PLEASE, HELP ME

Déposant un billet sur le comptoir, elle se laissa glisser du tabouret pour se retrouver sur ses deux pieds prête à quitter le bar miteux qu’elle avait trouvé sur le bord de la route. Elle se dirigea vers sa voiture,  marquant une pause observant au loin Huntington Beach éclairé par ses milliers de lampadaires et habitations. Elle ouvrit la portière de sa voiture avant de prendre place derrière le volant. Elle alluma le contact et prit la route, quittant ce bar. A la radio il n’avait rien trouvé de mieux que de mettre des musiques déprimantes, à croire que ça lui arrivait à chaque fois qu’elle n’en avait pas besoin. La jolie blonde coupa la radio avant de se concentrer sur la route, elle était fatiguée et l’alcool qu’elle venait d’ingurgiter ne l’aidait pas. Le panneau Huntington Beach sous ses yeux, elle continua sa route, observant le compteur de sa voiture, repensant encore et toujours à l’accident dont Devon était accusé. Ne comprenant pas, cherchant, fouillant encore et toujours. La voiture se stoppa net dans un bruit de pneu, elle donna plusieurs coups dans le volant lâchant quelques larmes avant de sortir du véhicule se sentant enfermée. Elle marcha de quelques pas, cherchant de l’air, tentant de reprendre son souffle sans succès. Elle finit par se calmer au bout de quelques secondes. Que cherchait-elle ? A créer à son tour un accident ? La jolie blonde donna un coup de pied dans le parechoc de sa voiture avant de remonter à l’intérieur. Elle fouilla dans son sac à main, sortant son téléphone, elle chercha le numéro de sa mère avant d’abandonner. Que ferait-elle ? Viendrait-elle à son secours ? Harper était paumée, perdue, sans famille. Sa mère était à New-York, dans sa nouvelle vie, Madison jouait au fantôme, Lorelaï refusait de l’aider et Devon, son frère, était toujours dans cette maudite prison. Elle sortit de sa voiture, prenant son sac à main avant de traverser la route se dirigeant à pied vers Presidente Drive.

Elle marchait, pas très droit il fallait l’avouer, mais elle marchait, ne perdant pas son objectif de vu. Elle voulait aller à Presidente Drive, pas chez elle mais chez quelqu’un. Il fallait qu’elle lui parle, qu’elle le voit, qu’elle agisse, qu’elle fasse quelque chose. Elle perdait pied, elle n’était pas bien et elle n’aimait pas ça. Quelqu’un était en train de lui serrer son cœur si fortement qu’elle allait en crever, il fallait l’aider, il fallait sortir son frère de prison c’était vital. Harper avait perdu un talon en route, elle ne savait même plus comment mais quand elle s’en rendit compte, elle retira son dernier talon le gardant contre elle, ayant soudainement peur de la nuit, des bruits de la rue. Face à un bruit elle commença à accélérer le pas pour finir par courir, et face à cette peur irréelle elle courait vite, sans perdre son souffle, se croyant soudainement poursuivi par quelqu’un qui n’existait pas. Elle finit par arriver là où elle voulait être. Se retrouvant contre un énorme portail, elle sentit ses larmes à nouveau couler, donnant des coups avec les paumes de sa main dedans, elle se mit à hurler le prénom de Samuel. Samuel Hamilton, le meilleur ami de son frère. Le portail s’ouvrit, derrière ce dernier se trouvait deux hommes, des gardes du corps ? Cette pensée la fit rire, nerveusement. Puis au loin elle reconnut sa voix alors qu’il donnait l’ordre de la lâcher. Relevant la tête elle aperçut sa majesté à son balcon, donnant un simple ordre qui fut suivit à la lettre. Puis il disparut du balcon, l’un des hommes poussa gentiment la jeune femme en direction de l’entrée. Elle finit par y aller seule, connaissant que trop bien cette propriété. Elle se dirigea vers le jardin, prenant place sur l’un des magnifiques transats, observant la piscine tandis qu’elle entendait au loin les pas du jeune homme. « Harper ? Qu’est-ce que tu fais là à cette heure ? » La jolie blonde posa son regard sur Samuel qui arrivait près d’elle. « Il faut que tu m’aides Sam, il faut qu’on sorte Devon de prison. Fais quelque chose ! » Finit-elle par dire en lui ordonnant plus qu’autre chose.

Le bruit venant de dehors l’avait alerté, il avait déposé son verre de whisky avant d’avancer vers la fenêtre qui donnait sur le balcon. Il poussa les rideaux, les ouvrant avant d’arriver sur le balcon et de plisser ses yeux cherchant qui cela pouvait être. Samuel reconnu rapidement la voix de la jolie blonde, il l’aperçut, escorté gentiment par deux colosses qui assuraient en effet la protection de la maison, de toute la famille. Ce n’était pas des gardes du corps, il ne surveillait pas les Hamilton dans leur quotidien, ils veillaient surtout sur la propriété, une idée du paternel que finalement Samuel avait gardé, habitué à voir ces deux hommes. « Laissez là, je descends. » Il rentra dans sa chambre soupirant légèrement, il n’était pas agacé mais plutôt inquiet. Il était très tard, il était d’ailleurs sur le point de se coucher, mais s’était perdu dans la lecture d’un dossier. Si Harper arrivait en pleine nuit ça ne présageait rien de bon. Ils ne voyaient pas assez souvent pour s’autoriser l’un et l’autre une visite de courtoisie. Samuel prenait soin de la jeune femme, c’était la seule chose qu’il pouvait faire pour son meilleur ami qui était en prison. Il surveillait Harper, il veillait sur elle comme il le faisait avec ses sœurs. Elle était fragile, elle l’avait toujours été mais depuis l’emprisonnement de Devon elle l’était encore plus. Samuel se précipita au rez-de-chaussée, cherchant où était la jeune femme, il vit de la lumière au niveau de la piscine. Il accéléra le pas n’aimant pas trop la savoir près de la piscine, elle n’était pas suicidaire mais il se méfiait tout de même. Arrivant vers la jeune femme il prit la parole « Harper ? Qu’est-ce que tu fais là à cette heure ? »  Quand il entendit ses paroles il comprit la raison de sa venue. Elle sentait l’alcool et avait plutôt une sale tête. Il commençait à mieux comprendre pourquoi elle débarquait à une telle heure et n’avait pas attendu le lendemain. « Harper… » Il était tellement désolé pour elle, il prit place sur le transat à côté du sien posant sa main sur la cuisse de la jeune femme. « Je crois surtout qu’il faut que tu ailles te coucher. Tu n’aurais pas dû boire, où en tout cas pas seule ! » Une solution pour sortir Devon. Que pouvait-il faire ? Il avait fait venir les meilleurs avocats du monde et personne n’avait réussi à obtenir quelque chose, ils devaient tous attendre que son dossier soit révisé pour espérer une clémence du juge. Samuel ne comprenait pas cette décision, bien sûr que Devon devait payer entre guillemet ce qu’il avait fait parce qu’une famille avait trouvé la mort mais prendre la perpétuité c’était si injuste. « Rentrons à l’intérieur, tu peux dormir ici si tu le souhaites. On verra tout ceci demain… on aura qu’à rendre visite à Devon si tu veux, tu as besoin de le voir, de prendre des forces. » Il tenta de lui adresser un sourire. A vrai dire il savait que ça ne serait pas simple de la mettre au lit maintenant, elle semblait être sous l’effet de l’alcool et tout ce qu’elle ressentait et gardait pour elle finissait par exploser. Samuel obtenait toujours tout ce qu'il voulait, il pouvait tout se payer, il pouvait faire ce qu'il voulait mais une fois dans sa vie il était comme le reste des mortels, il n'avait aucun moyen de sortir Devon de prison, il était démuni, impuissant.