| Sujet: What is my fate ? Am I supposed to pray that trouble's gone with the sunlight [FINIE] Dim 5 Oct 2014 - 20:34 | |
| « Run, boy, run, break out from society. »
NOM : Hemingway, même si elle a changé de nom il y a de cela plusieurs années. Son nom de famille de naissance est Zellenwiller. PRÉNOMS : Isla. Mais de la même façon, son prénom de naissance est Ayn. SURNOMS : Blondie, par la bande de son ex. AGE : 29 ans DATE DE NAISSANCE : 7 septembre NATIONALITÉ : Américaine SEXUALITÉ : Ou-- enfin, hétérosexuelle SITUATION AMOUREUSE : célibataire très très fraîche, quittée après deux années de vie commune. EMPLOI/ETUDES : Elle se plait à se penser photographe, mais en réalité, madame n'a aucun diplôme. Sinon, à des fins de survie, elle travaille en tant que guichetière et projectionniste au cinéma d'art et essai de Huntington Beach. NOM DU QUARTIER : Pacific Lane, elle vient de signer le bail d'un appartement de poche. Vide. ANIMAUX DE COMPAGNIE : Quelques cafards ou araignées, sans doute. CHIFFRE PORTE BONHEUR : Si elle avait de la chance, ça se saurait.
Isla, c'est le stéréotype de la fille qui n'a jamais eu de chance. Pas du genre je marche sur une punaise alors que je suis pieds nus, non, elle, elle fait les choses bien. Elle aurait pu en devenir fataliste, défaitiste et négative, mais en réalité, son côté battant n'en est ressorti que plus exacerbé de chacune des épreuves qu'elle a trouvées sur son petit chemin. A chaque échec, un nouveau but à atteindre. Battante, donc. Pas forcément optimiste ou positive pour autant, mais elle déteste se plaindre. La vie est plus belle pour certaines personnes que pour d'autres, mais c'est comme ça. Elle est tenace, Isla. Peut-être parfois un peu trop, d'ailleurs. C'est le revers de la médaille. Parce que si elle a un but dans la vie, elle est capable de remuer ciel et terre pour l'atteindre. Et elle ne s'arrête pas au légal. Si elle doit user de la violence verbale ou physique, elle le fera. Lorsqu'elle sait ce qu'elle veut -la plupart du temps, en fait-, elle manque cruellement de distinction et d'élégance. Isla n'est pas le genre de filles que l'on peut qualifier de raffinée. Au contraire, elle est brut. Grossière, simple, même un brin sauvage. Pourtant, ne me faites pas dire ce que je n'ai pas dit : Isla aime être propre sur elle. Elle a toujours eu beaucoup d'affection pour les apparences et le paraître. Venant d'où elle vient, elle rêvait d'apparences moins rudimentaires. Et même si elle n'est largement pas prête à l'admettre, Isla a beaucoup d'amour à donner. Et à recevoir, aussi, mais pareil, c'est secret. Ses relations, quelles qu'elles soient, lui ont malgré tout laissé des séquelles qui, peu à peu, lui font oublier ses idéaux. Parce que s'il y a une chose sur laquelle est pointilleuse dans la vie, c'est ses relations. Amoureuses ou amicales. Elle ne se dévoile pas au premier con qui passe. Ça ne veut pour autant pas dire qu'elle n'est pas capable de partager une clope avec un inconnu à l'extérieur d'un bar ou d'une salle de concerts. Oui, parce qu'en réalité, son premier amour, celui que ne l'a jamais déçue, c'est la musique. Pas la pop de Taylor Swift ou de Katy Perry, non, ça, ça altère ses petites oreilles. C'est du gâchis d'ondes sonores. Elle, elle aime s'écouter les Clash. Un brin de the Killers. Un peu de Foals, de Lynyrd Skynyrd, de MGMT ou de Kasabian. Elle ne crache pas sur la musique d'aujourd'hui, et ne vénère pas celle de l'époque de l'âge d'or du rock. Chaque époque a ses accidents musicaux et ses chefs d’œuvres. Des salles de concerts, elle en a fait par dizaines, et mêmes par centaines. En tant que spectatrice, ou que membre de staff. C'est son monde à elle. Le seul où elle se sente bien. Elle se retrouve, dans sa musique. Elle y plane. C'est son refuge. Le seul qu'elle connaisse, d'ailleurs. Nous avons tous un passé, un présent et un futur. « Oh, Isla... » commençait-il à murmurer sur un air de guitare sèche, alors qu'allongée sur le lit défait, elle fumait la classique clope d'après l'amour. « Non, j'déconne ». Il reposa l'instrument et se dirigea vers la petite salle de bain de la chambre. « J'ai déjà assez donné de ma personne ce soir, je vais juste voir où en est Daryl et je remonte me coucher », entendit la blonde, qui s'écroula sur le dos pour finir sa clope. Charlie sortit son visage trempé par l'encadrement de la porte et ajouta : « jveux dire, ta chanson t'y as déjà eu le droit au concert. Je parlais pas de... nous. » Isla étouffa un petit rire et se redressa pour le regarder. « File voir où en est Daryl, si ça se trouve il s'est enfermé dans les toilettes en attendant qu'un extraterrestre absorbe son alcool, juste histoire d'en consommer plus. » Tirant une dernière latte, elle ajouta : « Mais on sait tous que c'est toi qui vas le remonter dans sa chambre. Et que demain il vivra encore une fois le scénario de The Hangover. » Cela faisait deux mois à peine qu'elle le suivait, mais elle les connaissait par cœur. Charlie, son frère ainé Daryl, John, et puis Dan, aussi. Le staff, un peu moins. Mais le groupe, elle le connaissait par cœur. Ils étaient sa famille. Et elle regarda Charlie s'habiller en quatrième vitesse et claquer la porte de leur chambre dans l'empressement. Elle, allongée sur le gigantesque lit, lâcha son mégot dans le cendrier posé sur sa table de nuit, et se retourna sur le côté pour chercher le sommeil. Mais quelque chose l'empêchait de le trouver. Le bordel du bar à côté, où Charlie venait de filer, pourraient penser certains. Le bruit de la ville, diraient d'autre. Mais tout cela, Isla n'y prêtait plus attention depuis bien longtemps. Non, elle se connaissait mieux que ça. Il y avait cette idée qui lui trottait dans la tête... Et à présent, elle la retournait dans tous les sens. Comment la retrouver ? C'était autorisé, au moins ? A vingt-six ans, pouvait-elle prétendre la chercher ? Avait-elle des droits ? Aurait-elle du soutien ? A force de chercher des réponses à ces questions, Isla était tombée dans un état semi-léthargique qui se situait entre l'éveil et le sommeil. Elle entendait ses voisins de chambre rentrer chez eux, plus franchement très frais, mais ça faisait partie du background sonore du lieu. Des scénarios se mettaient à s'imposer à son esprit, et elle les subissait sans pouvoir les changer.
Sa mère. Elle ne savait rien d'elle. Elle ne l'avait que trop peu connue pour en avoir le moindre souvenir clair. Cette époque là était révolue depuis longtemps. A croire même qu'elle ne l'avait jamais connue. Pourtant, Isla rêvait à présent de grandes retrouvailles. Qu'elle lui explique les raisons de son abandon. Qu'elle lui explique bien, très bien, même. Elle ne savait pas quelles justifications sauraient la contenter, mais elle ne pouvait s'empêcher de croire que sa mère trouverait les mots qu'elle attendait, quels qu'ils soient. Elle devait avoir eu une bonne raison. Sans la connaître, Isla aimait sa mère d'un amour inconditionnel, presque fou. Elle avait besoin de cet espoir d'une mère qui l'avait autant aimée. A chaque instant, elle avait vécu avec ce désir insoutenable de la rencontrer. Comme si ce moment idéal allait finir par se profiler et tout effacer en une seconde. Pourtant, ce n'était que maintenant qu'elle était prête à le vivre. Concrètement. A affronter ce rêve, quitte à ne plus en avoir. Ou plutôt, si : son nouveau rêve, c'était Charlie. En quelques mois, Isla s'était construite autour de lui, et tout était à présent possible. Pas parce que son groupe vendait autant d'albums que Miley Cyrus, ou même ces pectoraux qui faisaient défaillir de jeunes filles en fleur à chacun de ses concerts. Non, Charlie la rendait heureuse, tout simplement. Il savait l'écouter. Il savait la faire sourire, et la faire rire, même. Avec lui, le silence n'était plus réellement d'or. Elle avait envie de lui parler. Elle avait continuellement de partager avec lui. Il aimait la musique presque autant qu'elle, et l'éclat qui s'allumait dans ses yeux lorsqu'ils débattaient pendant des heures n'avait pas de prix. Oui, Isla était peut-être bien tombée amoureuse pour la première fois de sa vie. Et c'était d'ailleurs sans doute pour cette raison qu'elle croyait à l'impossible. Et que... « Tu pues l'alcool », souffla-t-elle, les yeux fermés, alors que les lèvres de Charlie venait d'effleurer les siennes. « Je sais. Mais c'est la bouteille qui m'a attaquée » articula-t-il difficilement en s'écroulant lourdement de son côté du lit. « Daryl est au lit », la rassura-t-elle tendit qu'elle ouvrait doucement et lourdement les paupières, s'échappant difficilement de ses pensées. « La meilleure façon de battre l'alcool, c'est de le consommer, c'est ça ? » sourit-elle en le regardant. Il avait fermé les yeux. « Il va se retrouver dans les chiottes, si ça c'est pas un signe de défaite... ». Isla se redressa sur le coude et passa doucement une main sur la joue de son amant. « Demain, il faudra que... » qu'on parle. Mais lui décida de l'interrompre avec un rot sonore. Ah, qu'est-ce qu'il était sexy, son homme...
« Tu voulais me parler de quoi ? » Isla se réveillait à peine, la bouche pâteuse. Elle aurait bien dormi quelques heures de plus. Il la fixait, debout face au lit. « Et grouille-toi, on doit être à Phily ce soir ! » Il était beaucoup plus frais que la veille. Étrange, parce que pour le coup, elle semblait atterrée par une gueule de bois monumentale. A moins que ce soit juste la flemme. « Tu dormais pas... » releva-t-elle, presque niaise. « Mais ça veut dire que t'as roté consciemment ! » Il rit et se retourna pour fermer son sac. « Il te faut plus pour être choquée, d'habitude. »
Deux heures plus tard, ils étaient en route. Dans leur bus de tournée, qui, il fallait bien l'avouer, était un peu étroit pour le groupe et Isla. Elle était cloitrée au fond, posée sur un lit, avec Charlie. Il l'avait prise par le bras, bien décidé à en savoir plus. Et puis, ils s'étaient assis, l'air grave. Il avait l'air de se rendre compte que pour une fois, elle était sérieuse. Mais elle pouvait tout lui dire. Elle pouvait tout lui dire, et elle pouvait reposer et compter sur lui, elle le savait. Il lui donnait des ailes. « Alors... » Il lui tenait les mains et semblait décidé à doucement lui tirer les vers du nez. Mais elle avait fermé les yeux et ne se rendait même pas compte de la douceur avec laquelle Charlie introduisait la conversation. « Ma mère » lâcha-t-elle subitement en ouvrant les yeux. « Quoi, ta mère ? » Il avait arqué un sourcil interrogateur. « Je veux la voir. » Mais lui n'y comprenait décidémment pas grand chose. « C'est pas le but de Thanksgiving et de Noël ? » Elle avait penché la tête, perdue. Oui, peut-être fallait-il commencer l'histoire par son début... Mais c'était trop long. Et compliqué. Une version courte ? Une version courte. « J'ai passé mon enfance en foyers, et personne a été foutu de me dire qui étaient mes parents, ou pourquoi ils m'avaient laissée. J'ai juste... » Elle soupira. « Quelque part, j'ai juste retenu que j'avais pas de père, mais je sais même pas pourquoi... » Charlie était figé devant elle. « Je... pensais que tu voulais me dire que la qualité du PQ convenait pas à ta peau sensible » finit-il par lâcher alors qu'elle, de son côté, cherchait encore les mots idéaux pour clarifier sa démarche. Elle était prête, en réalité. Elle était prête à affronter le concret, enfin. « Je veux retrouver ma mère, Charlie... » étouffa-t-elle finalement dans un soubresaut d'émotions. Et il avait beau faire les blagues les plus merdiques au monde -merdiques, PQ...-, Isla n'arrivait pas à se défaire de cette angoisse que signifiait retrouver sa mère. Elle était plutôt à demi-prête que totalement prête, mais elle ne savait pas si elle pourrait se retrouver un jour plus proche encore de cet état d'esprit.
Deux ans. Deux qu'Isla était sur la route avec le groupe de Charlie. Deux ans qu'elle vivait leur passion à fond, les supportait dans la foule au milieu des groupies, autant qu'elle leur vidait des bouteilles d'eau remplies au lavabo des toilettes en plein visage, juste histoire de leur remettre les idées bien au clair. Deux qu'elle traversait les Etats-Unis et le Canada après avoir fait un bref passage en Europe. Deux ans qu'elle vivait une vie nouvelle, encore une fois. Changer de nom n'avait pas été suffisant. Car changer de nom n'était que changer de façade. Se reconstruire entièrement demandait bien plus, à commencer par l'accord d'une confiance depuis bien trop longtemps oubliée. Mais, les mois passant, Isla s'était peu à peu laissée prendre au jeu. Un matin, sans prévenir, elle s'était réveillée en réalisant la chose la plus effrayante qu'il lui avait été donnée de connaître : comme l'imbécile qu'elle était, elle était amoureuse. Mais elle n'arrivait même pas à s'en vouloir ou à en vouloir à Charlie. Il était de loin l'être qui avait été le plus correct avec elle depuis qu'elle sillonnait ce bas monde, même s'il était loin de s'en rendre compte. Secrète comme elle l'était, elle n'avait partagé que quelques fragments de son passé avec lui. En réalité, une chose était sûre : si quelqu'un lui avait souri dans le métro, elle l'aurait vénéré. Avec Charlie, comme avec tout le monde, pourtant, elle s'était méfiée. Plus que de raison, sans doute, se forçait-elle à croire. Même maintenant qu'elle réalisait ce qu'elle ressentait, elle n'arrivait pas à accepter de donner autant d'importance à une seule et même personne. Pourtant, tout cela était apparu bien malgré elle, et, après de longs moments de réflexion et des journées qui s’enchaînaient aux côtés de l'élu de son cœur, elle finit par se faire à cette idée et par se jeter à corps perdu dans cette relation qui ne pouvaient que la faire grandir, évoluer et progresser. Peu à peu et aux côtés du grand brun, elle avait retrouvé une confiance palpable en les relations humaines. Les mois s'étaient ainsi écoulés, se métamorphosant en années, et, bientôt Isla ne connaissait plus cette peur de voir Charlie lui échapper. Il était là, et peu importait le reste. Ou presque.
Elle buvait, elle buvait, elle buvait. Le monde était devenu flou, presque fantasmagorique. Tout allait bien. Le milieu de la nuit était déjà passé depuis longtemps, et le groupe ne semblait pas encore prêt à mettre fin à son after. « Chicago, baby ! » hurlait Charlie à chaque fois qu'il passait à côté d'elle. Tout allait bien. Ils venait de jouer à guichet fermé sur la scène la plus cotée de la ville. Tout allait bien. Et Isla, elle, dansait, et buvait. Elle souriait, elle souriait, elle souriait. Tout allait bien. La musique l'emportait, les néons colorés la faisaient valser, et elle avait toujours un verre à la main. Un whisky, une coupe de champagne gracieusement offerte par le groupe et apporté par son amoureux, un autre whisky, ... et puis, au fond, elle s'en foutait un peu. Elle était enivrée par cette fête et toutes les raisons qu'ils avaient de la vivre. Elle était exaltée par les sourires, les rires et cette musique qui était la leur, la sienne. Tout allait bien. Sauf qu'une idée persistante ne semblait pas décidée à abandonner son combat pour se faire remarquer. Pourtant, ce qu'elle vivait à présent était une consécration, un rêve vécu pour lui et pour eux, pour cette famille qu'elle s'était créée par choix et à laquelle elle s'était dévouée sans aucune limite. Trois ans maintenant qu'elle avait trouvé son premier réel refuge, celui que son corps et son esprit avait accepté malgré cette peur omniprésente qu'imposait son cerveau. Ce soir, c'était leur soir. Ce soir, elle n'était qu'une fan parmi tous les autres. Ce soir, c'était à propos d'eux, et à propos de personne d'autre. Ils l'avaient mérité. Avec tout ce travail, après tous ces échecs, ces fausses joies et ces chutes. Après ces espoirs et ces petites victoires, ils méritaient de savourer l'accomplissement. Un accomplissement. Parce que... « J'espère que tu nous paieras du champagne après chaque grand concert. On va tous finir alcooliques... ! » hurlait-elle dans l'oreille de Charlie pour recouvrir la musique. Il venait de se glisser devant elle pour l'accompagner dans ses déhanchements empreints d'énergie. « Ça y est, je me fais déjà exploiter... » rit-il, sourire en coin. « Tu t'es toujours fait exploiter ! » Ralentissant ses mouvements et le regard empli de défi, Isla le regardait. Elle finit son verre sans briser ce contact visuel. « Un autre. » Elle lui tendit le verre vide, et resta immobile quelques instants. Lui non plus ne bougeait, et c'était là toute la source du présent problème. Il la regardait sans se départir de ce sourire qui éclairait son visage et qu'elle aimait tant. Aucun des deux ne semblait donc enclin à réagir autrement que par ces sourires aguicheurs. Alors, Isla lâcha son verre délibérément, et ce dernier s'écrasa au sol sans faire un bruit. Ou plutôt, il dut faire un bruit de verre classique qui s'explose la tronche, mais la musique le couvrit sans aucun soucis. Charlie ignora royalement ce geste et fit un pas vers elle, écrasant les débris. « Je préfère me faire exploiter autrement » souffla-t-il. Isla ne décela même pas le son de sa voix, mais elle n'eut pas à le faire. Ses pupilles avaient glissé sur les lèvres du brun, et y avaient lu chaque mot distinctement. « J'ai soif » répéta-t-elle sans bouger. D'un pas vif, soudain et inattendu, il se rapprocha d'elle jusqu'à être collé à elle. L'atmosphère survoltée ne cessait pas, elle semblait même s'amplifier au fur et à mesure des minutes. « T'as déjà trop bu » Il passa son pouce sur ses lèvres, puis attrapa sa main pour qu'elle le suive. Quelques instants plus tard, il la plaquait contre le mur des vestiaires, pressant ses lèvres contre les siennes. « J'ai toujours pas eu mon verre... » expira-t-elle, tenace. Une nouvelle chanson venait de relayer la dernière. Comme toutes celles qui se faisaient suite depuis qu'ils étaient, et même depuis avant leur venue. Sauf que cette fois, cette chanson portait le nom d'Isla. Et c'était lui qui la chantait. Pas sur un lit d'hôtel avec une simple guitare sèche. Non, cette chanson-là raisonnait dans tout le bâtiment, et, tandis qu'il faisait remonter sa main le long de sa cuisse, Isla posa sa main sur les lèvres du brun. « T'as fait exprès ? Après toutes ces années, tu crois encore que j'ai besoin de mots d'amour pour être baisée ? » Il s'empara à nouveau de ses lèvres avant de se détacher pour répondre. « Non, après toutes ces années, je crois que des vestiaires nous suffisent... »
Fin torchés, les voilà qui remontaient approximativement à l'étage de leur hôtel. A cinq, ils s'accrochaient les uns aux autres. Sauf qu'aucun ne tenait debout sans les autres, ce qui rendait l'avancée assez laborieuse. Ils attirèrent quelques regards en traversant le hall de l'hôtel de luxe, mais ils étaient bien trop imbibés pour se rendre de quoi que ce soit. L’ascenseur les attendait. Et au-delà de cet ascenseur, ils le savaient tous, leurs chambres, et leurs lits. Leur salut. Les talons à la main, Isla fut la première à trouver le courage de se détacher du mur de l'ascenseur pour le quitter. Elle titubait mais ne s'en formalisait pas une seule seconde. Le jour se levait doucement sur Chicago, et, dans deux jours, ils seraient en Californie. San Francisco. A cet instant précis, pourtant, ils n'étaient plus des businessmen qui cherchaient à vendre cette musique qu'ils créaient de leurs petites mains et chérissaient comme leur propre enfant. Ils n'étaient même plus réellement des musiciens. Ils étaient à nouveau ces adolescents qui vivaient un rêve, le savouraient, se délectaient du moindre instant qu'ils avaient à vivre dans cet état d'esprit. Ces instants étaient précieux, et Isla était sans doute la mieux placée pour se rendre compte de leur véritable valeur. Ils étaient ces moments auxquels on pouvait s'accrocher lorsque la roue tournait et le destin vous accablait, et ils n'avaient pas de prix.
Les recherches continuaient. Plus les mois passaient, plus Isla leur consacrait de temps. Le groupe, de son côté, faisait des performances de plus en plus impressionnantes, à des dates de plus en plus soutenues. C'était comme si tout s'était déclenché d'un coup, qu'un mécanisme indéfinissable venait de s'enclencher quelque part. Ils n'arrivaient plus vraiment à trouver du temps pour fêter leur succès. Le groupe vivait la nuit, Isla vivait un peu tout le temps, et dormait le reste du temps. Lorsque le bus de tournée parcourait ses centaines de kilomètres quotidiens, Isla était la seule éveillée. En compagnie du chauffeur, ils respectaient un silence entendu, qu'ils ne brisaient que lorsqu'il s'agissait de s'arrêter à une aire d'autoroute. Pour faire le plein d'essence, échanger quelques remarques sur le concert de la veille, pisser, prendre un café, ou simplement se dégourdir les jambes. Dans le bus, par contre, Isla cherchait des informations diverses et variées autour de cette même personne qu'elle chérissait sans la connaître. Elle y pensait des heures, inépuisable, et s'émerveillait du moindre espoir qui pouvait naître d'un indice ou d'un autre. Pourtant, les mois défilaient, et elle tournait en rond autour d'espoirs éventuels et d'autres espoirs tués dans l’œuf. Sa vie se résumait à présent à une suite de petites joies qui ne duraient pas très longtemps. Charlie vivait tout avec elle, mais en décalé, dès qu'il se réveillait. Elle lui sautait dessus, atterrée ou enchantée selon ses découvertes, et, il buvait ses cafés en l'écoutant, sans broncher. Il avait toujours les mots empreints de cet espoir dont elle avait tant besoin, mais, peu à peu et sans s'en rendre compte, Isla devenait obsédée par cette famille qui était la sienne. Elle s'imaginait une vie lisse et rangée, d'un coup. Pas chiante, mais au contraire, agréable et dessinée. Elle ne serait plus aussi fragile que durant toutes ces années, se disait-elle. Maintenant, elle avait Charlie et le groupe, et bientôt, elle aurait sa mère. Elle aurait une vraie famille, comme ces millions d'américains qui se plaignent de leurs parents. Elle serait normale. Elle ne rêvait pas de travailler dans un bureau en tailleur, mais seulement de savoir où elle allait, et qui elle était. Enfin, elle avait trouvé un moyen de se redéfinir en tant que personne. En tant que cet enfant qu'elle avait été, mais aussi en tant que femme, cette femme qu'elle allait être pour le restant de ces jours. Elle vivrait toujours avec son Amour, mais, quelque part et comme chaque membre du groupe, elle aurait une base, un chez-elle. Elle aurait sa mère qui l'attendrait dès qu'elle lui annonçait sa venue, lui proposerait différents plats pour l’accueillir et la chérirait assez pour rattraper toutes ces années perdues. Voilà quel était son rêve, et voilà ce dont elle était persuadée.
Novembre 2014. Isla venait de raccrocher et restait bouche bée, la main encore en l'air avec le téléphone. Le temps s'était suspendu. Moïra Zellenwiller... elle avait un nom, enfin. Elle ne se souvenait même pas quel fil l'avait menée jusque là, mais elle avait enfin le nom de sa mère. Le prénom, du moins. Le nom de famille était le même que le sien, son nom de jeune fille. Elle portait bel et bien le nom de sa mère, ce qui confirmait, quelque part, cette idée qu'elle avait de l'absence d'un père. Charlie venait de quitter sa banquette et essayer de percevoir la moindre pensée de la blonde, mais ça semblait difficile. Il commençait à froncer les sourcils et s'était installé face à elle, de l'autre côté de la petite table d'appoint. Le chauffeur leur jeta un coup d’œil dans le rétro et reporta à nouveau son attention sur la route, comme s'il comprenait que quelque chose d'important venait de se passer -ou qu'il préférait s'assurer de leur sécurité plutôt que de connaître les derniers potins du bus. Immobile, Isla réalisait que les choses se concrétisaient. Le sentiment était indescriptible, comme un pot-pourri de plusieurs sentiments distincts. Quelque chose de nouveau s'imposait : la peur. Et si elle ne voulait simplement pas d'elle, comme elle n'avait pas voulu d'elle à l'époque ? Et si elle avait refait une famille ? Et si elle était l'exemple opposé de l'image qu'elle se faisait d'une mère ? Et si elle lui claquait la porte au nez avec dédain en lui demandant de ne plus l'approcher ? Et si, et si... ? Charlie claque des doigts à quelques centimètres de son visage. « Ah, quand même ! » s'agaça-t-il. « Si tu voulais être sûr que je t'entende, c'est plutôt du côté des oreilles qui fallait m'agresser... » souffla-t-elle comme par réflexe. « Et alors ? » reprit-il sans cesser de la fixer. « Bah alors, j'entends pas avec les yeux... » Lui, ses yeux, il les leva au ciel. « C'est pas ce que je voulais dire... Je voulais dire, par rapport au téléphone... Je suppose que c'était pas un commercial qui t'appelait pour te vendre un aspirateur... » Elle le voyait. Enfin, elle semblait de retour sur Terre, dans ce bus un peu archaïque. « Ah. Non, je... sais qui c'est. » A son regard, il savait tout ce qui se passait dans la tête d'Isla. Et, doucement, il lui prit la main. « Je t'avais dit que tu y arriverais ». Sauf qu'il ne semblait pas savoir quels mots utiliser. A présent, elle s'en foutait d'y arriver, parce qu'elle savait qu'elle s'approchait du but. Non, maintenant, ce qui lui faisait peur, c'était elle. Moïra Zellenwiller, sa mère. « Frank, arrête toi à la prochaine aire ! » hurla-t-il au chauffeur, non sans faire sursauter la blonde, qui ne s'attendait pas à un tel niveau de décibels aussi brusquement. « On a tous besoin d'un café », s'expliqua-t-il alors que Daryl quittait sa couchette en sous-vêtements, une main collée sur son front. « Qu'est-ce qui se passe ? » grommela-t-il. « Café ? » Charlie se fit fusiller du regard. « C'est pour ça que t'as hurlé comme si on te forçait à écouter de la pop ? » Le brun fit une petite moue attendrissante juste pour conclure : « café, quoi... »
A l'aire de repos, Charlie la prit par le bras pour s'écarter de Daryl et du chauffeur, qui enchaînaient les tasses de café comme un dépendant sexuel enchaînait les putes. « Ecoute, je vais pas y aller par quatre chemins » commença-t-il alors qu'elle s'allumait une clope, frigorifiée dans son t-shirt trop large. Elle leva son regard vers lui, s'attendant au pire. « Tu sais que je te soutiendrai toujours dans ce que tu fais. Mais je suis là, aussi. Les gars et moi, on est là. » Incrédule, Isla le regardait. Où voulait-il en venir ? « Je sais... » Elle était hésitante. Elle ne comprenait pas. « C'est bien. Parce que des fois, j'ai l'impression que tu l'oublies. » Et comme pour mieux faire passer son reproche, il déposa un baiser sur ses lèvres avant de retourner à l'intérieur du bâtiment. Et Isla, elle, termina sa clope dans le vent, gelée, en se demandant ce qu'il avait essayé de lui dire.
« Seattle... » soufflait Daryl alors que le bus semblait reculer tant la circulation était mauvaise. « Dans deux jours, Seattle... » Isla était au téléphone, encore une fois, et s'était planquée au fond du bus pour avoir la paix. « Tu vas quand même pas le répéter chaque jour et faire le décompte jusque sur scène... » répliqua Charlie, blasé. « Non non... » Isla venait de raccrocher, et cette fois-ci, elle ne pouvait s'empêcher de regarder la scène comme si elle en était complètement extérieure. Comme si elle regardait un film, ou une famille qui n'était absolument pas la sienne. « Pourtant c'est ce que tu fais. » Charlie but une gorgée de bière, comme pour conclure la discussion. « Ce soir, c'est déjà Portland. Si on arrive à avancer. » Ouais, ouais, Portland. Portland, Chicago, Seattle, New York ou même Hong Kong, peu importait. Elle s'en foutait. « Ma mère est morte. A Westminster, Californie. » Charlie se tourna vers elle, tout sourire, fier de sa conclusion. « Bah quoi, j'ai réussi à lui clouer le bec. » Daryl lui donna un coup dans l'épaule. Des deux, et pour la première fois, c'était lui le plus sérieux. Son regard était grave, et Charlie sembla aussitôt comprendre que quelque chose de sérieux semblait se tramer. « Je dois aller en Californie. » Charlie se leva. « Maintenant ? » Il s'approchait d'elle, presque menaçant, et la réponse d'Isla fut automatique. « Non, non... » Mais putain... Moïra Zellenwiller était morte. Dead. Enterrée. Décomposée. Disparue. Gone. Et la soirée, Isla la vécut dans un brouillard le plus total. De leur galère pour accéder au centre ville au concert, rien de ce qu'elle vivait ne semblait réel. Mais elle avait retenu ce qu'avait dit Charlie, et elle ne pouvait pas lui faire ça. Elle ne pouvait pas leur faire ça. Les grandes dates s’enchaînaient, et même si tous étaient épuisés, ils le savaient : ils récoltaient enfin les fruits de tout ce travail qu'ils avaient fourni depuis des années. Pourtant, la nuit était passée, plus sombre que jamais. Isla n'avait pas fermé l’œil, et plus la réalité s'imposait à elle, plus son cœur se déchirait. Si, il fallait à tout prix qu'elle aille en Californie. Et le lendemain, lorsqu'elle tenta d'en parler à Charlie, rien ne se déroula comme elle l'avait espéré. « Tu veux compromettre notre tournée ? On peut traverser le pays maintenant ! On a Seattle demain ! » Et après, la tournée canadienne commençait. Puis des projets en Europe. Elle ne tiendrait pas, elle le savait. Elle devait savoir, comprendre, voir. Continuer ses démarches auprès d'elle, là où elle avait vécu, là où elle était morte. La mort de sa mère n'avait même pas fait partie des pires options qu'elle avait envisagée. Pourtant, elle s'en rendait compte maintenant, c'était la seule pour laquelle aucun retour n'était possible. « J'en ai besoin, Charlie... Je suis désolée... » Et elle le vit comme jamais elle ne l'avait vu. Comme s'il avait atteint son maximum de patience. « Moi aussi, je suis désolé. Si tu veux aller en Californie, sors. » Hébétée, Isla se raidit. Quelques secondes défilèrent, quelques secondes qu'elle aurait aimées suffisantes pour encaisser tout ce qui était en train de se passer, et pour se faire à l'idée de ce qui allait arriver. « SORS » répéta-t-il, le doigt tendu vers la porte de la chambre. Elle ne pouvait pas le laisser comme ça, pas son Amour. Pas sa famille... « C'est ton choix, Isla », ajouta-t-il comme pour justifier sa réaction, mais elle remballait déjà ses affaires. « C'est mon choix », répéta-t-elle, estomaquée et furieuse. « J'aurais pu vous rejoindre dans une semaine, tu sais » dit-elle calmement en rejoignant la porte. « Mais si tu préfères me rayer totalement de votre vie, cette fois-là, c'est ton choix. Je vous souhaite une belle carrière. » Et, les bras remplis de sacs, elle tenta de claquer la porte avec le plus de prestance possible. Elle quitta l'hôtel d'une démarche assurée et enragée, et ce n'est qu'une fois dans le bus, en direction de l'aéroport, qu'Isla se rendit compte de ce qu'elle faisait. Huntington Beach, toute seule. Toute seule, comme elle l'avait toujours été... Derrière l'écran : Coucou tout le monde, je débarque sur H.B alors que personne ne me connaît alors autant faire les choses bien non ?! Tout d'abord il faut savoir que dans le monde des forums mon pseudo est Lux, tandis que mon prénom est Diane. Je suis âgé(e) de 24 ans et je vis actuellement du côté de Nancy (back home!). Ce que je fais dans la vie ? ça ne vous regarde pas :p Passons aux choses sérieuses, j'ai connu ce forum sur skype, mais ça remonte à loin maintenant, ma première impression en le voyant a été j'ai déjà répondu à cette question. Côté rp je vous préviens que mes fréquences de connexion seront de le plus possible/7 et que mon niveau rp est de quelques lignes de quelques mots qui se suivent. Concernant mon personnage j'ai choisi Kirsten Dunst comme célébrité, pas mal non ? Si vous avez bien lu ma fiche vous savez d'avance que je choisi enjoy life comme groupe ! Au fait j'allais oublier le code du règlement je le connais et il a été validé par Neela. A bientôt sur le forum ♥
Dernière édition par Isla Hemingway le Dim 23 Nov 2014 - 21:31, édité 31 fois |
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