœur sur laquelle il pouvait compter en toutes circonstances. Et Dustin... Dustin était son ami, rien de plus. Un second grand frère, un frère qu'elle avait choisi. Il la rendait heureuse, et il avait toujours su trouver les mots lorsque ça n'allait pas. Il les trouvait aussi lorsque ça allait. Quelque part, c'était comme s'ils s'étaient toujours connus. Comme deux âmes sœurs, en quelques sortes, même si elle se refusait à penser à leur relation comme telle. C'était interdit de s'imaginer des choses pareilles avec son grand frère. C'était interdit de s'imaginer des choses pareilles avec un homme qui n'était pas le sien. Nolan lui avait offert tout ce dont elle pouvait rêver : des bras réconfortants où il faisait bon se blottir lorsque ça n'allait pas, un lit dont la chaleur de Nolan n'était jamais très loin, des discussions passionnées qui n'en finissaient pas. Oh, Nolan l'avait comblée au-delà de ses espérances. Mais maintenant qu'il n'était plus là, maintenant qu'elle l'avait laissé partir... Oh, elle les avait tous laissés partir, en fin de compte. Ça avait plus facile, peut-être, sur le coup. Mais maintenant, elle les regrettait. Tous. Chacun d'eux. Et surtout lui... Surtout Dustin. Son sourire lui avait manqué, l'étreinte rassurante de ses bras lui avait manqué... Et maintenant qu'il était à côté d'elle, elle se sentait revivre. Peu à peu, c'était comme si son cœur s'était remis à battre pour nourrir chacun de ses organes. Ses poumons s'étaient remis à fonctionner d'un coup, à l'image d'une usine que l'on aurait mise à l'arrêt le temps d'une inspection quelconque. Tout redémarrait, là-dedans. Le silence accablant et assourdissant de ses entrailles avait fait place à des battements réguliers, synonymes d'une vitalité toute nouvelle. Elle était soulagée. Et elle ne voulait plus quitter ses côtés. Plus jamais.

D'un coup, elle se sentait plus forte. Plus faible, aussi. Elle pouvait se le permettre, auprès de lui. Elle n'avait plus envie de mordre, elle n'avait plus envie de frapper des étrangers parce qu'ils la regardaient de travers. Elle s'était adoucie, parce que, tout simplement, tout était plus doux à ses côtés. Et à cet instant précis, ces putains de drogues qui les avaient fait couler ne comptaient plus. Plus réellement. Elle l'avait retrouvé, et c'était ça qui importait. Sa peur, maintenant, c'était de le perdre à nouveau. Que quelque part, il ne la pardonne jamais de son abandon. Elle le mériterait très largement, mais le supporterait très mal. Elle se foutait de ses parents et de leur avis. Ils n'avaient jamais rien compris à rien, même si elle avait rampé à leurs pieds, affaiblie comme jamais. Ils lui avaient toujours fait peur. Ils avaient un impact anémiant sur elle. A force de vouloir l'aider à être une personne meilleure, ils n'avaient fait qu'accentuer un mal être qui était né des années auparavant. Elle ne se sentait pas assez, elle ne serait jamais suffisant pour quiconque ou quoi que ce soit. Elle ne serait jamais cette personne meilleure que tout et que tout le monde que ses parents s’évertuaient à vouloir faire d'elle. Elle serait toujours cette gamine effrayée au caractère bien trempée, cachée derrière un masque de dure à cuire, parce que c'était plus facile comme ça. Elle serait toujours emplie de regrets et de remords, elle douterait toujours de sa valeur et de ce que les gens pensaient d'elle. Elle était blessée, et ces blessures là ne cicatriseraient jamais. Elle n'était pas comme il fallait, ses parents ne la voulaient plus. Elle n'était plus cette gamine prometteuse qui relevaient le niveau de son frère, non, elle était comme lui. Elle était lui. Une déception sur pattes qui ne remonterait jamais dans leur estime, peu importe ce qu'elle ferait. Et comme si ce n'était pas suffisant, ils étaient toujours derrière elle, à la surveiller, à surveiller ses fréquentations, jusqu'à laisser Dustin de côté. Ils ne comprenaient vraiment rien à rien... Et ils ne comprendraient jamais, parce qu'ils n'essaieraient jamais. C'était de Dustin dont elle avait besoin. Elle avait besoin de cet oxygène frais qu'il apportait à ses poumons atrophiés, elle avait besoin de son sourire, de son regard, et de tant encore. Mais s'il savait... S'il savait, elle n'aurait plus rien. Il partirait, et tout serait fini. Elle préférait n'avoir qu'une partie de lui que de se mordre les doigts d'une absence des plus douloureuses. Elle ferait tout pour lui. Elle lui donnerait tout, y compris sa vie, malgré la faiblesse de sa valeur. Pourtant, il lui manquerait toujours cette chose qui trottait dans son esprit dès qu'elle le savait là, à ses côtés. Mais elle devrait vivre avec, elle n'avait pas le choix. Elle n'avait jamais eu le choix. Il ne devait pas savoir, elle se ridiculiserait. Elle n'était qu'une gamine. Même s'il posait sans doute sur elle un regard différent de celui de ses parents, la vérité était cruelle : elle n'était qu'une gamine, loin d'être mature et surtout totalement perdue. Qui pourrait vouloir vivre quelque chose avec une fille comme ça ? Nolan l'avait trouvée à un moment où elle se sentait forte et ambitieuse. Maintenant... maintenant, elle n'était plus qu'une loque et l'ombre d'elle-même, de cette personne qu'elle avait autrefois été. « L'important, c'est que tu ailles bien maintenant. C'est tout ce qui compte. » avait glissé Dustin au sujet de ses parents. Bien aller ? C'était des termes utilisés un brin rapidement... Et elle avait soufflé, comme par réflexe et sans s'attendre à ce qu'il entende : « C'est pas parce que je suis clean que je vais bien. » Elle avait fui son regard, comme intimidé d'admettre tout ça en une seule phrase. La drogue n'était qu'un problème parmi d'autres. Et c'était sans doute toute la partie que ses parents n'étaient pas prêts à comprendre. Si elle replongeait, ce ne serait que faire couler l'iceberg dans son ensemble. Tant était déjà enseveli par l'eau glacée que ça ne changerait pas grand chose, au final. Elle avait besoin de lui plus qu'elle avait besoin de n'importe quelle substance chimique addictive.

Lui... Lui qui venait de prendre sa défense, comme un preux chevalier dans ces scénarios ridicules. Ce geste l'avait touchée comme jamais. C'était spécial, c'était nouveau, c'était doux et rassurant. « Ça me dégoûte les types comme ça » avait-il dit modestement alors que son regard s'était à nouveau porté sur lui. Leur proximité l'intimidait autant qu'elle la rassurait, et si elle s'était écoutée à un seul instant, elle aurait sans doute fait quelque chose qu'elle aurait regretté ensuite amèrement. « C'était mon cul, quoi », lâcha-t-elle dans un soupir en jetant un coup d’œil rapide au-dessus de l'épaule de Dustin. Elle ne savait plus réellement si elle devait se sentir offensée par ce genre de propos, mais la réalité était qu'elle n'avait même pas le choix. Elle devait les subir, peu importait la peine qu'ils pouvaient lui faire. Après tout, ils ne faisaient qu'aller dans le même sens que tout ce qui l'entourait : elle n'était pas assez bien, même pas pour montrer son cul à des étrangers. Mais ils ne comptaient pas, ces connards. Il était le seul qui comptait. Et ils s'étaient presque immobilisés, figés dans une proximité qui donnait de drôles de pensées à Alexis.

Elle l'avait donc pris dans ses bras. Elle l'avait serré contre elle, s'était blottie au creux dans son étreinte, et s'était, pour la première fois depuis de trop nombreux et longs mois, sentie en sécurité. Elle se sentait bien, rassurée, protégée de tout ce qu'on pourrait lui dire ou lui faire. Elle serait restée comme ça tout le reste de sa vie si elle avait pu. Tout serait plus beau, d'ici. Elle était enveloppée dans la douceur de ses bras, et elle ne voulait plus jamais les quitter. Mais elle savait que tout avait une fin, et que cette étreinte en aurait également une. Pourtant, à cet instant précis, elle n'avait plus peur de rien, de rien du tout. Les autres connards avaient disparu, la musique avait disparu, les autres clients et ses collègues avaient disparu. C'était comme une lueur dans les profondeurs. Elle n'avait pas besoin d'un parc verdoyant pour leurs retrouvailles, en fin de compte. Le décor ne comptait pas. Dans ses bras, elle pouvait être partout et nulle part à la fois. Elle était dans un endroit rassurant, pur et doux, rassurant, moelleux, et c'était tout ce qui comptait. Qu'ils soient assis sous le soleil et à côté d'un lac, ou debout au milieu du Pim's, peu importait, à cet instant précis. Peu importait, puisque tout avait disparu. Tout, sauf lui. Pourtant, ces pensées étaient malsaines, et elle le savait. Elle s'en débarrasserait, se promettait-elle. Pourtant, elle se l'était déjà promis des années auparavant, et rien n'avait réellement changé. Il faudrait qu'elle éteigne tout ça avant que ça n'explose, et elle le savait, ce ne serait qu'une question de temps. Et elle ne voulait pas le perdre. Plus jamais elle ne voulait être séparée de lui. Et elle voulait être sûre que ça n'arriverait jamais. Elle ne s'en relèverait pas. Alors elle s'excusait... elle s'excusait, encore et encore, juste pour qu'il soit convaincu de cette putain de connerie qu'elle avait fait en le laissant de côté à un moment où elle avait pourtant eu besoin de lui plus que jamais. Pourtant, contre toute attente, il s'était excusé à son tour. Mais de quoi, au juste ? C'était elle, la conne, dans cette histoire. C'était elle qui était partie égoïstement en espérant tout oublier, et repartir sur de bonnes bases... AH ! De bonnes bases ! La bonne blague. C'était lui, la base... « Parce que… » répondait-il doucement, sans savoir comment s'expliquer. Parce que rien du tout. Tout est de ma faute, Dustin. Tout est de ma faute... Il l'aimait, disait-il. Il l'aimait toujours. Dans ses oreilles, ces mots avaient un impact bien différent de celui qu'ils auraient du avoir. Elle ne les savourait pas pour ce qu'ils étaient, mais pourtant, oh, qu'est-ce qu'elle les savourait... Du haut de son petit nuage, elle n'avait pas réellement su retenir sa réponse, tout aussi ridicule que l'interprétation qu'elle avait fait de la déclaration de Dustin. « Oui. Je sais », avait-il répondu simplement. Alex se demanda un instant s'il ne voulait pas dire par là qu'il avait toujours su qu'elle était cette gamine qui craquait sur le meilleur ami de son grand frère, schéma traditionnel qu'elle n'avait pourtant pas le moins du monde reproduit volontairement. Elle avait honte, tellement honte, de vouloir plus... Elle n'arrivait pas à détacher son regard de lui, même si elle savait que c'était loin de la préserver. L'atmosphère était lourde, peut-être, un peu grave. Mais... « Moi je t'avoue que je t'ai un peu détesté la fois où tu as faillit m'appeler Justin par mégarde… On venait de se rencontrer et j'ai eu peur de ne jamais pouvoir devenir ton ami! » Décontenancée et tirée de ses rêveries, Alex éclata de rire. Pas très discrètement. Mais enfin, elle riait. Ça lui avait manqué. Il lui avait manqué, putain. « Justin, Dustin, c'est pareil... » dit-elle en levant les yeux au ciel pour le taquiner. Son rire lui avait manqué... Et si elle s'était écoutée, elle l'aurait étouffé avec un baiser passionné. Parce que son rire la rendait heureuse, et que même si un baiser l'aurait arrêté, c'était tout ce dont elle avait envie, à cet instant précis. Il la sauvait...

Mais ils n'allaient pas rester là, debout au milieu du bar. « Ça m'ira très bien une clope aussi. C'est tout ce que j'ai sur moi de toute façon », disait Dustin, alors qu'elle l'avait attrapé par la main pour le guider. « T'es sérieux ? » avait-elle demandé en se retournant avec un petit sourire. Peut-être qu'il faisait ça seul, maintenant... En réalité, elle n'était pas sûre de vouloir savoir. Quelque part, elle voulait encore fuir tout ça, même si elle savait qu'elle n'en avait plus la force. Lorsqu'ils arrivèrent au bar, Dustin but le verre d'eau cul sec, provoquant un rire chez Alex et ses collègues. « C'est un badass, mon copain ! » leur dit-elle avait de réaliser le double sens de sa phrase, ignorant son erreur pour qu'elle passe mieux -peut-être. Elle répondit à Dustin, l'air de rien, que : « Fais gaffe, si t'es pompette, y'a des filles ici qui pourraient vouloir abuser de toi... » Et elle le complimenta sur son parasol. « Merci, merci. Tout me va toujours très bien, tu sais? » Se mordant la lèvre d'avance, Alex répondit simplement, avec un petit air rieur -pour que ça passe mieux- : « Je sais. Je tenterais bien le rouge à pois violets, un jour. Tiens, une tenue de clown, du coup ». Prenant un air songeur et portant un index à ses lèvres, la blonde finit par perdre son sérieux et par le prendre à nouveau par la main pour le mener jusqu'à la pièce où les jeunes femmes se préparaient. « Et après on ose dire que les mecs sont plus bordéliques que les filles! Clairement, ces gens n'ont jamais mis les pieds ici! » disait-il alors qu'elle réunissait ses affaires. Farfouillant dans son sac pour vérifier la présence de ses clopes, elle répondit : « Tant que t'es vacciné contre le tétanos et la peste, tu risques rien ici. » Ses cheveux lui tombant devant le visage alors qu'elle était penchée sur la chaise, elle les tira derrière son oreille avant de relever le regard vers lui et d'ajouter : « Et puis y'a peut-être des mecs, t'en sais rien... » dit-elle en haussant et baissant les sourcils, le regard mystérieux. Et elle se redressa en jetant un regard alentours. « Non mais plus sérieusement, je pense qu'un typhon est passé pendant mon service. Et puis les rats qui vivent ici sont un peu bordéliques d'après ce que j'ai entendu, donc ça doit pas aider. Bref, t'es bien vacciné, hein ? » Très sérieuse, elle avait enfilé son manteau avant d'attraper à nouveau Dustin par le bras pour le mener dehors, cette fois. Enfin, ils étaient seuls et au calme... Elle ramena le sujet du parasol et il répliqua : « Je ne compte pas le perdre. ». Cette remarque arracha un sourire à Alex, qui tirait sur sa cigarette en faisant quelques pas sur place, histoire de se réchauffer. « J'espère bien, je donne pas des conseils de styliste pour qu'on les oublie aussitôt... » dit-elle. Et finalement, les choses passèrent à du plus sérieux... Presque trop rapidement. Mais elle voulait être sûre, elle voulait savoir et être rassurée. Ou être prévenue dès maintenant qu'il ne suivrait pas la même route qu'elle. Elle devait être fixée. « Je suis là. » Elle le fixait, incrédule, en attendant plus. Oui, il était là, comme elle avait été là avant de disparaitre. Elle ne pourrait pas dormir tranquille tant qu'il ne lui assurerait pas plus que ça. « J'ai toujours été là. » Comme pour répondre à ses inquiétudes, il s'était doucement rapproché d'elle, observant alentours. Tout était sérieux, maintenant. Finies les blagues sur les parasols colorés et son prénom mal prononcé. « Je serai toujours là. » Les larmes lui montaient aux yeux sans qu'elle ne s'en rende compte. Oui, il avait toujours trouvé les mots, en toutes circonstances. Et elle venait d'être soulagée d'un poids monumental. Elle se sentait si légère qu'elle aurait pu s'envoler comme un ballon d'air, pensait-elle. Tremblante, elle porta à nouveau sa clope à ses lèvres, tandis qu'il s'approchait encore. Elle ne disait rien. Elle ne pouvait rien dire. Quelque chose de grave se passait. Mais elle ne se sentait pas mal. Jamais, avec lui. « Tiens. T'en a plus besoin que moi », dit-il en lui tendant sa veste, qu'elle attrapa timidement avant de la poser sur ses épaules avant un regard reconnaissant. « Merci, Justin ! » dit-elle avec un faible sourire, sachant pertinemment que l'instant était d'une intensité bien trop importante pour faire ce genre de blagues inadaptées. « Tu m'as vraiment manqué Alexis. » Oui, les choses étaient réellement sérieuses. Il l'avait appelée par son prénom entier. Et elle avait froncé les sourcils. Elle avait à nouveau plongé son regard dans le sien, mais cette fois, quelque chose était différent. Il y avait une tension palpable qu'elle préférait ne pas interpréter. Pourtant, elle ne pouvait que se laisser porter par ce qu'elle avait envie de reconnaitre dans ce regard. Alors, bêtement, elle avait tiré une nouvelle fois sur sa cigarette, soufflant la fumée sur le côté en s'approchant de lui à son tour. La distance qui les séparait était à présent à peine perceptible, et elle porta doucement sa main à son visage, caressant avec douceur sa joue refroidie par le froid de la nuit. Puis, sans s'en rendre compte, c'est son visage qu'elle approcha du sien. Les centimètres s'envolaient tandis que leurs souffles se mêlaient avec une intensité de plus en plus forte. Bientôt, leurs fronts se frôlèrent, puis leurs nez glacés. Elle le cherchait. Elle avait peur, et pourtant, elle se sentait incroyablement forte. A cet instant précis, le futur ne comptait plus. Ce qui se passerait dans quelques secondes ne comptait plus. Elle n'avait pas peur du rejet, elle le voyait juste lui. Ses lèvres étaient attirées par les siennes de façon irrépressible, mais elle ne succomba pas aussitôt. Elle avait peur autant qu'elle était excitée par ce qui se passait.

Mais elle ne pouvait pas. Elle ne pouvait pas tout briser pour le délire de la gamine qu'elle était encore. Alors elle se retira subitement, effrayée comme un animal sauvage qui vient de se prendre les phares d'une voiture en pleine face. Ses talons claquèrent au sol alors qu'elle reculait, remontant la veste de Dustin pour se cacher. « Pardon, pardon, pardon, pardon... » s'excusa-t-elle, effarée elle-même par son comportement. « Je, heu... tu m'as manqué aussi, Dustin, mais tu le savais déjà... » étouffa-t-elle, invisible derrière la veste, les yeux fermés en souhaitant disparaitre comme jamais. Qu'avait-elle fait...
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MessageSujet: Re: 'Cause tonight I'll be staying here with you •• ALEXIS&DUSTIN   'Cause tonight I'll be staying here with you •• ALEXIS&DUSTIN EmptyJeu 20 Mar 2014 - 3:30



"C'est pas ce que je voulais dire…" murmura-t-il en l'entendant dire que le simple fait d'être clean ne signifiait pas nécessairement qu'elle allait bien. Dustin fronça les sourcils sans quitter Alexis des yeux tandis qu'elle semblait rassembler tout ses efforts pour regarder partout sauf dans ses yeux à lui. Essayait-elle de lui dire quelque chose à travers ces quelques mots? Qu'elle n'allait pas bien? Pour un mec, il était en général plutôt doué pour voir ce que la plupart des gens ne voient pas, pour décoder les messages cachés et pour lire entre les lignes, mais avec Alexis et en particulier ce soir, il était perdu. Il n'avait en réalité aucune idée d'où elle en était dans sa vie puisqu'ils n'avaient eu aucun contact depuis des mois et tout ce qu'il avait en tête c'était ce qu'il avait imaginé de la façon dont elle avait vu s'écouler ces dernières semaines. Il partait de rien et elle n'avait jamais été du genre à s'étaler ni même à s'attarder sur les détails qui l'encombraient. Alex n'avait pas été très précise jusqu'à présent, et même s'il avait la sensation d'en savoir un petit peu plus, la vérité c'est qu'il ignorait encore beaucoup de choses. Qu'avait-il voulait dire au fond? Qu'au moins elle était encore en vie et que ça suffisait à dire qu'elle allait bien? Qu'elle avait l'air en forme, les joues rebondies et le teint frais et que c'était forcément une bonne chose? Même lui l'ignorait. Dustin était pourtant conscient qu'elle avait encore toutes les raisons du monde de ne pas aller bien et que ces raisons la poursuivraient à vie tout comme c'était le cas pour lui, mais quelque part il avait sans doute osé espérer que le temps qu'elle avait pris loin d'Huntington et loin de lui, lui aurait permis d'aller mieux. Pas d'aller bien, mais d'aller mieux, voilà. C'était déjà ça. Les sourcils froncés, il tentait de gagner son attention à nouveau, de voir ses grands et magnifiques yeux s'offrir à lui et lui parler comme ils l'avaient toujours fait avant. Être amis c'était donc aussi, savoir comprendre l'autre à travers autre chose que des mots et pour ça ils étaient plutôt doués tous les deux, ou du moins ils le pensaient. En réalité, ni l'un ni l'autre ne voyait l'évidence qui s'imposait à chacun d'eux. Elle n'avait jamais compris qu'il voyait en elle bien plus qu'une simple petite soeur et il n'avait jamais pu être certain que ce qu'il avait déjà cru percevoir dans ses gestes, ses paroles et ses regards, n'était pas seulement le fruit de son imagination. Ils étaient tout deux aussi aveugle l'un que l'autre. Dustin n'avait pas envie d'insister sur ça. Il avait la désagréable impression d'être lâche en refusant de lui faire cracher le morceau, mais il n'était pas prêt à entendre tout ce qu'elle avait à dire. Il aurait voulu insister et lui demander de lui dire honnêtement comment elle allait et ce qu'elle ressentait encore au plus profond de son être mais il en était incapable. Il avait peur des mots qui pourraient encore s'échapper d'entre ses lèvres, peur que ça le ramène lui aussi à ses propres démons, aux choses qu'il se donnait un mal fou à oublier. Alors tant pis. Tant pis s'il était égoïste, et tant pis si elle avait encore des choses à dire. Si elle n'avait pas osé jusqu'à maintenant c'est qu'elle non plus n'était sans doute pas prête. Ils venaient tout juste de se retrouver, pourquoi auraient-ils dû tout régler sur le champ? N'avaient-ils pas encore le temps de se redécouvrir, le temps d'apprendre à se connaitre et se reconnaitre? Elle allait devoir remplir ce vide qu'elle avait laissé. Un jour ou l'autre, elle lui devrait bien une explication mais pas ce soir. Pas maintenant. Il la regardait toujours de ses yeux perçants. Elle était magnifique. Et avec l'éclairage du bar, à mi chemin entre la lumière et l'obscurité, il prenait une photo mentale de ce moment très exacte où ses yeux croisèrent enfin les siens. C'était ça qu'il peindrait demain lorsqu'il retournerait à son atelier. Cet instant précis. Cette fille. Surtout cette fille. Ses très légères boucles blondes, ses yeux captivants, son nez fin et ses lèvres délicates. Il les peindrait rouge, plus rouge qu'elles ne le sont vraiment, et peut-être même qu'il leur dédirait un tableau spécial. Une toile immense avec simplement les lèvres d'Alexis. Ce serait magnifique, quoi qu'il n'en serait sans doute jamais vraiment satisfait mais ça valait le coup d'essayer. Elle trouverait peut-être ça bizarre, lui-même trouvait ça étrange mais il s'en foutait. Il n'était pas obligé de lui montrer, et peut-être que c'était mieux d'ailleurs s'il gardait tout ça pour lui. Mais il se promettait malgré tout de s'y mettre demain, pas la bouche géante, mais la reproduction de la photo mentale. Et ça, il lui offrirait sûrement, juste pour qu'elle voit à quel point ce soir elle était atrocement séduisante. Atrocement attirante. Elle verrait ce qu'il voyait lui et peut-être alors qu'elle serait à un pas de plus de dire "Je vais bien".

Prendre sa défense était tout à fait naturel. Après tout, n'importe quel grand frère l'aurait fait pour sa petite soeur, non? Il n'y avait rien de bizarre à ce qu'il demande au vieux cons de derrière de la boucler cinq minutes (ou pour toujours si possible). En fait ça aurait été bizarre qu'il ne dise rien. Si Alexis était tenue de supporter tout ça si elle voulait conserver son boulot, lui n'avait aucun scrupule à intervenir. Même si Dustin n'était franchement pas le genre de mec à se battre dans un bar, parce que plus cliché tu meurs, il n'avait pas pu s'empêcher de faire les gros yeux et de bomber le torse à l'attention du type qui commençait à sérieusement lui taper sur le système. Il y avait des limites et ce connard les avait franchi. Comme si Alex n'avait pas déjà assez à faire avec ses propres problèmes et tout ce qui pouvait bien se passer dans sa tête sans qu'en plus on vienne lui en rajouter. Elle insistait justement pour savoir ce que les deux hommes assis à une table un peu plus loin avaient pu trouver à dire sur elle. Pour Dustin ça n'avait aucune importance, il n'avait même pas envie de le répéter, ni de s'attarder dessus mais Alexis ne lâchait rien. Il hocha à peine la tête en l'entendant dire que c'était donc de son cul dont il était sujet. "Peu importe." répéta-il à nouveau, presque agacé. Pas vraiment parce qu'elle insistait mais plus parce qu'il n'avait pas du tout apprécié les mots qu'il avait entendu sortir de la bouche de ces messieurs, il n'avait donc qu'une envie, passer à autre chose. Ils ne s'étaient pas vu depuis des mois, ils avaient encore tant de choses à se dire, mais pas de temps à perdre à discuter d'une bande de crétins. Il s'en foutait royalement de ces gens-là et il espérait qu'elle aussi.

Rattrapés par la proximité de leurs deux corps, ils avaient fini par se serrer dans les bras l'un de l'autre. Il n'avait pas été surpris de la voir venir trouver sa place au creux de son étreinte, à l'endroit exacte où elle avait toujours et aurait toujours sa place. Un endroit où personne ne pourrait jamais lui faire de mal et où tout serait toujours possible. C'était ce que Dustin voulait pour Alexis, lui donner de l'espoir. Être celui qui dans n'importe quel moment, à tout instant, était capable de lui redonner de la force. Il avait été là dans les meilleurs moments et dans les pires, et ce n'était pas une chose prête de changer avant encore très longtemps. Jamais même. Il serait toujours l'épaule sur laquelle elle peut se reposer, une main tendue lorsqu'elle a besoin de soutient. Il lui prêterait même son dos pour la porter les jours où marcher serait trop difficile. La sentir aussi près de lui, sentir son souffle et le rythme de sa respiration, son parfum aussi et l'odeur de son shampoing et de la cigarette peut-être? Non, il en était certain, ça sentait la clope mais il aimait ça. Elle était tout. Absolument tout. Bien plus qu'il n'oserait jamais se l'avouer à lui-même ou lui avouer à elle. Dustin en avait pratiquement le souffle coupé tant il avait espéré cette étreinte depuis des mois. Ça lui avait tant manqué… Des câlins comme ceux-là, ils en avaient eu des dizaines et des dizaines. Ce n'était rien. Juste des câlins. Ça ne signifiait rien. Enfin si, ça signifiait qu'ils s'aimaient profondément comme deux meilleurs amis, comme deux enfants d'une même famille. Samuel aussi la serrait dans ses bras parfois, non? Il ferma les yeux quelques secondes, tenta de se rappeler ce que Sam et Alexis faisaient ensemble… Ils s'engueulaient parfois mais ils s'aimaient surtout, pas vrai? Quand est-ce qu'il les avait vu ensemble pour la dernière fois? Et qu'est-ce qu'ils s'étaient dit? Un instant de panique s'empara de Dustin lorsqu'il réalisa qu'il ne souvenait plus de tout. Son coeur se mit à battre plus vite encore, trop vite. Et puis les yeux d'Alexis l'avait ramené à l'instant présent. Aujourd'hui. Maintenant. Oublié le passé. Il ne fallait plus y penser, plus jamais, même si c'était impossible, insurmontable, insupportable. Ils en étaient sans doute tous les deux au même point, sans même se l'avouer. Alexis continuait de présenter ses excuses mais Dustin aussi éprouvait ce besoin de lui demander pardon. Il avait l'impression d'avoir un million de raisons de le dire, un million de raisons pour elle de continuer à le fuir mais pourtant elle était là et elle ne semblait pas voir, ni comprendre pourquoi il se sentait coupable. Ça faisait parti des choses qu'il ne pouvait pas expliquer, il n'aurait pas osé le dire à haute voix ni même le chuchoter dans sa propre tête. C'était l'interdit ultime. Trop douloureux. Trop effrayant. Il n'avait pas le droit de lui faire ça à elle et il était incapable de se faire ça à lui-même. Au fond, tout ce qu'il avait envie de dire c'était qu'il l'aimait et c'est ce qu'il fit. Un air détaché, un air presque taquin, il avait lâché ces trois petits mots. Je t'aime. Elle aussi l'aimait. Et voilà. C'était tout. Ils se regardaient dans les yeux jusqu'à ce que la sincérité du moment l'effraie et que l'envie de jouer à celui qui ne savait pas, qui ne savait rien, ne lui plaise plus. Il ne voulait pas lui faire du mal, jouer avec ses sentiments n'étaient donc pas permis. Pour briser le silence qui s'était installé entre eux, il avait lâché une sorte de petite blague, se remémorant leur première rencontre ou peut-être la seconde. Elle avait ri. Un éclat de rire qu'il pouvait entendre clairement malgré le brouhaha ambiant. Un éclat de rire qui résonnait toujours dans sa tête et qui résonnerait encore ce soir lorsqu'il retrouverait le chemin de son lit et qu'il tenterait de dormir et d'oublier, mais une fois ses paupières refermées, il ne verrait qu'elle. Enfin, encore fallait-il qu'il rejoigne son lit. Qui sait ce que lui réserve cette nuit? "Je t'emmerde." lâcha-t-il faussement vexé alors qu'elle commençait à jouer sur une corde sensible. Justin, Dustin… C'est loin d'être pareil! Il n'avait pas besoin de dire qu'il plaisantait, elle le savait. C'était un "je t'emmerde" affectif. Un "je t'emmerde" comme il en sortait souvent avant. C'était le signe que rien n'avait changé. Ou plutôt, c'était lui donner l'illusion que rien n'avait changé quand au fond tout était différent. Ils ne seraient plus jamais les mêmes.

"Quoi? Tu crois que je suis le genre de mec incapable de se satisfaire d'une clope et d'un verre d'eau?" Un mince sourire étalé sur ses lèvres, Dustin avait proposé à Alexis d'aller prendre l'air. Il en avait besoin et puis il avait envie de la voir à la lumière du jour, ou plutôt à la lumière de la nuit. À la lumière de la lune? Plutôt à la lumière des réverbères. Peu importe. Il avait besoin de la voir en tête à tête. Il commençait à se sentir oppressé ici. "La vérité c'est que j'ai fini mon stock hier, j'avais pas mal de boulot à finir… Je pense que ça te plairait d'ailleurs." Il parlait du tableau qu'il venait de finir et qu'il était venu fêter ici. "Je te montrerai ça si tu veux… enfin si ça t'intéresse. Quoi qu'il en soit, j'ai pas eu le temps de racheter quoi que ce soit et puis… je te le dis, une clope ça m'ira très bien." Son dealer ne trainait pas dans le coin à cette heure, Dustin n'avait pas eu envie d'aller à l'autre bout de la ville pour ça. Lui aussi avait sans doute ralentit la cadence depuis plusieurs mois. Il continuait de se droguer et de planer parce que ça lui donnait des moments de répit. Il avait l'impression d'être heureux dans ces moments-là, et parfois ce bonheur lui manquait cruellement. Il en avait besoin. Mais il avait vu les conséquences que ses actes pouvaient vraiment avoir et pour la première fois de sa vie ça lui avait fait peur. Il n'avait pas eu le courage de suivre les traces d'Alexis et d'aller en cure mais au moins il avait fait des efforts. Se laissant guider, il l'avait suivi jusqu'au bar. Plus détendu, il s'amusait à boire son verre d'eau cul sec. Fier de voir que ça les avait fait rire, il s'essuya la bouche d'un revers de la main et il évita une quinte de toux lorsqu'Alex l'appela "son copain". Il avait compris ce qu'elle voulait dire évidement mais sur le coup, ça l'avait surpris. Sans perdre la face, il se contenta de sourire à l'attention des collègues qui étaient apparemment susceptibles de vouloir profiter de lui. "Argh.. Je crois pas que je serais vraiment contre." répliqua-t-il légèrement provocateur à l'attention de ces dames. Il fit un clin d'oeil à l'une d'entre elle qui était tout sauf son style de nana, juste pour rigoler. Rapidement c'est sur Alexis qu'il concentra toute son attention. "Je n'ai absolument rien contre les expériences vestimentaires, au contraire! Quand tu veux!" Le rouge et les pois violets? Qui sait, peut-être que ça lui irait comme un gant! La main d'Alexis s'empara à nouveau de la sienne pour l'emmener derrière les coulisses du spectacle. Oui bon, des filles qui dansent très légèrement vêtues sur un bar, vous appelez ça comment vous? En tous cas, la salle qui servait de coin détente/vestiaires aux serveuses du Pim's ne faisait pas vraiment envie. "Tu me connais, tout mes vaccins sont toujours à jour! J'ai jamais manqué un rendez-vous chez le médecin!" affirma-t-il avec entrain tout en observant la pièce pendant qu'elle cherchait ses affaires au milieu de ce bordel. "J'ai jamais vu un seul mec danser ici… Et je suis à peu près sûr que c'est pas légal de mélanger les femmes et les hommes sur le lieu de travail. Enfin je parle pour les vestiaires et tout…" Non mais L O L bitch. Dustin qui parle de ce qui est légal et de ce qui ne l'est pas. On aura tout vu! "Ah ouais, ça doit être ça… Un typhon et des rats bordéliques." Il lui fit un signe de la main, usant de ses connaissances en plongée sous-marine pour lui signifier qu'il était vraiment OK niveau vaccin. No soucis.

Dehors, il faisait plus froid que ce qu'il avait anticipé. Peut-être était-ce simplement parce qu'à l'intérieur il faisait beaucoup trop chaud, ou parce qu'ils s'étaient donnés chaud mutuellement… Non, en fait c'était sûrement le verre d'eau cul sec qui lui avait donné la sensation d'avoir quarante de fièvre. Oui, c'était probablement ça! Ils avaient à peine allumé leurs cigarettes que déjà la discussion sembla prendre une tournure étrange. Pas étrange étrange, mais étrange. Dustin se sentait certes moins oppressé mais il y avait toujours cet espèce de lourdeur qu'il ressentait et qui pesait sur ses épaules. Il n'avait jamais été mal à l'aise avec Alexis, jamais, mais il y avait un début à tout apparemment. Pourtant, il n'avait aucun mal à lui dire qu'il était là et qu'il serait toujours là pour elle. Il lui avait tendu sa veste parce qu'elle avait clairement froid et qu'il ne voulait pas qu'elle se mette à vouloir rentrer alors qu'ils venaient tout juste de mettre un pied dehors. Aussi désagréable qu'était cette nouvelle sensation, il voulait rester ici. Juste tous les deux. Il détestait le silence plus encore qu'il détestait le bruit cela dit, alors il lui avait dit, ou plutôt il lui avait répété qu'elle lui avait manqué. Il avait dit ça comme il aurait pu dire autre chose. Bien sûr qu'il le pensait sincèrement mais il savait aussi que c'était des choses qu'il ne pouvait pas lui répéter encore et encore sans lui implanter quoi que ce soit dans la tête. Elle était encore fragile, il n'avait qu'à la regarder pour le voir. En forme mais fragile. Elle avait l'aspect d'un oiseau blessé, pas encore prête à voler… Pourtant, il savait qu'elle serait le plus beau des oiseaux et qu'un jour elle volerait plus haut que tous les autres. Pour lui, elle était toujours au dessus du reste. Il avait tiré sur sa cigarette, l'imitant, puis il regardait ses pieds. Dustin n'avait pas vu venir ce qui se passa ensuite. Elle se retrouva si proche de lui, elle le touchait à nouveau et il se laissait faire. Il ne dit rien lorsqu'elle colla son front au sien, rien lorsqu'ils restèrent ainsi à se regarder, leurs deux visages tellement proches qu'ils n'auraient pu former qu'un, rien encore lorsqu'il sentit qu'elle allait l'embrasser. Il ne savait plus où il en était, ni surtout où ILS en étaient. Il avait l'envie irrésistible de lui dire non mais son corps et surtout son coeur ne pouvait pas. Alors il ne disait rien et il ne bougeait pas. Il n'avait pas la force de la repousser mais pourtant il n'avait pas non plus la force de l'attirer contre lui et de prendre les choses en mains. La laisser faire était tellement plus facile. Lorsqu'elle se recula brusquement, il souffla, soulagé. Immobile comme un con, il ne savait pas quoi dire, ni quoi faire. Cette fois c'était clair. Elle en avait envie et plus rien n'aurait dû le retenir de taire ses sentiments pour elle. Sauf que…

Alexis avait fait plusieurs pas en arrière et il avait maintenant l'impression de la voir se tenir tellement loin de lui. En seulement quelques secondes, elle avait brisé la proximité et avait installé de la distance. Elle demandait pardon. Encore. Il secoua la tête en l'entendant dire qu'il lui avait aussi manqué. Les yeux baissés il cherchait les bons mots. "Je peux pas faire ça." Dustin releva les yeux sur elle. "On ne peut pas faire ça." Il avait envie de la prendre dans ses bras, parce qu'il savait que ce qu'elle venait de faire la mettait mal à l'aise à son tour et il craignait qu'elle se mette à pleurer ou quelque chose du genre. Si elle se mettait à pleurer il n'allait jamais pouvoir tenir. "Ecoute… Alex…" Dans le feu de l'action Dustin avait fait tomber sa cigarette. Pas vraiment préoccupé par ça, il enfonça ses mains au fond de ses poches de jean. "J'aimerais…" Il était littéralement incapable de formuler une phrase. Tout ce qu'il ne voulait pas dire, tout ce qu'il ne fallait pas dire, il était sur le point de tout cracher. Il avait déjà réfléchis à tout ça un milliard de fois, il avait même imaginé ce qu'il lui dirait s'il en avait l'occasion un jour sauf qu'à présent il ne savait plus quoi dire, par où commencer, par où finir? "Putain, je suis pas doué avec les mots. Je crois que c'est par là que je devrais commencer… Mais tu le sais déjà." Un petit cailloux se présenta sous sa chaussure et comme pour se donner un peu plus de courage, il shoota dedans doucement. "Peu importe ce que c'était… cette chose… ce moment… Il faut oublier, d'accord?" Il avait tellement peur de lui faire du mal mais là tout de suite, il fallait qu'il soit franc et qu'il lui dise que tout ça était bien trop grave pour qu'ils continuent à jouer aux deux enfants innocents. Ils n'étaient plus des gosses et ce n'était plus un jeu. "Je ne peux pas te donner … ce que tu mérites. Pas comme ça." Ça allait trop vite. "En imaginant que j'y ai un jour songé, et en imaginant que toi aussi tu y aies songé en dehors de ce soir… Toi et moi…." Dustin et Alexis. "Toi et moi". Lui et elle. C'était comme un doux rêve. Un rêve dont on ne voudrait ne jamais se réveiller et pourtant lorsqu'on ouvre les yeux et qu'on réalise que tout s'est envolé, tout ce qu'il reste c'est une illusion, et parfois un coeur abimé. "C'est impossible. D'accord? Jamais. Pas dans ce monde, pas dans cette vie." Il était dur mais il savait que c'était nécessaire s'ils voulaient tuer les putain de papillons qu'il ressentait presque à chaque fois qu'elle le touchait et ce sourire qui s'accrochait à ses lèvres lorsqu'elle entrait dans une pièce et que sa voix et son rire résonnaient à ses oreilles. "Si les choses avaient été différentes…. Mais ce n'est pas le cas. Et on y peut rien toi et moi. On ne peut par refaire ce qui a été fait, ni défaire quoi que ce soit." Il se retenait pour ne pas faire un pas vers elle. "Tu me connais… Je ne sais pas aimer. Je suis le pire des amants. Je me lasse de tout, à toute vitesse." Il avait tellement peur d'accepter de l'aimer et de voir ses bonnes vielles habitudes revenir au galop. Elle était différente de tout le reste, de tout ce qu'il avait connu. La perdre aussi facilement lui était insupportable. "Je ne me fais pas confiance Alex. Je ne pourrais pas te donner quoi que ce soit… Et j'aurais trop peur de te faire du mal. Et puis même…" Même quoi? "T'es ma meilleure amie." Sortant ses mains de ses poches, Dustin passa ses doigts dans ses cheveux avant de recouvrir son visage. "Putain." C'était vraiment la merde tout ça. Vraiment la merde. "On vient tout juste de se retrouver… Je veux pas te perdre à nouveau Alex. S't'euplait… Dis-moi que ça va aller et que ce moment d'égarement ne voulait rien dire. Dis-moi que ça ne voulait rien dire!" Il lui demandait l'impossible, il lui demandait de se battre contre ses sentiments et c'était tellement injuste, il en était conscient mais elle ne lui laissait pas le choix. Maintenant c'était sûr, en se couchant il ne penserait qu'à elle ce soir, et en se réveillant demain ce serait aussi à elle qu'il songerait et tous les jours suivants. Chaque minute de chaque instant. Il aurait voulu faire marche arrière de quelques secondes parce que même si elle ne l'avait pas embrassé, elle avait failli et ils avaient failli tout foutre en l'air sur un coup de tête. Maintenant, il avait la trouille au ventre et cette trouille c'était la seule certitude qu'il possédait. Comme un vieil ami, elle s'était emparée de lui. Son coeur battait vite toujours, parce qu'il repoussait avec violence tout ce qu'il ressentait lui-même au plus profond de son être. Il criait non alors que tout dans sa tête le suppliait de dire oui. "Il faut oublier." répéta-t-il à nouveau, dans un murmure à peine audible et étouffé par sa voix brisée. Dustin essayait de se convaincre au moins autant qu'il essayait de convaincre Alexis. Et maintenant, il se sentait prêt à faire la route jusqu'à l'autre bout de la ville pour un peu de poudre, n'importe quoi qui lui ferait oublier que ce soir était arrivé et qu'il avait osé dire non à la seule fille à qui il voulait dire oui. Oublier qu'il avait refusé d'aimer la seule fille qu'il voulait aimer. Oublier qu'il était con et que la vie était injuste. Oublier ce que ressentir signifie. Oublier ce qu'aimer veut dire. Oublier ce que c'est qu'exister. Oublier tout. L'oublier elle.  
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MessageSujet: Re: 'Cause tonight I'll be staying here with you •• ALEXIS&DUSTIN   'Cause tonight I'll be staying here with you •• ALEXIS&DUSTIN EmptyDim 23 Mar 2014 - 22:00


Dustin W. Kennedy & Alexis Fackrell

Please wear the face, the one where you smile, because you lighten up my heart when I start to cry.


Retrouver Dustin lui faisait clairement du bien. C'était indéfinissable, comme sensation. C'était retrouver une part d'elle-même qu'elle avait perdue dans un combat cruel. Mais c’était aussi un sentiment tout neuf qui naissait : la peur de l’abandon. C’était elle qui l’avait laissé, la dernière fois. C’était elle qui avait fui lâchement, parce qu’elle avait bêtement cru que tout serait plus simple si elle décidait de tout mettre de côté. Seulement, les choses avaient été loin d’être simples. Rayer de sa vie celui qui avait été son roc depuis des années s’était avéré aussi difficile qu’il y paraissait. Elle se demandait encore comment elle avait pu penser que mettre toute cette vie derrière elle serait un premier pas vers la guérison. Elle se demandait pourquoi elle avait pu penser une connerie pareille. Ses parents, sans doute, n’y avaient pas joué un rôle tout à fait innocent. A leur manière, ils avaient sans doute su l’influencer à un moment où elle aurait suivi n’importe qui qui lui aurait demandé de faire n’importe quoi. Quelque part, ça avait été une chance qu’elle ait décidé, à un moment donné, de se confier à ses parents sans y réfléchir une éternité. Elle les détestait autant qu’elle les aimait, et elle devait avouer qu’ils avaient su prendre soin d’elle à un moment où elle avait décidé de tourner le dos à beaucoup trop de monde. Mais maintenant qu’elle émergeait doucement de tout ce bordel, maintenant qu’elle voyait la vie d’un regard plus frais et distant, elle se reprochait des tas de choses, encore plus qu’avant. Et la plus grosse erreur qu’elle se reprochait, c’était sans aucun doute le fait d’avoir coupé les ponts avec Dustin. Ils étaient tellement plus auprès de qui elle avait disparu du jour en lendemain sans explications… A commencer par Nolan, celui avec qui elle se serait volontiers vue passer de nombreuses années encore. Mais un des manques auxquels elle avait dû faire face était celui provoqué par la disparition soudaine de Dustin. C’était elle qui l’avait voulue, se disait-elle parfois pour se consoler. Mais ça avait eu tous les effets, excepté celui de la consoler. Elle s’en était voulu non-stop. Elle se demandait comment il avait réagi, elle se demandait aussi s’il se souvenait d’elle comme elle se souvenait de lui. Elle se demandait ce qu’il devenait, de son côté. S’il allait bien. Et puis elle se disait qu’elle aurait dû rester à ses côtés, parce que c’était le rôle de la famille d’être là à chaque instant. Elle se surprenait à penser qu’elle aurait préféré continuer à sombrer, tant qu’elle aurait été à ses côtés. Mais maintenant qu’elle l’avait retrouvé, maintenant qu’elle se sentait respirer à nouveau à pleins poumons… elle n’avait plus qu’une hantise, c’était de le perdre. Elle l’aurait amplement mérité. Que ce soit lui qui décide que fréquenter quelqu’un qui l’avait laissé de côté n’était pas idéal, ou le destin qui se charge de choisir pour eux, les éventualités n’étaient pas réellement limitées. Tout était possible, et elle l’avait appris à ses frais. Personne n’était à l’abri de rien, et elle la première, dans un contexte où elle était bien trop faible pour se défendre face à quoi que ce soit de mauvais qui lui tomberait dessus. Et, soyons bien d’accord, perdre à nouveau Dustin serait une bien mauvaise chose qu’elle ne pourrait tolérer. A ce moment précis, dans ses bras, elle se sentait invincible, comme s’ils n’allaient plus jamais se quitter. Oui, à cet instant précis, c’était comme si un accord tacite s’était instauré entre eux : ils ne se sépareraient plus. Mais une fois la douce étreinte de Dustin terminée, le doute était revenu. Elle ne doutait plus de lui, oh non. Son regard disait tout le contraire de ce qu’elle redoutait. Mais elle ne s’en sentait pas plus légère pour autant, parce qu’il y avait toujours cet épée de Damoclès au-dessus d’elle, celle qui était dû au hasard de la vie et à rien d’autre. Et Dieu savait que la vie ne l’avait pas forcément gâtée sur tous les fronts jusque-là. Elle n’était pas née dans une famille déchirée ou nécessiteuse, mais c’était sans doute le genre de vies qui vous poussait à ressentir un mal-être, parfois considéré comme superficiel. Peu importait, au final, les raisons qui l’avaient conduite là où elle était maintenant. C’était en réalité une suite d’enchainements malencontreux et hasardeux, mais, au final, ils ne lui avaient pas particulièrement redonné confiance en la vie et en ce qu’elle pouvait mettre au travers de son chemin. Donc s’imaginer Dustin disparaître de sa vie à nouveau n’était pas totalement ridicule, et c’était sans doute le pire, de se dire que ce n’était pas une peur irréaliste ou fantaisiste. Et si ça avait été son seul problème… Non, le revoir lui avait littéralement redonné vie, mais était réapparu en même temps que Dustin un vieux démon dont elle avait pourtant pensé s’être détachée lorsqu’elle avait partagé ses draps avec Nolan. Elle ressentait pour lui quelque de fort, et ce n’était visiblement pas quelque chose dont elle pouvait se défaire aussi rapidement. Quitte à lier ces sentiments avec sa peur bleue de le voir déguerpir, Alex s’imaginait non sans raisons que s’il en venait à apprendre ce qui lui torturait l’esprit à cet instant précis, il filerait pour ne jamais plus s’approcher d’elle. C’était toujours la même rengaine, au final. Celle-là même qu’elle avait subie depuis qu’elle avait rencontré Dustin pour la première fois, à l’aube de ses dix-huit ans. Elle était jeune, encore, à l’époque. Jeune et fraiche, remplie d’espoirs divers, de rêves et d’une innocence qu’elle avait aujourd’hui et à tout jamais perdue. Pourtant, les sentiments qui se bousculaient à ce moment-là étaient exactement les mêmes que maintenant. Peut-être avaient-ils évolué d’une manière ou d’une autre mais, au final, il y avait toujours cette même barrière. Elle était même renforcée par ces années d’amitié qui les avaient liés, par cette relation fraternelle qui s’était instaurée naturellement entre eux, entre le meilleur ami d’un grand frère et la petite sœur d’un meilleur ami.

Il était beau, se disait-elle. Il était comme elle l’avait laissé, bien que peut-être un peu plus torturé encore. Son sourire brisé était le même que celui qui l’avait fait craquer des années auparavant, et la chaleur de ses bras était toujours aussi réconfortante. C’était comme un abri contre tout ce qui pouvait être négatif dans ce monde, et Alex ne pouvait pas s’y sentir mal. Quand il la serrait dans ses bras, elle fermait les yeux et se laissait bercer par sa chaleur, son contact, la régularité de la respiration et des battements de son cœur, sur lequel elle posait son visage malgré elle. Son cœur dont elle aurait aimé percer tous les secrets, d’ailleurs, mais, elle ne le savait que trop bien, ce n’était pas sa place. Ce ne serait jamais sa place. Alors, il lui restait ses douces étreintes qu’elle retrouvait à présent. Elle retrouvait son odeur rassurante et son contact rassurant. Égoïstement, elle se disait que ce n'était pas assez, qu'elle voulait plus, que plus serait encore mieux, qu'elle ne se lasserait jamais de lui et de tout ce qui lui était rattaché. Mais quelque part, il y avait cette raison qui la poussait à freiner ses envies ridicules. Elles étaient hors de propos, ces lubies. Elle serait toujours cette gamine, la sœur de son meilleur ami. C'était le genre de places impossibles à quitter, une fois qu'on y avait fait son nid. Elle avait occupé le poste de sœur et d'amie trop longtemps pour qu'il change son regard sur elle. A ses yeux, elle n'avait probablement que dix huit ans, et elle aurait dix huit ans éternellement. Et puis il y avait toujours ces codes qui interdisaient de toucher à l'ex d'une amie ou... ou à la sœur d'un meilleur ami. C'était une ligne à ne pas franchir, se disait-elle, mais la réalité, et elle s'en doutait, était que, de toute façon, la question ne se posait pas. Il n'y pensait sûrement même pas, à cette problématique. Ils s'étaient retrouvés, il était probablement sincèrement heureux de la beauté de ce hasard, mais si leur complicité était toujours là, ils ne changeraient pas pour autant. Ils étaient différents, pourtant. L'un et l'autre avaient changé, évolué, mais leur relation resterait la même jusqu'au bout. Elle avait été instaurée comme ça, pourquoi ça bougerait maintenant ?

Leur relation était belle, pourtant. Elle était douce et réconfortante. Ils se connaissaient par cœur, et s'étaient acceptés tels qu'ils étaient, sans chercher à voir ce qui n'existait pas ou à transformer ce qui existait. Si c'était sans doute des raisons un brin obscures qui les avaient d'abord rapprochés, ce n'était pas les mêmes qui les avaient qui avaient permis la création de ce lien qui les liait à l'évidence encore aujourd'hui. Non, ce lien là n'était du qu'à eux. Alexis ne pouvait s'empêcher de penser que sans Samuel, ils ne se seraient jamais parlés ou même rencontrés, mais c'est une pensée dont elle se moquait éperdument. L'important était que Sam les avait présentés, et que dès ce moment-là, elle avait décelé en lui quelque chose de différent de tous les autres garçons à qui elle parlait. Il avait cette aura qui avait atteint son cœur mou d'adolescente. Son cœur malléable... C'était sans doute pour ça que rien n'avait jamais mené aussi loin qu'elle le voulait avec lui. Parce qu'elle n'était qu'une ado. Et c'était connu, les adolescentes de dix huit ans tombaient amoureuses de trois types d'hommes : les jeunes professeurs à l'apparence soignée, les chanteurs aux cheveux ébouriffés, et...  les amis du grand frère. Voilà pourquoi elle pensait que ce coup de cœur n'était pas solide. De toute façon, que pouvait-il se passer ? Il avait quatre ans de plus qu'elle et un succès fou auprès des femmes comme des hommes. Elle n'était qu'un bébé en mal d'amour, voilà tout. Pourtant, le lien qui s'était tissé entre eux n'avait pas eu raison de ses sentiments, au contraire. Et plus elle avait grandi, plus elle s'était habituée à lui et à ses sentiments inavoués. Elle vivait avec. Et puis, elle avait rencontré Nolan, qu'elle avait aimé. Rien de plus simple. Pourtant... pourtant, Dustin était toujours là. Dustin était son premier amour de jeunesse, tout comme certaines avaient jeté leur dévolu sur Justin Bieber. Et elle se plaisait à se dire qu'il l'avait acceptée à sa façon, qu'elle avait au moins la satisfaction d'être devenue une amie à ses yeux. Et maintenant, elle était plus que rassurée de l'être encore... après ce qu'elle avait fait. « Je t'emmerde. » Alex avait ri, bêtement, avant de lui donner un coup de coude vengeur. « J'me disais bien que tu puais... » lança-t-elle, taquine. A cet instant, elle savait. Elle savait qu'il ne la laisserait pas. Ils ne se laisseraient plus. C'était comme avant, comme si tout était resté au même point. Pourtant, ils ne seraient plus jamais les mêmes. La vie s'en était mêlée et les circonstances avaient changé, mais elle préférait ne pas y penser. Elle n'avait pas besoin de se forcer à court-circuiter ces idées-là, Dustin le faisait très bien avec ce sourire dont il avait le secret. « Quoi? Tu crois que je suis le genre de mec incapable de se satisfaire d'une clope et d'un verre d'eau? » Elle pouffa à nouveau, les sourcils froncés par l'amusement. « J'oserais jamais insinuer ce genre de choses. Jme souviens parfaitement de cette soirée où on a bu trop d'eau et on a fini aux toilettes, qu'est-ce qu'on était fous dans notre jeunesse ! » Elle parlait du passé malgré elle, mais, pour une des premières fois depuis des mois, n'y rattacha aucun mauvais souvenir. Parce que c'était sur le ton de l'humour, et que c'était avec Dustin. Maintenant sur le chemin de la porte qui menait vers la porte arrière de l'établissement, ils continuaient à papoter comme s'ils ne s'étaient jamais quittés. « Je te montrerai ça si tu veux… enfin si ça t'intéresse. Quoi qu'il en soit, j'ai pas eu le temps de racheter quoi que ce soit et puis… je te le dis, une clope ça m'ira très bien. » Le regard brillant, Alex le regarda. « Bien sur que ça m'intéresse, tu sais à quel point j'aime ce que tu fais... ! » Et puis elle ajouta à la suite : « Fais gaffe, bientôt, tu vas être accro à l'eau pétillante si tu continues comme ça... » Elle pouffa bêtement, non sans penser à cette poudre dont elle rêvait encore bien trop souvent. Elle n'en serait jamais totalement détachée, se disait-elle. Si elle avait eu sous l'oeil, nul doute qu'elle en aurait consommé. La beuh, c'était autre chose. C'était plus commun, et ce n'était pas celle qui l'avait rendue la plus accro. Par contre, elle n'aurait définitivement pas dit non à un peu de coke... Mais toutes ces pensées là n'avaient traversé son esprit que le temps d'une inspiration. Elles s'étaient volatilisées, et elle se sentait tellement mieux dans sa peau maintenant qu'elle avait Dustin à ses côtés et qu'il éclipsait tout ce qui pourrait la faire sombrer... « Argh.. Je crois pas que je serais vraiment contre. » Lui jetant un regard involontaire, Alex se jura de ne rien dire. Non, elle ne dirait rien. Mais il avait échangé un clin d’œil avec une de ses collègues, elle sentit un drôle de sentiment émerger. La jalousie. « Si c'est un viol, t'as pas le droit de choisir la demoiselle », rappela-t-elle en s'en voulant aussitôt. Pour son intention de non-intervention : epic fail. Heureusement, aucun blanc ne plana et aucun ange ne passa. « Je n'ai absolument rien contre les expériences vestimentaires, au contraire! Quand tu veux! » Réfléchissant à l'option, Alex avoua à regrets : « Je sais même pas si ça existe... Y'aurait qu'un aveugle pour autoriser la commercialisation d'un motif pareil... »

Bientôt, ils étaient dans l'arrière-salle, dont Alex ne savait pas encore à présent si elle avait déjà été lavée, au moins une fois, depuis qu'elle travaillait au Pim's. En général, elle y déposait rapidement ses affaires, et c'était tout. Pas besoin de trainer par ici. Elle était à peu près sûre que si elle y passait un peu trop de temps, elle y croiserait des animaux mutants. « Tu me connais, tout mes vaccins sont toujours à jour! J'ai jamais manqué un rendez-vous chez le médecin! » entendit-elle en fouillant sous un tas de fringues. « T'as même pas manqué ton dernier rappel ? T'es sûr ? Il me semblait que tu t'étais pris une cuite au Nestea... » dit-elle relevant les yeux vers lui, penchant la tête sur le côté, l'air grave, comme une mère qui disputerait son enfant. Et puis ils continuèrent à parler de l'état de la pièce. Alex grimaça rien qu'à observer à nouveau la scène, et sourit aux remarques de son ami.

Oui, pourquoi tout changerait maintenant ? Parce qu'à présent qu'ils étaient dehors, avec pour seule compagnie le vent et leurs clopes, Alex avait fait un geste qu'elle regretta presque aussitôt. Qu'est-ce qui lui avait pris ? Ils se redécouvraient à peine, et elle s'était crue dans un film à l'eau de rose... Pourtant, lorsque qu'elle avait rapproché ses lèvres de celles de Dustin, quelque chose s'était passé. Tout s'était amplifié, et ses sentiments ambigus s'était intensifiés à un point qu'elle n'aurait pas osé imaginer. Ça avait été quelques instants seulement, à peine dénombrables en secondes, mais c'était comme si, pour la première fois depuis longtemps, beaucoup trop longtemps, elle était réelle. C'était comme si elle était vraie envers elle-même. C'était si naturel, si doux... et pourtant, ça faisait mal. Il y avait toujours ce côté sage qui la tirait vers l'arrière, et il avait rapidement eu raison d'elle et du souffle de Dustin qui se mêlait avec douceur au sien. Les premiers mots que prononça Dustin fendirent l'air comme une arme blanche. « Je peux pas faire ça. » Voilà sa première réaction. Elle était claire, pourtant, elle avait au moins ce mérite. Cinq mots qui coupèrent court à tout ce qu'elle avait espéré en secret, malgré toutes les raisons qu'elle aurait eues de ne pas le faire. C'était maintenant qu'elle s'en rendait compte : elle n'avait jamais réellement accepté la situation. Elle avait espéré, à chaque instant. Et tout s'écroulait. Tout venait de s'écrouler en deux secondes, le temps qui était nécessaire à Dustin pour la rejeter. Cachée derrière le manteau du beau brun, Alex s'autorisa une fenêtre d'une centimètre par laquelle elle l'observa, la larme à l'oeil. Elle continuait doucement à reculer, sans doute par réflexe. Elle en avait oublié la clope qu'elle tenait entre index et majeur, et aurait pu cramer la veste de son ami sans s'en rendre compte. A ce moment précis, c'était ce qui importait le moins au monde.

Il galérait à parler, mais elle laissait faire. Parce qu'elle n'avait plus rien à dire, qu'elle voulait courir, loin, le plus loin possible, jusqu'à en perdre haleine. Si elle parlait, elle le savait, sa voix tremblerait. Pourquoi avait-elle tout gâché, pourquoi ? Lui-même n'arrivait pas à comprendre ce qui s'était passé. C'était le gag classique de la gamine qui tente une approche avec le mec parfait et inaccessible. « En imaginant que j'y ai un jour songé, et en imaginant que toi aussi tu y aies songé en dehors de ce soir… Toi et moi… C'est impossible. D'accord? Jamais. Pas dans ce monde, pas dans cette vie. » Elle avait tout gâché. Leurs retrouvailles, leur moment, tout. Il ne lui parlerait plus, maintenant. Il l'oublierait facilement, comme on oublie une Alex. Il retournerait avec ces amants qu'il savait charmer comme personne. « T'en fais pas, Dustin, c'est ma faute » lâcha-t-elle faiblement de derrière la veste, qu'elle finit par retirer. « Je sais pas, je... » tenta-t-elle de se justifier, éloignée de deux bons mètres de lui à présent. De là où il était, il ne verrait pas les larmes qui étaient doucement apparues dans ses yeux. « Qui ou quoi que tu choisisses à n'importe quel moment, Dustin, t'avises pas de dire que tu mérites pas quelqu'un ou quelque chose. Le cœur veut ce que le cœur veut, et moi je veux que tu sois heureux. » Baissant le regard alors qu'une goutte salée glissait le long de sa joue, elle ajouta doucement : « Autorise-toi à être heureux. » Sa voix avait tremblé, et, réalisant qu'elle était toujours là, elle lâcha la cigarette sur le béton du sol. Elle était amère, à présent. Parce qu'elle était égoïste, se disait-elle. Elle voulait qu'il soit heureux avec elle. C'était égoïste, n'est-ce pas ? Mais elle se força à croire qu'elle préférait qu'il soit heureux avec une autre ou un autre, plutôt que malheureux. Cet instant semblait aussi douloureux que la sensation physique de manque, mais il n'y avait plus rien pour la protéger. Même si elle prenait la fuite, où irait-elle ? Où se sentirait-elle bien ? Nulle part. Alors elle restait plantée là, comme une potiche. Et la conversation continuait, alors qu'elle aurait tout fait pour l'éviter. Elle avait honte. Elle avait mal. Elle regrettait. « Je ne me fais pas confiance Alex. Je ne pourrais pas te donner quoi que ce soit… Et j'aurais trop peur de te faire du mal. Et puis même… T'es ma meilleure amie. » Relevant son regard bleuté vers lui, elle joignit ses mains devant elle, comme une gamine. Parce que c'était ce qu'elle était, après tout. « Arrête avec tes conneries. Tu me feras jamais de mal, jle sais. » Mais il n'avait pas tort. Leur relation entière serait alors mise en jeu... « T'es mon frère et ma famille, Dustin, tu l'sais. J'suis désolée, j'aurais pas du... » continuait-elle comme pour clore le débat. Elle ne voulait plus parler de tout ça, mais quelque part, elle redoutait que son geste n'ait engendré la toute fin de leur relation, quelle qu'elle soit. Pourtant, la sentence tomba des paroles de Dustin. « On vient tout juste de se retrouver… Je veux pas te perdre à nouveau Alex. S't'euplait… Dis-moi que ça va aller et que ce moment d'égarement ne voulait rien dire. Dis-moi que ça ne voulait rien dire! Il faut oublier. » Que lui demandait-il au juste, de mentir ? Oh, elle aurait aimé. C'était ce qu'elle tentait de faire depuis qu'elle avait instauré cette distance entre eux. Mais maintenant qu'il lui demandait clairement ses intentions, elle ne pouvait plus mentir, pas ouvertement. C'était trop dur, c'était ridicule. Mais le laisser partir serait plus douloureux encore, ce serait invivable. C'était sa faute. Et elle ne voulait pas le perdre à nouveau par sa faute. Elle ne tiendrait pas, cette fois. Elle était déjà au bord du gouffre, le perdre reviendrait à faire un pas en avant pour se laisser tomber en chute libre. « Ça... ça ne voulait rien dire. J'ai déconné... » lâcha-t-elle à regrets avant de se mettre à sangloter pour de bon. « Je suis désolée, c'est... » hoqueta-t-elle en se cherchant une excuse, « c'est... la clope, j'ai pas eu le temps de la finir ». Et, cherchant à s'occuper, elle se débattit, tremblante, pour enfiler la large veste de Dustin. Elle fuyait son regard, à présent. Mais elle y arriverait. Ses sentiments, elle les avait déjà enfouis auparavant. Tout était une question d'habitude. Tant qu'elle ne le perdait pas à nouveau, elle ferait tout pour lui.

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'Cause tonight I'll be staying here with you •• ALEXIS&DUSTIN Empty
MessageSujet: Re: 'Cause tonight I'll be staying here with you •• ALEXIS&DUSTIN   'Cause tonight I'll be staying here with you •• ALEXIS&DUSTIN EmptyJeu 3 Avr 2014 - 11:27


Il y avait ce déchirement en lui, celui de savoir que s'il l'avait retrouvé ce soir, il devrait à nouveau la laisser tout à l'heure. Dustin avait envie de passer chaque instant de ses journées aux côtés d'Alexis, chacune de ses nuits dans ses bras. Il avait envie de pouvoir la serrer contre lui n'importe quand. Il avait envie d'être libre de l'aimer et de le crier à la face du monde si ça lui chantait. Et alors qu'il était encore assis à cette table dans un coin légèrement isolé du Pim's où les lumières ne venaient pas jouer devant ses yeux, il releva la tête vers elle. Pendant une seconde il l'observa parler, comme dans un film, il voyait ses lèvres bouger et son corps s'articuler. Elle était là, face à lui. Belle et en vie. Elle parlait mais il ne l'entendait pas. Comme hypnotisé par sa beauté, sa fragilité et la douceur de ses traits. Il se serait jeté sur elle s'il avait pu mais il se sentait lourd, tellement lourd, trop lourd pour parvenir à se lever et à lui prendre la main. Sur le coup, même bouger le petit doigt lui semblait insurmontable. Il restait immobile, un mince sourire dessiné sur les lèvres et il essayait de songer à ce que la vie aurait été si les choses avaient été différentes. Si elle n'avait pas été une Flackrell, il n'aurait jamais attendu toutes ces années avant de lui ouvrir son coeur, il n'aurait rien à cacher parce qu'il n'y aurait rien eu d'interdit. Si Alexis avait été une fille comme les autres peut-être aussi qu'il ne l'aurait pas aimé autant qu'il l'aimait maintenant. Peut-être qu'il ne l'aurait jamais regardé avec ces yeux-là et peut-être qu'il ne l'aurait jamais autant désiré. L'interdit est toujours atrocement attirant, n'est-ce pas? Pourtant, il y avait quelque chose en Dustin qui lui disait que là, c'était différent. Ce n'était pas une énième manière de bousculer les règles et de montrer à qui veut voir, qu'il n'a aucune limite. Ce qu'il ressentait pour elle n'avait rien à voir avec sa réputation de petit con insolant. C'était quelque chose de plus fort. L'attachement pour Alex était réel et sincère. Ça lui était tombé dessus sans prévenir. Il n'était pas préparé à ça et c'était sans doute la raison pour laquelle il avait d'abord choisi de complètement ignorer ses sentiments, de les enfuir et de se convaincre lui-même qu'il se faisait simplement des films, que tout ceci n'était pas sérieux, une simple passade… Il était encore si jeune la première fois où il avait ressenti des choses à son égard, il préférait croire que c'était simplement ses hormones de jeune étalon qui étaient en pleine ébullition. Il avait dix huit ans environ, peut-être un peu plus, et elle en avait quatre de moins. À dix huit piges, quoi de plus normal que de vouloir sauter tout ce qui bouge? Sauf qu'il n'avait jamais voulu la sauter. Il la trouvait mignonne et elle dégageait une certaine innocence qui le contamina lui aussi. Il n'avait pas envie de la baiser, il voulait lui faire l'amour. Et voilà qu'à présent, des années plus tard, cette envie était ravivée. Il s'agissait de la seconde la plus longue de sa vie. Elle parlait toujours et il l'observait avec attention, incapable de détacher ses yeux de ses lèvres. Elles lui semblaient brûlantes et il avait envie de s'y accrocher, d'y coller les siennes et de prendre le temps de savourer l'instant. Il se perdrait sur ses lèvres, il en était persuadé. La seconde toucha à sa fin. Dustin referma la parenthèse qu'il avait ouverte. Elle n'était pas à lui et elle ne le serait sans doute jamais. Ses lèvres-là, il n'avait pas le droit d'y goûter et contrairement à cette pauvre conne d'Eve, il ne commettrait pas l'erreur de croquer le fruit défendu. Il était plus malin que ça et il tenait trop à leur amitié pour oser la mettre en danger.

Tentant d'oublier cette seconde d'égarement, il réintégra l'instant présent. Ils parvenaient encore à plaisanter et à se taquiner l'un et l'autre, c'était bon signe. Ça donnait presque à Dustin l'air d'être normal alors qu'en réalité il se sentait l'âme d'un extra-terrestre. Ce qu'il se passait en lui, ce n'était pas normal. Il avait été amoureux auparavant, de nombreuses fois même… Du moins, c'est ce qu'il croyait. Mais ça, cette chose qu'il avait pour elle, il ne l'avait jamais ressenti avec personne d'autre. Ça le bouffait de l'intérieur et il s'en voulait d'être ainsi fait. S'il n'avait pas été aussi lâche, il lui aurait tout dit mais ses lèvres affichant toujours cet espèce de sourire très mince lui donnant l'air un peu débile, restaient scellées. Le coeur lourd, il plaisantait avec un verre d'eau. Tout était encore bon à prendre pour sauver la face. Il ne devait rien laisser paraitre et il investissait justement chacun de ses efforts là dedans. Ne rien laisser paraitre. Tout enfouir. Resté caché. Parfois, il craignait d'ouvrir la bouche et de dire quelque chose qu'il n'avait pas voulu. Les mots qu'il parvenait encore à articuler face à elle étaient tant en contradiction avec les belles paroles que son coeur voulait lui chanter qu'il craignait sincèrement de les laisser sortir un jour par mégarde. Une seconde d'inattention et ce serait fini. D'où le fait que discuter avec Alexis lui donnait l'impression de le vider de toute son énergie. Ça lui demandait une concentration importante, une lutte terrible contre lui-même. À la fin, il serait épuisé, il le savait déjà. Mais ça en valait tellement la peine. "Ah! Oui! Mais bien sûr! Je n'ai pas oublié cette nuit de folie." Il entrait dans son jeu, parce qu'il fallait bien. Et aussi parce qu'il avait été le premier à jouer. Les soirées de folie avec Alex, avec Sam et les autres, il ne les avait certainement pas oublié. Sauf peut-être celles auxquelles il avait fini tellement à l'envers qu'il se réveillait le lendemain sans même être capable de se rappeler son prénom. Ces nuits-là il les avait oublié, mais tout le reste il le gardait précieusement dans un tiroir de sa mémoire. Il parvint à dévier la conversation sur un autre sujet, la peinture. Sa passion. Son travail. Et qui de mieux pour en parler que sa plus jolie muse? Il se pinça les lèvres en l'entendant dire qu'elle était intéressée et qu'elle aimait ce qu'il faisait. Bien sûr que ça lui faisait chaud au coeur, mais Alexis ignorait qu'elle avait été le sujet de plusieurs tableaux et elle ignorait à quel point songer à elle tout en tenant un pinceau dans les mains pouvait se révéler bénéfique pour Dustin. "Tu devrais passer à l'atelier un de ces quatre. Ça me ferait plaisir." Cet atelier c'était son petit monde à lui. Peu de gens étaient en fait autorisés à y mettre les pieds, surtout parce que Dustin détestait qu'on se mette à trifouiller ses affaires, il avait ensuite l'impression que plus rien n'était à sa place. Or, lorsqu'il se mettait à peindre il aimait que son bordel organisé soit impeccable. Chaque chose se trouvant exactement là où il l'avait lui-même décidé, c'était très important. Il savait cependant qu'Alexis le respectait assez et le connaissait plutôt bien pour ne pas déranger son espace. Il adorait ça avec elle, elle n'était pas invasive, elle ne s'immisçait pas dans ses affaires comme une petite fouine. Non, Alexis se contentait d'observer son travail avec un regard neuf. Avant, quand tout était encore bien et que vivre ne faisait pas aussi mal, il lui demandait souvent de le rejoindre pour qu'elle lui donne son avis. Il se plaçait au fond de la pièce, se rongeant les ongles tant il était nerveux de ce qu'elle dirait, et il l'observait observer ses toiles. Parfois elle souriait, parfois elle avait l'air plus perplexe, et d'autre fois encore il était incapable de décrire l'émotion sur son visage. Elle ne lui avait jamais fait une seule mauvaise remarque mais elle savait tout de même se montrer critique et c'était une grande qualité. Il aurait détesté qu'elle ne soit pas franche avec lui sous prétexte qu'ils étaient amis. Mais il savait qu'il pouvait toujours compter sur elle pour être honnête et sincère. Il l'aimait encore plus pour ces raisons-là. Dustin secoua la tête en l'entendant mentionner l'eau pétillante. "Il n'y a pas de risque crois-moi." Étrangement sérieux, il n'osait pas lui dire que demain à cette heure-là, il aurait sans doute dans les doigts de quoi le faire planer un peu.

Se laissant guider à travers le Pim's, il se montra sympathique face aux collègues d'Alex. Apparemment, il risquait le viol avec ces filles-là mais ça ne lui faisait pas vraiment peur. Il aurait fallu être très con pour se plaindre d'avoir une chance avec l'une d'elles. Il faut dire que les serveuses du Pim's, à l'instar d'Alexis, sont des femmes désirables, des femmes aux courbes alléchantes et aux sourires ravageurs. Il n'y en avait vraiment qu'une seule qui l'intéressait profondément, et pourtant c'est vers une autre qu'Alex que Dustin dirigea un clin d'oeil. Cette fille-là n'était même pas son genre. Et pour être honnête, avant de revoir Alexis il avait repéré le barman. Si elle n'avait pas été là ce soir, ce n'est sans doute pas sur une serveuse qu'il aurait jeté son dévolu. Mais bien qu'il se donnait du mal pour ne rien laisser transparaitre, il n'avait désormais d'yeux que pour elle. Le barman, les serveuses, les clients, il n'éprouvait rien d'autres pour eux qu'une attirance physique, pour elle c'était une attirance du coeur. Dustin cessa donc de regarder la jeune femme à laquelle il avait fait un clin d'oeil pour se concentrer à nouveau sur Alexis qui venait de lui rappeler que dans le cas d'un viol il n'aurait pas le droit de choisir son agresseur. Ou dans ce cas, son agresseuse. Il se redressa un peu, hésitant presque à lui demander ce que ça pouvait bien lui faire. Il ouvrit la bouche, prêt à se montrer taquin mais il se ravisa au dernier moment. Non, ça n'aurait pas été très malin. Il haussa finalement les épaules. "Tous les goûts sont dans la nature. Du rouge et du violet… Pourquoi pas? Moi je dis qu'il faut être sacrément courageux pour oser et le courage c'est une grande qualité." Le mince sourire qu'il avait osé laisser apparaitre sur son visage avait disparu. Il était l'homme le plus sérieux sur Terre à cet instant précis. Puis, il balaya l'espace devant lui d'un revers de la main et reprit la parole de son air nonchalant. "Non je déconne. J'ai envie de gerber rien que d'y penser. Et pourtant, je suis peintre, le mélange des couleurs ça me connait, ok? Je suis tolérant mais faut pas pousser mémé. Par contre pour une soirée déguisée, pourquoi pas? Un habit rouge à pois violet et une cuite à l'eau, l'éclate totale. Avoue que t'es carrément tentée Alex!" À mesure que les mots étaient sortis de sa bouche il avait fini par se mettre à rire. Avec elle, il avait du mal à rester sérieux et à conserver son habituel air renfrogné.

Et puis enfin, le calme d'un couloir. Avançant main dans la main, il la laissait mener la marche jusqu'à une salle mal rangée ce qu'il se fit un plaisir de constater à voix haute. Lui qui parlait toujours de son bordel organisé, il était vraiment mal placer pour l'ouvrir mais Dustin n'était pas vraiment le genre à fermer sa gueule quand l'envie de dire un truc lui venait. En plus il savait qu'Alexis ne le prendrait pas mal, ce n'était pas comme si cette pièce était sa chambre ou sa maison. Sans doute qu'elle n'y mettait même que très rarement les pieds. "Non madame." Dustin secouait la tête de gauche à droite à la manière d'un enfant. "Non madame." répéta-t-il. "Alors d'abord c'était pas du Nestea parce que le Nestea c'est dégueulasse. C'était de l'Ice Tea à la pêche. Si tu commences à te foutre de ma gueule, fais-le bien s'il te plait!" Il secoua à nouveau la tête à l'attention d'Alexis. "Le Nestea est à l'Ice Tea ce que le Pepsi est au Coca-Cola." Une fois de plus cet air très sérieux s'était glissé sur son visage alors qu'il racontait de la merde et qu'il en était conscient mais aussi parce qu'il assumait pleinement. En fait valait mieux raconter de la merde comme ça que de se laisser aller à parler d'autres choses beaucoup moins amusantes. "Ensuite, chut. Parce que aussi difficile soit-il de surmonter une cuite à l'Ice Tea, je ne raterais pour rien au monde un rendez-vous avec la piquouze. Et c'est mal me connaitre que de ne serait-ce qu'envisager le contraire. " Il donna un coup de menton en sa direction. Et toc. Après quelques secondes, il souriait à nouveau. En plus de ça il avait carrément sous entendu qu'il aimait bien se piquer et ce n'est qu'après coup qu'il se sentit bien con. Mentionner la prise d'héroïne à une fille qui est clean depuis peu, bien ouéj crétin! Il se sentait un peu mal à l'aise. Mais cette situation ne dura pas puisqu'à peine une minute plus tard ils étaient tous les deux dehors et Dustin était prêt à se détendre avec une cigarette bien méritée tout de même.

Ils avaient beau être sortis, il eu l'impression que l'atmosphère s'était alourdie et lui qui avait pourtant toujours quelque chose à dire se retrouvait avec peu d'idées de conversation. Il y avait un tas de non-dits entre eux et c'était comme si ceux-ci étaient en train de se manifester à l'instant présent. En tous cas Dustin ressentait une certaine pression peser sur ses épaules. Il prit quelques profondes inspirations afin de véritablement s'aérer. Ça faisait du bien. Alexis quant à elle semblait légèrement plus frileuse alors en bon gentleman il lui tendit sa veste. Bien sûr qu'elle lui avait manqué et bien sûr que maintenant qu'elle était à nouveau là il n'allait pas la laisser tomber. Même s'il n'avait pas été physiquement avec elle durant ces quelques derniers mois, il avait été présent par la pensée. Il avait pensé à elle chaque jour, espérant qu'elle allait bien, qu'elle s'en sortait, qu'elle était heureuse. Mais maintenant qu'il lui parlait à nouveau, il avait la sensation que bien qu'elle se soit séparée de ses addictions, en dehors des clopes mais ça ne compte pas vraiment, Alexis n'avait pas l'air si heureuse que ça. Une fois encore, Dustin ressentait un malaise. Le silence qui s'installait peu à peu l'effrayait. Il était lourd de sous-entendus. Ce n'était pas un silence apaisant comme il les aimait. Mais tout à coup ce n'était plus de ses propres mots qu'il avait peur, c'était d'elle qu'il se méfiait. Elle avait l'air si fragile… Une chose en entrainant une autre, alors qu'il avait tout fait pour bien insister sur l'importance de leur amitié à ses yeux, elle se retrouva à quelques centimètres de lui. Leurs visages tellement proches qu'il pouvait sentir son souffle sur ses lèvres. Et justement, ces foutues lèvres s'étaient elles aussi dangereusement rapprochées. Il ressentit comme un coup dans le ventre, et puis la peur panique de ce qui allait arriver si elle allait plus loin. Immobile et silencieux, il était incapable de la repousser mais il savait que c'était une connerie qu'ils s'apprêtaient à commettre, une immense connerie. Pourtant, contre toute logique, il la laissait faire et sans doute qu'il n'aurait pas reculé d'un pouce si elle avait poursuivi son geste au lieu de s'écarter à nouveau, honteuse. Putain de merde. Fait chier.

Dustin fixa Alexis quelques instants, ils devaient tous les deux reprendre leurs esprits et se calmer. Sauf qu'il était tout sauf prêt à se calmer. Son coeur battait plus vite qu'il n'aurait dû. Il savait qu'il devait parler et vite. Il devait dire quelque chose pour calmer le jeu, pour la rassurer peut-être aussi s'il en avait la force. Mais par dessous tout, il devait lui dire non. Il devait trouver le courage en lui de dire non à cette fille dont il était pourtant amoureux depuis longtemps. Cette fille qu'il ne pouvait pas avoir. "Ne sois pas cette grosse conne d'Eve" se répétait-il en boucle. Alexis était le fruit défendu à jamais. Rien ni personne ne pourrait changer ça et quitte à se faire à cette idée, autant que ce soit maintenant. Pour tous les deux. Il n'avait pas envie de la repousser, mais il le devait. Il aurait voulu pouvoir la prendre par la main et lui dire que ça allait, que ce n'était pas grave et que lui aussi en avait envie. Il aurait voulu l'attirer contre son torse et l'embrasser une bonne fois pour toutes. L'embrasser et ne jamais s'arrêter. Mais au lieu de ça, les mots qu'il arrivait à formuler lui brisaient le coeur. C'est impossible. Pas dans cette vie. Il faut oublier. Il avait surtout envie de se foutre la tête dans un mur pour oser dire tout haut ces choses qui devaient lui faire du mal à elle aussi. C'était un cercle vicieux. Un gouffre profond dans lequel il s'enfonçait peu à peu et sa plus grande crainte était de l'entrainer elle aussi dans sa chute. Il se faisait du mal et il lui en faisait à elle également. Lui faire du mal le blessait d'autant plus et sans doute cela était-il réciproque. Les choses allaient commencer à tourner en rond. Que resterait-il d'eux lorsque tout cela serait terminé? Du moins, si ça prenait fin un jour… Lorsqu'il eu fini de parler et attendait qu'elle intervienne à son tour pour le rassurer et lui dire qu'ils pourraient toujours être amis, qu'elle ne lui en voulait pas et que tout ça n'était pas en train de gâcher leur lien si précieux, il l'observa se cacher derrière sa veste. Fait vraiment chier. Putain de sentiments à la con. "Alex…" Il ne voulait pas qu'elle se cache, il ne voulait pas qu'elle ait honte. Elle n'avait rien fait de mal, en fait elle avait osé quelque chose qu'il n'avait jamais été assez courageux de faire. Sauf qu'Alexis avait fini par prendre la parole alors il la ferma et la laissa parler. Les yeux tantôt rivés sur elle, tantôt rivés sur le sol. Plus souvent sur le sol que sur elle en fait. Elle allait pleurer, il en était sûr et il aurait l'impression d'être le plus gros connard de tous les temps. Cette chose qu'il ressentait à l'intérieur, ça faisait tellement mal putain. Il se demanda même l'espace d'un instant si se faire physiquement mal n'atténuerait pas cette douleur fulgurante. Repoussant cette idée dans un coin de sa tête, il releva les yeux vers elle. Ce qu'elle venait de dire le touchait tellement. Elle parvenait vraiment à mettre son bonheur à lui avant le sien. Elle était exceptionnelle et il avait une chance inouïe d'avoir cette fille-là dans sa vie. Elle le lui avait souvent prouvé et elle le faisait encore aujourd'hui. Alexis voulait qu'il s'autorise à être heureux mais il avait soudainement envie de hurler parce qu'il n'avait aucune idée de comment être heureux comme ça. Comment être heureux quand la personne qu'on désire le plus est aussi la personne la plus inatteignable? Comment être heureux quand on ne peut pas assouvir un voeux si cher? Il ne serait jamais heureux tant que ses sentiments seraient cachés, mais ses sentiments ne pouvaient pas être autrement qu'enfouis six pieds sous terre. Autant dire qu'il était coincé et que cette affaire était la plus grande injustice de sa vie sans doute. "Je veux que tu sois heureuse aussi." fini-t-il par articuler doucement. "T'as pas besoin d'un mec pour être heureuse tu sais, et t'as certainement pas besoin de moi. Tu as tout pour toi Alex. Absolument tout. Et de nous deux, c'est toi qui le mérite le plus." Il était sincère. Après tout ce qu'elle avait vécu, après ces mois d'enfer, il n'y avait rien qu'elle ne méritait pas. Et s'il avait pu, il lui aurait tout donné. Il secoua la tête, baissa à nouveau les yeux sur ses chaussures et sentit la colère s'emparer de lui. Il était en colère contre cette putain de vie qui n'était décidément pas de leur côté. "Arrête de me mettre sur un putain de piédestale." lâcha-t-il. Ça le rendait fou qu'elle continue à le montrer une si grande affection alors qu'il venait de la rejeter comme une merde. "Je suis un connard. En amour, je suis un putain de connard." Il n'avait pas haussé la voix un seul instant, parce que ce n'était pas dans sa nature, parce qu'il l'aimait trop pour lui hurler dessus mais il fallait qu'elle ouvre les yeux. Qu'elle le voit tel qu'il était réellement. "Combien de fois je t'ai dit que j'étais amoureux? Et combien de fois mes histoires d'amour sont parties en vrille?" Il s'en voulait tellement. Pourtant c'était bien la vérité. Il enchainait les histoires et c'était toujours plus que des plans cul. Il tombait souvent amoureux des gens mais il s'en lassait aussi à une vitesse incroyable. Ça lui valait souvent les railleries de ses potes, même Alexis le savait bien. Pourquoi s'obstinait-elle? "Je ne sais pas aimer. Je ne sais pas aimer comme il faut. Et toi aussi t'es ma famille Alex. Et je t'aime putain. Je t'aime vraiment." Une inspiration. "Mais pas de cette manière là." Ça le tuait à petit feu. Lentement mais sûrement. Il était en train de doucement se faire le plus grand mal. "Je veux pas te perdre." C'était tout ce qu'il avait comme réponse à lui donner quand elle disait qu'elle n'aurait pas dû.

Finalement, Dustin lui demanda de dire cette phrase qui le rassurerait un temps peut-être. Une phrase qu'elle ne penserait sans doute pas et qu'il ne pensait pas lui-même. Mais il avait besoin de l'entendre dire. Il avait besoin qu'elle renonce, même si c'était juste pour ce soir. Il la forçait clairement à se mettre en lutte contre ses sentiments à son tour. C'était dégueulasse et il le savait mais quel choix avait-il? Il resta immobile tandis qu'elle essayait d'articuler ces quelques mots. "Ça … ça ne voulait rien dire." Toujours immobile, il vit son visage se décomposer et soudain Alexis était en larmes devant lui. Alors, pour ne pas la voir pleurer, il ferma les yeux et les serra très fort. Sauf qu'elle continuait de parler, manquant de s'étouffer avec les sanglots qui s'accumulaient dans sa gorge, il rouvrit les yeux. "Alex…" Dans un murmure, il la suppliait. Il s'autorisa finalement à la regarder vraiment. Elle avait l'air brisé à présent et c'était sa faute à lui. C'était intenable de la voir ainsi et de rester immobile malgré tout parce qu'il y avait cette distance qui bien qu'elle l'emmerdait profondément parce qu'il n'aimait pas être loin d'elle, les gardait en même temps en sécurité l'un et l'autre. En se tenant à bien deux mètres d'écart, il y avait moins de chance de faire une connerie. Mais la distance ce n'était pas trop son truc à Dustin et avec Alexis il n'y en avait jamais vraiment eu. Un nouveau sanglot se fit entendre alors qu'elle essayait d'enfiler la veste qu'il lui avait donné quelques minutes plus tôt. Il porta une main à son front, poussa une sorte de grognement et puis il fit un pas vers elle, le second arriva presque immédiatement et en un quart de seconde à peine il la tenait à nouveau contre lui. "Alex." Il la serrait fort, plus fort encore que tout à l'heure. Une main caressa ses cheveux doucement. "Pleure pas." Déjà que d'ordinaire il n'aimait pas faire pleurer les filles si en plus il s'agissait de cette fille-là, il n'y avait aucune chance qu'il y résiste. Les larmes d'Alexis lui étaient fatales. "Je suis désolé. Je suis vraiment désolé." Il resserra son étreinte avec son bras et de son autre main continuait à lui caresser les cheveux. Encore un court moment et puis il se pencha très légèrement pour la regarder dans les yeux et s'emparer de son visage dans ses deux mains. "Tu vois? Je te fais déjà du mal… Et je peux pas le supporter. Je peux pas supporter de te voir comme ça à cause de moi. S'il te plait… Pleure pas." Il la suppliait de tout son être à présent. Elle lui brisait le coeur avec ses yeux rougis et ces larmes qui perlaient sur ses joues. "Je sais que c'est injuste, je le sais. Et j'aimerais que les choses soient différentes, vraiment. Mais Alex, tu dois savoir aussi bien que moi qu'on a pas le droit de faire ça…" Il n'était pas prêt de la lâcher. Cette étreinte, peut-être, durerait toujours. Peut-être qu'ils allaient mourir tous les deux tout de suite et comme ça il n'aurait pas à la laisser partir. Il n'aurait pas à relâcher son emprise sur elle. Pour la première fois de sa vie, il se disait que ce serait peut-être pas plus mal qu'une météorite tombe du ciel immédiatement et qu'elle les tue tous les deux sur le champ. Au moins, ils n'auraient plus à s'inquiéter du reste et ils seraient ensemble pour toujours. Bon, d'accord, c'était complètement saugrenue comme idée. Complètement con, oui. Mais putain, il se sentait tellement mal maintenant qu'il s'en foutait d'avoir des idées de merde. Il voulait juste qu'elle se calme. Non! Il voulait retourner en arrière en fait. Refaire son entrée dans le Pim's et tout recommencer à zéro. Peut-être qu'il irait contre sa nature et qu'il pèterait la gueule de ce pauvre naze qui avait osé mal parler d'Alexis. Et peut-être qu'ils ne se seraient jamais retrouvés dehors. Autre idée de merde qu'il avait eu là. S'ils étaient restés à l'intérieur elle n'aurait sans doute jamais tenté de l'embrasser. Pas ce soir en tous cas. Et peut-être que ça n'aurait fait que repousser l'échéance mais franchement c'était toujours ça de pris. Là, tout de suite, il avait juste mal. Une douleur sourde au plus profond de son être. Son corps tout entier ressentait l'écho de la douleur qu'éprouvait son coeur. C'était horrible. Vraiment horrible. Et puis dans un souffle Dustin murmura:"Dans une autre vie…". Il n'avait pas besoin d'en dire d'avantage. Dans une autre vie… Mais y penser ne servait à rien, ça ne ferait pas avancer les choses, ça servirait simplement à leur donner plus de regrets. Ils en avaient déjà bien assez tous les deux. Ils étaient ainsi faits et telle était leur vie. Les choses étaient comme cela et pas autrement et rien, pas même lui avec toute la bonne volonté du monde, n'était capable de faire quoi que ce soit pour lutter contre les forces de la nature. Peut-être qu'il y avait eu un bug à un moment, que Dustin et Alexis n'avaient jamais été faits pour être ensemble mais que quelqu'un au bureau du destin ou du karma ou dans une autre connerie du genre, avait simplement commis une erreur, une faute de frappe, une fausse manip', un truc qui avait fait que par malheur ils avaient vu l'un dans l'autre des choses qu'ils n'auraient jamais dû voir. "Je suis désolé" répéta-t-il à nouveau. "T'as pas idée à quel point je tiens à toi Alex. T'as pas idée." Il tenait à ce qu'elle comprenne bien cela. Il avait besoin d'elle plus que de n'importe qui d'autre et même s'ils ne pouvaient pas être ensemble ça ne voulait certainement pas dire qu'il ne voulait pas d'elle tout court. Au contraire même, sa vie sans elle était fade et misérable. Elle était sa meilleure amie, et depuis qu'il n'avait plus Samuel près de lui pour le guider, il n'y avait plus qu'elle sur qui il pouvait réellement compter. Elle avait son entière confiance, il lui aurait confié sa vie et tout ses biens les plus précieux les yeux fermés. Lui qui avait claqué la porte au nez de sa famille biologique toute entière, lui qui avait envoyé chier un paquet de monde à la fin du lycée, des soit-disants amis qu'il ne voyait plus désormais, il l'avait choisi elle pour être son pilier. Elle était son point d'ancrage dans ce monde et il avait eu un avant goût de ce que vivre sans elle signifiait vraiment et cela lui avait grandement déplu. En fait, il avait même détesté ces précieux mois passés loin d'Alexis. Il n'avait été capable de le supporter que parce qu'il savait qu'elle en avait besoin, que c'était son choix et que cette séparation était sans doute ce qui la sauverait. Mais très égoïstement, il en avait souffert comme un malade. Elle lui avait manqué et cette évidence le frappait d'autant plus à présent qu'elle était dans ses bras et qu'il était libre de lui donner tout l'amour possible via ses bras enlacés autour d'elle à défaut de pouvoir le lui donner autrement. Il l'aimait. Il l'aimait profondément et sincèrement. Il l'aimait comme jamais il n'avait aimé et ce soir il se rendait compte à quel point il s'était menti à lui même. Ça ne l'avait jamais frappé à ce point-là mais elle avait craqué devant lui. Elle avait manqué de l'embrasser et puis elle s'était mise à pleurer et il avait eu la sensation d'être un énorme salaud. Il avait eu le coeur en miette tandis qu'elle était au plus mal. Et c'était ça qu'il avait eu besoin de voir et de ressentir pour finalement admettre que oui, putain, oui! Il était indéniablement amoureux de cette fille et qu'il l'avait sans doute été à l'instant même où elle lui avait adressé la parole pour la première fois. Du haut de ses quatorze ans, elle avait plongé ses magnifiques yeux bleus dans ceux de Dustin pour lui dire qu'elle était la soeur de Sam et que cela faisait déjà d'eux des amis. Il avait souri, attendri par cette bouille, ému par ce regard et hypnotisé par ce corps de femme-enfant. Elle était belle à cette époque-là et à la manière d'un grand vin, elle s'était bonifiée avec les années. Nul doute qu'elle continuerait à s'embellir à mesure que son amour et sa tendresse pour elle grandirait aussi. Et si elle l'avait embrassé ce soir? Et si elle avait été plus loin? Qu'aurait-il fait? Qu'aurait-il dit? S'il avait enfin pu déposer ses lèvres sur les siennes et sentir leur chaleur et goûter à sa chair, qu'est-ce que cela aurait changé? Dustin ferma les yeux à nouveau, sa main droite caressant le dos d'Alexis. Tout. Ça aurait tout changé.  
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MessageSujet: Re: 'Cause tonight I'll be staying here with you •• ALEXIS&DUSTIN   'Cause tonight I'll be staying here with you •• ALEXIS&DUSTIN EmptyJeu 1 Mai 2014 - 21:43


Dustin W. Kennedy & Alexis Fackrell

Please wear the face, the one where you smile, because you lighten up my heart when I start to cry.


Alexis ne savait plus trop qui elle était. Elle ne l'avait probablement jamais réellement su, en réalité. Ni qui elle était, ni ce qu'elle voulait, ni ce qu'elle faisait. Son monde s'était écroulé quelques mois auparavant, ratatiné sur lui-même, comme le résultat d'une implosion fatale. Si sa désintox aurait du lui faire voir les choses d'une plus belle façon, ce n'était absolument pas le cas. Elle se demandait encore quelles avaient été ses motivations lorsqu'elle avait décidé de tenter le coup. Car, à y réfléchir, elle avait perdu ceux auxquels elle tenait le plus : ceux qu'elle avait décrétés comme formant sa famille, celle qu'elle s'était choisie. Et sur le moment, quelque chose d'autre l'avait guidée. A l'heure actuelle, elle n'arrivait toujours pas à déceler quoi. Peut-être la raison, qui, quelque part, lui avait soufflé qu'être dépendante à des substances illicites ne la mènerait nulle part. Mais ce n'était pas ce qui comptait, toutes ces drogues qu'elle consommait. Ce qui comptait, à l'époque et encore aujourd'hui, c'était cette famille de laquelle elle avait su s'entourer. C'était ce sentiment d'appartenir à un groupe, d'être aimée et reconnue pour ce qu'elle était. Et lorsqu'elle avait, pour elle ne savait trop quelle raison, décidé de se sevrer... elle avait en même temps choisi de quitter cette famille. Sans s'en rendre compte, sur le coup. Elle n'avait pas réalisé, sûrement, qu'elle ne disait pas au revoir qu'à des poudres douteuses. C'était ensuite que ça s'était gâté. Quand elle avait compris qu'elle n'aurait rien arrêté de tout ça, si seulement ça lui avait permis de rester aux côtés de ceux qu'elle aimait. Ça avait été une coupure bien trop subite dans sa vie, et, encore maintenant, elle n'était pas prête à la vivre. Elle n'était pas prête pour grand chose, à vrai dire. Elle voulait juste être rassurée, comme avant. Que tout soit facile, et doux, et beau. Que tout glisse sur elle, que les bras de Nolan l'enveloppent à nouveau lorsqu'elle s'endort, que le regard moqueur de Samuel la fasse bouder encore, et que Dustin lui parle, encore, pendant des heures. Parce que c'était ça, le bonheur. C'était ça, son bonheur. Et elle y avait mis fin bien trop brusquement. Ça faisait mal. Là, pourtant, les choses reprenaient doucement une autre tournure. C'était comme revivre à nouveau. Alex respirait à plein poumons, à présent. Revoir Dustin lui avait permis de réaliser à quel point elle avait toujours été dépendante de lui, de son rire, de son sourire et de son regard. De tout ce qui faisait de lui la personne qu'il était. Il n'y avait que lui qui comptait, et maintenant qu'il était là, tout allait bien. Subitement, agréablement.

Pourtant... pourtant, elle avait commis l'irréparable. Ou presque, mais le geste, bien qu'avorté, avait suffi à installer une toute nouvelle barrière entre eux. Elle s'en voulait, elle ne voulait pas, elle n'avait jamais voulu. Elle n'avait jamais voulu faire ça, elle n'avait jamais voulu ressentir ces choses-là lorsque leurs souffles s'étaient liés, comme précédant un baiser qu'elle n'aurait jamais pu oublier. Tout ça, elle ne l'avait jamais voulu, et pourtant, elle en était la seule responsable. Elle n'était qu'un être fragile et capable des bêtises les plus insensées du monde. Tout ce qui était synonyme d'espoir à ses yeux, elle le tuait. Elle gâchait tout. Et maintenant elle se cachait derrière la veste de Dustin, ridicule, espérant que le foudre lui tomberait dessus et la transformerait en un petit tas de poussière. Elle ne voulait plus exister. Elle avait honte, tellement honte de son geste et de la gamine qu'elle était, de cette bribe d'espoir ridicule qu'elle avait montré en rapprochant ses lèvres de celles du jeune homme. Elle avait honte de tout, et si elle n'était pas sur son lieu de travail, elle aurait très certainement fui en courant dans la rue jusqu'à trouver un lieu rassurant, loin, très loin d'ici, pour y pleurer, réfléchir à tout ça, et venir à la conclusion qui serait toujours la même : elle n'était digne de rien, et elle avait gâché le seul bonheur qui lui avait été donné de vivre depuis des mois. Mais là, elle ne pouvait rien faire. Elle ne pouvait pas bouger. Et pas seulement parce qu'elle était au Pim's et que son service reprendrait bientôt. Non, la réelle raison était physique. Pas réellement explicable pour autant. Mais Alex ne pouvait plus bouger. Elle était figée, et elle ne pouvait pas se décider à quitter les côtés de Dustin. Malgré ses conneries, malgré la personne qu'elle était, elle ne pouvait pas se résoudre à s'éloigner de lui à nouveau, à le perdre encore une fois. Alors elle restait cachée sous la veste de Dustin, étouffant les pleurs de la gamine perdue qu'elle était, et qu'elle serait toujours. Alors, pour se rassurer autant que pour le rassurer lui, elle avait promis de rester à ses côtés. Tant pis si elle devait mettre de côté ces choses qu'elle ressentait. Le plus douloureux, au final, était de se rendre compte qu'il ne les partageait pas. Maintenant, elle ne pouvait que s'en relever, n'est-ce pas ? N'est-ce pas ? Elle entendait Dustin l'appeler par son prénom, mais elle n'osait toujours pas le regarder. Pas en face, c'était trop douloureux. Prendre la parole, pour elle, ça avait été se rassurer. Ça avait été expliquer à Dustin qu'elle serait toujours là s'il voulait d'elle, et qu'elle travaillerait sur ces conneries de sentiments anarchiques qui se bousculaient en elle dès qu'elle croisait son regard. Mais, en réalité, elle avait tellement honte. Tellement honte d'avoir cru un instant pouvoir être cette personne dans la vie de Dustin. Pendant l'espace d'un instant, et elle ne savait toujours pas pourquoi, elle avait oublié qu'elle n'était que la sœur de son meilleur ami. Une amie, peut-être une sœur de cœur, mais jamais cette fille qu'elle avait espéré être à ses yeux depuis des années. Elle ne goûterait jamais à ses lèvres et à sa peau. « Je veux que tu sois heureuse aussi » lâcha-t-il, alors qu'elle fuyait toujours son regard. Elle n'arrivait pas à être heureuse... Et ça serait capricieux de dire qu'elle ce bonheur, elle ne le trouverait que dans ses bras ? « T'as pas besoin d'un mec pour être heureuse tu sais, et t'as certainement pas besoin de moi. Tu as tout pour toi Alex. Absolument tout. Et de nous deux, c'est toi qui le mérite le plus. » Il ne comprenait décidémment pas. Elle n'avait rien pour elle. Alex n'avait rien pour elle. Elle ne l'avait pas lui. Le reste de sa vie ? Ce n'était qu'un brouillon. Depuis des mois, c'était un brouillon foireux, un job qui impliquait une semi-nudité, des parents qui ne comprenaient rien, et le reste : un vide béant. Comment pouvait-elle être heureuse ? Comment pouvait-elle ne pas avoir besoin de quelqu'un d'autre pour l'aider à reconstruire sa vie ? Comment pouvait-elle ne pas avoir besoin de lui ? Mais c'était fini, elle ne lui dirait pas. Elle ne lui dirait pas que c'était de lui et uniquement de lui dont elle avait besoin. Qu'elle avait besoin de le sentir contre elle, de sentir son étreinte rassurante et les battements réguliers de son cœur sous sa main. Elle voulait s'endormir avec lui et se réveiller à ses côtés. Mais tout ça, elle ne lui dirait pas. Elle avait compris la leçon. « T'es con », se contenta-t-elle d'abord de répondre. « Arrête, toi, de me mettre sur un piédestal. J'ai suis qu'un tas de faiblesses, et je survis. Je vis pas, je suis pas forte, je suis pas heureuse et je... » je sais que c'est avec toi que je le serais, « ... je vois pas comment l'être. Je suis pas faite pour ça, c'est tout. » Lui était un connard en amour ? Et elle, qu'était-elle ? Son premier amour, elle l'avait laissé avec une seule note pour lui expliquer ce qui se passait. Nolan ne savait même pas où elle était. Elle s'en foutait, de ce qu'elle avait fait à ses conquêtes précédentes. Elle voulait être la prochaine, mais, encore une fois, elle se gardait bien de lui dire. « Je ne sais pas aimer. Je ne sais pas aimer comme il faut. Et toi aussi t'es ma famille Alex. Et je t'aime putain. Je t'aime vraiment. Mais pas de cette manière là. » Ces derniers mots l'avaient frappé en plein visage. Parce que c'était comme s'il lui hurlait qu'elle était sa famille, et qu'elle ne serait jamais plus. Elle eut un faible sourire avant de souffler. « Si tu sais m'aimer, c'est tout ce que je demande. »

Alors, elle le rassura. En même temps qu'elle se rassurait elle. Oui, elle serait sa sœur, s'il ne voulait pas plus. Elle se remettrait, de toute façon, elle n'avait pas vraiment le choix. Et puis, à force de s'endurcir, elle deviendrait hermétique à toute déception. Elle préférait le garder comme frère de cœur et meilleur ami, quitte à ne pas partager ses draps, plutôt que le perdre, encore une fois. Elle lui donnerait tout pour qu'il reste à ses côtés. Y compris une promesse qui venait de lui déchirer le cœur et les tripes. Elle parlait, elle parlait. Elle voulait se taire, mais elle continuait à parler. Elle voulait s'enfuir, se cacher, mais elle continuait à parler. Elle entendit à peine son prénom, emportée. Elle se concentrait pour ne pas fondre en larmes, mais c'était trop dur. Sans doute un réflexe nerveux ou une connerie comme ça, mais là, elle sentait qu'elle retiendrait pas le tsunami très longtemps encore. Elle le regarda finalement s'approcher d'elle, et eut un autre réflexe qu'elle regretta aussitôt, elle avait reculé d'un pas à son tour. La distance la rassurait autant qu'elle l'anéantissait. Mais, à cette distance-là, elle ne risquait pas de faire une autre connerie. Parce qu'elle était toujours aussi fragile, malgré toutes ces promesses. Mais au fond, elle n'avait pas été rapide. Ce réflexe n'en était peut-être pas un. Il la tenait à nouveau dans ses bras, la serrant dans une étreinte qui aurait pu l'étouffer. Il s'excusait, tentant de la calmer, mais la vérité était que même si elle s'était promis de s'en remettre, à cet instant précis, l'intégralité de son corps en était devenue douloureuse. Elle souffrait de ce rejet, de cet attirance qu'elle avait eue pour lui depuis des années et à laquelle elle devrait maintenant s'efforcer de mettre fin. Il s'écarte très légèrement pour prendre son visage entre ses mains. « Tu vois? Je te fais déjà du mal… Et je peux pas le supporter. Je peux pas supporter de te voir comme ça à cause de moi. S'il te plait… Pleure pas. » Il lui faisait du mal parce qu'il ne voulait pas lui en faire... C'était un bon résumé de la situation, non ? Elle tremblait comme une feuille, mais il n'était pas question de laisser ce moment devenir encore plus dramatique. « C'est pas toi, c'est... ton parfum à l'oignon », se força-t-elle à plaisanter en passant une main pressée sur sa joue pour essuyer quelques larmes. « Je sais que c'est injuste, je le sais. Et j'aimerais que les choses soient différentes, vraiment. Mais Alex, tu dois savoir aussi bien que moi qu'on a pas le droit de faire ça… » Elle ne comprenait plus rien. Il voulait, ou il ne voulait pas ? Ou il se cherchait juste des excuses valables pour argumenter son non-intérêt ?

Dans une autre vie, oui, peut-être... Mais ils n'avaient que cette vie-là. Ils n'avaient que cette vie-là pour profiter l'un de l'autre, jusqu'à ce que l'un d'eux disparaisse. Et elle profiterait de lui au maximum, elle serait celle qu'il voudrait qu'elle soit. « Je suis désolé. T'as pas idée à quel point je tiens à toi Alex. T'as pas idée. » Alex, à son tour, le serra contre lui, et souffla à son oreille. « Arrête de t'excuser, c'est moi qui ai déraillé. Je t'aime, Dustin. J't'aime, grand frère. » Son cœur s'était brisé, mais au moins, espérait-elle, ce ne serait que temporaire. Parce qu'elle avait fait une promesse, et qu'elle serait toujours à ses côtés. C'était tout ce qui comptait, au final, non ? Qu'il ne l'abandonne pas comme elle avait fait la connerie de le faire. Elle l'aimait tellement que ça lui faisait mal, et c'était pour cette même raison qu'elle ferait tout pour lui. Qu'elle abandonnerait l'idée d'être plus qu'une amie, son amante. Elle abandonnerait tout pour rester à ses côtés, y compris ce mirage qui était apparu dans sa vie lorsqu'elle n'était encore qu'une adolescente. Ils se reconstruiraient à deux, au moins, se disait-elle. Ils se reconstruiraient ensemble, entre frère et sœur, et c'était tout ce qui comptait. Se forçant à se calmer et à calmer ses frissons à peine contrôlables, Alex se mit sur la point des pieds pour poser un doux baiser sur la joue de Dustin. « C'est moi qui suis désolée... C'est moi qui ai fait la conne, Dustin. Depuis le début, c'est moi qui ai fait la conne. T'excuses pas d'avoir la politesse de me remettre à ma place. » Mais, en réalité, elle savait que tout s'écroulait. Elle savait qu'elle ne connaîtrait plus jamais le bonheur, car cet espoir qu'elle avait entretenu malgré elle des années durant venait de mourir. Il ne voulait pas d'elle, pas comme ça. Elle devrait se contenter de cette amitié sans faille qu'il lui proposait et de cet amour infini qu'il lui portait, et pourtant, d'une façon totalement égoïste, Alexis se disait que ce n'était pas ce qu'elle voulait. Et une partie d'elle était morte au moment où elle avait compris qu'il ne voudrait jamais plus.
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MessageSujet: Re: 'Cause tonight I'll be staying here with you •• ALEXIS&DUSTIN   'Cause tonight I'll be staying here with you •• ALEXIS&DUSTIN EmptySam 14 Juin 2014 - 19:35


Il avait toujours été très sûr de lui, sûr de savoir qui il était, de connaitre ses valeurs et ses idées, les choses qui pour lui méritaient de se battre et même de mourir, Dustin se regardait dans le miroir et il ne connaissait pas le doute. Chaque chose qu'il avait fait jusque là, et chaque chose qu'il ferait plus tard, il savait que ce ne serait jamais sans raison, qu'au fond il était guidé par un seul et unique but et que ce but-là n'avait jamais changé et qu'il ne changerait jamais. Il avait des certitudes profondément ancrées en lui et auxquelles il s'accrochait encore. Il n'avait pas le choix, s'il arrêtait de croire en ce dont il avait toujours cru, quel sens aurait-il pu donner à sa vie? Quelle raison aurait-il pu invoqué pour justifier toutes ses actions passées? Il avait été bousculé, secoué, et malmené par la vie, mais il n'avait jamais cessé de croire dur comme fer que ce qu'il faisait et qui il était continuaient d'être la bonne voie, son chemin à lui. Le seul chemin qu'il pouvait suivre. Il avait cessé de se poser des questions pour savoir si c'était bien ou mal, c'était sa vie et peu importe le reste. Il était libre de faire et d'être ce qu'il voulait. Il avait fait un choix il y a des années de cela, celui de ne pas devenir le fils à papa bien sous tout rapports, brillant médecin ou avocat, avec une vie de famille bien rangée. Il avait fait le choix d'écouter son coeur, de suivre sa passion, et de ne pas lutter contre ses addictions. Il assumait tout, et si c'était à refaire il n'aurait rien changé. Malgré tout, il n'aurait rien changé. Il se le répétait encore et encore, en boucle. Parce qu'il avait terriblement besoin d'y croire, parce que s'il n'y croyait plus il savait que les choses allaient changer et peut-être parce que ça lui faisait peur aussi. Il fallait qu'il y croit, qu'il continue à le revendiquer, qu'il continue à le crier haut et fort. Pourtant, il avait le visage d'Alexis face à lui et il sentait l'incertitude monter en lui. Il avait beau lutter de toutes ses forces, elle avait le pouvoir de provoquer ça, de le chambouler et de mettre le doute là où tout avait toujours été très clair dans sa tête. Samuel était son meilleur ami. Alexis était sa meilleure amie. Tous les trois, ils étaient comme les trois mousquetaires, trois inséparables, trois frères et soeur. Il ne pouvait rien y avoir d'autre. Jamais. Alors, pourquoi est-ce qu'il en avait quand même envie? Pourquoi est-ce qu'il arrivait à la désirer? Il était perdu. Vraiment perdu. Ses dernières forces, Dustin les mettait dans le simple but de ne rien laisser entrevoir. Il était parvenu à éviter un baiser, à repousser Alexis, à lui dire non. Sa détermination était presque intacte, malgré le doute et le désire. Il ne fallait pas céder. Peu importe si ça lui brisait le coeur, il était assez solide pour supporter un énième coup et se relever… Mais et elle? Est-ce qu'elle l'était? Il n'était pas con, contrairement à ce qu'elle venait de dire, il voyait bien qu'elle était fragile et qu'elle avait ses faiblesses mais à sa place tout le monde aurait été pareil, et peut-être même dans un pire état. Après tout ce qu'elle avait traversé, Alexis avait le droit d'être affaiblie. Mais il ne l'avait pas toujours vu comme ça, et il savait qu'elle pouvait aussi être très forte. Il voyait en elle cette gamine futée, bourrée de qualités et de capacités, elle pouvait changer le monde si elle le voulait, il en était convaincu. "Si seulement t'arrivais à voir en toi-même ce que moi je vois en toi." répondit-il à son tour tout en secouant la tête. Dustin ne savait pas quoi dire d'autre. Ça lui faisait du mal de l'entendre dire qu'elle survivait plus qu'elle ne vivait, parce qu'elle méritait d'être heureuse putain, elle le méritait tellement. "Y'a pas de recette miracle pour être heureux Alex. Et c'est des conneries ce que tu dis! Pourquoi tu ne serais pas faite pour le bonheur, hein? Tout le monde a le droit à sa part de bon comme de mauvais, personne n'est toujours heureux à cent pour cent tout au long de sa vie, c'est pas possible mais tout le monde y à le droit à un moment ou à un autre. C'est pas parce que tu ne l'es pas maintenant que tu ne le seras jamais." Il était presque fâché qu'elle ose penser ça, qu'elle ose dire qu'être heureuse n'était pas pour elle. "Je veux bien tout entendre, mais pas ça." Ils avaient tous les deux commis des erreurs, et avaient tous les deux subit des choses qu'ils n'arrivaient même pas à exprimer tant ça les avait abimé. Mais ça ne voulait pas dire qu'ils ne seraient plus jamais heureux. Et putain Dustin n'était pas vraiment du genre optimiste, mais là il ne pouvait pas se taire. Il croyait sincèrement qu'un jour, tout irait mieux. Il fallait seulement laisser le temps faire son travail. Les choses étaient encore trop fraiches et Alexis, elle sortait à peine de désintox' et elle se remettait à peine debout sur ses deux pieds, il fallait qu'elle laisse faire les choses, quelle ne soit pas dans la précipitation. La patience, c'était peut-être surtout ça la clé du bonheur. "J'ai toujours su t'aimer. Je le saurai encore." lâcha-t-il, ses yeux plantés dans ceux d'Alex. "J'ai jamais arrêté, tu sais. Je suis pas du genre "loin des yeux, loin du coeur". J'ai pas arrêté de penser à toi ces derniers mois, à m'inquiéter pour toi… À espérer te revoir aussi. J'ai jamais arrêté de t'aimer." Un temps. "On peut pas arrêter d'aimer sa famille. Jamais."

Il aurait voulu que la conversation s'arrête à ça, à se dire qu'il l'aimait et qu'elle l'aimait aussi et qu'ils étaient et seraient toujours là l'un pour l'autre. Sauf que ça aurait été trop facile. Bien trop facile. Dustin regrettait les soirs où ils avaient juste pu passer du temps ensemble sans se faire de grands discours, juste un regard était parfois suffisant pour se comprendre. Ce soir, il avait l'impression de devoir tout dire, parce qu'il fallait que ça sorte et parce qu'il fallait qu'elle l'entende. Il n'aimait pourtant pas beaucoup parler, Dustin avait toujours préféré écouter que de blablater. Sauf avec Alex. Ça avait toujours été comme ça entre eux. Elle était la seule fille sur cette Terre, la seule personne tout court, à qui il pouvait tout dire, même quand les mots lui manquaient, même quand il n'avait pas envie de parler. Le silence et la distance avait pris leur place dans cette conversation. Il n'aimait pas ça. Non, vraiment, il n'aimait pas être loin d'elle et sentir que c'était ce qu'elle voulait, qu'elle tenait à cette distance. Ça le bouffait à l'intérieur. Ils avaient été tenus loin l'un de l'autre trop longtemps déjà. Tellement longtemps. Il avait envie de la prendre dans ses bras, de la serrer encore et encore, de ne pas laisser tomber l'étreinte, de la garder au creux de ses bras pour toujours. Il avait fait un pas vers elle, parce que c'était plus fort que lui, parce qu'il n'avait pas su comment contenir cette envie de s'approcher et cette fois ce fut au tour d'Alexis de le repousser. Presque automatiquement, elle avait reculé. Le coeur de Dustin sembla raté un battement tant ça l'avait surpris. Elle n'avait jamais refusé sa présence, elle ne lui avait jamais dit non. Mais après tout, il l'avait bien mérité. Parce qu'il lui avait dit non aussi. Et parce que c'était ce qu'il voulait, pas vrai? Il ne fallait pas céder, c'était ce qu'il se répétait depuis le début, alors si maintenant elle jouait dans les règles il n'avait pas le droit de lui en vouloir ou d'être blessé. Pourtant, il se retrouva à demander pardon, et quand il aperçut les larmes aux coins de ses yeux, puis perler le long de ses joues, il envoya tout valser pour vraiment la prendre dans ses bras. Tant pis pour la barrière de protection qu'ils avaient tous les deux installé. Il était trop touché et trop sensible aussi pour ne rien faire et surtout pas la regarder pleurer. C'était sa faute, il s'en voulait comme rarement. Il ne riait même pas en l'entendant plaisanter, parce que ce n'était pas drôle. Pas sa blague, mais la situation. La situation n'était pas drôle du tout. C'était en train de leur faire du mal à tous les deux. Il ne savait même plus ce qu'il voulait et ce qu'il ne voulait pas, Dustin était paumé comme un gosse incapable de retrouver son chemin. "Franchement, je crois qu'on a tous les deux déraillé." Elle n'aurait jamais dû essayé de l'embrasser, mais il n'aurait jamais dû dire toutes ces choses qu'il ne pensait même pas. Il n'aurait jamais dû lui mentir. Parce que maintenant, il était forcé de s'y tenir, il était forcé de ne pas l'aimer comme elle le voulait et comme il en avait envie lui aussi. Il n'était pas prêt à lui dire la vérité, pourtant il aurait voulu pouvoir tout lui dire. Il baissa les yeux en l'entendant dire "grand frère". Elle avait renoncé à son tour, elle rentrait dans les rangs.

Elle déposa un baiser sur sa joue et Dustin ferma les yeux quelques secondes. S'il avait écouté son coeur en envoyant valser les rêves que son père avait fait pour lui à une époque, aujourd'hui il ne l'écoutait plus du tout. Ce n'était pas son coeur qui lui disait de renoncer à tout avenir potentiel avec Alexis, c'était sa tête. Lui, Dustin, écoutait sa tête. C'était une première, et s'en rendre compte lui faisait l'effet d'un véritable électro-choc. Il l'écoutait parler à nouveau, sans un mot, il sentait qu'il était à bout lui aussi, qu'il était à deux doigts de craquer. Serrant les dents pour ne rien dire, pour continuer de se taire, bon sang! Il cherchait toutes les forces qu'il avait encore à l'intérieur, le moindre petit effort encore susceptible de le faire tenir, de regarder cette fille-là dans les yeux et de lui dire franchement que non, il ne l'aimait pas comme ça et que non, il ne voulait pas être avec elle. Il n'avait jamais été aussi proche de cracher le morceau. Alors, sans réfléchir, il s'empara de son bras, comme pour la retenir encore un peu, pour ne pas qu'elle lui échappe… Il glissa jusqu'à sa main, plongea son regard bleu azur dans celui d'Alexis et dit: "J'ai menti." 
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MessageSujet: Re: 'Cause tonight I'll be staying here with you •• ALEXIS&DUSTIN   'Cause tonight I'll be staying here with you •• ALEXIS&DUSTIN EmptyVen 20 Juin 2014 - 23:12


Dustin W. Kennedy & Alexis Fackrell

Please wear the face, the one where you smile, because you lighten up my heart when I start to cry.


Alexis n'était pas sensible. De base, elle préférait croire qu'elle était une dure à cuire, de celles qu'il ne fallait pas faire chier. Et, de base toujours, c'était ce qu'elle était. Elle ne se laissait pas marcher sur les pieds. Quelques mois auparavant, elle aurait envoyé chier ces connards à l'intérieur du bar, clients ou pas. Sans doute avec quelques coups en compléments. Elle était facilement violente, et la vulgarité ne lui avait jamais fait peur. C'était une part de liberté qu'elle s'était octroyée dès qu'elle avait pris de l'indépendance, qu'elle s'était construit sa propre vie, avec la famille de son choix. Mais depuis ces quelques mois, tout avait changé. Elle avait changé. Et elle ne savait plus réellement qui elle était. Elle n'arrivait plus à savoir qui être dans une situation ou une autre, et elle venait bien souvent à rester muette. Elle était plus facilement blessée qu'avant, aussi. Elle était faible et fragile, voilà les mots qui la caractérisaient à présent le mieux. Mais elle ne voulait pas l'admettre. Elle se plaisait à croire qu'elle était toujours cette même personne, au fort caractère, qu'elle avait été depuis des années. Quelque part, au fond, elle savait que ce n'était qu'un immense mensonge, mais Alex voulait y croire. Elle se disait que ce n'était que passager, qu'elle finirait par se retrouver. Et lorsqu'elle avait croisé le regard de Dustin pour la première fois depuis des mois, elle avait ressenti ce soulagement. Celui de s'être retrouvée en même temps qu'elle l'avait retrouvé lui. Comme s'il était une part d'elle, une part de la personne qu'elle était, de la personne qu'elle voulait être. Le problème était sans doute qu'elle s'était emportée beaucoup trop facilement. Retrouver Dustin avait été pour elle un tel soulagement, comme un nouveau souffle qui la faisait revivre toute entière, qu'elle s'était laissée aller à un geste qu'elle avait aussitôt regretté. Et maintenant, elle s'en voulait. Ce simple souvenir qui remontait à quelques minutes seulement lui rongeait les entrailles. Ils s'étaient retrouvés, mais malgré les promesses qu'ils semblaient décidés à se faire l'un à l'autre, plus rien ne serait comme avant. Comment les choses pourraient-elles retrouver leur cours habituel alors qu'Alex avait tenté d'embrasser celui qu'elle avait préféré considérer comme son frère pendant des années ? Sans parler de cette absence, pour laquelle il ne semblait pas la blâmer, mais qui représentait à ses yeux une sorte de trahison de sa part... Non, tout s'accumulait, et son soulagement s'était effondré, pour laisser place à cette hantise de le perdre à nouveau. Qu'est-ce qui lui avait pris ? Pourquoi avait-elle craqué, à un instant, alors qu'elle avait tenu des années sans oser avouer ces drôles de sentiments à Dustin ? Toujours était-il que c'était trop tard. Et ils pourraient se dire ce qu'ils voudraient, elle ne se le pardonnerait jamais. Et jamais plus il ne pourrait la considérer comme sa petite sœur. Elle avait tout foiré. Et elle ne pouvait plus s'approcher de lui. Quelque chose s'était brisé en elle au moment où il l'avait repoussé, au moment où il s'était excusé. La situation était risible, à présent. Mais Alexis, elle, n'avait pas envie de rire. Elle avait juste envie de disparaitre. Ou, encore mieux, de remonter le temps et de se contenter de l'amitié qu'il lui offrait et qu'il lui avait toujours offerte. « Si seulement t'arrivais à voir en toi-même ce que moi je vois en toi », tentait de la convaincre Dustin, alors qu'elle se renfermait de plus en plus sur elle-même. Sauf que ça, il n'y croyait pas. S'il voyait en elle autant qu'il le prétendait, pourquoi l'aurait-il repoussée ? Elle n'était qu'une amie. Une sœur, peut-être bien, mais, au final, il lui manquait quelque chose pour qu'il la considère comme elle le voyait lui. « Y'a pas de recette miracle pour être heureux Alex. Et c'est des conneries ce que tu dis! Pourquoi tu ne serais pas faite pour le bonheur, hein? » disait-il. Mais la vérité était qu'elle écoutait d'une oreille seulement, encore trop honteuse et détruite par ce qui venait de se passer. « Tout le monde a le droit à sa part de bon comme de mauvais, personne n'est toujours heureux à cent pour cent tout au long de sa vie, c'est pas possible mais tout le monde y à le droit à un moment ou à un autre. C'est pas parce que tu ne l'es pas maintenant que tu ne le seras jamais. » Elle avait envie d'y croire, d'un côté. Mais le bonheur, elle y avait goûté, et ce bonheur là, elle n'y gouterait plus jamais. L'espoir un peu bête d'un futur meilleur avait, quelque part, reposé sur ce mirage que représentait Dustin; cette possibilité, même ridicule, qu'il puisse vouloir d'elle au-delà de la relation fraternelle qui les liait. Maintenant, ça aussi s'était effondré. Mais elle se garderait bien de lui dire. Elle acquiesça d'un signe de tête, peu convaincue. « Tu t'es jamais dit qu'il y avait un déséquilibre entre les gens ? Que certains étaient destinés à vivre un enchainement de saloperies alors que d'autres étaient prédestinés à un futur toujours plus radieux ? » Et, bien entendu, elle se serait rangée dans la première catégorie. Elle était la reine de la première catégorie qu'elle venait de définir. Dustin, lui, par contre, semblait camper sur ses positions. « Je veux bien tout entendre, mais pas ça. » Alex se renfrogna légèrement. Oui, bien sûr qu'elle était faite pour le bonheur. Et la marmotte...

Elle se sentait plus fragile que jamais. Dire qu'elle avait à un moment pensé que tout arrêter l'aurait sauvée de ses démons... au contraire, ils en étaient ressortis exacerbés. Une remarque de Dustin la fit sortir de ses pensées accablantes, et ces mots semblèrent lui claquer en plein visage. « J'ai toujours su t'aimer. Je le saurai encore. » Elle lui accorda un petit sourire gêné. Parce qu'après ce qui s'était passé, 'était tout ce qu'elle pouvait faire. Elle avait beau promettre que rien ne changerait, se le promette autant à elle-même qu'elle lui promettait à lui, tout était différent, à présent. Elle aussi saurait toujours l'aimer. Mais pas de la même manière. Elle n'arriverait jamais à l'aimer de cet amour fraternel que lui ressentait pour elle. Il y aurait toujours plus pour lui... Et ce qu'ajouta Dustin raisonna en elle en une douleur pitoyable. Pitoyable et égoïte. « J'ai jamais arrêté, tu sais. Je suis pas du genre "loin des yeux, loin du coeur". J'ai pas arrêté de penser à toi ces derniers mois, à m'inquiéter pour toi… À espérer te revoir aussi. J'ai jamais arrêté de t'aimer. On peut pas arrêter d'aimer sa famille. Jamais. » Parce que tout ce qu'elle retenait, c'était ce dernier terme qu'il avait employé. Famille. Oui, famille. Une violente amertume s'était à présent emparée d'elle. « Non, on ne peut pas. La famille, c'est sacré », se contenta-t-elle donc de répondre. Mais elle crevait d'envie de lui dire qu'il n'aurait pas du s'inquiéter pour elle, qu'elle n'en valait pas la peine, et qu'elle, elle ne l'aimait pas comme un frère, mais ne cesserait jamais de l'aimer pour autant. Parce que l'amour, quel qu'il était, s'il était sincère, ne s'estompait pas comme ça. Mais elle se tut, horrifiée par tout ce qu'elle ressentait. Elle ne se relèverait sans doute pas de ce geste qu'elle avait fait et de la baffe sentimentale qu'elle s'était prise en retour.

Oui, quelque chose s'était clairement effondré entre eux. Et c'était pleinement sa faute, mais elle n'arrivait pas à s'en vouloir de cette distance qu'elle imposait à présent entre eux. Elle était bien trop concentrée sur ce baiser qu'elle avait failli lui arracher et sur cette façon bien trop adorable qu'il avait d'essayer de mettre ça derrière eux. Mais quelque part, dès à présent, il y aurait toujours le fantôme de ce geste qui s'imposerait entre eux. C'est pourtant Dustin qui finit par s'élancer une bonne fois pour toutes vers elle pour la prendre dans ses bras. Son étreinte était toujours aussi rassurante, pourtant, cette fois, Alex frissonnait de peur. De peur que ce soit la dernière, et qu'il ne lui accorde que par politesse. « Franchement, je crois qu'on a tous les deux déraillé » la rassurait-il alors que, dans un reniflement, Alex haussait un sourcil, perdue. « Je... vois pas en quoi t'as déraillé, Dustin. » C'était elle qui avait merdé, et seulement elle. De quoi pouvait-il se blâmer ?

Tentant de se reprendre, Alex avait déposé un baiser platonique sur la joue du jeune homme. Elle se battrait. Oui, elle se battrait contre elle-même et toutes ces choses qui se battaient dans sa tête et dans son cœur. Elle les vaincrait, parce qu'elle ne se donnerait pas le choix. La seule option qu'elle s'accordait, c'était celle de garder Dustin à ses côtés, coûte que coûte. Même si ça signifiait enterrer tous ces sentiments bizarres au plus profond de son être, là où elle ne pourrait jamais les retrouver. Elle essuya une larme qui avait laissé une trainée salée sur sa joue et le regarda avec un petit sourire qu'elle souhaitait rassurant. Elle cherchait quoi lui dire, à présent. S'excuser n'avait aucun impact, mais comment lui prouver que tout allait bien ? Comme le convaincre -et se convaincre elle-même au passage- que c'était une erreur ponctuelle, et rien de plus ? Ses pensées se bousculaient dans sa tête à la recherche de la réplique parfaite, mais c'est finalement lui qui brisa le silence qui s'était installé. Il avait attrapé doucement son bras et sa main, comme pour la retenir. Mais elle n'allait pas partir. Pas maintenant qu'elle avait réussi à puiser un brin de force, bien que minime, pour combattre ses démons intérieurs. « J'ai menti » déclara-t-il simplement en la fixant de son regard magnétique. Mais... Menti à propos de quoi ? Menti il y a des mois, lorsqu'il lui donnait son avis sur le dernier film à la mode, ou menti il y a quelques minutes, lorsqu'il lui promettait que le bonheur viendrait frapper à sa porte ? « Tu m'aimes pas, t'aimes pas ta sœur ? » blagua-t-elle, totalement inconsciente de ce qui était en train de se passer. Non, en réalité, Alexis ne voyait pas du tout où il voulait en venir. « Ou alors tu m'as menti, t'as une chemise rouge et violette dans ta garde robe ? » se forçait-elle à rire en faisant référence à leur passage dans les coulisses du bar. Mais en réalité, une peur subite venait de la saisir aux tripes. Le plus évident était tout simplement que son geste avait tout brisé entre eux, et qu'il ne voulait plus rien à voir à faire avec elle...
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MessageSujet: Re: 'Cause tonight I'll be staying here with you •• ALEXIS&DUSTIN   'Cause tonight I'll be staying here with you •• ALEXIS&DUSTIN EmptyMer 25 Juin 2014 - 4:01


"Non." Le ton était ferme et déterminé. Non, il n'avait jamais pensé qu'il y avait un déséquilibre entre les gens. Il refusait de croire que certaines personnes étaient prédestinées à une existence de rêve tandis que d'autres n'auraient jamais droit qu'à une accumulation de merdes. Ça aurait été une bien trop grande injustice pour l'humanité et s'il n'était pas du genre à trop réfléchir à tout ça, il se disait quand même que les injustices comme celle-là, ça ne pouvait pas exister. Dustin ne pouvait pas y croire, il préférait s'accrocher à l'espoir. Autrement, pourquoi continuerait-il à vivre? Sans espoir, il n'y a plus rien à attendre de quoi que ce soit, et quand on a plus rien à espérer, il n'y a plus que la mort pour nous libérer. Mais Dustin, il a beau avoir des tendances destructrices parfois, et il a beau faire et dire n'importe quoi, sur ce point là il n'a jamais flanché. La vie est précieuse, lui qui marche sans cesse sur un fil, il le sait mieux que quiconque. Il y a un milliard de choses qu'on pourrait lui reprocher, mais pas de ne pas vivre sa vie à fond. Pourtant, ça ne l'empêchait pas de comprendre le point de vue d'Alexis. Il savait d'où venait tout ça, comment elle en était arrivée à penser de la sorte. Il comprenait. Mais il était incapable d'approuver. "Je te le répète, je pense vraiment que tout le monde a sa part de bonheur et de souffrance. On souffre tous à un moment, à différents niveaux, certes, mais quand même… Et ne me dis pas que tu n'as jamais été heureuse Alex! Tu l'as été." Quand elle était plus jeune et qu'ils s'étaient rencontrés, elle avait l'air heureuse et ils avaient eu quelques belles années de débauche avant de toucher le fond. "Je me souviens…. De ton sourire. De ton rire aussi. Et je sais que le bonheur ne se limite pas à ça, mais je le voyais dans tes yeux que c'était sincère. Il y a un milliard de choses qui ont été de travers depuis, mais ça ne veut pas dire que tu ne pourras plus jamais rire et sourire franchement, sincèrement, sans te forcer et sans cette espèce de lueur dans ton regard qui te donne la même allure qu'un petit chiot sans défense et qui, je ne peux pas le nier, me brise le coeur." Ça lui faisait vraiment du mal de la voir comme ça, mais il avait tellement envie et tellement besoin de lui redonner espoir. Il fallait qu'elle continue à croire que les choses iraient mieux un jour, parce que lui, il y croyait dur comme fer. "Je sais pas quand, je sais pas comment, mais un jour, tu te réveilleras et tu te sentiras bien. Ça prendra du temps, mais ça viendra. Et ça viendra pour moi aussi." Ils étaient ensemble sur ce coup-là. Elle et lui. Il avait ce besoin ultime de la protéger, ça avait toujours été comme ça, et encore plus maintenant. Elle avait besoin de lui, et il avait aussi terriblement besoin d'elle. Plus qu'elle s'en doutait certainement. Il déposa un baiser sur son front et la regarda ensuite dans les yeux. "Un jour, on sera heureux. Je te le promets." Et alors qu'il laissait ces mots-là s'échapper de sa bouche, il sentit comme un coup de poignard le frapper dans le ventre. Alexis, c'était déjà une grosse partie de son bonheur. Elle détenait, sans le savoir, le pouvoir de le rendre heureux ou malheureux. Comment aurait-il pu lui dire ça, sans lui mettre une pression supplémentaire sur les épaules? Si elle était malheureuse, il l'était aussi, mais si elle était heureuse, même lui était capable de sourire bêtement et sans raison. Alors oui, il lui faisait cette promesse, même si c'était un pari risqué, même si en vrai il n'en savait rien. Dustin se raccrochait à l'espoir qu'il avait encore et il s'accrochait assez fort pour eux deux. Si elle n'y croyait plus, il y croirait pour elle.

L'instant d'après, un certain malaise sembla s'installer. Ce n'était pas un sentiment familier à Dustin, surtout pas en la présence d'Alexis. Il se sentait toujours bien avec elle, il pouvait tout lui dire sans crainte. Il lui parlait avec une grande aisance, une grande liberté, sans retenue, sans tabou. Pourtant, ce soir il y avait quelque chose qui semblait avoir changé et Dustin n'aimait pas ça. Était-ce les mois qui s'étaient écoulés depuis la dernière fois qu'ils s'étaient vus? Ou bien était-ce ce qu'il s'était passé avant? Avant qu'elle ne parte et qu'il devienne une ruine d'homme. Si aujourd'hui, il semblait avoir su rebondir et retomber sur ses pieds, à l'intérieur il était toujours brisé. Il mettait un point d'honneur à avancer, à continuer à vivre, mais il pouvait comprendre que ça pouvait encore être trop difficile à faire pour Alexis. Lui aussi, parfois, il avait du mal à voir où il allait. Il se rattachait à ses certitudes, ses rêves, les choses qui avaient toujours fait partie de lui et de sa vie. Jusque-là, il avait réussi à s'en contenter. Et si certains jours il trouvait à peine le courage de se lever, que la peine et la douleur étaient trop intenses, il se raccrochait à l'espoir. Perdre ce qu'il avait avec Alex, ça aurait été comme perdre un bout de cet espoir et ça, il savait qu'il ne supporterait jamais. Il baissa les yeux quand elle confirma ce qu'il venait de déclarer. La famille c'est sacré. Il n'aimait pas la tournure qu'avaient pris les choses. Il y avait toujours cette espèce de lourdeur qui pesait sur ses épaules, le poids de la vérité. Une vérité qu'ils étaient visiblement tous les deux très doués pour cacher. Il hocha la tête, releva les yeux mais évita le regard d'Alexis. "C'est vrai." Ces mots n'avaient même plus de sens dans sa bouche. Il n'arrivait plus à savoir ce qui était vraiment vrai et ce qui ne l'était pas, ce qu'il refusait de voir et de croire, ce qu'il refusait de dire, toutes ces choses vraies justement, toutes ces choses qu'il préférait enterrer plutôt que d'avoir à affronter. Parce que c'était tellement plus facile. Dustin n'avait jamais été lâche, mais il commençait à se dire qu'il y avait véritablement un début à tout.

Il avait fini par la prendre dans ses bras à nouveau, parce que ça semblait être la seule chose qui comptait vraiment, et la seule chose à faire surtout. Ça lui donnait encore l'illusion que tout était comme avant. Il pouvait fermer les yeux et repenser à quelques années en arrière. Alexis dans le creux de ses bras, leurs amis autour d'eux en train de rire, de danser, de fumer, de boire aussi, de s'amuser tout simplement. Ils étaient plein de légèreté. Tout allait bien. Et alors qu'elle était nichée tout contre lui, il ne pouvait s'empêcher de ressentir un pincement au coeur. Il avait beau dire qu'il n'avait pas de regret, et qu'il fallait laisser le passé dans le passé, Dustin se surprenait à vouloir revenir en arrière, rien qu'une seconde. Ça lui manquait tellement. Alexis quant à elle, ne voyait pas où il avait déraillé. Elle n'avait pas encore compris, c'est donc qu'il jouait bien son jeu et qu'il était un meilleur menteur qu'il ne l'aurait cru. Si elle savait… Il avait merdé à tellement de niveaux et il se sentait coupable pour tellement de choses. Ça devenait de plus en plus lourd à porter sur son dos, et Dustin qui était plutôt franc et honnête dans sa façon d'être, n'était pas sûr de savoir se contenir beaucoup plus longtemps. Il la tenait contre lui et il avait envie de lui dire. Qu'il l'aimait. Qu'il la désirait plus que tout. Qu'elle était celle qu'il voulait vraiment. Il en crevait d'envie, putain. Mais il ne pouvait pas, pas vrai? Il serrait les dents pour se la fermer, pour que cette folle envie de tout lâcher passe et qu'il se ressaisisse. Il se sentait con, vraiment con, et faible aussi. Comment aurait-il pu ne pas l'être face à Alex et ce regard magnifique mais profondément triste et abimé. Elle avait été marquée par la vie, et il savait qu'au fond, il n'y avait personne d'autre que lui pour la comprendre vraiment, tout comme elle était celle qui le comprenait le mieux. "T'as raison… J'ai pas déraillé." Un temps. "Pas encore." et l'instant d'après, alors qu'elle avait déposé un baiser sur sa joue, comme elle l'avait fait des milliers de fois avant, il l'avait simplement regardé droit dans les yeux pour lui dire qu'il avait menti.

La suite, c'était comme si Dustin ne contrôlait plus rien. Il avait ouvert une porte qu'il ne pouvait plus refermer. Sans la quitter du regard, il pris son temps pour répondre aux questions d'Alex qui se présentaient sous forme de plaisanteries. Il ne riait pas. Pas du tout même. Il prit une profonde inspiration, hésita encore quelques secondes et puis décida de faire un énorme pas en avant, de ne pas reculer, et de tout lui dire. "J'ai aucune foutue idée de ce que je suis en train de faire mais je crois, ouais, je crois que je te dois bien la vérité." Il ferma les yeux, se frotta rapidement le haut de la tête, les rouvrit, la regarda à nouveau et sans ciller, dit: "Je t'aime." Un temps. "Ça c'est vrai." Un temps. "Mais…" Il allait vraiment le faire, il allait vraiment le dire… "Putain." Il n'y arrivait pas. Il n'y arriverait pas. Il avait dégoupillé une putain de grenade et maintenant il se chiait dessus à l'idée de la lancer, alors il la gardait encore un peu dans ses mains, parce qu'il sentait la panique monter en lui et qu'il voulait reprendre contrôle, malgré tout. En colère contre lui-même, Dustin s'écarta d'elle et commença à marcher un peu dans le petit espace que constituait l'arrière cour du Pim's, là où les filles venaient fumer leur clope à la pause et critiquer les clients aussi, sans doute. Il laissa encore de longues secondes s'écouler, parce qu'il cherchait les bons mots, parce qu'il cherchait aussi la force de les sortir, de les articuler… "Je ne t'aime pas comme une soeur Alex." lâcha-t-il enfin en se retourna vers elle, à quelques mètres d'elle, il s'empressa de regarder ailleurs de peur de voir sa réaction et qu'elle ne soit pas celle qu'il espérait. "Je t'aime comme… " Comment l'aimait-il exactement? Elle était l'amour de sa vie, non? Mais comment dire ces choses-là sans être pris pour un con? "Je t'aime comme j'ai jamais aimé personne Alex. Et je sais que ça n'a pas de sens, parce que j'ai passé les dernières minutes à te dire le contraire mais je peux plus. Je te regarde et je me dis que j'ai pas le droit de te mentir comme ça, pas après tout ce qu'on a vécu. Et j'ai pas le droit de me mentir à moi-même… Et je déteste l'idée qu'il y ait un malaise entre nous, je l'ai déjà senti s'installer et je peux pas le laisser là, comme si de rien n'était, parce qu'on aura pas eu le temps de dire 'ouf' qu'on sera déjà plus les mêmes l'un avec l'autre et je veux pas devenir un étranger avec toi. Je veux pas perdre ce qu'on a." Il était lancé et il avait la sensation de devoir parler encore et encore, de tout dire tout de suite. "Je parle trop putain, je sais, mais je peux pas m'arrêter parce que si je m'arrête je vais recommencer à mentir et à faire comme si je n'avais jamais rien ressenti pour toi, autre que cet amour fraternel que je me force à défendre. Je t'aime pas comme un frère." Un temps. "La vérité c'est que t'es la personne la plus importante pour moi à ce jour et ça fait un bon bout de temps que c'est comme ça. Et je peux pas vivre sans toi. Ces mois à être loin de toi, à ne pas savoir ce qu'il en était, ont été horribles. Horribles. J'ai peur de te perdre, et c'est aussi ce qui me pousse à te dire tout ça. Peut-être que j'aurais dû le dire avant mais j'ai toujours eu peur que ça change notre amitié et que tu ne ressentes pas la même chose. Et puis il y a eu… Tu sais… Et je pouvais rien faire. Et t'es partie, je t'en veux pas, mais t'es partie. Je pouvais pas t'aimer Alex." Un temps. "Et je peux toujours pas. J'ai pas le droit. Mais je t'aime quand même pourtant. Et putain, quand est-ce que je vais fermer ma gueule, hein?! Je suis désolé." Un temps. "Qu'est-ce que ça change, parce que même si je te le dis, et même si je le pense, on pourra pas être ensemble. On peut pas être ensemble Alex, ça c'est la vérité aussi. Alors à quoi ça sert que je te dise tout ça, hein? Tu le sais toi? Parce que moi je suis perdu. Mais je t'ai vu ce soir et j'ai lutté pour me taire et continuer à mentir, mais je peux plus." Il relâcha ses bras le long de son corps, comme s'il avait posé les armes et qu'il n'avait plus à se battre, parce que c'était un peu le cas. Pourtant, il n'avait pas gagné la guerre, pas même une bataille. Il avait incontestablement perdu. Quoiqu'elle dise, quoiqu'elle fasse, rien ne changerait ça. Même si elle l'aimait en retour, ils ne pouvait pas s'abandonner pleinement et librement à cet amour. Dustin la regardait encore, et il respirait fort parce que trop parler l'avait essoufflé. "Ça ma tué de refuser ton baiser." ajouta-t-il finalement, dans un souffle.
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MessageSujet: Re: 'Cause tonight I'll be staying here with you •• ALEXIS&DUSTIN   'Cause tonight I'll be staying here with you •• ALEXIS&DUSTIN EmptySam 9 Aoû 2014 - 21:17


Dustin W. Kennedy & Alexis Fackrell

Please wear the face, the one where you smile, because you lighten up my heart when I start to cry.


Elle ne savait plus réellement ce qu'était le bonheur. Oh, elle y avait goûté, mais il semblait que cette période appartenait désormais à une autre vie. La vie avait été douce, à ce moment-là. Tout était facile, tout était beau et évident. Elle n'avait pas à se soucier du lendemain, pas plus que de la veille. Tout ce qui comptait, c'était ceux qu'elle avait à ses côtés. Et parmi les plus importants, Nolan, Samuel,... Dustin. Ils avaient été son bonheur. Et cette période-là avait bel et bien pris fin. Comment voulez-vous qu'elle puisse s'imaginer ressentir une nouvelle fois rien qu'une once de bonheur ? Alexis était fragile, à présent. Elle n'arrivait pas à se l'admettre, pas réellement, mais elle n'était plus la même. Elle se sentait tellement différente de celle qu'elle avait autrefois été que ça accentuait cette auto-destruction qu'elle s'infligeait jour après jour. La solitude lui pesait plus que n'importe quoi d'autre, malgré tout. Elle était son pire ennemi, car face à elle, elle n'avait guère d'autre choix que de repenser à cet âge d'or qu'elle avait partagé avec le jeune homme qui se tenait à présent devant elle. Et si, à cette période-là, elle avait su mettre ses sentiments à l'égard de ce dernier de côté, maintenant, sa faiblesse avait repris le dessus, et elle n'était plus maitresse de grand chose. Chacun de ses sentiments était amplifié, et ce qu'elle ressentait pour Dustin ne dérogeait pas à la règle. Dans sa solitude, elle s'était surprise à avoir besoin de trois personnes à ses côtés, deux personnes qui n'étaient plus là. Samuel, Nolan, et Dustin. Les trois hommes de sa vie. Son frère, son premier amour, et son amour de toujours, condamné au sens unique. Sens unique duquel elle venait d'ailleurs d'avoir confirmation, et, si elle avait cru avoir rejoint les bas-fonds depuis un bon moment déjà, elle s'était rendue compte qu'elle creusait encore. Ou peut-être bien qu'il n'y avait pas réellement de fond à la détresse. Peut-être qu'elle était infinie, et que seulement passer un seuil de non-retour lui permettrait de se libérer en abandonnant tout ce qui la détruisait. Cette limite-là, elle ne l'avait pas encore atteinte, et pourtant, elle se demandait ce qui pourrait lui falloir de plus. Le coup de grâce venait de lui être donné. Dustin ne l'aimait pas. Pas comme elle l'aimait. Et si elle s'était toujours doutée de cette triste vérité, elle avait gardé en elle une part d'idéal, cette part d'incertitude qui lui permettait de rêver encore un peu, rien qu'un peu, d'un amour réciproque.

Elle venait de le retrouver, après des mois de vague, des mois pendant lesquels elle pensait l'avoir perdu à jamais. Elle avait, pendant quelques heures, eu la certitude que ce serait la meilleure décision qu'elle puisse prendre, autant pour elle que pour eux, mais la vérité était qu'elle ne pouvait pas se séparer de sa vraie famille. Les jours avaient passé, et Nolan lui manquait, Dustin lui manquait, Sam lui manquait... Et c'était elle qui leur avait claqué la porte au nez. C'était elle qui les avait éjectés de sa vie, et elle ne se le pardonnerait jamais. Ils étaient toujours là, quelque part dans son cœur, mais ce n'était pas suffisant, et ça ne serait jamais suffisant. Cette fragilité qui la caractérisait maintenant n'était pas seulement due à son sevrage. Elle se trouvait très directement liée à cette solitude pesante qu'elle s'était imposée. Et elle se rendait doucement compte que les laisser partir avait été la pire erreur de sa vie. Elle avait besoin d'eux, ils étaient son air et son énergie. Ils étaient sa famille, sa vraie famille, celle qu'elle s'était choisie, et jamais ils ne la pardonneraient d'être partie comme ça, avec une simple petite note qui leur disait au revoir. C'était ce qu'elle pensait jusque quelques heures seulement auparavant, lorsqu'elle avait retrouvé Dustin, qui ne semblait absolument pas lui tenir rigueur de cette façon qu'elle avait eu de tout plaquer. Elle-même ne se le pardonnait pas. Et pourtant, lui s'était contenté de la retrouver sans s'épancher sur les circonstances de son départ. Mais elle s'en voulait. Au lieu de se séparer d'eux, elle aurait du rester à leurs côtés. Ils auraient du rester ensemble, se serrer les coudes. Un peu comme dans un film d'horreur, c'est en groupe qu'on est les plus forts. Surtout lorsque ce groupe est votre famille. Ils auraient été fragiles ensemble, mais surtout forts ensemble, comme ils l'avaient toujours été. Ils riraient ensemble, ils pleureraient peut-être ensemble, peu importait, au moins, ils auraient été ensemble. Alex se serait cachée dans les draps de Nolan, et dans l'étreinte de Dustin. C'était tout ce dont elle avait eu besoin, et c'était tout ce qu'elle avait laissé derrière elle. Pourtant, à présent, ses retrouvailles avec Dustin étaient tout sauf houleuses. Elles avaient été douces et rassurantes. Il était le même. Il était son meilleur ami, celui pour lequel elle se serait battue jusqu'au bout. « Je te le répète, » la rassurait-il, « je pense vraiment que tout le monde a sa part de bonheur et de souffrance. On souffre tous à un moment, à différents niveaux, certes, mais quand même… Et ne me dis pas que tu n'as jamais été heureuse Alex! Tu l'as été. » Avec un faible sourire, Alexis avait détourné son regard. Oui, elle avait été heureuse. Elle avait été insouciante, et c'était cette insouciance partagée qui avait fait son bonheur. C'était la présence de son copain, de son frère et de leurs amis qui l'avait rendue heureuse. C'était leurs rires, leurs blagues, l'alcool et les substances illégales qui l'avait rendue heureuse. C'était un mélange de tout ça, de tous ces ingrédients, mais c'était surtout leur présence. A présent, comment pouvait-elle retrouver ce bonheur ? Cette période n'était-elle tout simplement pas révolue ? Tout ça appartenait au passé. Toute cette joie n'était pas destinée à être revécue à nouveau. « Si, je l'ai été. Mais voilà, et si ça s'arrêtait là ? J'ai eu ma chance, et elle est passée. » Au delà du chagrin que cette idée lui procurait, il y avait la certitude de ce qu'elle avançait. Comment pourrait-elle retrouver ce bonheur maintenant que tout avait changé ? « Je me souviens… De ton sourire », reprenait-il doucement, comme s'il lisait dans ses pensées. Elle releva ses prunelles bleutées vers lui, les sourcils froncés par la tristesse. « De ton rire aussi. Et je sais que le bonheur ne se limite pas à ça, mais je le voyais dans tes yeux que c'était sincère. Il y a un milliard de choses qui ont été de travers depuis, mais ça ne veut pas dire que tu ne pourras plus jamais rire et sourire franchement, sincèrement, sans te forcer et sans cette espèce de lueur dans ton regard qui te donne la même allure qu'un petit chiot sans défense et qui, je ne peux pas le nier, me brise le coeur. » Woof ? avait-elle envie de répondre pour détourner le sujet. C'était trop douloureux de repenser à cette période parfaite. C'était trop douloureux de se dire qu'elle appartenait au passé. Et c'était beaucoup trop douloureux pour elle de se demander ce que l'avenir lui réservait. L'avenir ne pouvait rien réserver de bon à une fille comme elle. Sa vie, jusque là, n'avait été qu'une succession de décisions approximatives. Elle n'avait pas de chemin tout tracé qui s'étendait devant elle. Elle avait peur de tout, et avant tout, du futur. Elle avait peur que cette solitude pesante s'installe trop confortablement dans sa vie. « J'espère que t'as raison... j'espère que t'as raison. » répondit-elle simplement avant d'ajouter, « Et je suis pas un chiot sans défense, je veux pas te briser le cœur, je veux te faire sourire ». Avec un sourire sincère, elle l’observait, soudainement silencieuse. Elle voulait le rendre heureux. Elle voulait être à ses côtés à chaque moment et le faire sourire et rire. Elle voulait faire partie de sa vie et la rendre meilleure, autant qu'elle pouvait le faire. Et si ce n'était pas en tant que copine, alors, ce serait en tant qu'amie. C'était ce qu'elle venait de lui promettre. « Je sais pas quand, je sais pas comment, mais un jour, tu te réveilleras et tu te sentiras bien. Ça prendra du temps, mais ça viendra. Et ça viendra pour moi aussi. » Mais la vérité, c'était que malgré ces affirmations, Alexis n'arrivait pas à y croire. Elle croyait aux bonnes intentions de Dustin, elle croyait dur comme fer qu'il voulait la voir heureuse. Mais comme lui pouvait être tellement persuadé que la roue allait tourner ? L'avenir était incertain pour tout le monde, et peut-être même encore plus pour des gens comme... eux. « T'en sais rien. Mais je veux y croire, moi aussi, je veux avoir ta force. » Elle souriait toujours, soulagée, maintenant, d'avoir quelqu'un à ses côtés pour l'aiguiller, la consoler, et lui rappeler que tout était encore possible. Il s'était rapproché d'elle, comme pour donner plus d'impact à ce qu'il lui affirmait depuis quelques minutes. Il déposa un doux baiser sur son front et ajouta : « Un jour, on sera heureux. Je te le promets. » On sera heureux. Cette phrase sonnait tellement bien. Elle était une promesse d'un avenir commun, et malgré ce qui s'était passé auparavant, Alexis ne pouvait s'empêcher de se dire que ce on, ce serait eux deux, comme elle l'imaginait depuis leur première rencontre. Mais elle le savait, ce on, dans l'esprit de Dustin, représentait les deux amis qu'ils étaient. Le frère et la sœur de cœur. Doucement, elle porta la main à la joue du jeune homme et la caressa avec tendresse. « Je te crois. Tant qu'on est ensemble, on a la clé du bonheur entre nos mains, hein ? »

Seulement, maintenant, il y avait ce malaise. Le genre de malaise qu'elle n'avait jamais connu avec lui. Encore et toujours ce geste, ce dérapage, qui pesait maintenant entre eux. Encore une fois, c'était elle qui avait merdé. Et cette fois, elle n'avait qu'une envie, c'était de tout annuler, d'effacer cet instant. Qu'adviendrait-il d'eux s'ils n'étaient même plus capables de se regarder en face sans ressentir ce malaise ? Ce n'était pas ce qu'elle voulait vivre avec lui. Avec lui, elle voulait vivre la folie. Elle voulait vivre le bonheur brut, comme avant. Elle voulait rire avec lui, en écho avec lui. Elle voulait partager avec lui une vie insouciante et remplie de surprises. Elle voulait... se réveiller dans ses draps, à ses côtés, et le regarder dormir quelques minutes, avant qu'il se réveille, même si c'était flippant. Elle voulait lui piquer ses chemises et se promener en petite culotte chez lui. Elle voulait se disputer avec lui pour des conneries et qu'ils se réconcilient dans des nuits passionnées, sans se soucier de l'heure ou de ce qu'ils pourraient avoir à faire, puisque tout ce qu'ils auraient à faire serait d'être l'un avec l'autre. Mais là, encore, c'était aller trop loin. Elle se contenterait de ses rires et de ses étreintes fraternelles, si c'était tout ce qu'il avait à lui offrir. Ce serait déjà beaucoup plus que ce qu'elle avait quelques heures auparavant. Elle l'aurait, lui, à ses côtés. Si ce malaise ne s'était pas crée, une fois de plus, par sa faute... « C'est vrai », confirma-t-il lourdement. Oui, la famille... Voilà ce qu'ils étaient, à présent. Mais Alexis n'avait plus la force nécessaire pour continuer à cacher que ce n'était pas ce qu'elle attendait. Et il le voyait. C'était sans doute pour ça qu'il l'avait à nouveau serrée contre elle, parce qu'il ne voulait pas la perdre. Tout comme elle ne voulait pas le perdre. Mais ça aurait été maintenant mentir que de prétendre que rien n'avait changé depuis ce geste mal contrôlé. A quoi avait-elle pu penser ? Elle s'efforçait de continuer la conversation. Elle ne comprenait plus rien. De quoi parlait-il ? Elle voulait juste filer d'ici. Elle voulait prétendre que tout était comme avant, que rien ne changerait. Mais même lui semblait à présent se comporter différemment avec elle. « T'as raison… J'ai pas déraillé », lâcha-t-il finalement. Ouais, elle était vraiment perdue. « Pas encore. » Il semblait brisé. Brisé, comme elle, et cette simple vision déchira son cœur. Elle déposa un baiser sur sa joue, et puis... Il lui avait menti. Et là, un frisson de panique détala dans son échine. De quoi parlait-il ?

Elle se forçait à garder bonne figure, souriant tout en essayant de deviner ce sur quoi il aurait pu mentir. Mais l'air grave de Dustin, en face d'elle, n'allait pas pour la rassurer. D'ailleurs, il la coupa dans ses efforts, et, à son tour, elle fronçait les sourcils, s'attendant au pire. Elle n'arrivait plus à sourire bêtement et à tenter de faire comme si de rien n'était. Il allait lui annoncer quelque chose de grave, elle le sentait. « J'ai aucune foutue idée de ce que je suis en train de faire mais je crois, ouais, je crois que je te dois bien la vérité. » Silencieuse, Alexis était maintenant effarée. Ils avaient tant partagé depuis des années que rien que de savoir qu'il lui avait menti sur une chose lui faisait s'imaginer tout le pire. Ce mensonge se référait-il à quelque chose d'ancien ou de récent ? Et s'il ne l'avait jamais réellement aimée ? Et si c'était ce mensonge-là qu'il s'efforçait maintenant de lui avouer ? Elle ne voulait pas faire face à ça. Elle ne voulait pas faire face à une nouvelle vérité trop douloureuse. Alors elle le regardait se concentrer, partagée entre l'envie de décamper et l'impossibilité physiologique de le faire.

« Je t'aime. » Comme un coup de revolver. C'était deux mots qu'elle attendait depuis des années, et pourtant, elle n'y croyait pas. Elle n'y croyait plus. Oui, ils étaient frère et sœur, après tout. Voilà tout. Elle sourit et pencha la tête sur le côté, prête à lui répondre qu'elle aussi, elle l'aimait, mais qu'ils ne s'étaient jamais menti à ce sujet. « Mais… Putain. » Ah, il y avait plus. Alexis était immobile. Rester debout semblait déjà lui demander toute son énergie. Elle avait peur. « Toi-même », s'entendit-elle plaisanter, alors qu'il s'était éloigné pour faire les cent pas. Elle, elle n'avait toujours pas bougé d'un centimètre, elle en était bien incapable.

« Je ne t'aime pas comme une sœur Alex. » Second coup de revolver. Et elle venait d'être touchée en plein cœur. Soit il lui disait qu'il l'aimait comme une pote, soit il lui disait qu'il l'aimait... qu'il l'aimait. Il s'était arrêté, la fixant. Mais elle n'arrivait pas à réagir. Elle avait l'impression d'avoir quitté son corps et de regarder la scène de loin. Ces quelques mots, elle les avait attendus depuis tellement longtemps que la scène ressemblait à un rêve. « Je t'aime comme…  » Elle se vit faire un pas en avant, et puis s'arrêter. « Je t'aime comme j'ai jamais aimé personne Alex. » Elle ne pouvait à nouveau plus bouger. Une larme silencieuse glissa sur sa joue, mais elle ne saurait même pas l'expliquer. Une part de soulagement... ou de joie, peut-être. « Et je sais que ça n'a pas de sens, parce que j'ai passé les dernières minutes à te dire le contraire mais je peux plus. Je te regarde et je me dis que j'ai pas le droit de te mentir comme ça, pas après tout ce qu'on a vécu. Et j'ai pas le droit de me mentir à moi-même… Et je déteste l'idée qu'il y ait un malaise entre nous, je l'ai déjà senti s'installer et je peux pas le laisser là, comme si de rien n'était, parce qu'on aura pas eu le temps de dire 'ouf' qu'on sera déjà plus les mêmes l'un avec l'autre et je veux pas devenir un étranger avec toi. Je veux pas perdre ce qu'on a. » Mais... qu'avaient-ils au juste ? Elle brulait d'envie de se ruer sur lui et de le faire taire en scellant leurs lèvres, mais elle n'y arrivait pas. C'était tout ce qu'elle rêvait d'entendre, alors pourquoi ne bougeait-elle pas ? « Je parle trop putain, je sais, mais je peux pas m'arrêter parce que si je m'arrête je vais recommencer à mentir et à faire comme si je n'avais jamais rien ressenti pour toi, autre que cet amour fraternel que je me force à défendre. Je t'aime pas comme un frère. » Il le répétait. Il le répétait, et une seconde larme rejoignit la première. Il lui aurait fallu du temps pour réagir. Pour réaliser ce qui était en train de se passer, ce qu'il disait. Mais il ne lui laissait pas une seconde de répit. « La vérité c'est que t'es la personne la plus importante pour moi à ce jour et ça fait un bon bout de temps que c'est comme ça. » Une boule s'était installée au creux de son ventre. Un bon bout de temps ? « Et je peux pas vivre sans toi. Ces mois à être loin de toi, à ne pas savoir ce qu'il en était, ont été horribles. Horribles. J'ai peur de te perdre, et c'est aussi ce qui me pousse à te dire tout ça. Peut-être que j'aurais dû le dire avant mais j'ai toujours eu peur que ça change notre amitié et que tu ne ressentes pas la même chose. Et puis il y a eu… Tu sais… Et je pouvais rien faire. Et t'es partie, je t'en veux pas, mais t'es partie. Je pouvais pas t'aimer Alex. » Elle allait craquer... « Et je peux toujours pas. J'ai pas le droit. Mais je t'aime quand même pourtant. Et putain, quand est-ce que je vais fermer ma gueule, hein?! Je suis désolé. » T'es pire qu'une fille. « Qu'est-ce que ça change, parce que même si je te le dis, et même si je le pense, on pourra pas être ensemble. On peut pas être ensemble Alex, ça c'est la vérité aussi. Alors à quoi ça sert que je te dise tout ça, hein? Tu le sais toi? Parce que moi je suis perdu. Mais je t'ai vu ce soir et j'ai lutté pour me taire et continuer à mentir, mais je peux plus. » On peut pas être ensemble. Troisième balle. Et si... si c'était à eux de décider de ça ? « Ça ma tué de refuser ton baiser. » Clap de fin. Silence.

Alors, après quelques longues secondes, Alex se mit à rire. A rire, et à pleurer en même temps. « J'ai cru que t'allais jamais te taire », finit-elle par dire en essuyant quelques larmes d'un revers de bras. Elle avait récupéré ses fonctions motrices. Elle avait réalisé ce qu'il disait. Elle acceptait cet instant de rêve, parce que le bonheur, c’était peut-être ça, finalement. Accepter chaque opportunité de le saisir, sans réfléchir aux conséquences. « Et dans ce cas, ne refuse pas ça... » lâcha-t-elle en s'élançant vers lui, en saisissant son visage entre ses mains et en scellant leurs lèvres dans un baiser enfiévré, sans même lui donner l'opportunité de le refuser. ENFIN. Enfin, elle y goûtait, à ces lèvres. Et c'était un tout nouveau monde qui semblait s'ouvrir à elle. Elle y croyait à nouveau, au bonheur. Elle le voulait, lui. Plus que jamais. Parce que maintenant, maintenant qu'il avait dit tout ça, tout était possible. Et lorsqu'elle rompit leur baiser, elle laissa son visage à quelques centimètres du sien à peine, ses bras négligemment posés sur ses épaules. « Je t'aime aussi, Dustin... Et si c'était ça, ce bonheur que tu m'as promis ? » S'il savait... S'il savait depuis combien de temps il attendait ces mots. S'il savait la bouffée d'oxygène qu'ils représentaient. « Le bonheur, notre bonheur, tu crois pas... ? C'est peut-être à nous de décider ce à quoi on a le droit ? On a le droit de se reconstruire, Dustin... » souffla-t-elle, son regard planté dans celui du jeune homme. Elle le retrouvait. Elle se retrouvait.
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MessageSujet: Re: 'Cause tonight I'll be staying here with you •• ALEXIS&DUSTIN   'Cause tonight I'll be staying here with you •• ALEXIS&DUSTIN EmptyLun 8 Sep 2014 - 1:56


"C'est des conneries." lâcha-t-il brusquement.  "Ta chance n'est pas passée, tu m'entends? T'as encore toute la vie pour être heureuse. On a encore toute la vie pour l'être. Je te jure Alex. Fais-moi confiance." Dustin la regardait dans les yeux. Ces magnifiques yeux qui avait toujours le même air aussi pur et innocent que la toute première fois qu'il les avait croisé. Parfois, il la regardait et avait l'impression qu'elle n'avait pas changé. Pourtant, il savait bien que ce n'était pas vrai. Qu'elle avait été blessée au plus profond de son être, qu'elle était en souffrance, que la lueur au fond de son regard n'était plus tout à fait aussi vive. Lui non plus n'était plus le même, mais quelque part il la regardait toujours de la même façon, avec une profonde tendresse et une pointe d'admiration. Il admirait sa beauté, ses traits fins et son visage de poupée, il admirait ses sourires et toutes les expressions de son visage. Il admirait ce corps, sa façon de bouger, de marcher, et même sa façon de parler, le son de sa voix, le rythme de ses respirations. Elle le subjuguait, elle l'avait toujours fait. Et au delà de ce qu'elle montrait, il la connaissait plutôt bien, sur le bout des doigts même. Il avait appris depuis longtemps à comprendre comment elle fonctionnait, comment elle pensait et réfléchissait, et il s'était surpris à se reconnaitre en elle. Peut-être que c'était aussi pour ça qu'il l'appréciait tant et qu'ils étaient de si bons amis… Ils étaient un peu pareil tous les deux. Là, tout de suite, il avait tellement besoin qu'elle le croit. Avec son regard ancré dans celui d'Alex, il aurait bien aimé être télépathe pour lui implanter tout ça directement dans le cerveau.  "J'ai raison." Il ne voulait plus qu'elle s'inquiète de tout ça. Il comprenait bien que ce n'était pas facile pour elle, qu'elle avait toutes les raisons du monde de ne plus croire en une idée aussi abstraite et incertaine que celle du bonheur, mais même lui y croyait encore un peu alors elle n'avait pas le droit de baisser les bras et d'abandonner. S'il fallait, il lui répéterait qu'elle y avait le droit comme n'importe qui d'autre, tous les jours. Il était prêt à lui glisser ces mots-là à l'oreille jusqu'à ce qu'elle y croit dur comme fer. Ils avaient fait des conneries, et ils en avaient payé le prix, mais ni l'un ni l'autre n'était foncièrement mauvais. Ils étaient encore jeunes après tout, rien n'était perdu. Dustin refusait de penser le contraire. Il refusait de déposer les armes. Que lui resterait-il après ça? A quoi bon vivre dans une monde où il n'y a plus d'espoir? Il n'avait pas le choix.  S'accrocher à cette idée du bonheur, c'était s'accrocher à la vie.  Quand elle lui dit qu'elle voulait le faire sourire, il dut réprimer l'envie de la serrer dans ses bras à nouveau. Alors, pour lui faire plaisir, il tenta un petit sourire. Elle ne le savait peut-être pas, mais c'était sans doute avec elle qu'il souriait le plus. De toute façon, sourire ce n'était vraiment pas son truc. Rares étaient les personnes capables de lui en tirer un. Et plus rares encore étaient ceux capables de lui faire montrer les dents. Alexis, elle, l'avait souvent pris au dépourvu, lui arrachant des sourires sincères et spontanés. Ouais, à ce jeu-là elle était la meilleure. "Tu me fais sourire, t'inquiète pas. Bon, peut-être pas là tout de suite, mais tu me fais sourire. Et tu sais bien que je suis un peu handicapé à ce niveau-là, alors bon." Il enfonça ses mains dans ses poches. Le silence s'installa et Dustin fixa ses pieds. Pour n'importe qui d'autre, ça aurait pu être fatiguant de devoir essayer de convaincre Alex alors qu'elle avait l'air tellement sûre d'avoir raté sa chance. Lui, il n'était pas prêt à lâcher l'affaire. Il ne le serait d'ailleurs sans doute jamais. Surtout pas en sachant qu'elle était encore fragile. Il avait envie de la protéger. "J'en ai assez pour nous deux. C'est pour ça que t'as pas à hésiter à t'appuyer sur moi. Je serai toujours là pour toi. " Ouais, c'était une promesse qu'il n'oublierait jamais de tenir. Encore plus après tout ce qu'ils avaient traversé ensemble. Il préférait encore mourir que de ne pas tenir parole. Dustin était un garçon qui n'avait pas pour habitude de dire des choses dans le vent. Quand il était sérieux, il était sérieux. Trahir une amie, trahir cette amie-là tout particulièrement, c'était absolument inenvisageable. Il s'était rapproché et avait déposé un baiser sur le front de la jeune femme. Elle était tellement importante pour lui. Peut-être la personne la plus importante à l'heure actuelle. La seule qui comptait vraiment. Il sentit la main d'Alex venir caresser sa joue et il ferma les yeux un bref instant. "Ouais. Tant qu'on est ensemble, tout ira bien." Il le pensait.

La soirée aurait pu s'achever sur ces mots-là. II aurait pu la garder dans ses bras jusqu'à ce qu'ils se décident à se lâcher, ou jusqu'à ce qu'elle retourne bosser. Ils auraient pu retourner à l'intérieur, boire un verre à leurs retrouvailles. Oublier le dérapage d'Alexis et toutes les autres choses qu'ils voulaient simplement effacer. Ils ne se seraient concentrés que sur l'instant précis, la joie de se revoir et d'être à nouveau ensemble… Ils auraient pu. Ils auraient dû… Quelque chose s'était pourtant passé en Dustin, quelque chose qui l'empêchait de garder plus longtemps le silence. Il n'avait plus envie de faire semblant, il n'avait plus envie de s'empêcher de dire ce qu'il voulait vraiment dire. Ça lui avait brûlé la langue pendant de trop nombreuses années, il n'avait jamais trouvé le courage de tout avouer et aujourd'hui ce n'était même pas le courage qui le poussait à cracher le morceau. C'était quelque chose de bien plus brutal, c'était une espèce de force qui lui venait du fond des entrailles. Dustin ne répondait plus de rien. L'heure de vérité était enfin arrivée. Il n'avait aucune foutue idée si Alex était prête à entendre ce qu'il avait à dire mais tant pis. Tant pis.

Soudain, c'était comme si le temps s'était arrêté. Il avait d'abord eu du mal à trouver les mots. Il savait que ce qu'il s'apprêtait à révéler allait changer les choses. De A à Z. Il avait parfaitement conscience du risque qu'il prenait mais c'était devenu trop lourd à porter pour supporter ça tout seul. La vie était trop courte. Et puis elle était là, devant lui, avec ses yeux bleus et son joli minois et comment était-il supposé se taire? Comment avait-il pu tenir toutes ces années? Il se rappela que la principale raison était Samuel. Tous les trois, ils étaient une famille. Samuel était son meilleur ami et Dustin s'était toujours dit qu'en pincer pour la petite soeur de son meilleur ami avait quelque chose de malhonnête. Depuis longtemps, il y avait une sorte de culpabilité non avouée à l'égard de ses sentiments pour elle. Cette impression n'avait fait que s'accroitre avec les derniers mois. Quand Alexis était partie, il avait pris ce poids-là dans la gueule, comme une grosse claque. Elle était le fruit défendu. Il n'avait pas le droit de l'aimer. Pas comme ça. Pourtant, tant pis. Il avait ignoré sa plaisanterie, il savait qu'elle ne devait pas être très à l'aise non plus. Il s'en voulait de lui infliger ça dès le premier soir… Nerveux à son tour, Dustin s'était mis à marcher, à tourner en rond. Et puis il s'était enfin mis à parler. Une fois lancé, il était parfaitement incapable de s'arrêter. Il avait l'impression de vomir les mots, de les laisser filer entre ses lèvres sans aucune retenue. Pour la première fois, il lui parlait de ce qu'il ressentait sans une once de mensonge. Et quand il eut terminé, il se sentit épuisé. Il avait tout dit, absolument tout. Le silence s'était installé et il regardait Alexis avec un air désespéré. Il était un peu perdu. Qu'était-il supposé faire maintenant? Il ne pouvait plus reculer, ni reprendre sa confession. Une part de lui avait terriblement envie de s'enfuir, de courir loin et de disparaitre. Et s'il avait tout gâché à son tour? S'il avait commis une erreur? Le silence sembla durer une éternité et quand enfin elle ouvrit la bouche pour parler il se surprit à rire. Putain, lui aussi il avait pensé qu'il ne s'arrêterait pas. Il l'observa essuyer des larmes qu'elle n'avait pas pu retenir. Est-ce que c'était bon signe, ça? Mais, putain. Aucune. Foutue. Idée. Il voulait demander si elle allait bien, si elle comprenait tout, si elle n'avait pas de question. C'était débile. De toute façon, il était incapable d'articuler un mot. Il resta planté là, sans bouger, attendant qu'elle se reprenne et parle à nouveau.

Alexis parla en effet. Elle s'avança vers lui, aussi. Et puis il n'eut pas le temps de comprendre se qui se passait qu'il sentit son coeur s'emballer, sa respiration se couper et ses lèvres le brûler. En sentant les deux mains de la jeune femme s'abattre sur son visage, son corps tout entier avait été parcouru d'un frisson, mais ça n'était rien comparé à ce qu'il avait ressenti quand elle l'avait embrassé. Elle l'avait embrassé. Elle l'embrassait toujours. Il avait cessé de réfléchir, son esprit s'était soudainement vidé et instinctivement il glissa une main dans les cheveux d'Alex. C'était comme si tout à coup, le monde tournait parfaitement rond, comme si tout avait un sens, comme si toutes les déceptions, tous les coeurs brisés, toutes les blessures encore béantes qu'ils portaient tous les deux, tout ce qu'il avait vécu, tout ça n'avait été que des étapes pour arriver à ce moment crucial. Ce moment où leurs lèvres se scellèrent enfin. Il avait presque l'impression d'avoir attendu ça toute sa vie. Il avait embrassé bon nombre de personnes avant elle, mais ce baiser-là avait quelque chose de tellement particulier… Il ne se souvenait pas avoir déjà ressenti quelque chose d'aussi intense en embrassant les autres.

Quand ils se séparèrent, il aurait voulu continuer à l'embrasser. C'était tellement plus simple que de devoir parler, de devoir se justifier ou même de simplement avoir à mettre des mots sur le retournement de situation qui venait de se produire. Il n'avait pas envie de se justifier, il n'avait pas envie que tout ça devienne compliqué… Mais en posant ses yeux dans ceux de la jeune femme, Dustin réalisa que la situation était déjà compliquée. Qu'il le veuille ou nous. Ce baiser changeait tout, mais il ne pouvait pas tout résoudre. Il l'écouta attentivement lorsqu'elle lui avoua l'aimer elle aussi. Elle demandait si c'était ça le bonheur qu'il lui avait promis et quelque chose en lui se tordit. Son coeur se resserra un peu. Alexis parlait de décider ce dont ils avaient le droit de faire, de se reconstruire et bien qu'il lutta pour se calmer, il savait que quelque clochait. C'était trop beau pour être vrai… Tout ça. Il releva la tête lorsqu'elle prononça son prénom, mais resta silencieux. Sa respiration s'accéléra et il replaça une mèche de cheveux derrière l'oreille de la jeune femme qui le tenait toujours par le cou. Il avait vraiment l'impression qu'il allait se sentir mal pour de vrai cette fois. Ce n'était pas des mots qu'il menaçait de vomir, mais bien son dernier repas. Un peu plus brusquement qu'il ne l'aurait voulu, il attrapa les bras d'Alexis pour s'emparer de ses mains. Ses yeux bleus la regardaient avec anxiété. "Je peux pas." Doucement, il relâcha ses mains. Putain, ça y est, là il était en train de tout gâcher, de tout foutre en l'air. "Je suis désolé." Il avala difficilement. C'était trop d'un coup. Oui, il l'aimait. Oui, il avait attendu ce baiser pendant longtemps, bien trop longtemps. Mais non, il ne pouvait pas être ce bonheur-là, qu'il espérait pourtant pour elle. "On peut pas décider, tu comprends? On peut pas. On a pas le droit." Cette fois, il recula un peu, s'empara de ses cheveux avec angoisse. Il n'arrivait plus à respirer calmement. Il n'arrivait plus à se calmer tout court. "Putain…" Ils venaient de merder. Ils venaient de sacrément merder, même. "Tout ce que j'ai dit, je le pensais. Mais ça change rien." Il porta un doigt à ses lèvres. Elle avait encore le goût des siennes. "Je peux pas t'offrir le bonheur, je suis désolé. J'ai l'impression d'avoir déjà tellement merdé… C'est insupportable. Sans moi, tu serais pas là aujourd'hui… C'est ma faute. Je suis désolé. " Il avait une boule dans la gorge qui rendait l'usage de la parole de plus en plus difficile. "Je t'en supplie, on peut oublier tout ça? S'il te plait… Je suis désolé." Cette fois, c'est lui qui avait envie de pleurer. Heureusement, il était assez fort pour repousser cette envie et la contrôler, mais ça ne l'empêchait pas de toujours se sentir profondément mal. Il avait envie d'appuyer sur le bouton "pause", puis sur celui qui ferait marche arrière… Il fallait qu'ils fassent marche arrière. Bordel. Il le fallait.
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MessageSujet: Re: 'Cause tonight I'll be staying here with you •• ALEXIS&DUSTIN   'Cause tonight I'll be staying here with you •• ALEXIS&DUSTIN EmptyMer 24 Sep 2014 - 21:37


Elle le sentait à nouveau. Son cœur, elle le sentait à nouveau battre dans sa poitrine. Et c'était revivifiant, restimulant. A cet instant précis, tout était possible, et c'était tout ce qui comptait. Elle se sentait capable de tout. Tout ce qui avait pu se passer avant, le positif comme le négatif, étaient effacé. Surtout le négatif, en réalité. Elle en avait tout oublié. Les lèvres de Dustin avaient ces pouvoirs. Et Alex s'était envolée dans un tout autre monde. Si Dustin était capable de l'aimer comme elle l'aimait, alors tout était possible. S'il était capable de l'aimer comme ça, alors, elle pourrait déplacer des montagnes. Elle pourrait se reconstruire toute entière, laisser son passé derrière elle et aller de l'avant. Avec lui. C'était tout ce dont elle avait besoin. C'était enfin cette lumière au fond du tunnel qui devenait plus vive, au point de l'aveugler. C'était un espoir mort qui renaissait de ses cendres, à l'image de ce palpitant qui semblait enfin se trouver un autre rôle que de simplement distribuer le sang à ses membres et ses organes. C'était un sentiment de liberté qu'elle n'avait plus éprouvé depuis des mois, de trop nombreux mois qui lui avaient paru des années. C'était la promesse d'un avenir qui, finalement, n'était pas contre elle. La vie n'était pas contre elle. Elle n'était plus contre elle. A cet instant précis, la vie lui donné un indice. Un énorme indice sur ce qu'elle comptait faire d'elle. Elle comptait la faire revivre, tout simplement. Et Alexis, elle, était prête à attraper tout cet espoir à pleines mains. Elle allait le respirer, cet espoir. Le sniffer, se l'injecter en intraveineuses. Quitte à en faire un overdose. C'était tout ce qu'elle demandait en réalité : faire une overdose de bonheur. Et c'était peut-être même ce qu'elle était en train de faire à cet instant précis. Avec ces mots qu'il avait dit, avec ces regards qu'il lui avait lancés, et avec ce baiser qu'ils avaient partagé... Il l'aimait aussi. Voilà tout ce pour quoi elle avait vécu ces mois d'enfer. Pour entendre ces mots. Sauf que...

« Je peux pas. » Il tenait fermement ses mains dans les siennes, mais tout à coup, ça n'avait plus la même teneur. Le regard qu'il lui lançait ne faisait que supporter les mots qu'il venait de prononcer. Alex, elle, tombait de haut. Son sourire s'était évaporé en un éclair. « Je suis désolé », ajouta-t-il comme si ça avait la moindre importance sur l'impact de son rejet. Il se jouait d'elle. Voilà ce qu'elle ressentait. S'il voulait, il pouvait, n'est-ce pas ? Pourtant, et elle le réalisait maintenant, ce n'était que la dure réalité : il y aurait toujours un frein à son bonheur. Et Dustin, malgré les promesses qu'il lui avait faites quelques instants auparavant, était à présent celui qui posait un frein à cet élan de joie qu'elle avait ressenti. « On peut pas décider, tu comprends? On peut pas. On a pas le droit. » Non, elle ne comprenait pas. Ou plutôt, elle ne voulait pas. Elle ne voulait pas admettre une seule seconde qu'il avait raison. Encore une fois, elle voulait être égoïste. Encore une fois, elle voulait croire que son bonheur pouvait ne pas correspondre à celui des autres, mais qu'elle pouvait le vivre tout de même. Il l'avait lâché, et il avait reculé. Une sorte de gouffre semblait s'être installé entre eux, en parfait opposé avec la proximité qui venait des lier. Elle le regardait, encore une fois muette, assujettie à tous ces sentiments contradictoires qui venaient d’émerger. Il avait raison. Il avait raison et elle le savait pertinemment, mais elle aurait aimer nier. Elle aurait aimé nier ce poids qu'ils partageaient et cette interdiction tacite qui gouvernaient leur relation, cette relation qu'elle aurait aimé vivre pleinement avec lui. Elle avait l'impression de vivre des montagnes russes émotionnelles, mais elle ne pouvait pas en blâmer Dustin, tout simplement parce que oui, il avait raison. Mais ça faisait mal. Et dans toute cette douleur, elle n'arrivait même pas à ressentir celle du jeune homme. Elle n'avait plus aucun don d'empathie, à ce moment précis. « Putain… » ajoutait-il, comme si connaître son état d'esprit à lui allait l'aider à affronter le sien. « Tout ce que j'ai dit, je le pensais. Mais ça change rien. » Et ça, ça ne l'aidait pas réellement... pas du tout, d'ailleurs. Ça rendait cet interdit encore plus frustrant. Car sans ça, tout aurait été possible. C'était ce qu'il lui avouait, non ? Et c'était ce qu'elle savait également... « Je peux pas t'offrir le bonheur, je suis désolé. J'ai l'impression d'avoir déjà tellement merdé… C'est insupportable. Sans moi, tu serais pas là aujourd'hui… C'est ma faute. Je suis désolé. » Mais là, toute certitude était ébranlée. « Ta faute ? N'importe quoi, dis pas de connerie » laissa-t-elle échapper en sortant de sa torpeur. En quoi ce qui s'était passé dans sa vie aurait pu être sa faute à lui ? Mais ce qu'il dit ensuite la frappa avec un violence qui la fit reculer d'un pas à son tour. « Je t'en supplie, on peut oublier tout ça? S'il te plait… Je suis désolé. » Oublier, c'était impossible. Comment pourrait-elle prétendre que cet instant n'avait jamais existé ? Comment pourrait-elle s'imaginer un avenir sans avoir vécu rien que ces quelques secondes de bonheur pur ? Elle ne pouvait pas... elle ne pouvait plus. Elle ne pouvait plus oublier. Elle ne pouvait plus prétendre qu'elle ne l'aimait pas, ou qu'elle l'aimait juste comme une sœur aimait son frère. Mais il le faudrait. Elle le savait, elle devrait faire comme si. Parce qu'il était clair à ce sujet, rien de plus ne se passerait entre eux. Et s'il fallait mentir pour prétendre que rien ne s'était passé, alors elle le ferait. Plutôt que de le perdre totalement. Ils revenaient au point de départ. Ils revenaient à cet instant où il lui affirmait ne rien ressentir d'autre pour elle qu'un amour fraternel. En fait, ils devraient effacer cet instant dans son entièreté. Mais elle ne le pourrait pas. Elle mentirait. Elle mentirait en espérant indéfiniment qu'il revienne sur ses mots et ses excuses. Parce qu'elle le savait à présent, il n'y avait plus qu'une seule raison pour laquelle ils ne pouvaient pas se retrouver. Une raison valable, justifiable et louable, mais qu'elle aurait préféré éliminer. Sauf que c'était impossible. On ne façonnait pas la vie à ses envies, et elle en avait déjà fait la douloureuse expérience. Expérience qu'elle revivait à présent. Alexis allait donc mentir. Parce que c'était la seule option viable. Et parce qu'elle préférait avoir un frère que de ne plus avoir Dustin.

Et c'était à cet instant précis, alors qu'ils se regardaient, l'air effaré, qu'une collègue d'Alex ouvrit violemment la porte métallique du Pim's. « Alex, t'abuses, y'a du monde, là ! Ramène ton cul ! » La blonde ne prit même pas la peine de regarder l'autre femme, ses yeux embués rivés sur Dustin. Elle ne savait plus quoi dire. Parce que le bonheur qu'il prétendait ne pas être capable de lui offrir, elle savait qu'il était le seul à pouvoir le lui apporter. Mais il y avait toujours cet interdit qu'il avait mis en avant. Cet interdit, quoi qu'ils fassent ou quoi qu'ils disent, resterait statique et immuable. Elle ne comptait plus à présent que sur une chose... le contourner. D'une façon ou d'une autre. Parce que maintenant, cet espoir était bel et bien né en elle. Et il n'allait aller qu'en croissant, elle le savait d'ores et déjà. « Il faut que j'y retourne... » dit-elle en tendant la main vers la porte qui s'était rabattue lourdement derrière sa collègue, qui était déjà retournée travaillée. « Appelle-moi, bro', on a du temps à rattraper » se contenta-t-elle de conclure avec un petit sourire, tentant par là de faire passer un message. Oui, « bro' », parce que voilà ce qu'il souhaitait être à ses yeux. Et voilà ce qu'elle prétendrait dès lors. Elle s'avança pour déposer un baiser sur sa joue. Ce frère, elle ne comptait plus le lâcher, quoiqu'il advienne.


The end ~~


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