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| Your shadow follows me all day, making sure that I'm okay and we're a million miles away •• alexis&dustin | |
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| Sujet: Your shadow follows me all day, making sure that I'm okay and we're a million miles away •• alexis&dustin Dim 16 Aoû 2015 - 15:48 | |
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« It's a dark and shiny place » We're lying on the moon, it's a perfect afternoon. Your shadow follows me all day, making sure that I'm okay and we're a million miles away © .bizzle
Ses yeux étaient rouges et gonflés, son teint était pâle comme jamais, il avait les bras couverts de bleus, et le visage plein d’égratignures. Dustin était un déchet. Un putain de déchet. Plus tôt dans la journée, il avait croisé le chemin de plusieurs gosses rentrant de l’école et il avait remarqué qu’ils avaient eu peur en le voyant. Fatigué du regard des autres, y compris des plus jeunes, il s’était mis à hurler en faisant de grands gestes avant de regarder les gamins s’enfuir en courant. Il avait l’impression d’avoir passé les dernières semaines dans un autre monde. Un monde où rien n’avait d’importance. Un monde où il était le seul habitant. Assommé la moitié du temps par l’alcool et toutes les merdes qu’il faisait subir à son corps, Dustin se trouvait actuellement au fond du trou. C’était un endroit qu’il connaissait bien pour y être tombé à de nombreuses reprises dans le passé. Il s’en relevait toujours, mais cette fois il avait l’impression que rien n’irait jamais plus. Il se laissait bercer par ses idées noires, se laissaient sombrer peu à peu dans la douleur et la tristesse immense qu’il ressentait au plus profond de lui-même, se laissant noyer dans une mer de sentiment insaisissables et indescriptibles. Il avait tellement mal. Personne ne semblait pouvoir l’aider, mais pire encore personne ne semblait vouloir l’aider. II était tout seul. Enfin, pas tout à fait. La seule chose sur laquelle il s’appliquait vraiment c’était de prendre soin de Dopey, le chien que Joshua lui avait laissé. Il ne ratait pas un seul repas, et faisait en sorte que l’animal puisse sortir faire ses besoins quand il le voulait. Le soir, quand il sentait le poids du monde s’écrouler sur ses épaules et qu’il n’arrivait pas à trouver le sommeil, Dopey venait toujours se coller contre lui, comme pour lui dire que tout irait bien. Il était toujours à ses côtés quand les crises d’angoisses se manifestaient ou qu’il se retrouvait figé au sol en position fœtal après un énième abus. Dopey était devenu son meilleur allié. Il était réduit à la simple compagnie d’un chien pour survivre, mais à ses yeux c’était mieux que ce la plupart des êtes humains auraient pu lui offrir. Lui au moins ne lui ferait jamais de mal. Dopey, justement, était sagement assis sur le siège passager de la voiture de Dustin, la tête reposée sur la cuisse du jeune homme. Ce dernier avait les mains cramponnées au volant, prêt à redémarrer et foutre le camp d’un instant à l’autre. Il était garé sur le parking du Pim’s depuis plus de deux heures, mais il n’avait pas osé mettre un pied dehors. Il n’était pas venu ici depuis longtemps. Très longtemps. Peut-être trop même. Nerveusement, Dustin se mordait la joue. Il voulait entrer là-dedans et faire comme avant, mais par dessus tout il voulait entrer là-dedans et trouver Alexis. Il avait tellement envie de la voir. Ce soir, plus que les autres soirs encore. Il avait atteint ce point de non-retour, il savait pertinemment qu’il avait déconné avec elle mais il savait aussi qu’elle était la seule à pouvoir encore le sauver. S’il était là ce soir c’est qu’il lui restait encore un peu d’espoir, encore un peu de cette force que tout le monde a en soi et qui nous pousse à vivre. Dustin avait besoin d’elle. Il avait besoin de la voir. C’était plus fort que n’importe quoi d’autre, plus fort que lui surtout. Il avait conduit ici sans réfléchir, instinctivement. Alexis. Ce nom qui évoquaient tant de choses pour lui, ce nom qui était capable de le retourner et de le foutre en l’air en moins de deux. Alexis. La fille qui avait toujours été sa raison d’être mais qu’il n’avait jamais pu se permettre d’aimer totalement. Alexis. Elle était là ce soir, il le savait. Si proche et pourtant si loin de lui. Elle ne voudrait sans doute même pas lui parler. Il était un connard fini et même elle le savait. Elle devait le détester, et elle aurait raison. Il se détestait lui aussi. Alexis. Alexis. Alexis. Son prénom résonnait encore et encore dans son esprit. Il n’était même pas dans son état normal et il n’avait pas le droit d’aller la voir comme ça. Elle avait vaincu ses démons, ou du moins il le croyait, et il ne pouvait pas se pointer à moitié défoncé et la supplier de l’aider. C’était dégueulasse. Il allait la dégoûter et elle allait le détester encore d’avantage. Il ne voulait pas sortir de cette foutue voiture. Il ne pouvait pas.
Il ne remarqua pas tout de suite lorsqu’elle fit son apparition sur le côté du Pim’s. Elle était passée par la porte de derrière, sans doute que c’était l’heure de sa pause. Lui, il observait Dopey avec un air malheureux. Lorsqu’il releva la tête et qu’il aperçu la chevelure blonde et la fine silhouette s’agiter du côté des poubelles, il sentit son coeur s’accélérer et ce fut la première fois depuis longtemps qu’il fut rappelé du fait qu’il avait encore un truc qui battait à l’intérieur de ce corps maltraité. Ses doigts serrèrent un peu plus le volant qu’il n’avait pas lâché, et Dopey se dressa à son tour. Il avait compris que quelque chose venait de se produire et il cherchait par la fenêtre ce qui avait attiré l’attention de son nouveau maitre. Dustin resta pétrifié. Elle était là pour de vrai. Il repoussa une mèche de cheveux bouclés et essuya ses yeux. Son oeil droit pleurait tout seul, comme un con. Il ne décrocha pas de cette silhouette qu’il aimait tant. Il ne l’avait pas vu depuis longtemps mais il la trouvait tellement belle. Elle avait l’air d’un ange dans la pénombre de cette espèce d’allée où le personnel du Pim’s se retrouvait pour une pause clope toutes les deux heures. Une pauvre lumière éclairait un peu l’endroit, assez pour qu’il puisse la voir en tout cas. Alexis. Il n’arrivait pas à contrôler ce qui était en train de se passer en lui. Ça se tordait et ça se resserrait et ça faisait un mal de chien mais un bien fou en même temps. Ça le prenait dans les tripes, et dans les jambes, et à la tête. Ça le prenait partout et ça le foutait en l’air, encore et encore. Elle était là. Juste là. Alexis. Il se pinça les lèvres, essuya à nouveau ses yeux. Il ne remarqua même pas le tremblement dont il souffrait subitement. Il avait froid. Il n’était pas sûr de pouvoir tenir sur ses jambes, même s’il l’avait voulu. Franchement, il ne savait même pas comment il avait pu conduire jusqu’ici. Elle avait l’air heureuse. Il ne voulait pas gâcher ça… Mais cette force intérieure, celle qui l’avait poussé à venir, celle qui lui hurlait de sortir de cette putain de voiture et d’aller lui parler, cette force-là était plus forte que sa raison. Il ne savait pas pourquoi ce soir, ni pourquoi il avait tant besoin que ce soit elle, mais il ne pouvait pas lutter. Il ne pouvait plus. Il avait souvent de violents flashback du soir où ils s’étaient embrassés. Ses lèvres brûlaient tout à coup à la pensée de leur baiser.
Elle était sur le point de rentrer à l’intérieur du Pim’s quand il s’empara de son bras. Il n’avait pas réfléchit d’avantage et avait quitté sa voiture pour s’approcher d’elle. Le contact de sa main sur sa peau lui fit l’effet d’un électro-choc. Ce n’était pas l’un de ces rêves étranges qu’il faisait souvent. Elle était réellement là et il venait vraiment de se manifester à nouveau devant elle. « Alex. » glissa-t-il dans un souffle, comme pour exprimer un profond soulagement. Il allait mourir, bordel. Il avait besoin d’elle, une dernière fois. Elle était tout ce qui lui restait, la seule chose au monde qui maintenait en vie cette dernière petite partie de lui-même pas complètement foutue. Elle était son espoir, sa lueur au bout du tunnel. Alexis.
Dernière édition par Dustin W. Kennedy le Sam 22 Aoû 2015 - 14:10, édité 1 fois |
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| Sujet: Re: Your shadow follows me all day, making sure that I'm okay and we're a million miles away •• alexis&dustin Lun 17 Aoû 2015 - 20:02 | |
| ❝ In space we're here a million miles away ❞ Our minds are troubled by the emptiness.
Il était tard, mais tard ne signifiait plus grand chose pour elle. Elle travaillait souvent jusqu'à des heures qui auraient pu être qualifiées d'inhumaines par ceux qui vivaient entièrement de jour, et elle n'y voyait pas vraiment d'inconvénient. Cela faisait des années qu'elle préférait vivre de nuit, qu'elle y trouvait un charme rassurant, une lueur protectrice. Pourtant, elle n'avait pas le job de ses rêves. Lorsqu'elle était adolescente, Alex avait rêvé à des dizaines de carrières, dans lesquelles elle serait tout aussi brillante. Elle pourrait être pompier, médecin, archéologue, peintre, chef... peu importait, son cœur battait pour toutes ces passions, tous ces rêves de succès. Aujourd'hui, il ne battait plus pour aucune de ces idées. Elle servait des jeunes, des moins jeunes, ignorait des réflexions mal placées ou acceptait des compliments plus polis. Elle dévoilait son ventre, son dos et ses jambes, juste parce que c'était dans les traditions de la maison. Elle dansait sur le bar pour pousser à la consommation, et elle courrait à travers la salle pour servir les clients avant que l'alcool qu'ils avaient déjà ingurgité ne les rende trop aigris, voire violents. C'était son quotidien. Mais son quotidien, depuis quelques mois, ne se résumait plus à ça. Désormais, lorsqu'elle quittait le travail en pleine nuit, Alexis ne rentrait plus chez ses parents. Elle rentrait auprès de sa cousine et meilleure amie, avec qui elle avait pris un appartement. Ses journées étaient donc plus douces; elle ne passait pas son temps à s'inquiéter de l'avis de ses parents sur son heure de retour à la maison ou les vêtements qu'ils pouvaient trouver dans son armoire. Judy respectait son travail tout autant qu'elle : peut-être qu'un jour elle trouverait mieux, mais en attendant, ce job lui permettait de payer la moitié de leur loyer, et elle était loin de cracher dessus. Au-delà d'être l'occupation qui lui avait permis de remettre un pied dans la vie courante, sa place au Pim's représentait aujourd'hui un travail utile, qui lui permettait de prendre une certaines indépendance dont elle avait manqué depuis sa sortie de rehab. Cette indépendance n'était pas des plus simples à vivre ; c'était sans doute par crainte du jugement de ses parents qu'elle s'était tenue à carreau jusque là, et puisqu'elle savait Judy à ses côtés quoiqu'il arrive, Alex ne ressentait plus cette pression quotidienne qui, elle en était persuadée, l'avait faite tenir jusqu'ici. Pourtant, cela faisait quelques mois maintenant qu'elle vivait avec sa cousine, et plus les semaines passaient, plus elle ressentait cette fierté de tenir le coup. La population du Pim's, pourtant, n'avait pas rendu les choses simples. Comme depuis qu'elle y travaillait, elle voyait au quotidien des clients consommer des substances illicites, mais elle ne s'était jamais sentie aussi proche de la brèche que depuis ces quelques mois de douce liberté. Il fallait dire que cette liberté nouvelle n'était pas la seule à pouvoir potentiellement jouer un rôle dans une rechute...
Car oui, si Alex avait emménagé avec Judy, ce n'était pas le seul changement qui avait chamboulé sa vie. Elle n'était plus célibataire. Oui, vous avez bien lu. Alexis Fackrell n'était plus célibataire. Une autre raison qui l'avait poussée à revenir à la vie, tout doucement. Alexis avait retrouvé Nolan. Alexis était amoureuse de Nolan. Elle avait retrouvé son sourire, ses blagues, ses sautes d'humeur, sa peau et ses baisers. Elle avait retrouvé le seul homme qu'elle avait connu; le seul, aussi, qui, pour une raison ou une autre, avait bien voulu du déchet qu'elle était devenue. Ils étaient perdus, tous les deux, ils voguaient dans la vie comme une petite barque au milieu de l'océan Pacifique, mais ce qu'il y avait de si beau maintenant, c'est qu'il le faisaient ensemble. Ils étaient perdus ensemble. Ils ne pouvaient plus réellement couler, puisqu'ils étaient ensemble. La vie d'Alex, donc, semblait avoir pris un virage. Il n'était pas déplaisant, ce virage. Elle avait l'impression de trouver à nouveau des marques qui lui étaient agréables; elle avait l'impression de se retrouver elle, de reprendre sa vie en main. Elle s'imaginait déjà, dans un avenir très lointain certes, mais dans un avenir tout de même, reprendre des études. Elle pourrait être infirmière. Ou flic. Elle aimait s'imaginer utile à la société, pour tout ce qu'elle lui avait fait de mal, pour tout ce qu'elle avait à lui rendre. Elle s'imaginait avec Nolan, toujours, tout le temps. Il était l'évidence, à présent. Il avait rompu ses fiançailles pour être à ses côtés, et même dans ses rêves les plus fous, elle n'aurait jamais imaginé quelqu'un prêt à un tel sacrifice pour elle. En valait-elle réellement la peine ? Elle était loin d'en être sûre, à tel point qu'elle avait mis un moment pour croire Nolan lorsqu'il l'avait rejointe. Pourtant, à y repenser, elle n'aurait pas pu rêver plus belle St Valentin. C'était avec lui qu'elle avait passé ses plus belles St Valentin, d'ailleurs, il était le seul qui, à ses yeux, avait donné un sens à cette fête. Encore une fois, il lui avait prouvé qu'il était le seul qui en valait la peine. Dustin était loin de ses pensées, maintenant. Il n'avait pas su comprendre ses besoins, il n'avait pas su assumer ses choix, il n'avait pas su la garder dans sa vie. C'était son choix, et elle s'y pliait. Pourtant, il lui arrivait parfois de se demander où il en était, lui, dans sa vie. Elle se demandait s'il avait trouvé une autre femme, ou un autre homme. Il se demandait s'il était amoureux. Elle se demandait ce qu'il peignait, chez lui, aussi. Elle se demandait s'il était heureux de sa vie, s'il était convaincu d'avoir fait le bon choix, ou s'il lui arrivait de penser à elle, de temps en temps, même si c'était seulement en souvenir des bons vieux moments où ils étaient amis, où elle était la sœur de son meilleur ami et où il était l'adulte responsable qui ne voulait pas trahir Samuel. Peut-être qu'il l'avait oubliée. Ce ne serait peut-être pas si étonnant; elle n'était finalement pas sûre d'avoir compris son discours ou son baiser. Peut-être qu'il n'avait pas eu les idées claires à ce moment-là et qu'il n'y avait pas besoin de creuser davantage. En tous les cas, tout était fini entre eux. Ce message-là, lui, était clair.
En sortant fumer une clope ce soir-là, pourtant, Alex s'attendait à tout sauf à croiser l'individu qu'elle croisa. Une clope, une innocente clope... Toutes ses pauses se résumaient à ça. Selon l'affluence à l'intérieur du bar, elle la fumait seule ou accompagnée. Elle s'entendait bien avec certaines de ses collègues, ou tout du moins suffisamment pour partager des clopes à l'arrière du Pim's. Certaines consommaient ce qu'elle avait tant aimé autrefois, mais elle reportait son manque sur les cigarettes, qu'elle consommait beaucoup plus que de raison. A chaque fois, elle pensait à Judy, qui riait de l'odeur sucrée du parfum qu'elles avaient trouvé à la blonde mélangée à celle du tabac froid. Le mélange était détonnant, mais elle se consolait dans les bras de Nolan, qui lui, semblait apprécier ce parfum chimère. Encore une fois, elle repensait à tout ça, souriant bêtement en portant sa cigarette à ses lèvres. Elle avait quelques minutes avant de devoir reprendre du service ; à l'intérieur, c'était la folie. Les vacances d'été n'y étaient sans doute pas pour rien, tout le monde était de sortie. Quelques instants durant, Alex passa la main dans ses cheveux pour éviter de les cramer, regardant le ciel assombri par les éclairages californiens. Dans deux heures, elle finirait son service et pourrait rejoindre Judy. Elle était à peu près sûre que Nolan lui avait écrit, aussi, comme il le faisait régulièrement. S'il n'était pas chez elle lorsqu'elle rentrerait, alors il lui avait au moins laissé un message sur son portable. Elle irait chez lui le lendemain matin, le trouverait endormi et préparerait un petit déjeuner cliché, juste pour le voir se réveiller avec l'odeur du café et des pancakes plus ou moins réussis.
Finalement, regardant sa montre une dernière fois, Alex jeta sa clope terminée et attrapa la poignée de la porte métallique qui la mènerait au long couloir privé des arrières du bar. Elle passerait vérifier son portable, juste pour se donner le courage de continuer son service. Lorsqu'elle sentit une main se poser sur son bras nu, elle sursauta et s'éloigna, par réflexe. Lorsqu'elle se retourna, elle avait l'impression d'halluciner, de planer. Elle n'avait rien pris, pourtant. Rien qui pourrait provoquer ce genre de visions, en tout cas. Et le bras, elle le sentait clairement sur sa peau. Elle avait froid, d'un coup. Elle frissonnait. C'était bizarre, un peu inexplicable. Pourtant, il se tenait là, devant elle. Comme s'il n'était jamais réellement parti. Il avait une drôle d'allure. Sous les lumières glauques de la ruelle, elle devinait ses yeux rougis, son visage blessé et une peau blafarde, ponctuée ça et là de zones plus foncées, sans doute des hématomes. Mais en-dessous de cette image abîmée, elle le reconnaissait. Elle le reconnaîtrait parmi des dizaines d'autres. Dustin. Il était là, réel. Le contact de sa main contre sa peau rendait l'instant encore plus mystique, à la fois aussi concret qu'irréel. Après quelques instants d'immobilité la plus totale, elle retira son bras. Un réflexe un peu tardif, sans doute. « Alex. » Dustin. Il était là, et elle était conne. Elle était conne de le regarder sans rien dire, alors qu'elle avait des centaines de choses à lui dire. Elle avait envie de le gifler, elle avait envie de l'engueuler, de l'insulter, de lui faire subir tout ce que son départ lui avait fait ressentir de son côté. Elle avait envie de se venger de ce qu'il lui avait fait. « Tu te souviens de moi ? » Son regard clair était froid, et elle s'accrochait fermement à son briquet, comme pour retenir une réaction qu'elle pourrait regretter. Mais elle avait du mal à y croire : elle ne savait même plus à quand remontait leur dernière entrevue ; plus d'un an, très clairement. Mais elle n'en avait rien oublié. Elle n'avait pas oublié les promesses, elle n'avait pas oublié l'espoir presque inhumain qu'elle avait ressenti rien que de le savoir à nouveau à ses côtés, rien que de savoir qu'il l'avait pardonnée de son départ abrupt. Mais elle, aurait-elle le courage de lui pardonner à son tour, s'il le souhaitait ? Malgré tout le ressentiment et la colère qui se battaient à l'intérieur d'elle, le voir dans cet état l'inquiétait. Elle avait envie de le serrer contre elle, et, comme il l'avait fait à l'époque, de lui dire que tout irait bien. Mais elle n'en avait aucune idée. Elle ne voulait pas mentir, elle. Elle croisa les bras sous sa poitrine, paralysée entre l'envie de lui tourner le dos et de rentrer au Pim's et celle de le prendre dans bras, de le retrouver et de le rassurer. « T'as besoin de quelque chose ? On a une trousse à pharmacie à l'intérieur, si tu veux » , dit-elle d'un ton spontanément sec. Malgré le fait que l'envie était loin de lui manquer, elle ne pouvait pas se résigner à le laisser. C'était Dustin. Au moins, elle avait une réponse à une de ses nombreuses questions : il ne l'avait pas oubliée. Il n'en avait juste rien à faire d'elle.
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| Sujet: Re: Your shadow follows me all day, making sure that I'm okay and we're a million miles away •• alexis&dustin Sam 22 Aoû 2015 - 15:19 | |
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Elle n’était pas contente de le voir, il le savait. Elle n’était pas contente qu’il soit là, et elle ne faisait pas beaucoup d’efforts pour lui prouver le contraire. Il s’y était attendu, ou du moins il avait cru être prêt pour cette rencontre. Il n’était pas prêt. Le regard d’Alexis était une claque violente en plein visage pour Dustin. Il pouvait lire la colère dans ses yeux, la rancune aussi sans doute. Elle lui en voulait, ce n’était pas étonnant. Il s’en voulait lui aussi. Alexis, sa douce Alexis, celle qui l’avait toujours regardé avec tendresse et amour, ils étaient autrefois liés par une amitié sans défaut, les choses avaient finalement changé. Il cherchait la tendresse dans ses yeux mais il n’arrivait pas à la trouver et quand elle dégagea son bras de son emprise il sentit son coeur se briser. Il avait gâché la plus belle chose qui lui était jamais arrivée et avait fait du mal à la seule personne qu’il aimait le plus au monde et qui l’aimait en retour. Il repensait à la peine que Joshua lui avait fait, à la douleur qui l’avait saisi pour ne pas le quitter depuis leur rupture et soudain tout semblait lui revenir de plein fouet. Deux fois plus fort. Il avait perdu Joshua et à présent il réalisait qu’il avait perdu Alexis aussi. C’était indescriptible, insupportable. Il ne pouvait pas rester là, lui faire face, et la regarder lui échapper. Il ne pouvait plus. Il n’avait jamais ressenti autant de froideur de sa part à son égard et c’était le pire des sentiments que de savoir qu’il avait tout fait pour le mériter et que sa seule véritable alliée dans ce monde avait fini par lâcher l’affaire à son tour. Dustin était un cas désespéré. Il avait vu tant de monde entrer et sortir de sa vie ces dernières années, il était épuisé. Moralement et physiquement, il ne restait plus grand chose de l’homme qu’il avait été auparavant. Ces derniers mois surtout l’avait abimé, et Dustin venait tout juste de prendre le coup de grâce avec Alex. Il sentait son coeur se resserrer encore et encore, rétrécir peut-être? C’était sans doute ça, oui. Son coeur était en train de rétrécir jusqu’à disparaitre complètement… Disparaitre, c’était tout ce dont il avait envie. Le sol aurait pu se dérober sous ses pieds et le ciel lui tomber sur la tête qu’il n’en aurait plus rien eu à faire. Dustin n’avait plus la force de se battre. Il aimait Alexis. Il l’avait toujours aimé. Pendant des années il s’était refusé cet amour par crainte des conséquences, par crainte du bonheur surtout. Il avait refoulé ses sentiments, avait fait de son mieux pour prétendre au rôle de frère de coeur qu’il estimait être le seul dont il était réellement digne, et encore! Il avait tout fait pour oublier ce qu’il ressentait à l’égard d’Alex, jusqu’à se convaincre que cela valait mieux pour eux deux. Il avait tout gâché le soir où il s’était laissé aller à l’embrasser. Être là pour elle en tant qu’ami aurait été mieux que ce qu’il lui restait d’elle à présent. Rien. Ils n’étaient plus rien. Il n’était plus rien.
Se souvenir d’elle, ça oui, il s’en souvenait. Il ne l’avait jamais oublié, pas même une seconde. Il avait enfoui tout ses sentiments loin, très loin, beaucoup trop loin et il avait fait comme si tout allait bien. Il était tombé amoureux de Joshua. Éperdument, follement, totalement et complètement amoureux de cet homme qui lui avait redonné l’espoir et qui lui avait presque fait croire à un avenir meilleur. Il n’avait pas oublié Alexis pour autant. Même au plus fort de son amour pour Joshua, Dustin n’avait jamais cessé d’aimer son Alex. Quelque part dans un coin de sa tête, quelque part en plein milieu de son coeur, elle était là. Elle faisait partie de lui, qu’il le veuille ou non. Ils avaient vécu trop de choses ensemble pour pouvoir un jour imaginer l’effacer. Alex était un bout de lui, la meilleure part à n’en pas douter. Ce soir, il sentait cette partie-là lui échapper et il sentait que plus rien ne serait jamais plus pareil, lui le premier. Ce regard noir qu’elle lui avait jeté avec ses deux yeux si clairs pourtant, il ne l’oublierait pas. La froideur d’Alexis, le ton de sa voix, la distance qu’elle installait entre eux, il ne l’oublierait pas. Il ne lui en voulait pas le moins du monde, parce qu’il savait pertinemment qu’elle avait tous les droits de le détester et de le rejeter, mais il avait tant besoin d’elle. Son corps à lui réclamait son corps à elle. C’était un besoin incommensurable d’être dans ses bras, de sentir leurs deux coeurs battre ensemble, de sentir sa peau sous la sienne et de croire en demain, juste un petit peu. Il avait besoin qu’elle lui redonne cet espoir, qu’elle lui donne un peu de sa force. Tout seul, il ne pouvait plus rien.
Ses yeux bleus n’avaient pas quitté le visage d’Alex. Elle avait gardé le même air si doux qu’il avait apprécié dès leur première rencontre alors qu’ils n’étaient encore que des gamins. Les traits de son visage n’avait presque pas changé, mais il savait que dans son sourire on pouvait lire toutes les choses qu’elle avait traversé. Elle possédait le sourire de ces gens qui ont déjà trop vécu. Alex, pourtant, avait encore toute la vie devant elle et il espérait qu’elle continuerait à vivre loin de toutes les choses qui le retenaient lui dans le passé. Elle avait avancé, s’était sevrée de toutes les merdes qu’il prenait encore tous les jours, et elle essayait de se reconstruire. Il en était incapable. Soudain, il réalisa qu’elle l’impressionnait. Elle était là, devant lui, et elle ne décrochait pas un seul sourire à son égard, pas un seul geste de compassion, pas même une petite lueur dans son regard… Il n’était pas habitué à avoir ce genre de réaction venant de sa part. Elle lui manquait tellement. Elle lui manquait terriblement. Alexis se tenait devant lui, mais elle ne lui avait jamais plus manqué qu’à cet instant précis. Il secoua la tête doucement quand elle lui demanda s’il avait besoin qu’elle aille chercher une trousse à pharmacie. Il aurait fallu bien plus qu’un pauvre pansement et un peu de mercurochrome pour soigner ses blessures. Elles étaient plus profondes que les simples petites plaies et égratignures qu’on pouvait voir sur son corps. Il avait des trous béants à l’intérieur de lui-même, des vides intersidérales, des cratères impossibles à reboucher à moins d’un miracle. Il se sentait vide et il n’avait plus envie que d’une chose, ses bras à elle autour de son corps amoché. Comme un gosse en mal de réconfort, il voulait qu’elle le serre fort et qu’elle l’aime à nouveau. Il la regardait à présent avec les yeux d’une tristesse infinie. Ce n’était même pas pour l’attendrir. Que pouvait-il dire de plus? Que leur restaient-ils à présent? « J’ai besoin de toi. » souffla-t-il finalement. C’était totalement injuste de sa part de lui dire ça, mais Dustin n’avait plus la force de faire semblant. « J’ai besoin de toi, Alex. » répéta-t-il. Il fit un petit pas déséquilibré vers elle et tendit la main vers la sienne. Le bout de ses doigts vinrent caresser les bouts de ses doigts à elle. « S’il te plait? » Il ne lui restait plus qu’à la supplier. Il n’avait plus rien à perdre s’il la perdait. « Je suis désolé. » Sa voix se brisa et il décrocha enfin ses yeux bleus de ceux d’Alex. Il n’allait pas bien, et il avait l’impression que plus rien n’irait jamais. |
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| Sujet: Re: Your shadow follows me all day, making sure that I'm okay and we're a million miles away •• alexis&dustin Mar 25 Aoû 2015 - 3:48 | |
| Alex était heureuse. Depuis quelques mois, elle avait l'impression d'avoir repris sa vie en main. C'était ridicule, sans doute, car elle resterait toujours cette petite fille fragilisée par la vie, attendant malgré elle et à chaque instant que le ciel lui tombe sur la tête une nouvelle fois. Et puis, elle n'avait pas vraiment le droit d'être heureuse, elle le savait. Elle s'était mal comportée, elle avait mal traité ceux qui représentaient tout à ses yeux. Pourtant, maintenant, elle avait l'impression d'avoir le droit à une espèce d'absolution, d'avoir le droit, le temps que ça durerait, à sa part de bonheur, de réconfort. A présent, elle avait de réelles raisons de se lever le matin. Le boulot n'était plus devenu que quelque chose de secondaire dans sa vie; elle s'y rendait le cœur léger, rempli de nouveaux souvenirs forgés chaque jour aux côtés de sa cousine et de son copain. Elle entrevoyait quelque chose de plus clair pour son avenir; sans aller jusqu'à espérer des pluies torrentielles d'arc-en-ciels et de licornes, Alex retrouvait pourtant un intérêt à la vie et se permettait aujourd'hui d'en attendre un tout petit plus. Vivre aux côtés de Judy était sans doute la plus belle chose qui lui était arrivée depuis un bon moment; si la colocation aurait pu mettre en péril leur complicité, c'était pourtant loin d'être le cas. Leur relation en ressortait renforcée, consolidée. Quant à ses retrouvailles avec Nolan... y a-t-il vraiment besoin de préciser davantage ?
Pourtant, malgré tous ces changements, ses espoirs soudains et ce nouvel éclat qui brillait dans ses yeux clairs, Alexis n'en avait pas oublié Dustin. Loin de là. Elle pensait à lui régulièrement. Ils en parlaient de temps à autres avec Nolan, mais elle ne lui avait jamais vraiment raconté leur dernière entrevue; il n'avait pas besoin de savoir. De toute façon, ça n'avait plus d'importance depuis longtemps, Dustin avait clarifié ce point assez rapidement en disparaissant dans la nature. Avait-ce d'ailleurs réellement eu de l'importance ? Alex avait tellement attendu, tellement espéré de ces retrouvailles qu'elle s'était retrouvée encore plus vidée de l'absence de Dustin les jours suivants qu'elle ne l'était déjà auparavant. Elle qui s'était pourtant interdit de croire à quelque chose, à un bonheur aussi minime soit-il, était tombée dans ce piège la tête la première, sans aucune assurance ou aucune protection. La chute avait été douloureuse, très douloureuse. Et si elle avait porté le deuil de cette amitié et d'une potentielle relation toute seule, elle n'en demeurait pas moins amère et rancunière. Il lui avait fait vivre de telles montagnes russes que maintenant, en le voyant en face d'elle, elle n'avait plus aucune envie d'en savoir plus à son sujet. Quelque part dans son esprit bouffé par le ressentiment, Alex jubilait de le voir dans un tel état. Mais tous les autres fibres de son corps, massives et dominantes, hurlaient au désarroi. Que lui était-il arrivé ? Que s'était-il passé durant tout ce temps ? Pourquoi revenait-il maintenant, après l'avoir laissée pourrir pendant des mois ? Et surtout, pourquoi en avait-elle quelque chose à faire ? Alex était faible. Elle était faible, et elle ne supportait pas de le voir dans cet état-là. Pourtant, elle ne pouvait pas prétendre que tout allait bien entre eux, lui sauter dans les bras et le pardonner d'un claquement de doigts. En réalité, elle s'était persuadée au fil des mois qu'elle était condamnée à ne plus jamais le revoir. Qu'il avait pris ses décisions, fait son choix, et qu'elle n'en faisait pas partie. Il avait besoin d'elle. Il avait besoin d'elle pour quelque chose, voilà pourquoi il réapparaissait. Aucune autre raison ne réussirait à la convaincre. Il l'avait laissée dans le brouillard, il l'avait abandonnée, laissée à sa tourmente, à ses peines et à ses démons, il lui avait fait des promesses qu'il n'avait pas été foutu d'honorer un seul instant, il lui avait pardonné mais l'avait punie de la pire des façons qui soient, il était réapparu pour disparaître aussitôt... et il l'avait embrassée.
Il l'avait embrassée, et il l'avait laissée là, impuissante, dans cet état de petite fille fragile qu'elle s'efforçait pourtant de cacher à tous ceux qui s'approchaient un peu trop d'elle. En retournant travailler, le soir où c'était arrivé, elle avait été remplie d'une énergie toute nouvelle, une énergie galvanisante, exaltante, revivifiante. De toutes les personnes qu'elle avait côtoyée, ce n'était pas de Dustin dont elle avait pensé devoir douter. Car si leur cercle d'amis passé était vaste et en perpétuelle évolution, Dustin avait toujours fait partie de ses constantes, ceux qui restaient toujours là, qui orbitaient autour des mêmes idées, des mêmes passions, des mêmes envies. Avant d'être celui qui l'avait embrassée dans la ruelle qui desservait les arrières du Pim's, il avait été un ami inestimable, une oreille attentive, un compagnon de soirées et de nuits endiablés, un allié sur lequel elle avait pu compter lorsque venait le temps des retombées violentes des effets de ce qu'ils prenaient. Il était le meilleur ami de Samuel, un crush de jeunesse, mais, avant tout, un pilier qu'elle avait toujours considéré stable et inébranlable. Pourtant, il était bien celui-là, celui qui l'avait laissée sans repère. Ce pilier, pourtant, s'était effondré. Elle l'avait mérité. Elle l'avait mérité un millier de fois, un milliard de fois. Elle n'avait pas été correcte envers lui comme envers tous les autres. Elle n'avait pas été correcte envers lui comme elle n'avait pas été correcte envers Nolan. Mais Nolan avait su la pardonner, coûte que coûte, et lorsqu'elle avait retrouvé Dustin, des mois auparavant, elle avait espéré que les choses seraient aussi douces que cela. C'était ce qu'il lui avait laissé entrevoir, après tout. Il lui avait fait miroiter un avenir moins sombre, une histoire avec son coup de cœur d'adolescente, et puis il avait disparu. Était-ce donc à propos de ça ? Était-ce simplement les retombées d'une vengeance mesquine ? Avait-il pensé un seul instant tout ce qu'il lui avait dit ce soir-là ? Croyez-moi, toutes ces questions, Alex se les était posées maintes et maintes fois, même constamment, sans relâche, avant d'abandonner pour valider le pire des scénarii qu'elle s'était imaginés. Il ne l'avait jamais estimée plus que ça et il s'était vengé de son départ à elle. De l'avoir laissé, comme ça. Presque comme il l'avait fait à son tour.
Pourtant, un an plus tard, il était en face d'elle, l'insultant presque rien qu'à sa présence. Et elle en oubliait presque tout ce par quoi elle était passée. Elle oubliait ses larmes silencieuses, ses nuits sans sommeil, sans rêves et sans ses échappées du réel qui lui étaient si salvatrices. Elle oubliait ses pensées noires qu'elle avait eues plus d'une fois, ces questions morbides qu'elle s'était posées, ce regard inconsolable qu'elle avait posé sur le monde des mois durant. Il était là, en face d'elle, et Dustin, elle le savait, avait le don de lui faire perdre toute raison. Pourtant, elle n'oubliait pas. Elle était perdue, mais elle n'oubliait pas ces questions et ces conclusions, elle n'oubliait pas tout ce par quoi elle était passée avant d'enfin remonter la pente. Sans Nolan et Judy, elle ne pouvait même pas affirmer qu'elle serait encore là. Que de pensées morosesn, n'est-ce pas ? Il n'avait pas raté sa vengeance. Pourtant, et malgré les apparences, elle n'arrivait pas à foncièrement lui en vouloir. Son regard était froid, mais elle voulait juste savoir qu'il allait bien. Qu'il ne serait plus blessé, qu'il était heureux. Qu'il était juste tombé sur un amant ou une amante qui se laissait un peu trop emporter pendant ses ébats. Tout serait fini, bouclé, et elle pourrait tourner la page. Peut-être que son ressentiment s'estomperait petit à petit, d'ailleurs... qui sait. Nolan l'y aiderait. Elle lui raconterait tout. Maintenant, tout ça avait une toute nouvelle importance. Et comme d'habitude, il trouverait les mots. « J’ai besoin de toi », lâcha finalement Dustin, comme accablé par tout le poids du monde. Son regard ne la trompait pas; elle le connaissait, ce regard. Ce regard la blessait au plus profond de son être, et jamais il ne lui avait été destiné... jusqu'à présent. « J’ai besoin de toi, Alex », répétait-il. Les yeux de la jeune femme se baissèrent doucement vers la main du brun, qui vint, dans l'obscurité et avec une douceur presque timide, frôler la sienne. « S’il te plait? » Elle ne bougea pas. Elle sentait ses doigts frôler les siens, mais elle n'avait plus la force de bouger. Elle était déchirée entre l'envie de le rejeter et le besoin d'être à ses côtés. « Comme moi j'avais besoin de toi ? Tu sais, après ton baratin et... » Notre baiser. « Qu'est-ce qui t'es arrivé, Dustin ? » demanda-t-elle sèchement en désignant son visage du menton. « Qu'est-ce qui t'es arrivé ? » répéta-t-elle. Donne-moi une bonne excuse. Explique-moi pourquoi tu m'as laissée pourrir dans mon coin. Elle ne le regardait plus. Elle fuyait son regard, encore accrochée à la sensation de ses doigts frôlant les siens. « Je suis désolé. » Elle avait froid, d'un coup, et elle regrettait amèrement de n'avoir pris qu'une cigarette avec elle. Cette clope avait disparu depuis un moment, mais elle sentait qu'elle n'était pas prête de retourner travailler. Car s'il l'avait pardonné... pourquoi ne devrait-elle pas lui donner la même chance ? « De quoi t'es désolé ? Précise, y'a de quoi », rit-elle jaune, se demandant s'il parlait du silence du radio, du baiser, de toutes ces promesses faites dans le vide, de la revoir ou de l'avoir jamais retrouvée.
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| Sujet: Re: Your shadow follows me all day, making sure that I'm okay and we're a million miles away •• alexis&dustin Dim 11 Oct 2015 - 13:29 | |
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« It's a dark and shiny place » We're lying on the moon, it's a perfect afternoon. Your shadow follows me all day, making sure that I'm okay and we're a million miles away © .bizzle
Il méritait qu’elle lui mène la vie dure à présent, il méritait qu’elle l’envoie bouler et qu’elle garde ses distances. Elle aurait toujours dû garder ses distances. Dustin avait sévèrement merdé, comme à peu près toutes les bonne choses dans sa vie, il n’avait pas su être à la hauteur. Alexis était sa meilleure amie, plus que cela même elle était une part de lui-même. Elle avait gagné sa place dans son coeur depuis bien longtemps et elle y avait logé depuis, sans même le savoir. Il avait gardé ses sentiments pour elle bien au chaud, ne laissant jamais rien paraitre malgré une immense affection et tendresse manifeste à son égard. Il l’appelait sa petite soeur, et il aurait pu passer des nuits entières à l’écouter parler des autres garçons qui occupaient son esprit. Pendant des années, ils avaient été l’un pour l’autre des confidents précieux. Il connaissait tout d’elle et elle connaissait tout de lui. Mais à présent, elle lui semblait étrangère. Il était prêt à se mettre à genoux, à la supplier de lui revenir, de ne pas l’abandonner, mais en avait-il encore le droit? Probablement pas, non. Pour être honnête, il n’avait sans doute plus le droit de rien avec elle, surtout pas après la manière dont il avait agi. Elle s’était livrée à lui, et ils s’étaient embrassés pour la première fois, laissant l’un et l’autre entrevoir les véritables sentiments qui les unissaient en secret. Au lieu de rester à ses côtés, au lieu de la serrer dans ses bras et de lui assurer une éternité d’amour et d’unité, Dustin avait simplement disparu. Tout s’était passé si vite, et à un moment de sa vie qui n’était pas évident… Partir en courant avait été plus fort que lui. Il était tombé amoureux d’un autre. Joshua. Ce nom lui faisait encore tourner la tête, et lui déchirait le coeur, mais pas autant que celui d’Alexis. Elle était l’amour de sa vie, il en était sûr. Il l’avait d’ailleurs toujours su. Mais devait-elle être sa plus belle histoire d’amour pour autant? Il en doutait. Il l’aimait, oui, mais était-ce suffisant? Suffisant pour les sauver tous les deux? À bien la regarder, il se demandait même si elle avait encore besoin d’être sauvée. Les choses se bousculaient encore dans la tête de Dustin, et à mesure que ses yeux croisaient ceux de la jolie Alexis, sa douce Alexis, il sentait son corps devenir de plus en plus lourd. Comme tétanisé par la réalité, il réalisait à quel point il avait été lâche. Il la suppliait d’être là pour lui, et c’était la pire injustice qu’il avait à lui faire subir sans doute. Comment osait-il la regarder dans les yeux et lui demander une telle chose alors que lui-même en avait été incapable? Alexis avait déjà été si forte… « J’ai sacrément merdé. » murmura-t-il alors qu’il savait pertinemment qu’elle avait raison. Au moins il en avait fini de se chercher des excuses. Il faisait face à la vérité, pour une fois, et s’il devait la perdre ce soir et pour toujours, il préférait être honnête avec elle.
Que lui était-il arrivé, telle était la question d’Alex. Il baissa la yeux quelques instants, laissa la question résonner dans son esprit. Que lui était-il arrivé? Il pouvait encore fuir, mais ç’aurait été la trahir une fois de plus et il ne pourrait jamais plus vivre avec lui-même s’il lui faisait à nouveau du mal. Il lui devait bien la vérité. « J’ai eu peur. » articula-t-il tandis que ses doigts avaient trouvé ceux d’Alex et qu’il les frôlait d’une légère caresse. « J’ai eu peur de ce qu’on allait devenir. Toi et moi. De ce qu’on allait faire. J’ai eu peur de tout gâcher. » Il lui avait dit cette nuit-là qu’il n’était pas un gentil garçon, qu’il allait sans doute lui faire du mal un jour ou l’autre, mais Alexis avait insisté et Dustin avait peu à peu cédé à la tentation. Il avait été faible, tout simplement parce qu’elle était sa plus grande faiblesse. Alexis était la seule et unique personne au monde capable de lui donner envie de vivre et mourir tout à la fois. Elle était la seule au monde capable de rassembler les différents morceaux de son coeur et de son âme pour les reconstruire à nouveau. Elle l’avait connu sous différents jours, l’avait vu au plus haut et au plus bas. Elle avait en elle de quoi le relever, et c’était pourquoi aujourd’hui il implorait son pardon. « J’ai rencontré quelqu’un d’autre. » lâcha-t-il finalement. Parce qu’il fallait bien qu’ils en parlent de toute façon. « J’ai aimé très fort, et j’ai tenté d’oublier que t’existais. Je ne sais pas pourquoi, ça m’avait l’air tellement plus simple que d’accepter mes sentiments pour toi. J’ai aimé très fort, mais comparé à ce que tu m’as fait ressentir Alexis, ce n’était rien. » Comment pouvait-il lui expliquer sa relation avec Joshua? Comment résumer des mois de passion? Une passion qui s’était finalement avérée destructrice puisqu’il avait à présent le coeur brisé par un homme qu’il ne reverrait peut-être plus jamais. Cette pensée même lui faisait mal. « Je ne veux pas te mentir Alex. » Il y avait déjà eu trop de mensonges et il ne pouvait plus en prendre d’avantage. « J’ai été égoïste. Je me suis convaincu que c’était la bonne solution pour nous deux, parce que je pensais que ça ne pourrait jamais marcher entre nous. J’ai eu peur de te détruire, et de perdre la seule amie que j’ai jamais eu. Mais j’ai été con, et le résultat que j’ai voulu éviter est pourtant celui que j’ai obtenu. » Dustin se sentait si minable. Il ne pouvait pas retourner dans le temps et changer les choses, mais il espérait qu’elle lui pardonne un jour la bêtise qu’il avait commise. « J’ai besoin de toi, et je sais que c’est injuste, mais j’ai … tellement… besoin de toi. » Ses yeux brillaient et il avait la voix tremblante. Sa main qu’il avait gardé tendu vers elle commençait à trembler sévèrement. Il avait l’impression d’être sur le point de s’écrouler si bien qu’il dû se recroqueviller légèrement sur lui même. Une douleur intense s’empara de son ventre et Dustin se retrouva plié en deux devant Alex. Il se tourna presque violemment, soudainement prit par une toux incontrôlée suivit de spasmes douloureux. Du sang sortait de sa bouche à chaque fois qu’il toussait, il dû cracher avant de s’essuyer la boucher avec le revers de sa main. Pour la première fois de sa vie, il se sentait réellement honteux de l’état dans lequel il était. Il était misérable, dans tous les sens du terme, et il détestait l’idée qu’elle le voit ainsi. « Je suis désolée de t’avoir donné un faux-espoir, d’avoir prétendu un seul instant être un mec bien, d’être disparu pendant des mois sans donner de nouvelles. Tu ne méritais pas ça. Je suis désolée de t’avoir fait du mal Alex. » Toujours plié en deux, il articulait chaque mot du mieux qu’il le pouvait. « Mais je ne suis pas désolé de t’avoir embrassé. » L’empreinte de ses lèvres demeuraient à jamais sur les siennes. S’il ne se dégoûtait pas tant lui-même, sans doute même qu’il aurait cherché à nouveau ce contact de leurs bouches. « J’ai fini de nier ce que je ressens pour toi…. J’ai fini de te faire du mal. » Il voulait recommencer à zéro, avoir le droit à une dernière chance. Juste une dernière. Et il priait de tout son être pour qu’il ne soit pas déjà trop tard. |
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| Sujet: Re: Your shadow follows me all day, making sure that I'm okay and we're a million miles away •• alexis&dustin Mar 13 Oct 2015 - 20:26 | |
| Aussi bizarre que celui puisse paraître, Alexis avait refait sa vie. Elle avait des défauts, cette nouvelle vie, mais pour la première fois depuis plusieurs années, elle avait aussi des qualités. Pour la première fois depuis des années, c'était cette drôle de force qu'était l'envie qui la tirait du lit tous les matins. Elle savait alors, en ouvrait les yeux, prête à quitter ses draps, que sa mère ne serait pas la première personne qu'elle verrait. Elle se réveillait face au visage encore endormi de son copain, son beau Nolan, ou si, ce n'était pas le cas, elle savait que Judy serait probablement la première personne qu'elle croiserait dans la journée, au détour d'une tasse de café ou d'une dispute pour la salle de bain. A dire vrai, le pire des cas serait encore de croiser Chloé la première, mais même la drôle de relation qu'elle entretenait avec son amie d'autrefois était loin de pouvoir rivaliser avec le sentiment d'insécurité qui s'emparait d'elle lorsqu'elle se retrouvait face à sa mère, cette éternelle inquisitrice à la recherche du moindre espoir qui pouvait germer dans le cœur de la blonde prête à l'anéantir sous prétexte de la ramener à la dure réalité. C'était pour ses parents, pourtant, et sous leur regard sévère, qu'elle était entrée en désintox', mais qu'est-ce que cette réalité-là lui avait apporté de si beau ? Un job au Pim's, un job que même ses cartésiens de parents n'approuvaient pas ? Ce n'était pas cette vie qu'elle voulait. Cette vie était triste, morne, monotone. Elle ne menait à rien, cette vie... mais elle comptait à présent un point positif ; elle était finie. Les preuves s'accumulaient : Alexis était bel et bien passée à autre chose. Nolan lui avait donné cette force : en croyant en leur relation au point de rompre ses fiançailles, il lui avait prouvé qu'Alexis Fackrell pouvait encore être aimée. Et si Dustin avait été à deux doigts de jouer ce rôle-là, il s'était pourtant dérobé, et avait fui, laissant derrière lui une Alexis plus faible que jamais, anéantie par son meilleur ami, son confident... celui de qui elle avait espéré davantage, le temps d'un premier baiser alimenté par l'espoir et les promesses de cet amour dévoilé au grand jour, avoué sans plus aucune honte ou restriction. Il avait été là, juste devant eux, cet amour qu'elle avait éprouvé pour lui depuis le premier jour, depuis qu'elle avait croisé ce regard bleuté et pétillant au détour d'une blague graveleuse de Samuel. Et puis, tout avait disparu. Cette proximité qui avait toujours été la leur et cette intimité naissante s'était volatilisé avec Dustin. Alex lui avait écrit une fois, puis deux, puis avait abandonné. Elle ne comprenait pas. Elle ne comprenait pas qu'il la laisse derrière lui sans même lui dire au revoir, elle ne comprenait pas qu'il ne veuille même plus de cette amitié tout juste retrouvée. Ils étaient tellement plus que de vieux amis... comment avait-il pu disparaître de la sorte ? Elle s'était imaginé le pire à son sujet... Elle le savait aussi instable qu'elle, et si cette drôle de fragilité était sans doute au moins en partie ce qui les liait, Alex avait peur qu'elle soit ce qui les sépare. Elle avait arrêté toutes ces saloperies... Mais lui ? Et s'il était dans atelier, qu'il gisait au sol, inanimé ? Et si elle était la seule à se poser à cette question ? Et si... et si ? Elle s'était retenue des dizaines de fois d'aller le voir, d'insister, de lui écrire, de l'appeler... mais elle n'était pas de ces filles-là, elle n'était pas de ces filles qui ne vivent que pour pourrir la vie d'un homme qui ne veut pas d'elle. Et elle avait abandonné, battant en retraite avec l'idée sournoise d'avoir perdu encore plus que ce qu'elle avait gagné ce soir-là, l'espace d'un instant.
Car Dustin n'était pas ce crush de jeune fille. Pas seulement. Pendant près de cinq ans, il avait été son second frère, son confident, celui qui l'écoutait, quoi qu'elle avait à dire. Il avait écouté ses questionnements les plus farfelus, ri aux mêmes blagues pas drôles; lorsqu'ils étaient en pleine descente, il était resté assis à côté d'elle, d'un silence d'or, et ils avaient attendu ensemble. Ils s'était dépannés l'un et l'autre pour assouvir leurs besoins toxiques, et ils avaient discuté le pire comme le meilleur, partagé les moments de déchéance comme les moments de défonce ou leurs rares moments de lucidité. Ils avaient vécu pour ainsi dire ensemble, et ils avaient tout su l'un de l'autre. Que s'était-il donc passé ? Qu'est-ce qui les avait brisés de la sorte, au point de créer un gouffre infranchissable entre deux personnes qui avaient tout représenté l'une pour l'autre ?
Ces questionnements n'avaient plus lieu d'être. Plus là, plus maintenant. Dustin était devant elle. Il venait de réapparaître alors qu'elle en avait abandonné l'idée voilà bien longtemps. D'autres interrogations venaient maintenant remplacer les premières, mais celles-là, elle était loin de pouvoir y apporter une amorce de réponse. Que faisait-il là ? Pourquoi maintenant ? Pourquoi elle ? Et surtout... comment était-elle supposé réagir ? Y avait-il, quelque part, un guide pour aider à affronter ce genre de confrontations ? Parce que là, pour tout dire... elle était perdue. Tant de choses s'étaient passées depuis la dernière. Tant de jolies choses, et pourtant, il lui avait toujours manqué son grand frère de cœur, son meilleur ami. Il n'avait pas été là pour être témoin de sa tentative à reprendre pied, mais peut-être que les choses auraient encore été différentes s'il avait été là... elle n'aurait peut-être pas écrit à Nolan, et ne lui aurait peut-être jamais donné envie de briser ses fiançailles. Elle ne serait peut-être pas retournée avec lui, mais, encore une fois, tant de choses semblaient tenir à un fil... Puisqu'il était révolu, il n'y avait plus de raisons de débattre du passé. L'avenir n'existait pas encore, et Alexis, plus que quiconque, savait qu'elle n'en savait absolument rien. Dans le présent, tout était différent. C'était le seul moment où elle pouvait faire basculer les choses d'un côté ou d'un autre. Et à ce moment précis, elle savait qu'un choix s'imposait à elle. Elle pouvait décider de laisser Dustin à ses soucis, le savoir souffrir autant qu'elle avait souffert à son départ... ou elle pouvait avoir le cœur de passer à autre chose, avec son meilleur ami à ses côtés. Et ce pouvoir-là, ce pouvoir du choix, elle était la seule à l'avoir. Elle le savait. Elle avait tant souffert du départ du jeune homme qu'elle semblait à présent se complaire dans le désarroi de ce dernier. C'était cruel, c'était bas, impitoyable, dur et brutal, mais c'était aussi humain. Et Alexis, à ce moment-là, représentait l'humanité dans tout ce qu'elle avait de plus faible, de plus triste et de plus instinctif : une part d'elle voulait se venger. Pour toutes ces nuits qu'elle avait passé à se demander où il était, s'il était encore vivant, s'il pensait à elle ou s'il était déjà passé à son amour suivant, lui qui aimait si facilement. Pour tous ces services au Pim's pendant lesquels elle se demandait s'il finirait par apparaître, caché à une table dissimulée par l'atmosphère sombre du bar ou à la sortie nocturne des membres du personnel. Pour tous ces moments où, dans la rue, elle avait cru reconnaître sa silhouette, puis réalisé que ce n'était pas lui, que ce ne serait jamais lui. Pour ces drôles d'instants qu'elle avait passés face au répertoire de son portable, rageant entre l'envie de supprimer ce contact et celui de l'appeler jusqu'à ce qu'il réponde, pour finalement verrouiller l'appareil sans oser faire l'un ou l'autre.
Et maintenant, il était là. La vengeance serait si simple. Pas facile, mais elle serait simple. Elle n'avait qu'à tourner le dos et reprendre son service, l'air de rien. Mais même si elle était humaine... elle était humaine, aussi. Et cette autre part d'humanité qui se battait vaillamment dans sa conscience, c'était cette envie incomparable de le retrouver. De l'aider, de le voir sourire, comme avant. De poser sa tête sur son épaule, même s'il allait éternuer juste après et se moquer d'elle. D'allumer la télé et de commenter toutes les émissions les plus débiles des chaînes publiques. Chloé ne connaissait pas Dustin, mais elle n'aurait pas le choix. Tout comme finalement, Alex n'avait pas le choix. Depuis le début, elle le savait. Ce choix auquel elle avait cru quelques instants n'était qu'un mirage; il n'existait pas et n'avait jamais existé. Comme lui l'avait pardonnée un an plus tôt, elle devait le pardonner. Pour les mêmes raisons, sans doute : parce que ces raisons-là ne pouvaient pas se résumer à une ou deux phrases, ou même à un roman. Ces raisons-là, elles étaient simples, et ce n'était même pas une histoire de conscience humaine, de bonté, ou de n'importe quelle connerie du genre. Ces raisons-là étaient égoïstes. Ces raisons-là pouvaient se résumer à un mot, un nom : Dustin. C'était tout ce qu'elle avait besoin de savoir pour réaliser que non, en réalité, aucun dilemme ne s'était jamais imposé à elle. Depuis le début, elle avait la réponse. Et lui aussi avait déjà la réponse... « J’ai sacrément merdé » continuait-il à s'excuser, se pliant au drôle de rituel que semblait imposer la blonde. « Sans déconner », grommela-t-elle en levant les yeux au ciel, sachant pertinemment que ces répliques-là étaient les dernières du genre qu'elle se donnait le droit de lui asséner. « J’ai eu peur. » Il commençait maintenant à s'expliquer, répondant ainsi à la première ouverture d'Alexis. Ils auraient tellement de choses à se dire, à se raconter, à éclaircir... mais la première chose que la serveuse voulait comprendre, c'était ce qui s'était passé. Tout aurait pu être simple, un an en arrière... plus simple et un peu plus compliqué, d'ailleurs. Mais au moins, ils auraient été ensemble. Et Alex ne comprenait pas. Même avec les mois qui avaient défilé et les hypothèses qu'elle avait émises jour après jour pour expliquer ce recul soudain de Dustin, elle n'avait pas réussi à comprendre ce qui avait pu le tenir si éloigné d'elle. Lui qui lui avait tant promis... Il était pourtant là, tout près d'elle. Le contact de leurs mains lui faisait tout drôle, mais elle s'interdisait de laisser transparaître le moindre frisson. Ses mains étaient gelées, plus encore que les siennes. Elle avait envie de le faire taire et envie de comprendre, elle avait envie de le prendre dans ses bras, de le serrer fort jusqu'à l'étouffer, et elle avait envie de le gifler. Elle avait envie de rire et de pleurer en même temps, de lui dire qu'il lui avait manqué et qu'elle avait refait sa vie sans lui. Mais au lieu de tout cela, elle restait silencieuse, immobile, écoutant ce qu'il avait à dire, alors que son regard, à présent attristé, s'était posé sur la main du jeune homme, qui caressait doucement, presque timidement, la sienne. « J’ai eu peur de ce qu’on allait devenir. Toi et moi. De ce qu’on allait faire. J’ai eu peur de tout gâcher. » Elle détourna brièvement sa tête. C'était facile, cette excuse. C'était déjà celle qu'il avait utilisée lorsqu'il l'avait embrassée : on ne peut pas, ce n'est pas possible, on n'a pas le droit. Et pourtant... leurs lèvres s'étaient bien trouvées, et ce baiser, loin d'être anodin, avait révélé tout ce qu'elle ne lui avait jamais dit, et tout ce qu'elle espérait de lui et de leurs sentiments, qu'ils se crachaient l'un à l'autre, en vrac, avec leurs faiblesses, leurs peurs et leurs frêles espoirs. « T'as pas eu peur de tout gâcher quand t'es parti... » lâcha-t-elle alors que les larmes lui montaient aux yeux. Mais après un bref instant de silence, c'est l'annonce de Dustin qui l'anéantit pour de bon, à son tour.
« J’ai rencontré quelqu'un d’autre. » Elle n'avait pas le droit de dire quoi que ce soit. Elle n'avait pas le droit d'être jalouse ou de lui demander des comptes. Elle n'avait le droit de rien; ce ne serait pas justifié, ce serait hypocrite et égoïste de sa part, mais oui, Alexis était toujours humaine... « J’ai aimé très fort, et j’ai tenté d’oublier que t’existais. Je ne sais pas pourquoi, ça m’avait l’air tellement plus simple que d’accepter mes sentiments pour toi. J’ai aimé très fort, mais comparé à ce que tu m’as fait ressentir Alexis, ce n’était rien » Son regard humide s'était relevé vers lui alors qu'elle essayait de sonder celui du brun. Se posait une nouvelle question sans fin, à laquelle elle venait seulement de songer : qu'attendait-il exactement ? Comment pouvait-elle lui dire que... Nolan ?« Je ne veux pas te mentir Alex. » Elle ne bougeait plus, pétrifiée à l'idée de Dustin avec une autre femme ou un autre homme. Mais c'était insensé et irraisonnable. Lui était parti, il avait refait sa vie... Elle l'avait regardé partir, et elle avait refait sa vie. Les choses étaient aussi simples que cela. Du moins, elles étaient censées l'être. « J’ai été égoïste. Je me suis convaincu que c’était la bonne solution pour nous deux, parce que je pensais que ça ne pourrait jamais marcher entre nous. J’ai eu peur de te détruire, et de perdre la seule amie que j’ai jamais eu. Mais j’ai été con, et le résultat que j’ai voulu éviter est pourtant celui que j’ai obtenu. » Ouais, visiblement. Il ne manquerait plus qu'il lui dise qu'il avait rompu avec sa conquête pour elle... HAHA, elle les faisait comme des mouches, ces hommes ! « J’ai besoin de toi, et je sais que c’est injuste, mais j’ai … tellement… besoin de toi. » Elle voulait le faire taire, à présent. Elle qui avait tant cherché à le faire parler, à le faire s'expliquer, ne souhaitait maintenant plus qu'une chose : qu'il la boucle. Il tournait en rond, il lui disait tout un tas de choses qu'elle avait besoin d'entendre mais qu'elle ne voulait plus entendre. Ses prières furent bientôt entendues, puisque, subitement, Dustin se recroquevilla sur lui-même, lâchant sa main pour la porter à son ventre. Prise de panique, Alex se pencha vers lui, ne sachant que faire. Elle regarda partout autour d'eux, cherchant de l'aide, mais ne put que constater que la petite ruelle à l'arrière des bars était bel et bien une petite ruelle derrière les bars, une petite ruelle occupée principalement par des chats de gouttière et des serveurs en pause. Aucun des deux ne lui serait d'aucune utilité, de toute façon. « DUSTIN » cria-t-elle, paniquée, en le voyant à présent cracher du sang entre deux quintes de toux violentes. Mais il ne se taisait pas... « Je suis désolée de t’avoir donné un faux-espoir, d’avoir prétendu un seul instant être un mec bien, d’être disparu pendant des mois sans donner de nouvelles. Tu ne méritais pas ça. Je suis désolée de t’avoir fait du mal Alex. » Elle allait le frapper. Elle était en colère, maintenant. L'état dans lequel il était était encore pire que ce qu'elle avait imaginé. « Mais je ne suis pas désolé de t’avoir embrassé. » Arrêt sur image. Elle s'était agenouillée à côté lui, le contact froid de l'asphalte sur ses jambes nues lui procurant plus de frissons encore. Elle lui avait attrapé l'épaule, pour s'assurer, dans un raisonnement bête, qu'il ne s'écroulerait pas par terre. Sans fioritures, elle essaya de deux doigts du sang qui commençait déjà à sécher au coin de ses lèvres. Elle avait envie de lui dire tant de choses, elle aussi... Elle n'était pas désolée de ce baiser, elle n'était désolée de rien de ce qu'elle avait pu lui dire. Mais maintenant, elle le savait, c'était elle qui allait lui faire du mal. « J’ai fini de nier ce que je ressens pour toi…. J’ai fini de te faire du mal. » A nouveau, elle ne pouvait plus le regarder. Parce qu'elle ne voulait pas voir son regard lorsqu'elle lui annoncerait... « Nolan et moi, on est de nouveau ensemble. » Quelques mots, pas plus. Elle n'arriverait pas. Elle ne voulait pas s'étendre, et, en réalité, si elle avait pu lui mentir, elle l'aurait fait. Mais elle ne pouvait pas lui faire ça, et elle ne pouvait pas faire ça à Nolan non plus. Elle était éperdument amoureuse de lui, et elle était heureuse. Alors pourquoi était-ce si douloureux d'avoir à annoncer une nouvelle aussi salutaire que celle-là ? Elle ne voulait toujours pas affronter son regard. Le sien s'était perdu sur sa main, posée sur l'asphalte, à côté d'elle. Elle le savait, quelque chose s'était brisé entre eux. La confiance qu'il pouvait avoir en elle. Il allait peut-être la quitter à nouveau, d'ailleurs. « Qu'est-ce que t'as fait ? Ça ressemble pas à une soupe mal digérée... » tenta-t-elle de dédramatiser la situation, alors qu'elle-même n'y avait pas le cœur. « Dustin, je... » elle avait secoué la tête, comme pour se convaincre d'oser le regarder à nouveau. Son regard bleuté, attristé et fatigué, accroche celui de Dustin. « T'en va plus. Je t'aime, et je t'aimerai toujours. Jsuis heureuse, mais... » Elle passa la main dans les cheveux emmêlés du brun. « ... mais avec toi, je serai encore plus heureuse. J'ai besoin de toi... » Les sourcils froncés, elle finit par frôler le ventre de Dustin de ses doigts glacés, inquiétée par ce qui s'était passé quelques instants auparavant.
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| Sujet: Re: Your shadow follows me all day, making sure that I'm okay and we're a million miles away •• alexis&dustin Mer 18 Nov 2015 - 11:41 | |
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« It's a dark and shiny place » We're lying on the moon, it's a perfect afternoon. Your shadow follows me all day, making sure that I'm okay and we're a million miles away © .bizzle
Il se souvenait encore comme si c’était hier du jour où leurs routes s’étaient croisées pour la première fois. Alexis avait tout d’une fille brillante, légèrement paumée mais brillante quand même. Elle avait un sourire à vous en bouleverser, et un rire qui vous donnait envie de rire avec elle. Dustin se souvenait de leur rencontre et de toutes les rencontres qui avaient suivi. Ils avaient été des amis si précieux l’un pour l’autre, il se demandait encore comment ils avaient pu en arriver là. Alexis avait tellement changé après toutes ces années passées, et quelque part il s’en voulait. Il n’y avait pas pensé depuis longtemps, mais ce soir tout lui revenait en pleine figure, comme lorsqu’il avait appris qu’elle était partie pour se faire soigner et aller mieux. Il portait en lui la culpabilité de l’avoir entrainé dans ce monde où lui-même se complaisait depuis tant d’années. Alexis avait tout pour elle, mais il semblait que quelque part le long du chemin, elle avait fini par s’égarer complètement et qu’elle avait perdu ce petit quelque chose qu’elle possédait auparavant. Son innocence, peut-être. Il ne savait pas exactement ce dont il s’agissait lui-même, Dustin était bien incapable de mettre le doigt dessus. Mais il savait au plus profond de lui qu’il avait été néfaste pour Alex. Sans le vouloir, il lui avait fait du mal, bien avant qu’il ne lui en face à nouveau plus ou moins volontairement. En fait, il avait commencé à la détruire à la minute même où ses yeux s’étaient posés sur elle. Et pourtant, il l’aimait. Pourtant, même s’il savait bien qu’elle avait tous les droits de le haïr et de le blamer pour ses malheurs, il l’aimait et il savait à présent qu’elle l’aimait aussi. Du moins, elle l’avait aimé. Il ne savait pas vraiment si c’était toujours le cas après le sale coup qu’il lui avait fait. Qu’allait-il faire si elle aussi cessait de l’aimer, comme Joshua semblait l’avoir fait…? Qu’allait-il devenir si l’amour lui était à présent refusé? Dustin était peut-être accro à des substances douteuses, tout un tas de cochonneries qu’il n’hésitait pas à imposer à son corps, sa drogue absolue restait pourtant l’amour. Peut-être était-ce même la seule chose qui le gardait encore en vie. Aimer, c’était ce qui donnait un sens à sa vie et ce qui rendait son existence misérable un peu plus supportable. Depuis qu’il s’était séparé de Joshua, il broyait du noir, et il n’arrivait plus à penser correctement. S’il perdait Alexis pour de bon, que lui resterait-il? Il ne pouvait pas l’imaginer, c’était trop pour lui. Il l’aimait et il était enfin prêt à assumer ses sentiments, à leur faire face… Il n’était pas certain de savoir ce qu’il attendait d’elle, ni même de lui-même, mais il avait besoin de lui dire la vérité et il avait besoin qu’elle sache qu’il était fin prêt. Il ne voulait plus lui faire de mal, plus jamais. Et il avait tant besoin d’elle. Il ne pouvait plus courir et cacher ce qu’il éprouvait réellement, il était fatigué de se mentir et de lui mentir, et il était fatigué de la garder à distance. Son absence dans sa vie était devenue trop lourde à porter, et il subissait la distance comme le pire des châtiments. Son sourire apparaissait encore devant ses yeux lorsque dans ses nuits solitaires il était bien incapable de trouver le sommeil. Il s’imaginait pouvoir la serrer dans ses bras, enfouir son visage dans ses beaux cheveux blonds… Elle lui manquait terriblement comme amie, mais elle commençait à présent à lui manquer comme amante, alors même qu’ils ne s’étaient encore jamais touchés au delà de leur premier et unique baiser. Pourtant, Dustin estimait que sa relation avec Alexis avait dépassé le stade de la simple amitié depuis bien longtemps. De ce qu’il avait compris à leur situation, ils s’étaient tous les deux voilé la face, et avaient chacun de leur côté refoulé leurs sentiments pour se protéger et protéger l’autre. En vain, très clairement. Elle avait gagné sa place dans son coeur au premier regard, et rien ni personne n’avait encore jamais pu l’en déloger. Il l’avait aimé en silence, avait tout fait pour ignorer ses propres sentiments à son égard, et il s’était contenté de la place du frère de coeur. Cette place lui avait valu des confidences qu’il n’aurait peut-être jamais pu avoir autrement. Il avait toujours senti une certaine connexion avec Alexis, unis par une confiance absolue l’un envers l’autre, un profond respect et une immense tendresse. C’était cela qui l’avait toujours poussé à garder le silence. Ils avaient eu quelque chose de beau, sans franchir le pas. Ils avaient eu droit à une amitié profonde, une amitié unique, un lien qu’eux seuls pouvaient comprendre…. C’était déjà tellement plus que tout ce qu’il pouvait espérer.
Elle n’avait plus rien de la petite adolescente fragile qu’il avait connu. Elle savait lui tenir tête et l’envoyer chier. Il n’en avait pas l’habitude, et même si cela lui faisait un mal fou de la savoir fâchée, il ressentait aussi une grande fierté à son égard. Elle avait raison de ne lui en vouloir, elle avait raison d’être en colère et de ne pas lui pardonner comme si de rien n’était. Il y avait des comptes à régler et Dustin, s’il voulait vraiment arrêter de fuir ses problèmes, se devait d’affronter la situation en grand garçon. Il assumait pleinement ses erreurs, sachant pertinemment qu’il avait été con et qu’il avait à se reprocher une grande partie des dégâts provoqués. Elle était peut-être sa longue bouffée d’oxygène dans ce monde, mais lui il n’était rien d’autre que la cause de son asphyxie à elle. Il ne pouvait plus se faire cela à l’un et à l’autre. Peut-être que la laisser partir restait encore la meilleure solution… Peut-être qu’il avait raté son tour et qu’à présent il était trop tard. Est-ce que cela valait encore la peine de se battre si cela finissait par les détruire complètement. Elle n’avait pas besoin qu’il l’entraine à nouveau dans leurs vieux démons à tous les deux. Il était encore dedans jusqu’au cou, mais elle semblait aller tellement mieux. C’était injuste de vouloir à nouveau l’avoir à ses côtés quitte à la mettre en danger. Jusqu’à quel point continuerait-il d’être un égoïste? N’était-il pas temps pour lui d’arrêter? Les pensées continuaient de s’enchainer dans son esprit et à mesure que les mots s’échappaient d’entre ses lèvres, Dustin perdait peu à peu conscience. Il commençait déjà à oublier où il était, et l’heure qu’il était. Le monde sembla cesser de tourner quelques instants, alors qu’il essayait d’expliquer ses erreurs et que leurs doigts se rencontraient pour la première fois depuis des mois. Il reconnaissait la douceur de ses mains, la tendresse de ses gestes malgré une distance entre eux maintenue et une certaine hésitation. Elle ne se donnait pas totalement à lui, mais ne le repoussait pas non plus totalement. Si Alexis n’avait pas vraiment voulu de lui, elle aurait pu appeler la sécurité et leur demander de se débarrasser de Dustin. Elle aurait pu lui claquer la porte au nez. Elle aurait pu lui hurler dessus, lui dire de la laisser tranquille… Mais elle n’avait rien fait de tout cela. Elle n’avait pas rejeté ses doigts se faufilant gentiment sur les siens, et peut-être ne lui refuserait-elle pas une étreinte réconfortante s’il la lui demandait. Il avait tant envie de la serrer dans ses bras. Lui qui avait tout fait pour maintenant la distance, se trouvait à présent à vouloir à tout prix la briser.
Il était dans un état pitoyable. Il était tombé plus bas que terre, et si cela lui était déjà arrivé auparavant, cette fois-ci avait un goût différent. Autrefois, lorsqu’il tombait, il vivait toujours avec l’espoir de se relever. Il se donnait quelques jours de misère avant de rebondir et de continuer à avancer. Cette fois-ci, Dustin ne semblait plus rien éprouver. Ni espoir, ni envie de se battre, ni quoi que ce soit d’autre. Pour un artiste, cette absence de sensation était la pire des punitions, une torture même. Pour la première fois de sa vie, il avait simplement envie d’abandonner, purement et simplement. Aussi, lorsqu’il cessa de tousser bruyamment et de cracher ses tripes sur le sol, et qu’il l’entendit lui annoncer qu’elle était à nouveau avec Nolan, Dustin fut presque surpris de la sensation qui le parcouru. Il venait de ressentir quelque chose. Quelque chose d’abominablement désagréable, de complètement destructeur, mais quelque chose quand même. C’était comme un coup de poignard dans le coeur. Que dis-je, dix coups de poignards dans le coeur. En une phrase, elle venait de lui ouvrir le thorax, de lui arracher son coeur, de le piétiner un grand coup et elle le laissait là à agoniser. Pourtant, il chercha au plus profond de lui-même pour ne pas perdre d’avantage la face. Il avait envie de s’effondrer, de se laisser glisser au sol pour ne plus jamais se relever, mais il n’en fit rien. Il resta recroquevillé, déchiré par la douleur aussi physique que morale. Son regard se releva et chercha celui d’Alexis, mais elle le fuyait. « Oh. » fut tout ce qu’il eut la force d’articuler. Oh. C’était tout ce qui lui restait. Que pouvait-il répondre alors qu’il avait la sensation de la perdre pour toujours. Qu’y avait-il à dire de plus? Il sentait la situation devenir gênante, parce qu’il n’avait rien à dire à présent malgré son coeur lourd et son envie d’en dire tellement plus. Il y avait un milliard de choses qu’il voulait partager avec elle, mais si elle était avec Nolan, il n’y avait aucune raison de continuer à chercher à la conquérir. « C’est rien… » lâcha-t-il alors qu’elle demandait ce qu’il avait fait. Il tendit son bras couvert de bleus pour lui montrer. Il eut un petit rire avant de lui dire: « Les bonnes vieilles habitudes. » Elle savait ce que c’était, elle l’avait vu faire pendant des années. « Mais ça va. » Non, ça n’allait pas. Ça n’allait pas du tout. Il était complètement détruit, anéanti, mais pour elle il esquissait un sourire qui lui demandait toutes les forces qu’il avait encore. Il souriait pour ne pas se mettre à pleurer, parce qu’il savait qu’à l’instant même où il laisserait ses véritables sentiments prendre le dessus, il allait perdre le contrôle de tout. S’il se mettait à pleurer, il n’était pas sûr de savoir s’arrêter, et il ne voulait pas lui imposer une situation plus pitoyable encore. Quand enfin Alexis reprit la parole et qu’elle déclara l’aimer et avoir besoin de lui malgré son bonheur actuel, le coeur de Dustin se resserra dans sa poitrine. Pris d’une violente douleur qui sembla le parcourir dans tout son corps, il dû se recroqueviller d’avantage, sans pour autant perdre ce léger sourire qu’il arborait pour elle. C’était la chose la plus triste au monde. Cet homme-là était en train de dépérir sous les yeux de la fille qu’il aimait profondément, et ni l’un ni l’autre ni pouvait quoi que ce soit. « Je… » Lui aussi l’aimait. Il l’aimait tellement. Mais pouvait-il encore le dire sans s’effondrer? « Je…. » Ses lèvres semblaient se bloquer, refusant de laisser les mots s’articuler. « Je suis désolé. » Il porta ses mains à son visage avant de se laisser tomber par terre pour s’asseoir. Ses jambes ne tenaient plus, il n’avait aucune idée de comment il allait rentrer chez lui, mais pour l’instant il fallait qu’il soit assis. « Je suis désolé pour toutes les choses que je t’ai fait subir, pour toutes mes erreurs, pour les blessures que j’ai laissé béantes en toi. Je suis désolé de ne pas avoir été là. » Il s’en voulait tellement d’avoir été assez con pour la laisser filer. Maintenant c’était vraiment trop tard. Il n’arrivait plus à respirer, il manquait d’air. Elle n’était pas à lui, son coeur appartenait à un autre. « Alex, je veux tellement être heureux pour toi, parce que tu as l’air tellement bien, tellement heureuse… Tu le mérites plus que n’importe qui. » Comment pourrait-il jamais être heureux de la savoir dans les bras d’un autre? Il avait envie d’embrasser sa peau, sentir la chaleur de son corps sous ses lèvres, caresser ses courbes, apprendre à connaitre la moindre parcelle de peau qui lui était encore inconnue. Il avait envie de se perdre en elle, de lui faire l’amour comme il ne l’avait encore jamais fait à personne d’autre. Il avait envie de dormir dans ses bras toutes les nuits à venir, leurs deux corps l’un contre l’autre jusqu’au petit matin. Il rêvait de pouvoir jouer avec ses jolies mèches blondes sur l’oreiller tandis que le soleil se lèverait au dehors, chatouillant leurs membres dépassant de dessous les couvertures. Il avait envie de déposer des baisers sur son corps tout entier, de la serrer fort contre lui jusqu’à arrêter le temps, de l’aimer à l’infini et plus encore. « Mais si je te dis que je t’aime, ça n’aura jamais la même signification que dans ta bouche. Parce que je t’aime tellement fort. Pas comme une soeur. Pas comme une amie. Plus fort encore. Je veux être dans ta vie, mais je sais pas si j’aurais la force de te regarder en aimer un autre. » |
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| Sujet: Re: Your shadow follows me all day, making sure that I'm okay and we're a million miles away •• alexis&dustin Mar 24 Nov 2015 - 3:14 | |
| Les choses paraissaient si simples, depuis quelques temps. Comme si elles s'étaient imposées d'elles-mêmes, comme si à aucun moment d'autres voies avaient été envisageables. Tout semblait avoir découlé d'une logique infaillible, d'une suite d'événements déterminants, presque pré-établis. Sa vie avait été transformée en si peu de temps qu'elle en avait encore du mal à réaliser ce qui, pourtant, semblait bel et bien installé. Elle était heureuse. C'était ridicule de sa part, et sans doute encore plus égoïste, mais elle était heureuse. Elle n'avait peut-être pas eu besoin de déclics aberrants pour révolutionner sa vie. Il lui avait suffi du retour de deux personnes dans sa vie, et celle-ci avait complètement changé. Elle n'avait plus à supporter le regard de ses parents au quotidien. Elle avait son chez-elle, et même si elle le partageait avec quelqu'un qu'elle considérait à présent comme une connaissance, elle avait également pour colocataire celle qui avait toujours tout représenté à ses yeux. Nolan était à ses côtés chaque jour, et cette belle journée de Saint Valentin, qui avait sans doute marqué Mischa d'une toute autre façon, resterait à jamais gravé dans sa mémoire et dans son petit cœur estropié. On l'avait choisie. Nolan l'avait choisie. Il l'avait choisie face à une jolie brune que tout le monde lui aurait pourtant préférée. Elle n'avait pas vraiment su se l'expliquer, mais elle n'avait pas la force de remettre en question la décision de Nolan. Il était tout ce dont elle avait besoin. Il était l'espoir qu'elle avait perdu, l'amour dont elle avait tant besoin. Il représentait tout ce qu'elle avait été, tout ce qu'elle n'était plus, mais tout ce qu'elle était prête à reconstruire. Avec lui, elle se sentait à nouveau être. Mais pour la première fois depuis qu'elle avait retrouvé Nolan, elle se sentait coupable. Devant elle se tenait son meilleur ami, son confident, le seul être au monde qui pouvait se vanter de la connaître par cœur. Elle se demandait parfois ce qui avait pu les changer à ce point, ce qui avait pu rendre leur relation aussi inexplicable qu'elle l'était à présent. Alex avait quelques bribes de réponse... mais elle n'arrivait pas réellement à comprendre quelle avait été la faiblesse qui leur avait été fatale, eux qui avaient autrefois été si forts l'un auprès de l'autre. Tout semblait s'être volatilité. Et c'était sans doute elle qui avait été l'instigatrice de tout ça, en l'abandonnant comme elle avait abandonné Nolan et toute la bande qu'ils avaient formé un jour. Depuis lors, rien entre eux n'avait réellement réussi à se reconstruire. Il l'avait laissée comme elle l'avait laissée. Il l'avait quittée dans des circonstances qui l'avaient détruite. Elle n'avait pas pu se réconforter dans les bras de son grand frère, ni dans ceux de celui qui avait été à deux doigts d'être encore davantage. Il n'était plus son ami, il n'était plus son grand frère, et il ne serait jamais son copain. La voilà, la dure réalité. Voilà ce à quoi elle avait du faire face pendant des mois, isolée dans une amertume sans fin. Il lui avait promis le bonheur. Leur baiser, lui, lui avait promis tout ce qu'il n'avait pas réellement réussi à exprimer avec des mots. Ce soir-là, plus d'un an auparavant, elle avait réellement cru sortir de cette spirale qu'elle avait cru sans fin. Dustin aurait pu être celui qui l'aurait sauvée. Mais il avait été celui qui lui avait montré que même lorsqu'elle croyait sa situation désespérée, elle pouvait l'être encore plus. Il ne serait plus son ami. Il ne serait plus grand frère. Et jamais il ne serait cet homme qu'il lui avait fait miroiter. Jamais elle ne connaîtrait tout ce dont elle avait rêvé ce soir-là. Jamais elle ne connaîtrait la douceur de ses caresses provocantes, l'accueil de ses bras rassurants ou la chaleur de leurs peaux en feu se frottant l'une à l'autre. Elle ne connaîtrait même plus son sourire ou l'éclat qui étincelait dans son regard lorsqu'il la taquinait. Il n'y avait plus rien entre eux. Il n'y avait plus d'eux. Dustin et Alex n'existait plus en tant qu'entité.
Les mois avaient défilé, laissant une Alexis meurtrie par l'abandon tenter de se reconstruire. Et la vérité, c'était qu'elle avait réussi, et c'était ce sur quoi elle focalisait toute son attention. Pourtant, elle ne pouvait pas prétendre qu'elle ne pensait jamais à Dustin. A plusieurs reprises, elle avait secrètement pleuré dans la salle de bain de Nolan, se demandant où il était, en arrivait même à la conclusion malsaine qu'il n'était peut-être plus de ce monde. Elle n'arrivait pas vraiment à croire qu'il pouvait la laisser si longtemps sans nouvelles, d'autant plus après ce baiser, aussi timide que brûlant, qu'ils avaient partagé. Elle n'avait jamais expliqué à Nolan ce qui s'était passé, et avait inventé des excuses bidons pour expliquer chacune de ses crises de chagrin provoquées par l'incertitude. Elle ne voulait pas mêler Nolan à ça, et encore moins faire naître des doutes en lui. Pourtant, maintenant qu'elle faisait face à Dustin, c'était elle que les doutes assaillaient. Ils existaient encore, tous les deux. Ce drôle de truc qui avait toujours existé entre eux était encore là, sous une forme bizarre, inexplicable. Leur relation, quelle qu'elle soit, où qu'ils soient, existerait toujours. C'était évident, à présent. Tout ce qu'ils avaient été l'un pour l'autre ne pouvait pas disparaître. Tout ce qu'ils avaient crée, toute cette alchimie, cette tendresse et cet amour indicible, tout cela ne pouvait plus être effacé. Ce qu'ils avaient été serait toujours. Mais ce qu'ils auraient pu être ne serait jamais.
Pourtant, à cet instant, Alex était tiraillée entre deux envies. La première possibilité serait de prendre la fuite, de laisser Dustin derrière elle pour son propre bien-être et celui du couple qu'elle formait avec Nolan. Elle tirerait alors un trait définitif sur Dustin et tout ce qu'il représentait, l'espoir avorté d'une relation à laquelle elle penserait sans cesse. Et puis, il y avait cette seconde option, celle dont la prépondérance était certaine et et irrésistible : rester là. Le serrer contre elle. Le rassurer, l'aider, le soigner, l'aider à se relever, déposer un baiser sur son front comme si rien ne s'était passé entre eux, comme si elle n'avait jamais goûté à ses lèvres et que rien ne s'était passé dans son bas-ventre à ce moment-là, comme si elle n'avait jamais pensé à tout ce qu'ils auraient pu être, tout ce qu'ils auraient pu faire et devenir. Comme si elle n'avait jamais rêvé de ses étreintes, qui n'avaient alors plus rien d'amical ou de fraternel. Entre ces deux possibilités, existait-il un juste milieu ? Elle ne savait pas trop. Elle ne savait pas ce qui allait advenir d'eux, mais elle savait une chose : elle n'avait pas la force de lui tourner le dos. Elle n'avait pas la force de l'ignorer et de vivre sans lui, avec le poids d'en avoir décidé. Elle avait prié tellement de dieux et inventé presque autant de religions, espérant secrètement qu'une quelconque divinité lui ramènerait son ami, qu'elle ne pouvait pas se résoudre à l'ignorer. Pourtant, elle le réalisait à présent, certaines choses risquaient d'être délicate à lui annoncer. Malgré tout, elle ne pouvait rien lui cacher. Les choses devaient être clarifiées dès maintenant; c'était le meilleur moyen qu'ils avaient de se retrouver. « Oh. » Ce « oh », elle le voyait, elle en ressentait l'effet jusqu'au fond de ses tripes. Elle venait de marquer une nouvelle frontière entre eux, rétablissant comme ce contrat tacite qui leur avaient toujours interdit d'être autre chose que frère et sœur. Mais malgré ces années passées éloignés l'un de l'autre, elle le connaissait par cœur. Elle lisait son regard comme dans un livre ouvert. Elle décryptait ses traits, les plis de son front, la lueur livide qui brillait faiblement dans ses iris clairs. Et ce « oh » était bien plus que ce dont elle avait besoin pour comprendre ce qui se passait dans sa tête à ce moment-là. « C’est rien… » tentait-il de la persuader, alors qu'elle attrapait doucement le bras qu'il lui tendait. « Les bonnes vieilles habitudes. » Oui, les bonnes vieilles habitudes. Elle avait parfois tendance à l'oublier, que tout le monde n'avait pas suivi le même chemin qu'elle. Mais en cet instant, elle n'avait pas envie de succomber à cet appel, qui, malgré ses envies et ses efforts, restait omniprésent. Non, à ce moment, Alex avait juste envie de le serrer très fort contre elle. « Mais ça va. » Elle lâcha subitement son bras, fuyant à présent ce regard bleuté qu'elle aimait tant. « Je croyais qu'on se mentirait jamais, Dustin », asséna-t-elle, la gorge nouée. Elle souhaitait juste que les choses soient simples, pour une fois. Elle souhaitait qu'il lui dise la vérité, elle souhaitait qu'ils avancent simplement, à deux, que les choses deviennent à nouveau simples et belles entre eux. Elle souhaitait... elle souhaitait aussi ne pas ressentir ce drôle de magnétisme pour les lèvres du brun. Elle avait fait son choix; elle était restée à ses côtés. Mais elle n'était plus réellement sûre de pouvoir trouver un juste milieu à ce qui les lierait dorénavant. Elle ne l'avait jamais nié. Elle l'aimait. Elle l'aimait de tout son être. Mais aussi ridicule et contradictoire que ça puisse paraître, son cœur appartenait à Nolan. Et quelque part, il avait toujours appartenu à Nolan. Tandis que Dustin avait été son meilleur ami, son confident, son deuxième grand frère, Nolan avait été son premier homme, celui à qui elle s'était donnée entièrement. Et elle le réalisait maintenant, cet équilibre avait sans doute toujours été précaire. Une femme peut-elle aimer deux hommes sans être une salope ou une éternelle indécise ? Pourtant, les jeux étaient faits. C'était aux côtés de Nolan qu'elle se réveillait le matin, et elle n'avait pas le droit de faire part de ces choses-là à Dustin. Alors oui, elle lui mentait. Par omission, dirons-nous. « Je… » hésita-t-il plusieurs fois alors qu'elle espérait parvenir à un accord, aussi fragile soit-il. Elle ne voulait pas le perdre. Elle se plongerait à corps perdu dans leur amitié. Elle le retrouverait, son Dustin. Elle retrouverait cette part de sa famille qu'elle avait perdu depuis trop longtemps. Et ce serait suffisant. Son regard hésitant s'était à nouveau posé sur lui, qui se laissa tomber à terre. « Je suis désolé. » Cette situation semblait sans issue. La discussion paraissait irréelle. Son patron devait l'attendre à l'intérieur, mais elle n'en avait plus rien à faire. Pour toutes les fois où des clients avaient eu des gestes ou des paroles déplacés à son encontre sans qu'il ne bouge le petit doigt, il lui devait bien ces quelques minutes. Alors, attristée, et surtout perdue, Alex se laissa tomber à genou aux côtés du jeune homme. Elle ne savait pas où tout cela les mènerait. Car le pire pour elle là-dedans était sans doute qu'elle le sache pas où elle voulait que cela les mène. Elle n'était pas tellement convaincue par ses discours ou même par les convictions qu'elle se forçait à présent d'ancrer au plus profond de ses entrailles. « Tu l'as aimée ? » Au regard que Dustin lui lança, elle se sentit obligée d'ajouter : « cette personne dont tu m'as parlée. Tu l'as aimée ? » D'abord hésitante, elle finit par poser sa main froide sur la joue du peintre pour la caresser, doucement. « Je peux pas t'en vouloir d'avoir préféré quelqu'un que tu aimes. » Oui, elle s'en persuadait. Il fallait qu'elle s'ancre cette idée jusque dans le dernier de ses neurones. Mais à dire vrai, rien que l'idée qu'il ait pu aimer quelqu'un d'autre, ou pire, qu'il l'aime encore, la faisait trembler. C'était totalement injuste, d'ailleurs. Il avait choisi quelqu'un d'autre, et elle avait choisi Nolan. Tout aurait du être simple comme bonjour. Les choses auraient du s'arrêter là, et le débat être aussi inutile, au point même d'en devenir grotesque. Elle ne voulait pas être de ces femmes indécises qui enchaînent les hommes. Il n'y avait que Nolan, dans sa vie. Dustin avait pris sa décision un an auparavant. Et pourtant, tout à présent semblait remis en question.
Mais deux choses ne le seraient jamais : son amour pour Dustin, et son amour pour Nolan. A croire qu'elle était malformée, et qu'on lui avait attribué deux cœurs. « Mais si je te dis que je t’aime, ça n’aura jamais la même signification que dans ta bouche. Parce que je t’aime tellement fort. Pas comme une soeur. Pas comme une amie. Plus fort encore. Je veux être dans ta vie, mais je sais pas si j’aurais la force de te regarder en aimer un autre. » Et Dustin, lui, venait de lui asséner un coup fatal. Mais elle l'aimait, elle aussi. Et elle ne l'aimait pas non plus comme une sœur ou comme une amie. Mais elle n'avait pas le droit. Elle n'avait pas le droit de le lui dire, de lui donner de l'espoir comme il lui en avait donné au moment où elle se serait offerte toute entière à lui. « Alors tu préfères qu'on se quitte comme ça, qu'on se voie plus jamais ? » Elle ne pouvait pas lui dire qu'elle ne l'aimait pas. Elle ne voulait pas lui mentir, et elle ne voulait pas se mentir à elle-même. Mais elle s'interdisait d'être faible. Elle aimait Nolan de tout son être. Sa main avait glissé le long du bras du jeune homme jusqu'à se laisser tomber sur sa cuisse. Son regard évitait le sien, les larmes lui montaient aux yeux. Elle avait mal. Elle ne savait pas lequel de ses deux cœurs se brisait, mais l'un d'eux venait de rendre son dernier battement. Elle voulait s'échapper de ce moment, elle ne voulait pas avoir à prendre de décision, elle ne voulait pas avoir à tirer un trait sur cet homme-là. Mais voilà. Alexis aimait deux hommes. Les choses étaient à des années lumières de la définition du simple. « T'en va pas, me laisse pas encore. J'ai besoin de toi. On peut pas être heureux, comme avant ? C'était bien, avant. » Mais les choses ne seraient plus jamais simples.
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| Sujet: Re: Your shadow follows me all day, making sure that I'm okay and we're a million miles away •• alexis&dustin Jeu 17 Déc 2015 - 12:35 | |
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« It's a dark and shiny place » We're lying on the moon, it's a perfect afternoon. Your shadow follows me all day, making sure that I'm okay and we're a million miles away © .bizzle
« Qu’est-ce que tu veux que je te dise d’autre Alex? » Oui, il ne voulait plus lui mentir, mais que voulait-elle entendre au juste? Que ça n’allait pas du tout et que ça n’irait peut-être même plus jamais? Qu’il avait l’impression d’être au fond du gouffre? Qu’il sentait que si rien ne changeait, il allait y rester et y crever dans ce putain de trou miteux? Que pouvait-il dire d’autre? Il ne se faisait pas d’illusion et pourtant il ne pouvait se résoudre à lui dire ce qu’il ressentait vraiment. Ce n’était pas par volonté de lui mentir, mais il n’arrivait simplement pas à parler de ces choses-là. Et puis il voulait la protéger de tout cela. Alexis méritait tellement mieux que d’être à nouveau plongée dans les états d’âme d’un pauvre type comme lui. Elle était clean, mais son passé risquait à tout moment de la rattraper et à chaque fois qu’il parlait de drogue devant elle ou ne serait-ce qu’y faire allusion, il était pris par cette sorte de grosse claque qui lui rappelait qu’Alex s’était sauvée de tout cela et qu’il n’avait pas le droit, sous aucun prétexte, de la faire replonger. « Ça va. » répéta-t-il avec toute la conviction dont il était capable. Il avait besoin qu’elle le croit, car peut-être alors y croirait-il aussi. Et s’il croyait aller bien, peut-être que cela finirait pas se transformer en réalité? Il avait encore le droit de rêver. Lui dire que ça allait, c’était garder cette dernière petite pointe d’espoir en vie, c’était aussi lui donner l’espoir à elle qu’un jour les choses pourraient réellement s’arranger et que leur amitié renaitrait éventuellement de ses cendres. Il était à bout de force, prêt à lâcher prise et à se laisser engloutir par ce monstre qu’il trainait en boulet depuis des années. Ses démons étaient devenus au fil du temps des fantômes que Dustin se trainait avec lui, partout, à chaque instant, comme des vieux copains dont on ne se débarrassera jamais. D’abord par habitude et puis ensuite, parce que personne n’a jamais vraiment envie de se séparer de ce qui lui est familier. Dustin, même s’il savait les risques qu’il prenait, préférait continuer sur ce chemin. Advienne que pourra. Et pourtant, il était loin de s’en foutre. Parfois il songeait à sa propre mort et ce que cela ferait aux gens qui avaient un jour fait partie de sa vie. Il se demandait s’il manquerait à qui que ce soit… Ses parents? Ses ex? Ses frères? Ses vieux potes? Et puis toujours, son esprit errait jusqu’à ce doux prénom, ce visage angélique qui occupait constamment ses pensées… Alex. S’il mourrait, ne serait-elle pas celle qui en souffrirait le plus? Peut-être était-ce prétentieux de sa part, mais elle était la seule qu’il imaginait pleurer sur sa tombe. Pour tous les autres et pour lui-même y compris, il songeait seulement au soulagement que sa mort leur procurerait. Et malgré tout, il ne voulait pas mourir. Qui veillerait sur Alex? Et puis merde, elle avait Nolan maintenant. Alors sans doute que non, même elle ne pleurerait pas sur sa tombe. Sans doute que le soulagement s’emparerait d’elle aussi. Il était triste. Tellement triste. C’était comme s’il n’avait plus sa place nulle part, mais au final l’avait-il jamais vraiment eu quelque part? Ce sentiment terrible de se sentir minuscule et impuissant… Ça n’allait pas, mais elle n’avait pas besoin qu’il le lui dise pour le savoir. Elle devait lire en lui comme dans un livre ouvert, et quand bien même ce n’était pas très difficile étant donné l’état dans lequel il était, en particulier ce soir. Ça n’allait pas, mais jamais il n’avouerait le contraire, pas à haute voix. Il ne pouvait pas lui faire cela. Lui-même avait bien trop peur du jour où il dirait haut et fort ce qu’il avait vraiment sur le coeur. Ce serait la fin de tout, sa fin à lui surtout.
Jamais il n’avait pensé pouvoir supporter autant de douleur physique et morale à la fois. C’était dans des moments comme celui-là qu’il se souvenait encore pourquoi il avait commencé les drogues dures. Pendant un moment, il avait le sentiment de ne plus réellement exister et toute douleur disparaissait totalement. Pendant un court instant, il était libre et quel bonheur, putain. Quel bonheur que cette liberté éphémère. Et toujours, la chute était brutale. C’était ainsi qu’il recommençait, jour après jour. Le cercle vicieux ne s’arrêterait jamais, jusqu’à ce que la mort les sépare. Assis sur le sol, il était bien incapable de feindre le bonheur pour Alex. Il était tellement désolé de lui avoir fait de la peine, de l’avoir abandonné quand elle avait besoin de lui. Aujourd’hui il en payait le prix puisqu’elle appartenait maintenant à un autre et qu’à son tour elle lui échappait. Encore et toujours. Il se sentait bien con, mais au moins il avait pu articuler un semblant de réponse et partager avec elle le fond de sa pensée. Un frisson le parcouru alors qu’elle prit place à ses côtés, à genoux sur le goudron. Quand sa voix s’éleva à nouveau pour lui poser une question, Dustin resta d’abord surpris. Puis, parce qu’elle semblait sincèrement intéressée, il songea à Joshua. C’était de lui qu’il s’agissait. Elle voulait savoir s’il l’avait aimé. Il ne répondit pas tout de suite et la caresse qu’elle effectua sur sa joue le laissa immobile pendant quelques longues secondes. À chaque fois que leurs deux corps entraient en contact, il avait un truc en lui qui se réveillait brutalement et qui ne demandait qu’à vivre. Il sentait comme une force prendre forme au plus profond de ses entrailles et cela le retournait de l’intérieur et lui donnait le courage de tenir encore un peu, de continuer à la regarder droit dans les yeux, à ne pas s’enfuir en courant… « Oui, je l’ai aimé. » Il avait soudainement envie d’une clope. Vraiment. « Beaucoup. Beaucoup. Trop. » Il avait le mérite d’être honnête. « Mais tu sais, je ne crois pas à ce truc de l’amour unique. Je pense qu’on peut vivre plusieurs belles histoires, passionnelles, fusionnelles… Je crois qu’on peut aimer déraisonnablement plus d’une fois, qu’on peut tomber amoureux des dizaines de fois, sans perdre aucune authenticité, sans en rendre l’amour moins fort ou moins important. » Il prit un moment pour se reprendre. Un tremblement s’empara de tout son corps et il se retrouva à taper doucement du pied, nerveusement sans aucun doute. « Je l’ai aimé, ce type dont je t’ai parlé, mais ça ne veut pas dire que je n’ai pas pensé à toi ou que je n’avais plus aucun sentiment à ton égard. Je ne l’ai pas préféré à toi Alex. C’est plus compliqué que ça… » Compliqué, oui, cela l’était. Mais pouvait-elle comprendre sa vision de l’amour? Lui qui voyait le coeur comme cette chose capable de grandir encore et encore, cet organe assoiffé d’amour et d’expérience. « T’es celle vers qui tout revient toujours, quoi que je fasse. L’amour peut se démultiplier, mais il y a toujours cet amour ultime. Un amour originel. Et cet amour-là, pour moi, c’est toi. Simplement toi en tant que personne. Tu es celle vers qui mon coeur et mon esprit reviennent toujours. » Et pourtant, il avait vécu des tas d’autres histoires, bien avant même de s’autoriser à avouer son amour pour Alexis au delà de l’amitié. Son coeur, lui, avait toujours su ce que son esprit s’était donné tant de mal à enfouir.
Il ne savait pas s’il était humainement capable de la voir avec un autre. Plus maintenant. Maintenant que tout en lui semblait clair, qu’il avait compris qu’elle était à l’origine de tout, il n’était plus sûr de pouvoir continuer à en aimer d’autres aussi fort qu’il l’aimait elle. Il la désirait comme jamais il n’avait désiré personne, pas même Joshua. Il n’y avait plus rien de fraternelle dans sa vision de leur relation à présent, et elle le savait. Comment vivre avec le fait d’être passé à côté d’Alex, d’être arrivé trop tôt ou trop tard? « Je sais pas… » Répondit-il alors qu’elle lui demandait s’il préférait qu’ils ne se voient plus jamais. « Je sais vraiment pas. » . Et pour une fois, véritablement, il ne savait pas quoi faire. Rester allait le tuer, mais partir aussi. Dans l’un ou l’autre des cas, il finirait par souffrir et elle avec. Elle avait raison, c’était bien avant. Mais ils savaient tous les deux qu’avant était une époque révolue. Il ne pouvait pourtant rien lui répondre, sa gorge était nouée. Les yeux brillants, il resta un moment à simplement la regarder et finalement, il l’attira vers lui, passa ses deux bras autour d’elle, et la serra fort. Il avait juste besoin d’un moment de tendresse, sans parler des sentiments, ni du passé, ni de l’avenir. Il voulait juste la serrer contre lui, sentir sa présence avant qu’elle ne lui échappe pour de bon. Un câlin, un énorme câlin pour réparer ce qui était brisé à l’intérieur… Une dernière chance, un dernier espoir…Dans cette étreinte au moins, ils étaient tous les deux réunis, et ce moment-là, personne ne pourrait jamais le leur reprendre. |
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| Sujet: Re: Your shadow follows me all day, making sure that I'm okay and we're a million miles away •• alexis&dustin Ven 1 Jan 2016 - 18:22 | |
| C'était trop dur pour Alex. Une nouvelle fois, elle se retrouvait face à un mur impossible à dépasser. Devant elle se tenait cet homme, l'homme qui avait tout représenté pour elle, et qui aurait pu représenter encore tellement plus. C'était la première fois qu'elle le voyait en un an, et si quelques jours auparavant on lui aurait dit qu'il se pointerait derrière le Pim's pour la retrouver, elle aurait sans doute explosé le rire. Ça avait été difficile et ça avait même relevé de l'impossible, mais elle avait fait le deuil de tout ce qui avait pu la lier à Dustin. Elle s'était faite à l'idée qu'ils ne seraient jamais plus qu'amis, et, pire encore, qu'ils ne se côtoieraient sans doute jamais plus. Le message qu'il lui avait envoyé en ignorant ses messages avait été clair. En l'embrassant, il avait merdé. Et il préférait ne plus la voir que de revenir en arrière pour lui avouer qu'il ne l'avait jamais aimée comme il l'avait prétendu dans cette même ruelle, un an auparavant. Alors, qu'est-ce qui avait changé, à présent ? La réponse, elle l'avait eue bien assez tôt. Rien n'avait réellement changé. Et ce qui avait représenté les frayeurs les plus sombres de la blonde quelques temps auparavant s'avérait être de vulgaires cauchemars. Il l'aimait. A partir de là, les choses auraient pu être extrêmement simples. Alexis l'aimait aussi. Elle l'aimait depuis qu'elle avait posé les yeux sur lui, depuis qu'il lui avait souri comme un grand sourit à la petite sœur de son meilleur ami. Certains vous diront qu'elle l'avait aimé d'un amour adolescent, d'un amour versatile, superficiel, passager. Mais elle l'aimait depuis huit ans. Nolan était son premier amour, il avait été le seul et l'unique dans sa vie, et pourtant... pourtant, Dustin n'avait jamais été très loin. Des années auparavant, les choses étaient simples, tellement simples. Elle était la petite sœur de Samuel, il était le meilleur ami de Sam. Ils étaient amis, confidents, taquins et blagueurs, mais les choses s'arrêtaient là. Pourtant... pour, tout ce qu'elle avait construit avec lui s'était évaporé en quelques secondes. Ces quelques instants avaient suffi à transformer ce rêve un peu fou en quelque chose de réel, de presque concret. Elle qui n'avait jamais osé rêver au goût de ses lèvres y avait goûté pour de bon. Leurs souffles s'étaient mêlés pendant un moment qui lui avait paru trop court, et pourtant, elle le garderait à l'esprit jusqu'à la fin. Ses lèvres semblaient avoir laissé une marque indélébile sur les siennes. Il était trop tard pour que les choses reviennent en arrière, elle le savait pertinemment. Ils avaient franchi un cap tout nouveau. Et peut-être que maintenant, c'était Alex qui avait peur de ce que cela pouvait signifier. Elle aimait Dustin de tout son être, et quelques mois auparavant, elle lui aurait tout donner, jusqu'à sa vie, s'il lui avait demandé. Mais maintenant, les choses étaient différentes. Les choses ne pouvaient plus être simples et belles. Elle aimait Nolan. Il avait été son premier homme, le seul à qui elle avait dit « je t'aime » dans toute la simplicité de leur couple, le seul à qui elle s'était donnée toute entière. Était-ce possible d'aimer deux hommes ? Qu'est-ce que cela pourrait bien dire d'elle ? Elle était ridicule. Elle qui avait toujours cru que ce genre de triangles amoureux ne pouvait trouver sa place que dans des séries destinées aux jeunes adolescentes se trouvait maintenant face à la dure réalité. Elle aimait deux hommes, et elle se trouvait à présent dans une situation qui était en train de la briser. C'était à elle d'agir, de faire quelque chose, n'importe quoi, pour mettre fin à cette situation. Elle était la seule capable de le faire. Elle pensa brièvement à Nolan, qui, à cette heure-ci, devait être sorti avec quelques copains. Lui n'avait aucune idée de ce qui était en train de se passer. Il n'avait jamais eu aucune idée de ce drôle de lien qui l'avait unie à Dustin, ou qui avait failli les unir. Car qu'étaient-ils maintenant, après des années de séparation, après des révélations qui s'étaient transformées en remords ? La question pouvait paraître légitime, mais Alex ne se l'était posée à aucun moment. Car le Dustin qui se tenait en face d'elle était ce Dustin qui l'avait toujours accompagnée, celui qui l'avait serrée très fort contre lui lorsque Samuel était parti, celui avec qui elle partageait le poids d'un secret qu'elle aurait préféré lui éviter. Il était celui qui, avec Samuel, l'avait, la première fois qu'elle s'était jointe à leur groupe, accueillie comme un membre à part entière de cette famille qu'ils s'étaient tous choisie. Il avait été son meilleur confident, son ami le plus fidèle. Il avait été là pour le meilleur, mais aussi lorsque le pire s'était produit. Et devant elle se tenait toujours cet homme-là, celui pour lequel son cœur de jeune femme avait éclaté des années auparavant sans jamais s'en remettre. Elle aimait Dustin. Elle aimait Dustin comme au premier jour, comme lorsque son palpitant s'était emballé en croisant le regard de celui qui deviendrait un de ses amis les plus proches. Mais pourtant, cette période-là semblait bel et bien révolue... Ces années de séparation, si elles n'avaient pas eu raison de l'amour qu'ils se portaient, paraissaient avoir marqué un fossé entre eux. « Qu’est-ce que tu veux que je te dise d’autre Alex? » lâcha-t-il tristement, illustrant parfaitement la situation. Ils ne savaient plus quoi se dire. Si elle s'était écoutée, Alex, pourtant, aurait eu des milliers de choses à lui dire. Elle l'aurait engueulé, elle aurait pleuré elle l'aurait accusé de tous les maux de la Terre depuis qu'il était parti. Elle l'aurait serré contre elle, aussi, très fort. Elle aurait pleuré dans ses bras, caché son nez gelé au creux de son cou, déposé quelques baisers épars sur ses joues, son front... et ses lèvres, sans doute. Mais tout ce qui autrefois avait rendu les choses si simples n'existait plus. Leur groupe avait explosé, Samuel n'était plus là, et Alexis, elle, avait fui. Elle ne pouvait pas lui en vouloir d'en avoir de même. Mais dorénavant, plus rien ne pouvait paraître simple ou évident. La main de la jeune femme, hésitante, se leva un instant, prête à effleurer la joue de Dustin, avant de s'en empêcher. « Tu ne me fais plus confiance ? » demanda-t-elle alors gravement, attristée. Car s'ils n'étaient plus capables de tout se dire, comme avant, alors peut-être que les choses étaient réellement brisées irrémédiablement, laissées irréparables. « Ça va. » Oui, tout allait bien. Elle eut un bref réflexe d'éloignement. Il ne lui faisait plus confiance. Plus suffisamment pour tout partager, comme avant. Et peut-être que cette rencontre serait leur dernière. En tout cas, les conclusions qui se tiraient semblaient pointer en cette direction. Et Alex ne voulait pas l'accepter. Elle ne l'avait pas perdu deux fois pour reproduire une fois encore ce schéma. Mais ces deux fois avaient sans doute préparé cette situation-là. Deux ans l'un sans l'autre ne pouvaient pas les avoir laissés indemnes. Et peut-être que ces énièmes retrouvailles, derrière le Pim's, ne faisaient que constituer un ultime adieu. Pourtant, Alex ne voulait pas mettre les mots sur ce qui tendait à présent à se profiler. Elle fixait le mur derrière Dustin. Peut-être que si elle prétendait que tout allait bien, comme Dustin le faisait avec brio, la séparation serait plus douce. Et cette séparation, elle l'avait bien cherchée. Tout était de sa faute. Elle l'avait fui lorsqu'elle n'avait pas été assez forte pour eux deux; elle avait partagé avec lui un baiser contre lequel il s'était battu jusqu'à abdiquer; et à présent, Alex prétendait au bonheur aux côtés de Nolan. Mais ce bonheur, réalisait-elle maintenant, n'avait jamais réellement été complet sans Dustin à ses côtés. Il lui manquait. Il avait laissé un trou béant dans son cœur, et si elle avait essayé de le rafistoler à coups de morceaux de scotchs foireux, il était toujours là. Et elle ne serait jamais entière sans Dustin. Le voir dans cet état l'enfonçait encore plus de ses doutes. Elle s'en sentait aussi responsable qu'atterrée. Elle n'arrivait même plus à voir le signe de tout l'amour qu'il pouvait lui porter. Ce qu'elle voulait, c'était le voir sourire, à nouveau. Elle voulait entendre son rire, comme avant, lui donner des coups dans l'épaule parce qu'il avait fini son plat de spaghettis tièdes, s'endormir, assoiffée, déchirée, la tête posée sur son épaule. Et elle n'était pas encore prête à le laisser partir, et à laisser partir avec lui tout ce qu'ils avaient vécu. Alex n'avait jamais eu trop de mal à se faire des potes, mais seulement quelques uns avaient su se démarquer des autres. Elle pouvait les compter sur les doigts d'une main, ces amis-là. Mais Dustin était devenu un fantôme, l'illusion d'un homme qui avait tout représenté et plus encore, mais n'était plus là. « Oui, je l’ai aimé » répondit-il à sa question. « Beaucoup. Beaucoup. Trop. » Elle baissa les yeux un instant. Il l'avait aimé à sa place, lorsqu'elle avait besoin de lui, de ses lèvres, de ses promesses, de ses étreintes, de ses épaules rassurantes et de longues heures passées sous la couette avec lui. Mais tout ça, elle ne l'aurait jamais. Car comme l'avait dit un grand philosophie, lorsque l'alchimie est présente entre deux personnes, elles ont seulement besoin d'une autre chose : le timing. Et le timing, c'est un connard. Ce connard n'avait pas été à leurs côtés au bon moment. Et maintenant, le moment était passé. « Mais tu sais, je ne crois pas à ce truc de l’amour unique. Je pense qu’on peut vivre plusieurs belles histoires, passionnelles, fusionnelles… Je crois qu’on peut aimer déraisonnablement plus d’une fois, qu’on peut tomber amoureux des dizaines de fois, sans perdre aucune authenticité, sans en rendre l’amour moins fort ou moins important. » Elle eut un bref sourire. Dustin avait toujours été un amoureux de l'amour. Elle avait rencontré, des hommes et des femmes qu'il avait faits siens et siennes. Et elle l'aimait aussi pour toute cette passion qui le caractérisait. « Je l’ai aimé, ce type dont je t’ai parlé, mais ça ne veut pas dire que je n’ai pas pensé à toi ou que je n’avais plus aucun sentiment à ton égard. Je ne l’ai pas préféré à toi Alex. C’est plus compliqué que ça… » Elle baissa le regard, masquant une larme qui perlait au coin de son œil. A ce moment-là, elle devait être forte pour eux deux. Ils se disaient au revoir, elle le savait. Quelle pouvait être l'autre solution ? Il n'y en avait plus. La décision semblait prise de chaque côté. Le seul lampadaire qui éclairait la ruelle avait l'air de vouloir s'accorder à la scène qui se tramait quelques mètres plus bas que son ampoule. Le néon grésillait, oscillant entre un éclairage potable et quelque chose de... plus tamisé. Elle se surprit à penser qu'il en avait eu de la chance, ce type dont il parlait. S'il n'avait pas été là, elle serait dans les bras de Dustin. S'il n'avait pas été là, ils seraient ensemble depuis un an. S'il n'avait pas été là, elle connaîtrait le goût de ses lèvres par cœur, au lieu d'essayer de se le remémorer d'un baiser bien trop lointain. S'il n'avait pas été là, elle n'aurait jamais provoqué la rupture des fiançailles de Nolan. Il serait heureux avec Misha, parce qu'elle était une femme qui, contrairement à elle, le tirait vers le haut. Elle n'était qu'un détritus qui l'avait ramené à vivre une vie légère, au jour-le-jour, et peut-être que leur parfaite histoire d'amour n'était qu'une illusion. Elle qui s'étonnait encore qu'il ait pu la choisir face à quelqu'un comme Misha hallucinait encore plus de voir que Dustin aussi pouvait lui trouver quelque chose de suffisamment magnétique pour revenir à elle, même un an plus tard. « T’es celle vers qui tout revient toujours, quoi que je fasse » continua-t-il, la faisant faiblir dans sa fermeté. Il était là, Dustin, il était... « L’amour peut se démultiplier, mais il y a toujours cet amour ultime. Un amour originel. Et cet amour-là, pour moi, c’est toi. Simplement toi en tant que personne. Tu es celle vers qui mon cœur et mon esprit reviennent toujours. » Elle se recroquevilla un peu plus sur elle-même. Et ce putain de lampadaire ne cessait de vouloir mettre une ambiance stroboscopique à la scène. Elle ne savait plus quoi répondre. Elle n'aurait jamais du lui poser la question. Elle n'avait jamais attendu cette réponse. Elle avait juste voulu savoir s'il avait été heureux, avec cette personne. Elle était perdue. Elle ne supportait pas le voir dans cet état. Elle l'aimait trop pour ça. Et elle l'aimait trop pour prétendre que ce n'était pas le cas. C'était égoïste, sans doute. Il aurait été plus simple de prétendre qu'elle ne l'avait jamais aimé comme, que leur baiser n'avait rien représenté, mais elle ne le pouvait. C'était au-delà du peu de forces qu'elle avait encore. Elle l'aimait trop.
Elle l'aimait trop pour le perdre à nouveau. Jamais deux sans trois, peut-être, mais elle ne voulait pas de cette troisième séparation qui se profilait comme le rot de quelqu'un qui avait trop bu de soda gazeux. Et lui ne savait pas s'il avait la force de la voir avec Nolan. Elle n'arrivait plus même à être touchée par ce que cela signifiait. Tout ce qui semblait compter était la douleur qu'elle avait provoqué, l'enfonçant un peu plus encore, et qui s'était reflété pour revenir droit sur elle. Alors ils restèrent immobiles quelques instants, par terre, silencieux. Il le devait. Il devait au moins essayer. Parce qu'elle était égoïste et qu'elle ne voulait pas le perdre. Elle ne voulait pas, elle ne pouvait pas. Alors, elle le regard, un air suppliant sur son visage attristé. Elle ne pouvait pas le laisser partir sans essayer. Ce silence, à cet instant précis, avait une connotation qui était loin de rassurer Alex. Les jeux étaient faits. Il ne restait plus qu'à officialiser leur séparation, non ? Et il allait partir, retourner vivre sa vie. Cette vie à laquelle elle n'appartenait plus... et cette fois, ce serait sans doute bel et bien la fin pour eux. Elle l'aurait trop blessé pour qu'il veuille encore avoir à faire à elle, amitié ou pas amitié, amour ou pas amour.
Et soudain, un geste. Un geste doux, emprunt de tendresse et d'affection, d'amour et de besoin. Il la serrait contre elle. Et Alex, son nez gelé glissé contre le cou de Dustin, laissa sa pauvre larme glisser le long de sa joue pâle. Elle retrouva son doux parfum, ce parfum rassurant qui l'avait bercée de nombreuses nuits où ils avaient trop bu, trop consommé. Elle passa son bras autour de son cou pour le serrer un peu plus fort encore. Elle n'arriverait jamais à le laisser partir. Elle le serrait si fort qu'elle sentait les battements de son cœur sous sa poitrine et dans son cou, auquel était collé son visage. Elle aimait trop l'ensemble de cette personne pour la laisser partir. Elle aimait son cœur et chacun de ses battements qui réchauffait le cou au creux duquel elle était lovée, elle aimait ses cheveux bouclés qui se mélangeaient aux siens, elle aimait sa peau douce et fatiguée, chaude, ardente, l'invitant à de drôles d'idées. Elle aimait sentir son souffle dans son cou, régulier, rassurant. Elle aimait ce parfum qui était le sien, celui de cet homme qui l'avait rassurée plus d'une fois. Elle rapprocha ses jambes du reste de son corps et se serra encore un peu de lui. Non, elle ne le laisserait pas partir. De toute façon, elle ne le pourrait pas, même si elle le voulait. Elle avait fermé les yeux quelques instants, comme pour arrêter le temps. Quelque chose la fit les rouvrir. La ruelle venait de basculer dans l'obscurité, le lampadaire avait rendu l'âme. Elle ne voyait plus qu'aux lueurs de la rue passante, sur le côté, et du quartier de lune qui surplombait la scène, comme une invitée bienveillante. Alex tira son visage du creux d'épaule du brun pour le regarder. Juste le regarder. Sa main avait glissé le long de son épaule. Et ses lèvres s'était posées sur celles de Dustin, désireuses de retrouver leur saveur.
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