Henri S. Hudson était un visage assez connu au commissariat. Il y passait souvent du temps pour des histoires au fond très banales, comme des bagarres à la sortie des bars par exemple. Ce soir-là, il était juste passé récupérer ses affaires, car il avait oublié de le faire deux jours plus tôt, lors de son dernier passage par ici.

Andrew J. Cohen était au poste de police car il avait des heures de boulot à finir. Il faut dire que quand on commence à peine sa carrière dans un endroit pareil, il faut se donner à fond question de faire bonne impression, même si ça veut dire bosser des heures de fous !

Laïla-Hailey Raichand se trouvait au commissariat pour déposer une plainte. A sa sortie de chez elle, quelqu’un lui a volé son téléphone, et elle savait que dans des situations pareilles, sa meilleure chance de retrouver était de se rendre au poste de police illico presto.

Les raisons qui a poussé chacun des trois à se retrouver sur le toit du commissariat étaient encore plus différentes : Andrew avait besoin de prendre sa pause, et ce toit était bien tranquille et il pouvait apercevoir une bonne partie de la ville de là. Henri avait besoin de prendre l’air. Et Laïla… et bien, elle était juste curieuse et s’est faufilée en douce derrière Andrew pour voir où il pouvait aller.

Malheureusement, ce toit avait plus que du simple air frais à offrir ! Il y avait aussi un vent qui claqua la porte en fer du toit, laissant les trois ainsi bloqué à cet endroit…

« Merde, Merde, Merde. » Henri jeta son carton vide et vérifia sous sa pile de livre, mais il savait. Il savait qu'il avait oublié son carnet à la station de police. Il n'y avait vraiment que lui pour faire une bêtise pareille. Essayant de se relever, Henri fit tomber quelques affaires avant de sortir de son salon et d'aller chercher sa veste dans sa chambre. Son appartement ressemblait à une véritable caverne. Il n'avait décidément jamais le temps de ranger, jamais. Lunette de vue sur le nez, il attrapa son téléphone et son paquet de cigarette sans oublier son sac. Il avait des copies à corriger et il était hors de question de perdre son temps durant ce petit aller-retour. Autant en profiter et aller s'installer dans un café pour finir tout ça.

Sur les lieux, on lui adressa de brève sourire. On le reconnaissait à force. Ce n'était vraiment pas une bonne chose pour sa réputation de prof, mais il avait fait bien pire encore. Il se dirigea vers l'un des rares policiers présent pour lui demander ses affaires. L'individu en question ricana. Visiblement, c'était assez drôle pour lui. Plus que son carnet, Henri avait oublié son portefeuille et ses clefs. Sauf qu'il ne s'en était pas rendu compte, ayant l'habitude de laisser trainer des billets un peu partout et qu'une plusieurs doubles de ces clefs traînaient... partout. Il était du genre à oublier, bêtement et à tout laisser trainer. Une fois qu'on lui refila le sac en plastique avec ses affaires, Henri décida à sortir une cigarette, prêt à quitter les lieux. Cependant, il aperçut Laila un peu plus loin et il décida de l'éviter en passant par un autre chemin. Un peu piégé, Henri prit la sortie vers le toit. Quitte à fumer une cigarette, autant le faire tranquillement dans un coin, non ? Une fois dehors, il se dirigea non-loin du bord. Un léger coup d'oeil le fit sourire alors qu'il alluma sa clope. Il recula ensuite pour s'asseoir sur un rebord, posant son sac à terre.

Décidément, il était capable de faire n'importe quoi pour éviter Laila. Pourtant, il savait que c'était stupide. Mais quand il était à côté d'elle, tout était toujours... compliqué. Soudain, un bruit se fit entendre. Quelqu'un venait de sortir vers le toit.

« On vous tiendra au courant, mademoiselle Raichand. » elle les remercia en souriant et quitta l’endroit. Elle avait eu une peur bleue lorsqu’on l’avait agressé pour lui prendre son portable. Elle aurait aimé être de ceux qui tenaient tête, de ceux qui ne se laissent pas faire facilement et qui auraient ripostés face au voleur. Seulement elle ne faisait pas le poids contre un homme armé d’un couteau… oui et elle pensait que ce genre de choses n’arrivaient qu’aux autres, les autres c’était elle aujourd’hui. Et ça allait passer, tout allait se remettre en ordre après quelques jours. Elle reconnaîtrait l’homme qui l’avait agressé parmi une dizaine d’autres homme, c’était pas le problème. Elle soupire et s’apprête à quitter le poste de police quand son regard croise Andrew, il ne l’avait pas vu mais elle l’avait bien vu. Il montait des escaliers et elle voulait lui parler, savoir comment est-ce qu’il allait. Et par curiosité voir où est-ce qu’il allait finalement. C’était un peu, l’éternelle curieuse de Huntington Beach vouloir tout savoir même si ça ne la regardait pas, puis, elle le faisait involontairement certaines fois. Sa maladresse prenait souvent le dessus … mais elle ne le faisait jamais avec de mauvaises intentions. C’était tout bête mais c’était le but de la curiosité. Elle passe finalement la porte mais quand elle jette un coup d’œil sur l’endroit elle remarque que non seulement ils étaient sur le toit, mais il y avait une troisième personne, Henri. Seigneur hors de question de se retrouver dans cette situation là. Pas aujourd’hui. Elle recule et le vent fait claquer la porte qui percute son épaule et se referme. Elle lâche un léger gémissement de douleur et se frotte l’épaule. « Merde. » siffle-t-elle en essayant d’ouvrir la porte derrière elle … en vain. Elle se rendait alors compte, peu à peu de la situation. Ils étaient bloqués, tous les trois. Andrew, Henri et elle… bloqués pour on ne sait combien de temps.  Elle gardait espoir tout allait bien se terminé, promis.

Andrew bossait ce soir-là, il n’aimait pas spécialement la Saint Valentin de toute façon. Vu ce que sa dernière relation amoureuse avait donné autant dire que toutes ces niaiseries c’était pas fait pour lui. Il avait accepté de prendre le service d’un de ses collègues qui voulaient faire une surprise à sa femme. Enfin Andrew n’avait pas franchement écouté son récit il s’était contenté d’accepter de le remplacer. Il était dans le petit bureau qu’on lui avait attribué, bureau qu’il partageait avec d’autre jeune policier comme lui. Andrew s’occupait de faire les rapports que Ben et lui avaient en retard. Mais il était temps pour lui de prendre une pause, il venait d’enchainer 5 rapports et il saturait un peu. Il n’avait jamais franchement aimé s’occuper de la paperasse. Andrew enfila sa veste, pas qu’il fasse froid en ce moment mais là où il se rendait il y avait toujours un peu de vent et avec son cœur il ne pouvait pas se permettre de choper une maladie. Andrew avait son baladeur dans la poche de sa veste et son téléphone. Il grimpa les escaliers qui le menaient directement sur le toit. A sa grande surprise il n’était pas seul, ça n’était pas un de ses collègues et l’accès au toit était normalement interdit au civile. Il dit : « Bonjour, L’accès au toit est interdit… Rassurez-moi vous n’êtes pas venu là pour sauter ? » Ba quoi on sait jamais, Andrew n’avait pas du tout envie d’avoir à faire à ce genre de situation. Quelqu’un entra alors de nouveau sur le toit et Andrew reconnu cette personne sans mal c’était Laïla. Il lui adressa machinalement un sourire alors que la porte se refermait violement en percutant l’épaule de la jeune femme. Il se précipita près d’elle et demanda : « Est-ce que ça va ? Tu as mal ? » Andrew était toujours prévenant avec la jeune femme. Pas seulement parce qu’il couchait avec, mais simplement parce qu’elle était son ami. Il ne s'occupait plus du mec qui était là, ni de la porte qui s'était refermé et qui les avait tous enfermés sur le toit.

C'était un policier. Henri tira sur sa cigarette avant de froncer les sourcils et de regarder l'homme en question, un peu curieux. Il faut dire qu'il connaissait la plupart des policiers de la ville, mais pas lui. Il y avait une première à tout de toute façon. L'homme s'adresse directement à lui, rappelant que l'endroit était interdit aux publics. La suite fit rire Henri. Et entendre Henri rire, c'était presque un miracle.

« - J'ai déjà fait dans le suicide et ce n'était pas une bonne idée. » Il marqua une pause pour reprendre. « - Non, je ne suis pas là pour sauter. Juste pour éviter quelqu... » trop tard. Laila était là. Et maladroite comme toute, elle se prit la porte qui se referma à cause du vent un peu glacial de la ville. Ce n'était pas habituel, mais une fois la nuit tombée, il pouvait faire assez froid dehors. Déviant son regard, Henri fixa la vue qu'il avait sur la ville. Il essayait justement de l'éviter et voilà qu'elle était juste là. Le policier se dirigea immédiatement vers elle, inquiet pour son état. Henri essaya de ne pas bouger.

« - Laila, un jour je t'apprendrais à ne plus être aussi maladroite. » C'était plus fort que lui. Elle ne pouvait pas passer inaperçu pour Henri. Son âme était constamment tourmentée par son image. Par sa voix. Par sa façon d'être, tout simplement. Posant son regard sur la porte, Henri souffla. « - On est enfermé, c'est ça ? » Il ria de nouveau. Il y avait visiblement un peu plus dans sa cigarette... « - ça me rappelle des souvenirs... » Cette nuit où il avait surpris Laila sur le toit de leur résidence, ivre. Cette nuit où il s'était rapproché d'elle, encore une fois.

« Oui … ça va. » dit-elle en lui souriant. C’était étrange, un peu quand même, de voir quelqu’un inquiet pour elle. C’était un sentiment qu’elle n’avait pas ressentit depuis très longtemps. Et finalement ça lui plaisait bien, que quelqu’un l’aime assez pour s’inquiéter pour elle. « Non ça fait pas mal du tout même. La douleur s’est dissipée. » ment-elle en reculant légèrement pour installer une certaine distance entre eux. Elle n’avait pas envie de se retrouver dans une situation gênante avec Henri dans les parages. Ils ignoraient tous les deux l’existence de l’autre, le seul lien c’était elle, et, combien est-ce qu’elle détestait cette situation. Elle soupira en lâchant son épaule pour faire croire que son épaule allait très bien et que la douleur s’était vraiment dissipée. « Je crois que la porte est bloquée … » ajouta Laïla en pointant la porte derrière elle. Le problème pour le moment c’était cette foutue porte qu’il fallait réparer … ouvrir, bref s’occuper de ça en priorité. Elle ne se voyait pas passer des heures avec ces deux là. « Tu as quelqu’un à contacter en bas ? J’ai pas mon portable sur moi. » lui demande Laïla aussi gentiment qu’il avait prit des nouvelles d’elle. Son regard glisse délicatement sur son corps et elle sourit, elle était sur son lieu de travail et ça la faisait sourire, elle le trouvait bien dans sa tenue de travail. Elle se racle finalement la gorge et retourne son attention vers la porte qu’elle essaye à nouveau d’ouvrir. Elle entend alors Henri lui parler … Il était vraiment obligé de faire de l’humour tout de suite ? Parce qu’elle était franchement pas du même avis que lui … comme d’habitude fallait l’avouer. « Laila, un jour je t'apprendrais à ne plus être aussi maladroite. » souffle t’elle dans sa barbe contre la porte en le recopiant. Elle n’était pas d’humeur à lui parler. Parce qu’elle savait que si elle croisait son regard elle le laisserait à nouveau s’approcher d’elle sans même s’en rendre compte. Bravo monsieur était très fort, oui la porte était bloquée, oui ils sont enfermés sur le toit. Elle s’étouffa lorsqu’Henri fit référence à la nuit où ils s’étaient croisés sur le toit. Elle voulait pas passer pour le vilain petit canard, la fille qui se tape deux mecs … même si au fond elle avait pas à s’en faire, elle avait de compte à rendre à personne. Mais, Andrew comme Henri ont un passé difficile et elle ne voulait pas s’ajouter à leurs problèmes respectifs. « Ouais de mauvais souvenirs alors. » finit-elle par lui lancer sans qu’elle ne puisse se retenir.

Andrew pensait être tranquille sur le toit du commissariat mais il s’était clairement trompé. C’était un vrai défilé aujourd’hui. Il y avait ce mec déjà à qui il avait demandé s’il était là pour sauter. Andrew n’avait pas envie de faire un rapport de plus sur le suicide d’un gars au poste de police, et merci pour la pub que ça ferait à la police. Ils n’avaient pas besoin de ça. « - J'ai déjà fait dans le suicide et ce n'était pas une bonne idée. » lui dit le gars. Andrew afficha un sourire plutôt rassuré et répondit simplement : « Certes » En effet c’était pas une bonne idée le suicide, c’était même une putain de connerie et il parlait en connaissance de cause. Le gars repris : « - Non, je ne suis pas là pour sauter. Juste pour éviter quelqu... » Pour tout avouer Andrew l’écoutait déjà plus, il n’était pas le genre de personne à écouter un inconnu lui raconter sa vie. Il ne voulait pas sauter c’était le principale. Et puis Laïla était là et Andrew avait reporté toute son attention sur elle. « Oui … ça va… Non ça fait pas mal du tout même. La douleur s’est dissipée. » Répondit-elle alors qu’il lui demandait si la porte ne l’avait pas blessé en se refermant. « Tu es sur ? » demanda-t-il toujours un peu inquiet la porte avait quand même sacrément cogné. Andrew était comme ça c’était plus fort que lui quand il appréciait une personne il s’inquiétait pour elle. « Je crois que la porte est bloquée … » dit-elle finalement. Ca arrivait parfois. La jeune femme lui demanda alors : « Tu as quelqu’un à contacter en bas ? J’ai pas mon portable sur moi. » Andrew hocha la tête en souriant et sorti son téléphone. Ba l’option téléphone n’allait pas être possible, ici il ne captait pas. Il n’avait jamais fait attention à ce détail avant. « J’aurais bien eu quelqu’un à prévenir mais je capte pas. Je crois qu’on va être coincé là un petit moment… » Autant être honnête il y avait peu de monde qui montait enfin en temps normal. « Laila, un jour je t'apprendrais à ne plus être aussi maladroite. » avait dit le gars. De toute évidence les deux se connaissaient. Laïla avait répété sa phrase visiblement agacé par le jeune homme. Il ajouta alors visiblement amusé par la situation : « - ça me rappelle des souvenirs... » Andrew posa son regard sur la jeune femme pour voir sa réaction. Et elle ne se fit pas attendre longtemps elle lui répondit : « Ouais de mauvais souvenirs alors. » Il s’était visiblement passé quelques choses entre eux il ne fallait être sortit de saint Cyr pour le comprendre. Tout ce qui importait à Andrew c’était que ce gars n’importune pas Laïla. Il demanda : « Vous vous connaissez ? Il y a un problème ? » Sous-entendu ‘il te fait chier ?’ .Il avait toujours la même voix prévenante quand il parlait à la jeune femme. Andy se tourna vers le gars et lui dit en lui tendant la main : « Je m’appelle Andrew. »

A chaque fois qu'il voulait éviter quelqu'un, il se retrouvait en face de la personne en question. Quelque part il n'avait pas vraiment de chance et c'était un peu ce qui était en train de se produire. Les choses n'étaient jamais simple avec Laila, mais Henri voulait surtout éviter d'éveiller des choses en lui. Il savait qu'avec elle, il n'était jamais le même. La jeune fille avait un drôle d'effet sur lui et il ne supportait pas ça. Il ne supportait ce que ça signifiait. Il était en colère, mais pas contre Laila, contre lui-même. Le problème, c'est qu'il allait s'en prendre à elle et il le savait. Où alors il allait se défouler sur ce policier et il savait que c'était bien son genre aujourd'hui. Il était le roi pour s'attirer des ennuis. D'ailleurs, il ne sait pas si Andrew est aussi amical et inquiet par politesse et par habitude où s'il connait Laila personnellement. Se concentrant sur sa cigarette, il senti l'amertume monter en lui. Crétin.

Il préférait rester à l'écart. Il préférait rester là, à fixer la ville de sa hauteur plutôt que de rejoindre le policier et Laila. La porte finirait par s'ouvrir de toute façon, ce n'était qu'une question de temps. Et cela lui rappela les copies qu'il devait corrigés, ce qui le fit soupirer. Un étrange sourire illumina son visage quand Laila lui répondit que c'était des mauvais souvenirs. Il valait mieux le voir comme ça. Pour lui, comme pour elle.

« - Je suis son voisin. Je moque simplement un peu d'elle. Ce n'est pas la première fois qu'elle passe sa nuit sur un toit. » Henri posa un regard assez dur sur Andrew. Il n'aimait pas la façon dont il lui parlait. Comme si Henri allait faire du mal à Laila. Quelle question stupide. Pourtant, il savait qu'il lui en faisait, d'une façon ou d'une autre. Mais c'était pour son bien. Il balança alors son mégot dans le vide avant de se lever pour faire face à Andrew et lui serrer la main. « - Henri. »

Il évitait Laila du regard, parce qu'il avait peur de ce qu'il y trouverait. Ou plutôt de son propre reflet. Il retira ses lunettes de vues avant de se regarder de nouveau la vue qu'il y avait de la ville. Il sentait que la nuit allait être longue, très longue. « - Comment vous connaissez Laila, vous ? » Son âme risquait d'en prendre un coup, il le sentait.

Sa curiosité venait de la mener tout droit dans un piège. Un piège pervers et malsain. Quelque chose qui risquait de provoquer quelques étincelles. Elle hoche la tête lorsqu’Andrew lui demande si elle n’avait vraiment pas mal. Elle savait que lui mentir n’était pas la meilleure option avec lui, surtout pas avec lui. Elle savait qu’il détestait ça. « Oui Andrew, t’inquiètes pas. » lui dit-elle en souriant. Il n’avait pas de soucis à se faire. La douleur c’était un peu son train-train, les coups qu’elle s’était prit en Inde avaient été beaucoup plus douloureux que cette porte en fer qui avait la bonne idée de lui déboiter l’épaule. Ce n’était pas un bleu qui allait la mettre à terre. Elle essaie de détourner le sujet en lui demandant si quelqu’un pouvait les aider en ouvrant la porte, seulement son téléphone on le lui avait volé et Andrew ne captait pas. Définitivement une poisse en cette journée de Saint Valentin. Alors que certains allaient profiter de cette journée en amoureux … elle serait coincée avec les deux hommes qu’elle appréciait à sa manière. Elle soupire en les écoutant échanger. Ex-voisin … ils n’habitaient plus dans le même bâtiment. « On était voisins … » rectifie Laïla en essayant de croiser le regard d’Henri, en vain. Il l’évitait elle le voyait, elle le connaissait assez pour comprendre à quoi il jouait. Ils repartaient à la case départ. Ils s’étaient détestés puis rapprochés pour reculer à nouveau de plusieurs pas. Elle commençait à éprouver de la frustration et de la haine tout de suite. Il la poussait à bout en jouant à un jeu pareil. Mais s’il voulait jouer, elle allait jouer … pire encore, l’ignorer comme jamais. Leurs voix sont rauques, trahissant surement une consommation de nicotine régulière pour l’un … ou pour l’autre. Elle brise le silence de sa voix cristalline beaucoup plus aigue que la leur et son ventre se noue.  « On est amis » Elle les quitte et se retrouve devant le rebord. Finalement l’espoir que sa journée finisse bien s’évapore petit à petit avec le vent qui souffle contre ses joues. Elle avait eu cette envie de lui mentir, de le blesser, de lui dire que quelque part, quelqu’un faisait attention à elle, prenait soin d’elle, mais, blesser Andrew pour rendre Henri jaloux c’était injuste, mauvais, et vicieux. C’était tout ce qu’elle n’était pas. Elle n’avait ni le besoin ni l’envie de blesser un des deux tout de suite. Elle se sentait juste un peu triste. S’ils voulaient faire connaissance, qu’ils le fassent, mais, entre eux. Elle avait aucunement envie de faire partit de leur petite discutions. Elle inspire fort et expire quelques secondes plus tard.

« Oui Andrew, t’inquiètes pas. » Dit-elle un sourire sur les lèvres. Sourire auquel il répond, du moment qu’elle lui assurait qu’elle n’avait pas mal il la croyait. Il s’était tourné vers le jeune homme qui était là. Et qui semblait mettre mal à l’aise la jeune femme, il avait semble-t-il un humour qui ne faisait rire que lui. Andrew avait demandé à Laïla s’il y avait un problème, il sentait bien le malaise entre eux. « - Je suis son voisin. Je moque simplement un peu d'elle. Ce n'est pas la première fois qu'elle passe sa nuit sur un toit. » Répondit Henri. Laïla rectifia alors immédiatement : « On était voisins … » Andrew fronça légèrement les sourcils tout en posant son regard sur Henri. Et il répliqua : « CA semble faire rire que toi. » C’était la vérité la jeune femme n’avait pas l’air de prendre la moquerie d’Henri de la meilleure façon qui soit. Elle n’avait pas rigolé en entendant les remarques d’Henri bien loin de là d’ailleurs. Et Andrew n’avait pas pu s’empêcher de le faire remarquer. Sa façon de prendre en quelques sortes la défense de Laïla et de la protéger. « - Henri. » répondit-il tout en lui serrant la main après qu’Andy se soit présenté.
« - Comment vous connaissez Laila, vous ? » demanda finalement Henri. Est-ce que ça avait un intérêt particulier ? Il l’a connaissait c’est tout le pourquoi du comment n’était pas vraiment important. Et puis Andy n’était pas du genre à raconter sa vie. Laïla le devança « On est amis » dit-elle avant de s’éloigner d’eux. Il fallait être bête pour ne pas voir que la jeune femme était mal à l’aise. Il y avait un truc qui clochait. Andrew répondit à son tour : « Voilà on est ami. » Il n’avait pas l’intention d’en dire plus. Après tout ce n’est pas comme si ça intéressait vraiment cet Henri. Andrew planta à son tour Henri pour rejoindre Laïla c’était d’elle dont il se préoccupait. Il se plaça à côté de Laïla et lui donna un petit coup d’épaule amical tout en lui adressant un sourire. « Tu me suivais ? » Il avait un sourire taquin sur les lèvres, il voulait juste faire sourire la jeune femme.

Il n'était pas du genre à avoir beaucoup de chance et ça il le savait. Il savait aussi que ce qu'il avait avec Laila, si on pouvait parler de lien, était terriblement compliqué. Quelque part, il avait la sensation qu'elle modifiait trop de choses en lui, sans savoir ce que c'était exactement. Alors il préférait jouer la carte de l'ignorance. La carte du type qui n'en a rien à faire. Et qui dans sa vie, à mieux à penser. Maintenant, il était coincé sur le toit avec elle et un autre type, un policier. Et peu importe comment les choses allaient évoluer, il savait que rien au monde n'allait changer son mauvais Karma. Depuis New York, le monde avait sombré dans une routine proche de l'enfer et Henri vivait entre deux mondes.

Le policier s'appelait donc Andrew. Henri retenait le prénom comme si c'était une chose importante à faire. Henri remarqua d'ailleurs ce petit sourire qu'elle offrait au policier et sans savoir pourquoi, une part de lui était jaloux. Ils étaient voisins... Il ne rajouta rien de plus, comme si ça n'avait pas d'importance et qu'au fond, ça ne changait rien. Il posa son regard noir sur Andrew qui lui renvoya une réplique de parfait super-héros. Cela ne faisait rien que lui. Pour le coup, il offrit un sourire, un sourire prétentieux qui en disait long sur les tendances violentes d'Henri. Un sourire qui voulait se traduire par : « Va te faire foutre. »

Sa tête alla de haut en bas alors qu'il répétait qu'il était l'ami de Laila. Henri fixait la ville, sans rajouter quoi que ce soit. Il observe un moment Andrew rejoindre Laila et il sent un étrange colère monter en lui. Il serre les poings, se contentant de fouiner dans son sac une nouvelle cigarette. Il retourna s'asseoir en hauteur, là où il s'était trouvé plus tôt. Il avait envie de gâcher le moment qu'il y avait entre Andrew et Laila, mais il n'osait pas. Il n'avait pas la force de faire plus de mal à Laila qu'il en faisait déjà rien qu'en l'ignorant comme il le faisait... Il reposa alors ses lunettes sur son nez, fouinant dans son sac son porte-vue avec les copies qu'il devait corriger. Encore une fois, il n'aimait pas perdre son temps.

Andrew était charmant, gentil et attentionné. Elle n'arrivait toujours pas  comprendre pourquoi il était toujours aussi tendre avec elle. C'était ... l'homme parfait. Celui qui prendra des nouvelles, vous offrira des fleurs pour votre anniversaire et plus encore. Le cœur sur la main. Le contraire de son ex et est loin d'être comme Henri. Elle appréciait Andrew mais Henri, elle état en colère contre lui, c'était pire encore, elle éprouvait de la haine envers lui, envers elle et, envers son cœur qui n'arrivait pas à prendre une décision. Ami ou rien du tout. La deuxième solution lui paraissait plus qu'appropriée, ce serait la facilité, la route sans embûches. Plus de remises en questions, plus rien. Une Laïla sereine. Ils avaient tous les deux leur part de souffrance, un dur passé et ça, elle le comprenait très bien, elle était même triste d'apprendre que ce passé, cette souffrance avaient toujours un impact sur leurs vies présentes. Mais elle s'était ouverte à Henri, elle lui avait fait part de l'intérêt qu'elle lui portait. Le fameux moment au Diamond's qu'elle n'oublierait jamais. Et là ? Il agissait comme le premier des abrutis à l'ignorer, à se moquer d'elle, tout ce qu'il faisait c'était la repousser toujours plus et toujours plus loin. Il se retranchait, rester dans son coin, dans sa solitude.

La voix d'Andrew la fait sortir de ses pensées. Elle sourit à sa question. Oui elle l'avait suivit aussi enfantin que cela puisse paraître.   « Oui. » lui lance-t-elle timidement. Elle pose sa main sur les rebords du toit et frôle celle d'Andrew, son sourire s'agrandit et ses joues deviennent doucement rose. « Tu vas bien ? »  lui demande-t-elle finalement sincèrement. C'est vrai, l'essentiel c'était de savoir s'il allait bien. Et finalement quand elle y réfléchit bien, elle ne lui avait pas réellement posée la question. Il s'était plutôt inquiété de son état de santé à elle qu'autre chose. Et c'était ça, qui la faisait craquer. Il était entreprenant, faisait souvent le premier pas et ça lui plaisait. 

Elle oublie petit à petit, qu'un petit Henri se trouve pas très loin d'eux et son attention se porte sur Andrew. Elle avait pas spécialement besoin de lui parler à l'autre. Après tout, il l'ignorait et avait l'air de le faire très bien. Elle n'avait aucunement besoin de discuter avec lui, si ses révélations de l'autre soir avaient réussis à le faire fuir au moins tout était clair dans la petite tête de l'indienne. 

Andrew s’était pris d’affection pour Laila, il ne pouvait pas nié qu’elle était ici une personne importante pour lui. Quand Andrew était attaché à quelqu’un il prenait soin d’elle, s’inquiétait de son bien-être, il était simplement au petit soin pour elle s’était aussi simple que ça. Et il n’avait même pas besoin de se forcer ça lui venait naturellement. Il était comme ça depuis tout petit, il avait ce besoin de prendre soin des autres enfin des gens qu’il aimait. C’était comme une mission qu’il se donnait à lui-même faire passer les besoins des personnes à qui il tenait avant les siens. Pourtant il avait essayé de se convaincre qu’il ne serait plus jamais comme ça avec personne. Mais comme on dit chassé le naturel il revient au galop. Il était incapable d’être autrement avec Laila, elle était son amie. Il avait demandé l’air taquin si la jeune femme le suivait. « Oui. » dit-elle timidement en rougissant. Il sourit alors que la main de Laïla efflorait la sienne.  Du bout des doigts il lui caressa tendrement la main. Il demanda : « D’ailleurs pourquoi tu es ici ? Enfin je veux dire au commissariat ? » Il était curieux de savoir pourquoi elle se trouvait, curieux dans le sens inquiet. Il espérait que rien de grave ne soit arrivé à la jeune femme. La jeune femme lui demanda finalement : « Tu vas bien ? » Il sourit et répondit : « Je vais bien et je suis content de te voir. » Ca faisait bien longtemps qu’il n’avait pas dit à quelqu’un qu’il allait bien et que c’était sincère. Mais depuis qu’il avait repris sa vie en main et qu’il était à HB il allait sincèrement bien. Et ça lui faisait un bien fou ! Andrew tourna la tête vers le fameux Henri qui s’était mis volontairement à l’écart, ce n’était pas plus mal Andrew ne savait pas franchement quoi lui dire.