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 [2013] Mila & Eden | Say something I'm giving up on you.

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MessageSujet: [2013] Mila & Eden | Say something I'm giving up on you.   [2013] Mila & Eden | Say something I'm giving up on you. EmptyVen 3 Juil 2015 - 0:37



Say something I'm giving up on you.
Mila & Eden
24 août 2013, le pire jour de sa vie.

Cette semaine, il était à l’île des Monts Déserts, un des plus merveilleux endroits des Etats-Unis selon lui. Tout était magnifique, dans les moindres détails. Il avait pris des centaines de photographies, qu’il aurait bien du mal à trier par la suite. C’était l’une des choses qu’il aimait le plus dans son métier : les voyages, la découverte de paysages insoupçonnables, qu’on aurait cru tout droit sortis d’un rêve. Il avait voyagé aux quatre coins des Etats-Unis, et pourtant, les paysages réussissaient encore à le surprendre. Plus tard, il partirait pour le Canada, et peut-être l’Amérique du Sud ensuite. Il irait après en Europe et finirait par parcourir le monde à la recherche des meilleurs clichés. Chaque fois qu’il pensait à ce fameux tour du monde, il pensait à Mila, comme un automatisme. Le tour du monde, il ne pourrait certainement pas le faire, pas dans cette situation, et pas avec elle. Il aurait tant voulu l’emmener partout, lui montrer toute la richesse du monde alentour, et la chance qu’ils avaient d’être nés sur cette Terre, sous ce ciel. Mais elle n’accepterait jamais, trop occupée à gérer le cabinet de son père. Il comprenait, au fond, il faisait la même chose avec sa galerie. Un sourire triste traversa ses lèvres alors qu’il rangeait finalement son appareil après une dernière photo. Quatre ans qu’ils supportaient cette relation à distance. Quatre longues années, alors que le temps filait si vite. Plus il filait, plus cette distance le rendait malade. Il ne pouvait pas la voir, ni la toucher, ni l’embrasser, ça lui brisait le cœur. Au bout de quatre ans, il n’était pas venu si souvent la voir, et elle n’avait pas fait plus d’efforts que lui. Il se demandait parfois où ça les mènerait, tout ça, s’ils s’aimeraient encore dans cent ans, si cette distance perdurait. Il préférait se dire que oui, que cette fois, ça ne s’étiolerait pas, que cette fois, ce serait enfin pour toujours, parce que pour lui, c’était le cas, mais pour elle, il n’en était pas certain.

Il soupira, et reprit son sac à dos, avant de monter dans son éternel 4x4 et de mettre les voiles. Il passa récupérer ses affaires dans le camping des environs, puis reprit la route. Il ne pouvait pas aller bien loin ce soir, ne pouvant faire toute la route jusqu’à New York d’une traite, il prit une légère avance jusqu’à Portland, où il réserva une chambre d’hôtel pour la nuit. Il était très tard, bien trop tard, à vrai dire, lorsqu’il entra enfin dans sa chambre et ralluma son téléphone, qu’il avait laissé toute la journée au camping. Il fut impressionné par le nombre d’appels en absence de la part de Mila. « Merde… » Il l’avait loupée, cet idiot. Il ne la voyait déjà pas souvent, s’il se mettait à l’ignorer, c’était mal parti… « Salut Ed', bah apparemment t'es pas là, rappelle-moi quand t'as ce message... » Le ton de sa voix lui faisait mal au cœur. Elle était déçue de ne pas l’avoir eu au téléphone, il le savait, et s’en mordait les doigts. Quel idiot, il aurait dû prendre son téléphone avec lui, il aurait dû penser à l’appeler, ne serait-ce que pour la prévenir. Il se passa une main au visage, épuisé par la route, éreinté par tous ces messages qu’elle lui avait laissé. Il y en avait quinze. Quinze messages où elle avait dû penser qu’il le faisait exprès. « Hey. Je sais pas où t'es parti encore mais rappelle moi vite s'il te plait, tu me manques. » Il soupira. Elle lui manquait tellement, elle aussi… Il aurait tant souhaité qu’elle soit avec lui, là, maintenant. Il écoutait tous les messages, serrant chaque fois les poings avec l’envie de se cogner la tête contre un mur pour se punir d’avoir été aussi bête. Elle comptait sur lui, pourtant. C’était le seul moyen qu’ils avaient pour ne pas se perdre. Il ne voulait pas la perdre. « Bon... Je t'ai attendu toute la journée, j'en ai marre. Je vais au lit. » Son cœur rata un battement. Elle allait se coucher, et ils ne s’étaient pas parlés de la journée. Ca n’était encore jamais arrivé, en quatre ans. Il regarda l’heure sur le réveil, Quatre heures du matin… Il s’en voulait. A sa grande surprise, elle avait laissé un dernier message, une heure auparavant. « J'arrive pas à dormir, s'il-te-plait rappelle moi vite, au moins pour que je sache que tu vas bien. Je m'inquiète... » Il entendait ses sanglots et sa voix tremblante derrière le combiné, et son cœur se serra. Il la faisait pleurer, encore une fois. Il ne pouvait pas la rendre heureuse, il en était incapable.

Quelques voix, toujours les mêmes, insupportables, se glissèrent doucement dans son esprit. Tu n’es qu’un incapable. Soufflait l’une. Elle te quittera pour un autre lorsqu’elle en aura assez de t’attendre. Criait l’autre. Rappelle-la immédiatement. Conseillait son père. Il lâcha son téléphone, frottant sa tempe pour évaporer les sons, en vain, puis se leva et entra dans la salle de bain, fit couler l’eau du robinet et s’aspergea le visage d’eau. Il détestait cette situation. Il détestait être loin d’elle et l’entendre pleurer au téléphone sans pouvoir la serrer dans ses bras pour la rassurer. Un regard vers le miroir. Il se détestait. Un poing contre la glace, le fracas au sol, le sang à la main. Il se maudissait. La douleur arriva vite, il se passa de l’eau sur la main et tâcha de panser sa plaie autant qu’il le pouvait, avant de revenir à la chambre. Quatre heures et demi du matin. Il était trop tard. Il se pinça la lèvre si fort qu’il sentit le sang se déverser dans sa bouche. Il se munit alors de son téléphone et appuya immédiatement sur le nom de Mila, prêt à l’appeler à une heure plus que tardive. Quelques tonalités, puis le « allô ? » qu’il pensait ne plus jamais entendre. Il soupira de soulagement, puis se rassit sur son lit, la main au front, comme celui qui a tout foiré en une journée. « Mila… C’est moi… Je suis désolé d’appeler aussi tard… Je n’avais pas mon téléphone avec moi de toute la journée, désolé. Est-ce que tu vas bien… ? » La question idiote qui déclencherait peut-être la pire dispute de toute son existence, et qui déchirerait son âme en deux.
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Dernière édition par Eden A. Fanning le Sam 4 Juil 2015 - 14:06, édité 1 fois
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MessageSujet: Re: [2013] Mila & Eden | Say something I'm giving up on you.   [2013] Mila & Eden | Say something I'm giving up on you. EmptyVen 3 Juil 2015 - 23:44

Eden ∞ Mila
Tous les matins, j'ai ce même réflexe. Je pose la main sur la place de droite, dans mon lit double et c'est toujours le même pincement au cœur lorsque je me rends compte qu'il n'est plus là. Six mois que nous n'avons pas partagé le même lit et bon sang ce qu'il me manque. Les visites s'espacent de plus en plus et comme je ne peux pas me permettre de partir ne serait-ce que quelques jours à cause du cabinet, je ne peux pas aller à New York. Bien sûr on s'appelle tous les jours, parfois on se voit grâce à Skype mais tout nous sépare. Pourquoi est-ce que ce n'est pas plus simple ?

Il n'est que six heures du matin, et je suis déjà réveillée alors qu'on commence tout juste le week-end. Je ne pense déjà qu'à une chose : au moment où je vais pouvoir entendre sa voix. Bien sûr, je vais attendre un peu avant de l'appeler puisque là-bas il n'est que trois heures et même si j'ai hâte, je ne vais pas le réveiller. Je vais jusqu'à mon bureau et m'assoie devant mon espace de travail, prête à dessiner jusqu'à temps qu'il soit une heure décente pour l'appeler. Après ça, je descends prendre mon petit-déjeuner en lisant le journal fraichement imprimé, prenant tout mon temps, avant de filer à la salle de bain.

A peine j'ai fini ma douche que papa m'appelle pour me proposer de déjeuner ensemble demain midi, avec Isak. Comme d'habitude, j'ai accepté. Qu'est-ce que je pourrais avoir prévu un dimanche midi de toute façon ? C'est censé être le jour des repas de famille, mais comme ma mère n'en a jamais été trop adepte... Et moi non plus du coup, comme je n'ai jamais vraiment connu ça, si ce n'est ceux qu'on voit dans les films. La conversation s'est achevée sur le traditionnel « Et tu salueras Eden de ma part », et j'ai mordu ma lèvre inférieure, me contentant de répondre que je n'y manquerai pas.

Si au départ mon père ne se fiait pas trop à Eden parce qu'il trouvait que ça allait bien trop vite entre nous, il a fini par se rendre compte à quel point il me rendait heureuse. Oui, rendait. Est-ce que c'est encore le cas aujourd'hui ? Est-ce que c'est suffisant de s'appeler une fois par jour pour être sûr qu'on ne s'oublie pas ? Je suis toujours en plein doute et la distance n'aide vraiment pas à répondre à toutes les questions que je me pose. Et Dieu sait qu'avec le temps, elles se sont multipliées... Mais je les garde pour moi, ne voulant pas rendre la situation plus compliquée qu'elle ne l'est déjà.

Il est enfin neuf heures à New York alors je m'empresse d'aller chercher mon téléphone, le cœur battant à cent à l'heure. Je vais dans mes favoris et appuie sur le premier nom sur la liste. A ma grande surprise, je tombe directement sur son répondeur et je me pose mille questions. Est-ce qu'il n'a déjà plus de batterie ? Est-ce qu'il filtre ses appels ? Une pointe de déception dans la voix, je lui laisse un premier message « Salut Ed', bah apparemment t'es pas là, rappelle-moi quand t'as ce message... ». Le connaissant, il me rappellera dans moins d'un quart d'heure. Je commence alors à me préparer à manger avant de réessayer dans l'espoir qu'il décroche cette fois. De nouveau, je tombe sur son répondeur, je laisse un message similaire au premier et me dis que je réessaierai après avoir déjeuné.

Je déjeune en regardant une énième rediffusion de Friends et les trois épisodes terminés, je le rappelle. Répondeur. Je soupire bruyamment, comme si ça allait y changer quelque chose, lui laisse le troisième message de la matinée, de plus en plus agacée. Je me mets un film et à la moitié ainsi qu'à la fin de celui-ci, je fais de nouvelles tentatives : toutes vaines. Je finis par tomber comme une masse sur le canapé et m'endors pour quelques heures. Dans mon sommeil, je lutte, je me débats, et inconsciemment je verse même quelques larmes. Il vient de claquer la porte derrière lui, en colère contre moi, après m'avoir dit qu'il ne reviendrait jamais.

Je me réveille en sursaut et passe ma main sur mon front, tandis que des larmes continuent de couler sur mes joues. Je les essuie d'un revers de la main, tente une nouvelle fois, sans succès. « Hey. Je sais pas où t'es parti encore mais rappelle moi vite s'il te plait, tu me manques. » dis-je avec une boule dans la gorge. Je raccroche et à ce moment-là, on frappe à la porte. Je me lève et tombe sur mon frère. « Salut ma belle ! Je te dérange pas ? Je suis passé par la pâtisserie et je t'ai rapporté des cupcakes ». Son attention me fait sourire et je le laisse entrer.

Isak a beau être arrivé en fin d'après-midi, il est resté toute la soirée chez moi et on a parlé de tout et de rien. A croire qu'il ne pouvait pas attendre demain pour me voir mais ça me touche toujours. De temps en temps, je m'absentais pour essayer de joindre Ed' mais il n'y a pas eu moyen et plus les heures passent, plus je m'impatiente. Fatiguée bien que n'ayant pas fait grand chose de la journée, au final, je laisse un dernier message : « Bon... Je t'ai attendu toute la journée, j'en ai marre. Je vais au lit. ».

Je veux bien être gentille mais ma patience a des limites. Ce n'était encore jamais arrivé et malgré tout, la journée a semblé incroyablement longue sans avoir de signe de vie de lui. Je ne peux pas m'empêcher de me demander où il était et avec qui. Mais surtout s'il y avait une autre femme avec lui. Ça me rend complètement dingue tout ça. Je me tourne plusieurs dizaines de fois dans mon lit pour trouver ma place mais en vain. Il m'obsède. Et s'il avait eu un accident ? Je me mets à imaginer le pire et fais un ultime essai, la voie nouée par les larmes : « J'arrive pas à dormir, s'il-te-plait rappelle moi vite, au moins pour que je sache que tu vas bien. Je m'inquiète... ».

Est-ce qu'il y pense au moins ? A ce que je ressens quand il me délaisse comme ça ? Plus d'une heure et demie plus tard, la sonnerie du téléphone me réveille, ce qui n'est pas bien difficile puisque j'ai le sommeil léger... D'une voix tout de même endormie, je réponds. Comme si je savais pas que c'était toi... Qui pourrait m'appeler à une heure pas possible?, je me retiens de penser tout haut alors qu'il s'excuse, deux fois de suite. Peut-être même qu'une troisième fois n'aurait pas été du luxe vu le souci que je me suis fait... Je serre les poings quand il me demande comment je vais. Je crois qu'il n'aurait pas dû demander...

« J'me fiche pas mal que tu sois désolé. T'as pensé à moi un peu aujourd'hui ? A tous les trucs que j'ai pu m'imaginer ? Ah non attends, t'étais trop occupé par tes photos pour te soucier de moi. »

Ma voix est glaciale, je ne me reconnais pas. Dire que ce matin, je n'avais qu'une hâte, c'était d'entendre sa voix et qu'au final, le moment que j'ai le plus attendu de la journée commence mal. Et on ne sait pas comment ça va finir... Submergée par l'émotion, je pleure de nouveau sans pouvoir rien y faire, c'est plus fort que moi... Franchement, ça me tue tout ça.

« Donc non, ça va pas. Il aurait pu t'arriver n'importe quoi... Et je l'aurais su quand ? Quoi que... Et si y en avait une autre hein ? Que t'avais passé toute la journée avec elle ? Ça expliquerait bien des choses... Comment je peux être sûre que tu vas pas voir ailleurs ? Eden, bordel ! Ça fait six mois qu'on s'est pas vus, ça n'a jamais été aussi long... »

Vraiment, qu'est-ce qui me prend ? Je lui ai jamais fait une crise pareille... La peur de le perdre sans doute. Ce serait le pire qui puisse m'arriver.
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Dernière édition par Mila S. Jovanovic le Mer 2 Sep 2015 - 21:09, édité 1 fois
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MessageSujet: Re: [2013] Mila & Eden | Say something I'm giving up on you.   [2013] Mila & Eden | Say something I'm giving up on you. EmptyJeu 16 Juil 2015 - 22:19



Say something I'm giving up on you.
Mila & Eden
Une relation à distance n’avait rien de facile, il s’en étant rendu compte au fil du temps. On lui avait parfois dit que s’ils s’aimaient assez fort, ils pourraient survivre à ça, au fait d’être si loin l’un de l’autre, mais c’était faux. Deux êtres qui s’aiment autant qu’eux ne sont pas faits pour vivre sans se voir, ce n’est pas naturel. L’amour, aussi présent soit-il, ne suffit pas toujours. Il l’aimait, bon dieu oui, qu’il l’aimait, il en était fou amoureux, et était incapable d’imaginer sa vie sans elle mais… Elle n’était pas là, pas avec lui, elle ne voyageait pas à ses côtés, il ne se réveillait pas avec elle, il ne la voyait très peu, et même si elle lui manquait au point d’avoir parfois du mal à respirer, il ne pouvait pas la rejoindre, parce que sa vie était là, à New York, et qu’il s’était engagé, comme elle, envers son père. Ils étaient pareils, tous les deux, la seule différence, c’était que son père était mort, et qu’il ne pourrait jamais le voir accomplir tout ce qu’il faisait aujourd’hui. Il n’était pourtant pas prêt à abandonner tout ce qu’il avait mis si longtemps à construire autant pour son père que pour lui. Mais ça ne rendait pas la distance plus facile, au contraire. Il aurait voulu être là pour elle chaque jour. Parfois, il lui arrivait de douter d’elle, de se demander si lorsque lui était si loin, elle ne voyait pas quelqu’un d’autre, pour combler le manque, pour ne pas être seule, ou simplement parce qu’elle avait trouvé l’amour auprès de quelqu’un de proche. Ca l’angoissait, parfois, tellement que ses voix se brouillaient dans sa tête. Ces voix, ces foutues voix, il aurait voulu trouvé le remède permanent pour les faire taire. Lorsqu’il était avec elle, elles se taisaient… Lorsqu’elle n’était pas là, elles le harcelaient. Alors il s’enfermait dans ses photos pour entendre le silence.

Arrivé à la chambre d’hôtel, il écoutait enfin les quinze messages qu’elle lui avait laissés tout au long de la journée. Il avait été idiot, il s’en voulait terriblement à présent, d’avoir oublié d’allumer son téléphone, de ne pas avoir prévenu qu’il ne serait pas là de la journée. Elle avait raison de lui en vouloir, et ça s’entendait dans sa voix… Elle pleurait, et il s’écroulait. Il détestait lorsqu’elle pleurait, et la savoir dans cet état le rendait fou. Il aurait traversé tous les États-Unis s’il avait pu. Au lieu de ça, il resta là, dans sa chambre d’hôtel de Portland, à regarder l’heure comme s’il s’agissait d’un compte à rebours, à se briser le poing contre la glace de la salle de bain, à tourner en rond parce qu’il avait mal, au cœur et à la main, et qu’il était incapable de penser calmement. Il foirait tout, il avait tout raté, il l’avait ratée, elle, celle qu’il considérait comme l’amour de sa vie. Ca n’était jamais arrivé, pas une seule fois, après toutes ces années. Quatre heures et demi du matin, il était une heure et demi chez elle. Elle était certainement endormie, mais il fallait qu’il l’appelle, il fallait qu’il s’excuse, qu’il s’explique, qu’il l’entende, parce qu’il ne pouvait pas dormir s’il ne l’avait pas eu au téléphone, parce qu’il ne voulait pas qu’elle s’endorme sans l’avoir entendu. Il l’appela alors, la main en sang entouré d’un bandage provisoire, se mordant la lèvre jusqu’à en saigner. Elle décrocha et son cœur s’arrêta un instant, à la fois soulagé et mortifié, comme s’il savait, au fond, que tout allait finir ce soir.

La première chose qu’il fit, fut de s’excuser, deux fois, parce que c’était la seule chose à faire. Il aurait pu s’excuser un million de fois plus, jusqu’à la fin de sa vie, pour ces appels manqués, pour l’avoir inquiétée, pour l’avoir faite pleurer, mais il ne le fit que deux fois. Seulement deux fois. Et il fit la brillante erreur de lui demander si elle allait bien, profondément inquiet pour elle. Il avait toujours peur, lorsqu’elle était loin. De tout. Aussi bien de la tromperie que de l’accident, passant du manque de confiance en lui au manque de confiance en elle. Il avait si peur. Le ton de sa réponse ne le surprit même pas, déjà convaincu qu’il avait tout raté avec elle. Parfois, il se disait qu’il valait peut-être mieux tout quitter pour de bon, mais ce serait tout abandonné pour elle… Être totalement dépendant de Mila, abandonner sa passion, sa vie, et son père, pour elle, et ça… Il ne le pouvait pas. Il allait répliquer en s’excusant une nouvelle fois, en lui assurant qu’il pensait toujours à elle, toujours, mais elle ne le laissa pas parler, continuant sur sa lancée en mêlant la colère aux larmes. Ca lui fendait de nouveau le cœur. Elle n’avait pas idée à quel point rien que ses larmes lui brisaient le cœur. Elle n’avait pas idée que la simple pensée de la tromper lui donnait envie de vomir…

Il se mordit à nouveau la lèvre en serrant les poings, retenant un râle en sentant la douleur dans sa main droite, celle qui avait frappé la glace de plein fouet, puis soupirant, pourtant en panique, mais tentant de rester le plus calme possible. « Je sais… Je sais, je suis désolé, vraiment désolé, mon travail me prend beaucoup de temps, et je ne pouvais pas venir jusque chez toi… C’est insupportable pour moi aussi, Mila, crois-moi… » Il avait les larmes aux yeux maintenant, de faire autant souffrir la femme qu’il aimait, et ne pas pouvoir la rassurer autant qu’il le voulait. « Il n’y a personne d’autre, tu m’entends ? Personne d’autre ! Et il n’y aura jamais personne d’autre que toi… S’il-te-plaît, crois-moi… Je n’ai pas envie de me disputer alors qu’on ne s’est pas parlé de toute la journée… » Sa faute. « Et je pense tout le temps à toi, rassure-toi… J’aimerais pouvoir être avec toi, et te dire tout ça en face, mais tu sais très bien qu’on ne peut pas… Toi comme moi. Ne rejette pas toute la faute sur moi. » Oui après tout, elle non plus ne venait pas. Elle non plus ne se déplaçait pas. Et il avait aussi peur, et il avait aussi mal qu’elle. « J’en ai marre de tout ça moi aussi… Pourquoi toi, tu ne viens pas ? Pourquoi tu ne pourrais pas lâcher ton boulot quelques temps, même une ou deux semaines, un week end, si vraiment tu ne peux pas t’absenter trop longtemps… Rien qu’une heure s’il le faut… Je suis fatigué d’être celui qui fais le voyage jusqu’à toi… Mila, viens me voir, cette fois… Je pourrais te montrer New York, tous mes endroits préférés… Tu m’as montré les tiens… J’aimerais que tu voies là où je suis… Ca fait quatre ans, et c’est toujours dans le même sens… C’est à se demander si ce n’est pas toi, qui vois quelqu’un d’autre… » Voilà la paranoïa de retour. Il détestait douter d’elle de cette manière, mais jamais elle n’avait été le voir, jamais elle n’avait fait le voyage jusqu’à New York. Il n’avait jamais pu lui montrer là où il vivait. Ce soir, tout partait en vrille, il extériorisait toutes ses peurs, et toutes ses frustrations, jusqu’à l’explosion.
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MessageSujet: Re: [2013] Mila & Eden | Say something I'm giving up on you.   [2013] Mila & Eden | Say something I'm giving up on you. EmptyMer 9 Sep 2015 - 21:20

Eden ∞ Mila
Je souffre le martyr depuis qu'il est parti. Six mois qui m'ont semblé être une éternité parce qu'on n'a pas pu se voir et il me manque... Personne ne peut savoir à quel point. Il ne quitte jamais mes pensées et à chaque fois que je me lève, c'est la même chose. Je pense au moment de la journée où je vais entendre sa voix au téléphone ou au moment où je vais le voir apparaître sur mon ordinateur. Mais puisque je dois tenir compte du décalage horaire, je me retiens de l'appeler quand il fait encore nuit là-bas... J'ai le temps d'aller déjeuner avec mon père et mon frère avant qu'il ne soit neuf heures à New York. Et en effet, à neuf heures piles, j'essaye une première fois de le joindre mais sans succès. Je laisse alors un message, un petit pincement au cœur. J'espère que tout va bien en tout cas...

S'il a pour habitude de me rappeler dans le quart d'heure qui suit, aujourd'hui, chaque appel fait exception à la règle... Si bien que lorsque je tombe de sommeil sur le canapé, je fais un cauchemar et je l'entends me dire qu'il ne reviendra jamais. Des larmes roulent encore sur mes joues lorsque je me réveille... Puis mon frère débarque et finit par passer toute la soirée à la maison. Pendant toute la journée, j'ai bien dû lui laisser une quinzaine de messages et juste avant de me coucher, je craque, lui disant dans un dernier message que j'en ai marre de l'attendre.

C'est encore quelque chose qui n'était jamais arrivé, en six mois passés loin l'un de l'autre et je me pose mille questions sans parvenir à fermer l'oeil ni à trouver la bonne position pour m'endormir. J'ai tellement peur qu'il me remplace, en plus de ça... Peut-être qu'il lui est arrivé quelque chose de grave, et des scènes horribles commencent à défiler dans ma tête. Je m'empare de mon portable, en pleurs et le supplie de vite me rappeler, au moins pour qu'il me rassure. Avant, je n'aurais eu qu'à me blottir dans ses bras mais aujourd'hui, tout est différent...

Etre loin de lui me tue et je n'ai pas l'impression qu'il s'en rende compte... Je tombe de nouveau de fatigue et une heure et demie plus tard, mon téléphone sonne enfin. Bien sûr, je ne suis pas de bonne humeur. Qu'est-ce que ça change qu'il soit désolé ? J'ai passé toute la journée à remettre en cause toute cette relation à distance et ce que ça implique. Si seulement ça suffisait, qu'il n'ait pas eu son téléphone avec lui de toute la journée... C'est le cadet de mes soucis. Je lui dis bien vite que je me fiche qu'il soit désolé, ajoutant qu'il a accordé bien plus d'importance à ses photos qu'à moi alors qu'il m'aime, soit-disant. Puis je me mets à pleurer, sans raison alors qu'il me répète encore qu'il est désolé. Je soupire et tente d'essuyer mes larmes, mais il n'y a rien à faire pour que ça s'arrête. Je réplique alors :

« Tellement insupportable que tu n'as même pas daigné m'appeler ou me laisser un message avant de t'en aller, ne serait-ce que pour prévenir qu'on ne pourrait pas se parler aujourd'hui ! »

C'est clairement un reproche. S'il l'avait fait, je ne me serais pas autant posé de questions sur nous, remettant presque en cause notre avenir. La jalousie s'empare de moi et je lui fais alors part d'une de mes plus grandes peurs : celle qu'il puisse me remplacer malgré toutes ses promesses quand il est parti... Il essaye alors de me convaincre qu'il n'y a personne d'autre, et il a beau sembler sincère, je n'arrive pas à m'ôter ça de la tête. Qu'est-ce que j'ai comme preuve après tout ? Puis ça devrait être tellement simple pour lui de trouver quelqu'un d'autre que moi...

« Et pourquoi il n'y en aurait pas une autre ? Qu'est-ce qui me le garantit ? Et je te signale qu'on ne s'est pas parlé de la journée parce que tu ne m'as pas rappelée plus tôt. »

Je rejette la faute sur lui mais d'un côté, ce n'est pas de la mienne. Je l'ai appelé des dizaines de fois et laisse tout autant de messages tandis qu'il pensait bien plus à son travail qu'à moi... Il essaye de se rattraper, me disant qu'il pense tout le temps à moi et je me retiens de ne pas lui lâcher que je finis par en douter, imaginant qu'il l'a bien compris.

« Alors je devrais m'y faire sous prétexte qu'on ne peut pas se voir ? Combien de temps ça va encore durer tout ça hein ? Je suis fatiguée, Eden... Fatiguée d'attendre tes appels tous les jours parce que c'est à peu près tout ce que j'ai de toi désormais... »

Et voilà, ça fait quatre ans que j'espère qu'on trouve une solution parce que c'est devenu vraiment invivable. Il me lâche alors une tirade et l'entendre presque me supplier de venir à New York me fait un mal de chien. Le pire dans tout ça, c'est que je sais qu'il a raison, que c'est lui qui vient à chaque fois. Est-ce qu'il pense vraiment que je me fiche de lui parce que je ne fais jamais le voyage jusque chez lui ? A croire qu'il n'a pas encore compris tout ce qui m'empêche de venir le voir... Il se met à douter de moi à son tour et c'est certain que si on était face à face, je l'aurais giflé pour me dire un truc pareil. S'il était là, il saurait à quel point il est le seul qui compte !

« Je te jure que je ne vois personne d'autre ! Qu'est-ce qui te prend à douter de moi comme ça ? Comment tu peux ne serait-ce qu'imaginer que je pourrais faire ça alors que je passe mes journées et mes nuits à espérer entendre ta voix ? Tu es le seul qui compte, je ne te ferai jamais un truc pareil... »

Ma voix se brise dans un sanglot et je fais une courte pause, le temps de me ressaisir.

« Tu ne comprends pas... Si je pouvais venir te voir, ne serait-ce qu'un jour, je le ferais sans hésiter. Mais c'est impossible, il pourrait se passer n'importe quoi au cabinet durant mon absence et je ne peux tout simplement pas prendre le risque. Tu sais très bien que parfois, même le week-end, des trucs nous tombent dessus... Surtout que maintenant, l'été touche à sa fin et les chantiers reprennent à une vitesse folle, sans compter les rendez-vous, l'élaboration des plans... Tu ne te rends pas compte, je ne peux pas partir comme ça et laisser le cabinet aux mains d'un des associés, ils ne sont pas suffisamment dignes de confiance pour que je prenne le risque. »
De mettre en péril le cabinet auquel mon père a tellement donné par pur égoïsme, s'entend... Non. J'ai beau aimer Eden plus que tout, je n'ai pas le droit de prendre le risque. Je soupire, essuyant quelques larmes d'un revers de la main. Un ange passe et je demande alors :

« Pourquoi tu ne viens plus ? »
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MessageSujet: Re: [2013] Mila & Eden | Say something I'm giving up on you.   [2013] Mila & Eden | Say something I'm giving up on you. EmptySam 17 Oct 2015 - 18:13



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Mila & Eden
Il avait peur de la perdre, depuis toujours, et cette peur se concrétisait à mesure que le temps avançait. L’abandon, ça lui avait toujours fait peur. Sans doute que la mort de son père n’y était pas étrangère. Et sans doute que l’indifférence de sa mère depuis n’avait aidé en rien. Il avait peur de se retrouver seul, enfermé dans ses cauchemars et ses pensées tourmentées. Seul, il devenait fou. Mila n’était pas avec lui, pas tous les jours, et il devait se contenter des coups de téléphone et des appels sur Skype, mais au moins, il avait l’impression d’avoir quelqu’un. Il n’était pas totalement seul. Si elle l’abandonnait, il n’avait plus personne. Cette dispute l’effrayait. Ce n’était encore jamais arrivé, en quatre ans, qu’il loupe ses appels. Ils s’étaient toujours débrouillés, ils avaient fait de leur mieux pour ne pas redevenir les étrangers qu’ils étaient autrefois, mais le temps passait et ces appels n’étaient plus assez. Ils ne pouvaient pas espérer un avenir dans cette situation. Leur travail respectif leur prenait bien trop de temps, et aucun d’eux n’avaient pour autant l’intention de l’abandonner. Ca avait trop d’importance à leurs yeux, tous deux reliés à leurs pères d’une manière un peu différente, certes, mais avec cette même idée de les rendre fiers, et de se démener pour y arriver. Ils étaient dans une impasse, aujourd’hui, et cette dispute en était la preuve. Il sentait le vent tourner, il sentait la fin arriver, et s’en sentait impuissant. Il ne pouvait rien faire pour l’empêcher.

Elle lui reprochait de ne pas avoir prévenu, de l’avoir ignorée, sans vraiment le vouloir, de mentir, en quelque sorte, et n’entendait aucune excuse. Elle doutait de lui, il se sentait, et ça le blessait. Il n’avait jamais voulu lui faire le moindre mal, la faire pleurer et la faire s’imaginer des choses qui étaient si loin de la réalité que dans un tout autre contexte, il aurait sans doute ri. Aujourd’hui, il avait plus envie de pleurer. « J’y ai pensé en me levant, puis j’ai oublié… Je suis désolé, je faisais autre chose en même temps, je n’y ai pas pensé. » Il avait eu le temps pourtant, d’y penser, il aurait pu, mais il ne l’avait pas fait. Trop concentré sur ses photos, il n’avait pas vraiment pensé à prendre son téléphone avec lui pour lui envoyer un message. Quelle bête erreur il avait faite là. Voilà qu’elle exprimait ouvertement sa peur. Elle lui imaginait une idylle, une autre femme, et cette pensée, si surréaliste à ses yeux, s’était immiscée dans sa tête. Il avait beau lui répéter que c’était faux, elle ne semblait pas le croire. C’était comme parler à un mur. Ca allait mal finir, il le sentait. Il soupira, les poings serrés, la main en sang, le cœur au bord des lèvres, lassé, fatigué. « Crois-moi. Tu dois me croire, je ne peux rien te dire de plus. Il n’y a personne d’autre. Je ne vois même pas comment tu peux imaginer ça. Y a pas assez de place pour quelqu’un d’autre. » Ca, c’était bien vrai. Mila prenait déjà trop de place dans son cœur, il était impossible qu’une autre tienne. Il priait presque pour qu’elle accepte de le croire, qu’elle lui fasse confiance.

Ce qu’elle lui disait lui brisait le cœur. Lui aussi était fatigué de tout ça, ils se trouvaient dans une impasse, une sorte d’ultimatum : soit l’un d’eux abandonnait leur ambition pour l’autre, soit ils se quittaient. Aucune de ces deux options ne lui convenait. Il soupira, déjà lassé de se disputer avec elle pour cette seule et même raison, cette distance qui les rendait tous les deux dingues. « Je ne sais pas combien de temps ça peut encore durer… Dis-moi, toi, combien de temps il te faut pour faire un choix ? Est-ce que tu serais prête à sacrifier ton rêve, ou le rêve de ton père ? Il va falloir du temps… Pour qu’on puisse se retrouver, ensemble, dans la même ville… Je suis aussi fatigué que toi… » La fatalité se faisait sentir dans sa voix et pourtant, il n’avait pas envie d’abandonner. Il ne voulait pas, comme un acharné, comme un veuf qui croyait encore au retour de sa femme. C’était attendre après l’impossible. Elle ne venait pas le voir, elle ne faisait jamais le déplacement, c’était toujours à lui de faire le chemin jusqu’à elle. Parfois, il lui arrivait de douter, lui aussi, de sa fidélité. Sa paranoïa n’était jamais bien loin, guidant ses mots un peu trop vite avant même qu’il ne puisse les retenir. Et voilà l’explosion qui arrivait. Ca lui faisait mal de la savoir dans cet état. A cet instant, il eut l’envie de raccrocher. Fuir cette conversation pour éviter de devoir prendre une décision qui pourrait les détruire tous les deux, d’une manière ou d’une autre. Il s’était comme décroché de la discussion, ne l’écoutait que d’une oreille pour éviter que son cœur ne se brise un peu plus. Puis elle lui posa une question à laquelle il aurait tout donné pour avoir une réponse. Un nouveau soupir passa entre ses lèvres, il se frotta les yeux de sa main valide, fatigué, puis se leva, fit un tour de la pièce, angoissé, puis se laissa lourdement tomber sur le lit. « Je suis occupé moi aussi, tu n’es pas la seule dans ce cas… On est pareil tous les deux… Comment veux-tu qu’on y arrive ? » Voilà, c’était posé, en suspens au-dessus de leurs tête : comment pouvaient-ils y arriver ? « Chaque fois que je viens te voir, ça me fait plus mal de repartir… J’ai l’impression qu’il n’y a pas de solution, Mila… Pas tout de suite en tout cas… » Sa gorge se serrait, et sa voix se brisait déjà. Devait-il le dire ? Il était terrifié. « J’ai ma galerie… Tu as ton cabinet… Je ne vois pas comment l’un de nous pourrait laisser tomber ça. Je sais que tu ne peux pas, que tu es très occupée, mais moi aussi ! Je ne peux pas me permettre de venir te voir en laissant tout en plan. Et je comprends ce que tu ressens, je ressens exactement la même chose… » Il laissait les mots en suspens, essayant de la préparer, petit à petit, ou se préparer lui-même. Tu n’es pas assez bien pour elle. Elle finira par te quitter. Tu ne vaux rien. Son esprit s’embrumait, il avait mal, comme un marteau qui tapait contre son crâne. Il faisait une crise, silencieuse, mais bien présente. Il avait terriblement peur de l’avenir.
Codage par Emi Burton
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