“ I started to live again, because of you. ”
ANDREW & MAEVA

J'étais sortie, ne pouvant rester plus longtemps dans le bus. C'était déjà bien difficile de devoir supporter 3h de trajets avec une classe qui n'en avait rien à foutre de moi, mais en plus je me retrouvais bloqué pendant une heure sur l'autoroute à devoir écouter les mêmes personnes se plaindre sans s'arrêter et ça, c'était le pire. Sans attendre plus longtemps, j'avais demandé de sortir. Juste histoire de faire quelques pas à côté du bus, pour respirer. Mes mains tremblantes, j'étais à deux doigts d'hurler quand le professeur accepta enfin. Mais finalement, je m'étais éloignée sans réfléchir, marchant sans pensée à rien. Au final, lorsque j'arrive au bout, je croise le regard d'un de mes professeurs. Je veux faire demi-tour, logique, mais c'était trop tard. Les camions avaient explosé et je m'étais cogné la tête contre le capot d'une voiture. Forcément, à mon réveil, je n'avais pas la moindre idée de ce qui s'était passé, réellement. J'avais tout de suite compris que j'étais à l'hôpital et que ma cheville en avait pris un coup aussi. Snow était passé, puisqu'il y avait son sac sur une chaise et qu'il y avait des fleurs sur une des tables. Je ris bêtement en voyant que Shawn avait même apporté une boîte de chocolat. Je sais que c'est lui, ça ne peut être que lui. Je me souviens avoir fini un paquet chez Snow une fois et avoir oublié le paquet que Shawn avait découvert vide. C'était la première fois que quelque chose m'arrivait et que je me sentais… parfaitement bien. Bon, bien entendu, j'avais affreusement mal à la tête et j'allais sans doute avoir besoin de béquille.

Cela ne faisait pas longtemps que je vivais chez Snow, mais je m'y sentais parfaitement bien. Bon, j'étais encore mal à l'aise parfois, mais il faut dire que je sentais qu'avec le temps, je finirais par me sentir parfaitement chez moi. D'ailleurs, maintenant que j'étais debout, je pouvais me rappeler de tout ce qui me tracassait. Je crois que je n'ai pas totalement réussi mes examens, ce qui m'effrayait. Et si je redoublais ma terminale ? Une seconde fois ? Et si je n'étais pas accepté à UCLA . Je n'avais pas eu le temps de postuler ailleurs d'ailleurs… Je soupire, je ne veux pas y penser, mais c'est plus fort que moi. Il fallait que je bouge d'ailleurs. Je ne sais pas depuis combien de temps je suis là, mais clairement, j'ai sans doute passer la nuit ici.

J'essaye de suivre les panneaux, sans pour autant savoir où je vais vraiment. Heureusement que Snow a ramené un vêtement de rechange. J'adore cette robe. Bon, ce n'était clairement pas normal que je sois de si bonne humeur. Vraiment. Ils ont dû me shooter à la morphine, que sais-je ! En pensant à ça, je sais pas pourquoi, je pense à Homer Simpson. Et forcément, je fais une fausse manip avec ma béquille et je tombe. Et si j'essaye de me rattraper, quelqu'un réussi à me tenir pour éviter le pire. Je relève le visage, silencieuse, alors que mes cheveux me gênent légèrement. J'ai envie de rire, vraiment. Je crois que Shawn s'est vengé et a mis un truc dans ces chocolats, c'est pas possible. Parce que je suis en train de sourire. Visiblement, je suis ravie. Enfin, rapidement. Parce que notre rencontre, me rappelle à quel point il y a quelques mois, je me sentais pas capable de vivre. À quel point je ne méritais pas de vivre.

« - Andrew… » Il m'aide à me remettre debout et une fois que je prends bien appuis sur mes béquilles, je le regarde. « - Qu'est-ce que tu fais là ? »

Andrew était régulièrement suivi à l’hôpital de la ville pour surveiller l’évolution de sa greffe. Il fêtait les 2 ans de son nouveau cœur, il y a 2 ans il était encore une fois entre la vie et la mort. Si ses grands-parents n’avaient pas fait ce qu’il fallait pour lui il ne serait probablement plus de ce monde à l’heure qu’il est. Andrew était proche d’eux enfin surtout de son grand père, il l’avait toujours été. Après le départ de son père, il y a trop d’année pour les compter, le père de sa mère avait repris contact et n’avait ensuite jamais cessé de les aider dans le dos de sa femme. Après la mort de sa mère il avait accepté de revoir sa grand-mère, celle-ci semblait se sentir coupable d’avoir coupé les ponts avec sa fille et de n’avoir jamais eu l’occasion de renouer avec elle. La mère d’Andrew était décédée sans avoir jamais reparlé à sa mère… C’était triste mais comme ça, alors depuis sa grand-mère semblait vouloir se rattraper, elle ne s’y prenait pas très bien mais Andrew avait décidé de lui laisser une chance pas pour lui mais pour son grand père. Au moins s’il acceptait de voir sa grand-mère ça lui permettait de voir son grand père comme il le voulait. Bref grâce à ses grands-parents il était en vie et avait depuis ce temps-là décidé de profiter de la vie. Mais surtout de faire attention à sa vie, parce qu’elle avait de l’importance.

Andrew venait de quitter la salle d’examen de son cardiologue. Il était marchait dans les couloirs en direction de la sortie. Il ne restait jamais longtemps à l’hôpital dans la mesure du possible il y passait le moins de temps. Il avait fait assez de séjour à l’hôpital c’est 3 dernières années. Les années 2012 et 2013 avaient été pour lui rythmé par ses séjours à l’hôpital. Bref aujourd’hui il était le pleine forme, il avait repris l’équitation, faisait un métier qui lui plaisait et il prenait des cours de boxe pour apprendre à se défendre. Histoire d’être un flic plus efficace. Même si franchement il ne s’avérait pas spécialement doué pour ça. En même temps il n’avait jamais été un gars violent, bien au contraire il prônait souvent la non-violence. Andrew savait se montrer méchant mais en parole, et quand il s’agissait de se venger il était beaucoup plus vicieux. Le regard d’Andy se posa alors sur une jeune femme qu’il reconnut sans mal. Il devait bien avouer qu’il avait pensé à elle plus d’une fois depuis leur première rencontre au lycée. Il y avait quelques choses chez elle qui l’avait touché, il n’aurait pas su expliquer. UN sourire c’était affiché sur ses lèvres alors qu’il vit la jeune femme trébucher. Il se précipita pour la rattraper histoire qu’elle ne se retrouve pas étendu sur le sol. Et c’était moins une… « - Andrew… » Dit-elle. Elle avait quelques choses de changer, elle était souriante ça devait être ça. Il l’aida à se remettre debout et bien en appuis sur ses béquilles histoire qu’elle ne tombe pas de nouveau. Andrew lui adressa un sourire alors qu’elle demandait : « - Qu'est-ce que tu fais là ? » C’était une longue histoire pour le coup. Il répondit à la jeune femme : « Examen de routine, rien d’intéressant. » C’était la vérité, ça n’avait rien de passionnant. Il allait bien c’était tout ce qui comptait. Il ne gardait de la greffe que la cicatrice sur le torse et le cœur de cette autre personne qui vivait en lui. De nature inquiète et bienveillante il demanda à son tour à la jeune femme : « Et toi ? Qu’est ce qui t’es arrivé ? Tu vas bien ? » Andrew était curieux de savoir ce qui lui était arrivé, il espérait que ce n’était pas une histoire encore avec ces filles du lycée qui l’avait enfermé dans une voiture la dernière fois. Andrew avait le sourire aux lèvres, il était vraiment content de revoir la jeune femme. C’était probablement leur vécu commun qui faisait qu’il se sentait naturellement proche d’elle. Il reprit la parole : « Tu allais où ? Je peux t’accompagner si tu veux. » Il lui adressa un petit sourire moqueur alors qu’il reprenait : « C’est juste pour m’assurer que tu tombes pas encore une fois. » C’était une petite moquerie gentille, et un peu d’humour pour dissimuler sa réelle envie de passer un peu de temps avec la jeune femme ne peut pas faire de mal. N’oublions pas qu’Andrew avait toujours du mal a accepter de s’attacher réellement à de nouvelle personne. Mais bon ceux qui connaissaient Andrew savait que c’était dans sa nature de s’attacher, autant il pouvait être un parfait crétin détestable et méchant, autant il pouvait être quelqu’un de vraiment adorable.

“ I started to live again, because of you. ”
ANDREW & MAEVA

Andrew. Je ne sais pas pourquoi, j'étais presque contente de le voir. Comme si j'appréciais sa compagnie. Pourtant, la première fois qu'on s'est rencontrés, ça n'avait pas été très joyeux. Et je doute qu'aujourd'hui encore les choses soient… différentes. Il m'était pourtant facile de me perdre dans son regard, comme hypnotisé. Sauf qu'encore une fois, j'étais faible, blessé, seule. Mais j'étais souriante. Parce que ma vie avait changé, peut-être que moi-même, j'avais changé. Je vivais avec des gens géniaux, j'allais peut-être avoir un avenir et je portais l'une de mes robes préférées. Non, vraiment, je pense que la morphine agit clairement sur moi. Ils m'ont peut-être mis sous anesthésie générale, je n'en sais rien. Mais de toute façon, ça n'avait pas d'importance. Andrew était là. Et j'avais beaucoup repensé à lui depuis qu'il m'avait accompagné à l'infirmerie. Il m'arrivait parfois de l'imaginer apparaitre au détour d'un couloir. C'était stupide, il était flic, pas lycéen. Pourtant, j'arrivais encore à le visualiser debout, devant moi. Marchant à mes côtés. Ce type comprenait ce que j'avais vécu, plus que n'importent qui d'autres aux mondes. Et je crois qu'il est aussi celui qui a déclenché ce qui m'a permis de changer. Ce qui m'a permis d'avancer et d'essayer de comprendre que j'avais le droit de faire ce que je voulais, du moins, jusqu'à ce que j'arrête d'exister complètement. C'était étrange, parce que j'étais contente de voir Andrew, comme je détestais me souvenir de la journée où je l'avais rencontré. De cette colère en moi, cette tristesse, cette sensation horrible qui me renvoyait à l'accident. Je subissais ce jour-là en boucle.

Examen de routine. Je ne rajoute rien. Je ne vois pas pourquoi il me mentirait, mais au moins, j'imagine que ce n'est rien de grave. Juste un check-up. Evidemment la question se retourne contre moi, comme par magie.

« - Je... je vais bien. C'est… euh tu sais, l'accident sur l'autoroute. » J'ai du mal à m'en souvenir, mais je sais que c'est ça. Qu'il y a eu une explosion et qu'encore une fois j'ai survécu alors que d'autres…  « - C'est rien de grave. » J'haussais les épaules, le pensant réellement. J'allais surmonter ça et arriver à marcher avec des béquilles. Je n'allais pas pouvoir travailler ceci-dit, et ça je m'en rendais compte que maintenant.

« - Histoire que tu puisses me rattraper, c'est ça ? » Je répondis à son sourire, regardant autour de moi. Je n'avais vraiment aucune idée de l'endroit où j'étais, mais je savais que j'avais besoin de sortir. De prendre l'air. Je n'étais pas quelqu'un qui aimait rester dans un coin, caché dans l'obscurité. La preuve, il fallait que je trouve une occupation à ce moment précis. Me demander de rester dans un lit, c'était impossible. Je me sentais quand même mieux, maintenant qu'Andrew était là. C'était presque magique. « - Je voulais simplement sortir. Si tu sais où est la sortie, je serais pas contre prendre un peu l'air. »

Je me sentais d'un seul coup gênée. Je ne voulais pas le forcer à rester avec moi. Je savais qu'il avait sans doute mieux à faire que faire du babysitting. Je savais qu'il n'était pas très âgés et qu'on avait sans doute un écart d'âge correcte, mais tout de même. Ce n'était pas une raison que je le pousse à devenir mon ami. J'en avais pas et jusqu'ici ça m'allait. A part Amy, je ne cherchais pas à me rapprocher de qui que ce soit. J'évitais de prendre une place dans le cœur des gens. Je ne veux pas décevoir et je sais que je finie toujours par décevoir les gens que j'aime. C'est devenu frustrant à force et je ne cherche plus à changer ça. Sans rajouter quoi que ce soit, j'essaye de m'avancer et de poursuivre mon chemin. Andrew à mes côtés. J'ai du mal à marcher et je suis assez lente, mais je me sens tout de même bien. Comme si j'étais sur un nuage. Encore une fois, les médicaments. Ce qui explique pourquoi je reprends la parole. « - Tu as toujours voulu devenir flic ? »

Andrew était content de voir la jeune femme, il avait pas mal pensé à elle depuis leur première rencontre. C’était comme si un lien particulier l’avait lié à elle. Ils avaient des points communs, malheureusement ce n’étaient pas vraiment des points commun qu’on a envie d’avoir avec quelqu’un. Mais d’une certaine façon c’est ce qui avait donné à Andrew envie de revoir la jeune femme. Il voulait savoir comment elle s’en sortait, qui mieux que lui pouvait savoir à quel point c’était difficile de traverser l’épreuve qu’elle avait à vivre. Perdre un proche c’était la chose la plus insupportable qu’on ait à vivre. Andy avait d’abord perdu son petit frère puis sa mère, les 2 personnes qui comptaient le plus pour lui. Et même si Eva n’était pas morte, d’une certaine façon ça perte avait été aussi douloureuse. Pas autant mais douloureuse quand même. Le fait est qu’il était content de voir Maéva même s’il aurait aimé la rencontrer dans un autre endroit. Et qu’il aurait également aimé qu’elle soit en meilleure forme physique que là. La bonne chose c’est qu’elle avait le sourire et Andrew était content de la voir sourire. Il n’aurait pas pu expliquer pourquoi ça lui faisait tant plaisir. Il s’inquiéta tout de même de son état de santé. « - Je... je vais bien. C'est… euh tu sais, l'accident sur l'autoroute. » Lui répondit elle. Ah oui l’explosion il avait entendu parler de cet accident. Ça avait demandé beaucoup de monde du commissariat et si lui n’avait pas été dépêché sur place c’est parce qu’il était sur une affaire de mœurs avec Benjamin. « - C'est rien de grave. » dit-elle probablement dans le but de le rassurer. Il lui sourit content de savoir qu’elle n’avait rien de grave. Il demanda : « Et tu en as pour combien de temps avec tout ça ? » Il parlait bien sur des béquilles et du plâtre qu’elle avait à la jambe. Il espérait pour elle que ça n’allait pas durer trop longtemps. Il savait ce que c’était que de marcher avec des béquilles, après son premier passage à tabac par Léo il avait eu droit à trois mois de béquille et le temps lui avait paru long.

Andrew avait finalement demandé à la jeune femme s’il pouvait l’accompagner là où elle allait. Il n’était pas contre passer du temps avec la jeune femme. « - Histoire que tu puisses me rattraper, c'est ça ? » lui répondit-elle. Il lui adressa un grand sourire amusé et répondit : « Exactement on est jamais trop prudent. » Il lui fit un clin d’œil accompagné du même sourire amusé. La jeune femme lui dit finalement : « - Je voulais simplement sortir. Si tu sais où est la sortie, je serais pas contre prendre un peu l'air. » Pour ça il pouvait l’aider vu le nombre de fois où il venait ici pour faire ses contrôles, il connaissait l’hôpital comme sa poche et trouver la sortie allait être un jeu d’enfant. « Suis moi c’est par ici. » Il lui indiqua la direction qu’ils allaient prendre. Il ne marchait pas trop vite pour rester à la hauteur de la jeune femme, il n’avait aucune envie de la semer. Passer du temps avec elle lui faisait plaisir tout simplement. Andrew ne saurait l’expliquer mais il se sentait simplement proche d’elle. Ils marchaient en direction de la sortie, ils en étaient d’ailleurs proche quand elle reprit la parole : « - Tu as toujours voulu devenir flic ? » Non en réalité l’idée d’être flic lui était venu après sa greffe de cœur, avant ça il avait un tout autre but dans la vie. Il voulait devenir avocat et il était même bien partie pour le devenir. A la base s’il n’avait pas fait sa crise cardiaque en juillet 2013, il était censé intégrer en septembre de la même année une célèbre école d’Avocat à Londres. Mais il avait fait sa crise cardiaque et on avait dû lui trouver un nouveau cœur. Il avait été greffé et ensuite certaines de ses envies avaient changées. Et devenir avocat n’était plus une priorité, il voulait simplement profiter de la vie . Il ne voulait plus faire d’étude mais trouver un métier dans lequel il se sentirait vraiment utile. Et flic lui était venu comme une évidence et vu ses connaissances en droit ça lui avait permis d’entrer dans la police et de ne faire qu’une seule année d’école d’inspecteur. Et maintenant il était officiellement inspecteur aux mœurs. Et il aimait son métier, Andrew mettait un point d’honneur à être un homme de loi. Il était droit et pas du genre à faire des passes droits ou quelques choses dans ce goût-là. Ni à profiter de son statut pour obtenir quelques choses. La loi était la loi et elle était également faite pour lui. Etre flic ne voulait pas dire être au-dessus des lois. Andrew répondit à la jeune femme : « Non je voulais être avocat pour enfant… » Il ne se voyait pas lui expliquer toute l’histoire maintenant ça n’avait rien de gaie. Il reprit la parole : « Et toi tu sais ce que tu veux faire ? » Peut-être avait-elle une idée de ce qu’elle voulait faire plus tard, même s’il savait que ce n’était jamais facile de choisir. Et finalement notre premier choix ne se révèle pas toujours être ce qu’on deviendra. La preuve d’aussi loin qu’Andrew se souvienne il avait toujours voulu être avocat pour enfant et finalement il se retrouvait flic à la brigade des Mœurs… Dans le fond ça avait un lien…

“ I started to live again, because of you. ”
ANDREW & MAEVA

Un accident, ce n'était rien. Je ne me souviens plus tellement de ce qui s'était passé, mais je pense que ça n'a pas d'importance. Après tout, regarder en arrière n'aide pas à avancer. J'étais pourtant assez embêté par ma jambe. Je n'avais pas l'habitude de marcher avec des béquilles. J'allais devoir prévenir Richard que je ne pourrais pas l'aider pour les prochaines semaines – trois pour être précises. Mais tout ça n'avait pas d'importance maintenant que les choses s'étaient un peu mieux arranger. Après tout, j'avais un endroit où dormir, une femme extraordinaire qui gardait un œil sur moi et j'avais même mes chances d'aller à l'université. Je n'étais pas du genre à m'inquiéter pour mon avenir, mais quelque part je voulais que Snow soit fière de moi. J'avais du mal à croire que je vivais chez elle et j'avais parfois cette impression d'être de trop. Alors j'essayais de faire de mon mieux, de peur qu'elle regrette sa décision. C'était sans doute un peu stupide, je ne sais pas. Pour l'instant, tout se passer assez bien. Et maintenant, Andrew était juste à mes côtés. C'était étrange, mais j'étais tellement contente de le revoir. Depuis ce qui s'était passé au lycée, je pensais que je ne le croiserais plus, mais voilà. Bien que ça soit inattendu, j'étais ravie. Et la preuve, j'avais le sourire aux lèvres. Sa présence me rappelait aussi la peine que je portais en arrivant ici, celle qui m'avait suivi pendant presque plus d'un an. Étrangement, elle diminuait aussitôt simplement parce qu'il était là. Il était la preuve que tout était possible. Que malgré ce qu'on avait traversé, nous pouvions vivre et tenir sur nos deux jambes – bon, concrètement là je ne pouvais pas. C'est une façon de parler. Bref, je devais me ressaisir. Sérieusement. J'essaye de lui expliquer rapidement que ce n'était rien de grave. Une jambe cassée, ce n'était pas la mer à boire. J'avais connu plus difficile et c'était loin d'être physique.

« - Deux semaines avec le plâtre et une semaine en plus pour la rééducation. » Ce n'était pas très long, ça allait passer vite. Du moins je l'espérais. D'après le médecin j'avais une fracture mineure et j'avais échappé au pire. Surtout pour mon genou. J'ai l'impression qu'Andrew sait. Qu'il a déjà connu ça aussi. Comme s'il avait par avance vécu tout ce que j'allais traverser. Je ne préfère pas fouiner et poser trop de questions. Je me sens déjà rassurer par sa présence et je n'ai pas besoin de plus.

J'étais en train de le draguer. Si Shawn avait été là, il se serait foutu de ma gueule sans le moindre problème. Je devais me reprendre. Sérieusement. C'était un peu ridicule, mais par chance Andrew joue le jeu ce qui augmente mon sourire. J'essaye de reprendre, plus sérieusement, pour lui expliquer que je voulais simplement prendre un peu l'air. Rester enfermé, ce n'était pas vraiment mon délire. Je pouvais vite péter un plomb à force de ne voir que les mêmes murs. Par chance, il sait où se trouve la sortie et me fait signe. « - Super. » Doucement, je m'avance vers lui avant de le suivre. C'était le genre d'homme attentionné, ça pouvait se sentir. Il prenait son temps, pour ne pas trop s'éloigner. Que j'arrive à le suivre sans difficulté. Sans attendre plus longtemps je lui demande s'il a toujours voulu devenir flic. J'avoue que je ne sais pas pourquoi je lui demande ça comme ça. Je suis assez curieuse, n'ayant pas d'idée précise sur mon avenir. Je pense que je veux aussi en apprendre plus sur Andrew. Découvrir ce qu'il est vraiment. Je fais attention à où je mets les pieds tout en lui lançant parfois quelques regards. Je ne comprends vraiment pas pourquoi certains jeunes aiment piquer les béquilles des autres pour marcher avec. C'était un enfer au bout d'un certain temps.

« - Je ne sais pas. » Il avait changé de conversation tellement rapidement qu'il m'avait pris au dépourvu. Je n'avais pas eu le temps de rebondir sur le fait qu'il voulait être avocat pour enfant qu'il me demandait ce que je voulais faire. « - Je voulais faire médecine, comme...» Tom et Lila. Je bouge négativement la tête. « - Je me suis inscrite à UCLA, en musique, mais j'attends toujours la réponse. »

Andrew avait eu le droit à plusieurs semaines de béquilles, à chaque fois que Léo l’avait passé à tabac en fait. Encore aujourd’hui il avait parfois des douleurs dans sa jambe lorsqu’il forçait trop en montant à cheval. Les médecins lui avaient dit que c’était une séquelle qu’il garderait à vie, petit souvenir que lui avait laissé ce cher Léo à vie. En retour Andrew lui avait laissé 3 mois de souvenir à la prison d’état d’Atlanta. Bref tout ça pour dire qu’il savait très bien ce que la jeune femme vivait et que de devoir marcher avec des béquilles c’était loin d’être fun comme certains se l’imaginaient. « - Deux semaines avec le plâtre et une semaine en plus pour la rééducation. » lui répondit la jeune femme alors qu’il lui avait demandé combien de temps il était prévu qu’elle garde tout cet attirail. Il lui sourit, trois semaines c’était plutôt vite passée. Sachant ô combien il était chiant de circuler avec des béquilles il se proposa : « Si tu as besoin d’un chauffeur durant cette période hésite pas à me demander. » Il lui sourit avec toujours ce même sourire avenant qu’il avait lorsqu’il posait les yeux sur elle. Il n’expliquait pas le fait de se sentir si proche d’elle, probablement que leur douleurs communes les rapprochaient. Mais il aimait bien passer du temps avec elle tout simplement, pourtant il ne la connaissait pas beaucoup mais il ressentait le besoin de la protéger. Il était simplement comme ça, c’était du Andrew tout craché. Lui qui pourtant s’était promis d’arrêter d’être comme ça. Mais est ce qu’on peut vraiment aller contre sa nature ? A vu d’œil non…

Andrew était flic et c’était probablement la dernière chose qu’il s’était imaginé faire. Depuis la mort de son frère il voulait devenir avocat pour enfant, ça lui était venu comme ça. Il n’avait jamais changé d’avis jusqu’à il y a 2 ans, l’école d’avocat lui était passé sous le nez vu sa greffe et les mois d’hôpital qui avaient suivi. Alors une fois rétabli il avait choisi de devenir flic, il voulait faire quelques choses qui ne lui ressemblaient pas vraiment. Et ceux qui le connaissait avant avait eu du mal à le croire quand il leur avait dit qu’il était flic à présent. Mais finalement c’était un métier dans lequel il était épanoui. Finalement ça lui allait plutôt bien, et il avait un bon contact avec les enfants liés à ses enquêtes. Et puis faire équipe avec son cousin c’était plutôt cool dans le fond. Andy était le genre de flic droit, pas du genre à donner des passe-droits. Il aimait déjà la loi avant de devenir flic et ça n’avait pas changé. Il était de ceux qui croient encore en la loi, et il était là pour la faire respecter pas pour se servir de son statut pour que sa vie soit plus simple. Bref après avoir avoué à la jeune femme qu’il voulait être avocat pour enfant mais sans rentrer dans les détails de son histoire il lui retourna la question. Elle répondit : « - Je ne sais pas. - Je voulais faire médecine, comme... - Je me suis inscrite à UCLA, en musique, mais j'attends toujours la réponse. » Il sourit à la jeune femme. L’école de musique c’était plutôt une bonne idée, il était curieux de savoir quel instrument la jeune femme jouait. Il jouait lui-même de la guitare, bien que ça faisait un moment qu’il n’avait pas mis les doigts sur sa guitare… Depuis sa rupture avec Eva en fait, l’envie de jouer de la musique lui était passé. Il était même resté longtemps sans écouter de musique parce que ça lui rappelait trop la jeune femme. Jouer de la musique c’était leur truc à tous les deux et jouer sans elle c’était encore impossible pour Andrew. Il demanda alors à la jeune femme : « Tu joues de quel instrument ? » Il lui sourit de nouveau, ils avaient enfin atteint la porte de sortie de l’hôpital, il tint la porte pour laisser la jeune femme passer devant lui et sortir de l’hôpital. Il lui avoua alors : « Je joue de la guitare... Enfin je jouai. » Oui il ne pouvait plus vraiment parler de guitare au présent quand on sait que ça faisait plus de 2 ans qu’il n’avait pas joué. Il avait même probablement tout oublié. Une fois dehors il demanda à Maé : « Tu avais envie d’aller quelques part en particulier ? » Il voulait bien l’y accompagner si elle le voulait bien. Il ne voulait surtout pas se montrer trop oppressant, peut-être avait-elle envie d’être simplement seule. C’était quelques choses qu’il pouvait comprendre parce que ça lui arrivait souvent de ressentir le besoin d’être juste tout seul.

I started to live again, because of you.

andrew j. cohen — maeva c. harris

Ce qui était arrivé sur l'autoroute était tout même incroyable. Je ne le dis pas dans un sens positif, mais surtout dans le sens où j'ai bien du mal à y croire. Des gens sont morts, le danger était réel. J'y étais, j'ai survécu. J'avais même des cicatrices qui allaient marquer ce moment-là. Maintenant que j'étais à l'hôpital, je me demandais comment c'était possible. Comment j'en étais arrivé là. Je sais que le jour de l'accident de camion, j'étais partie en sortie scolaire. Je sais que je n'ai plus supporté le temps que j'avais passé dans le bus et le fait qu'on se soit arrêté pendant plus d'une heure sans bouger m'avait rendu malade. J'étais sortie et voilà. Je sais que j'ai tendance à flâner, à vivre dans un autre monde sans faire attention aux autres, mais là j'aurais dû faire plus attention. J'aurais dû savoir. Je ne suis plus enfant. Maintenant je dois faire avec des béquilles, ce qui était relativement épuisant. Tant mon genou me lançait parfois des douleurs étranges, tant mes bras refusaient parfois de m'aider à aller d'un point à un autre. Pour le moment, ça va. J'ai passé la plupart de ma journée assise dans le lit, alors sortir me faisait un peu de bien. Je sais que ça peut paraître stupide, mais la réflexion d'Andrew me fait rougir. Non, en fait, ce n'est pas stupide, c'est juste tellement attentionné de sa part que je suis gênée. Je n'avais pas vraiment réfléchi à ce que je ferais une fois dehors, une fois que j'aurais besoin d'aller dans des endroits spécifiques. J'essayais déjà d'imaginer une situation dans laquelle personne d'autre qu'Andrew pourrait m'aider et… rien. Je sortais tellement peu que je n'aurais jamais aucune excuse valable pour sortir. Pour le lycée, Shawn m'y conduisait et de toute manière, c'était quasiment fini que je serais sans doute dispensé de venir pour si peu.

« - Merci, c'est gentil. » J'avais l'impression qu'il cherchait à me protéger, c'était ce que me disait son regard. Il s'inquiétait pour moi, se demandait comment j'allais, comment je ferais. Andrew n'est pas mon ami pourtant. Je ne saurais dire quel nom qualifierait le mieux notre relation, mais en tout cas, j'aimais ça. Je me sentais bien à ses côtés, ce qui changeait complètement de notre première rencontre. Maintenant que nous allions dehors – parce que j'avais besoin d'air frais et en plus maintenant j'avais un peu de compagnie – j'essayais de faire la conversation. Rien de bien difficile avec Andrew je dois dire, j'ai l'impression que je peux tout lui dire, enfin presque. Je ne sais pas ce qu'il avait prévu de faire, s'il le faut il a d'autres plan en tête, mais si je peux faire en sorte qu'il reste un peu avec moi avant de partir, ma journée sera parfaite. Quand j'y pense, Tommy l'aurait adoré. Et Andrew l'aurait beaucoup apprécié.

« - Du piano. » Ma spécialité. Andrew me tient la porte alors que je sors – doucement – du bâtiment. Mon sourire se fait plus large quand je regarde devant moi. Je suis enfin dehors. « - Comment ça, tu jouais ? Tu as arrêté ? » Et merde. Je ne maitrise pas du tout, moi qui voulais laisser ma curiosité de côté, voilà que je ne lui posais pas une, mais deux questions en même temps. Réfléchir avant de parler, ce n'était pas compliqué pourtant. Il fallait que je change ça, mais à la place je lance, tout en le regardant : « - C'est dommage. » La musique a une signification particulière pour moi. Dieu sait que j'aurais pu arrêter après la mort de Tommy, que j'aurais pu laisser tomber tant ça me faisait mal parfois, mais c'était la seule chose qui me permettait de libérer toute cette colère en moi sans que personne d'autre ne comprenne. Tout le monde ne pouvait pas entendre et comprendre la musique de la même manière. Pour moi, c'était un véritable langage, un autre monde.

« - Je n'avais aucune envie en particulier, je voulais juste sortir. » Je ne savais pas s'il voulait rester ou non, si cela lui plairait de passer un peu plus de temps avec moi. Je ne voulais pas le forcer. « - Tu connais peut-être un endroit sympa pour une fille qui a passé ces derniers jours à l'hosto ? »