La fillette était assise sur l’une des balançoires dans le parc en ce jour de printemps nuageux. Ses petits poings serraient la chaine rouillée par les intempéries au fil des ans, et ses pieds touchaient à peine le sol. Elle n’était vêtue que d’une blouse rose et d’une petite jupe, avec une paire de chaussures ballerines. Ce n’était pas très approprié pour ce temps de l’année, alors que l’air demeurait légèrement frisquet. De plus, les nuages gris au-dessus de sa tête laissaient présager une averse. La petite grelottait, elle avait froid, mais elle ne voulait pas retourner à la maison pour se réchauffer. Pas tant que ses parents continueraient à se chicaner. Elle avait quitté l’endroit une heure auparavant alors qu’une nouvelle dispute venait d’éclater, ne supportant plus de ses retrouver au milieu des querelles entre son père et sa mère. Cela durait depuis des semaines, et l’enfant, Melanie était son nom, ne comprenait quelle était la cause de cela. Âgée de seulement sept ans, elle était loin de reconnaître toutes les causalités de ce monde si grand à ses yeux. Ses parents semblaient l’ignorer également, trop préoccupés par leurs désaccords sur un sujet flou. C’est peut-être pour ça qu’elle s’était enfuie, histoire de vérifier s’ils remarqueraient sa petite présence en moins. En ce moment, elle avait surtout besoin d’attention et de réconfort, mais aussi de laisser ses oreilles sensibles prendre une pause de tous ses cris et injures qui résonnaient à travers le domicile familial. Si elle avait trouvé un peu de calme sa se parc désert, son cœur demeurait cependant meurtri…

Le temps passait, et elle avait de plus en plus froid. Personne n’était venu la chercher. Il commença à pleuvoir. D’abord ce fut une goutte qui tomba sur son front alors qu’elle regardait le ciel sombre, puis une seconde, et une autre. Quelques instants plus tard, il pleuvait des cordes. Melanie était toujours assise sur la balançoire. Elle se rappela soudainement d’une partie d’un argument qu’elle avait entendu la veille, alors qu’elle était cachée derrière une porte entre-ouverte donnant sur la chambre de ses parents.

« Et tu crois que ça lui fait du bien, à Bella!? Que tu passes le plus clair de ton temps occupé au travail!? »

La réalisation frappa la gamine. Était-elle la raison pour laquelle ses parents qu’elle aimait tant étaient en guerre ? Elle ne voulait pas le croire, mais c’était peut-être la vérité. Entre temps, elle avait commencé à pleurer, ne pouvant plus garder sa tristesse à l’intérieur de son petit corps frêle. Mais à travers l’averse, personne n’aurait pu remarquer, car la pluie se mélangeait à ses larmes. Melanie se demandait qu’est-ce qu’elle avait pu faire de mal. Elle avait toujours cru être une enfant sage au comportement exemplaire. Où était l’erreur ? Il n’y avait pas de réponse à sa disposition…

Tout s’était passé en un éclair, les parents de Melanie avaient divorcé, sa mère avait obtenu la garde complète de l’enfant et avait pris la décision de retourner dans son pays d’origine, les États-Unis, alors que son père restait à Londres, où la petite famille avait vécu jusqu’à la séparation. Entre le divorce, le déménagement à Huntington Beach, l’absence de son père, Mel ne savait plus où donner de la tête dans tout ça, elle était bouleversée. La vie en Amérique était loin de lui plaire. Elle avait des problèmes d’intégration dans son nouveau milieu. Ça n’a jamais facile pour un enfant que de déménager, de laisser tous ses amis et son ancienne vie derrière. Mais c’était encore pire quand on traversait de l’autre côté de l’océan. Son appartenance à se pays étranger se limitait aux gènes que lui avait transmis sa mère, car sur tous les points, elle restait une petite anglaise. Et puis son père lui manquait, elle n’avait pas eu de contact avec lui depuis qu’elle avait quitté l’Angleterre le mois passé.

« De toute façon, il était plus préoccupé par sa carrière que par sa famille. » disait la mère à sa fille pour essayer de la consoler, sans grand succès. Son père était policier et faisait partie de l’escouade tactique, ce qui bien sûr prenait beaucoup de son temps, mais il aimait tout de même sa fille et savait apprécier les rares occasions où ils pouvaient passer un moment ensembles. La petite de pouvait pas vraiment lui en vouloir, mais peut-être que sa mère avait raison, car il n’avait pas énormément protesté quand elle avait demandé à obtenir la garde complète, probablement car il n’aurait pas été capable de concilier travail et famille suite à la séparation. Melanie se contenta d’hocher la tête en réponse à l’affirmation, mais le vide laissé par l’absence de son père était bien présent, et ça la déprimait grandement, elle ne pouvait pas le nier.

Les vacances du temps des fêtes touchaient à leur fin, et pour Melanie, elles avaient été bien monotones. Elle avait bien passé quelques jours chez l’un des frères de sa mère à San Diego aux alentours de Noël, mais cela avait été plus épuisant qu’amusant : elle avait rencontré une batterie de cousins, cousines, oncles et tantes dont elle n’avait aucune idée de l’existence ou n’e connaissait que par de vielles photos et des histoires qui lui avaient été racontées par sa mère. Elle fut bien contente de rentrer à la maison et de s’étaler sur le canapé, ayant l’intention de regarder la télé et jouer aux jeux vidéo pour le reste du congé. Cependant, elle ne put suivre ses plans, car le chiot que sa mère lui avait offert comme cadeau de Noël réclamait toute son attention. Melanie avait nommé le petit malamute au pelage noir et blanc « Chelo » et elle n’était pas mécontente d’avoir finalement compagnon, même si celui-ci était animal, car elle ne s’était pas énormément rapprochée des enfants du voisinage ou de ses camarades de classe. Mais comme elle ne s’était jamais vraiment occupée d’un animal auparavant, elle ne savait pas trop comment s’y prendre, de plus la personnalité hyperactive de Chelo n’aidait pas.

« Ok, ok, on va prendre une ma- marche. » dit-elle alors que Chelo commençait à lui sauter dessus. Elle se leva de sur son lit et déposa sa Gameboy Advance sur la table de chevet. Mel sortit de sa chambre, le jeune chien la suivait en gambadant. Elle descendit calmement les marches de l’escalier et passa voir sa mère dans son bureau pour la prévenir qu’elle sortait.

« D’accord, mais ne revient pas trop tard. » dit sa mère sans même quitter des yeux l’écran de son ordinateur. Depuis un moment, elle semblait très concentrée sur l’écriture de son nouveau roman. Sa mère était une auteure reconnue, ayant écrit plusieurs best-sellers, d’ailleurs elle se servait souvent de sa fille come béta-lectrice, et cette dernière se demandait bien quand elle aurait l’occasion de lire ce nouvel ouvrage.

« P-pas de problème. »

Melanie quitta la pièce, prenant soin de refermer la porte derrière elle puis elle avança dans le couloir, vers la porte d’entrée. Elle enfila ses baskets puis prit la laisse de de Chelo, accrochée après un crochet à côté de la porte d’entrée pour ensuite l’attacher au collier du chien. Il tenait à peine en place, il jappait et agitait sa queue, impatient de sortir dehors. Quand elle ouvrit la porte, il se précipita dehors. Le choc lui fit presque lâcher la laisse, mais elle réussit à retenir Chelo.

« On se demande vr- vraiment d’où sort toute ce- cette énergie, hein ? » elle caressa le chiot en souriant.

À l’école, elle n’avait pas vraiment d’affinité avec les autres. Ses camarades n’avaient pas été très accueillants avec elle lors de son arrivée, et ça ne s’était pas amélioré avec le temps. Ils aimaient apparemment parler dans son dos et se moquer d’elle, surtout de son bégaiement. Elle les entendait parfois murmurer son nom, dire « Bonjour. » ou bien demander « Ça va ? », parfois même ils la traitaient d’idiote ou passaient des commentaires négatifs à son sujet. Mais quand elle se retournait pour leur demander s’ils s’étaient adressés à elle, ils semblaient n’avoir aucune idée de ce dont en parlait. Ils jouaient très bien la comédie, en tout cas.

« F- f-fais pas semblant! » dit-elle. « Je t’ai en- entendu m-me traiter de ta- tarée. »

L’exclamation de Melanie avait attiré l’attention de l’enseignante qui intervint presque aussitôt.

« Il y a un problème ici ? » demanda-t-elle.

« Ma- Maxwell m’a in- insultée. » répondit automatiquement Mel, qui était fâchée. « Et c’est pas la pre- première fois. »

Le dénommé Maxwell feignait l’innocence, mais ce dont Melanie n’avait aucune idée, c’était qu’il n’y était vraiment pour rien, car à son insu, son cerveau lui jouait des tours et elle commençait à développer certains symptômes de ce qu’on établirait plus tard comme étant une schizophrénie. Cependant, c’était loin d’être grave ou incapacitant à ce moment-là.

« Dis-moi, Bella, tu t’entends bien avec Drew, pas vrai ? » demanda sa mère, un soir alors qu’elles étaient à table.

Drew était le petit ami de sa mère, tous deux s’étaient rencontrés peu de temps après leur arrivée en ville et étaient ensembles depuis plus de deux ans. Melanie l’aimait bien, et il était la seule personne ayant réussi à la battre à Mario Kart sur la Wii. Mais comment est-ce qu’il faisait ? C’était une énigme. Sinon, elle se posait bien cette question : Où voulait en venir ça mère avec ça ? Elle savait déjà que Drew et sa fille était à l’aise en la compagnie de l’autre, alors pourquoi demander une telle chose ? Elle n’en voyait pas l’utilité.

« Han, han. Pourquoi ? » dit Belladonna en hochant la tête alors qu’elle prenait une bouchée de ses spaghettis.

« Eh bien… » il semblait y avoir une part d’insécurité dans la voix de sa mère. « Je voulais savoir car nous avions prévu qu’il emménage ici, avec nous. Je comprendrais si tu ne voulais p- »

« D’accord, si tu v-veux. »

« Hein ? » Elle ne s’attendait pas à ce que convaincre sa fille soit aussi facile que cela, elle aurait été prête à s’obstiner avec elle.

« Vos hi- histoires de cœur ne so- sont pas d-de mes a-affaires. » ajouta Melanie en quittant la table, elle paraissait bien désintéressée, voir apathique. « Alors faites c-comme bon vous s-semble. Au fait, je n’ai plus vraiment faim et je suis fa- fatiguée, je crois que je vais aller d-dormir. »

L’assiette de Melanie était toujours pleine, seules quelques bouchées avaient été prises dedans. Dernièrement, elle n’avait plus trop d’appétit et était fatiguée, moins attentive et par moment déprimée. Encore des symptômes de schizophrénie qui se manifestaient, de plus, les voix se faisaient entendre de plus en plus souvent. Elle en avait touché quelques mots à sa mère, mais rien de plus.

Le jour où Skye est apparue, Bella a pensé qu’elle était une personne bien réelle. Elle l’avait rencontrée au parc alors qu’elle prenait une marche avec Chelo, elle était assise sur un banc à regarder le ciel. Pour une raison ou une autre, elle avait approchée Melanie et elles avaient entamé une conversation. Skye ne se moquait pas se son trouble du langage, et Melanie appréciait cela. Mais étrangement, alors qu’elles discutaient, les passants semblaient les regarder étrangement. Elle était inconsciente que Skye était le fruit de son imagination, et donc elle seule pouvait avoir conscience de sa présence. Skye était une fille un peu plus vielle qu’elle, elle devait avoir entre 13 et 14 ans. Ses cheveux étaient courts, noirs avec des mèches bleues, et ses yeux eux étaient marrons clairs. Niveau personnalité, elle était sympathique, mais un peu zélée, ce qui pour une raison qui lui échappait, plaisait bien à Melanie. Sa mère lui proposa d’inviter son amie à dîner, elle devait avouer avait bien envie de la rencontrer, tant la préadolescente avait parlé d’elle.

« Maman, Drew, je vous présente Skye. » dit-elle en désignant le cadre de la porte d’entrée. Ils ne voyaient rien. Drew se mit à rire, pensant qu’il s’agissait d’une blague.

« Ahaha, très drôle Mel! Maintenant, tu peux la faire entrer pour de vrai. »

Elle bouda, bien déçue qu’ils ignorent la présence de Skye. Elle la voyait clairement debout dans l’ouverture de la porte, en train de faire un signe de la main en guise de bonjour. Belladonna insista sur le fait qu’elle était bien présente pendant plusieurs minutes avant que sa mère et Drew se retirent dans une pièce adjacente pour évaluer la situation.

« Tu crois que c’est un canular, toute cette histoire ? » demanda Drew.

« Je pencherais plus pour un ami imaginaire. Mais à son âge… »

« Alors qu’est-ce qu’on en fait ? »

« On joue le jeu. »

Et pendant toute la soirée, ils prétendirent que Skye était un être de chair et de sang.

Elle se trouvait entre les murs d’une bâtisse qui ne lui était pas familière, dans cette pièce n’était pas sa chambre, la sienne avait des murs bleus et le lit était placé près de la fenêtre. Mais celle-ci, elle n’avait que trois mur d’une couleur jaunâtre, un lit composé d’un matelas très dur, style ceux qu’on met parterre pour ne pas de faire mal quand on fait des culbutes en cours de sport, fixé sur une armature en métal dont la peinture blanche commençait à s’écailler. Le quatrième mur était en fait une porte coulissante faite de plexiglass. On lui avait fait enlever ses vêtements quand elle était arrivée, ne lui permettant de garder que ses sous-vêtements et Melanie était maintenant vêtue d’une jaquette d’hôpital bleue très inconfortable. Roulée en boule sur le lit, elle était blottie dans une couverture mais grelottait toujours. La climatisation était bien trop forte ici. À l’extérieur de la pièce, sa mère discutait avec un médecin, elle pouvait le voir à travers la porte vitrée, mais ne pouvait entendre ce qu’ils disaient. Mais une chose était certaine : elle était le sujet principal de la conversation. Elle leva un peu la tête pour s’assurer que la chose qui l’avait attaquée plus tôt, la faisant atterrir ici, aux urgences psychiatriques, était bel et bien partie. Cette créature ressemblant à une ombre vaguement humanoïde avait tenté de l’étrangler, elle s’était débattue, brisant un vase en ver au passage, ce qui expliquais le bandage taché de liquide rouge serrant sa main et une partie de son poignet. Son corps était tout engourdi à cause d’un médicament qu’on lui avait fait avaler pour la calmer. Après avoir fini de discuter avec le docteur, sa mère entra dans la pièce et s’assit sur le lit. Elle passa sa main dans les cheveux de Melanie qui était toujours crispée en position fœtale.

« Ils suspectent qu’il s’agissait d’une psychose, mais ne savent pas trop. Ils aimeraient faire des tests plus approfondis pour établir un diagnostic clair. » expliqua-t-elle. « Ils devraient de transférer dans un autre hôpital lors des prochains jours. »

Psychose ? Qu’est-ce que cela voulait dire ? Était-elle folle ? Allait-on l’enfermer dans une cellule cousinée avec une camisole de force ? Elle était trop assommée pour réfléchir clairement, mais tout ça n’annonçait rien de bon.

Cela faisait plusieurs semaines que Melanie était hospitalisée. On l’avait transféré dans un hôpital de San Diego en raison du manque de programmes appropriés dans la région où elle résidait. Son dernier séjour dans cette ville n’avait pas été des plus agréables, mais celui-ci serait surement pire. L’institution psychiatrique dans laquelle elle était traitée était loin d’être similaire à celles qu’on voyait dans les films, on s’occupait bien d’elle et il n’y avait pas de monstres ni de fantômes, du moins tant que ses hallucinations ne décidaient pas de divaguer, cependant, passer ses journées à marcher dans les mêmes couloirs à répétition et tous ces rendez-vous quotidiens avec son psychiatre et d’autre professionnels, ça devenait ennuyeux. Les effets secondaires des médicaments qu’on lui donnait pour calmer ses hallucinations, elle aurait bien pu s’en passer, mais si ça pouvait l’aider à aller mieux, elle ne pouvait pas vraiment refuser. Et de toute façon, le dernier mot revenait à sa mère. Parlant d’elle, elle venait la visiter aussi souvent que possible et était très attentionnée envers Mel dans ces temps difficiles, elle l’était même un peu trop, en venant au point où Belladonna redoutait l’heure des visites car à ce moment, elle n’avait point le temps de respirer, tant sa mère enchainait les questions les unes après les autres :

« Comment tu vas ? Tu te débrouilles avec les travaux de ton professeur t’a envoyés ? Tu dors assez la nuit ? Tu manges bien, au moins ? Est-ce qu- »

« M-maman, maman. Pas la p-peine de s’en f-faire. » la rassura-t-elle avant qu’elle ne s’emporte trop et que ça ne devienne irrécupérable. « On pr- prend bien soin d-de moi, ici. »

D’accord, ce n’était pas tout à fait vrai; car elle avait des difficultés avec ses travaux scolaires en raison de ses pensées désordonnées, mais ça s’arrangerait probablement avec le temps. Mais elle se sentait bien, ici, dans un sens…

Melanie était allongée sur son lit dans la petite chambre qu’elle partageait avec une autre patiente. La veille, on lui avait annoncé clairement son diagnostic : schizophrénie. Un trouble psychotique grave et incurable. Elle ne savait pas trop si elle devait être choquée où triste par cela, mais apparemment sa mère, elle, l’était. Hier, elle s’était presque immédiatement mise à pleurer lors de la rencontre avec le psychiatre. Mais Mel restait apathique quant à tout cela. Si ça n’avait pas été la schizophrénie, ça aurait été autre chose, mais il était certain qu’elle souffrait d’un trouble mental. Une infirmière arriva à la porte de sa chambre.

« Melanie, tu as de la visite. »

« Ah bon ? » Qui cela pouvait-il être ? Elle doutait que sa mère ne soit apte à venir aujourd’hui, trop occupée à digérer les mauvaises nouvelles, sûrement. Quelques instants plus tard, c’est Drew qui apparut dans le cadre de porte. Cela la surprit, car il n’était jamais venu ici seul avant.

« Yo. »

« Hey. »

Il prit la chaise près du bureau et la plaça à côté sur lit pour pouvoir s’asseoir.

« T’as pas vraiment l’air d’aller. » remarqua-t-il. « Je suppose qu’avec tout ce qui s’est passé, c’est un peu normal… »

« Bof. » répondit Melanie. Dernièrement, cette humeur était plutôt son était normal, sans vraiment qu’elle n’y trouve une raison. À ce même moment, Skye apparût dans le coin de la pièce. La jeune fille leva la tête pour la regarder, car elle ne s’était pas manifestée depuis quelques jours.

« Quoi ? » demanda Drew, ignorant ce qui se passait.

« S- Skye est là. » Mel pointa le coin de la pièce où Skye se tenait.

« Skye…tu veux dire ton- »

« Mon hallucination, o-oui. » Elle avait réalisé à un moment pendant son hospitalisation que Skye n’était pas réelle, personne d’autre ne pouvait la voir car elle n’existait que dans son esprit, une image vivante créée par sa maladie. Et pourtant, pour Melanie, sa présence, sa voix, son toucher, tout lui paraissait aussi naturel que si il s’agissait d’un être matériel.

« Eh bah salut, Skye. C’est cool de savoir que Mel à une amie pour lui tenir compagnie quand ni moi, ni sa mère ne sommes là. »

« Heh ? » Melanie ne comprenait pas comment Drew pouvait prendre tout ça à la légère, elle ne s’attendait pas à ce qu’il soit aussi ouvert, encore moins à ce qu’il s’adresse à Skye. Les autres patients et même certains employés de moquaient d’elle quand elle parlait de l’existence Skye, lui disant qu’elle était trop vielle pour un ami imaginaire. C’était une bonne chose, au moins. Sa mère n’aurait pas à se soucier de voir son petit ami décamper en quatrième vitesse car elle a une fille malade mentale.

Après avoir été hospitalisée pendant environ un an afin de stabiliser sa condition, Melanie revint finalement à la maison. Elle avait obtenu quelques congés à gauche et à droite durant son traitement, mais cette fois, elle était dehors pour de bon. Elle était bien heureuse de remettre le pied chez elle, même si cela lui semblait étranger car elle s’était habituée à sa routine, à la vie qu’elle avait à l’hôpital. Elle retournerait aussi bientôt à l’école, ce qui ne l'enchantait pas trop. Elle entrerait au collège, cependant pas dans une classe régulière. En raison de son retard académique, il était plus sage de la placer dans un groupe d’adaptation scolaire. Elle avait manqué à Chelo, apparemment, car dès qu’elle franchit la porte, le malamute lui sauta dessus pour lécher le visage.

« Mais oui, m-mais oui, moi aussi j-je me suis en- ennuyée de toi. » elle passa ses doigts à travers la fourrure du chien. « Et si on a-allait prendre une m-marche ? »

Chelo jappa en agitant sa queue. Et puis un autre jappement se fit entendre, celui-ci plus aigu. C’est alors que Drew entra dans la pièce en tenant un chiot tout blanc. Il le plaça entre les bras de Melanie qui était confuse face à tout ça.

« Pour fêter ton retour parmi nous. » expliqua sa mère qui venait d’entrer dans la maison, transportant la valise de Melanie. « Comment tu vas l’appeler ? »

Elle réfléchit un instant avant de se fixer sur un prénom : « Shiro. »