Après avoir passé la matinée au bureau du journal, Isobel avait prit le chemin de la maison. Dans son cabriolet, la radio battait son plein et cet homme racontait toujours la même chose tous les jours, à la même heure: l'horoscope. Sans vraiment y croire, elle laissait néanmoins ses pensées se prendre au jeu de cet horoscope. Elle écoutait chacun des signes astrologiques cité par cet homme et les associait à chacune des personnes de sa famille. Leah, Marissa, Andrew, Faith, Mason et même Emma. Quand vint le sien, elle redoubla d'attention. De toute façon, c'était à chaque fois pareil: les gens y croyaient seulement si ce qu'il disait était positif et Isobel n'échappait pas à la règle. Le sien était particulièrement tourné vers la famille: profitez de votre famille. Dites leur qu'ils comptent pour vous. N'hésitez pas à venir en aide à votre entourage. Isobel ne savait pas vraiment si cet horoscope la frustrait ou la dérangeait, mais dans tous les cas, il ne la laissait pas indifférente. Ses filles étaient importantes pour elle, comme elles pourraient l'être pour n'importe quels parents et même si avec Emma il y avait plus de bas que de haut, son absence était pesante. Parfois elle avait de ses nouvelles par Marissa ou Leah, mais ses deux dernières filles restaient toujours évasives, voir même totalement floues. Sans doute ne voulaient-elles pas se mêler à l'histoire entre leurs parents et leur sœur et même si Isobel ne s'entendait pas avec sa propre sœur, elle pouvait comprendre les décisions de ses filles. Contrairement à elle, ses filles étaient proches les unes des autres. Il y avait eu des mésententes comme dans chaque fraternité, mais aujourd'hui ça avait l'air d'aller. Tout le monde se portait bien et elles étaient toutes les trois présentes les unes pour les autres. Les parents Stewart ne pouvaient pas rêver mieux, quelque part, ou du moins Isobel. Andrew était un peu plus en retrait, voir même totalement effacé quand il s'agissait d'Emma.

Arrivée chez elle, Isobel ôta son trench noir, humide par la pluie qui ne cessait de tomber dehors et passa une main dans ses cheveux en s'assurant qu'ils n'étaient pas totalement défaits. Catherine vint à sa rencontre, s'assurant que tout allait bien pour elle et qu'elle ne désirait rien de particulier, comme elle le faisait à chaque fois. Isobel déclina la demande de sa domestique et jeta un œil sur le courrier apposé sur le meuble dans l'entrée. Presque que des factures et du courrier au nom de son mari et pour elle, des magazines ou invitations à diverses soirées de bienfaisances ou autres galas. Les Stewart étant l'une des plus grandes familles d'Huntington Beach, voir même la plus importante. Il était donc normal, ou logique qu'ils soient invités à toutes ces soirées. Isobel alla déposer le courrier adressé à Andrew dans son bureau et ferma la porte derrière elle. Ensuite, elle se rendit dans le salon où elle pourrait y découvrir toutes ces invitations sans pour autant être dérangée. De temps en temps, elle grimaçait en voyant l'expéditeur. Cette Tessy était exaspérante, tout comme ses soirées. Sa voix de crécerelle en énervait plus d'un. Depuis quelques années déjà, elle essayait de se faire bien voir dans la haute société d'Huntington Beach et ses soirées étaient un flop année après année. D'ailleurs, Andrew et Isobel n'y avaient jamais mis les pieds et le retour qu'elle avait de la soirée la rassurait toujours quant à la décision de ne pas s'y rendre. Il n'y avait donc pas de raison pour que cette année soit une exception. Isobel mis l'invitation de côté afin de demander l'avis d'Andrew à son retour, bien qu'elle était certaine qu'une fois de plus, il ne voudrait pas perdre du temps à ce genre de soirée. Isobel avait l'habitude de préparer des soirées bien plus distrayantes et intéressantes que ça, il avait donc été habitué à mieux que ça.

Après avoir pris connaissance des différentes invitations, elle mis le tout de côté et s'enfonça un peu plus dans le divan où elle était installée. La main retenant son visage, Isobel se laissait bercée par ses pensées. Elle voulait profiter de l'absence d'Andrew pour aller voir sa fille ainée. Elle voulait essayer de discuter avec et avec un peu de chance, essayer d'arranger les choses. Isobel avait trois filles et même si elle avait fait des erreurs à plusieurs reprises concernant Emma, elle n'oubliait pas qu'elle n'était pas moins importante pour elle que Marissa ou Leah. Quelque part, elle était prise de remords et voulait vraiment essayer de remettre les pendules à l'heure avec sa fille ainée, mais pour ça il fallait qu'elle prenne le risque d'aller vers elle, parce qu'Isobel savait pertinemment que sa fille ainée ne ferait jamais le premier pas. Alors que c'était à elle de faire l'effort. Sur cette pensée, Madame Stewart se leva avec une idée bien précise en tête. "Catherine, je vais chez Emma. Je ne sais pas encore quand je reviens. S'il y a des appels, prends les messages, je rappellerai à mon retour." Un peu comme à chaque fois qu'elle partait finalement, bien que cette fois-ci elle ne voulait même pas qu'on la joigne sur son portable. Elle prit à nouveau son trench, son téléphone et ses clés de voiture et quitta la demeure des Stewart.

Sur le chemin Isobel pianotai sur le volant de son cabriolet. Quelque part, la pression montait. Elle connaissait le caractère de sa fille et savait qu'elle ne serait pas accueillie avec un sourire comme l'aurait accueillie Marissa par exemple. Sur le chemin, elle observait le quartier qui lui donnait toujours la même impression. Comment Marissa et Emma pouvaient vivre dans cet endroit ? Emma était dans son élément, certes, mais Marissa ? Elle qui avait vécu quelques années dans une demeure splendide avec son mari et sa fille se retrouvait aujourd'hui dans un quartier totalement différent du sien. Au moins, elle y vivait avec Emma, mais quand même. Isobel mit son côté matérialiste de côté et tentait tant bien que mal de se sentir à l'aise dans cet endroit et enfin, elle gara sa voiture devant la maison où vivait Emma et se dépêcha de rejoindre la porte d'entrée en essayant de passer entre les gouttes. Isobel souffla un grand coup et pressa la sonnette de la porte d'entrée. Dans sa poitrine, elle sentait son cœur s'accélérer. Venir faire face à Emma était un réel exercice et probablement que si elle était sur le point de faire un Infarctus, elle le ferait là, maintenant. Heureusement pour elle, aucune douleur nulle part, elle allait bien physiquement. Elle appréhendait, mais elle allait bien. Lorsque sa fille ainée ouvrit la porte, Isobel se reteint un instant de dire quoi que ce soit, comme si tout ce qu'elle voulait dire s'était envolé. Elle devait donc laisser place à l'improvisation "Emma… Tu vas bien ? Je suis venue toute seule…" Autrement dit, laisse moi une minute pour discuter, ton père n'est même pas là. En sentant la pluie lui tomber dessus, elle grimaçait légèrement "Je peux entrer ? Je n'en ai pas pour longtemps. Je voudrais juste qu'on discute un peu sans s'énerver, comme des grandes personnes que nous sommes"

Après être entrée, Isobel restait dans l'entrée. Elle ne venait pas pour boire un café, ni même pour se mettre à l'aise, elle voulait juste discuter, dire ce qu'elle avait à dire et puis laisser le temps à sa fille ainée de l'entendre et d'y réfléchir. La dernière fois avait été quelque peu catastrophique voir même déroutant et à son retour, Isobel avait juste eu envie de se foutre des gifles. Elle avait laissé la rancœur parler et directement après, elle avait compris que ne menait à rien, mais c'était un peu tard "Je suis désolée pour la dernière fois. J'aurais pas dû te parler comme je l'ai fait. J'ai laissé la rancœur parler et c'était complètement puéril. J'aurais dû au moins sourire parce que ça faisait quelques temps qu'on ne s'était pas vue, j'aurais dû mettre tout ça de côté, parce que toutes ces histoires sont moins importantes que le fait que tu sois revenue, que tu n'aies rien et que physiquement, tu ailles bien." Isobel gardait ses clés de voiture en main et regardait sa fille avec beaucoup d'appréhension "T'es d'accord qu'on discute un peu, tranquillement et calmement ?"

Emma était seule chez elle avait Lilou, la petite fille était assise dans le salon et jouait avec les jouets qu’elle avait eu pour son anniversaire. La petite fille avait eu 4 ans le 10 aout, Emma n’en revenait pas elle avait tellement changée. Pourtant elle avait l’impression que c’était hier qu’elle voyait naitre la petite fille et qu’elle promettait à sa mère de prendre soin d’elle. C’était une promesse qu’elle avait tenue et aujourd’hui il n’y avait personne au monde qu’Emma aimait plus que Lilou. C’était sa fille même si elles ne partageaient pas le même sang. Quiconque pensant le contraire changerait d’avis en voyant la même et la fille ensemble. Elles étaient très proches, plus que ça même, elles étaient fusionnelles. C’était une relation qu’Emma n’avait pas eu la chance de connaître avec sa propre mère. Il y avait toujours eu un fossé entre elle et son départ en Afrique avait fini de le creuse pour en faire un gouffre. Em’ ne pensait pas qu’une quelconque amélioration était possible, elle en voulait à ses parents de pas avoir su l’aimer pour ce qu’elle était. Elle n’avait jamais été une mauvaise fille, seulement elle n’était pas à l’image de la fameuse famille parfaite qu’ils voulaient incarnés. Elle s’était résignée et finalement le fait de ne pas les voir était moins douloureux que de les voir et de subir leur regard désapprobateur. Comme ci tout ce qu’elle faisait ne serait jamais assez bien pour mériter leur amour. Elle s’était faire une raison, ça avait été difficile et elle en avait vraiment beaucoup souffert. Sa rencontre avec Jake l’avait beaucoup aidé, il l’avait beaucoup aidé… Il lui manquait tellement, et encore plus depuis cette lettre du corbeau qu’elle avait reçu. Ses démons venaient la hanté encore plus, elle n’arrivait presque plus à dormir. Les cauchemars étaient plus intenses, elle avait l’impression d’y être de nouveau. C’était tellement réel… Malgré les menaces du corbeau elle n’avait pas l’intention de parler de ce qu’elle cachait à qui que se soit. Elle avait enfoui ça au plus profond elle et n’avait pas l’intention de le faire ressortir. Se serait trop douloureux pour elle… Mais le fait est qu’aujourd’hui la lettre du corbeau était venu amplifier ses cauchemars, elle avait les traits du visage fatigué… En même temps quand elle arrivait à dormir 2h de suite c’était un miracle…

Quand elle ne dormait pas, Emma bossait sur la fondation qu’elle avait créée. Elle cherchait des donateurs pour pouvoir avoir assez d’argent pour faire venir les premiers enfants se faire opérer ici. C’était un projet qui lui tenait vraiment à cœur, elle avait l’impression d’être de nouveau utile. Et c’était une façon de faire perdurer le nom de son fils. Elle avait appelé sa fondation, la Fondation Noé… C’était le prénom qu’elle avait donné à son fils mort né, c’était aussi le troisième prénom de Mason… Elle avait été tellement touchée par le geste de sa petite sœur. C’est donc ce qu’elle était en train de faire quand la sonnette de la maison retenti. Elle n’attendait pas de visite, mais peu être que Noah venait lui rendre une petite visite à l’improviste. Ca ne pouvait pas être Jo’ qui avait encore oublié ses clés puisque celle-ci était à la maternité, elle avait enfin accouché de son petit garçon. Emma laissa en plan ce qu’elle était en train de faire, les papiers de sa fondation traînaient sur la table de la salle à manger depuis des semaines. Elle bossait dessus comme une malade, elle avait tellement envie de faire venir les premiers enfants. Il y en avait 5 de prêt, pour qui l’opération était vitale et qui était assez stable pour faire le voyage en avion. Lilou brisa le silence : « C’est qui maman ? » Elle sourit tendrement à sa fille et lui répondit : « Je sais pas ma puce peu être Oncle Noah. » Elle alla donc jusqu’à la porte d’entrée. Elle ouvrit finalement la porte et derrière ce n’était pas Noah c’était sa mère. Elle se demandait ce que celle-ci faisait là, vu leur dernier échange elle n’avait pas imaginé revoir sa mère de si tôt. Sa mère lui dit : « Emma… Tu vas bien ? Je suis venue toute seule… » C’était déjà une bonne chose, Emma n’avait pas spécialement envie d’avoir encore une fois ses deux parents chez elle. Quand on voit comment les choses se sont terminées la dernière fois. Sa mère ajouta : « Je peux entrer ? Je n'en ai pas pour longtemps. Je voudrais juste qu'on discute un peu sans s'énerver, comme des grandes personnes que nous sommes » Emma réfléchie quelques secondes puis se poussa pour laisser entrer sa mère. Elle lui répondit finalement : « Bonjour… oui entre… » Emma ne savait pas vraiment comment les choses allaient se passer. Mais mettre sa mère dehors elle en était clairement incapable. Sa mère repris alors la parole : « Je suis désolée pour la dernière fois. J'aurais pas dû te parler comme je l'ai fait. J'ai laissé la rancœur parler et c'était complètement puéril. J'aurais dû au moins sourire parce que ça faisait quelques temps qu'on ne s'était pas vue, j'aurais dû mettre tout ça de côté, parce que toutes ces histoires sont moins importantes que le fait que tu sois revenue, que tu n'aies rien et que physiquement, tu ailles bien. » Emme ne savait pas trop quoi dire, elle ne s’attendait pas vraiment à ça. Elle n’avait pas imaginé qu’un jour sa mère puisse venir jusque ici pour lui présenter des excuses. Au vu de ce qu’elle lui avait la dernière fois, Emma s’imaginait que sa mère pensait tout ce qu’elle avait dit. Sa mère ajouta finalement : « T'es d'accord qu'on discute un peu, tranquillement et calmement ? » Emma était comme qui dirait sur le cul et elle ne savait pas trop quoi dire. Oui ou non ? Si c’était pour que la discussion tourne comme la dernière fois elle n’en avait pas envie… Lilou arriva en trottinant dans l’entrée en disant : « Alors maman c’est qui ?! » Une fois arrivée prêt de sa mère, elle posa les yeux sur sa grand-mère. Emma adressa un sourire à sa fille et la prit dans ses bras. C’était une façon de se donner de la force, elle était toujours plus forte avec Lilou prêt d’elle. Elle répondit alors à la petite fille : [color=#cc0000« C’est ta grand-mère… » [/color]Emma n’avait pas envie de mêler sa fille à ses histoires avec ses parents, et elle devait bien reconnaître qu’ils étaient des grands parents formidables pour Faith et Mason. Même si elle avait peur que d’une certaine façon ils ne soient jamais comme ça avec Lilou et qu’elle en souffre. « Je sais Faith m’a montré des photos… Bonjour Grand-mère. » Répondit la petite fille avec un sourire sur les lèvres. Emma sourit, les deux petites filles étaient très complices. Emma reposa la petite fille et lui dit : « Va jouer dans ta chambre s’il te plait ma puce, je dois parler avec ta grand-mère. » La petite fille hocha la tête et fit un signe de la main à sa grand-mère avec un grand sourire. Puis elle monta les escaliers pour rejoindre sa chambre. Emma fit signe à sa mère de la suivre dans le salon/salle à manger. Dans le salon il y avait des photos de son mariage au mali avec Jake, il y avait plusieurs photos de Jake, de Lilou bébé… De ses sœurs avec leurs enfants respectifs. Emma portait même encore son alliance… Elle se retourna vers sa mère et brisa le silence : « Je veux bien discuter avec toi mais je veux pas me disputer… Je ne suis pas d’humeur… » Elle n’avait pas envie de se battre avec sa mère, mais elle restait méfiante même si les intentions de sa mère semblait bonnes. C’était une façon de se protéger, de ne pas être déçu encore une fois après le départ de sa mère. Comme la dernière fois où celle-ci ne lui avait fait que des reproches. Comme ci Emma était la fautive. Mais sa mère l’avait dit elle-même, elle avait été une bonne mère pour Marissa et Leah, mais pas pour Emma et dire le contraire c’était de la mauvaise fois…

Emma n’avait pas la force aujourd’hui de se disputer avec sa mère. Elle n’en avait pas envie qui plus est. Leur dernière entrevue lui avait laissé un goût amer et elle n’avait aucune envie que les choses tournent de cette façon là. D’autant plus qu’elle avait d’autres préoccupations ces derniers temps. Depuis qu’elle avait reçu la première lettre de ce foutu corbeau elle ne dormait quasiment plus. Les cauchemars qui avaient presque cessé était revenu la hanté et venait la hanter à chaque fois qu’elle fermait un œil. Les seules moments où elle n’avait pas cauchemardé c’est les quelques nuits qu’elle avait passé avec Alek. Il avait ce pouvoir de la rassurer par sa simple présence, elle se sentait en sécurité quand elle était dans ses bras. Ils ne vivaient pas ensemble et n’en avait pour le moment absolument pas parlé. Ils avaient chacun leur petit chez soit mais ils se débrouillaient pour réussir à passer quelques nuits ensembles. Mais depuis quelques jours Alek était en mission et elle ne l’avait donc pas vu depuis quelques jours et il lui manquait beaucoup. Emma n’avait bien sur parlé des lettres à personne, elle n’avait aucune envie qu’on lui pose des questions sur ce qu’elle pouvait cacher. Elle n’avait aucune envie de remuer le passé et ce qu’elle avait vécu en Afrique. Emma ne s’attendait pas du tout à une visite de sa mère et quand elle l’avait découvert derrière la porte elle avait été plutôt surprise. Vu leur dernière conversation, Emma ne s’était pas imaginer la voir venir chez elle. Mais Em’ n’était pas du genre à la mettre dehors, pas avant d’avoir écouté ce qu’elle avait à lui dire. Et si pour une fois elles pouvaient avoir une conversation sans se balancer des horreurs à la figure, Emma n’était pas contre loin de là. C’était sa mère et même si elle avait fait le choix il y a quelques années qu’il était moins douloureux pour elle de ne plus la voir… Dans le fond ce n’est pas réellement ce qu’elle voulait, seulement ne pas voir sa mère c’était moins douloureux que de ressentir qu’on ne sera jamais assez bien à ses yeux pour qu’elle vous aime. Emma avait prévenu sa mère elle était d’accord pour discuter mais pas se disputer. Em’ n’avait pas vraiment la force de supporter d’autre reproche de sa mère, pas en ce moment en tout les cas. La jeune maman avait demandé à sa fille de monter jouer dans sa chambre, si elle devait se disputer avec sa mère il n’était pas question de le faire devant sa petite fille. Em’ laissa un sourire lui échapper alors que sa mère proposait à Lilou de venir passer du temps chez eux. Em’ n’était pas du genre à refuser, si Lilou voulait connaître ses grands parents elle ne l’en empêcherait pas. Ses parents semblaient être de très bon grand parent et Emma serait égoïste de priver sa fille de ça. Emma ne releva pas pour le moment, quand Lilou lui demanderait d’y aller elle lui dirait simplement oui.

Emma avait marché jusque dans le salon avec sa mère derrière elle. Il y avait un certain désordre, enfin il y avait quelques jouets de Lilou mais surtout la table du salon était entièrement recouverte des documents qui concernant la fondation qu’Emma était en train de créer. Il y avait les dossiers des 5 enfants qu’elle souhaitait faire venir en premier pour se faire opérer à Huntington Beach. Bref Emma posa son regard sur sa mère, celle-ci prenait la parole. Emma écouta sa mère attentivement et honnêtement elle ne s’attendait pas à un tel revirement de situation. Sa mère s’excusait et Emma ne s’attendait absolument pas à ça. Elle avait longtemps espéré que sa mère lui dise tout ça un jour. Elle ne se souvenait pas la dernière fois où elle avait entendu sa mère lui dire qu’elle l’aimait. Em’ sentit les larmes lui monter aux yeux, larmes qu’elle refoula. Il n’était pas question qu’elle se mette à pleurer maintenant. Honnêtement elle avait longtemps rêvé que sa mère lui dise tout ça et finalement elle ne savait pas quoi lui répondre. En effet sa mère ne savait pas grand-chose de sa vie, ni de ce qu’elle avait vécu en Afrique. Elle y avait vécu à la fois les plus belles et les pires années de sa vie. Elle y avait tout eu et à la fois absolument tout perdu. Elle avait perdu Noé son fils, elle avait perdu Jake… Et elle avait appris qu’elle ne pourrait plus jamais avoir d’enfant naturellement…Em’ n’avait plus envie de remuer le passer et encore moins depuis qu’elle recevait des lettres de ce corbeau. Elle regarda sa mère dans les yeux et lui répondit : « Maman… Ne dit pas ça… » Ca faisait une éternité qu’elle n’avait pas dit ce mot. Enfin quand elle parlait à sa mère. Elle n’avait jamais été jusqu’à dire que sa mère était une mère indigne. Seulement Emma et sa mère ne s’étaient jamais comprise c’est tout. Et la seule chose qu’Emma voulait retenir de tout ce que sa mère lui avait dit, c’était qu’elle voulait faire des efforts pour arranger les choses. Et dans le fond Emma ne voulait pas laisser passer ça. Sa mère faisait un pas en avant vers elle et Em’ ne voulait pas la repousser. Dans le fond, elle n’était pas différente de ses sœurs et elle aussi avait besoin de sa mère… Mais il faudrait que sa mère se contente du silence d’Emma, parce qu’Emma restait Emma et qu’elle avait appris avec le temps à dissimuler ce qu’elle ressentait quand il s’agissait de ses parents. C’était déjà une grande chose qu’Emma ne renvoie pas sa mère de chez elle. Ou la contredise… Sa mère lui demanda alors : « C’est un nouveau projet que tu entreprends ? » Pour la première fois elle sentait vraiment de la curiosité dans le ton de sa mère et pas la condescendance à laquelle elle avait eu le droit pour bon nombre de ses idées avant. Emma voulait laisser une chance à sa mère, parce que c’était sa mère et que dans le fond elle l’aimait tout simplement. Em’ posa les yeux sur la table de son salon quelques secondes puis reposa son regard sur sa mère : « Oui je voudrais faire venir des enfants du Mali subir des interventions chirurgicales dont ils ne peuvent pas bénéficier là bas, qui leur offrirait la chance d’avoir une vie normal. Il y a déjà 5 enfants près à venir, je cherche des fonds pour couvrir leur séjour ici et des familles pour les accueillir. J’espère avoir tout réglé d’ici la fin du mois… Les enfants pourraient arriver comme ça en milieu de mois prochain. » Emma parlait de son projet de façon passionner, elle l’était réellement par ce projet. Il lui tenait vraiment à cœur parce que ça lui permettait de rendre hommage à son fils qu’elle avait perdu là bas. Et elle restait attaché au Mali parce que Lilou venait de là bas, et que l’humanitaire restait quelques choses qui lui tenait réellement à cœur. C’était sa façon à elle de se sentir vraiment vivante. Emma était comme ça, elle était d’une grande bonté et n’était heureuse que quand elle aidait les gens. Elle était touchée par le fait que sa mère s’intéresse à son projet…