Neuf mois. Il s'en était passé des choses durant ces neuf derniers mois. Il y avait d'un côté, les souvenirs que Leah voulait garder, ceux qui étaient parvenus à la rendre heureuse, même quelques instants, et puis il y avait de l'autre côté tout ces moments qu'elle voulait oublier. La peine, la solitude, l'angoisse, la peur, le coeur brisé, la déception, l'incompréhension… Ces sentiments qui n'avaient cessé de l'envahir et qui peu à peu l'avait changé. Si elle osait se retourner pour regarder en arrière et voir le chemin parcouru durant ces neuf longs mois, elle savait qu'elle ne se reconnaitrait pas. Elle n'était plus la même. Neuf mois plus tôt, on l'aurait trouvé debout sur le comptoir d'un bar, une bouteille dans les mains, sa robe un peu trop remontée sur ses cuisses dévoilant presque l'absence de sous-vêtements. Oui, neuf mois en arrière, elle aurait été en train de s'amuser, de ne penser qu'à son propre plaisir, insouciante, légère et sans une once de retenu. Elle était toujours fière, toujours sûre d'elle. La peur de ne pas être assez bien ou de ne pas être suffisante à quelqu'un était quelque chose qu'elle ne connaissait pas, il n'y songeait même jamais. Il y neuf mois, elle vivait ses derniers instants de frivolité sans se douter que la fin d'une ère était proche et que bientôt, sa vie serait changée à jamais. L'histoire d'une fille qui voulait voler et qui, à force de vouloir aller toujours plus haut, s'est brûlée les ailes. La chute avait été brutale et même après tout ce temps, Leah n'était pas certaine d'en être totalement remise. Elle avait essayé de se relever et d'avancer, de continuer à vivre sa vie comme elle l'entendait, mais tant de choses avaient été bouleversées que parfois ça lui avait semblé impossible. La seule et unique chose à laquelle elle s'était raccrochée durant ces neuf mois était ce jour très précis. Tout ce qui s'était passé, tout ce qu'elle avait enduré et supporté, le pire comme le meilleur, tout ça prenait fin aujourd'hui. Aujourd'hui marquait le début d'une nouvelle aventure, aujourd'hui elle allait donner naissance à son premier enfant et de ce fait, ce n'était pas simplement un chapitre qu'elle concluait pour en débuter un nouveau, non. Elle entamait l'écriture d'un nouveau livre tout entier. Allongée sur son lit, branchée à un moniteur surveillant l'évolution de ses contractions, le rythme cardiaque du bébé et tout un tas d'autres choses qu'elle n'était pas certaine d'avoir saisi, Leah fixait le plafond tout en essayant de respirer. Quelques heures plus tôt, elle était chez elle et faisait face à sa meilleure amie Lissa. Elle avait perdu les eaux au milieu de son salon, sans aucun doute le moment le plus glamour de son existence. Une chance que Lissa ait fait médecine… Pourtant, Leah ne lui avait pas demandé de rester après qu'elle l'ait amené à l'hôpital. Et quand une sage femme lui avait demandé s'il fallait appeler le futur papa ou un membre de la famille, Leah n'avait pas su quoi répondre. Depuis toujours elle s'était imaginée accoucher avec ses soeurs à ses côtés, l'homme de sa vie également, et peut-être sa mère aussi. Pourtant aujourd'hui, après neuf mois de galère, elle était désespérément seule. Transpirante, vêtue de cet accoutrement débile que l'on vous force à enfiler à chaque fois que vous franchissez la porte d'un hôpital, elle tentait tant bien que mal de faire bonne figure. Elle s'apprêtait à vivre le moment le plus important de sa vie. C'était un jour dont elle se souviendrait jusqu'à sa mort, un jour qu'elle devrait chérir et raconter avec une étincelle dans le regard lorsque son futur enfant demanderait comment il était venu au monde. Elle avait tellement hâte de le serrer dans ses bras, de croiser son regard, de toucher ses doigts minuscules et de sentir la chaleur de son tout petit corps contre sa poitrine. Mais en attendant, elle n'avait personne pour lui tenir la main et lui dire que tout irait bien. Noah n'était pas là pour ça et Ethan non plus. Marissa et Emma ne se tenaient pas chacune d'un côté de son lit pour lui caresser les cheveux et lui dire qu'elle pouvait le faire sans problème, qu'elle serait une bonne mère et qu'elles étaient là pour elle jusqu'au bout. Sa mère et son père n'attendaient pas de l'autre côté de la porte, anxieux à l'idée que leur petite dernière devienne enfin mère à son tour. Sa famille, les gens qu'elle aimait plus que tout, n'était pas là pour la soutenir. Ses amis, ceux sur qui elle avait toujours pensé pouvoir compter, n'étaient pas là pour la soutenir. Il n'y avait personne. Et plus elle y pensait, plus elle sentait l'angoisse la gagner. Elle allait devenir mère et personne ne serait là pour le voir. Elle avait appuyé sur un bouton pour appeler une sage-femme dans sa chambre. Depuis combien de temps était-elle ici? Combien de temps devrait-elle encore attendre? Ça lui semblait interminable. Et comme pour se punir, elle avait refusé d'être soulagée par l'épidurale. Elle voulait ressentir chacune des sensations que la mise au monde d'un bébé promettait de lui procurer. Une part d'elle se disait aussi que la douleur qu'elle allait supporter serait un moyen de finir en apothéose ces neuf mois passés à avoir mal. C'était un moyen pour elle de transformer sa douleur morale en une douleur physique. Elle voulait tout ressentir, oui, parce qu'elle savait qu'ensuite tout serait terminé. Le nouveau livre commencerait et elle n'aurait plus jamais à ressentir autre chose que de la joie. Pour son futur enfant, elle serait heureuse. Tant pis si ça la rendait misérable pour le moment, tant pis si elle était seule et qu'elle avait terriblement mal. C'était la dernière étape. La dernière chose à subir. Ensuite, elle n'aurait plus qu'à plonger son regard dans celui de son bébé, elle n'aurait qu'à le serrer tout contre elle pour que tout aille bien.
Lorsque qu'une sage-femme entra finalement dans sa chambre, annonçant qu'il allait falloir commencer à pousser, Leah se redressa un peu et jeta un regard paniqué aux deux autres personnes qui venaient de rentrer à leur tour dans sa chambre. " Tout va bien se passer, ne vous inquiétez pas. Vous pouvez le faire! " Mais Leah secoua la tête. Non. Non. Elle n'était pas prête. Pas déjà. Ses yeux ne quittèrent pas la porte, comme s'il espérait encore que quelqu'un puisse en franchir le pas pour venir s'emparer de sa main et être là avec elle. Une contraction terrible se fit ressentir et elle laissa échapper un long gémissement de douleur. Une femme répéta qu'il allait falloir pousser tout en se plaçant à l'extrémité du lit. Elle voulait crier, leur dire de tout arrêter, que ça allait trop vite, que ce n'était pas comme ça qu'elle voulait que les choses se fassent, mais aucun son n'était capable de sortir de sa bouche. Les pieds dans les étriers, elle n'allait plus avoir le choix. Son enfant allait naitre et elle ne pourrait plus attendre. " Mademoiselle? C'est le moment! " L'une des sage-femmes lui tendit la main et Leah l'observa longuement sans parvenir à l'attraper. Ce n'était pas la main d'une inconnue qu'elle voulait serrer. "Non… Je… Je ne vais pas y arriver!" Elle secoua à nouveau vigoureusement la tête. Elle avait une envie folle de pleurer. Jamais de toute sa vie, elle n'avait eu aussi mal et aussi peur à la fois. "Je ne peux pas!" poursuivit-elle avant de grimacer face à une énième contraction. "Mais vous n'avez pas le choix! Tout va bien se passer, mais il faut pousser." Ça faisait des mois qu'elle n'avait plus le choix de rien. Des mois qu'elle subissait toutes les merdes qui s'enchainaient sans pouvoir rien y faire. Cette fois, elle voulait juste stopper le temps et faire de ce moment ce dont elle avait toujours rêvé. Était-ce trop demander? Elle voulait simplement avoir une main à serrer, une main qu'elle connaissait. Elle voulait un visage familier à regarder, un ami sur qui compter…. Et tandis qu'elle entendait les femmes autour d'elle tenter de la calmer, la porte de la chambre s'ouvrit à nouveau. La bouche entr'ouverte, elle resta immobile quelques secondes avant qu'un sourire n'apparaisse enfin sur ses lèvres. Elle devait être horrible à voir, mais elle s'en fichait. "T'es venu…" lâcha-t-elle dans un souffle avant de reposer sa tête sur l'oreiller et de tendre la main vers la seule personne qui avait répondu présente aujourd'hui. Elle n'était plus seule. Tout irait bien.
Dernière édition par Leah I. Stewart le Jeu 15 Jan 2015 - 23:23, édité 1 fois
Il se préparait tranquillement dans son salon, refaisant pour une troisième fois le nœud de la cravate qu’elle l’avait convaincu d’acheter il y avait de cela quelques mois déjà, chez Burberry, lors de leur première rencontre. En fait, il s’achetait du temps sur un prétexte, parce qu’il était une bonne heure trop tôt. Il n’y avait cependant rien à y faire – il ne pouvait s’imaginer entreprendre quoi que ce soit d’autre.
Il avait téléphoné à Leah ce matin, sachant que sa date d’accouchement approchait à grand pas. Il ne savait pas exactement pourquoi par contre. Pour la rassurer, peut-être ? Il savait qu’elle était certainement bien entourée, pourtant. Comme à son habitude. L’idée même d’une Leah esseulée lui semblait aussi plausible que l’existence du Père Noël. Mais elle n’était probablement pas en compagnie de celui avec qui elle avait décidé de passer au stade suivant de sa vie – et ça, peut-être le comprenait-il un peu mieux que les nombreux membres de son entourage. Même s’ils n’avaient toujours pas directement abordé le sujet.
Dans une conversation abruptement écourtée par la barbie de Béatrice qui était en train de se noyer dans le bain, Leah l’avait invité sur un apparent coup de tête à passer en après-midi. Invitation qu’il s’était empressé d’accepter.
Après tout, une fois junior sorti de l’enceinte maternelle, elle n’aurait manifestement plus vraiment de temps à lui accorder.
« Putain, Keith, tu raisonnes comme un gamin d’école! C’que t’es con! »
« Rooohh! Papa, t’as dit putain! C’que t’es con! »
Béatrice le regardait faire le pitre, brossant les cheveux de la rescapée de plastique.
« Béa, va donc voir si les vêtements de Barbie sont sèches ? »
Ouais, avoir un enfant, c’est vraiment la joie d’une vie.
********
Il sonnait à la porte de son appartement depuis une bonne minute déjà, boîte de chocolats en main. C’était la première fois qu’elle l’invitait chez elle, d’ailleurs. Preuve supplémentaire que les ouvertures dans le cercle de miss Stewart ne courraient pas les rues. Il hésita un moment, avant que l’inquiétude ne prenne le dessus – et si quelque chose s’était mal passée, et qu’elle était écroulée dans son salon, sans connaissance ?
« Calme tes ardeurs, grand chevalier – tu le sais qu’il n’y aucune chance qu’elle soit seule pour au moins les deux prochains mois! »
Il tenta tout de même la poignée, qui tourna sous son impulsion.
« Leah... ?»
Pas de réponse. Après une courte pause, il franchit le seuil, continuant d’appeler alors qu’il avançait timidement dans l’appartement.
Ne trouvant pas de corps sans vie, il dût se rendre à l’évidence : le travail commençait. Il verrouilla la porte derrière lui.
**********
Il attendit une bonne dizaine de minutes dans sa voiture avant de la mettre en marche, se demandant s’il se considérait suffisamment proche de Leah pour s’inviter à l’hôpital. Probablement pas, non… Par contre, elle l’avait invité à venir le rejoindre cet après-midi – sans spécifier OÙ la rejoindre!
Putain, le voilà qui rejouait encore aux gamins…
Il démarra le moteur, se disant qu’au pire, il pourrait toujours aller voir Pacey.
**********
Alors qu’il franchissait la porte coulissante de l’établissement, Keith ne pouvait s’empêcher de se traiter de tous les noms. Boîte de chocolat toujours en main, il s’imaginait devoir expliquer à la foule de parents et d’amis rassemblés spécialement pour l’événement qu’est-ce qu’il venait foutre ici. Ainsi que le malaise, si jamais ils se trouvaient dans le même flou que lui à propos de l’identité du père.
Nouvelle idée farfelue – bien entendu que Leah avait mis ses parents et amis au courant de l’identité du père!
Ses pas le conduisirent néanmoins vers la maternité, en se disant qu’il pourrait toujours se la jouer profil bas. Alors qu’il s’approchait du bureau d’accueil, il remarqua qu’il n’y avait ni foule particulière, ni grosse banderole ou autres excentricités du genre. Il allait devoir taquiner Leah sur son sens de l’événementiel lorsqu’il la reverrait!
« Oui, pardonnez-moi de vous déranger, est-ce qu’une mademoiselle Leah Stewart a été enregistrée aujourd’hui ? J’étais censé la retrouver cet après-midi et…»
« Pièce 36. Jonah, quand vas-tu m’apporter cette connerie de dossier ?? Tu penses que j’ai rien que ça à faire ??»
Keith la remercia silencieusement de son amabilité, n’osant même pas demander son chemin. Il finit par aboutir sur la porte de la pièce 36, curieusement bien calme. Intrigué, il tenta de jeter un regard à l’intérieur lorsque deux employées y pénètrent. Une troisième s’arrêta devant lui.
« Vous êtes le conjoint de madame Stewart ? Vous en avez mis du temps! Allez, dépêchez-vous! Elle vous attend!»
Sans même lui laisser le temps d’émettre la moindre protestation, elle le tira à l’intérieur, où il découvrit à sa plus grande surprise une Leah en douleur et en détresse. Mais surtout seule, abandonnée au milieu d’une série de blouses blanches anonymes. Il demeura bouche bée quelques secondes, réalisant qu’il se trouvait dans la salle d’accouchement d’une femme qu’il admirait, mais qu’il ne connaissait même pas il y avait 6 mois à peine. Une femme complètement décoiffée et en sueur qui souriait de soulagement. Un sourire dans sa plus pure expression, sans masque et sans artifice. Comme si elle n’attendait que lui.
Il abandonna tous ses doutes, balança la boîte de chocolat dans un coin et se dirigea vers la main que personne n’empoignait, en lui rendant son sourire.
« Désolé d’arriver si tard – le trafic était MON-STRU-EUX. En plus, j’ai du me frayer un chemin à travers tous ces paparazzis qui veulent le premier cliché de ton trésor…»
Il s’installa sur la chaise à ses côtés, avant de prendre sa main entre les siennes. Elle était si froide.
« Merci de m’avoir attendu,»dit-il avec un clin d’œil qui jurait avec sa propre panique intérieure.
« Ne t’inquiète pas Leah, tu n’es plus qu’à quelques moments d’efforts du plus beau moment de ta vie. Tout va bien se passer, tu verras. »
Il lui replaça une mèche de cheveux le long de l’oreille, avant de rétablir son étreinte sur la main qu’il tentait de réchauffer.
« En plus, je t’ai emmené des chocolats pour quand ça sera terminé. Par contre, plus tu tardes, plus y’a de chance que quelqu’un les piétine. T’es prévenue! »
Il le cachait de son mieux, mais Keith était encore sous le choc. Aucune femme au monde ne devrait avoir à accoucher entourée d’inconnue. Et encore moins une femme comme Leah. La pensée qu’elle ait failli devoir affronter cette épreuve seule lui donnait froid dans le dos. S’il avait décidé de rentrer sagement chez lui…
« Tu vas faire ça comme une championne, j’en suis persuadé. »
C’est le cœur emplit de fierté et d’admiration qu’il plongea son regard dans celui de Leah, alors que pour la première fois, il commençait à percevoir la part d’ombres que son éclat lui avait toujours dissimulé, jusqu’à aujourd’hui.
Elle était si forte.
Il resserra son étreinte sur sa main.
« Courage, Leah. Et ne t’inquiète pas pour ma main – elle ne te lâchera pas. »
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Sujet: Re: FINALLY! •• keith&leah Ven 16 Jan 2015 - 1:17
Elle avait déjà vécu ce moment de l’autre côté de la barrière… Elle avait déjà été celle à qui l’on broie tous les os de la main. Elle avait été là pour sa grande soeur, Marissa. Elle avait aussi entendu sa mère parler de la naissance de ses filles. Rares étaient ses amies qui avaient déjà des enfants, mais Leah n’était pas parfaitement ignorante sur le sujet. Elle s’était préparée à l’accouchement, ces neufs derniers mois n’avaient été dédiés qu’à l’attente de ce jour. Maintenant, c’était le moment. LE moment. C’était tout de suite qu’elle devait tout donner, tout ses efforts, toute sa bonne volonté, et surtout tout l’amour du monde, l’amour qu’elle avait déjà développé pour son enfant qui était sur le point de naitre. Aussi, quand la sage femme lui avait annoncé qu’il était temps de pousser et qu’elle s’était entendue répondre que non, qu’elle n’en était pas capable, elle avait été la première surprise. Mais ce moment si particulier était loin de se dérouler de la manière qu’elle avait toujours envisagé un jour comme celui-ci. Il n’y avait personne à ses côtés, en dehors d’inconnus en tenue de médecin… Ça n’allait pas du tout et tout à coup elle venait de se prendre une énorme claque dans le visage. Où était Marissa? Où était Emma? Où étaient ses parents? Et surtout, où était son prince charmant? Celui qui aurait dû se réjouir autant qu’elle de la venue au monde de leur enfant… Elle était toute seule. Toute seule. Seule. Le mot résonnait en écho dans sa tête et au-delà de la douleur et de l’angoisse, c’était tout ce sur quoi elle parvenait encore à se focaliser. Sa vie était devenue un bordel monstre qui n’avait cessé de prendre de l’ampleur, et si elle n’avait pas arrêté de s’apitoyer sur son sort, elle avait aussi tenté de remonter la pente tant bien que mal, mais à présent elle avait perdu toutes ses certitudes. Alors qu’elle était sur le point de vivre ce qui aurait dû être le plus jour de sa vie, elle avait l’impression de n’avoir plus rien auquel se raccrocher. Et puis soudain, alors qu’elle se croyait abandonnée de tous, l’espoir passa le pas de la porte. L’espoir s’appelait Keith et il tenait dans ses mains une boîte de chocolat qu’elle ne remarqua même pas, Leah ne put s’empêcher de sourire. L’instant d’avant, elle s’était vue en plein cauchemar, et voilà qu’en l’espace d’une petite seconde, cet homme venait de bouleverser ce moment précieux. Ils ne se connaissaient peut-être pas depuis des lustres, mais au moins elle savait qu’elle pouvait compter sur lui. N’était-ce pas ironique, après tout, que la seule personne répondant à l’appel soit aussi la dernière personne a être entrée dans sa vie. Tous les autres avaient sans doute plus important à faire, et au fond Leah ne leur en voulait même pas. Elle avait tellement merdé ces derniers mois, et sa vie avait tant tourné autour de ses petits malheurs qu’elle n’avait pas vraiment pris la peine de se rabibocher totalement avec Marissa, elle n’avait pas pris la peine de demander pardon à Emma, elle n’avait pas cherché à reprendre contact avec Noah, elle ne savait même pas où était Ethan et pire encore, elle n’avait pas vu Faith depuis des mois! Sa propre filleule, sa princesse, l’amour de sa vie… Elle l’avait négligé, elle aussi. Peut-être méritait-elle d’être seule… Mais peut-être aussi qu’elle avait le droit de ne pas l’être et de se réjouir de la présence de Keith. Keith, cet homme fabuleux qui ne cessait de la surprendre, encore et encore. Elle avait tendu la main vers lui, comme un appel au secours, et il ne tarda pas à l’attraper. Leah, qui souffrait pourtant horriblement, oublia la douleur quelques instants. Même dans un moment comme ça, il était capable de la faire rire. Elle savait bien que dehors, personne n’attendait de ses nouvelles. Pas dans l’immédiat en tout cas. « Merci d’être venu… » articula-t-elle alors qu’il la remerciait de l’avoir attendu. Elle aperçu une sage femme rouler des yeux. Les mots réconfortants de Keith lui firent presque oublier qu’elle se trouvait dans un environnement hostile. Du moins c’est comme ça qu’elle voyait le milieu hospitalier. La dernière fois qu’elle s’était retrouvée dans ce genre de pièce remontait à son agression… Il ne fallait pas qu’elle laisse ces pensées-là se joindre à la fête, alors elle tenta tant bien que mal de faire abstraction de tout ce qui ne concernait pas son accouchement, et tout en serrant la main de Keith dans la sienne, elle ne le quitta pas des yeux. Elle se détendit un peu lorsqu’il replaça une mèche de ses cheveux derrière son oreille. Bon sang ce qu’elle devait être moche à voir! Mais qu’est-ce que ça pouvait faire, hein? Il avait raison, Keith. « Bon, mademoiselle, c’est pas pour vous presser, mais votre enfant est à deux doigts de perdre patience, et moi aussi… Vous êtes prête à pousser? » Amabilité, bonjour. Leah plongea son regard dans celui de Keith qui lui disait au même moment qu’elle allait faire ça comme une championne. « En fait, c’est pas une question… Il faut pousser maintenant. MAINTENANT! » Sans réfléchir, elle pris une profonde inspiration et poussa de toutes ses forces. Encore et encore et encore….
Quelques minutes plus tard, un grand cri résonna dans la pièce. C’était la première fois qu’elle entendait son enfant. C’était son premier cri, le premier qui signifiait qu’il était en vie et qu’il était enfin sorti de son ventre. Elle laissa sa tête retomber sur son oreiller, mais ne lâcha pas la main de Keith qu’elle avait sans doute broyé au cours des derniers instants écoulés. « Merci… » lâcha-t-elle dans un souffle. Une femme en blouse blanche s’approcha de son lit, elle tenait dans ses bras un tout petit être enroulé dans un linge bleu clair. « Mon bébé… » elle tendit les bras, ne croyant presque pas elle-même aux mots qu’elle venait de prononcer. « Félicitations, c’est un garçon. » Un immense sourire se dessina sur son visage. Un garçon. Elle venait de mettre au monde un garçon. Son fils. La sage-femme déposa l’enfant sur sa poitrine et seulement à cet instant, Leah lâcha la main de Keith. « Il est magnifique… » En toute objectivité, elle était à peu près sûre de regarder le plus beau bébé du monde. « Un garçon… » Elle tourna la tête vers Keith, sans savoir quoi dire. Ses yeux étaient brillants, mais elle ne pleurait pas. Elle avait déjà tant pleuré qu’elle ne voulait pas associer les larmes à ce moment joyeux. Elle était heureuse. Une joie infinie venait de la submerger de part en part et soudain elle ne connaissait plus rien d’autre que ce bonheur intense. Elle portait sur sa poitrine, une vie nouvelle, un avenir tout entier à construire… C’était merveilleux. Tout simplement merveilleux. « Avez-vous déjà choisi un prénom? » Leah releva les yeux vers la femme, puis vers Keith. « Mason. » Son regard descendit à nouveau sur ce tout petit corps étendu sur sa peau dénudée. « Il s’appelle Mason. » Elle se redressa un peu en prenant garde de ne pas brusquer l’enfant. « Mason, je te présente Keith… Keith, je te présente Mason, mon fils. » Elle ne se lasserait jamais de le dire et de le répéter. « J’y serais pas arrivée sans toi. » ajouta-t-elle à l’attention du père célibataire.
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Sujet: Re: FINALLY! •• keith&leah Ven 16 Jan 2015 - 23:37
“Le plus beau du monde...”
Il ne lui avait pas fallu longtemps pour mettre de côté ses doutes, ses questions et ses déceptions sympathiques pour, tout comme Leah, se laisser entraîner par le moment. Ça avait beau de ne pas être le sien, une naissance constituait un évènement magique, et mis face à ce miracle de la vie, beaucoup de questions se perdaient dans la perspective. Et puis, sans dire qu’il était expérimenté, contrairement à Leah, Keith l’avait déjà joué, ce rôle.
Avec la femme qu’il aimait le plus au monde.
Il s’agissait d’un rôle plutôt passif, ceci dit. Un contact rassurant et bienfaisant à travers la douleur. Un tamponneur de serviette trempée d’eau froide. Quelqu’un à qui sourire. Le privilégié de l’histoire, en fait, c’était lui.
“Enchanté, Mason. Bienvenue à Huntington Beach, mon petit.”
Ça lui faisait une sensation bizarre, de se dire qu’il était la deuxième personne que Mason Stewart rencontrait. Et qu’il n’avait aucune idée de s’il allait faire encore partie de sa vie l’année prochaine… Voir même la semaine prochaine ?
“Mais bien sûr que tu y serais parvenue par toi-même, Leah! T’es la femme la plus forte que je connaisse. Tu n’as pas besoin de personne.”
Une certaine amertume se lisait dans son sourire, à mesure qu’il prenait conscience d’à quel point il croyait en cette affirmation…
Il se pencha à son oreille.
“Dans le pire des cas, quand la sage-femme se serait approchée avec son gros machin métallique, crois-moi que tu y serais parvenue sans moi!”
Il ponctua sa remarque d’un clin d’œil, avant de se retirer pour profiter pleinement de toute la beauté qui entourait une mère qui découvrait son nouveau-né pour la première fois. Témoin silencieux d’un moment unique pour deux vies intimement reliées depuis le tout début.
Il se recula doucement, laissant pleine place aux liens du sang, avant de sortir tranquillement de la pièce. Difficile pour lui de ne pas revivre ses propres souvenirs, 7 années plus tôt…C’était pratiquement hallucinant de se ré-imaginer sa Béatrice à son stade de « tube » (merci, Amélie Nothomb). Un tube adorable, hein, ne vous méprenez pas! La vie défilait vraiment à une vitesse complètement folle…
En quelques minutes, il trouva le chemin de la cafétéria, où il y acheta un Mister Freeze miniature. Un bleu. Avant de se présenter à nouveau à la chambre de Leah. En quelque part, une partie de lui était persuadé que la foule qu’il avait anticipé serait maintenant là, et qu’il serait un peu forcé de continuer son chemin comme si de rien n’était. C’était en fait ce qu’il espérait. Pas parce qu’il ne voulait pas retourner rejoindre Leah, bien au contraire! Simplement, il s’imaginait toute sa peine, enfouie profondément au fond d’elle-même, de se retrouver aussi seule dans cette étape de sa vie...
Il cogna trois petits coups à la porte, avant d’entrer lorsque Leah lui en donna la permission.
“Je suis de retour. Je t’ai emmené un popsicle. Je me suis dit que tu apprécierais peut-être…”
C’était la première chose que Sharon lui avait demandé.
“Le petit Mason, il a ton nez! Regarde! Je peux déjà t’assurer qu’il va être la coqueluche de son école… J’suis bien content que ma fille soit trop vieille pour tomber entre ses griffes!!!”
Il songea aller s’assoir dans le gros fauteuil bas et profond destiné aux pères, mais estima que ce siège était justement trop destiné aux pères pour qu’il y prenne place. Il demeura donc debout, dans le champ de vision périphérique de Leah.
“Il a l’air en pleine forme le petit bonhomme, en plus. Et comment se porte la nouvelle maman ? Aurais-tu besoin de quelque chose ? Aimerais-tu que je passe un coup de fil à quelqu’un ? Un massage de pied, peut-être ? Depuis le temps que je te le promet. ”
Il s’imaginait déjà le malaise s’il se mettait à appeler des membres de la famille Stewart, et qu’il tentait d’expliquer à ces derniers qu’est-ce que lui foutait à l’hôpital.
Malaise qu’il aurait affronté sans broncher, s’il pouvait contribuer à mettre un sourire sur le visage de Leah.
“Par contre, avec un petit visage d’ange comme le sien, je ne crois pas que j’y serais allé avec Mason… Peut-être quelque chose comme « Keith », plutôt ? Je rigole! Mason lui sied comme un gant! C'est vraiment un excellent choix.”