Ce soir-là, Katherina avait eu besoin d’un peu de calme, pas d’une grosse boite de nuit avec une musique si forte qu’on ne pouvait rien entendre d’autre, non, juste un simple bar avec une bonne ambiance. Ses amis étaient tous de sortie, tous à droite et à gauche, mais pas elle, non … elle, elle était simplement assise dans ce bar, assise à ce comptoir à faire tourner la paille dans son verre. Ces derniers temps, elle avait vécu pas mal de choses plutôt perturbantes, peut-être même un peu, alors elle avait eut envie de changer, envie de se remettre en question, parce qu’elle passait peut-être à côté de grandes choses. C’était la première fois qu’elle mettait le pied ici, la première fois qu’elle passait la porte du Wildjam, un endroit qui semblait pourtant terriblement sympathique. Si elle était ici, ce n’était pas spécialement pour boire, ni pour hurler au milieu de la salle pour faire savoir à tout le monde qu’elle avait encore abusé de l’alcool. Non, si elle était ici, c’était pour s’aérer l’esprit, pour penser à autre chose, pour voir de nouvelles personnes en fait. Katherina était là, assise sur ce tabouret, à faire tourner sa paille dans son cocktail, soupirant légèrement en observant les personnes autour d’elle. « Une Vodka s’il vous plait », la petite voix à côté d’elle l’interpella, elle venait de sortir de ses pensées … Une petite blonde, mignonne, toute chou, est-ce qu’elle avait vraiment l’âge de boire ? Haussant un peu les épaules, elle l’observa quelques instants, avec l’étrange impression de l’avoir déjà vu quelque part … Des petites blondes on en croise à tous les coins de rue non ? Mouais, peut-être. La demoiselle reporta rapidement son attention sur son verre, buvant quelques gorgées, pas trop d’un coup, histoire de ne pas avoir à en recommander un … Sachant pertinemment que c’était toujours comme ça que ça commençait, allez juste un de plus, allez encore, et encore et encore ….. Mais non, pas ce soir. « Salut. Je ne sais pas si tu te souviens de moi… Mais là, j’aurais bien besoin d’une héroïne. » Sa voix l’interpella à nouveau, redressant doucement la tête, Katherina reporta son attention sur la petite blondinette, en l’observant avec plus d’attention. Au début, elle ne lui disait rien, si elles s’étaient rencontrées en soirée il y avait de fortes chances qu’elle ne se souvienne pas d’elle … Mais petit à petit, ça commençait à lui revenir, ce petit visage, oui, c’était celui de la demoiselle qui avait chuté de la table, oui, de la table en boîte de nuit ?? Soudainement, un petit sourire apparut sur son visage tandis qu’elle se tournait vers elle, l’observant de haut en bas, oui c’était bien elle, la petite demoiselle. En réalité, elles n’avaient pas eu le temps de se parler, puisqu’elle avait été rapidement entraînée en dehors par un garçon, c’est à peine si elles avaient eu le temps de s’échanger ne serait-ce qu’un petit mot … Et pour être honnête, elle ne s’attendait pas à recroiser son chemin un jour. Haussant un peu les épaules, Katherina se rendit compte qu’elle n’avait pas l’air aussi enjoué que la première fois qu’elle l’avait rencontré, est-ce qu’elle passait aussi une mauvaise soirée ?

La demoiselle termina rapidement sa boisson, parce que si elle avait besoin d’une héroïne, il fallait qu’elle soit un minimum en forme … « Tu me laisse 5 minutes le temps que j’enfile ma cape ? Elle a un peu prit la poussière depuis ta dernière soirée, tu sais ? » Katherina afficha un petit sourire taquin, parce qu’elle se souvenait soudainement de sa chute, de la rapidité avec laquelle elle s’était relevée, presque comme si elle n’avait rien senti … Est-ce qu’une demoiselle qui se relève sans soucis après une si lourde chute a réellement besoin d’une héroïne comme Kath ? « Qu’est-ce que je peux faire pour toi ? » Lui lança-t-elle doucement, un petit sourire en coin. Ce soir-là, elle avait envie de faire quelque chose de bien, de vraiment bien.

 Elle riait, ce qui arracha un petit sourire à Katherina, parce qu’au fond d’elle, elle savait que c’était ce dont elle avait besoin, rire. La brunette repensait à la soirée qu’elle avait passé, et la façon dont elle s’était terminée, c’était étrange de se dire qu’une personne si folle en soirée pouvait être aussi triste ce soir … N’étaient-elles pas pareil dans le fond ? Haussant un peu les épaules, elle termina son verre en lui lançant un doux sourire. Elle trouvait sa cape très jolie, d’un rouge vif, face à ça Katherina ne pu s’empêcher de lâcher un petit rire. « Je suis contente qu’une personne remarque enfin son éclat, ce n’est pas comme si elle ne pouvait pas inaperçu, si ? » Lança-t-elle en faisant semblant de ramener sa cape devant elle, mimant un geste de caresse. « Ma précieuse. » Bon, d’accord, elle avait l’air ridicule, mais si ça la faisait rire, c’était le plus important non ?

En fait, Katherina devait se rendre à l’évidence, si la demoiselle s’était présentée, elle n’en avait absolument aucun souvenir. Il faut dire qu’après son départ les cocktails s’étaient enchaînés plutôt rapidement, à tel point qu’elle aurait presque pu oublier cette petite blonde. La demoiselle haussa légèrement le sourcil en apprenant son âge, 16 ans, vraiment ? Une petite hors la loi donc ? Qui était-elle pour la juger ? à son âge ce n’était pas un ange, loin de là. En réalité, l’alcool l’avait beaucoup aidé à oublier sa misérable adolescence, brisée, anéantie même, alors non, elle ne pouvait pas la juger. « Techniquement, je devrais te demander : Mais attend, t’es pas un peu jeune pour boire ? » Elle laissa un petit blanc s’installer, un fin sourire aux lèvres. « Mais à la place je vais plutôt te dire que je suis enchantée de rencontrer ma protégée. Moi c’est Katherina, ou Héroïne, c’est toi qui préfère … Une héroïne avec 10 ans de plus que toi, bordel je me fais vieille. » Il fallait qu’elle se rende compte de la chance qu’elle avait de n’avoir que 16 ans, Katherina donnerait tout pour retourner à ses 16 ans, pour tout recommencer, pour se donner une seconde chance. Pourtant, elle se contentait d’avancer, avec toute la force dont elle avait besoin pour cet exploit. Lorsqu’elle posa à nouveau son regard sur Amy, elle comprit que quelque chose n’allait pas, vraiment pas, est-ce qu’elle avait d’en parler ? Katherina n’en savait rien, est-ce qu’elle avait envie d’oublier ? Probablement. Dans les deux cas, il fallait qu’elle sache qu’elle était tombée sur la bonne personne, sur cette personne qui ferait son possible pour lui faire oublier, ne serait-ce que le temps d’une soirée. N’était-ce pas le rôle d’une héroïne ? Venir en aide aux personnes en détresse. « J’ai besoin de te parler de quelque chose d’assez personnel, d’un peu compliqué aussi. » Hochant légèrement la tête, c’était une façon de lui annoncer qu’elle allait l’écouter, jusqu’au bout et ce peut importe ce qu’elle dirait, elle n’allait pas la juger, elle n’allait pas l’engueuler, rien. « J’ai besoin d’être écoutée, rassurée. » C’est à cet instant précis que Katherina posa son verre et afficha une mine un peu plus sérieuse, elle avait l’air si triste, qu’est-ce qui pouvait la rendre si triste ? Se pinçant légèrement la lèvre, la brunette posa sa main sur l’épaule d’Amy, frottant doucement sa main contre. « Je suis là, tu peux m’en parler. » Lui lança-t-elle doucement, un doux sourire accroché aux lèvres.

« Je voudrais bien que tu me prennes dans tes bras … » Haussant un peu le sourcil, Katherina s’approcha un peu plus. « Peux-tu … faire tout ça pour moi ? S’il te plait ? » Elle hocha doucement la tête, parce qu’elle en avait besoin, pouvait-elle réellement lui refuser ? C’était inhabituel pour elle, parce que la tendresse et les câlins c’était pas son fort, mais pour elle, elle pouvait bien faire un effort. Une fois suffisamment proche elle passa ses bras autour d’elle et la serra tout doucement, un peu mal à l’aise au départ, elle ne savait pas trop comment réagir, quoi faire pour réellement lui remonter le moral, comme si un simple câlin suffisait .. Non. Pourtant, Katherina serra d’avantage Amy contre elle, frottant sa main contre son dos en souriant doucement, c’était inhabituel mais ça faisait du bien, autant pour elle que pour Katherina. « Ça va ? » Murmura-t-elle doucement tandis qu’elle relâchait doucement et petit à petit la demoiselle. « Si tu as besoin d’en parler, je t’écouterai, en réalité, si tu as besoin de quoi que ce soit, n’hésite pas, je suis là pour ça. »

Sa remarque avait fait rire Amy, et ça lui faisait du bien de voir ce petit sourire se dessiner sur ses lèvres. Katherina n’avait jamais réellement aimé voir des personnes tristes, peu importe qui elles étaient. Si habituellement, elle ne faisait rien d’autre que sourire, cette fois-ci c’était différent, parce qu’elle sentait au fond d’elle-même qu’il fallait faire beaucoup plus pour Amy, qu’elle avait besoin d’autre chose qu’un sourire. « Je bois pour m’amuser, tester mes limites, me redécouvrir, quitter un peu la réalité » Est-ce qu’elle pouvait réellement la juger pour ça ? Cette simple petite phrase lui avait donné l’impression d’avoir énormément en commun avec elle, peut-être même plus que ce qu’elle pensait. Amy ne buvait pas simplement pour danser sur les tables, pour se déchaîner au milieu de la foule, non, elle buvait pour s’évader … N’était-ce pas ce que cherchait aussi Katherina ? S’évader de sa triste réalité. La demoiselle baissa doucement les yeux, soupirant à peine en fixant ce verre vide, l’alcool avait pourtant ses limites, et le retour à la réalité se faisait de plus en plus rude. Katherina releva les yeux et lança un petit sourire à Amy, elle, elle n’avait jamais réellement pensé que parler pouvait mieux résoudre les problèmes que l’alcool … La vérité est qu’elle n’avait jamais eu l’occasion de tester la première technique. Il fallait l’avouer, Katherina n’était pas vraiment du genre pipelette, mais bon. « Non seulement tu bois, et en plus tu traînes avec des plus vieux … Je ne vous félicite pas mademoiselle … Ils sont mignons au moins ? » Katherina termina sur une touche d’humour, pour qu’elle ne se vexe pas pour sa remarque, qui n’avait rien de sérieux non plus. « Je suis là alors, si tu as besoin de moi. » Elle n’était pas très douée pour ça, elle n’avait rien de très sécurisant, mais elle pouvait bien faire des efforts pour faire sourire Amy.

Elle glissait doucement sa main dans ses cheveux, serrant un peu plus la petite blonde dans ses bras. C’était assez étrange, elle avait cette petite boule au ventre, cette petite gêne, sans vraiment trop savoir quoi faire de plus. Est-ce qu’elle se sentait mieux maintenant ? Kath leva doucement les yeux au ciel en se pinçant la lèvre, parce que dans le fond, ce câlin lui faisait aussi du bien. Elle resta un moment silencieuse, se contentant de lui faire le câlin tant voulu, de frotter doucement et maladroitement sa tête, la tendresse ne faisait pas vraiment partie de ses habitudes, alors elle avait sans doute l’air un peu crispé. La demoiselle se recula avant de lâcher un petit sourire réconfortant, Amy brisa enfin ce silence, prête à parler. Elle était heureuse de sa présence, face à ça, le sourire de Kath s’était agrandit, jusqu’à ce qu’elle se rende compte que le sujet de conversation allait tourner autour de la mère d’Amy, sa mère … Est-ce qu’elle allait lui demander des conseils ? Kath allait-elle être obligée de lui avouer qu’elle était incapable de lui en donner ? En se pinçant légèrement la lèvre, elle garda ce petit sourire, faisant en sorte de ne rien laisser transparaître. Elle ne l’aimait pas … Fronçant légèrement les sourcils, entortillant doucement ses doigts, elle restait silencieuse, laissant la petite blonde terminer. Ce n’était pas vraiment sa fille, elle était donc adoptée, ce n’était pas facile, vivre au sein d’une famille qui n’est pas véritablement la notre, faire comme si on était quelqu’un d’autre alors qu’on voudrait simplement être soi-même. Katherina attrapa la main d’Amy lorsque celle-ci se mit à pleurer doucement, elle la serra doucement en lui lançant un petit sourire. « Je comprends ce que tu ressens, tu n’as pas à être quelqu’un d’autre, et tu n’arriveras sans doute jamais à être comme elle. Je sais que ce que tu cherches à faire, c’est la rendre fière de toi, te comporter comme elle l’entend juste pour la voir heureuse, mais tu n’as pas à faire ça Amy. Tu l’as dis toi-même, parler se révèle être une bien meilleure aide quand le problème est très important, le problème l’est parce qu’il t’empêche d’être ce que tu es réellement, ce que tu veux être, il te force à faire des choses que tu ne devrais pas nécessairement faire, parce que ta réalité ne te convient pas … Tu es débordante d’énergie, adorable, sans aucun doute très intelligente, tu as tout pour toi, ne gâche pas ça en voulant être quelqu’un d’autre … Parle lui, elle comprendra, parce qu’elle t’aime. » Et c’est ce que n’importe quelle mère devrait faire, comprendre son enfant et l’aimer tel qu’il est, peut importe ce qu’il a pu faire, de bien … ou de mal.

Elle sentait que, petit à petit, Amy retrouvait doucement le sourire. Non pas un sourire radieux, extraordinaire, mais plutôt ce petit sourire qui signifiait que ce qu’elle disait avait un impact sur son humeur. Katherina n’était pas spécialement douée pour remonter le moral des gens, habituellement elle se contentait d’offrir deux ou trois verres et de fuir la situation, mais cette fois-ci c’était différent, parce qu’il s’agissait d’Amy et qu’elle se devait de l’aider. « Même les vieux peuvent être de bonne compagnie ! » Elle n’avait pas tord, et elle s’en rendra d’avantage compte avec le temps, Katherina le savait parce qu’il lui arrivait d’avoir affaire à des jeunes, et la plupart du temps les choses ne finissaient pas toujours bien … Sans doute parce qu’elle avait du mal à supporter les « gosses », peut importe leur âge, ils étaient insupportables, ingérables, chiants. Pourtant, ce n’était pas le cas d’Amy, sans doute parce qu’elle passait la plupart de son temps avec des adultes, alors elle avait du apprendre à se comporter en conséquence, ce qui la rendait spéciale, ce qui poussait Katherina à vouloir apprendre à la connaître. « Rassure moi, tu ne me considère pas comme si vieille que ça ? » Après tout, elle n’avait qu’une seule toute petite et ridicule ride, juste une seule, hein ?

Elle serra d’avantage sa main, en douceur, frottant doucement son doigt contre sa peau. C’était étrange tant ça lui faisait également du bien, ce si petit contact physique. Cette conversation faisait remonter en elle certains souvenirs, pas des plus joyeux bien évidemment, pourtant elle ne se sentait pas si mal que ça, voir même quasiment pas, elle sentait que petit à petit son mal-être disparaissait et qu’il finirait par ne plus être présent au fil du temps. Ce soir-là, elle voulait se concentrer uniquement sur Amy et son souci, et ne pas penser à sa propre mère. Katherina se contenta de l’écouter parler, relâchant doucement sa main lorsque celle-ci se crispa … Elle sentait subitement que la tristesse d’Amy revenait, qu’elle l’envahissait à nouveau, et elle le comprenait parfaitement, c’était difficile d’être aimé pour ce que l’on n’est pas, d’être attaché à une personne dont on ignore les vrais sentiments. Katherina baissa doucement les yeux en soupirant légèrement, parce que dans le fond elle ne savait pas si ses conseils étaient les meilleurs, ou s’ils étaient au moins adaptés … Elle ne savait pas si elle lui était réellement utile, ou si elle disait les bonnes choses correctement. Ce qu’elle comprenait aussi, c’est que sa mère l’aimait bien plus qu’elle ne le croyait, assez pour avoir peur de la perdre tout comme elle a perdu sa première fille, et bien entendu, c’était quelque chose de difficile à percevoir pour Amy.

« Je suis certaine d’une chose, elle t’aime énormément Amy, suffisamment pour refuser de te perdre, peut importe celle que tu es. Bien entendu, elle cherche en toi celle qu’elle a perdu et c’est normal, parce qu’il n’y a rien de plus … de plus horrible que de perdre un enfant … C’est quelque chose qu’on n’oublie pas, jamais. » Elle baissa à nouveau les yeux en se pinçant légèrement la lèvre, cherchant ses mots. « Elle cherche simplement à consoler son chagrin, à retrouver en toi la fille qu’elle a perdu, celle qu’elle imaginait avoir. Elle ne fait pas ça pour que tu sois malheureuse, elle fait ça parce que ça l’aide à se sentir … Un peu mieux. »

Katherina releva les yeux et lui lança un petit regard compatissant, accompagné d’un fin sourire. Elle sentait bien que sa mère ne voulait pas lui faire de la peine, mais qu’elle ne se rendait pas forcément compte de ce que ça lui faisait, ce sentiment de ne pas être libre d’être ce que l’on veut être. « Tu dois lui parler, peut importe ce qu’il se passera ensuite … Je sais que tu ne veux pas lui faire du mal, que tu fais ça pour qu’elle soit heureuse, mais si tu continues comme ça … Tu ne le seras jamais, toi. » Elle haussa doucement les épaules, souriant avec tendresse. « Elle t’aime Amy, n’en doute pas une seule seconde, elle t’aime et elle comprendra ton choix, tu es et tu resteras sa fille. »
La brune afficha soudainement un sourire un peu plus amusé, léger, doux. « Et si vraiment ça ne va pas, laisse lui un peu de temps, laisse la réfléchir à tout ça. Tu pourras venir à la maison si tu en a besoin, la vieille que je suis a des bonnes bouteilles, de la bonne bouffe et des potes tout aussi vieux, tout ce que tu aimes ! » Lança-t-elle avec une petite touche d’humour, certaine qu’elle se devait de finir ce long conseil sur quelque chose de moins sérieux.

Spoiler:

« Tu es très bien, vraiment très jolie. Je serais presque jalouse … » Elle se sentit un peu gênée face à son aveux, le rouge aurait pu lui monter aux joues si elle ne s’était pas contrôlée. « Hey jolie blonde, tu vas vraiment me faire croire que t’es jalouse d’une vieille bique ? » lança-t-elle avec une pointe d’humour. Du haut de ses 27 ans, elle était bien loin de l’image d’une vieille bique, mais ses premières rides ne tarderaient pas à faire leur apparition. « Tu pouvais simplement me le dire clairement si tu avais envie d’un compliment. » Katherina laissa s’échapper un petit rire, elle n’était pas spécialement du genre à quémander, mais cette remarque réussit tout de même à lui arracher un rire franc. « Niveau compliment, je suis plutôt servie, pas d’inquiétude là-dessus. » Elle haussa légèrement les épaules en souriant en coin. La brune pencha légèrement la tête en observant Amy, en une fraction de seconde son expression venait de changer, ses mains quittèrent son visage pour se placer le long de son corps, Katherina pouvait sentir l’immense tristesse s’emparer de l’expression si douce qu’elle n’avait réussi à garder qu’un instant. Elle n’hésita qu’une demi-seconde avant de poser une main réconfortante sur son épaule tandis que son sourire en coin ne cessait de s’agrandir et de se faire plus doux, elle voulait être présente pour elle, elle voulait mettre tout en œuvre pour réconforter Amy.

« Merci pour tout. Tu n’imagines pas à quel point tes mots, à quel point ta présence me font du bien. » Ces mots lui réchauffèrent le cœur, « Je suis là pour ça, je serai là à chaque fois que tu auras besoin de cette présence, de ma présence. » Katherina hocha doucement la tête en souriant d’avantage, elle était sincère et elle voulait qu’Amy le sache, peut-importe la situation, peut-importe l’heure ou l’endroit, elle serait présente pour elle. « Tout ce que tu as à faire c’est m’appeler. » Elle ne devait surtout pas hésiter à le faire, elle ne devait en aucun cas se demander si elle risquait de la déranger, ou s’il était trop tard pour l’appeler, ce ne serait jamais le cas. Katherina était rarement présente pour les autres, elle avait d’ailleurs cette fâcheuse tendance à se faire passer en priorité … Avec Amy c’était totalement différent, elle avait su se trouver une place dans la bulle que s’était construite Kath, une place si importante qu’elle pouvait la faire passer devant n’importe qui. Elle ne voulait pas la décevoir, jamais. « Tu m’as offert tout ce dont j’avais besoin, et aussi quelque chose d’inestimable : l’espoir auquel je ne croyais plus. » La brune afficha un sourire à chemin entre la tendresse et la gêne, elle replaça timidement une de ses mèches de cheveux derrière ses oreilles avant de sentir une étrange sensation, ou plutôt un étrange sentiment, elle venait d’être touchée, touchée par les paroles d’une petite blonde phénoménale. A cet instant elle comprit précisément l’importance qu’Amy avait à ses yeux, tandis que Katherina l’aidait à affronter sa mère, Amy l’aidait quant à elle à s’ouvrir aux autres, à accepter l’attachement. Elle pourtant pas à lui répondre, baissant légèrement les yeux, elle se contenta de sourire en coin et de l’écouter terminer sa phrase. « Peut-être qu’alors, enfin … nous pourrons nous aimer d’une meilleure façon, plus authentique, plus saine. » Elle hocha finalement la tête en posant ses mains sur ses épaules « J’en suis persuadée, elle t’aimera pour ce que tu es et non ce qu’elle veut que tu sois. Tu es une fille formidable, elle ne peut que t’aimer. » Katherina recula légèrement sans cesser de sourire, personne ne pouvait détester Amy ou vouloir la changer. Sa dernière remarque lui arracha un petit rire, bien sûr sa porte était toujours ouverte pour la petite blonde et elle le savait très bien. « Tu sais que tu peux venir quand tu veux, surtout n’hésite pas ! »

Katherina se redressa finalement en tournant la tête vers le serveur, il fallait laisser s’en aller la triste ambiance qui pesait au-dessus des deux jeunes femmes, il était désormais temps de faire un peu la fête, de rire aux éclats. « Prouvons au monde qu’on sait s’amuser toutes les deux ! » Elle leva rapidement la main pour appeler le serveur, haussant un peu les épaules, « Je paie ma tournée, interdiction de refuser » Elle tourna finalement la tête vers le serveur « Un mojito et … ? » Kath reporta son attention sur Amy en attendant qu’elle fasse son choix.

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