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 J'ai 27 ans, bientôt 28, et ce soir j'ai l'impression d'être en 98. || ft. Mattew

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Saskia Reynolds
Saskia Reynolds
super lama en quête de secrets


› MESSAGES : 1520
› EMMENAGEMENT LE : 22/11/2014
› AGE : 37
› STATUT CIVIL : En couple avec son Julian, mais reste fidèle à Petit Pois
› QUARTIER : Pacific Lane
› PROFESSION/ETUDE : Journaliste pour HB Culture Magazine & babysitteuse
› DOUBLE COMPTE : Gidéon & Bianca
› CELEBRITE : Karen Gillan
› COPYRIGHT : endlessly epic (avatar), Lux (signature)

J'ai 27 ans, bientôt 28, et ce soir j'ai l'impression d'être en 98. || ft. Mattew Empty
MessageSujet: J'ai 27 ans, bientôt 28, et ce soir j'ai l'impression d'être en 98. || ft. Mattew   J'ai 27 ans, bientôt 28, et ce soir j'ai l'impression d'être en 98. || ft. Mattew EmptyVen 17 Avr 2015 - 1:41

' J'ai 27 ans, bientôt 28, et ce soir j'ai l'impression d'être en 98.'
Mattew & Saskia



L'après-midi déclinait à Huntington Beach. On était un joli samedi du mois d'avril, et Saskia Reynolds l'avait passé en compagnie de sa famile. Ses grand-parents étaient de visite pour la journée chez son père, qui avait surpris tout le monde en préparant un repas pour plus de convives que nécessaires. Allain n'était pas de ces hommes qui aiment cuisiner, aussi fortement puisse-t-il aimer les siens. Il était cet homme autrefois amoureux de sa femme, prêt à soulever des montagnes pour éloigner son couple des tensions familiales et donc du Pays De Galles. Il avait été prêt à tout pour Margaret, celle qui avait donné naissance à la petite Saskia vingt-sept ans auparavant. Il était surtout devenu ce banquier las, abîmé par le temps et les déceptions, abandonné par ceux qu'il chérissait. On ne savait pas trop s'il avait de quelconques nouvelles de Margaret depuis ses sept années de retour au bercail, mais l'on voyait bien l'état du père de famille décliner. Devenant l'ombre de lui-même, il passait la majorité de son temps libre isolé, seul dans la grande maison qui avait vu l'arrivée du couple Reynolds, puis celle de leur progéniture quelques temps plus tard. Parfois, en plein milieu de la nuit, il se réveillait, et, le corps encore endormi, montait lentement les escaliers et allait s'allonger sur le lit de Saskia. Et il restait ainsi, des heures durant, les yeux hésitant entre se fermer ou rester ouverts, à se souvenir des jeunes années de sa petite fille, lorsqu'il lui construisait ses jouets en bois et qu'elle en riait, les emportant partout, avec les gâteaux de sa grand-mère, on ne sait trop où, là où elle allait à des heures tardives, effrayant tout le clan Reynolds.
D'autres fois, c'était avec son esprit de grand enfant qu'il accueillait sa fille de retour pour un weekend ou quelques vacances. Et ils rigolaient devant des émissions débiles à la télévision, une bière à la main. Il fallait dire qu'à sa façon, Saskia prenait soin de son paternel. elle, c'était chose certaine, n'avait plus contact aucun avec sa génitrice. Pourtant, c'était en même temps qu'elle était allée au Pays De Galles. Mais leur différence d'état d'esprit avait eu raison de leur relation, et la rousse avait fait ses deux ans d'étude dans son pays d'origine sans se soucier de sa famille maternelle. Oh, en revanche, elle avait beaucoup vu les parents de son père.

Aujourd'hui, alors qu'elle est revenue aux Etats-Unis depuis environ cinq ans, elle avait adopté de nouvelles habitudes. Elle avait enchaîné les petits boulots, chéri son blog autant que faire se peut, mais avait surtout fini par prendre son envol et quitter le domicile familial : le toit qu'elle partageait avec son père. Et s'ils ne partageaient plus leur logement, les deux Reynolds n'en étaient pas moins proches. Ils s'étaient même rapprochés. Allain retrouvait de plus en plus une âme d'adolescent en pleine souffrance, et Saskia s'efforçait d'être à ses côtés et d'apporter joie et bonne humeur à la petite maisonnée. Et puis elle le savait : il voyait énormément Papy Tristan et Mamy Crystin.
Comme cette après-midi de vacances.

Elle était arrivée, un gâteau entre les mains. Ne croyez pas pour autant qu'elle l'avait cuisiné. Oh, elle avait essayé, c'était certain. Mais après un loft enfumé et une Isla furieuse, elle avait laissé tomber l'idée et avait filé à la pâtisserie la plus proche. Ce fut donc avec un banal gâteau au chocolat qu'elle tourna la clé dans la serrure. Et déja, elle entendait Mamy Crystin parler de ses propres pâtisseries. Le Bara brith, les Welsh cakes et les Crempogs, c'était toute histoire chez les Reynolds.

Et Saskia, son gâteau dans une main, la porte qu'elle tardait à claquer dans l'autre, se sentit idiote, avec ses trouvailles au goût sans doute chimique comparé à la cuisine de sa grand-mère. C'est pourtant tout sourire que celle-ci arriva jusqu'à elle, lui prit le gâteau des mains et commença à parler.
" Sassy, comment tu vas ? Viens voir, je t'ai fait plein de Welsh Cakes, comme tu les aimes! Et puis ton père nous a concocté de l'agneau qui m'a l'air divin... Tu bois quoi à l'apéritif ? Papy Tristan veut commencer vite, tu le connais..."
Le fameux Papy Tristan arriva derrière elle.
" Laisse la petite arriver tranquillement ... "
On entendit un bruit sourd, puis un rire provenant de la cuisine.
" C'est rien, j'ai fermé le four trop vite! " expliqua son père alors que les trois autres Reynolds, toujours dans l'entrée, s'étaient tous arrêtés de parler.
La rousse regarda ses deux grand-parents, attendrie de voir que le temps n'avait guère d'impact sur eux. Elle avait 27 ans, et lorsqu'elle leur faisait face, elle avait toujours l'impression d'être cette enfant aventureuse qui leur causait du soucis, mais à qui ils donnaient tant. Mamy Crystin avait toujours été une confidente et une compagnie très agréable pour la fillette qu'elle avait été. Et elle le serait toujours. Elle déposa un baiser sur leur joue, puis se hâta vers la cuisine, retrouver son père, ses deux grand-parents sur les talons.

[...]
" Bon, quand le revoit-on, ton Jules?" demanda Papy Tristan à la fin du repas, alors qu'il buvait son thé. Il avait beau être un adepte des alcools forts, il n'en détestait pas plus la boisson préférée de son épouse. Et Saskia le savait : lorsque Papy Tristan buvait son thé, c'était le moment pour lui de la taquiner, toujours, sur les mêmes choses.
Elle soupira avec un sourire. Prête à répondre, elle fut coupée dans son élan par son sa grand-mère.
" Prends des gâteaux, faut que tu nous prennes un peu de poids là !  "
" On te paie pas assez à ton boulot ? "
Finalement, elle se tut mais continua de se bourrer la panse des Welsh Cakes de sa grand-mère, laissant des miettes partout sur la table. C'était le goût de son enfance et du bonheur. Et puis c'était gratuit.
Allain, lui, était plutôt calme. Il rigolait à certaines blagues, parlait de son travail à la banque, mais la constante qui commençait à inquiéter Saskia était la solitude extrême dans laquelle il semblait se complaire. Elle n'avait jamais connu ses parents spécialement sociables, mais l'isolement dans lequel il s'enfermait de plus en plus attristait la jeune femme. Leur famille - du moins, le petit cocon qu'il en restait - était très soudé, et ses grand parents, eux aussi, à leurs regards, semblaient l'avoir notifié également.
Alors lorsque Tristan et Margaret Reynolds rentrèrent chez eux - regarder leur feuilleton ou jardiner, elle ne le saurait guère jamais - Saskia resta avec son père une heure. Il se trouva qu'elle avait fait la découverte, par erreur en laissant glisser du beurre de ses mains, qu'il glissait sur le sol. La cuisine devint donc, alors qu'Allain essayait de ranger la vaisselle, un terrain de glisse extrême pour la rousse, qui riait aux éclats et ne semblait se lasser le moins du monde de sa nouvelle bêtise, et ce malgré l'air désespéré de son père.
Mais lorsque ce dernier alla enfin se poser devant la télévision, la demoiselle hystérique se transforma en réelle agent secret. Son sourire disparu d'une traite, elle ramassa le beurre, nettoya le sol- enfin ...  jeta un sceau d'eau sur les carrelages- et prit, sur la pointe des pieds, la direction de la porte d'entrée.

Et là, en fin d'après-midi, elle était en train de sonner à une porte qu'elle n'avait plus approchée depuis bien longtemps.
Dès qu'on lui ouvrit, elle ne prit même pas la peine de regarder qui l'accueillait. Elle avait tout préparé et tendit ses mains, un paquet serré entre ses doigts :
" Tiens, des oeufs. Un voisin a toujours besoin d'oeufs. "
Puis elle offrit son sourire le plus insistant possible, clignant des yeux pour se donner un air tropcuteauquelonnepeutdirenon.
Et elle croisa le regard de ... Mattew.
Bizarrement, la jeune journaliste ne s'y attendait pas. Mais elle ne se démonta pas.
" Bon, bah tu les prends tes oeufs ? J'peux rentrer ? "

 
Code by Silver Lungs


Dernière édition par Saskia Reynolds le Dim 3 Mai 2015 - 15:00, édité 1 fois
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J'ai 27 ans, bientôt 28, et ce soir j'ai l'impression d'être en 98. || ft. Mattew Empty
MessageSujet: Re: J'ai 27 ans, bientôt 28, et ce soir j'ai l'impression d'être en 98. || ft. Mattew   J'ai 27 ans, bientôt 28, et ce soir j'ai l'impression d'être en 98. || ft. Mattew EmptyDim 3 Mai 2015 - 14:53

J'ai 27 ans, bientôt 28 et ce soir j'ai l'impression d'être en 98...
Saskia & Mattew
Parfois je me rend compte à quel point je peut être stupide et borné, et à quel point je suis quelqu'un de froid et inintéressant. C'est bien connu que je ne pense qu'au boulot, qu'il n'y a que ça qui compte pour moi, du moins c'est l'image que je veux montrer aux autres et j'adopte tout les comportements pour. Vous voyez ce mec enfermé dans son jardin à lire des bouquins alors qu'il fait beau, ce mec qui devrait aller jouer avec ses potes parce que c'est le week end et parce qu'il est jeune et qu'il devrait s'en foutre de tout et juste s'éclater. Et bah ce mec c'est moi, oh vous ne pouvez pas vraiment me manquer et le truc cool avec moi c'est qu'il y a tant de blagues faciles à faire sur moi : déjà je suis roux alors j'imagine que vous avez déjà plein de jeux de mots à faire sur moi, surtout vous gênez pas c'est pas comme si je ne les ai jamais entendu, c'est un peu comme le Doctor et son TARDIS. Ah et puis je suis bisexuel aussi, c'est pas mal sujet aux plaisanteries aussi et pour finir le tout comme je vous le disais je suis un grand passionné de travail et je semble vivre que pour çà. Alors oui je suis légèrement marginalisé, par ce que que suis et par ce que je renvois volontairement aux autres. Je ne m'en plains pas ou alors si je le fais je le fais en silence. Et puis à qui j'irai raconter mes malheurs hein ? A mes amis, les seuls amis que j'ai n'en ont absolument rien à foutre de tout çà. A ma chargée de stage, pour mon plan de carrière je ne pense pas que ce soit la bonne idée. Mes parents ne m'écouteront pas, ils sont bien content que je bosse comme un fou pour préserver l'image de la brillante famille Enix, déjà qu'ils sont vexés que je ne les suivent pas dans la voie scientifique… Oh comme les choses ont changées en quelques années, en cinq ans pour être précis. Parce qu'il y a cinq ans il y avait encore Saskia et à Saskia je pouvais tout lui dire, absolument tout et elle au moins m'écoutais, oh bien sûr elle se moquait parfois mais elle écoutait franchement, comme moi j'écoutais toujours ce qu'elle avait à dire. On fonctionnaient comme çà avec Saskia Reynolds, on se chamaillaient, on s'écoutaient, j'essayais de lui expliquer qu'il fallait être sérieux parfois dans la vie et elle essayait de me décoincer un peu, sans succès bien entendu mais une chose est sûre c'est que nous ne sommes jamais manqués de respect et que nous avons toujours été sincères l'un envers l'autre.

Et puis il y cinq ans elle est partie étudier au Pays de Galles et depuis j'ai rarement eu de nouvelles de celle que j'appelle « ma grande soeur » et mes parents se sont petit à petit éloignés de Monsieur Reynolds ce que je trouvais stupide de leur part, mais si je devais faire une liste de ce que je trouvais stupide dans le comportement de mes parents ça prendrait beaucoup trop de temps, toujours est-il que Saskia passait parfois et nous ne voyons plus son père que très rarement. Est ce que j'ai changé depuis cinq ans ? Pas vraiment non je suis toujours aussi accro au bouquin, je suis toujours aussi désespéramment asocial et célibataire aussi. Oui il y a des filles et des garçons que je trouve attirants mais jamais, jamais je n'oserai aller de l'avant, je trouve beaucoup plus facile d'étudier que d'essayer d'avoir des relations sociales. Et puis en ce moment je n'ai pas une minute à moi, depuis que j'ai commencé le stage dans le cabinet de Gabrielle Shaw je n'arrêtais pas, ce n'est pas que je n'ai pas l'habitude de ramener du boulot à la maison mais là disons que je devais me pencher sur des cas réels et en plus d'être du boulot ça me stressait au plus haut point. Vous l'aurez compris, ces derniers temps je suis stressé, sur les nerfs et pourtant c'est les vacances scolaires. Bonjour je suis Mattew Enix, jeune mal adapté et paradoxe humain à lui tout seul, tu veux être mon pote ? Enfin pas là maintenant, parce que tu vois pour le moment je bosse, mes parents ne sont pas là, je pourrais faire ce que je veux mais je bosse, désespérant hein ?

Il y a de l'animation chez les voisins, Monsieur Reynolds reçoit du monde et moi bêtement je me met à rêvasser que Saskia est là, tout prêt. Mais je ne devais pas me faire d'illusion, peu de fois ma grande sœur était revenue depuis qu'elle était allée au Pays de Galle, alors pourquoi serait-elle là aujourd'hui je vous le demande ? En fait je crois que j'ai envie d'aller voir si elle est là, juste pour me dire que ma « grande sœur » est de retour, mais quelque part j'ai peur de savoir ce qu'elle pense de moi maintenant, peur qu'elle reparte aussi. Je me maudis d'être aussi peu à l'aise avec les gens sinon ça fait longtemps ça fait déjà quelques minutes que j'aurai traversé la rue pour aller voir si mon amie était bel et bien de retour. Seulement, je trouve ça beaucoup plus facile de me perdre dans mes bouquins que d'aller parler à des personnes que je connais depuis que je suis né.

Mon bureau est un amoncellement de paperasse et de livres je ne sais pas comment il n'a pas encore cédé sous le poids de toute la documentation et les dossiers du travail, mais je m'y retrouve et le pire je crois c'est que de voir tout çà çà me fait me sentir en sécurité, j'aime le fait d'avoir toujours quelque chose à faire, autant je ne suis pas bavard comme vous avez pu le deviner autant je déteste rester inoccupé c'est plus fort que moi. Alors je travaille, je lis et j'essaye de ne pas penser au fait que ma vie sociale est un vide intersidéral, je suis un TARDIS perdu dans l'Univers.

On sonne à la porte, ce qui est inattendu étant donné que je n'attends personne et autant dire que je traîne pour aller ouvrir. Mais sur le chemin une idée me vint. Et si c'était elle ? Après tout pourquoi pas ? Et maintenant que j'ouvre la porte c'est vingt trois ans de ma vie que je me prend dans la tronche, tant de souvenir qui remontent alors que devant moi se tiens celle que j'appelle « ma grande soeur » qui me tends… une boîte d'oeufs et je dois bien avouer que je ne comprends pas vraiment et ça doit se voir sur ma figure je pense. « Sa… Saskia ? » je demande, comme pour vérifier que c'est bien elle qui se tient devant moi, pas un mirage elle en chair et en os. Et c'est bien elle et je ne sais pas comment réagir, je suis totalement bloqué. C'est sa voix qui me sort de mes pensées. « Et bah euh merci Sas' » dis-je en prenant la boîte et en lui faisant signe d'entrer, m'écartant de la porte. « Vas y ouai entre. » Je souris maintenant, la surprise passée je suis heureux de voir mon amie de retour. Je l'emmène dans le salon de cette maison qu'elle connaît bien. « ça va bien ? Tu veux boire quelque chose ? » Mes paroles à une vitesse folle mais je suis tout content de la revoir après tout ce temps. Je lui montre le canapé pour lui faire signe de s'installer alors que je reviens avec nos boisson. Assis devant elle je souris puis je me lance avec cette question qui me brûle les lèvres depuis toute à l'heure. « Tu… Tu es de retour pour de bon à Huntington ou tu repars au Pays de Galle ? » Voilà c'était dit, honnêtement ça me ferait mal qu'elle reparte, je me rend compte à quel point Saskia est importante pour moi et que ça a été dur ces dernières années sans elle pour m'emmerder, pour essayer de me décoincer, alors oui j'espère qu'elle reste pour de bon, même si c'est tout à fait égoïste de ma part de penser comme çà.
electric bird.
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MessageSujet: Re: J'ai 27 ans, bientôt 28, et ce soir j'ai l'impression d'être en 98. || ft. Mattew   J'ai 27 ans, bientôt 28, et ce soir j'ai l'impression d'être en 98. || ft. Mattew EmptyMar 2 Juin 2015 - 13:05




La famille Reynolds connaissait les Enix depuis des années. Ils avaient fait partie des premiers fidèles amis américains de ce couple de gallois assez fraichement débarqué et peut-être, mine de rien, un peu perdu et décontenancé par l'immense pays dans lequel ils venaient de poser valises plus ou moins sur un coup de tête, quelques années seulement auparavant. Alors les deux couples avaient fini par passer du stade de voisins de rue à celui de connaissances, puis d'amis. Oh, pourtant, il pouvait se passer plusieurs semaines sans qu'ils n'aient le temps de se voir, ne serait-ce qu'une soirée ; les deux enfants en bas-âge qu'étaient alors Mattew et Saskia leur demandaient beaucoup d'attention. Pourtant, entre eux, il y avait toujours ce mutuel respect et cette complicité qu'ils aimaient partager certains weekends. Et puis surtout, Saskia les avait, aussi loin qu'elle puisse se souvenir, toujours connus. Jamais elle n'avait ressenti la moindre gêne envers la famille Enix - cela posait d'ailleurs problème et soulevait nombre de débats chez les Gallois - et considérait presque ses voisins comme de la famille. Après tout, à l'école, on avait vite songé que Matt était le frère de Saskia, et comme c'était trop rigolo, eh bien, elle n'avait jamais nié. Solidarité entre vampires oblige!

Pourtant, le temps était passé, les choses avaient changé. Les Reynolds s'étaient séparés, les secrets s'étaient accumulés, ... Saskia avait quitté le cocon familial. Après avoir commencé ses études de journaliste à Huntington Beach, elle avait plus ou moins volontairement suivi sa mère au pays ; comprendre ici le Pays de Galles. La rousse avait fini ses deux dernières années de fac à l'université de Glamorgan, près de Cardiff et de sa baie, près de Penarth, sa ville d'origine, et loin de ceux qui comptaient pourtant énormément pour elle aux Etats-Unis. Elle avait apporté le soleil californien dans les contrées brumeuses et humides du pays de Roald Dahl, des Stereophonics et des druides. Elle avait même décidé d'y établir demeure pour un an de plus, avant d'enfin revenir chez son père, resté seul aux États-Unis.

Depuis, elle avait enchainé les petits boulots, trouvant tout de même dans le labeur la joie de l'indépendance. Son site internet avait de plus en plus de succès, et lui offrait de nouvelles rencontres, durables ou non, mais toujours agréables. Mais jamais, ou seulement de loin, Saskia n'avait revu son petit frère d'enfance, celui avec qui elle avait partagé les verres de lait du quatre heures, les diners interminables et ennuyants comme un mauvais épisode de Pretty Little Liars, les envois de mie de pain à travers la table de la cuisine devant des parents sidérés, les disputes à l'école. La rousse s'était plue à prendre à coeur le rôle de soeur ainéeprotectrice envers Mattew. Lorsque des ados en manque de démonstration de testostérone décidaient de s'attaquer à lui, jamais elle n'avait hésité à leur sauter sur le dos, les griffer de toutes ses forces, leur faire avaler ses longs cheveux de feu, les insulter de "smiley msn" (parce que, vous comprenez "ils sont encore plus moches qu'Homer Simpson"). Pourtant, sa bonne humeur contagieuse faisait que jamais, pour autant, on ne l'avait imaginée du style "gros bras", à chercher les querelles. Mais on avait doucement appris que si l'on cherchait Mattew, on cherchait sa grande soeur. Et "sa soeur" était populaire et chiante, alors on ne lui voulait pas d'emmerdes.

Alors lorsqu'elle revenait chez son paternel, bien souvent, voire à chaque fois, Saskia Reynolds se permettait quelques coups d'oeil par la fenêtre. Elle n'était point du genre nostalgique ou triste, mais il fallait bien l'admettre, son ami lui manquait. Sa famille, telle qu'elle l'avait connue, avec ses deux parents, son frère d'adoption et ses propres parents, tous autour d'une table une après-midi d'été, lui rappelait que le temps était assassin (et empooorte avec lui le riiire des enfants, oui oui) et pouvait, tout de même, un petit quoi, attrister. Mais loin d'être les souvenirs les plus douloureux, ils étaient ceux qu'elle gardait bien au chaud, dans un coin de son esprit et qu'elle posait avec soin au-dessus des autres, cachés avec soin. Le bureau du neurologue n'existait plus dans ses cauchemars les plus profonds et les plus rares, comme un rêve lointain inaccessible et totalement fictif. Noah était l'être parfait qui n'existait que dans ses songes. Mais les repas avec les Enix, ça, avait bel et bien existé, et la faisaient encore sourire régulièrement.
Et elle était persuadée que ce serait également le cas pour son père, solitaire et éternellement las de sa vie.

Alors l'hystérique était venue voir ses vieux voisins. Beaucoup d'individus se seraient demandé comment entrer en contact avec des adultes qu'elle n'avait que croisé - et encore - les dernières années, après avoir été relativement proche d'eux. Ils se seraient sans doute spécialement  bien accoutrés, coiffés, auraient travaillé leur tirade au mot près,  se seraient raclé la gorge avec soin avant d'entendre le bruit de la serrure et de voir un visage familier leur faire face.
Mais Saskia Lily Reynolds n'était pas "beaucoup d'individus". Saskia Lily Reynolds était un spécimen à part, incompréhensible pour les psychiatres dont elle avait déjà croisé le chemin, infréquentable pour les adultes qui parsemaient à présent le chemin de sa vie. Alors Saskia Lily Reynolds était arrivée avec des oeufs comme vague excuse improvisée et les avait donné à ...

Mattew. Matt était celui qui faisait face. Avec son ton de Saskia, elle ne put s'empêcher de lui adresser la parole comme elle l'avait toujours fait : sans gêne, mais avec un amour bien caché en son fond.

" Ouais c'est moi trouduc. "
Bien bien caché, l'amour.
Matt, lui, n'avait guère changé. Oh, bien sur, les années étaient passées par là et avaient fait de lui un bel homme, mais toujours roux et toujours dépassé par ce qui se passait dans sa vie sociale, visiblement. Elle, en face, comme à son habitude, rigola. Puis elle le suivit, prise d'un fou rire.
Sans trop attendre les politesses de son vieil ami visiblement gêné, elle s'affala dans le canapé et sentit que Matt la rejoignait. Elle se tourna vers lui.
" Ca va bien ? Tu veux boire quelque chose ? Tu… Tu es de retour pour de bon à Huntington ou tu repars au Pays de Galles ? "

Elle se figea en un sourire plus que radieux, faisant presque penser à, vous savez, ces statues de cire dans les films d'horreur...

" Mais non, je suis de retour ! J'habite juste plus en face, j'ai mon appart. Faudra que tu viennes. Bon puis tu fais quoi toi, maintenant? Toujours un rat de bibliothèque ? Je savais que j'aurais dû emmener de l'alcool. Non merci, j'ai la flemme de me lever pour aller pisser après. Mais si t'as soif fais comme chez toi !"
Puis, sans criser gare, elle se redressa sur ses genoux sur le canapé des Enix et se jeta sur Matt, lui ébouriffant les cheveux, l'étouffant pour être sure que c'était bien lui, qu'il était bien vivant et que son coeur battait bien contre le sien, lui déposant finalement un petit baiser sur le front.

" Hiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiii ! " Puis elle se figea dans une expression de frayeur. "Tes parents sont là ? "
Puis elle retrouva le sourire en un sixième de seconde.
" Les oeufs ça se périme, au fait ? "
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MessageSujet: Re: J'ai 27 ans, bientôt 28, et ce soir j'ai l'impression d'être en 98. || ft. Mattew   J'ai 27 ans, bientôt 28, et ce soir j'ai l'impression d'être en 98. || ft. Mattew EmptyDim 9 Aoû 2015 - 0:09

J'ai 27 ans, bientôt 28...
et ce soir j'ai l'impression d'être en 90 !
Saskia Reynolds
Plus je vieillis, plus je commence à reprocher des choses à mes parents, sur la façon dont ils m'ont élevé, dans la façon dont ils se comportent avec les autres, dans la façon dont ils abandonnent les gens, je crois que je ne supporte plus leur vision de voir les choses. Pourtant je suis resté si longtemps enfermé dans leur carcan que je devrais m'y être habitué, en fait je crois que je m'y suis habitué à un moment et que maintenant je vois le monde sous une autre couleur, sous un autre jour, je me rends compte à quel point leur point de vue sur les gens et réducteurs, que la vie à laquelle ils me destinent est une vie morose, plate et grise. Mais ils ne sont pas les seuls à blâmer bien entendu, ce serait bien trop facile de leur rejeter toute la faute sur eux. Je suis en partie responsable de toute cette situation il faut bien l'avouer, parce que tout seul je me suis enfermé dans cette bulle de solitude, cette forteresse intérieure où je me perds si souvent. En fait au fond de moi je me suis toujours dit que je préférais être seul dans mon coin, avec mes foutus bouquins, à ne pas parler à grand monde. Ça aussi c'est très facile à faire, de s'isoler, c'est bien plus facile que d'aller vers les gens. Moi je suis incapable de faire çà, de parler librement, d'être à l'aise avec les autres. Donc non ce n'est pas uniquement la faute de mes parents, j'y suis pour quelque chose et je ne peux pas le nier.

Et pourtant il y a des gens dans mon entourage qui m'aident ou qui m'ont aider à ne pas devenir un vrai rat de bibliothèque, timide, plat et inintéressant au possible, je leur en suit très reconnaissant d'ailleurs. Récemment j'ai décidé de me prendre en main et de participer un peu à la vie politique de la ville, oh pas en faisant de grandes choses bien entendu mais déjà j'ai décidé de m'intéresser aux programmes, et à prendre partie pour un des candidats. Pendant la campagne j'ai fais la rencontre de Beth Wilkerson, c'est la candidate dont j'ai soutenu le programme. C'est une rencontre importante pour moi, au fur et à mesure que la campagne s'est déroulée que j'ai un peu changé, enfin je crois tout du moins, si j'ai soutenu Beth pendant sa campagne elle m'a aidé en retour en me faisant comprendre que je pouvais vivre ma vie d'une autre façon qu'en bossant non-stop, que je pouvais m'amuser aussi que ce n'est pas ça qui allait nuire à mon avenir, son discours commence un peu à faire tilt chez moi même si ça prend du temps je commence à voir que je peux un peu sortir de ma carapace, petit à petit je change peut être pas assez rapidement à mon goût.

Mais la personne qui m'a le plus aidé et il n'y a aucun doute là dessus c'est Saskia Reynolds. Ma grande sœur, bon c'est pas ma vraie grande sœur, mais pour moi c'est tout comme. Pourtant pour les gens qui nous connaissaient avant qu'elle reparte pour le Pays de Galles, nous voyaient comme deux adolescents qui passaient un peu le plus clair de leur temps à se chamailler et souvent à se faire des petits coups en douce pour faire rager l'autre mais après tout c'est un peu ce que font les frères et les sœurs non ? Mais au-delà de toutes ces chamailleries Saskia est la personne qui a réussi à me faire prendre confiance en moi. C'est même un peu une mission qu'elle s'est donnée, me décoincer un peu et autant dire qu'il y a du pain sur la planche. Moi de mon côté je m'étais donné comme objectif de l'assagir et ça représente pas mal de taf aussi. Mais en tout cas, une chose est sûre c'est que Saskia a toujours été là pour moi, quand j'allais pas forcément super bien et puis moi dans la mesure du possible j'ai été là pour elle.

Mais il y a cinq ans, elle est partie au Pays de Galles pour ses études. Je ne vais pas vous faire tout le discours larmoyant, genre soap opera à l'eau de rose, mais elle me manque ma rouquine de frangine, ça me manque moi toutes nos prises de tête, nos grands débats qui ne servent pas à grand-chose mais qui au moins nous faisait rire, ouai elle me manque la frangine, une des seules personnes qui a su voir que je ne suis pas que ce mec chiant et terne, que je peux être quelqu'un d'intéressant, au moins elle ne saute pas sur les conclusions tout de suite. Donc oui elle me manque, j'espère que de son côté c'est le cas, enfin je n'allais pas débarquer au Pays de Galles et lui sauter dessus pour lui hurler « HEEY SASKIA JE T'AI MANQUEEEE ? » Non c'est pas vraiment le bon plan et puis me connaissant je n'oserai même pas le faire je serai plutôt du genre à débarquer et à regarder mes pompes plus qu'autre chose. En parlant de ça je songe tout de même a aller lui rendre visite là bas un de ces jours, bon sans l'option « je te crie dessus pour savoir si je t'ai manqué. »

Il y a du monde dans la maison d'en face, chez les Reynolds. Moi dans ma tête j'ai des images qui apparaissent, des images de barbecue surtout, c'était une tradition entre nos deux familles, les barbecues du week-end, seul moment où mes parents se décoincent un peu, j'aimais beaucoup ces repas, même si je passais le plus clair de mon temps sous un arbre à lire mes bouquins, que voulez on ne change pas. J'aimerai bien que Saskia soit là, juste en face, de l'autre côté de la rue, mais je ne me fais pas trop d'illusions. Alors je me pose à mon bureau et j'essaye de me concentrer sur ma lecture mais le coeur n'y est pas. Et c'est à ce moment qu'on sonne à la porte. Et disons que je ne m'attendais a voir cette personne en ouvrant la porte. Saskia Reynolds en chair et en os et moi comme à mon habitude je ne sais pas quoi dire, ni quoi faire, je remarque juste qu'elle tient une boîte d'oeufs dans les mains, détail pour le moins intriguant. « Trouduc ? » et ben au moins en cinq ans elle n'a pas perdu sa légendaire délicatesse Miss Reynolds. « Trouduc ? Moi aussi je suis content de te revoir Sas' » dis-je en retrouvant mon sourire, sincèrement heureux de revoir ma grande-sœur. Sinon c'est toujours ce même contraste entre elle et moi, moi toujours autant déphasé et timide et elle toujours aussi brute de décoffrage, rien de tel pour me faire sourire et me rendre joyeux. Je l'invitais à passer au salon et je lui posais ensuite cinq mille question en vrac, peut être parce que j'ai peur qu'elle disparaisse d'un moment à l'autre. « Genre tu m'as même pas encore invité à passer te voir ? » fis-je la mine légèrement boudeuse. « Mais je suis content de savoir que tu es de retour, et comme tu le fais si gentiment remarquer je suis toujours un rat de bibliothèque mais de moins en moins, enfin il paraît que je me décoince un peu, juste un peu… J'ai participé à une campagne électorale tu le crois ça ? Oh on a de l'alcool mais c'est pas vraiment moi qui tape dans les stocks quoi… Mais non ça va j'ai pas vraiment soif. » dis-je en venant m'asseoir sur le canapé. Mais à peine installé je fus pris d'assaut par la tornade Saskia Reynolds qui me prit dans ses bras pour m’ébouriffer les cheveux et moitié m'étouffer avant d'embrasser mon front ce qui eu le don de me faire virer a un rouge écarlate. Mais ça c'était avant l'espèce de cri qu'elle poussa, pas loin de me vriller les tympans. « Non non ils ne sont pas là, tu les connais niveau boulot ils sont pires que moi. » Oui c'est carrément l'hôpital qui se fout de la charité mais c'est un peu vrai, ils ne font que ça, limite je ne les vois jamais. « Euh je pense qu'il faut les mettre au frigo mais ça se périme pas trop je crois, enfin je suis pas le cuisinier du siècle donc bon je vais pas trop m'annoncer, au pire j'ai de la farine on pourra faire une bataille. » Etrangement je nous voyais bien nous balancer des œufs à la tronche, pas méchamment juste pour rigoler, c'est bien quelque chose qui nous ressemblerai. « Et toi alors tu dois avoir pas mal de choses à raconter depuis cinq ans, raconte moi un peu Saskia Reynolds, je veux tout savoir d'elle, moi. » Bon peut-être pas tout, je ne vais la forcer à tout me raconter mais je dois avouer que je suis curieux. « Et promis je te raconte tout de ma passionnante vie d'étudiant en droit. » J'avais mille et une question pour elle mais je me retenais ne voulant pas lui faire peur non plus.
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Saskia Reynolds
Saskia Reynolds
super lama en quête de secrets


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› EMMENAGEMENT LE : 22/11/2014
› AGE : 37
› STATUT CIVIL : En couple avec son Julian, mais reste fidèle à Petit Pois
› QUARTIER : Pacific Lane
› PROFESSION/ETUDE : Journaliste pour HB Culture Magazine & babysitteuse
› DOUBLE COMPTE : Gidéon & Bianca
› CELEBRITE : Karen Gillan
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J'ai 27 ans, bientôt 28, et ce soir j'ai l'impression d'être en 98. || ft. Mattew Empty
MessageSujet: Re: J'ai 27 ans, bientôt 28, et ce soir j'ai l'impression d'être en 98. || ft. Mattew   J'ai 27 ans, bientôt 28, et ce soir j'ai l'impression d'être en 98. || ft. Mattew EmptyMer 12 Aoû 2015 - 23:34




Cela faisait des années que les deux anciens voisins ne s'étaient pas fait face, et pourtant c'était sans tact aucun que la jeune femme avait décidé de renouer contact avec la famille Enix. Bon, il était certain que même ai au fond d'elle-même, elle l'espérait, elle ne pensait pas tomber sur le jeune homme à son arrivée devant la maison. Elle n'avait guère de nouvelles de lui, et s'en voulait de ne pas, elle-même, lui en donner davantage. Après son départ pour le Pays De Galles, tour s'était précipité et elle n'avait pas eu le temps de passer chez les Enix. L'absence de sa mère n'y était pas étrangère, et son inconscient, bien souvent, lui hurlait du plus profond de son être, de ne pas revenir dans ces rues, témoins de son passé, joyeux certes, mais aussi plus douloureux. Une douleur qu'elle craignait, quelque part, de revivre. L'au revoir de Noah, son retour de chez le médecin, l'annonce de la séparation de ses parents. Cette maison, à présent, représentait son père et le lien qui les unissait ; eux, ce reste de famille éclopée, qui n'avait plus de nouvelle de celle qui avait permis pourtant son existence.

La maison, c'était tout ce qui pouvait rester dans l'esprit de la jeune femme sans trop la faire se remémorer de douloureux souvenirs. Cette maison était devenue son petit havre de paix, l'endroit où elle était à nouveau la petite fille à qui son papa construisait des jouets en bois, celle qui avait le droit aux gâteaux et aux histoires de sa Mamy Crystin alors qu'elle avait fugué la nuit précédente pour aller innocemment regarder les étoiles et écouter le bruit des vagues. Elle aimait être cette petite fille; et même si elle faisait encore tout pou y rassembler, il y avait des parts de son enfance qui avaient laissé place à quelque chose de plus adulte ; il y avait eu des au revoirs involontaires. Jamais elle n'avait voulu quitter son petit Matt, le petit frère qu'elle n'avait jamais eu, cet enfant trop sage mais avec qui elle avait passé tant de temps! Pourtant, c'était arrivé. Cela faisait des années qu'elle n'avait pas entendu le son de sa voix, ou si ce n'était que très brièvement. Cela faisait des années qu'il n'avaient pas fait de bataille de pâte à cookies, ou qu'elle ne l'avait pas poussé dans la piscine gonflable du voisin pour le voir débarquer furax avec son chien. Et tout cela lui manquait. Alors elle essayait de ne pas y songer, juste à prendre les informations qu'elle obtenait sur lui : études de droit, son propre appartement.

Et de ce qu'elle savait, il était très peu probable qu'il soit chez ses parents au même moment qu'elle. Et pourtant...

" Trouduc ? Moi aussi je suis content de te revoir Sas'"
Tout sourire, Saskia partit dans ses explications tarabiscotées qu'on lui connaissait.
" C'est ma façon à moi de dire que t'es unique, t'sais, parce qu'on a qu'un trou d'balle... Enfin, tu crois que y'a une maladie où y'en a deux ? Ca doit être horrible, tu fais caca par où ? "
Au moins, il ne pourrait pas lui reprocher d'avoir changé.
Bon, cela pouvait aussi poser problème, lorsque l'on savait que cela faisait des années qu'ils ne s'étaient pas vraiment parlé... A presque 28 ans, la rousse était censée être devenue adulte... Mais à les voir tous les deux, elle avait pris tout le côté le côté enfantin de Matt, et lui, toute la maturité de la journaliste.

"Genre tu m'as même pas encore invité à passer te voir ? " lança-t-il en boudant à moitié. Saskia fit une mine attendrie, et de mauvaise foi, surrenchérit : " J'ai pas besoin de t'inviter, t'es de la famille, tu viens quand tu veux! " En réalité, elle savait bien que c'était faux. C'aurait été bête qu'il débarque
" Mais je suis content de savoir que tu es de retour, et comme tu le fais si gentiment remarquer je suis toujours un rat de bibliothèque mais de moins en moins, enfin il paraît que je me décoince un peu, juste un peu… J'ai participé à une campagne électorale tu le crois ça ? Oh on a de l'alcool mais c'est pas vraiment moi qui tape dans les stocks quoi… Mais non ça va j'ai pas vraiment soif. "
Saskia tapa dans ses mains comme une enfant. " Une campagne électorale ? Pour qui ? Et comment ça, tu te décoinces ? Ca y'est on n'se voit plus et tu te mets à danser à poil sur les tables ? Je suis sure que c'est toi qui les finis les stocks, ouais ! " sortit-elle d'une traite comme elle savait si bien le faire, de quoi étourdir un troupeau d'éléphants.

Lorsque Matt se mit à rougir de par le rapprochement physique de la rousse, cette dernière ne put s'empêcher de glousser. " Fais pas ton timiiiiide, t'es de la famille, non? "
Si ses parents étaient pires que lui? Mmmh, c'était une bonne question. Mattew, déja enfant, était un sacré cas. En soit, ce devait être rassurant pour des parents censés, de voir leur progéniture se lancer corps et âme dans l'apprentissage de ses leçons. Mais ils avaient toujours oublié un point essentiel : l'apprentissage de la vie; c'était bien vrai, si Saskia connaissait plutôt bien les parents Enix, jamais elle n'aurait pu prétendre les avoir vus totalement détendus ou en vacances. Ils parlaient bien souvent de leur travail comme de leur plus grand accomplissement et tout semblait tourner autour de leurs emplois. Il étaient dynamiques mais quelque chose, en eux, avait toujours transpiré l'avidité de besogne professionnelle. S'ils s'ennuyaient, il fallait qu'ils s'occupent, et d'une seule façon : leur boulot. Et même si elle les appréciait presque comme une tante et un oncle venus de nulle part durant son adolescence, elle savait que le caractère parfois trop sérieux de Matt provenait de l'exemple parental.
Bref... elle n'avait pas trouvé de réponse à sa propre question.
" Bah, j'sais pas, peut-être qu'à dix ans, eux, ils révisaient pas H24 tu sais ... " réfléchit-elle à haute voix, conscience qu'elle était en train de provoquer son cher Matt. Un regard malicieux éclaira son visage alors qu'elle attendait la réponse de son ami. Elle aimait bien le provoquer, il démarrait au quart de tour, et c'était ce qu'elle recherchait depuis qu'ils étaient tout jeunes. Qu'il se décoince du troufion, qu'il pète un bon gros coup, qu'il chante du Selena Gomez dans un karaoké de quartier si ça pouvait l'aider.

" Saskia? Ben, elle a kiffé le Pays de Galles, mais elle a dû revenir, elle était serveuse et tout, mais bon, elle t'a pas vu rentrer dans les bars, donc t'es pas si décoincé! Et puis bah, elle persiste à vouloir être journaliste mais bon, tu la connais, c'est un peu compliqué... "
Comment expliquer ? Comment expliquer que malgré les reproches que des collègues lui avaient fait, sur sa folie, sur l’énergumène qu'elle était, elle s'obstinait à être cette grande enfant indomptable, dont la voiture croulait sous les post-its, dont le chat se plaignait sans doute à ses camarades des pois de peintures qu'elle dessinait sur son pelage? " MAIS IL FAUT QUE TU RENCONTRES PETIT POIS!!! "  Elle n'expliqua pas. Pourquoi expliquer ? " Y'a pleiiin de roux au Pays de Galles, j'avais oublié à quel point c'est fou là-bas! Faut que t'y ailles. Fais toi adopter par des gallois qui boivent plein de whisky! "


Finalement, l'esprit déja ailleurs, elle prit, sous les conseils de son ami, les oeufs dans ses mains, se leva, et se dirigea vers la cuisine d'un pas rapide dans le but de vite retrouver ce petit frère dont le visage illuminait sa journée.
C'était sans compter sur les bonnes idées des deux roux. Si Mattew y avait songé, c'est Saskia qui s'y colla. Elle posa délicatement les oeufs sur la table de la cuisine avant d'ouvrir le frigo des Enix et d'en attraper d'autres. Ni une, ni deux, elle courait aussi discrètement que possible - sans se prendre l'encadrement de la porte dans le flanc et un coin de meuble contre le pied -à travers les pièces et visa Matt avec un, deux, trois oeufs.
" Oups, je sais pas trop viser " tenta-t-elle pour excuser les oeufs qui pendaient avec grâce sur le lustre, le long d'un vaisselier et sur la table basse. " J'ai pas trouvé la farine! " ajouta-t-elle. " Peut-être que si je l'avais cherchée, aussi, bon... "
Puis elle s'approcha doucement du canapé et donc de son ami.
Et PAF, l'oeuf sur le crâne.

Et c'est ainsi qu'à presque 28 ans, Saskia Reynolds, censée être devenue adulte, fit le tour du salon en courant et en hurlant victoire.
Se prit les pieds dans le tapis. Et s'étala de tout son long sur le sol, perdant tout restant de dignité en essayant de s'accrocher au tapis pour se remettre sur ses deux pattes.
Ce qu'il s'était passé en cinq ans ? Ben, en fait, rien n'avait changé.
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