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MessageSujet: {{ Slow down, you talk too fast {feat. Saskia} {ended}   {{ Slow down, you talk too fast {feat. Saskia} {ended} EmptyMar 17 Mar 2015 - 19:07

❝ Slow down, you talk too fast ❞
I take control but I lose my breath by holding on



Hazel aimait que les choses soient bien faites, organisées avec minutie, et que tout se déroule comme attendu. Elle rêvait pourtant de lâcher du lest, et Pacey était le premier exemple de ces bonnes choses qui pouvaient arriver sans être préméditées. Depuis un an, elle apprenait progressivement à déléguer et à faire confiance, et son quotidien s'en ressentait peu à peu. Son travail prenait à présent un peu moins de temps dans sa vie, et ce n'était pas pour lui déplaire. Elle apprenait à vivre pour elle, et pour lui, aussi. La vie était beaucoup plus belle, maintenant. Elle s'était autorisée à nouveau à rêver, parce que Pacey lui prouvait au quotidien que tout était possible. Elle gérait toujours sa bijouterie et sa marque d'une poigne de fer, mais l'euphorie lui permettait d'y trouver un tout nouveau charme. Elle faisait ce qu'elle aimait, finalement, et maintenant qu'elle avait réussi à alléger un minimum sa charge de travail, elle arrivait à s'en rendre compte. Pourtant, certaines choses ne pourraient pas changer, et ce malgré toute la bonne volonté du monde. Elle restait propriétaire d'une bijouterie et créatrice d'une marque de bijoux de luxe dont elle était la seule et unique gérante et créatrice, en plus d'en assurer l'image. Ainsi, son travail gardait une part prépondérante dans sa vie, et cela se faisait notamment ressentir à l'arrivée de certains événements, comme c'était aujourd'hui le cas. En ce début du mois de mars, le monde la mode était en folie. Les fashions weeks se succédaient dans les grandes capitales de la mode, et tous les créateurs divulguaient leurs nouvelles collections. Hazel ne dérogeait pas à la règle, et elle paniquait à l'idée de présenter une collection qui ne conviendrait pas aux clients. Pourtant, si elle trouvait la force d'être raisonnée, elle se rendrait compte que comme pour chacune de ses nouvelles collections, tout était de son côté. Elle avait travaillé chaque pièce avec amour, inspiration et dévotion, préférant laisser de côté les inspirations que pouvaient lui apporter d'autres créateurs. Comme à chaque fois, elle s'était enfermée dans son petit cocon créatif, jouant avec les pierres précieuses et semi-précieuses qu'elle avait choisies quelques mois auparavant. Et comme à chaque fois, à l'approche du verdict des clients, elle paniquait.

« Allo Saskia ? Je peux venir ? Parfait, je viens. T'as intérêt à être en train de travailler chez toi. » Hazel avait appelé la rousse en quittant la bijouterie, un gros sac sous le bras, et laissé un message. Elle était peut-être aux toilettes, ou en train d'admirer son chat qui faisait lui-même pipi dans sa litière. Peu importait, à ce moment précis, elle avait besoin que son amie la secoue comme elle savait si bien le faire. Elle serait peut-être un peu maladroite, et peut-être même que Petit Pois viendrait se frotter à sa robe noire, y déposant une quantité non négligeable de poils, mais peu importait. Lorsqu'il s'agissait de bijoux, de business et qu'il fallait être terre-à-terre, Saskia était l'interlocutrice idéale. Si elle avait répondu au téléphone, Hazel aurait peut-être au moins été sûre ne pas trop la déranger, mais le jour où elle arriverait à la joindre du premier coup n'était pas né. Elle espérait malgré elle qu'elle n'était pas en train de s'occuper de Maya à cet instant précis. Pacey était rentré chez eux avec Louis, et Maya était donc entre d'excellentes mains, qui n'étaient alors sans doute pas celles de Saskia. De longues minutes après avoir quitté sa bijouterie, Hazel claquait la porte devant le loft de Saskia, de sa colocataire bizarre, et de Kingston, cet écrivain qui avait parfaitement décris ces sentiments amoureux dans son livre. Elle espérait pourtant ne pas tomber sur eux, et plus particulièrement sur Isla, car elle n'avait jamais été particulièrement à l'aise face à elle. Pourtant, elle trouvait au quartier un charme bien à lui, et elle devait bien admettre que le loft qu'ils avaient choisi la faisait rêver. C'était beaucoup moins classique que sa grande maison classique, bien placée et entourée de clôtures blanches bien ennuyeuses. Peut-être que s'ils s'installaient ensemble avec Pacey un jour... Non, il ne fallait pas mettre la charrue avant les bœufs -oh mais quelle expression ! A ne ressortir sous aucun prétexte pendant une interview.

Elle claqua la porte de sa voiture. Par miracle, elle avait réussi à trouver une place juste devant l'entrée du loft, et, avec son grand sac, monta jusqu'à la porte du bâtiment. Elle sonna, priant pour que cette fois, la sonnerie du loft soit réparée, et espéra de toutes ses forces que Saskia était bel et bien chez elle. Il était peut-être temps qu'elle s'en soucie, d'ailleurs. N'importe qui d'autre pourrait lui ouvrir, et elle n'aurait pas l'air bête. Si elle se retrouvait face à Cooper Kingston, elle en viendrait sans doute à se transformer en groupie niaise, et si c'était la blonde qui lui ouvrait, elle savait déjà qu'elle serait pétrifiée par le regard cinglant de la locataire. Fort heureusement, c'est Saskia qui finit par lui ouvrir, non sans lui jeter un regard noir. « Heu... » commença Hazel en la suivant, hésitante, dans le couloir froid qui les menait au loft. « J'suis désolée, j'avais besoin de te voir. J'te dérange pas trop ? » tenta-t-elle en fermant la porte de l'appartement derrière elle. Elle voyait déjà Petit Pois s'approcher d'elle pour lui faire la fête. Elle posa son sac à main et le gros sac à côté d'elle pour le caresser et, surtout, le maintenir le plus loin possible de sa robe. « T'inquiète, c'est pas ce que tu crois dans le sac » lança-t-elle sur un ton plaisantin à Saskia. « Tu fais une sacrée tête... » Elle reporta son attention sur la boule de poils qui se laissait cajoler sans broncher. « Je voulais te demander, en toute confidentialité bien sûr, ce que tu pensais de mes pièces... T'es toute seule ou tes coloc' sont là ? » Dans son fameux sac, l'équivalent de plusieurs milliers de dollars en bijoux. Pas question de les abîmer, de les perdre, mais surtout, pas question de les montrer à quelqu'un en qui elle n'aurait pas la plus aveugle des confiances. Et pour cette situation, elle ne connaissait personne de plus approprié que Saskia.


Dernière édition par Hazel Karstark le Ven 17 Juil 2015 - 20:18, édité 1 fois
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Saskia Reynolds
Saskia Reynolds
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MessageSujet: Re: {{ Slow down, you talk too fast {feat. Saskia} {ended}   {{ Slow down, you talk too fast {feat. Saskia} {ended} EmptyMer 18 Mar 2015 - 19:58


La nuit avait été longue. La veille avait vu l'avenir de la cohabitation entre Isla, Cooper et Saskia fondre en multitude de petits morceaux. La première - et sans doute la dernière - dispute entre les trois membres de la colocation les avait retranché dans un énervement qui était allé de mal en pis, les empêchant de régler la situation calmement et de manière mature. Les cris avaient fusé entre les trois partis. Il fallait dire que Cooper, surement le premier, avait dû tomber de haut devant l'ampleur de la nouvelle : ses amis étaient décédés et, le voici... responsable de leur fille. Sa filleule allait habiter avec lui, et il allait être chargé de son éducation. Saskia, à l'annonce de la nouvelle, n'avait pu s'empêcher d'éclater de rire. Elle n'avait guère vraiment de contact avec le jeune homme; ils ne s'entendaient pas particulièrement, et n'avait pu faire autrement, comme bien souvent, que de s'amuser de la situation. Et il ne pouvait même pas se reprocher d'avoir oublié de mettre une capote!! C'était vraiment pas de bol, VRAIMENT PAS DE BOL. La rousse avait failli faire un cours sur la loi de Murphy, mais avait été rapidement coupée dans son élan par une Isla dont l'énervement avait, peu à peu, augmenté le niveau sonore de la pièce.
Saskia, dans un premier temps, n'avait donc pas pris cette histoire au sérieux. On ne pouvait pas lui amener une gamine de force, le déclarer responsable sans lui demander son avis, ou au moins avoie exigé un certain niveau de vie - chose qu'il était difficile d'avoir une Isla et une Saskia dans le même appartement. Les enquêtes à ce sujet devaient être pointilleuses, on ne marchandait pas des enfants comme on pouvait le faire avec un Iphone tombé du camion.
... Au délà du fait que Saskia avait du revoir ses idéaux de l'éducation et du social américains à la baisse, elle avait déja dû se concentrer. Parce que, vous comprenez, il y avait une "chansontropcool" à la radio. Son premier hurlement, en ce qui la concernait, n'avait donc pas été à propos de l'enfant venue des cieux -ou de la cigogne? Ou de la fleur? -, mais bel et bien pour sauver le solo de guitare de sa chanson. On l'avait regardé une demi seconde avant de reprendre le débat animé. Miss Reynolds avait fini par s’asseoir entre les deux protagonistes, sur le canapé, alors qu'ils étaient debout, face à elle, mordillant la paille qui normalement, était censé lui procurer plaisir à ingurgiter son smoothie à 4 dollars.

Finalement lassée, elle était partie dans ses songes, se grattant un pied avec l'autre, le regard perdu dans le vague, commençant à manger sa paille. Au bout de quelques instants de laborieuse mastication, la jeune femme profita d'un lourd silence ponctuant la dispute de ses deux colocataires pour sortir, le plus calmement du monde, presque endormie : " Mais, alors... C'était pas une blague??? Tu lui as dit... "Je suis ton père?" "
Son regard se fit plus vif et elle regarda Cooper, avant de sourire à Isla. Mais c'est en croisant le regard de cette dernière qu'elle comprit l'ampleur des dégats. Son sourire s'effaça net.
" Non mais attends, moi j'me coltine pas une gamine à la maison ! "

Et la dispute avait repris de plus belle, à deux filles contre un garçon, ponctuée de temps en temps par une blague de la Galloise d'origine.
La blonde et la rousse avaient fini dans la chambre de la guichetière du cinéma, à essayer de trouver des solutions entre demoiselles ; enfin, techniquement, Isla s'énervait encore et Saskia tentait de lui faire tempérer ses propos. Elles devraient trouver une solution, mais pour l'instant, que Cooper soit présent dans les discussions ou non, on avait le droit à une ribambelles de jolis petits noms le concernant sortant de la bouche d'Isla, et à une Saskia, au départ elle aussi bien remontée, mais qui se maîtrisait pour le bien de ... Petit Pois, qui fuyait les êtres humains de l'appartement comme la peste. Et puis aussi, parce que voir Isla dans cet état la faisait relativiser.
Elles y avaient passé des heures, retournant le problème dans tous les sens, ne se demandant même plus où était passé le troisième colocataire.
Au final, elles avaient fini par s'endormir, Saskia la tête posée sur le bureau de la blonde, sa paille agrippée entre ses doigts fins.
Le lendemain, ce fut un bruit sourd qui la réveilla : les portes claquaient brutalement. Elle entendit les voix des deux autres locataires, et finit par se lever difficilement de la chaise de bureau, les membres tout engourdis.
Elle ne vit pas Cooper, mais Isla était en train de s'activer dans le salon, slalomant entre les cartons, faisant on ne sait trop quoi. Suivie de Petit Pois qui miaulait à la lune, la rousse arriva devant la machine à café, soupira et sortit ses céréales préférées du placard avant de les tendre à Petit Pois.
" Râle pas, au moins c'est végét'. " lança-t-elle à son chat blanc, dont le petit minois avait l'air dubitatif devant le bol à moitié cassé que lui tendait que sa maîtresse
La matinée s'était vite écoulée et s'était close dans les rires alors que les deux demoiselles retrouvaient doucement la forme devant un apéritif.
Elles ne se connaissaient pas encore énormément, avaient passé peut-être à peine un petit mois ensemble, mais avaient vite accroché. Solitaires chacune à leur façon, spéciales et au fond perdues, elles s'étaient trouvé des atomes crochus et là où Hazel était, pour Saskia, la grande soeur protectrice, Isla était un peu la bonne copine fofolle.

Isla avait fini par quitter le loft pour rejoindre son travail, accompagnée d'une petite odeur d'alcool et Saskia avait fermé la porte derrière elle alors que Petit Pois la rejoignait en quête de câlins.
" HIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiii "
Au premier abord, on n'aurait pu vous affirmer s'il s'agissait d'un cri de joie ou de contrariété ; mais une chose était bien certaine : les poils de Petit Pois se hérissèrent, ses yeux devinrent aussi imposants que des soucoupes de dînette et après un sursaut, il courut se réfugier sous le canapé. La rousse, elle, attrapa un coussin et le lança sur le mur. Un carton vide -reste du déménagement- le rattrapa rapidement, et telle une pile électrique, la jeune femme attrapa un paquet de chips et nicha tout son contenu dans sa bouche. Aucun doute possible, le départ d'Isla annonçait une séance de pétage de plomb personnel, puisqu'il ne s'agissait plus de calmer a blonde de colocataire.
" Pesnjqs Pwa, hamey yé fesche peivfofvo ichii "
Elle croqua les chips, dont la moitié tomba sur le sol.
" ARCH PUCHA CHA CHOULE tdrrdrdrchrcounnnch COOPER LE CHIEUR!! " Elle eut un temps réflexion, les yeux levés. " Putain on dirait un nom de superhéros, c'est juste pas possible ! " Elle se mit à genoux devant le canapé et tendit sa main sous le meuble. " PP faut qu'on parle!!! On fait quoi pour Cooper? Tu l'aimes bien toi? Mais ... TU TE RENDS COMPTE... ?!! "
Et des heures durant, elle enchaîna les conversations animées, enfin énervée, avec son miroir, son chat, les miettes de chips qui jonchaient le sol et le facteur.

Si bien que lorsque l'on frappa à la porte, elle fut surprise. Elle s'était bien attendue à devoir subir le retour de l'un de ses colocataires et donc s'apaiser d'elle-même, mais par obligation, mais la demoiselle n'avait pas du tout regardé son portable. Alors lorsque ce fut le visage d'Hazel qu'elle reconnut, elle ne prit même pas la peine d'avoir l'air... normal...

" J'suis désolée, j'avais besoin de te voir. J'te dérange pas trop ? " demanda son amie devant l'air renfrogné de la rousse.
" Mmmh. " railla-t-elle en retournant sur le canapé. " Ah bon, c'est pas un corps découpé? " ajouta-t-elle sans sourire, déjà affalée dans le canapé, appelant Petit Pois, qui visiblement, était en demande désespérée de câlinous, allez savoir pourquoi.
" Tu fais une sacrée tête..."
" Hinhinhin " gaussa-t-elle en guise de réponse. " PETIT POIS, VIENS ICI! " hurla-t-elle soudainement avant de venir le chercher. Puis de partir dans un ... fou rire. " Hahaha, excellent! Non, ils sont pas là! Ils sont pas là... " répondit-elle à la limite de la crise de Saskia -comprendre ici, mélange subtile d'hystérie, d'énervement, de panique, et d'éléments amusants pouvant provoquer, vis à vis de ses interlocuteurs, un appel de messieurs en blouses blanches (chose qui, cela étant dit, ne s'est encore jamais produite).
De nouveau assise sur le canapé, Petit Pois prisonnier entre ses mains, elle fit signe - vous savez, cet air du genre amène la marchandise bébé - à son amie de lui montrer ses prototypes, impatiente de se changer les idées. Les bijoux d'Hazel étaient magnifiques; et même si elle-même n'aimait pas particulièrement porter des parures sublimes, elle ne pouvait s'empêcher d'être en admiration devant tant de créativité, et devant la réussite de la jeune femme. Elle savait d'ailleurs que le tempérament sérieux de son amie n'y était pas pour rien, et ne pouvait s'empêcher, intérieurement, de l'admirer.
Mais bon.
" PUTAIN MAIS DEVINE QUOI, Cooper, il joue dans Star Wars ! Bière ou Mojito? "

Bonsoiir. Je ne suis pas folle, vous savez.
" Par contre c'est toi qui es debout..." ajouta-t-elle avec son kit sourire + petits noeils leplusmignondumonde.


Dernière édition par Saskia Reynolds le Sam 21 Mar 2015 - 23:54, édité 1 fois
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MessageSujet: Re: {{ Slow down, you talk too fast {feat. Saskia} {ended}   {{ Slow down, you talk too fast {feat. Saskia} {ended} EmptyVen 20 Mar 2015 - 3:38



Hazel n'aurait peut-être pas du s'imposer comme ça, finalement. Elle s'en rendait compte maintenant qu'elle faisait face à une Saskia complètement sortie de ses gonds. Elle ne pouvait pas prétendre connaître son amie par cœur, mais elle ne l'avait jamais connue dans un état pareil. Hystérique, paniquée, irraisonnable, oui, mais pas comme ça. Elle tirait une sacrée tronche, et Hazel savait à quel point il était rare de la voir sans son sourire. Ça avait quelque chose d'inquiétant, quand même. Peut-être qu'elle aurait simplement pu appeler Neela pour lui demander son avis, finalement. Parce que là, l'accueil était d'une chaleur à faire pâlir un canadien mort. « Mmmh » avait-elle déclaré avec passion. La blonde avait directement était refroidie dans son élan, mais se forçait tout de même à continuer comme si de n'était. A force, son humeur finirait peut-être pas déteindre sur Saskia, et, à défaut de rester morne, elle deviendrait aussi angoissée qu'elle. « Ah bon, c'est pas un corps découpé ? » Saskia avait désigné le sac du canapé où elle venait de se réinstaller sans aucune gène. Un jour, il faudrait quand même qu'elle lui apprenne les bonnes manières... Hazel ne répondit rien, préférant ne pas s'aventurer davantage sur ce terrain glissant. Elle se contenta de s'accroupir pour papouiller le pauvre Petit Pois, qui se retrouvait visiblement aussi perdu qu'elle. La pauvre bête semblait regarder sa maîtresse d'un air méfiant. En tout cas, elle ne prit pas la peine de répondre à ses appels et resta auprès de la bijoutière. Ils étaient alliés, dans cette histoire. Saskia, elle, répondait toujours avec la même joie de vivre. « Hinhinhin. » Hazel ne savait plus quoi dire. En réalité, elle n'aurait pas été contre la présence d'un des coloc' de Saskia, pour le coup. Trouver une feinte pour quitter le loft aurait alors été beaucoup plus simple. Elle commençait à réfléchir à une technique de fuite lorsque le chat et elle se hérissèrent de surprise en entendant le cri de la furie. « PETIT POIS, VIENS ICI! » Elle avait la fibre animale, il n'y avait pas à dire. Le chat tenta de se cacher entre les jambes d'Hazel mais Saskia fut plus rapide. Elle s'était levée brusquement pour attraper la boule de poils, ne lui laissant plus aucun choix. Sorti de nulle part, elle explosa d'un rire qui n'avait de rien rassurant. Hazel la fixait, méfiante et prête à battre en retrait. « Hahaha, excellent! Non, ils sont pas là! Ils sont pas là... » Sauf que la blonde avait beau faire tous les efforts du monde, elle n'arrivait pas à voir ce qu'il y avait de si drôle au fait qu'elle était présentement la seule des trois coloc' présente dans leur loft. « Eh bah c'est parfait, on est toutes seules alors », tenta-t-elle de se réjouir, pourtant persuadée qu'elle aurait un retour de manivelle. Tout ne pouvait pas être aussi simple. Sans bouger, accrochée à son sac à main et hésitant à reprendre son sac de bijoux, Hazel ne savait pas trop où se mettre. En réalité, à cet instant précis, elle attendait tout de même quelques explications. Elle s'éclaircit la gorge pour signifier son mécontentement lorsque Saskia se la joua parrain de la mafia -oui, juste un raclement de gorge, il ne fallait pas déconner, Hazel n'oserait jamais se dresser face à la famille Reynolds. Sans rien dire de plus, elle s'approcha du canapé et ouvrit le sac, dont elle sortit les pièces une par une, qu'elle posait au fur et à mesure sur la table basse en bois devant son amie. Le silence s'était réinstallé, et la blonde n'aimait pas trop ça. A un moment, elle aurait même pu jurer croiser le regard effrayé de Petit Pois. « Tu sais, si c'est pas le bon moment, je peux repasser demain... ou pas, d'ailleurs. Comme tu veux. Je veux pas t'embêter avec ça, visiblement t'es en pleine période d'hémorragie utérine ou quelque chose du genre. » Si elle ne voulait pas lui expliquer les raisons de son état, ce ne serait pas Hazel qui la forcerait. Elle n'avait pas la patience, pas en ce moment. Pourtant, la réaction de Saskia ne se fit pas attendre plus longtemps. « PUTAIN MAIS DEVINE QUOI, Cooper, il joue dans Star Wars ! Bière ou Mojito? » Hazel en avait même lâché une boucle d'oreille, ce qui lui permit au passage de tester la solidité de ses pièces. Elle s'était immobilisé, finissant par se redresser, laissant bijoux et sac devant Saskia et Petit Pois. « C'est une devinette ? Une énigme ? Tu te prends pour le Sphinx, Père Fourras ou Dumbledore ? » OK, d'accord, peut-être que la curiosité commençait à l'emporter sur l'agacement. Visiblement, son colocataire mâle n'était pas pour rien dans cette histoire -et pour sa plus grande surprise, Isla en semblait absente. « Par contre c'est toi qui es debout... » ajouta Saskia à temps pour que sa collègue puisse comprendre que la dernière question n'avait rien à voir avec la première exclamation. « T'as pas plutôt du vin... ? » Mais elle n'attendit pas réellement de réponse, sachant pertinemment que si Saskia lui avait demandé de faire le service, c'est qu'elle était bien loin de le faire elle-même. Ce n'était pas son regard qui la convainquait, c'était la simple idée du débat qui pourrait subvenir si elle cherchait à faire valoir ses droits. « Bon... » soupira-t-elle en finissant de sortir sa dernière parure. « Je te laisse réfléchir là-dessus et je vais nous chercher à boire. » En fait, elle n'avait pas vraiment de quoi s'en faire avec Louis... c'était comme si elle avait déjà un enfant à charge avec Saskia. Elle avait ce côté de la petite sœur un brin irresponsable qu'Hazel appréciait autant qu'elle détestait. Elle ne pouvait pas la changer, elle avait bien fini par le comprendre, mais elle essayait toujours. Un jour, cette petite sœur finirait pas comprendre le message.

Une fois dans la partie, Hazel resta plantée bêtement pendant quelques instants en face d'un placard. Merde, elle voulait quoi déjà, Saskia ? Ah, bah elle lui avait pas demandé. Tant pis. Les mojito, c'était pas le truc d'Hazel -en fait, elle ne savait même pas en faire. Ce serait donc bière pour la rousse. Elle finit par ouvrir le frigo prudemment, presque prête à se faire attaquer par un paquet de fromage fou -et surtout mal rangé. Contrairement à ses attentes, pourtant, l'ouverture du frigo se déroula de façon totalement sécurisée, et elle attrapa la première bière qu'elle vit -même s'il semblait y avoir ici plus de bouteilles de bière que d'aliments décents. Pourtant, pas de vin en vue. Il fallait dire qu'elle n'avait pas le souvenir d'avoir déjà vu Saskia en boire, et elle doutait fortement que sa blonde de colocataire boive du nectar français plutôt que des litres d'alcool de patate russe. Cooper Kingston, par contre, elle n'en avait aucune idée, et c'est grâce à cette réflexion qu'une lueur d'espoir la fit refermer le frigo pour chercher du regard autre chose. Ses yeux se posèrent finalement sur le plan de travail où trônait, parmi plusieurs pots de condiments et des sodas entamés, le saint Graal : une bouteille de Saint-Emilion. Elle pivota pour chercher un verre dans un placard, et, une fois l'un d'eux dans la main, récupéra les deux bouteilles et le tire-bouchon posé à côté pour tout ramener à Saskia. Si celle-ci ne les servait pas, elle le faisait elle-même, voilà tout.

Pendant ses recherches, Hazel n'avait guère fait attention à son amie, même si elle l'entendait vaguement pester sur son canapé. Elle donna directement sa bouteille à Saskia et s'assit à côté d'elle, calant sa propre bouteille entre ses cuisses serrées pour l'ouvrir à l'aide du tire-bouchon. Malgré la concentration que l'opération lui demandait, elle tenta de faire la conversation, fatiguée du regard lourd et des jérémiades de la journaliste. « T'as... heu... enfin... attends... » Un petit pop annonça qu'elle avait finalement réussi à ouvrir le vin rouge sans trop d'encombres. Elle releva aussi la tête, perdue dans ce qu'elle disait. « Hein ? » Puis elle attrapa le verre qu'elle avait posé par terre pour le remplir et, une fois chose faite, reposa la bouteille à sa place -surtout pas sur le table basse près des bijoux ! « Alors, t'en penses quoi ? Tu trouves pas que ça ressemble trop à la collection printemps/été de 2014 ? Je pensais pas au début, mais je m'y suis attardé et maintenant je suis perdue, j'ai utilisé les mêmes matières premières... » Elle s'arrêta un instant, jaugeant l'air de Saskia, et, blasée, ajouta : « Bon, ok, j'ai utilisé de l'or et de l'argent, et puis les pierres les plus classiques. A un moment, même pour Cartier, les tréfonds de la terre peuvent pas sortir d'autres matières précieuses. Bon, tu vas me dire ce qu'il y a ? Parce que tu me stresses encore plus que l'avis des journalistes et des clients, là. » Et, les sourcils haussés en attendant la réponse de son amie, elle but trois bonnes gorgées de Saint Emilion, le courage sous sa forme liquide.
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MessageSujet: Re: {{ Slow down, you talk too fast {feat. Saskia} {ended}   {{ Slow down, you talk too fast {feat. Saskia} {ended} EmptySam 11 Avr 2015 - 14:14


D'une humeur massacrante, la rousse avait tout tenté pour retrouver sa joie débordante habituelle. Si elle avait réussi à rester cette Saskia avenante et paisible en la présence d'Isla, l'énervement était revenu de plus belle en son absence. Et jusque là, c'était le pauvre Petit Pois qui en prenait pour son grade. Pourtant, elle n'était pas outre mesure irritée. Comme à son habitude, elle en devenait drôle. Son univers n'était plus présent que dans son esprit, lequel essayait tant bien que mal de trouver une solution qui ravirait tous les partis de cette histoire qui l'obnubilait. Saskia se retrouvait dans un état relativement ... grognon. En temps normal, cela lui arrivait lorsqu'elle n'avait pas bu son café, ou peut-être parfois aussi lorsqu'elle n'avait pas eu sa dose de nicotine. Son état était semblable quand son chouchou de The Voice US perdait parce que cette connasse de Christina Aiguillera n'avait pas eu son cocktail habituel dans les loges. Ou encore lorsque les Gallois se faisaient laminer la tronche au rugby par des quelconques Italiens, qui ne savaient même pas ce qu'était du VRAI whisky, celui du Pays de Galles, le Chwisgy, bien évidemment.

En bref, miss Reynolds était grognon. Elle n'avait pas hésité à choper Petit Pois entre les chevilles d'Hazel et à l'emmener avec elle, ignorant toute manifestation d'une quelconque protestation de sa part. Hazel, elle, semblait... perdue. Et même si la jeune femme avait souvent l'air perdu devant les réactions de la rousse, cette fois-ci, elle en était gênée. Et lorsqu'elles étaient toutes les deux, seules, dans l'appartement de l'une ou de l'autre, c'était plutôt chose rare. Si rare, que cela souleva la curiosité de Saskia.
" Eh bah c'est parfait, on est toutes seules alors "
" Bravo, Sherlock! " répondit l'apprentie journaliste du tac au tac, levant le pouce dans la direction de son amie, signe qu'elle était prête à enquêter sur ... sur ... heu...

Pensive, elle ne parla plus quelques instants durant. La jolie blonde était en train d'exposer ses nouvelles créations devant l'air hébété de Saskia, encore à moitié sonnée, endormie, droguée, ... ou au cerveau enlevé par les petits hommes verts...

" Tu sais, si c'est pas le bon moment, je peux repasser demain... ou pas, d'ailleurs. Comme tu veux. Je veux pas t'embêter avec ça, visiblement t'es en pleine période d'hémorragie utérine ou quelque chose du genre. "
Brusquement, la rousse ouvrit les mains, prête à sortir un immense discours. Petit Pois en profita, évidemment, pour sortir de sa prison et alla se cacher derrière la télévision, alors que la voix de la locataire se faisait de nouveau entendre. Pour le grand plaisir de tous.
" Putain, mais j'ai l'air d'avoir mes REGLES? J'AI L'AIR? EST-CE QUE J'AI MES REGLES?  JE SAIS PAS ! "
Plus rapide qu'un chat qui aurait reçu une goutte d'eau sur le museau, elle sortit du fond du canapé et courut se cacher derrière la table de la cuisine, à quelques mètres de là. Entre un regard pour guetter qu'Hazel ne vienne pas la voir en traitre, et un destiné à ses sous-vêtements colorés, elle décida que c'était une frayeur inutile. Merci Hazel.
" C'est une devinette ? Une énigme ? Tu te prends pour le Sphinx, Père Fourras ou Dumbledore ? " demandait Hazel à quelques mètres de là.
Saskia arriva de nouveau dans le salon, sauta au-dessus du dossier du canapé et retint un cri de douleur lorsqu'elle s'avachit de nouveau dedans, cette fois-ci sans doute sur un vieux ressort peu agréable pour son popotin. Avec une grimace et un petit couinement, elle commença à répondre : " Non mais ... Le Sphinx, ça en jette... Bonne idée de pseudo...! "
Elle bougea ses fesses, essayant de garder un semblant de dignité dans ce fond de canapé, et regarda les bijoux de son amie. Elle fit un geste de la main, vague, à son amie, qui préférait le vin. " Jsais
pas, fais comme chez toi, y'a peut-être des restes d'Isla, sinon va voir dans ma chambre! "


Et pendant qu'Hazel n'était pas là, évidemment, que fit Saskia?
Saskia essaya tous les bijoux, se contorsionnant avec élégance, pour espérer apercevoir, sans bouger du fond du canapé, un espèce de vague reflet dans le miroir de la pièce. Elle posa une main au sol pour ne pas tomber, puis la seconde, devant un Petit Pois, toujours caché derrière le meuble de télévision, complètement effrayé, reculant avec ses petites pattes, touchant à présent presque le mur.
Alors que la rousse commençait à deviner un bout de son reflet dans le miroir, jurant et s'énervant toute seule, elle entendit des pas se rapprocher de la partie. Ce ne fut que lorsqu'elle les entendit à quelques mètres d'elle qu'enfin, elle réussit, après quelques bruits suspects et quelques contorsions inquiétantes, à se redresser, l'air de rien, sur le canapé. Elle regarda quelques instant Hazel galérer avec la bouteille de vin qu'elle venait de s'apporter, puis grommela un vague remerciement, brillante de bijoux, avant de s'attaquer à sa propre bière.
" Alors, t'en penses quoi ? Tu trouves pas que ça ressemble trop à la collection printemps/été de 2014 ? Je pensais pas au début, mais je m'y suis attardé et maintenant je suis perdue, j'ai utilisé les mêmes matières premières...  "
Entre plusieurs gorgées, la jolie rousse regarda les pièces restantes sur la table basse. Ses bijoux étaient beaux. Peu importait la collection printemps/été 2014, ou Cooper qui adoptait. Peu importait l'extinction des dinosaures et Petit Pois qui allait finir par se faire électrocuter par la télévision.
" Ils sont beaux. Ca reste ton style, sans que tu refasses trop la même chose. On s'en fou des matières prems... "
" Bon, ok, j'ai utilisé de l'or et de l'argent, et puis les pierres les plus classiques. A un moment, même pour Cartier, les tréfonds de la terre peuvent pas sortir d'autres matières précieuses. Bon, tu vas me dire ce qu'il y a ? Parce que tu me stresses encore plus que l'avis des journalistes et des clients, là.  "
Elle regarda la bague, le bracelet, le collier qu'elle avait enfilés.
" Bon, tu me les donnes? " demanda-t-elle le plus naturellement du monde. " J'ai besoin de thunes! "
Comment, vous aviez cru que Saskia allait continuer les compliments en lui demandant un geste généreux pour sa propre utilisation?
" Y'a rien. Si y'a Cooper qui rentre, dis-le moi, je passe par la fenêtre! "
Peu à peu, Saskia retrouvait le sourire. Pourtant, intérieurement, elle ne savait pas comment gérer la situation. Voir son amie la rassurait. Si Isla en devenait peu à peu une à sa façon, Hazel et ses conseils de grande soeur étaient toujours précieux - enfin, sauf quand elle était relou. Voir débarquer la jolie blonde avec ses propres questionnements remettaient les siens en ordre. Au moins, elle n'avait pas à demander si son dernier article ressemblait à celui de la collection automne/hiver précédente, hahaha.
Puis, elle percuta.
" MAIS JE SUIS JOURNALISTE !"
Elle bondit sur ses deux pattes et finit sa bière d'une traite. Telle une vraie pile électrique, elle courut se chercher un pack dans la cuisine en deux temps, trois mouvements, puis resta debout, de l'autre côté de la table, face à Hazel, mais agitée, buvant des gorgées de bières plus qu'elle ne respirait.
On ne savait réellement ce qui se passait dans la tête de Saskia, mais en cet instant précis, on se demandait si elle était vraiment énervée, si elle l'avait vraiment été, de toute façon. Il était aussi légitime de se demander si elle avait réellement retrouvé le sourire, si elle était détendue et heureuse de voir son amie à l'improviste.

Elle finit par poser sa bière sur la table basse - eh ouais, peur de rien la rousse -, puis attrapa le bras d'Hazel pour la trainer dans sa chambre - ouuuuuuuuuuuh mais qu'allaient-elles faire? Saskia aimait-elle les femmes? Etait-ce son grand secret (comme la chanson d'Indochine oui oui)?
" Je vais me faire bonnassse. Faut mettre tes bijoux en contexte. Au fait, Cooper est obligé d'adopter le gamin de ses meilleurs potes qui sont morts. On dirait une histoire d'Agatha Christie tu trouves pas? Tu préfères la verte ou la noire? La verte ça fait ressortir mes tifs de sorcière mais la noire, c'est le grand classique ... "
Elle montrait les robes de sa penderie. Sa chambre était sans dessus dessous. Les livres étaient éparpillés sur son bureau et sa couette, son ordinateur allait bientôt finir éclaté sur le sol car en équilibre sur quelques revues en espèce de pile bancale.
Alors qu'elle essayait d'enlever ses vêtements sans gêne aucune (et que sa tête était coincée dans son pull), on l'entendit marmonner, puis hurler en se déhanchant pour se sortir de sa misère.
" JE VEUX PAS DE GOSSE MOI! Je suis pas prête! Pas avant le mariage ! Putain JE SUIS COINCEE! "
Avec un déhanchement de plus en plus sexy de la part de l'apprentie journaliste, on entendit un bruit de déchirement. Puis Saskia s'immobilisa.
Puis une petite voix sortit de l'intérieur du pull.
" Regarde-voir si ta bague est encore entière? "
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MessageSujet: Re: {{ Slow down, you talk too fast {feat. Saskia} {ended}   {{ Slow down, you talk too fast {feat. Saskia} {ended} EmptyJeu 16 Avr 2015 - 2:40



La relation qu'Hazel partageait avec Saskia était un peu particulière. Depuis qu'elles s'étaient rencontrées, une confiance implicite s'était installée entre elles, et la blonde vite trouvée en cette nouvelle rencontre une petite sœur qu'elle n'avait jamais eue. En avait découlé un lien conflictuel, basé sur une sincérité qui, bien souvent, piquait par sa cruauté. L'une et l'autre ne se laissaient rien passer, mais c'était aussi ce qui faisait la force de leur relation. Pourtant, elles étaient aussi différentes que le jour et la nuit, et sans doute aucune d'elles n'aurait deviné, quelques années en arrière, finir accrochée à quelqu'un d'aussi différent d'elle. Pour cela, on pouvait remercier les concours de circonstances, puisqu'il fallait bien l'admettre, c'était le hasard qui les avait mises dans les pattes l'une de l'autre. Malgré tout, à présent, plus rien ne semblait réellement capable de la séparer. De toute façon, tant que leurs franchises respectives ne le faisaient pas, c'est qu'elles étaient en sécurité. C'était d'ailleurs sans doute pour cette raison qu'Hazel, depuis plusieurs saisons, s'en remettait à Saskia lorsqu'il s'agissait d'être rassurée au sujet de ses créations. Nul autre qu'elle avait le chic pour lui dire la vérité, la stricte vérité, et c'était ce dont elle avait besoin dans des moments pareils. Parce qu'elle n'avait eu de remarques acerbes de la part de la rousse sur ses bijoux, Hazel avait fini par trouver à ces visites paniquées un simple moyen inconscient d'être rassurée. Oui, parce que Saskia était une sale vermine, elle était aussi la seule dont l'approbation avait un impact immédiat sur ses angoisses.

Malgré tout, Hazel avait comme la désagréable impression de ne pas avoir débarqué au moment le plus adéquat. Elle n'avait jamais vu Saskia dans un état pareil, ce qui, en soi, l'inquiétait déjà. La rousse s'était déjà montrée inquiète, anxieuse, délurée, maladroite, mais jamais elle n'avait démontré autant d'impressions en si peu de temps. Après s'être demandé si elle avait elle-même fait quelque chose pour la mettre dans un état pareil et réfuté cette théorie en réalisait qu'elle venait à peine d'arriver, Hazel avait fini par naïvement se dire que tout devait baigner. Quand même. Peut-être juste une indigestion ou l'annulation de son programme télé préféré, allez savoir. Au final, la blonde ne connaissait peut-être pas si bien que cela qu'elle considérait comme sa sœur, mais elle ferait avec. De toute façon, tant qu'elle ne lui disait pas quel était le problème, elle ne pouvait pas le deviner. Hazel avait beaucoup de facultés, mais la télépathie n'en faisait pas partie. « Bravo, Sherlock! » continuait Saskia sur ce même ton qui donnait envie à la blonde de prendre ses jambes à son cou. C'était sans doute par pur égoïsme qu'elle restait, attendant patiemment l'avis de la journaliste sur ses bijoux. Et puis, peut-être qu'il y avait un peu de curiosité, aussi... et que la simple idée de ne pas savoir ce qui pouvait transformer Saskia en Hulkette la tracassait. Silencieuse, Hazel répondit donc par un regard morne à la réponse cinglante de son amie. Elle embraya directement sur le pourquoi de sa présence en sortant ses pièces de son sac. Mais elle préférait tout de même prendre ses précautions, et proposa aussitôt à Saskia de repasser plus tard, espérant secrètement qu'elle le refuse. « Putain, mais j'ai l'air d'avoir mes REGLES? J'AI L'AIR? EST-CE QUE J'AI MES REGLES?  JE SAIS PAS ! » C'était un refus, ça, non ? « Heu... » tenta la blonde en levant un index, comme intimidée par la simple idée de prendre la parole devant tant de rage et de cris. A ce stade, les hormones n'étaient pas à un taux banal de menstruations, mais Saskia était enceinte... heu, wait, what ? Saskia, enceinte ? Les yeux ébahis, Hazel fixait maintenant son amie bêtement, se demandant si cette révélation pouvait être la cause de telles réactions. Saskia, maman ? Elle allait être tata ? Mais qui pourrait être le père ? Han, et un bébé roux ? Encore un gamin qui allait se faire taper dessus à la récré plus tard... Pourtant, Hazel ne dit rien de plus, coupée par le fait que la jeune femme se lève pour se cacher derrière la table de la cuisine et vérifier que tout allait bien... en bas. Ce qui était bon signe. Pas de mini-Saskia à l'horizon, tout le monde est safe, sortez des abris nucléaires. « C'est bien de te cacher derrière la table, mais t'étais juste devant la fenêtre », rit Hazel alors qu'elle venait se réinstaller à côté d'elle de la manière la plus gracieuse qui soit. Elle n'était plus vraiment surprise par le comportement de Saskia, et que cette dernière s'esquive pour vérifier l'état de ses sous-vêtements. « Non mais ... Le Sphinx, ça en jette... Bonne idée de pseudo...! » La rousse déviait encore vers ses délires, oubliant par la même occasion d'expliquer sa fameuse devinette -et merde, Hazel n'aurait pas sa réponse maintenant. « Un pseudo pour un site de rencontre, c'est ça ? » la taquina-t-elle sans trop savoir si elle devait l'asséner de questions ou prétendre que tout allait bien.

« Jsais pas, fais comme chez toi, y'a peut-être des restes d'Isla, sinon va voir dans ma chambre » proposait aimablement Saskia, évasive. Sauf qu'Hazel se voyait très très mal aller fouiller dans la cuisine d'une fille qu'elle connaissait à peine et qui, il fallait bien l'avouer, lui faisait étrangement peur. Elle était presque sûre que si elle devait chercher une bouteille de vin dans ses affaires, elle en sortirait des cristaux translucides -et pas le genre de cristaux avec lesquels elle pourrait orner un collier, si vous voyez un peu... Fouiller dans la chambre de Saskia, en soi, la dérangeait déjà moins, mais connaissant la rousse, elle ne savait pas dans quel état elle allait retrouver la pièce, ou même si elle serait capable d'y faire le moindre pas -comment ça, elle exagérait ? Bref, toujours était-il qu'Hazel préféra de loin tenter l'espace cuisine qui s'étendait derrière le canapé, et que son flair n'était visiblement pas si mauvais que ça, puisqu'elle ressortit de sa quête avec une bouteille encore neuve.

Lorsqu'elle retourna s'asseoir, la bijoutière ne put que constater qu'elle aurait finalement et très probablement un avis de Saskia sur ses créations. Tant qu'elle ne les explosait pas en prétendant se venger de quelqu'un ou d'un Petit Pois qui avait fait ses besoins à côté de sa litière... Après avoir pesté quelques instants avec sa bouteille et le tire-bouchon, Hazel finit par poser la question cruciale. Si elle ne la posait pas, Saskia risquait de s'admirer en se contorsionnant pendant longtemps encore, sans jamais donner son avis -ou peut-être au maximum un vague meh. La rousse était à présent trop concentrée sur sa bière pour répondre quoi que ce soit, et la bijoutière se contenta d'en faire de même avec son verre de vin fraîchement servi, bien décidée à se taire et à arrêter de verbaliser ses angoisses, persuadée que son amie finirait par l'assommer si elle continuait sur sa lancée. Dans tous les cas, Saskia semblait prête à parader en mode sapin de Noël, portant autant de bijoux que c'était physionomiquement possible, et c'était en soi déjà une victoire pour la trentenaire, convaincue que c'était là l'opposé d'un mauvais signe. « Ils sont beaux. Ça reste ton style, sans que tu refasses trop la même chose. On s'en fout des matières prems... » confirma la rousse alors qu'Hazel soupirait de soulagement, enfin allégée de ce poids qui la tracassait depuis trop longtemps déjà. « C'est vrai ? T'es sûre ? » redemanda-t-elle malgré tout timidement avant que Saskia lui sorte la même blague conventionnelle. « Bon, tu me les donnes? ». Avec un petit sourire gêné, Hazel se demandait s elle avait déjà vu son amie porter une de ses pièces. « Pas ces pièces-là, ce sont les prototypes, mais comme d'hab, passe à la boutique dès que tu as du temps, je te montrerai toute la collection en avant-première et tu choisiras la pièce que tu préfères. » Jusque là, Saskia avait choisi presque exclusivement des bracelets, mais Hazel ne désespérait de la voir jeter son dévolu sur une paire de boucles d'oreilles ou un de ces colliers imposants qu'elle aimait tant dessiner. « J'ai besoin de thunes » finit par lâcher la rousse. Hazel, elle, ne put s'empêcher de se demander si c'était pour cette raison qu'elle n'avait pas souvenir d'avoir déjà vu Saskia porter un de ses bijoux. Peut-être qu'elle les revendait au fur et à mesure... Une pièce par saison, ça pouvait tout de même mettre du beurre dans les épinards. « Heu, tu as vendu tous ceux que je t'ai offerts jusque-là ? » Le regard de la blonde s'était fait grave, critique, et sévère. Elle était la seule à qui Hazel avait montré ses créations en avant-première, et elle était également la seule à qui elle avait déjà offert certaines de ses pièces, juste parce que ça lui faisait plaisir de partager son travail et son amour pour les jolies choses. Rien que l'idée de voir ses bijoux se vendre sur ebay et se faire trimballer des paquets en carton fragile et banal lui collait des frissons dans le dos.

Mais, se disait-elle pour se rassurer, si Saskia avait encore moins de subtilité que d'habitude, c'était sans doute à cause de ce truc qui semblait la tracasser depuis le début. Ses bijoux étaient peut-être innocents. Et elle porta son verre de vin à ses lèvres en écoutant la réponse de Saskia, finalement pas très rassurée par ce qu'elle entendait. « Y'a rien. Si y'a Cooper qui rentre, dis-le moi, je passe par la fenêtre! » Elle posa bruyamment son verre sur la table basse et se tourna vers Saskia avec cet air grave dont elle ne semblait pas se départir. « BON », soupira-t-elle, excédée d'attendre patiemment que son amie s'explique. « dis-moi ce qui se passe, là. J'ai pas l'intention de te défenestrer. Il y a un problème avec Cooper ou c'est une façon de dire que tout va super bien entre vous ? » Elle fixait la journaliste sans sourciller, attendant patiemment qu'elle lui réponde. Elle ne comptait pas cligner des yeux tant qu'elle n'aurait pas de réponse -pouvoir de force, tout ça.

« MAIS JE SUIS JOURNALISTE » finit par exploser Saskia alors qu'Hazel avait retenu un sursaut. La furie se tira du canapé, et Hazel hésita à la suivre, se demandant si elle n'avait pas choisi ce moment pour se ruer vers la fenêtre et cette phrase comme dernière réplique qui serait alors supposée devenir culte, ou quelque chose comme ça. Non, finalement, rien de tout cela ne semblait correct -et tant mieux pour Hazel, d'ailleurs, qui avait eu une flemme intergalactique et avait préféré laissé ses pieds se reposer au calme plutôt que de les forcer à une course dans ces escarpins dignes d'une machine de torture tout droit sortie de Game of Thrones. Non, plutôt que de confirmer le scénario saugrenu que la blonde avait imaginé, son amie s'était simplement resservie en bière. Elle ne comprenait plus rien. « Certes, tu es journaliste... » tenta-t-elle, espérant sans doute que cela allait déclencher chez la demoiselle un besoin soudain de tout expliquer. Mais il n'en fut rien, et, alors qu'Hazel attrapait son verre pour une boire une nouvelle gorgée, elle fut interrompue par une Saskia toujours aussi hystérie. Elle l'avait prise par le bras, et la blonde, dans un réflexe sans doute un peu étrange, avait serré son emprise autour du pieds du verre, limitant les oscillations de ce dernier pour qu'il ne perdre aucune goutte du breuvage qu'il contenait. Elle manqua de se tordre une cheville en se redressant, surprise, mais finit par suivre son amie -de toute façon, ce n'était pas vraiment comme si le choix lui était laissé. « Je vais me faire bonnassse. Faut mettre tes bijoux en contexte. Au fait, Cooper est obligé d'adopter le gamin de ses meilleurs potes qui sont morts. On dirait une histoire d'Agatha Christie tu trouves pas? Tu préfères la verte ou la noire? La verte ça fait ressortir mes tifs de sorcière mais la noire, c'est le grand classique ... » OK... Accrochée à son verre comme à un bouée de sauvetage, Hazel regardait Saskia, perdue. « Cooper quoi... ? » hésitait-elle. Elle n'était pas sûre d'avoir vraiment bien compris. « Si c'est bien ce que j'ai compris, on dirait plutôt un épisode d'une série douteuse ou d'une télé-réalité... non ? » En réalité, Hazel ne pouvait pas prétendre à ce genre de critiques ouvertement. Elle avait croisé Cooper une seule fois, très rapidement, et c'était clairement trop peu pour pouvoir se permettre une quelconque remarque sur sa vie. « Et ça va... ? Enfin je veux dire, il est pas dévasté ? Il le vit comment ? Perdre deux amis proches comme ça... Le pauvre... Je suppose qu'il est allé à leur enterrement... » demandait-elle alors, sincèrement inquiète. Perdre des proches n'était jamais chose aisée, et elle était plutôt bien située pour le comprendre. Sous le choc, elle s'approcha lentement du lit de Saskia et se laissa tomber dessus, toujours accroché à son verre, qu'elle finit alors d'une traite. « Perdre ses meilleurs amis... j'ose pas imaginer la douleur. Il y a bien sûr le pauvre gosse qui  se retrouve orphelin, et ça je connais trop bien, mais... enfin, Cooper doit vraiment être dévasté. Égoïstement, avant de penser à l'enfant, je serais terrassée pour mes amis... » Elle avait porté une main à sa bouche, très émue par l'histoire. « Enfin, je suppose que du coup il ne va pas continuer à vivre ici, si ? Ses amis étaient enfants uniques, n'avaient plus de parents ? Ça fait une drôle de responsabilité, d'un coup, quand même... » Bizarrement, elle était à présent en train de s'imaginer élever Louis seule. Mais rien que l'idée de ne plus avoir Pacey à ses côtés l'anéantissait. Et puis il n'y aurait sans doute rien de plus dévastateur pour Louis que de se coltiner la copine du copain de feu sa maman. Elle finit par relever son regard bleuté sur Saskia, qui dansait devant son miroir avec deux robes. « Je comprends pas ce que tu veux faire... T'aimes pas mes bijoux, c'est ça ? » Elle se leva doucement, ne lâchant pas son verre, bien décidée à aller se resservir le plus vite possible. « Tu veux te faire bonnasse genre pour attirer un mec dans ton lit, ou bonnasse genre pour aller interviewer Barack Obama ? Et si tu veux attirer Barack Obama dans ton lit, alors dans ce cas il faudrait sûrement une troisième option vestimentaire. » Et, sans en demander plus, elle fit demi-tour vers le large espace qui servait de salon, bibliothèque de substitution, cuisine et salle à manger. Elle attrapa la bouteille et la rapatria dans la chambre de Saskia, où elle se resservit généreusement avant de poser la bouteille sur une pile de bouquins. Elle but une gorgée de vin et observa son amie. « Et puis si tu veux être vraiment bonnasse, je te conseille de choisir entre les boucles d'oreilles et le collier. On dirait que tu viens de claquer toutes tes économies au rayon bijoux de chez Target et que tu veux le montrer. » Bon, la comparaison de ses bijoux avec ceux vendus chez Target la faisait dangereusement grincer des dents, mais elle vivrait avec -et puis, peut-être même qu'avec un peu de chance, Saskia allait la contredire, même s'il ne fallait pas rêver. « C'est cette histoire qui te donnait envie de te jeter par la fenêtre ? Pas les robes, hein, Cooper... » Et elle s'assit à nouveau sur le lit de son amie, posant une main derrière elle pour se caler confortablement et faisant valser le nectar dans son verre transparent. Jusqu'ici, elle n'avait même pas percuté que quelque chose d'étrange se passait du côté de son amie, coincée dans son pull. « JE VEUX PAS DE GOSSE MOI! Je suis pas prête! Pas avant le mariage ! Putain JE SUIS COINCEE » entendait-elle de loin alors qu'elle se concentrait sur son vin. « Pourquoi, on t'a demandée en mariage ? » Hazel était perdue dans son petit monde à elle, et ne réalisait pas qu'une scène assez pathétique était en train de tenir place devant elle. « Attention à mes bijoux, hein, arrache pas tout en te déshabillant... » Et elle finit par relever son regard vers Saskia pour s'enquérir de l'état de ses pièces. Elle réalisa seulement alors que quelque chose clochait vraiment. En réalité, c'est sans doute le bruit de déchirement peu rassurant qui émana de la saucisse paniquée en laquelle s'était transformée la rousse qui la fit réaliser qu'elle galérait encore plus qu'elle l'avait imaginé. Un faible « Regarde-voir si ta bague est encore entière » provint du tas, et Hazel se releva en posant son verre de vin par terre pour voler au secours de la catastrophe naturelle. Elle s'en approcha avec précaution, évitant les gestes brusques d'une Saskia paniquée, et jeta un coup d’œil furtif à la main de cette dernière. « La bague va bien, c'est pas de la qualité Target... par contre ton pull a l'air en bonne voie pour se transformer en poncho... » Elle attrapa le bas du pull en question et tenta de le tirer au-dessus de la tête de son amie. « T'as pris une taille trop petite, toi... enfin maintenant c'est plus vraiment un problème, on dirait. Un poncho peut pas être trop petit. »
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Saskia Reynolds
Saskia Reynolds
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MessageSujet: Re: {{ Slow down, you talk too fast {feat. Saskia} {ended}   {{ Slow down, you talk too fast {feat. Saskia} {ended} EmptyMar 19 Mai 2015 - 12:06


Hazel était bien et mal tombée. Il était difficile de choisir entre l'une de ces deux options lorsque l'on faisait face à une Saskia tantôt hystérique, tantôt rageuse. Alors sa pauvre meilleure amie se retrouvait perdue entre les tourments de la rousse, qui ne savait exprimer sa colère de façon normale et toisait la belle blonde d'un air à moitié déconfit. Au final complètement surexcitée, miss Reynolds ne tenait guère en place et à chacune de ses paroles, on ne savait si elle allait être froide ou chaleureuse. Et on ne pouvait savoir si la non réponse à ses remarques cinglantes la calmèrent ou au contraire l'énervèrent davantage, mais peu importait : la présence d'Hazel, au final, rassurait en un sens, Saskia. Parce qu'intérieurement, Saskia paniquait : comment allait-elle payer son loyer les mois à venir? Avait-elle bien fait de quitter son petit taudis bien à elle? Elle ne pouvait s'empêcher de se poser cette question en boucle depuis que Cooper avait annoncé la fatidique nouvelle, mais elle ne pouvait non plus s'empêcher de songer à son propriétaire ; il avait beau être pas mal (bien un 08 / 10 au moins), il lui faisait vivre un réel enfer! Rien de bien ingérable pour un caractère de feu comme le sien, mais tout de même... Et puis un "loft", ça en jetait, quand même. Donner rendez-vous chez soi avec un faussement modeste "Ouais, on se voit au loft", comme dans les émissions de télé-réalité ou les séries, ça avait quand même une classe inimitable.

Alors, ouais... Elle ne savait plus que penser. La rousse regardait à présent son amie. Avec son visage calme de poupée, à la peau parfaitement lisse, avec son style élégant, parfois, la journaliste en devenir se demandait ce qu'Hazel faisait à trainer avec une fille comme elle. Elles étaient aux antipodes l'une de l'autre, c'était plutôt évident; Et pourtant ... le lien qui les unissait était fort. Une amitié comme Saskia n'avait réussi à en avoir réellement qu'avec la gent masculine, finalement : Keith, Julian, Nolan... Elle ne saurait vous expliquer pourquoi les hommes étaient plus sensibles à son amitié, mais ils l'étaient. Alors avoir trouvé en Hazel - et peut-être en Isla, qui sait ?- des amies féminines, rassurait la jeune femme. D'autant plus qu'Hazel jouait peut-être encore davantage le rôle de grande soeur que de meilleure amie : leur lien était relativement conflictuel, et ce depuis leur première rencontre. Prendre une décision à deux semblait bien souvent relever de l'impossible ; et pourtant, leurs différences étaient ce qui construisait au quotidien leur amitié. Aucune ne jugeait l'autre de façon négative. Leurs vies étaient sans nulle doute disparates, pourtant, chacune trouvait de la place pour y accueillir l'autre.

Alors que Saskia était partie dans un questionnement intérieur intense et était allée vérifier qu'aucun ketchup ne fuyait, elle ne remarqua pas l'index de son amie, levé tel une arme alors qu'elle essayait visiblement de comprendre ce qu'il se passait en face d'elle. Ni une ni deux, la rousse fut revenue rapidement, dans une délicatesse à toute épreuve.

" C'est bien de te cacher derrière la table, mais t'étais juste devant la fenêtre " finit par placer la blonde. Saskia ouvrit les yeux tels des soucoupes et se claqua presque son propre visage en plaçant brutalement ses mains devant ses bouches pour montrer sa surprise. Elle voulut se lever mais ses jambes, parcourues de fourmis, n'obéissaient plus. " Personne m'a vue, hein ? " demanda-t-elle à Hazel pour se rassurer, comme si son amie avait la réponse à ses questionnements existenciels. " Tu crois que y'avait le voisin d'en face ? Il m'a prise en photo? Je vais être sur internet dans deux minutes ? Je devrais regarder sur mon ordi ... Partie dans l'un de ses monologues dont elle avait le secret, la jeune femme mit un moment à s'arrêter.

"  Un pseudo pour un site de rencontre, c'est ça ? "

Saskia fit l'offusquée.
" Tu crois que je devrais aller sur un site de rencontre ? " Elle ne se doutait même pas qu'il se passait quelque chose de très étrange dans l'esprit d'Hazel. " Pourquoi? Ca y'est tu fais partie de ces nanas casées qui veulent caser leurs potes ? " Au fond, elle savait bien que la réponse à cette question était négative. Mais elle tentait par tous les moyens d'éviter le sujet qui fâchait.
Les deux jeunes femmes finirent par s'agiter. Hazel alla chercher à boire, pendant que Saskia essayait ses nouvelles créations telle une enfant. Peut-être la jolie blonde entendait-elle certains bruits étranges provenant du salon, où la plus jeune du duo se contorsionnait le plus naturellement du monde mais sans menacer de s'écrouler d'un instant à l'autre.
Mais finalement, la séance de sport improvisée ne dura pas si longtemps et la bijoutière revint vite armée de boissons dont Saskia ne supposait que vaguement l'existence dans l'appartement.
La journaliste reprit presque un sérieux inquiétant, exposant son point de vue à son amie. Cela ne dura pas longtemps, mais suffisamment pour voir briller une lueur d'espoir dans la lueur de la créatrice.

" C'est vrai ? T'es sûre ? "
Saskia, sirotant avec de petits bruits sa bière, haussa les sourcils en regardant son amie.
" Attends, laisse-moi réfléchir... "
Puis elle porta de nouveau sa bière à ses lèvres, buvant lentement son contenu. Quelques secondes plus tard, et on pouvait aisément comprendre que la rousse avait déja oublié ses propres dires.

" Heu, tu as vendu tous ceux que je t'ai offerts jusque-là ? "
La jeune femme regarda son amie, semblant bloquée dans une position de "je-bois-ma-bière-mais-je-savoure-tellement-que-là-je-ne-bois-rien".
" Non ... " fit-elle d'une voix qu'on ne lui connaissait que très peu : mal à l'aise. " HAHAHA JE LES LOUE !" Elle ne savait pas trop ce qu'elle disait, mais il suffisait d'enchainer... " Ouais, ok, j'passerai à la boutique! PETIT POIS TU VEUX DE LA BINOUZE ? " On entendit un vaguement miaulement, Saskia haussa des épaules puis continua comme si de rien n'était.
On en venait au sujet crucial. Cooper.
Comment aborder une conversation pareille? C'était assez étrange, comme sensation : envisager la possibilité d'avoir un enfant à temps plein à la maison, sorti d'un nid de cigogne, alors que celle qui tenait de mettre le sujet sur le tapis était recouverte de bijoux, brillants au soleil, renvoyant des reflets aux quatre coins de la pièce, le tout en sirotant une bière, retenant quelques petits rots.

" Ouais, on a eu le coup de foudre la nuit dernière. On va se marier à Vegas et s'installer à Cardiff, du coup. Bon, ben, salut, c'était sympa de te connaitre. "
Elle se leva, tout sourire. Avec elle, comment savoir si elle rigolait ou non? Elle commença à tordre son popotin dans tous les sens, effectuant une sorte de danse de la pluie -trop de soleil par ici pour une rousse-, puis engloutit sa bière.
" QUOI ? J'ai pas l'air journaliste, c'est ça? C'est parce que je suis stagiaire ? C'est à cause de ma couleur de peau ? Ou parce que j'insulte les gens en gallois ? Je sais, c'est bizarre mais ... " Elle commença à sautiller sur place comme si Hazel lui avait refusé une partie de pêche aux canards. " Mais j'fais c'que j'peux, j'te jure ! " Les larmes lui montaient aux yeux, remplis de désespoir. " J'y suis pour rien !! "
Evidemment, elle avait arrêté de danser, et s'était dirigée vers sa chambre en fouillis, suivie d'une pauvre Hazel complètement dépitée.

" J'ai une tête à regarder de la télé-réalité ? " s'offusqua Saskia à la réponse d'Hazel. Puis elle ne put s'empêcher de chuchoter : " En vrai, Kimberley avec Brian, c'est pas possible, par contre, ils ont amené le chien chez le véto, j'espère qu'il va bien, parce que Marco lui a mis de l'oeuf sur le pelage alors ... MAIS QU'EST-CE QUE JE RACONTE! C'est une bonne idée, ça fait un soin pour ses poils!!! Je devrais faire ça à Petit Pois !"

" Et ça va... ? Enfin je veux dire, il est pas dévasté ? Il le vit comment ? Perdre deux amis proches comme ça... Le pauvre... Je suppose qu'il est allé à leur enterrement... "
" Ouais! " répondit la rousse,, plongée dans ce qui ressemblait vaguement à une garde robe, de loin, vite fait.
" Perdre ses meilleurs amis... j'ose pas imaginer la douleur. Il y a bien sûr le pauvre gosse qui  se retrouve orphelin, et ça je connais trop bien, mais... enfin, Cooper doit vraiment être dévasté. Égoïstement, avant de penser à l'enfant, je serais terrassée pour mes amis... Enfin, je suppose que du coup il ne va pas continuer à vivre ici, si ? Ses amis étaient enfants uniques, n'avaient plus de parents ? Ça fait une drôle de responsabilité, d'un coup, quand même... "
Chacune était perdue dans son monde. Saskia essayait de ne plus s'attendrir de l'histoire. Elle avait trop retourné le problème dans tous les sens avec Isla pour encore ressentir, finalement, quelque émotion normale.
" Ah ouais, ouais ouais, c'est vrai. " Elle ne regardait même pas Hazel, sortant un cintre du placard. Une robe entièrement faite de dentelles semblait captiver l'attention de la journaliste en herbe.
Puis elle se tourna vers Hazel. " Hein ? Quoi? " Puis, devant l'état de son amie, sortie d'un finale de Game Of Thrones, elle rebondit. " Ouais, j'sais pas, il a pas trop parlé de ses amis. J'en sais rien du tout, il avait pas l'air trop trop choqué, juste préoccupé pour la gamine. Bon c'est pas si mal, peut-être qu'il tient le coup pour elle ... "
En réalité, elle ne savait trop quoi en penser. Elle n'avait jamais entendu parler de ces amis de Cooper, ni de cette enfant. Tout avait été très soudain. Parfois, durant quelques instants, son instinct d'enquêtrice reprenait le dessus et lui donnait envie de mener l'enquête mais ... Mais, en fait, elle avait la flemme. " Puis au final, je le connais pas trop tu sais. Mais Isla aussi avait l'air surprise alors, j'sais pas... "
Ouais, voilà. Elle ne savait pas. Il venait peut-être aussi de là, le problème. Mais accueillir une gamine au milieu des bouteilles de bière et des dossiers sur des meurtres ou des magouilles politiques, ça ne l'enchantait pas tellement.
" Ouais, du coup, j'sais pas s'il va rester. " conclut-elle. " Bonnasse, tout court. " enchaina-t-elle. " Bah, si, ils sont cools tes bijoux. Bon, t'as raison, je prends la noire. "
Il s'agissait de l'un des t'as raison de Saskia qui faisait grincer des dents, parce qu'on ne savait guère à qui elle s'adressait en prononçant ses mots. Était-elle schizophrène ? Avait-elle trop regardé American Horror Story ? Sa belle chevelure cachait-elle un second visage, un Mister Hyde, moins drôle, plus diabolique ? Après tout, les rousses étaient des sorcières, c'était bien connu.

Elle ne prit même pas la peine de répondre à la question de Hazel. Évidemment, que c'était Cooper, qui la mettait dans un état pareil. Elle était passée du statut de célibataire à presque celui de femme mariée à Vegas... A cette idée, un petit cri surgit de la bouche de Saskia. Puis elle rigola, puis reprit son sérieux en quelques fractions de seconde. Bon, en réalité, d'un point de vue extérieur, on n'entendait que le bruitage. Puisque madame était coincée dans son pull...
Si on l'avait demandée en mariage ?
" Oui!! COOPER! "
Putain, Saskia, taggle...
" Mais bon, c'est juste pour la robe... Tu veux bien adopter la gamine?"
...
Au bout de quelques minutes de panique intense, on put enfin apercevoir le visage déconfit de miss Reynolds, les cheveux électriques se faisant la malle vers d'autres contrées, la mine déçue et tristounette, comme si elle venait d'apprendre que le père Noël n'existait pas.
" Je suis grosse ? "
Les bras ballants, le pull-poncho tenant encore par quelques morceaux, la jeune femme avait l'air ... sortie d'une mauvaise comédie. En face, Hazel, élégante avec son verre de vin, semblait sortie d'un Woody Allen. Comment on appelle ça, déja, lorsque deux séries se rencontrent ? ...
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MessageSujet: Re: {{ Slow down, you talk too fast {feat. Saskia} {ended}   {{ Slow down, you talk too fast {feat. Saskia} {ended} EmptyJeu 21 Mai 2015 - 4:47



Saskia n'avait jamais été particulièrement facile à suivre, et même si Hazel l'avait remarqué dès leur première rencontre, il lui avait fallu un peu de temps pour s'y faire complètement. Maintenant, la voir partir dans ses délires ne l'étonnait même plus, et elle restait en général de marbre, attendant sagement que son amie reprenne le dessus sur le Mr Hyde en elle. Ce serait mentir que de prétendre qu'elle n'avait jamais été agacée par toutes les divagations de la rousse, mais elle avait bel et bien réussi à admettre qu'elle était arrivée trop tard pour y pouvoir quelque chose. Saskia était devenue son amie et sa petite sœur de cœur pour ce qu'elle était, et elle avait appris à s'habituer à tous ces égarements. En général, elle en profitait pour se perdre elle-même dans ses pensées, pendant quelques instants seulement, et le silence qui faisait suite au flot de paroles de Saskia lui permettait de s'en échapper. Le moment où Saskia partit se cacher derrière la table pour vérifier l'état de ses sous-vêtements était dans le même registre. Hazel était restée assise, patiemment, et avait attendu que son amie finisse sa petite affaire pour souligner le fait qu'elle l'avait fait, bien entendu en toute discrétion, devant l'une des fenêtres immenses du loft. « Personne m'a vue, hein ? » Saskia avait réagi un brin brutalement, accompagnant sa question d'un auto-gifflage bien en règle. Hazel n'avait pas eu le temps de réagir que déjà la rousse partait dans un de ces discours dont elle était la spécialiste. « Tu crois que y'avait le voisin d'en face ? Il m'a prise en photo? Je vais être sur internet dans deux minutes ? Je devrais regarder sur mon ordi ... » La blonde, quant à elle, restait à présent silencieuse. Elle voulait être sûre de ne pas être interrompue par une énième élucubration de sa amie -sa technique habituelle, en somme : attendre que l'orage passe. « Je crois pas, non, et puis même si tu allais voir sur facebook, qu'est-ce qu'il te dit qu'il n'aurait pas un meilleur réseau sur un site spécialisé ? » Elle arqua un sourcil, amusée de sa supposition, avant de hocher négativement la tête, plus sérieuse. « Et puis il y a plus sexy comme pose à diffuser sur internet, tu crois pas ? » La blonde ne bougeait plus trop, attendant le retour de son amie sur le sujet. Quoiqu'elle avait peut-être déjà oublié de quoi elles parlaient...

Toujours était-il que Saskia était spécialement déchaînée, ce jour-là. Et Hazel, bien malgré elle, l'encourageait. « Tu crois que je devrais aller sur un site de rencontre ? » Voilà. Encore une fois, elle aurait mieux fait de se taire. A ce rythme là, Hazel n'aurait jamais définitif sur ses bijoux, et Saskia ne lui expliquerait jamais réellement ce qui la mettait dans cet état. Car oui, il y avait bien une raison qui devait expliquer... ça. Elle l'avait déjà fréquentée pendant toutes les phases de son cycle menstruel, et malgré les observations qu'elle avait faites jusque là de l'animal dans son habitat naturel, rien de ce qu'elle connaissait ne semblait expliquer cette violente énergie -appelons-la comme ça- qui l'animait en ce moment. « J'ai dit ça ? » s'étonna donc simplement la blonde. Elle-même ne s'était jamais inscrite sur un site de rencontres, même lorsqu'elle s'était mise à penser qu'un homme stable ne serait pas de trop dans sa vie. Autant dire qu'elle ne conseillerait jamais particulièrement à quelqu'un de le faire... Et puis, quitte à s'inscrire sur ce genre de sites -ou à partir à la chasse dans les bars-, c'était une décision que seul le principal intéressé devait prendre, non ? C'était sa vie, ses envies, ses choix. Alors pourquoi s'immiscer là-dedans ? Et puis, pour le peu qu'Hazel savait de la vie sentimentale de Saskia, elle la voyait mal redémarrer quelque chose aussi abruptement. Alors de là à la voir se jeter sur un site de rencontres... Hazel lui aurait sans aucun doute remonté les bretelles, comme une grande sœur un peu chiante pouvait le faire avec sa petite sœur à laquelle elle ne souhaitait que le meilleur. « Pourquoi? Ca y'est tu fais partie de ces nanas casées qui veulent caser leurs potes ? » Saskia, de son côté, continuait de s'emballer. « Heu, non... » Hazel ne savait plus vraiment quoi répondre. Elle n'avait aucun argument à avancer tant la situation semblait irréaliste. D'où ça sortait, déjà ? Ah oui, des pseudos bizarres qu'elle avait énumérés un peu plus tôt... Si Hazel était un smiley skype à cet instant, nul doute que ce serait le facepalm. C'est le moment que la blonde choisit pour s'évader du coin salon et aller chercher à boire du côté de leur espace cuisine. En revenant, elle retrouva le Dr Jekyll qui sommeillait en Saskia, bien plus sérieux que son comparse. En quelques mots, la rousse venait de la rassurer sur ses créations et ce qui allait en partie conditionner les six prochains mois de sa marque. Un brin -et même sans doute beaucoup trop- enthousiaste et soulagée, elle demanda à Saskia si ce qu'elle venait de dire était vrai -question la plus stupide du monde, avouons-le, à moins qu'elle ne s'attende à une réponse négative... Et son amie sembla partir dans cette direction-là avec sa réponse des plus évasives. « Attends, laisse-moi réfléchir... » Heureusement, ce côté-là de Saskia, la bijoutière le connaissait un peu mieux. Elle ne fut pas étonnée de ne jamais recevoir de réponse plus précise que celle-là, et, de toute façon, elle était à présent concentrée sur un tout autre problème : Saskia vendait ses cadeaux ? « Non ... » Elle hésitait... elle hésitait, et c'était assez rare chez elle pour être noté. « HAHAHA JE LES LOUE ! » Hazel s'était accrochée à son verre de vin, les sourcils froncés par la déception et l'inquiétude. « Je saurai, pour la prochaine fois, je t'offrirai un pack de bière, au moins celui-là, il fera ton bonheur » soupira-t-elle d'un ton vexé, accablée par la révélation. Depuis qu'elles s'étaient rencontrées, Saskia avait été son pilier lorsqu'il s'agissait d'avis honnêtes et extérieurs sur son travail. Elle avait été la seule de ses connaissances à ne pas avoir de pieds dans le milieu. De temps en temps et de manière ponctuelle, lorsque Pacey passait lui offrir un café à la bijouterie, elle lui demandait un avis sur une pièce particulière, lui demandant s'il se verrait l'offrir à une femme qui comptait pour lui... mais Saskia avait été toujours son pilier le plus solide. Elle lui avait toujours tout dévoilé en avant-première, tout proposé, et depuis qu'elle la connaissait, elle s'était toujours fait un point d'honneur à créer une pièce qu'elle s'imaginait lui plaire. Et bien, visiblement, elle s'était mis le doigt dans l’œil jusqu'au petit orteil... et c'était maintenant qu'elle s'en rendait compte que cela faisait particulièrement mal. Mais c'était sans doute un peu bête. Elle avait essayé de transformer Saskia en ce qu'elle n'était pas. Les travaux d'Hazel ne seraient jamais le style de la grande rousse, et elle devait se faire une raison à ce sujet. « Ouais, ok, j'passerai à la boutique! PETIT POIS TU VEUX DE LA BINOUZE ? » Elle avait arqué un sourcil, offusquée de l'entendre confirmer son passage en boutique, mais avait plongé ses lèvres dans son verre de vin pour oublier. C'est le chat qui avait répondu, de toute façon. Lui aussi semblait un peu effrayé par ce qui était en train de se passer. L'état d'esprit d'Hazel était à présent un peu plus morose, et elle n'arrivait plus à regarder Saskia et les bijoux qu'elle portait du même œil.

Pour ne pas rester sur cette note négative, pourtant, Hazel changea le sujet de conversation d'elle-même. Elle profita de l'insertion du sujet Cooper dans la discussion pour sauter sur l'occasion d'en savoir davantage. « Ouais, on a eu le coup de foudre la nuit dernière. On va se marier à Vegas et s'installer à Cardiff, du coup. Bon, ben, salut, c'était sympa de te connaitre. » Désespérée, Hazel jeta un coup d'oeil à la bouteille, posée à côté d'elle. « Heureuse de voir qu'au moins l'une de nous a apprécié tout ça », lâcha subitement la blonde, qui commençait doucement à perdre patience malgré toute sa bonne volonté. « QUOI ? J'ai pas l'air journaliste, c'est ça? C'est parce que je suis stagiaire ? C'est à cause de ma couleur de peau ? Ou parce que j'insulte les gens en gallois ? Je sais, c'est bizarre mais... » Saskia s'énervait de son côté, alors qu'Hazel, elle, définitivement paumée, commençait à se demander s'il n'était pas déjà temps pour elle de prendre ses jambes à son cou. Elle n'arrivait même plus à démêler le vrai du faux, le sérieux de la blague. Et pourtant, elle connaissait Saskia et ses délires depuis bien longtemps et s'y était accommodée... Mais là, il y avait un truc en plus qui faisait qu'elle était définitivement putain de larguée. Elle était donc restée silencieuse, une fois de plus. « Mais j'fais c'que j'peux, j'te jure ! J'y suis pour rien !! » C'est donc en silence, le pas un peu traînant, qu'elle avait suivi la rousse qui, complètement hystérique, semblait ne pas arriver à se calmer. Pourtant, une fois assise sur le lit de son amie, elle intercepta une autre occasion de comprendre ce qui se passait. Décidément, Cooper semblait vraiment avoir un rôle central dans cette histoire. « J'ai une tête à regarder de la télé-réalité ? » se scandalisait une nouvelle fois la journaliste. Hazel l'entendit alors parler de quelques protagonistes dont elle ignorait l'existence jusque là. Pour seule réponse, elle but une nouvelle gorgée de vin. « T'as surtout un discours à regarder une télé-réalité » lança-t-elle à son tour avec un petit sourire moqueur.

Bientôt, pourtant, Hazel perdit tout sourire. Le sujet de discorde était finalement beaucoup plus grave que ça. Elle ne connaissait Cooper que de vue, l'avait croisé une fois depuis que son amie avait déménagé ici, mais elle ne pouvait s'empêcher une certaine empathie envers lui, qui transparaissait clairement dans son discours. Elle avait perdu ses parents et ne s'en était jamais réellement relevée, aussi elle imaginait assez bien l'état dans lequel le petit se retrouvait actuellement. Même si les situations restaient vraisemblablement très différentes, Hazel était dépitée par ce que l'enfant et le père improvisé allaient vivre. Saskia, elle, ne semblait pas profondément tourmentée par l'histoire. Elle était perdue dans ses vêtements, et finit tout de même par accorder une vague réponse à son amie. « Ouais, j'sais pas, il a pas trop parlé de ses amis. J'en sais rien du tout, il avait pas l'air trop trop choqué, juste préoccupé pour la gamine. Bon c'est pas si mal, peut-être qu'il tient le coup pour elle ... » Hazel but une gorgée de vin, tentant de dédramatiser comme elle le pouvait. Elle avait cependant noté que le gamin était en réalité une gamine -difficile à suivre ! « Si la petite et lui s'entendaient bien, après tout, ce n'est pas une mauvaise idée de proposer Cooper comme tuteur légal. » Elle se demanda un instant si Pacey avait désigné un tuteur légal pour Louis, et, si c'était le cas, de qui il s'agissait. Sûrement pas d'elle... Neela, sans aucun doute. « Puis au final, je le connais pas trop tu sais. Mais Isla aussi avait l'air surprise alors, j'sais pas... » Hazel haussa les épaules. « Isla le connaît, elle ? » Au final, elle n'avait pas connu tous les détails de cette colocation. Elle avait débarqué un peu sur le tard, pour rassurer Saskia sur sa décision et l'aider à déménager. La conclusion de Saskia, par contre, avait un petit goût d'amertume. Hazel venait de comprendre ce qui se passait. Un colocataire en moins, une galère monumentale. Le loft qu'ils avaient là n'était pas le plus luxueux, au contraire, même... mais on ne pouvait pas lui retirer l'avantage de sa surface conséquente ou de son emplacement plutôt correct. « C'est ça qui te met dans un état pareil ? » lâcha-t-elle finalement. « Si t'as des soucis d'argent, hésite pas, je peux te dépanner », proposa-t-elle, parfaitement fidèle à son rôle de sœur surprotectrice.

Puis il fut question d'un tout autre sujet : le choix de tenue de Saskia pour être... bonasse. Sauf qu'Hazel n'arrivait pas à se résoudre à l'idée que son amie puisse vouloir porter une jupe-ceinture et un top-brassière -car oui, voilà l'idée qu'avait la blonde lorsqu'on lui disait bonasse. Pourtant, Saskia ne voulait pas lui en dire plus. « Bonasse, tout court. » Hazel se racla la gorge, dubitative, buvant une nouvelle fois une gorgée de ce vin précieux qu'elle était allée récupérer dans la pièce principale du loft. « Bah, si, ils sont cools tes bijoux. Bon, t'as raison, je prends la noire. » La double approbation ne lui disait rien qui vaille. Ses bijoux étaient cools, ce qui, de la part de Saskia, était déjà un sacré compliment, mais vue la révélation qui avait été faite un peu plus tôt, Hazel doutait, pour la première fois, de la sincérité de ses propos. Quant à la robe... et bien, Hazel préférait croire qu'elle lui avait vraiment donné le meilleur conseil.

Voilà donc Saskia qui se déshabillait -ou plutôt, tentait de se déshabiller- pour enfiler la robe mûrement réfléchie par les deux partis présents. C'est le moment qu'avait choisi Hazel pour demander une nouvelle fois si c'était Cooper qui la mettait dans un état pareil, et elle entendit un rugissement lui répondre du fin fond du pull où était coincée la rousse. Quelques mots suivirent le prénom de Cooper, mais Hazel ne comprit rien. « T'AS DIT QUOI ? » hurla-t-elle pour être sûre d’être entendue. Elle se décida finalement à se lever pour lui donner un coup de main et l'aider à se sortir de ce pull -comment avait-elle pu rentrer dedans en premier lieu, d'ailleurs ? On l'avait cousu sur elle ou quoi ? Lorsque Saskia réussit à s'en extirper pour de bon, Hazel pouffa, amusée par l'état de son amie. Elle était à présent presque collée à elle, les mains solidement attachées au pull, et restait immobile, seulement secouée par ses rires. « Bon, ça devient gênant... » finit-elle par concevoir en se détachant de son amie. Là, pour le coup, une Saskia en sous-vêtements, devant la fenêtre de sa chambre, collée à une blonde qui aide à la déshabiller... ça pourrait faire un bon scénario de porno, non ? Tiens, est-ce que ce genre de scénarios plairait à Pacey ? « Je suis grosse ? » Interloquée, Hazel se laissa retomber sur le lit de Saskia en récupérant le verre qu'elle avait posé par terre avant d'aller l'aider. « Pas plus que d'habitude », la taquina-t-elle en faisant tourner avec délicatesse la boisson dans son verre. « Dis, si t'avais des problèmes, tu m'en parlerais, hein ? Parce que je peux t'aider. Je veux dire, pour l'histoire de... Cooper. Enfin, si avec Isla vous avez des problèmes pour le loyer ou ne pas mourir de faim. » Elle laissait à présent Saskia s'habiller et assortir ses bijoux à sa robe. Alors, choisirait-elle les boucles d'oreilles ou le collier ? Le suspense était à son comble... « Je comprends toujours pas pourquoi tu veux être bonasse. Je suis à peu près sûre que tu te maries pas avec Cooper, alors il y a un autre homme ? Ou c'est juste que tu veux une promotion au boulot ? »
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Saskia Reynolds
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MessageSujet: Re: {{ Slow down, you talk too fast {feat. Saskia} {ended}   {{ Slow down, you talk too fast {feat. Saskia} {ended} EmptyLun 13 Juil 2015 - 15:41




Cette journée était un peu particulière pour les deux colocataires qu'étaient Isla et Saskia. Après de longues discussions, nombre de solutions envisagées mais jamais retenues, la première avait abandonné la seconde pour retrouver ses obligations professionnelles. Car après tout, elles allaient assez être en galère financière pour ne pas en plus pouvoir se permettre de se faire renvoyer suite à une nuit animée, aussi courte fut-elle (et non pas pour de quelconques raisons enivrantes de joie).
Alors lorsque Saskia s'était retrouvée seule, elle avait fini par se lâcher. La rousse que l'on connaissait d'ordinaire guillerette, avenante, fine psychologue et toujours optimiste, s'était transformée en monstre de panique rageuse.
Telle une pile électrique, la demoiselle semblait incapable de tenir en place, montée sur ressorts, prête à tout pour penser à autre chose ou exorciser les malheurs qui semblaient la toucher de plein fouet. Affirmer qu'elle essayait de parvenir dans une zone de déni intense semble ici relever de la logique extrême - et puis ce n'était pas comme si elle était reine en la matière - et pourtant, c'était avec son humour légendaire qu'elle allait mettre des mots sur les sentiments flous qui remplissaient son esprit perturbé par le manque de sommeil.
Hazel, qui connaissait bien miss Reynolds, en tout cas, ne manifestait plus guère de gêne quant aux réactions étranges de son amie. Et lorsque Saskia prêtait attention à cette absence de réponse, elle n'était pas certaine de savoir si elle devait être flattée que la belle blonde la connaisse assez bien pour arrêter de prêter attention à ses coups de folie, ou si elle devait se vexer de son manque d'attention qui se faisait de plus en plus fréquent. Cependant, après un silence presque assourdissant après le monologue de la rousse, la voix d'Hazel se fit entendre.

" Je crois pas, non, et puis même si tu allais voir sur facebook, qu'est-ce qu'il te dit qu'il n'aurait pas un meilleur réseau sur un site spécialisé ? "
Saskia, en train de se gratter la tête, resta bouche bée devant la remarque de son amie. Pourrait-elle seulement gagner un centime sur l'exposition de ses menstruations en attente ?
" Et puis il y a plus sexy comme pose à diffuser sur internet, tu crois pas ?
... Son rêve s'écroula.
Elle offrit sa mine boudeuse la plus mignonne à Hazel.
" Tu crois ? Pourtant j'ai tout donné, dans la cuisine, c'est un fantasme pour plein de gens non ? "
Elle fit même ses yeux de Chat Potté.

Pourquoi parlait-elle de cuisine déja ? Elle aurait peut-être dû la nettoyer, c'était un peu le bordel là...
... Et comment étaient-elles passées de parler de cuisine à un site de rencontres
" Dit quoi ? " tenta la rousse avec un naturel exaspérant, l'air totalement perdu et curieux, comme si ... ben, elle venait de se réveiller. Puis ses neurones se reconnectèrent. " Ah oui, cool, au fait, vous vous mariez quand ? je veux porter une jolie robe, le genre que si tu la portes dans un bar on te dit que tu te la pètes. Genre couleur saumon avec plein de dentelles pourquoi pas. Oublies pas que je suis grande alors tu peux la faire longue la robe de demoiselle d'honneur. Elle marqua subitement une pause. " On est d'accord, je suis demoiselle d'honneur ? Prévois un repas pour Petit Pois aussi, faut qu'il s'éclate aussi. "

Finalement, les bijoux d'Hazel devinrent le sujet de conversation entre les deux jeunes femmes. Saskia aimait particulièrement les créations de son amie, sobres mais distinguées ; si elle n'aimait pas plus que cela porter des bagues, elle adorait porter les bracelets que son amie lui offrait. C'était un peu comme avoir la blonde à ses côtés des jours durant, l'accompagnant dans un quotidien parfois trop rébarbatif à son goût.

" Je saurai, pour la prochaine fois, je t'offrirai un pack de bière, au moins celui-là, il fera ton bonheur  "
Saskia leva les yeux au ciel. Parfois, on aurait vraiment dit que sa meilleure amie s'était attribuée le rôle maternel pàarce que ça lui faisait plaisir de pouvoir avoir le dernier mot. Et la grande rousse prenait un réel plaisir à jouer avec ses nerfs. Comme une vraie ado avec sa vraie maman, quoi.
" Si je louais tes bijoux, tu crois pas que j'aurais plus de thunes non ?? " sortit-elle d'un ton las. Pourquoi ne les avait-elle d'ailleurs jamais louées, ses créations? Avec tous les cadeaux de la blonde, elle aurait sans doute eu un bon gros troisième mois...
Petit Pois, lui, jetait quelques regards furtifs entre les deux jeunes femmes, cherchant quelques croquettes perdues çà et là, malgré l'alléchante proposition de Saskia de lui offrir l'apéritif.
Bon, il fallait bien l'admettre, il devenait un tantinet compliqué de suivre les élucubrations d'une rousse complètement fralée, et Hazel semblait perdre patience, d'ailleurs. Le sujet Cooper finit par arriver ; bon, on était encore à des années lumières d'une explications rationnelle de l'état de miss Reynolds, mais y'avait du progrès. La blonde restait silencieuse alors que le duo atypique s'était dirigé vers la chambre sans dessus-dessous de l'apprentie journaliste.
"  T'as surtout un discours à regarder une télé-réalité"
Saskia fronça un sourcil avant de répondre sur le même ton.
" Et toi t'as les cheveux qui vont avec ! "

Sur ces belles paroles, la jeune femme essaya de sortir de son pull, avant de rapidement s'en sentir comme prisonnière. Elle ne prêtait plus trop attention à ce qui se passait autour d'elle à ce moment là -elle aurait pu écraser Petit Pois sans même s'en rendre compte-, et pourtant, les mots sortaient tous seuls de sa bouche. Il fallait dire qu'il n'y avait sans doute qu'à Hazel qu'elle pouvait dire le fond de sa pensée. Sa colocataire avait besoin d'être rassurée, alors elle avait joué la carte de la sagesse et du calme à toute épreuve. Mais la blonde avait laissé place à l'autre blonde, et à présent, toutes les émotions fusaient du frêle corps de la rousse, qui devenait plus imprévisible et incompréhensible encore qu'à l'accoutumée.

" Si la petite et lui s'entendaient bien, après tout, ce n'est pas une mauvaise idée de proposer Cooper comme tuteur légal. "
Hazel prenait visiblement les choses avec philosophie et tentait de trouver les mots rassurants.
" Isla le connaît, elle ? "
Heu... Bonne question.
La jeune femme stoppa ses gestes, mine qu'elle réfléchissait. Un peu.
" Heu, bah ils se connaissent depuis plus longtemps qu'avec moi. Mais de toute façon, je sais pas si Isla va digérer le coup là. T'sais, c'est un peu comme quand j'essaie de te cuisiner un bon petit plat : ça file la chiasse. "
Non non, cherchez pas trop loin la comparaison.

" Et non, jamais tu me dépanneras. Je te demanderai jamais ça. "Oooh, Saskia et ses principes... " J'demanderai à mon père! " Ah, ben au moins, c'est clair.
L'atmosphère finit par se détendre un chouïa grâce à la bière qui avait sans doute un petit peu fait gonfler le ventre de la pourtant maigrichonne rousse, qui visiblement, se battait corps et âme et ongles pour sortir de son pull. Après un début de chorégraphie digne des grands tubes d'été mêlé à une hystérie grandissante de la part de la propriétaire des deux longues jambes qui se trémoussaient, la journaliste sentit Hazel tenter de la sortir du piège diabolique. Elle espéra que c'était involontairement qu'elle laissait trainer sa main sur sa poitrine, puis se dit que finalement, c'était peut-être cela, des meilleures amies normales? Des nanas qui se tripotent quand la copine est coincée dans un pull après avoir essayé des bijoux hors de prix que la copine a créé pour sa boutique ? ... Non ?
Après plusieurs coups de coudes dans ce qu'elle supposât être un bout d'Hazel, des sautillements désespérés, menaçant de faire tomber quelques piles de livres qu'elle ne voyait même pas, des cris dignes des souris castras les plus connues des égouts, Saskia Reynolds apparut décoiffée à son amie avant d'entreprendre de se ... "faire bonnasse".

" Tu crois que je dois faire régime ? " fit-elle en enfilant la robe, le plus naturellement du monde. Pourtant, on lui avait dit nombre de fois, de bouffer plus de beignets, de prendre du poids. " Haha nan j'déconne, j'ai déjà du mal à pécho comme ça, si en plus je rentre plus dans mes pantalons, et encore pire, que j'arrive pas à en sortir sans ton aide ... " ajouta-t-elle avec une distinction dont elle avait le secret.
Hazel, assise sur le lit, semblait prendre une autre direction verbale, coincée avec un ton sérieux voire solennel.
" T'inquiète, au pire je vends Petit Pois. " répondit la rousse en se contorsionnant pour fermer sa robe. Les dentelles mettaient incontestablement ses formes en valeur. Elle posa devant son miroir, telle une mannequin déchue des podiums prête à tout pour une seconde de gloire. Elle entendit un miaulement.
" T'inquiète PP, je viendrai te rechercher chez ton acheteur après ! "

Brusquement la jeune femme fit demi-tour en direction de son amie, manquant de s'écrouler sur elle. C'était le collier qu'elle avait accordé à la robe noire. Elle se recoiffa pitoyablement, puis reprit les pauses les plus sensuelles et attractives dont elle était capable. Inutile de préciser qu'on aurait pu la croire bourrée et super maladroite, à tel point ses gestes étaient délicats et naturels.
" Je comprends toujours pas pourquoi tu veux être bonasse. Je suis à peu près sûre que tu te maries pas avec Cooper, alors il y a un autre homme ? Ou c'est juste que tu veux une promotion au boulot ? "
Saskia soupira et laissa tomber ses bras le long de son corps, d'un air las et capricieux.
" Moi j'me donne du mal et toi t'en as rien à cirer !!! " Elle se jeta assise sur son lit à côté de son amie, croisa les bras, l'air boudeur, la mine renfrognée. " J'suis moche quand je m'habille classe c'est ça ? ... J'pourrai faire de la pub pour ton magasin, genre j'gagnerais un peu de fric et peut-être que y'a un mec qui m'inviterait à boire un coup ou deux ... "
" AAAAAAAAAAAAH " hurla-t-elle en se redressant en un quart de tiers de secondes. Debout, les bras ballants, la demoiselle regardait dans le vide. " Ah non, rien. Pourquoi j'ai mis une robe, déja, en vrai  ?"

Petit Pois grimpa sur les genoux de sa maitresse, qui semblait perdue dans ses pensées, mobilisant tous ses neurones pour se souvenir de l'évènement qui avait marqué un tournant dans sa vie quelques secondes auparavant. Vous savez, ce moment où elle avait décidé que se faire bonasse était une bonne idée. Puis presque timidement, elle demanda ... " T'aurais préféré que je mette les boucles, c'est ça ? "
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MessageSujet: Re: {{ Slow down, you talk too fast {feat. Saskia} {ended}   {{ Slow down, you talk too fast {feat. Saskia} {ended} EmptyVen 17 Juil 2015 - 20:16



Les choses n'étaient jamais vraiment simples, avec Saskia. Il fallait dire que cette dernière était, de base, un petit bout de femme bien complexe. C'était seulement avec le temps qu'Hazel avait réussi à s'y faire, mais elle n'avait pas toujours été d'un calme exemplaire face à la rousse. Il lui arrivait même encore de péter une durite lorsqu'elle n'avait pas la patience, mais maintenant, elle ne prêtait plus attention à ce qui, même pour Saskia, tenait du détail. Si ça avait été n'importe qui d'autre, la blonde aurait pourtant été choquée de la voir se cacher derrière la table de la cuisine pour vérifier qu'aucune alerte rouge ne s'était déclenche à son insu. Il n'y avait que Saskia pour avoir de tels coups de folie, et il n'y avait que de Saskia qu'elle acceptait de pareilles réactions. Pourtant, il fallait croire qu'elle arriverait toujours à la surprendre : Hazel n'avait jamais vu son amie dans un état de colère pareille. Ce dernier semblait d'ailleurs catalyser chacune de ses interactions extravagantes, ce qui avait le don de mettre Hazel face à une Saskia qu'elle ne connaissait pas et qui lui faisait, il fallait bien l'avouer, un peu peur. Elle se sentait même un peu ridicule avec son sac de bijoux; peut-être qu'à l'avenir elle éviterait de choisir Saskia lorsqu'elle aurait besoin d'un avis de dernière minute sur ses collections. Ce serait sans doute plus sage et raisonné, non ? D'autant plus si la rousse comptait donner ces mêmes opinions vagues et garder les bijoux qu'elle lui offrait pour les mettre à la location. Dans tous les cas, pour cette fois-ci, c'était trop tard : autant essayer de tirer le meilleur de la situation. Rien qu'une petite approbation, ce serait déjà ça... Mais avant la moindre approbation du côté Saskiesque, il fallait à Hazel de la patience. Beaucoup de patience. « Tu crois ? Pourtant j'ai tout donné, dans la cuisine, c'est un fantasme pour plein de gens non ? » Hm, vraiment ? Le regard que lui lançait Saskia à cet instant la fit sourire, mais elle commençait doucement à perdre patience. Elles allaient vraiment avoir un débat sur ce qu'attendaient les habitués des sites pornos ? « T'as tout donné, vraiment ? » demanda-t-elle donc simplement avant de se reprendre à temps, de peur que son amie prenne sa question pour un défi : « Jveux dire, y'a des fantasmes plus communs qu'une fille qui regarde le fond de sa culotte. Sans offense. » Elle se racla la gorge, gênée de mentionner fantasmes et sexe avec Saskia. A ce rythme-là, dans quelques minutes, elle se retrouverait prise dans le piège d'une Saskia subitement désireuse de partager ses fantasmes sexuels les plus cachés. Elle l'aimait comme une sœur, voyons, et il n'y avait qu'avec Pacey qu'elle se voyait aborder ce genre de sujets...

Elles passèrent rapidement de fantasmes aux sites de rencontres. Hazel ne comprit même pas comment ni pourquoi, d'ailleurs, et la conversation continuait à suivre ce même virage WTFesque qu'elle avait emprunté depuis que les deux jeunes femmes s'étaient retrouvées : Saskia ne voyait plus de quoi elles parlaient, et la blonde n'avait pas le courage de lui réexpliquer tout le cheminement des choses. Sans approfondir davantage, donc, Saskia en vint rapidement à... « Ah oui, cool, au fait, vous vous mariez quand ? je veux porter une jolie robe, le genre que si tu la portes dans un bar on te dit que tu te la pètes. Genre couleur saumon avec plein de dentelles pourquoi pas. Oublies pas que je suis grande alors tu peux la faire longue la robe de demoiselle d'honneur. On est d'accord, je suis demoiselle d'honneur ? Prévois un repas pour Petit Pois aussi, faut qu'il s'éclate aussi. » Étonnée d'une telle divagation -et surtout d'en être le centre et que l'avenir de son couple soit visé-, Hazel arqua un sourcil dubitatif. « Je suis touchée que tu veuilles tellement mon bonheur... » commença-t-elle donc en s'imaginant... en s'imaginant Hazel Stark. Ce n'était pas dégueulasse, comme nom. Cela faisait un an qu'ils étaient ensemble, maintenant, et à dire vrai, si cela ne dépendait que d'elle, elle ne demandait pas mieux que d'officialiser les choses avec Pacey... Mais tout était beaucoup plus complexe que cela. Elle devait rencontrer Louis, d'abord, et apprendre à se faire son petit nid dans cette famille qui était déjà formée et dans laquelle elle ne ferait que s'inclure en cours de route. Le mariage était donc loin d'être dans ses plans immédiats, mais ce serait mentir que de prétendre qu'elle n'y avait jamais pensé... Les choses n'avaient jamais été aussi évidentes que depuis un an, depuis qu'elle était avec Pacey. Les circonstances auraient beau être compliquées, évoluer, l'impressionner... elle était sûre d'une chose : c'était avec lui qu'elle se voyait vieillir. Mais il ne fallait pas mettre la charrue devant les bœufs pour autant. Et encore une fois, c'était Saskia qui s'emportait un peu trop... « On se calme, miss Reynolds. Si un jour on se marie, il faudra que tu gagnes ta place de demoiselle d'honneur... » Bah oui, tant qu'à faire. Et puis ça la calmerait peut-être pour le moment. Elle venait de clore le sujet, fin du débat. Elle préférait peut-être même encore parler de la petite culotte de Saskia que de s'imaginer épouser son homme, qui n'était même pas au courant que de telles idées lui trottaient dans la tête.

Et ENFIN. Les bijoux. Bon, Hazel semblait réaliser que son amie n'en profitait pas comme elle l'aurait aimé ; elle aurait préféré ne pas la juger, puisque c'était elle qui, depuis le début, lui imposait ce genre de conversations liées à ses créations, mais elle avait été beaucoup trop spontanée pour ne pas laisser transparaître sa déception. « Si je louais tes bijoux, tu crois pas que j'aurais plus de thunes non ?? » Saskia avait répliqué avec une remarque loin d'être idiote. « Ça dépend comment tu gères tes locations... » tenta Hazel, pourtant loin d'avoir oublié le peu d'intérêt que portait l'apprentie journaliste à son travail. Buvant une gorgée de vin, la blonde tentait de se convaincre qu'elle avait mal compris les élucubrations de sa amie, et que de toute façon, cette dernière ne lui dirait jamais en face qu'elle appréciait ses créations, tout simplement parce que ce n'était pas son genre. Quelques minutes plus tard, elles avaient pris la direction de la chambre de la rousse, pour que cette dernière se frotte à quelques essayages. Pour la énième fois depuis qu'elles se connaissaient, Saskia avait fait une remarque sur la couleur de cheveux de la blonde. Fatiguée de ce genre de réflexions, elle lui répliqua ce qu'elle lui répliquait à chaque fois, elle-même lassée de son propre discours : « au moins moi j'ai une âme ! »

Étrangement, c'est Cooper qui finit par la calmer. L'histoire qu'elle racontait là la touchait en plein cœur : elle qui avait perdu ses parents alors qu'elle était déjà une jeune adulte ne pouvait que s'imaginer la douleur de jeunes qui les perdaient alors qu'ils n'étaient qu'enfants... « Heu, bah ils se connaissent depuis plus longtemps qu'avec moi. Mais de toute façon, je sais pas si Isla va digérer le coup là. T'sais, c'est un peu comme quand j'essaie de te cuisiner un bon petit plat : ça file la chiasse. » Hazel se prit la tête dans la main, dépitée par tant d'élégance et de classe. Dans tous les cas, elle avait du mal à imaginer Isla face aux faits : les rares fois où elle l'avait croisée, elle l'avait impressionnée au point de lui faire même un peu peur. Et pourtant, elle ne faisait que boire une bière ou chercher un paquet de mouchoirs... alors elle préférait même ne pas tenter d'imaginer à quoi pouvait ressembler une Isla énervée. « Essayez de lui parler, c'est souvent la seule issue possible quand on est face à des histoires comme ça. » Conseil banal, oui, mais conseil réfléchi et avisé. La discussion et les concessions auraient pu éviter bien des batailles. Au-delà de ces conseils peut-être considérés comme bateau, Hazel souhaitait absolument aider Saskia. Et Isla, peut-être un peu, aussi, juste pour ne pas se faire couper la tête pendant son sommeil. « Et non, jamais tu me dépanneras. Je te demanderai jamais ça. » Les sourcils froncés, Hazel était prête à répliquer qu'elle ne manquait pas d'argent et que ça lui ferait plaisir de lui donner une utilité -que ces années de travail sans relâche profitent à quelqu'un... « J'demanderai à mon père! » Ah oui, son père le banquier... « Mais t'as besoin de l'embêter, tu lui demandes déjà assez comme ça. Si je peux te dépanner, dis-le moi juste, ça me ferait plaisir... » Pas qu'elle croulait sous les millions, mais elle avait de l'argent de côté et était prête à lui donner une utilité.

Quelques instants plus tard, Hazel volait au secours d'une Saskia perdue dans une toute autre situation : ce pull dont elle n'arrivait pas à se sortir.  Elle avait l'impression de prendre les choses en main et se sentait à chaque instant à deux doigts de libérer son amie, mais cette dernière se battait avec une telle ferveur qu'elle rendait la tâche particulièrement difficile à la blonde. Elle reçut quelques coups dans la poitrine, se demandant si c'était volontaire ou pas. Peut-être que c'était ça, l'amitié telle qu'elles la concevaient : se frapper et se tripoter, et prétendre que tout était normal. Au bout de longues minutes de bagarre acharnée, le museau de Saskia sortait enfin de ce pull piégeur. « Tu crois que je dois faire régime ? » L'étonnement pouvait clairement se lire sur le visage de la blonde. Saskia, un régime ? « Si je te dis de manger plus de beignets, c'est pas pour t'encourager à maigrir, hein ! » l'engueula-t-elle, sourcils froncés. Hazel avait toujours eu du mal à se trouver acceptable avec ses formes, et elle n'avait jamais caché qu'elle enviait celles de la rousse, mais en aucun cas le poids ne devait se transformer en obsession, surtout dans le cas d'une Saskia bien dans son corps et dans sa peau. Quel gâchis ce serait que d'essayer de se transformer en quelqu'un d'autre... La journaliste avait repris aussitôt, visiblement sans trop écouter ce qu'elle lui avait dit... « Haha nan j'déconne, j'ai déjà du mal à pécho comme ça, si en plus je rentre plus dans mes pantalons, et encore pire, que j'arrive pas à en sortir sans ton aide ... » Ah, oui, bon. C'était dans l'autre sens, alors. Mais la réponse serait toujours la même. « Cherche pas à défier la nature. Nourris-toi, c'est tout. » Mais, encore une fois, ce sujet fut bien vite éclipsé. Cette fois, c'est d'ailleurs qui s'en chargea. Elle ne comptait pas laisser les choses inachevées. Elle ne voulait pas d'une Saskia à la rue. Elle voulait une Saskia entourée de bières et de beignets, et un Petit Pois baignant avec joie dans ses croquettes. « T'inquiète, au pire je vends Petit Pois. » Mais Saskia ne semblait pas prête à être sérieuse. Hazel parlait dans le vent. « T'inquiète PP, je viendrai te rechercher chez ton acheteur après ! » Après un soupir désespéré, Hazel but deux gorgées de vin, se demandant où cette histoire allait les mener. Elle releva doucement le regard vers le pseudo mannequin qui se dandinait devant elle. Elle n'avait tout de même pas l'étoffe de Naomi Campbell. Et Saskia comprit bien vite ce qu'elle tentait de lui expliquer. « Moi j'me donne du mal et toi t'en as rien à cirer !!! » Hazel rebondit sur le lit au rythme des ondes crées par le jeté de Saskia sur le matelas. « Mais... je m'en fous que tu t'habilles comme si t'allais proposer tes services d'escort à Barack Obama, moi ! Je veux juste que tu me dises si ça te plait ou pas, et si tu te vois les porter en tant que Saskia. Dans la vie de tous les jours... J'ai pensé certaines des pièces pour être portables avec un bête t-shirt, tu sais. Pas besoin de... » Mais Saskia semblait restée bloquée sur son échec.  « J'suis moche quand je m'habille classe c'est ça ? ... J'pourrai faire de la pub pour ton magasin, genre j'gagnerais un peu de fric et peut-être que y'a un mec qui m'inviterait à boire un coup ou deux ... » Hazel n'eut pas le temps de répondre qu'elle avait sauté en l'air de surprise. « Ah non, rien. Pourquoi j'ai mis une robe, déjà, en vrai  ? » Mais Hazel n'avait subitement plus tellement la tête à ça. Elle avait attrapé son portable dans la poche de son blazer et décrochait en tendant un index vers Saskia pour qu'elle se taise. « Allô... oui ? Oui... Hmm... vous pouvez pas... ? Non. Bon, je... j'arrive le plus vite possible. »

Il était temps pour elles de se séparer. En un regard, Saskia avait compris de quoi il en retournait -et peut-être que la conversation qu'elle venait d'avoir au téléphone l'avait aiguillée, aussi, d'ailleurs. Pendant qu'elles rangeaient les bijoux, Hazel expliqua brièvement à Saskia qu'elle était la bienvenue sur leur prochaine campagne si elle le souhaitait : les clients devaient être fatiguées de la voir elle sur ses propres publicités. Il était peut-être temps de passer la main, au moins partiellement. La blonde laissa un bracelet à Saskia, celui qu'elle avait imaginé pour elle, et réitéra une nouvelle fois son envie de se se rendre utile si Isla et elles venaient à manquer d'argent pour payer le loyer ou les courses. Cinq minutes de course plus tard, Saskia fermait la porte sur elle, et Hazel courrait jusqu'à sa voiture, angoissée par ce client qui l'attendait à la bijouterie. Il était en avance...


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