Andrew & Sophia

Le soleil vint caresser le visage de Sophia, ce qui finit de l’éveiller après une nuit agitée. Fixant le plafond, la belle mit du temps à situer où elle se trouvait. Rentrée la veille, elle n’avait pas osé rentrer chez-elle pour retrouver Emily qui devait certainement lui en vouloir de son silence pendant cinq long mois. Elle s’était donc naturellement tournée vers Mischa, sa meilleure amie et la seule personne qu’elle avait tenue au courant de son départ. Si elle n’avait gardé aucun contact avec ses autres amis proches ce n’était pas parce qu’elle ne les tenait pas en estime, mais parce qu’elle avait jugé bon de mettre le moins de personne possible au courant de sa destination. La dernière chose qu’elle désirait était qu’Andrew la retrouve et elle ne voulait pas forcer trop de ses proches à mentir pour elle. Elle avait voyagé avec son nom de naissance et avait jeté son téléphone juste avant de s’envoler en Afrique. Vivant dans un petit village reculé du Sénégal pour prendre leur quotidien en photo et comprendre mieux leur vie au quotidien, elle n’avait fait qu’envoyer des lettres à Mischa pour qu’elle ne s’inquiète pas. Cinq long mois étaient passés et elle avait décidé de rentrer. Si cette expérience avait été très enrichissante, elle n’en avait pas été moins difficile. Voir la misère dans laquelle pouvaient vivre certaines personnes lui brisait le cœur. Elle avait d’ailleurs fait une grosse donation à une ONG aidant dans ce pays et d’autres dans la même misère après avoir été tant touchée par ces hommes et femmes si généreux malgré leur pauvreté. Son prochain objectif était de monter une exposition avec ses photos pour faire partager les portraits de vie qu’elle avait pu prendre lors de son voyage. Certains faisaient rires, d’autres révoltaient et enfin certains donnaient envie de pleurer. La photographe avait hâte de voir si elle arriverait à faire passer toutes les émotions qu’elle avait pu ressentir là-bas aux personnes qui viendraient voir son exposition. C’était d’ailleurs la seule chose qu’elle attendait avec impatience. Revoir ses amis allait être difficile après son départ inexpliqué et ses retrouvailles avec Adam ne s’annonçaient pas heureuses. Il y avait aussi quelqu’un d’autre qu’elle appréhendait de revoir, peut-être même plus que tous les autres réunis. « N’y pensons plus. » Sur ces paroles, elle chassa ses pensées en passant sa main sur son front et se leva en grognant. Elle qui avait dormis dans des endroits bien moins confortable avait été ravie à l’idée de dormir dans le canapé de sa meilleure amie, mais cela n’avait pas empêché son mal de dos au réveil.

Il était déjà dix heures passées et l’institutrice était partie au travail, n’oubliant pas de laisser un petit mot pour son amie dans la cuisine. La belle attaqua un bol de céréales puis un autre. Qui aurait cru que les trésors de Kellogg’s auraient pu autant lui manquer ?  Arrivée à la fin du paquet elle fit une petite moue et entreprit de se laver et s’habiller. La photographe n’avait rien à faire avant le début d’après-midi où elle rencontrerait un propriétaire d’une galerie qui avait proposé de lui louer ses locaux. Elle enfila donc une robe toute simple dans les tons violets, des spartiates marrons et s’attacha les cheveux en un chignon mal fait. Elle décida alors de refaire le stock de céréales de son amie et en profiter pour aussi la recharger en cookies et chocolats puisqu’elle avait entamé sérieusement la réserve Miller la veille au soir. Le soleil chauffait sa peau et elle se laissa aller au grès des rues tout en écoutant le dernier album de Pink Martini. La jeune femme passa une superette, puis une autre et se retrouva très vite non loin du commissariat où travaillait Andrew. De là où elle était, elle pouvait voir l’entrée. A nouveau, ses pensées la submergèrent. Lui avait-il pardonné ? Avait-il renoncé à chercher ce qui avait pu se passer ce jour-là ? Lui avait-elle manqué ? Balançant sa tête de gauche à droite, elle se maudit de n’avoir pu résister à l’envie de le voir. « Ce n’est pas comme s’il allait apparaitre de toute manière. » C’était à elle-même qu’elle s’était murmuré ces mots, mais quelqu’un dû l’entendre là-haut parce qu’au même moment l’inspecteur poussa la porte du commissariat. Etouffant un cri de surprise en mettant sa main devant sa bouche, elle se précipita dans la cachette la plus proche. C’est ainsi qu’elle se retrouva à se cacher derrière des poubelles en tentant d’ignorer les passants qui la regardait étrangement et en espérant qu’ils fassent de même. « Mais qu’est-ce que je fou au juste ? »