HUNTINGTON BEACH ™
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 ' I'm a lump of meat with a heartbeat, electricity restarts me ' ;; Elijah

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Gidéon Fitzgerald
Gidéon Fitzgerald
lama en évolution


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› PROFESSION/ETUDE : Propriétaire, gérant & barman du Red Dragon ; dessinateur / illustrateur de formation ; ancien fleuriste.
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MessageSujet: ' I'm a lump of meat with a heartbeat, electricity restarts me ' ;; Elijah   ' I'm a lump of meat with a heartbeat, electricity restarts me ' ;; Elijah EmptyLun 13 Avr 2015 - 23:49

' I'm a lump of meat with a heartbeat, electricity restarts me '
ELIJAH & GIDEON

L'après-midi était bien entamé lorsque Gidéon servait leurs bières à un petit groupe d'étudiants qui racontait ses péripéties d'une soirée arrosée bruyamment. En cette journée de la semaine ensoleillée, le Red Dragon n'était pas le lieu principal de rendez-vous ; il le serait davantage en soirée, lorsque la nuit arrive et que l'on cherche un confort, quel qu'il soit, dans un intérieur chaleureux et où les possibilités de rencontres se démultiplient. Un vieux classique du rock était en train de passer, à peine perceptible, mais juste assez pour donner envie au patron de chantonner les paroles avec son timbre de voix particulier et reconnaissable entre mille.

" The shareef don't like it, rockin' the Casbah, rooock the Casbah, the shareef don't like it, rockin' the Casbah ... Rock the Casbah !"

Oui, bon. Peut-être qu'à ce moment-là, de Gidéon Fitzgerald n'émanait pas le plus grand sex-appeal du monde avec son petit déhanché  pitoyable alors qu'il repartait vers le bar. Mais il avait retrouvé, mine de rien, un petit bout de son pays natal avec ce simple morceau. Il avait tant de souvenirs avec cette chanson : des soirées arrosées, des après-midis enfermé chez lui parce que ses parents l'y avaient obligé... Oh, oui, tant de souvenirs. Mais au final, le fait que cela ne soit qu'un vague passé oublié grâce à son présent heureux lui faisait aimer à nouveau l'Angleterre, sa culture ... et les rues de Manchester. De loin. Et maintenant, il dansait à nouveau sur les Clash, en tant que l'adulte qu'il était, et non plus comme cet adolescent qui avait tant souffert, à sa façon.
Isla, à quelques mètres de lui à présent, essuyait quelques verres, concentrée et visiblement dans une période grognon. Lui ne put s'empêcher de regarder autour de lui : une après-midi comme il avait su qu'il les aimerait, et ce depuis longtemps. Le Red Dragon revêtait une apparence bien différente des soirées où il était bondé et où la chaleur en devenait presque insoutenable. A ce moment là, le soleil passait à travers les vitres, illuminant l'entrée de la pièce d'une manière presque surréaliste, laissant l'arrière du bar et la petite pièce réservée aux rencontres baignés d'une lueur plus intime. Le barbu, plongé dans ses pensées, essuya machinalement une table qu'un client et son café venaient de quitter avec empressement après un remerciement et un paiement furtif. Le propriétaire avait souri.
Depuis l'ouverture du Red Dragon, il avait l'impression de pouvoir enfin se considérer comme un adulte. Il n'était plus ce petit expatrié britannique, petit fleuriste parce que dessinateur raté, qui avait suivi son meilleur ami avec qui il s'était disputé. Il n'était plus - ou moins - cet éternel adolescent qui passe ses soirées à faire la fête. Il avait fait de cette occupation son métier et gérait celui-ci, pour le moment avec brio. Il gérait des employés ; chaque matin, il se levait, heureux de la part d'inconnu qui l'attendait, des nouvelles rencontres qui allaient sans doute le surprendre. De ces moments de calme, tous différents, qui allaient embrayer sur des moments de rush intense où il se surprenait à apprécier de courir, un plateau à la main, zigzaguant entre les clients plus ou moins éméchés - entre les couples amoureux ou en devenir, entre les vieux amis qui se retrouvaient, les hommes d'affaires qui venaient faire leur pause... peu importait. Gidéon commençait à reconnaître les visages, à avoir des habitués. Peut-être, au fond, pouvait-il enfin se considérer comme un homme épanoui?
L'oeuvre de sa vie n'était pas finie en soi, et ne le serait jamais. Ils s'agirait d'un combat permanent, d’ébahissement constant, de galères certaines, mais...
Mais, il en avait parcouru du chemin.
Il resta là, un moment, debout au-dessus de la table qu'il essayait d'une main, l'autre contenant la tasse de café vide. Son regard semblait perdu, alors pourtant que ses lèvres laissaient échapper un sourire béat. Il avait réussi. Ce genre d'absence lui arrivait de temps en temps, lorsqu'il avait l'occasion de laisser son esprit vagabonder. Et ce jour-là, alors que l'affluence n'était pas à son maximum, c'était ce que le trentenaire faisait, tel un robot que l'on aurait arrêté. Mais voyez-vous, lorsqu'il n'était pas en train de faire des jeux à boire avec Nolan ou de jouer au Lego entre deux dessins glauques, Gidéon Fitzgerald avait ... une vie spirituelle. Et à ce moment-là, il ne pouvait s'empêcher de revoir les images de ses parents, de son vieux piano, de Nolan enfant, puis adolescent, des rues de Manchester. Puis de son anniversaire ici, il y avait quelques années, sur la plage. De son ancien patron, ce fleuriste qu'il croisait encore de temps à autre et avec qui il n'avait plus que quelques rapports que trop cordiaux pour qu'il puisse le considérer comme un ami. De Paris, de Roman.
Il en avait parcouru du chemin.
Et sans doute en parcourrait-il encore.

" Ugh! What was the price on his head? What was the price on his head!" finit-il par sortir en revenant au bar, retrouvant son désormais presque légendaire déhanché, dégobillant les paroles de Rage Against The Machine avec autant de naturel qu'un castor conduirait une BMW.

" Bonjour. " entendit-il derrière lui, alors qu'il était en train de tenter, certainement, une imitation de Michael Jackson tout en posant la tasse de café sur le comptoir. Normalement, il n'en aurait rien eu à faire. Mais cette voix... Bah, quoi, cette voix ? Il ne la connaissait pas.
Mais il se retourna et sortit son plus beau sourire. Parce qu'il savait que cette voix était remplie d'émotions contradictoires, et que son propriétaire n'était pas un étudiant en perdition entre deux cours.
" Bonjour. " répondit-t-il du tac-au-tac, se glissant derrière le bar. Son interlocuteur avait un air sérieux qui rivalisait d'une drôle de façon avec le déhanché auquel il avait eu le droit quelques secondes auparavant. Pourtant, Gidéon ne perdit pas son sourire et se promit d'en donner une partie à l'homme qui avait habité, à lui seul et dès son arrivée, son bar.


 
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MessageSujet: Re: ' I'm a lump of meat with a heartbeat, electricity restarts me ' ;; Elijah   ' I'm a lump of meat with a heartbeat, electricity restarts me ' ;; Elijah EmptySam 30 Mai 2015 - 16:15


Solitude is fine but you need someone to tell that solitude is fine.

Tu jettes un dernier regard en arrière vers ce bâtiment dont le rez-de-chaussée est à présent vide, tes yeux glissant sur la pancarte "à louer" qui s'est invitée sur la devanture. Cet endroit a toujours été plus qu'un local aménagé pour toi, c'était ton havre de paix. Dans cette cuisine, tu avais passé dans les plus beaux et paisibles moments de ton existence. Tant d'instants de pure création, d'intense satisfaction quand les compliments revenaient en cuisine de la bouche de ton chef de salle... Mais du jour au lendemain, les affaires ont coulées. Le cercle vicieux s'est enclenché. Moins de clients, une période dure où il a été difficile de payer les factures, et, en suivant, les fournisseurs, qui ont commencé à te laisser tomber. Tu t'es obstiné, cependant. Tu as continué à ne vouloir prendre que le meilleur, ces produits de qualité que tu avais toujours cuisiné, quitte à produire moins de couverts et à devoir laisser partir tes employés un à un, jusqu'à te retrouver seul. En conséquence, tu as dû augmenter tes prix... Et les clients qui déjà avaient commencé à déserter se sont faits encore plus rares. Alors, les créanciers ont commencé à se manifester. Une fois, puis deux, et trois. Les banques, lassées de tes promesses de remonter la pente, ont fini par te lâcher, et il a fallu prendre la décision qui s'imposait, après des mois de combat contre l'inévitable. Ce qui était ton restaurant est devenu ce local vide, dépouillé jusqu'au dernier objet. Sans âme. Poussière redevenue poussière.
   Tu tournes les talons sans plus attendre. C'est comme ça. C'est la vie. Les choses tendent à changer. Sauf toi, peut-être. Tu souris vaguement en remontant le col de ta veste pour te protéger du petit vent froid matinal. Et tu marches. Longtemps. Sans but précis, tu laisses ton pas décidé te conduire dans les rues d'Huntington Beach, ces rues qu'à force, après vingt ans, tu connais par coeur. Chaque endroit de la ville t'est devenu familier et, si, aujourd'hui encore, les gens restent pour beaucoup des inconnus à tes yeux, les lieux, eux, sont tes habitudes. Ta routine. Tes amis, presque. Eux, ils t'intéressent, et tu leur as donc toujours accordé ton attention. Ton énergie. Comme dans ton cher restaurant qui, depuis l'aube, a cessé d'exister. Soudain pris d'une intense lassitude, tu regardes autour de toi et remarques un fait plutôt inhabituel. Un nouveau pub, ou café, que tu ne connais pas encore. Tes yeux clairs observent avec curiosité les lettres qui le dénomment : The Red Dragon. Tu as déjà entendu ce nom quelque part, mais tu es incapable de te rappeler où. Tes pensées sont comme brouillées. Peut-être Luke ou Mats t'ont-ils parlé de cet endroit. Tu ne sais plus, mais peu importe. Sans réfléchir plus avant, tu entres, comme attiré par une force invisible. Et une fois à l'intérieur, tu restes un moment sur le seuil, laissant l'atmosphère envoûtante du lieu t'imprégner.

 « Bonjour. » finis-tu par prononcer poliment, toujours immobile devant l'entrée. Tu n'as pas bougé, ne sachant guère où porter ton regard devant la décoration hétéroclite, mélange de modernité et de "vintage", comme aime-t-on à appeler ces objets appartenant à la génération précédente... A savoir, la tienne. Oui, toi aussi tu es devenu vintage, il paraît. En tout cas, Luke adore te le rappeler. Mais là n'est pas le sujet. Tu continues d'observer autour de toi avec curiosité, alors que l'on te répond quasiment aussitôt un « Bonjour. » chaleureux. Tes yeux s'élèvent alors vers le visage de ton interlocuteur, souriant. Très souriant, même. Presque... solaire. Tu clignes des yeux lentement, et sens très légèrement la commissure de tes lèvres se soulever à leur tour avant de se rabaisser quasiment aussitôt pour retrouver ton air impassible. Sourire est bien la dernière chose que tu as envie de faire aujourd'hui. Et pourtant, la joie qui émane de cet homme semble visiblement communicative. Même pour toi. L'insensible Elijah Elström. Tu t'avances alors jusqu'au bar en fixant l'homme qui s'affaire, et remarques à peine la blonde derrière lui, qui te tourne le dos. Elle ne t'intéresse pas, de toute façon. Lui, en revanche... « Britannique ? » t'entends-tu alors demander, inquisiteur, à ce joyeux jeune homme. Tu as cru reconnaître le phrasé typique de l'Angleterre dans son accent... mais tu peux te tromper, même si cela t’arrive rarement. « Si vous faîtes du thé, je suis preneur. En plus, vous devez bien vous y connaître. » rajoutes-tu ensuite, t'autorisant un vague rictus devant le cliché de ta requête, et le préjugé qu'elle contient. Les anglais et le thé... Elle est plutôt facile. Pourtant, anglais ou pas, tu lui aurais demandé la même chose; mais ça, il ne le sait pas, et a donc tout le loisir de se moquer de toi... Chose qui ne te vexerait absolument pas, par ailleurs. Tu ris déjà intérieurement de toi-même, à cet instant précis.
 
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Dernière édition par Elijah J. Elström le Dim 26 Juil 2015 - 17:16, édité 1 fois
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Gidéon Fitzgerald
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MessageSujet: Re: ' I'm a lump of meat with a heartbeat, electricity restarts me ' ;; Elijah   ' I'm a lump of meat with a heartbeat, electricity restarts me ' ;; Elijah EmptySam 18 Juil 2015 - 15:27


Gidéon avait l'habitude de rencontrer nombre d'âmes différentes depuis qu'il avait ouvert son bar. Son voyage à Paris également, lui avait énormément appris sur la nature de l'homme, et plus que tout, sur lui-même. La solitude qu'il avait ressenti lorsqu'il avait rompu ses liens avec Nolan l'avait ouvert, d'une certaine manière, sur le monde, et lui avait permis de découvrir une autre façon de se comporter avec autrui. Il n'y avait plus la folie de son meilleur ami pour le guider dans la vie et leur quête commune du bonheur instantané, alors il avait appris à être lui, seul, et pourtant bien différent de cet ado privé de sorties que l'on pouvait apercevoir de l'autre côté de la fenêtre de l'immense maisonnée familiale de Manchester, en train de dessiner, l'air triste, songeur, fatigué et peut-être colérique.

Et pourtant, à chaque fois qu'il sortait avec des amis plus récents que son cher Nolan, il avait cette douce impression que ce dernier était à ses côtés, pour tous les souvenirs qu'ils partageaient depuis leur plus tendre enfance, pour toutes ces nuits passées à écumer les bars, à rire de tous, de tout, n'importe comment, à se tenir l'un à l'autre, à dormir derrière des poubelles, à s'insulter avec affection. Il n'avait jamais retrouvé cette relation fraternelle, et ne pourrait jamais que la retrouver avec Nolan.
Et pourtant. Si son ami d'enfance, son frère presque, représentait un monde pour lui, et que leurs retrouvailles illuminaient encore son quotidien, cet inconnu qui venait de rentrer dans son bar, provoqua en Gidéon, avec quelques mots à peine, une sensation qu'il avait presque oubliée. Il avait ce regard torturé, mais ce sourire sans doute trop rare mais beau. Ses traits semblaient fatigués d'avoir trop vécu, mais sa démarche douce, assurée et distinguée emplissait la pièce d'une chaleur nouvelle. Sa voix, grave et posée, provoqua dans les entrailles du barman, une envie de ne pas le laisser seul à une table avec son thé. Le barbu avait ouvert ce bar pour ce genre de rencontres, pour ces visages, ces personnages, ces vies qui semblaient troublées mais qui continuaient, qui persistaient. Il lui semblât que cet homme, derrière ce masque, ce visage, était plus fort que la plupart des clients qui croisaient sa route. Et même si,à première vue, ils semblaient tous deux très différents, il savait qu'au fond, ils pouvaient bien se ressembler.

" Britannique ?  " demanda-t-il de cette voix qui aurait pu lui donner un air sévère, mais qui, dans cette situation précise, impressionna Gidéon par sa douceur et sa sympathie.
" Bien joué! Manchester. Et bien sûr qu'on fait du thé, on ne désespère pas de voir un homme tel que vous nous en commander." répondit-il avec un sourire malicieux. Il sentit le regard clair et profond le fixer, et continua de sourire, presque intimidé par cet homme calme, raffiné, amical et qui semblait renfermer bien des secrets.
"Earl Grey ? " proposa-t-il. Tout dans l'allure, la posture de son client lui laissait penser qu'il était susceptible de succomber au charme du fameux thé noir à la bergamote. Il ne serait guère du genre à préférer ces thés déguisés par trois tonnes de goûts de caramel, de fruits rouges et autres parfums ajoutés.

Isla, derrière lui, continuait son travail. Tant mieux. Lui, il avait un homme à faire sourire.

" Et vous, Américain? "
Il avait l'impression que tout le monde connaissait tout le monde à Huntington Beach. Pourtant, ce visage gracieux, ce regard bleu, il ne les avait jamais croisés. Il s'en serait souvenu. Avec les reflets dans les cheveux du quarantenaire et ses yeux couleur mer, il l'aurait imaginé venir de l'autre bout du monde, de ces magnifiques et immenses paysages parfois désertiques, parfois aménagés par l'homme par de jolis bâtiments typiques. Il imaginait la Suède ou le Danemark, la mer Baltique, les bateaux, les ports, le vent qui soufflait dans les cheveux des habitants et des touristes, tellement différent d'ici. Pourtant, l'homme qui lui faisait face avait visiblement américain. Avec ses origines anglaises, il savait que son accent était reconnaissable, mais lui avait encore parfois du mal à situer les différents accents américains. Il imaginait en tout cas cet inconnu fascinant venir d'ailleurs que d'Huntington Beach, ou au moins comme un grand voyageur.

" Oh, oui je m'y connais en thé, et aussi en bière. Puis je mange des haricots à tous mes petits déjeuners, et j'ai une collection d'assiettes à effigie d'Elisabeth II dans mon salon. " répliqua-t-il avec un sourire moqueur, sur le même ton que l'amateur de thé, accompagnant ses dires d'un clin d’œil. Ils ne s'étaient pas encore beaucoup parlé, mais pour l'instant, il aimait l'esprit de cet homme. Un doux mélange de sentiments et d'expressions contradictoires qui donnait l'impression d'un homme indomptable dompté par la vie... ou pas. Gidéon avait envie d'en savoir plus, comme attiré par le visage fascinant de cet être suffisamment original pour commander un thé dans un endroit où les étudiants se bourrent la gueule à la bière et à la vodka les vendredis et samedis soirs. Cet homme, à lui seul, amenait une ambiance, une histoire, des douleurs et des joies.

Et il allait le faire sourire, et il espérait déja que le Red Dragon devienne une maison pour lui. Il s'imaginait déjà lui raconter l'histoire de toutes les oeuvres accrochées, et égoïstement, il espérait que la sienne lui plaise particulièrement. Il s'imaginait déjà parler avec lui des heures, apprendre peu à peu ses secrets.
Oui, Gidéon s'emballait vite. Mais qui ne le ferait pas face à cet homme ?



 


Dernière édition par Gidéon Fitzgerald le Lun 27 Juil 2015 - 20:35, édité 1 fois
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MessageSujet: Re: ' I'm a lump of meat with a heartbeat, electricity restarts me ' ;; Elijah   ' I'm a lump of meat with a heartbeat, electricity restarts me ' ;; Elijah EmptyDim 26 Juil 2015 - 17:12


Avec les gens, tu marches à l'intuition. Tes entrailles, ce sont elles qui déterminent l'idée et le sentiment que tu te feras d'une personne, et non un calcul savant entre analyse psychologique et test de personnalité. Clairement, non. Ce n'est pas ainsi que ça marche. Pour toi, tout se fait dès le premier instant. Les premières secondes. Le premier regard, le ressenti immédiat, qui, ensuite, se confirme ou non avec le temps... Mais le problème, dans cette démarche, c'est que, généralement, les gens, à tes yeux, sont plats, inintéressants. Ils ne provoquent rien en toi, pas la moindre étincelle, la moindre émotion... et c'est sûrement pourquoi tu n'as quasiment pas d'amis. Mais aujourd'hui, c'est différent. Cet homme est différent. Il semble être de ces personnes qui, d'un de ces regards étincelants dont ils ont le secret, ont cette capacité innée à illuminer la journée de quelqu'un. Et peu importe si c'est peut-être ta détresse intérieure actuelle d'homme qui vient de voir le projet de sa vie disparaître qui, peut-être, te rend plus vulnérable que d'ordinaire et s'exprime à cet instant...

Tu te laisses aller un instant à plaisanter malgré ta mauvaise humeur. « Bien joué! Manchester. Et bien sûr qu'on fait du thé, on ne désespère pas de voir un homme tel que vous nous en commander. » Tu ignores ce que signifie la fin de sa phrase, énigmatique, et cela te tire un haussement de sourcils intrigué alors que tu plisses les yeux... mais choisis de ne pas relever. Trop humble, sûrement, pour oser... Ou bien désireux de conserver le plus longtemps possible le mystère, allez savoir. « Ah ! La contrée des Gallagher... Chouette endroit, il paraît. » Et oui, au risque de l'étonner, tu t'y connais en rock anglais... Tu dors même avec un tee-shirt d'Oasis, à l'occasion, quand ce n'est pas celui des Ramones, qui lui partage la vedette. « Earl Grey ? » te suggéra-t-il alors, ce à quoi tu acquiesças d'un air ravi d'un simple « Touché. » C'était, et de loin, ton thé favori. En plein dans le mille, donc. Malheureusement, il ne fit pas mouche deux fois... « Et vous, Américain? » Tu grimaças légèrement, un peu "refroidi" qu'on te prenne, comme souvent, pour un américain, même si cela témoignait de la qualité indéniable de ton accent... Tu lui adressas un air un peu contrit en te raclant la gorge, croisant lentement tes mains devant toi tout en évitant ses yeux pour perdre ton regard sur les bouteilles. Il était évidemment stupide de se vexer pour si peu, et pourtant, tu n'y pouvais rien. A chaque fois, c'était pareil ! Tu te sentais piqué au vif, et, comme un enfant, devait résister à l'envie irrésistible de te mettre à bouder et d'ignorer royalement celui qui proférait de telles insinuations...

Cela dit, pour une raison inconnue, tu décidas de lui accorder le bénéfice du doute. Après tout, s'il avait posé la question, c'est qu'il pensait peut-être justement apprendre tes origines réelles en la posant, ne sachant deviner, et ayant envie de les connaître sans paraître indiscret... Certes, c'était un raisonnement alambiqué mais, pour une raison qui t'échappait, c'est ce que tu avais envie de penser. « Oh, oui je m'y connais en thé, et aussi en bière. Puis je mange des haricots à tous mes petits déjeuners, et j'ai une collection d'assiettes à effigie d'Elisabeth II dans mon salon. » Tu reprends donc sur le ton de la dérision, cliché au possible dans tes propos. « J'aimerais vous dire que je me suis fait tatouer les paroles d'Amazing Grace à côté de la statue de la liberté sur le torse mais, malheureusement, cela aurait été illégitime, puisque je ne suis qu'un pauvre expatrié... » Tu le fixes de ton regard clair, sourire ironique au coin des lèvres, malice au bord du regard, avant de laisser planer un silence presque provocateur. Puis, tu finis par cracher le morceau, armé d'une certaine éloquence : « Je suis danois, en fait. » Ce faisant, tu t'es redressé sur son siège, presque "cocky", comme dirait ces fameux amerloques. Oui, clairement, tu es fier de tes origines entre l'Europe et la Scandinavie, bien que, d'ailleurs, tu n'es pas sûr de l'être réellement à 100%. Un rire menace du fond de ta gorge, mais tu le contiens. C'est ridicule, n'est-ce-pas ? Ce sentiment d'appartenance à un pays parce qu'on y est né... Parce qu'on y a grandit. Surtout que c'est un peu hypocrite de ta part, car y'a t-il réellement un autre endroit où tu te sois senti chez toi une seule fois dans ta vie qu'ici, à Huntington Beach ? « Mais ça fait vingt ans que je vis ici... en quelque sorte. » Tu secoues doucement la tête, sans plus mot dire. C'est une demi vérité, mais c'est déjà bien plus que ce que tu consens d'ordinaire ; cela fait d'ailleurs bien longtemps que tu n'as pas parlé aussi librement avec un inconnu, et c'est d'ailleurs un sentiment étrange, quoi que finalement plutôt agréable...
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MessageSujet: Re: ' I'm a lump of meat with a heartbeat, electricity restarts me ' ;; Elijah   ' I'm a lump of meat with a heartbeat, electricity restarts me ' ;; Elijah EmptyMer 29 Juil 2015 - 16:52


Cet homme était surprenant. Il avait à peine fait un pas au Red Dragon que déja, Gidéon semblait obnubilé par sa façon de se mouvoir, de penser, de répondre. Il s'imposait dans l'espace presque confiné du bar dans lequel le barbu avait déja passé des heures. Le propriétaire en avait presque oublié les autres clients et fixait ce visage inconnu qui lui faisait face de l'autre côté du comptoir. Si l'illustrateur avait du mal à accorder sa confiance, il l'aurait pourtant offerte sur un plateau d'argent à cet homme. Pourquoi? Il ne saurait vous le dire. Ce n'était pas une sensation qu'il avait beaucoup connue. Les relations humaines n'étaient pas ce qu'il faisait de mieux, Gidéon. Oh, il savait parler aux autres, blaguer, les mettre à l'aise. Mais l'amitié, la vraie, ou l'amour même... il avait du mal. On ne lui avait pas appris tout cela. La vie avait été cruelle avec lui et ceux -celui- qu'il avait aimé. Il n'osait plus trop s'approcher des autres êtres humains. Mais il s'aimait à participer à leur bonheur, à sa façon, avec un sourire, une bière, un morceau à la guitare. Mais il préférait s'exprimer à travers ses illustrations, à travers les fleurs également, aussi bizarre et caricatural cela puisse-t-il paraître. Elles étaient silencieuses mais communiquaient beaucoup, à travers leurs couleurs, leurs odeurs. Ils aimaient les associer entre elles, les admirer, intouchables mais si agréables.

" Ah ! La contrée des Gallagher... Chouette endroit, il paraît.  "
Le barman ne put s'empêcher de lui sourire. Quand on lui parlait de l'Angleterre, on lui contait la reine, ses gardes royaux, parfois le fish & chips, les Beatles lorsqu'il avait de la chance. Mais les Gallagher, on ne lui avait encore jamais parlé. Et pour ça, rien pour ça, il se décida à apprécier encore davantage cet homme.
" Chouette endroit. " confirma-t-il. " Et tout le monde ne peut pas se venter de venir de chez les Gallagher! " ajouta-t-il avec malice.
Oui, il l'aimait bien, cet inconnu. Il ne savait s'il le faisait exprès, s'il avait cerné sa personnalité et jouait de ses mots pour le séduire d'une quelconque manière que ce soit, mais Gidéon se laissait volontairement charmer. Parce qu'il exultait du monsieur au thé une sincérité, l'absence d'artifices inutiles. Et ce regard...
Il commença à lui préparer son thé, mais prit grand soin de ne pas le servir trop rapidement, ni trop lentement. S'il pouvait maîtriser le temps que son client passerait à ses côtés, il le ferait avec grand plaisir. Et il le savait, nombre de client se rendaient ici à la recherche de quiétude voire de solitude. Et Fitzgerald priait pour que ce ne soit pas, ici, le cas.

En revanche, la grimace de son interlocuteur le mit sur la voie. Effectivement, il n'était pas américain. Étrangement, Gidéon ne put s'empêcher de trahir une certaine joie à apprendre cela. Cela leur faisait un point commun, et confirmait l'univers que Gidéon venait d'ouvrir pour cet homme dans son esprit. Son imagination avait un fond de vérité, et il espérait que toutes ces jolies pensées à son sujet ne fassent pas non plus partie d'une fiction fabulée.
L'homme n'ajouta rien à sa moue, mais celle-ci se suffisait à elle-même. Le barman comprenait bien ce geste ; lui-même l'aurait fait. Ce pays, cette ville l'avaient accueilli comme l'Angleterre n'avait pu le faire des années auparavant, il y avait trouvé une nouvelle maison, la sienne. Il y était devenu un homme, il y avait aimé, détesté, découvert, appris, visité, rencontré. De ces rues inconnues, il avait fait ce labyrinthe de souvenirs qui s'entrechoquaient, bons ou plus douloureux : il y avait fait une maison. Et pourtant. Si on l'avait cru Américain, il se serait senti vexé. Non pas par haine des Américains, non, loin de là. Mais parce que sans ses origines, sans sa terre natale, il n'aurait pas été aujourd'hui là, tel qu'il l'était, avec des blessures qui l'avaient forgé. S'il était né à New York, peut-être y serait-il resté.

" J'aimerais vous dire que je me suis fait tatouer les paroles d'Amazing Grace à côté de la statue de la liberté sur le torse mais, malheureusement, cela aurait été illégitime, puisque je ne suis qu'un pauvre expatrié...  " rétorqua le quarantenaire.
L'Anglais ne put s'empêcher de rire à ces mots. Il aimait cet humour, il aimait leur interaction. Il aimait se savoir regardé, dévisagé peut-être, par lui. Un silence suivit cependant son rire. Un silence sans doute rempli de suspense, mais Gidéon, lui, gardait un léger sourire, fixant les iris claires de son ami expatrié.
" Je suis danois, en fait." finit-il par révéler, se redressant. " Mais ça fait vingt ans que je vis ici... en quelque sorte.  "
Gidéon resta un instant silencieux. C'était exactement ainsi qu'il l'imaginait. Ils se ressemblaient en plusieurs points, il ne s'était pas trompé. L'autre bout du monde, de ces magnifiques et immenses paysages parfois désertiques, parfois aménagés par l'homme par de jolis bâtiments typiques...
Il hésita à répondre un bateau "je le savais", mais son interlocuteur méritait mieux. Le dessinateur ne le savait pas. Il avait osé l'imaginer, en rêver presque, de ces origines du bout du monde. Il se demanda un instant, souriant dans le vide : si il l'imaginait strip-teaser, que se passerait-il ?

" Le Danemark..."
Il ne savait trop que dire. Un danois... Ces deux mots voulaient tout et rien dire à la fois : mais au final, il l'admirait. Il était une statue venue d'un autre monde, totalement différent, un endroit où sans doute il n'irait jamais, rempli de féerie, de douleurs surement. Il imaginait sa vie, sa traversée du monde pour arriver à Huntington Beach. Il était comme le personnage d'un livre sombre mais beau, complexe mais vrai. Des étoiles brillaient dans les yeux du barbu. Finalement, il s'empressa d'ajouter, avant que son interlocuteur ne hausse sans doute un sourcil : " Nous sommes presque arrivés en même temps ici, et je ne vous ai jamais vu... C'est bien dommage, entre expatriés... Ce "en quelque sorte" en est-il la raison ? " Enfin, il posa la tasse et la théière devant son client. Il espérait apprendre le nom de ce danois, le revoir, encore et encore, entendre ses histoires, les lire sur son visage et dans ses beaux yeux bleus.
" Où ça, au Danemark ? "
Il voulait imaginer son pays, ses paysages. L'un de ses serveurs, derrière Gidéon, semblait s'afférer sans grande conviction, mais lui restait devant son nouvel ami qu'il espérait bientôt pouvoir appeler par son nom, essayant sans doute de le retenir d'aller s'asseoir à une table, plus loin. Il détestait être intrusif, indiscret aussi, mais cet homme l'attirait. Il était différent.
Comme le personnage d'un livre sombre mais beau, complexe mais vrai. Et puis, des étoiles brillaient dans les yeux du barbu.



 
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MessageSujet: Re: ' I'm a lump of meat with a heartbeat, electricity restarts me ' ;; Elijah   ' I'm a lump of meat with a heartbeat, electricity restarts me ' ;; Elijah EmptySam 15 Aoû 2015 - 18:29


Tu ne t'es plus senti ainsi depuis tellement longtemps que tu n'es même pas sûr de savoir ce qui te tenaille à cet instant précis, alors que ton regard se plonge dans celui de cet homme, comme attiré par une force obscure qui te tire de ton impénétrabilité habituelle. Pourrait-ce être... de l'espoir ? Sinon, comment expliquer que, lorsque tu es entré ici, tel un marin perdu dans une tempête au large, tu as tout de suite eue cette impression, en le voyant, d'y trouver un phare dans la brume ? Se pourrait-il qu'à coups de tasses de thé fumantes et de conversation plaisante, cet homme devienne ton sauveur, celui qui, sans même s'en rendre compte, te ramènerait vers le rivage et te sortirait de la tempête qui dévaste tes entrailles ? A moins que tout cela ne soit qu'une brève parenthèse enchantée qui, à son terme, finira, comme toujours, par te conduire droit sur les récifs... Cette réflexion te tire un léger rictus pour toi-même. Car bien sûr, tu n'es pas dupe, et tu sais qu'il s'agit d'un barman, et que, donc, par définition, servir des boissons et être sympathique avec ses clients est, tout simplement, son métier. Mais alors, pourquoi ce pressentiment te tenait-il ? Celui d'être au bon endroit, et que ce tournant dans ton existence, finalement, tombait peut-être au bon moment, malgré tout... Ou peut-être était-ce simplement une illusion à laquelle tu préférais te raccrocher pour éviter de penser que tu venais définitivement, aujourd'hui, de tout perdre. « Le Danemark... » Tu vois dans ses yeux qu'il n'y a aucun dédain face à ce simple écho qu'il fait à tes propos et lui opposes un sourire tranquille, sans mot dire. Oui, le Danemark, ta patrie de coeur. Mais ton âme est ici, et tu le sais bien... Sinon, tu serais déjà reparti depuis longtemps. Sinon, tu ne te serais pas accroché jusqu'au bout, comme un forcené, à ce vieux local que tes économies et un emprunt depuis remboursé à Luke t'avait permis de t'acheter. Ce dernier va d'ailleurs sûrement criser quand il va apprendre que tu as décidé de le mettre à louer... Mais ça, tu en fais ton affaire. De toute façon, il n'a jamais vraiment eu son mot à dire - enfin, si, mais cela fait longtemps que tu as arrêté de l'écouter.

« Nous sommes presque arrivés en même temps ici, et je ne vous ai jamais vu... C'est bien dommage, entre expatriés... Ce "en quelque sorte" en est-il la raison ? » demande-t-il alors, et tes pensées s'évadent un instant vers cette vie dissolue que tu as mené. Tu n'as jamais eu d'attaches nulle part, si ce n'est ici, en Californie. Tes parents y avaient une maison de vacances dans laquelle tu venais souvent, et puis, des années plus tard, ta soeur s'y installerait et y fonderait sa famille, ici, à Huntington Beach. C'est ce qui t'avais décidé à y revenir, à arrêter de voyager, à y ouvrir un restaurant, pour rester auprès des tiens, de cette petite fille presque devenue la tienne et de son père devenu comme un frère. Et puis, il y avait eu le drame, les années plus sombres où tu n'avais plus été qu'une ombre, quasi-invisible, dans les rues d'Huntington Beach... Peu de gens savaient où tu disparaissais, durant ces longues périodes... Et ce n'était que depuis un an ou deux que tu avais vraiment repris pied, arrêté les aller-retour, pour revenir t'installer dans ton appartement d'Orange avenue à plein temps, même si l'on ne pouvait pas dire que tes voisins t'avaient beaucoup vus, puisque tu y étais resté cloitré pour écrire quand tu n'étais pas planqué dans la cuisine de ton restaurant sur le déclin, ayant perdu sa clientèle fidèle depuis déjà bien longtemps, qui avait oublié jusqu'à ton nom et toi le leur, indifférent à tout. Ton regard aiguisé se plisse dans un air de malice à ton tour alors que tu rétorques simplement : « Je suis un homme discret. » Tu l'observes alors déposer devant toi la théière, non sans une certaine impatience, même si tu sais que le breuvage est brûlant. A peine l'a-t-il déposée d'ailleurs que, déjà, tes mains s'en sont emparées pour te servir une copieuse tasse, que tu finis juste de remplir lorsqu'il s'enquit : « Où ça, au Danemark ? » Tu relèves le regard vers lui, piquant sa curiosité au vif. Il n'a pas l'air d'avoir envie de s'occuper d'autres clients, et, étrangement, cela n'est pas pour te déplaire. Tu sembles l'avoir accroché avec tes réponses énigmatiques et, cette fois, lui réponds sans détour, un peu comme une récompense face à son insistance qui, disons-le, ne te dérange pas le moins du monde : « Copenhague, dans le quartier d'Østerbro. » Puis, tu récupères ta tasse avec délicatesse pour la humer alors, d'un air de contentement non feint. Les arômes sont là, ce qui te fait présumer que les saveurs le seront aussi, et tu lui souris, encore. Comme si tu ne savais plus faire que ça, toi pourtant si taciturne. Tu te permets un dernier commentaire avant d'y plonger les lèvres : « Je possèd...possédais un restaurant, à quelques rues d'ici. Peut-être en avez-vous entendu parler... Il a eut son moment de gloire, mais c'était il y a longtemps. Il s'appell...ait le Silver Tray. J'aurais pu y servir votre thé. » C'est, évidemment, un compliment sur la qualité de ce breuvage qui te réchauffe, littéralement, de l'intérieur. Un instant, tu fermes les yeux, puis les rouvre pour terminer, sans emphase : « Elijah Elström. C'était le nom du chef, mais cela ne vous dit sûrement rien car, aujourd'hui, c'est celui d'un illustre inconnu. » De nouveau, tu perds ton regard sur les bouteilles, puis le déplaces un instant sur le propriétaire, avant de le planter une fois de plus dans ses iris qui, tu le sais, te scrutent toujours, pour terminer avec une sincérité désarmante : « J'espère que vous réussirez mieux que lui à vous faire le votre. » C'est un fait. Tu ne peux décemment rien lui souhaiter de plus que de réussir où tu as échoué, et il a l'air bien parti pour. En tout cas, s'il est comme ça avec tous les clients, aucun doute qu'il y parviendra...
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Gidéon Fitzgerald
Gidéon Fitzgerald
lama en évolution


› MESSAGES : 202
› EMMENAGEMENT LE : 16/02/2015
› AGE : 42
› PROFESSION/ETUDE : Propriétaire, gérant & barman du Red Dragon ; dessinateur / illustrateur de formation ; ancien fleuriste.
› DOUBLE COMPTE : Saskia & Bianca
› CELEBRITE : Charlie Winston
› COPYRIGHT : RaniPyaar, Northern Lights, Sparkling Lux

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MessageSujet: Re: ' I'm a lump of meat with a heartbeat, electricity restarts me ' ;; Elijah   ' I'm a lump of meat with a heartbeat, electricity restarts me ' ;; Elijah EmptyLun 17 Aoû 2015 - 1:30


Il n'avait pas fallu bien longtemps pour que cette journée, jusque là ordinaire, devienne extraordinaire. Il n'avait suffit que d'une seule personne : deux yeux, un visage, deux bras, deux jambes ; un corps. Mais au-delà de cette enveloppe charnelle, il y avait un esprit. Ses yeux devenaient son regard, bleu comme l'azur et surtout profond de mystères et de secrets. Son visage la marque d'un passé respectable et torturé, ses bras et ses jambes les témoins d'une existence mouvementée, parcourue de courses et de bras de fer contre le destin.
Une seule personne.

" Je suis un homme discret. " répliqua cette seule personne, qui semblait rayonner, face à un Gidéon presque trop intimidé. Il l'était. Il économisait ses mots ; sa voix était grave, intelligible, claire, impressionnante, et il ne l'utilisait qu'avec parcimonie. Et Gidéon appréciait ce calme qui émanait de cet homme, cette distinction qui faisait de lui cet être si atypique dans ce bar habituellement si bruyant et rempli d'individus en manque d'épaules sur lesquelles s'apitoyer.
Et effectivement, cet inconnu l'était, discret. Il ne l'appréciait que davantage ; pour ce qui émanait de cette discrétion, de ce silence bavard. " La discrétion, une qualité bien trop sous-estimée, qui garde malheureusement de grands hommes dans l'ombre. " répondit Gidéon avec un sourire. Il aimait lui parler. Il aimait les idées qui lui venaient à l'esprit alors que ce client ne sortait que quelques rares mots face à lui. Il se redécouvrait plus philosophe qu'il ne l'était à l'accoutumée, avec ses clients ou même la plupart de ses connaissances. Il n'était plus simplement ce barman caché derrière son comptoir ou sa guitare si l'envie lui prenait ; il n'était plus ce gérant qui occupait son temps libre à compter les réserves d'alcool dans son établissement ou à dessiner, seul, chez lui, attendant le retour d'un homme qui ne reviendrait jamais de même façon qu'il avait été présent des années durant. Il n'était plus non plus cet éternel étudiant qui rit aux éclats en soirées, alcoolisé jusqu'à ne plus en tenir sur ses deux jambes sans risquer de tomber en montant sur un trottoir.

Il devenait plus que cela. Gidéon devenait le centre d'intérêt de ce regard. Il se redécouvrait homme, comme il l'avait fait Roman à sa plus grande surprise à Paris. Il se redécouvrait capable de trouver un homme beau, au delà d'une simple attirance charnelle; l'esprit qui se trouvait en face de lui scellait bien des mystères que le barbu avait envie de découvrir, peu à peu, avec tact et délicatesse. Il semblait la plus belle des énigmes en cette étrange journée où le bar ne lui appartenait plus que sur un bout de papier. Dans le présent, Gidéon était parti se perdre dans les paysages que lui offraient les souvenirs enfouis de cet homme venu d'ailleurs.

" Copenhague, dans le quartier d'Østerbro. "
Copenhague! Cela lui allait si bien. C'était horrible de dire cela, parce qu'un individu n'appartient pas à un endroit, et inversement. Et si cet homme à la peau pâle était venu habiter à Huntington Beach, c'est que quelque part, tout comme Gidéon, il s'y sentait mieux, et avait fui, lui aussi, un passé décevant ou trop lourd. Peut-être que lui aussi avait ses démons, restés coincés à la frontière... ou non. Des regrets qui le hantaient, et tout de même, malgré tout, l'impression de s'être trouvé une maison en la ville côtière de Huntington Beach?
" Je ne connais pas Copenhague, et cela va sans doute vous paraître ridicule... mais j'ai toujours trouvé le nom de cette ville magnifique. Le son de ces lettres mises les unes à côté des autres est élégant, entortillé, dynamique et pourtant doux. "
Et voilà. Il allait le prendre pour un fou. Et pourtant. Gidéon était heureux d'avoir trouvé quelqu'un à qui oser dire ces choses-là.

Et quelle ne fut pas sa surprise lorsque cet homme décida, malgré le fait d'avoir son thé entre ses mains, resta au bar. Et quelle plus imposante surprise encore, que de l'entendre se confier. Dans sa voix, Gidéon saisit la douleur de la perte? Un instant, il se revit, dans le restaurant de ses parents, à Manchester. Il réentendit le bruit des couverts sur les assiettes, la musique discrète et apaisante, il revit le décor somptueux de la salle principale. Mais il se remémora les cris des commis de cuisines, de son père, éternel insatisfait, de sa mère, la control freak de service. Et il ne put s'empêcher, quelque part, d'être rassuré que l'homme qui lui faisait face, n'ait pas réussi à devenir les monstres en lesquels ses parents s'étaient transformés pour parvenir à leur fin.
Et perdre leur fils. Gidéon.
Gidéon ne voulait pas être perdu par cet homme.

" Je possèd...possédais un restaurant, à quelques rues d'ici. Peut-être en avez-vous entendu parler... Il a eut son moment de gloire, mais c'était il y a longtemps. Il s'appell...ait le Silver Tray. J'aurais pu y servir votre thé. " avait-il dit, simplement. Gidéon avait compris que la perte de son restaurant était récente, de par le ton qu'il employait, mais aussi, parce qu'il avait vu l'évolution de son établissement. Et il eut le coeur brisé d'imaginer que cet homme en soit le propriétaire. Et s'il ne put s'empêcher de faire un timide sourire reconnaissant au compliment caché mais bien reconnu, il répondit, hésitant : " Etes-vous sûr que c'est d'un thé, que vous avez besoin ? Même si, cela dit, un bon thé soigne tous les maux..." Pourtant, il le savait bien, l'ancien propriétaire de ce restaurant, tel qu'il le voyait apparaitre devant ses yeux, n'était point adepte de l'alcool ; il était distingué, raffiné, et devait sans doute noyer son chagrin dans les feuilles de thé. A la limite, un très bon whisky... Mais ces mots, le trentenaire voulait montrer à son interlocuteur qu'il avait saisi sa douleur, et qu'il voulait la lui enlever, au moins le temps de sa présence.

" Elijah Elström. C'était le nom du chef, mais cela ne vous dit sûrement rien car, aujourd'hui, c'est celui d'un illustre inconnu. " compléta l'autre expatrié. Gidéon posa les coudes sur le bar, à quelques centimètres de son client; on avait dépassé le stade des premières paroles, et ils étaient toujours là, à se parler. Gidéon se risqua à adopter la même tactique que le dit Elijah : " Vous direz à Elijah Elström que je suis déja allé dîner dans son restaurant, et mon palais se souvient encore des délices qu'il y a goûté. J'aurais aimé qu'il soit fier de faire aimer de fins mets à un adepte de malbouffe et qu'il ne se laisse pas abattre par cet échec. J'ai été fier d'être son voisin, et il est la bienvenue pour boire un thé lorsqu'il le souhaite. " Il avait essayé d'employé un ton sérieux mais chaleureux. Il n'était pas vraiment sûr qu'il s'agissait d'Elijah qui était en face de lui, mais vu la consonance du nom énoncé, l'opposé aurait été surprenant.
" Enfin, c'est si vous le croisez bientôt... " fit-il avec un discret air de malice.

La dernière phrase d'Elijah Elström, cependant, lui fit presque perdre le sourire; il le savait, il lui souhaitait sincèrement de réussir. Mais réussir, lui, son bar, son projet, son bébé, alors que lui venait d'enterrer le sien, avait quelque chose d'égoïste et pourtant qui n'était pas vraiment de son ressort.
Avec sa répartie, il réussit cependant presque à exprimer le fond de sa pensée, tel qu'il l'aurait souhaité.
" "Se faire un nom", ça n'est que pour gagner sa vie. De ce que j'ai goûté de M. Elström, il n'avait peut-être pas le nom qu'il espérait, mais il avait davantage et bien plus rare : le talent, l'envie et le goût. " furent les mots qu'il réussit à aligner. Il se faisait tout petit devant ce supposé chef cuisinier, si différent de son père, et pourtant, tout aussi doué et ingénieux. Il craignait de ne pas trouver les mots, d'avoir l'air condescendant, là, avec son bar et ses jolis mots que son nouveau client pourrait trouver vides de sens.
Il essaya d'ajouter de la chaleur à ses dires avec un sourire empli d'empathie mais surtout pas de pitié ; de bienveillance mais surtout pas d'arrogance, ... d'estime, mais surtout pas de cette tendresse qui naissait en lui pour Elijah Elström, grand chef cuisinier déchu par la vie.


 
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MessageSujet: Re: ' I'm a lump of meat with a heartbeat, electricity restarts me ' ;; Elijah   ' I'm a lump of meat with a heartbeat, electricity restarts me ' ;; Elijah EmptyMar 6 Oct 2015 - 11:51


Comme c'est étrange... Et comme c'est beau, aussi.
Cette osmose qui semble te lier à cet inconnu ; à ce lieu, aussi.
C'est un peu comme si, en y pénétrant, tu venais de découvrir un monde parallèle qui aurait été fait pour toi ; où tout est simple et calme, mais malgré tout vivant et chaleureux, et où seulement de bons mots sont échangés, rompant avec la superficialité habituelle que tu reproches tant à l'existence. Là, assis devant ce bar, les mains autour de cette tasse dont la chaleur est plus que bienvenue, tu te sens chez toi. Exactement comme lorsque tu te poses devant ta vieille machine à écrire avec un morceau de musique classique en fond, en quête d'inspiration. C'est un sentiment rare ; une sérénité que tu n'atteins que très rarement... Et généralement seulement dans la solitude la plus profonde. Et pourtant...
Et pourtant, tu n'es pas seul. « La discrétion, une qualité bien trop sous-estimée, qui garde malheureusement de grands hommes dans l'ombre. » Tu baisses la tête, laissant un sourire éclairer ton visage, avant de t'autoriser de nouveau à le regarder, sans oser répondre. C'est un compliment, tu en es conscient. Mais que sait-il donc de toi pour proférer ce genre de vérités ? Tu ne sais pas, et préfère donc t'en tenir à un silence révélateur de cette ignorance alors que tu l'observes, toujours avec incertitude. Voit-il quelque chose en toi que tu ne vois pas ?

Tu ne te fais ensuite pas prier pour répondre à ses questions. C'est rare que tu t'ouvres ainsi, mais, de toute façon, tu n'as pas grand chose à dire... Sûrement parce qu'il y a beaucoup à taire. « Je ne connais pas Copenhague, et cela va sans doute vous paraître ridicule... mais j'ai toujours trouvé le nom de cette ville magnifique. Le son de ces lettres mises les unes à côté des autres est élégant, entortillé, dynamique et pourtant doux. » Tu hausses les sourcils, étonné par cette affirmation, dite avant tant de simplicité et de sincérité. « C'est un bon résumé. » acquiesces-tu alors que l'espace d'un court instant, ton esprit s'est perdu vers quelques souvenirs épars de cette ville animée, bordée par le détroit d'Øresund, avec son pont reliant le Danemark à la Suède. Ta mère l'a traversé peu avant ta naissance, te refusant ainsi tes réelles origines suédoises pour, finalement, faire de toi l'homme que tu es à présent... Un étranger où que tu sois, sauf ici peut-être. « Etes-vous sûr que c'est d'un thé, que vous avez besoin ? Même si, cela dit, un bon thé soigne tous les maux... » rétorque-t-il après une tirade peut-être un peu trop longue, et amère, de ta part, que tu pourrais regretter d'avoir laisser filtrer, vu la sollicitude que tu sens qu'elle a provoqué chez ton interlocuteur... mais ce n'est pas le cas. Tu es même heureux d'avoir pu partager cette nouvelle avec quelqu'un qui a su y entendre la douleur que te procure cette perte, et, après lui avoir renvoyé un sourire simple et doux, tu termines de te raconter sans trop d'emphase, comme pour clore définitivement ce chapitre. Mais tu ne t'attendais certainement pas à la réponse qu'il allait te fournir, se rapprochant pour cela, s'accoudant au bar, les yeux dans les tiens qui le fixaient par dessus ta tasse, toujours en l'air : « Vous direz à Elijah Elström que je suis déja allé dîner dans son restaurant, et mon palais se souvient encore des délices qu'il y a goûté. J'aurais aimé qu'il soit fier de faire aimer de fins mets à un adepte de malbouffe et qu'il ne se laisse pas abattre par cet échec. J'ai été fier d'être son voisin, et il est la bienvenue pour boire un thé lorsqu'il le souhaite. » Plus un mot ne peut à présent dépasser tes lèvres alors que ton regard ne s'est pas détaché du sien, mais ce silence n'est pas pesant, bien au contraire. Un poids s'est comme envolé de tes épaules, et, si ton coeur t'a fait l'effet un instant de presque s'arrêter de battre lorsqu'il a terminé sa dernière phrase, il est aussitôt retourné à un rythme régulier, bien que plus soutenu. « Enfin, c'est si vous le croisez bientôt... » ajoute-t-il, et tu te contentes d'un simple hochement de tête amusé, assorti d'un regard empli de reconnaissance. Mais ce n'est pas tout, il n'a pas fini. « "Se faire un nom", ça n'est que pour gagner sa vie. De ce que j'ai goûté de M. Elström, il n'avait peut-être pas le nom qu'il espérait, mais il avait davantage et bien plus rare : le talent, l'envie et le goût. » Et toi, tu ne sais plus quoi dire. Sachez-le, Elijah Elström qui ne trouve pas ses mots, c'est quelque chose... Mais c'est qu'il te ferait presque rougir comme une jouvencelle, à force !! Après un temps d'arrêt, tu choisis donc d'opter pour la même tactique que lui, le petit sous-entendu qui va bien en plus, évidemment. On ne se refait pas. « Il en a de la chance, ce Monsieur Elström... Et il peut connaître le votre, de nom ? » Ta lèvre tressaillit lorsque tu prononças cette question, et le temps se suspendit. Tu voulais cette réponse, tu l'attendais comme si ta vie en dépendait, presque à en arrêter de respirer. Sans savoir exactement ce que cela signifiait, tu en étais persuadé...
Ce nom allait tout changer.
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