Sujet: Honor will not save you ~ ft. Alvira Raichland Mar 12 Jan 2016 - 17:37
What’s puzzling you is the nature of my game…
~ Honor will not save you ~
Las. Y avait-il un meilleur terme pour le décrire aujourd’hui ? Il en doutait sincèrement. Partout où son regard se posait, la seule chose que croisait le sociopathe était l’inertie : la grande, profonde, convaincue qu’elle était immuable et invincible. Oui, les gens vivaient – prisonniers d’une routine qui les ahurissait de plus en plus chaque jour, permettant à la moisissure qui constituait la société à s’étendre plus encore, sachant que personne n’oserait s’interposer. Un monde où les gens ne vivaient que pour vivre, indifférents à leur voisin, à leur frère ou toute autre personne qui n’était pas eux. Egoïstes. Solitaires. Persuadés que tout le monde leur voulait du mal, s’endormant dans une paranoïa qui permettait aux plus grands vicieux d’agir en toute impunité. Un tableau bien obscur qui, pourtant, était celui que voyait Ulysse tous les jours. La même routine qu’il maudissait dans ses pensées commençait à s’intégrer à sa vie récemment, ses divers travaux perdant de leur intérêt studieux devant l’approche magnanime du détective. S’il aboutissait aux résultats qui étaient nécessaire, la vérité est qu’il avait perdu l’entrain qui l’animait, le plaisir ce pouvoir malsain de détruire la vie des gens en quelques photographies, quelques preuves. Croire que même démolir des familles, faire couler ou monter des carrières et perturber l’ordre naturel de la jungle urbaine le lasserait n’était pas un pari qu’il avait été prêt à prendre, et pourtant…
Inspirant longuement, le jeune homme tenta vainement de se sortir de la morosité de ses pensées. Le parc dans lequel il se trouvait ne présentait rien de nouveau pour lui, sinon des pions dont il connaissait l’histoire dans les grandes lignes et qui attendaient sagement que le grand maître de l’échiquier accepte de faire bouger. Seulement… Pourquoi faire ? Il s’était délecté et avait apprécié l’intégralité des scénarios qu’il s’imaginait et, force est de constater, les êtres humains cessaient de l’impressionner progressivement. Ce dont il avait besoin ? Un jouet. Une poupée en porcelaine qu’il pourrait tenir entre ses doigts, lui donnant l’illusion de pouvoir, avant de la briser en mille morceaux tous plus vulgaires les uns que les autres. Non. Qu’elle résiste. Ce serait encore mieux. Qu’elle se batte pour la société, qu’elle y croit, qu’elle en veuille le bien. Une bougie laissée allumée seule dans une chambre vide, oscillant son futur en l’incendie ravageur mais salvateur et l’agonie douce du manque de cire. Tel un vieil anglais, il porta son thé à la cannelle à sa bouche et en avala une gorgée, savourant le goût si sec du breuvage – instant suffisant pour le pousser à remarquer quelqu’un qui n’avait rien à faire dans son tableau. Une femme jeune, la trentaine tout au plus s’il devait s’aventurer, était assise sur un banc. Elle n’avait rien de la grisaille des enfants qui jouaient, ni de ce couple qui s’embrassait. Incapable de mettre le doigt sur ce que c’était, sa conviction était plus forte que lui : elle dégageait quelque chose. Comme la promesse d’une vie, elle semblait être de ces gens qui attiraient l’existence dont se plaignait tellement Sartre dans sa Nausée.
Il ne fallait plus que quelques pas pour qu’il arrive au niveau de la brunette, tout en se gardant d’avancer explicitement dans sa direction. Si Ulysse savait une chose, c’était que le hasard n’existait pas et qu’il fallait le provoquer pour que les plus belles – il s’empêcha de sourire – rencontres se produisent. Etait-elle de ceux ? Le détective savait mieux que toute chose qu’il fallait la soumettre à un essai. Aussi, feignit-il de répondre à un sms sur son téléphone ayant dépassé l’étrangère de quelques pas qu’il le fit tomber, imitant habilement avoir manqué sa poche et le laisser s’écraser sur le sol. Innocemment ensuite, il continua son chemin en buvant une gorgée de thé supplémentaire. Qu’allait-elle faire ? Il avait hâte de savoir.
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HRP:
J'ai fait un truc succin pour introduire et te laisser agir Je ferais mieux au prochain
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Sujet: Re: Honor will not save you ~ ft. Alvira Raichland Mer 13 Jan 2016 - 3:14
Bien que son corps était présent dans ce parc, la tête et l’esprit de la jeune Raichand était comme à son habitude à des kilomètres. Bien qu’elle ait essayé de faire abstraction de ces pensées qui ne cessaient de se retourner dans sa tête, elle avait besoin de se retrouver un peu seule pour réfléchir. Elle ne regrettait pas une seconde d’être venue à Huntington Beach, bien au contraire. Elle était à nouveau proche de sa famille qui lui avait tant manqué lorsqu’elle était encore en Inde et surtout, elle pouvait jeter un coup d’œil plus facilement sur sa petite sœur et lui venir en aide si jamais elle en avait besoin. Mais elle avait l’impression que quelque chose lui manquait. La brunette savait que rien ne pourrait remplacer son Inde natale et même les festivités indiennes qui avaient lieu dans la vielle n’égalaient pas celles qu’elle avait fêté par le passé chez elle, et c’était peut-être ça qui lui manquait. Les odeurs, le bruit, les couleurs, les gens qui se marchaient presque dessus parce qu’il n’y avait jamais assez de place dans les rues et les fêtes qui rendaient les rues encore moins circulable que d’habitude… C’est seulement lorsqu’on est loin de chez soi qu’on se rend compte que cela nous manque, et ça elle l’avait bien compris. Lorsqu’elle était arrivée elle avait même voulu chercher un maximum d’activité à faire qui lui rappellerait constamment d’où elle venait, mais elle avait vite laissé tomber en voyant que cela ne changerait rien à son état d’esprit. Les gens avec qui elle aurait voulu être n’étaient de toute façon pas présents et l’ambiance n’était pas la même.
Cela allait faire presqu’un an que la jeune brune était arrivée en Amérique, et elle éprouvait la même tristesse et la même colère que lorsqu’elle avait compris qu’elle ne reverrait plus les siens pendant un moment, du moins plus aussi souvent qu’avant. Pendant très longtemps l’Indienne avait essayé de taire cette nostalgie qui ne faisait que grandir – surtout en période des fêtes – mais elle avait l’impression que plus elle avançait et plus ça la pesait. Elle ne voulait pas en parler, ni à sa sœur qui était dans la même situation qu’elle bien que différente, ni même à son petit-ami qui comprendrait sûrement ce qu’elle ressent mais sans pour autant lui être d’une grande aide. La seule option qu’elle avait trouvé était de se rendre une à deux fois par semaine à la salle de sport où elle s’était rendue avec Adria, pour se défouler dans des sacs de frappe jusqu’à n’en plus pouvoir. Elle ne s’était pas améliorée pour autant lorsqu’il s’agissait de ses performances sur le ring, que ce soit sur l’intensité ou même sur la précision de ses coups, mais elle se défoulait et c’était pour elle l’essentiel, du moins pour le moment c’était tout ce qu’elle recherchait.
Aujourd’hui après sa séance hebdomadaire elle était rentrée prendre une douche et se changer, et avait décidé de faire un détour par le parc de la ville pour profiter de cette journée où elle n’avait rien à faire. Elle avait bien avancé dans le travail qu’elle avait à faire au cabinet dans lequel elle travaillait, et devait seulement régler quelques petites choses pour la Fondation mais ça ne pressait pas plus que ça. De toute façon, la procrastination étant sa plus grande amie depuis quelques temps, elle s’était posée sur le premier banc qu’elle avait trouvé et avait décidé de ne rien faire. Comme à son habitude elle était sortie de chez elle avec sa traditionnelle resting bitch face, au moins avec ça elle pouvait être sûre que personne ne viendrait lui parler. Quoi que, les américains étaient tellement sans gênes qu’elle avait eu l’immense bonheur de croiser des gens qui n’hésitaient pas à l’aborder dans la rue. Ce n’était pas en Inde qu’une telle chose se produirait, pour la simple et bonne raison que les Indiens savent s’occuper de leurs affaires et laisser les gens tranquilles. Hugh, Américains. Elle ne pu s’empêcher de lever les yeux au ciel rien qu’à cette pensée, avant d’enfiler les lunettes de soleil qu’elle avait sorti pour être sûre que personne ne croise son regard jugeur, et continué d’observer – et de juger intérieurement – les gens. A croire que personne ne travaillait dans ce pays pour être dans un parc en ce jour de semaine.
Concentrée sur ce qu’elle observait (à savoir pas grand-chose) elle arrêta toute activité lorsque quelque chose attira son attention. Rien de très intéressant si ce n’est un jeune homme qui avait fait tomber son téléphone en manquant sa poche alors qu’il passait devant elle, elle poussa un soupire en se demandant si elle allait devoir se lever et accomplir sa bonne action de la journée – voire de l’année – ou si elle se contenterait de le ramener aux objets trouvés une fois que la personne serait assez éloignée pour ne pas avoir à interagir avec elle. Au bout d’à peine dix secondes où sa conscience lui répéta pour la dixième fois qu’elle irait brûler en Enfer et que sa prochaine vie elle la passerait réincarnée en vache, elle se leva à toute vitesse pour aller récupérer le téléphone en question. « Excusez-moi ? » Lança-t-elle d’une petite voix avant de se racler la gorge. « MONSIEUR VOTRE TELEPHONE. » Finit-elle par hurler presque avec son accent qu’elle n’avait même pas essayé de cacher par flemme. Elle ne bougea pas réellement, si ce n’est qu’elle avait avancé de deux petits pas, le bras tendu en direction de l’inconnu pour qu’il récupère ce qui lui appartenait.
Spoiler:
Du coup j'ai pas fait grand chose non plus puisque j'attends de voir ce que tu proposes pour la suite, mais j'ai pas confiance
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Sujet: Re: Honor will not save you ~ ft. Alvira Raichland Mer 13 Jan 2016 - 17:36
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La cruauté inexpressive du rictus qui traversa le visage du détective lorsqu’il entendit la jeune femme l’appeler était suffisante pour faire trembler quelqu’un de peur – néanmoins il n’y avait personne devant lui. Le piège à ours avait été mis en place et, ramassant ce téléphone, elle l’avait activé. Quant à la douleur ? Elle viendrait. Plus tard. Ulysse se léchait déjà intérieurement les babines rien qu’à imaginer le met délicat qu’il lui serait donné de dégusté, même s’il savait qu’il devait garder sa naïveté extérieure. Réalisant un demi-tour calme, comme s’il vérifiait que c’était bien à lui qu’on parlait puis, voyant son téléphone dans la main de l’étrangère, tendue vers lui, il se précipita vers elle, il se précipita vers elle confusion au visage. « Oh mon dieu ! Merci ! Merci ENORMEMENT ! Vous n’avez pas idée ! » Savant mélange d’excitation et de joie, réactionnelles à la nouvelle – c’était l’alchimie qu’il avait appliqué à sa voix avec calcul trop précis. Les préliminaires pouvaient enfin commencer. Se calmant quelqu’un en une fraction de seconde – ou tout du moins le laissant croire – il reprit de plus belle. « Vraiment désolé de vous sauter dessus de la sorte avec ma joie… J’ai la tête quelque peu ailleurs aujourd’hui, il a dû tomber quand je le remettais dans ma poche ? » Enfin, il porta sa main à son téléphone et le récupéra, calmement – vérifiant s’il fonctionnait toujours et n’était pas trop rayé de sa chute.
« C’est mon outil de travail principal vous savez ? Sans lui… Je préfère ne pas y penser. Je sais ! Laissez-moi vous offrir un café pour vous remercier. » Sans même attendre la réponse de la brunette, il vida son thé puis se dirigea vers le point de restauration le plus proche, se tournant régulièrement pour s’assurer qu’elle ne se sauvait pas. Son comportement trop excessif n’avait qu’un seul but – déranger le confort social de la jeune femme. Le point n’était pas très éloigné, permettant à l’enquêteur de s’assurer que durant l’intégralité de la durée de son trajet, la jeune femme pouvait suivre le gobelet de café qu’il lui apportait – écartant ainsi d’un revers de sa main stratégique toute accusation pernicieuse d’une quelconque substance ajoutée à la boisson. Ce serait pour une autre fois, là il fallait s’assurer qu’elle puisse passer les tests qui la rendrait digne d’être le jouet qu’il convoitait tant. Le seul jouet sur lequel le détective concentrerait son attention, l’usant dans tous les sens avant de le briser et d’en chercher un nouveau. Le dernier avait tenu deux rencontres, préférant se suicider pendant la deuxième – un vrai gâchis. Et combien de démarches… Plus jamais. Arrivant au niveau de la jeune femme, il lui tendit le café s’adressant à elle d’une voix neutre, ne présageant en rien les sévices qu’il comptait lui faire subir, ni ne pouvant être confondue avec de pauvres tentatives d’approche romantique. « J’ai pris du sucre, de la crème et un thé si vous n’aimez pas le café également. » Ulysse souleva le gobelet qui lui était réservé à la base, partant sur le pari risqué qu’il préférait voir ces approches aboutir et se forcer à boire un café plutôt que l’inverse.
« Je ne me suis pas présenté, n’est-ce pas ? Ulysse Neer. Je suis détective privé. Et vous ? » Le jeu commençait. Quelles seraient ses réactions ? Etait-elle suffisamment intelligente pour comprendre tout ce que le jeune homme lui disait entre les lignes ou bien serait-elle qu’un vulgaire déchet qu’il faudrait éliminer au plus vite de la société, sans profiter du plaisir exquis de dépecer sa vie couche par couche, jusqu’à n’avoir plus que les os de ses fondements sociaux à briser d’un coup puissant et bien placé, laissant une épave de plus derrière lui ? Bah, peut-être serait-elle capable de faire durer le jeu et de ne pas le lasser si vite ? Elle avait du temps à tuer devant elle, les signes ne trompaient pas le détective. Rien que le fait qu’elle ce soit levée pour lui rendre le téléphone plutôt que de simplement l’interpeler plus fort à sa deuxième tentative – il avait bien entendu la première déjà – était un signe de temps à perdre. Il ne restait plus qu’à espérer qu’elle se soumette sagement aux jeux qui se déroulaient au-dessus de sa tête. « Vous savez, ça fait trois ans que je suis ici à peine et ça me fait vraiment plaisir de voir qu’il y a des gens qui se soucient encore des autres. J’ai été regardé de travers tellement de fois lorsque je faisais quelque chose de sympathique gratuitement… La société n’est plus ce qu’elle était quand j’étais enfant. » Aller – méritait-elle l’attention qu’il lui accordait ou son intuition le trompait-elle sur toute la ligne ?
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Sujet: Re: Honor will not save you ~ ft. Alvira Raichland Jeu 14 Jan 2016 - 4:08
La deuxième fois avait été la bonne lorsqu’elle interpella le jeune inconnu pour lui rendre son téléphone. Et tant mieux, elle ne se voyait pas non plus chercher les objets trouvés pour leur remettre le mobile. Déjà parce que flemme, mais aussi parce qu’elle se disait qu’il aurait bien fini par se rendre compte qu’il lui manquait quelque chose et que forcément, il serait revenu sur ses pas. Au pire si ce n’était pas elle, une autre personne le ferait. Lorsqu’il se retourna néanmoins, elle afficha à son tour un petit sourire lui rendre le sien. Bien qu’elle n’avait pas envie de sortir de sa petite bulle qu’elle s’était créée en jugeant les gens qui étaient présents dans le parc, elle n’était pas contre voir les gens heureux, même pour les plus petites choses. Elle ça la rendait heureuse de voir les gens sourire surtout par ce temps qui ne donnait pas vraiment envie d’être de bonne humeur. Il ne fallait pas croire, mais sous ses airs de resting bitch face la Raichand souriait très souvent et même beaucoup trop lorsqu’elle était à l’aise et entourée de gens qu’elle aime. Ici ce n’était pas le cas. Elle ne connaissait pas assez la personne pour dire si elle l’aimait ou pas, et elle n’était pas plus à l’aise que ça. « Ce n’est rien, ça arrive. » Répondit l’Indienne toujours avec un petit sourire scotché aux lèvres. « Je ne regardais pas vraiment mais je pense que c’est ça, oui. Il est sûrement tombé lorsque vous vouliez le remettre dans votre poche. » Une fois libérée du téléphone que le jeune homme récupéra, elle ramena ses bras sous sa poitrine qu’elle croisa, prête à faire demi-tour pour aller s’asseoir et recommencer à vivre sa vie de son côté sans embêter les gens, mais lorsque l’homme au portable continua de parler, elle comprit qu’elle ne risquait pas d’être débarrassé de lui aussi rapidement.
Lorsqu’il proposa de lui offrir un café, elle ouvrit la bouche pour refuser poliment son offre mais n’eut même pas le temps de sortir un mot qu’il s’était déjà dirigé vers le point chaud pour récupérer les boissons chaudes. « Ok… » Souffla-t-elle doucement. Elle poussa un soupir et enleva ses lunettes de soleil qui ne lui servaient de toute façon à rien, et les accrocha à son haut en attendant patiemment que sa nouvelle rencontre en revienne. Vu la lueur de soulagement qui avait traversé son visage au moment où il avait récupérer son téléphone, il devait réellement être très important à ses yeux, un peu comme pour elle avec le sien. Même si elle faisait toujours attention de ne pas le perdre en s’assurant à chaque fois qu’il est bien rangé dans sa poche et la plupart du temps, qu’il soit encore dans sa main. Bien que la délinquance ne soit pas tellement élevée dans le quartier où vivait l’avocate, elle n’était jamais à l’abri de se le faire voler ou de le perdre. La brunette ne regardait pas vraiment ce que pouvait bien faire l’inconnu, ne rêvant que d’une chose, de s’en aller pour ne pas avoir à faire la discussion, mais pour ne pas paraître impolie lançait des petits regards en sa direction avec des petits sourire de temps en temps. Après tout il n’était pas méchant – du moins n’en avait pas l’air – et voulait seulement la remercier de ce qu’elle avait fait. Quand bien même la Raichand n’avait pas fait grand-chose, pour lui ce n’était peut-être pas de la même façon qu’il percevait les choses. Lorsqu’il revint, elle lui prit le café qui lui était adressé entre les mains en le remerciant, toujours avec le même sourire un peu débile sur les lèvres. Elle sortit un petit rire lorsqu’il lui présenta tout ce qu’il avait ramené, se disant qu’il n’aurait même pas eu à faire tout ça s’il avait prit la peine de demander à la jeune femme ce qu’elle préférait. Mais elle n’allait pas lui jeter la pierre, il était sûrement tellement content d’avoir retrouvé son téléphone qu’il n’avait sûrement pas assez réfléchit avant de se rendre au point chaud. « Je vais juste prendre un sucre avec mon café, merci. »
Lorsqu’elle porta le verre à ses lèvres après avoir soufflé dessus pour ne pas se brûler la langue, elle devait reconnaît que cela lui faisait du bien de boire quelque chose de chaud. Mais elle n’engageait pas la conversation pour autant, préférant se dire qu’elle ne ferait que boire ce café puis qu’elle s’en irait, prétextant une urgence comme elle savait si bien le faire. Son plan fut cependant réduit néant lorsque le jeune homme décida de briser de nouveau de silence qui s’était installé, en se présentant. « Hum… » Elle arqua un sourcil devant la présentation quelque peu étrange du jeune homme, se sentant presque attaquée par sa question. Néanmoins, elle se dit très vite qu’il ne partait pas d’un mauvais fond et qu’il n’était donc pas nécessaire de l’agresser juste parce qu’il lui demandait son identité et sa profession. « Alvira Raichand, avocate. » Pas vraiment avocate mais bon, ça il n’avait pas besoin de le savoir. Tout le monde s’en foutait qu’elle ne puisse pas exercer dans ce pays, tout ce qu’elle savait était que si jamais l’envie lui prenait de retourner à Mumbai et de prendre le premier cas qui lui tombait sous la main, non seulement elle pourrait le faire mais en plus elle était sûre de le remporter. Lorsqu’il lui dit – encore une fois sans qu’elle ne le demande – que ça ne faisait que trois ans qu’il était installé ici, elle releva instinctivement la tête avec un sourire beaucoup plus grand que celui qu’elle avait pu lui offrir lorsqu’il lui avait donné son café. Il avait raison sur toute la ligne. Les Américains étaient ingrats en plus d’être incultes, elle qui pensait que son niveau intellectuel ne tiendrait jamais la route face à ces gens, avait parfaitement raison. Son niveau ne tiendrait jamais la route parce qu’il était supérieur à ceux des habitants de ce pays. « Je comprends totalement ce que vous dites, personnellement ça ne fait qu’un an que je suis installée ici et je me demande encore si je ne ferais pas mieux de retourner d’où je viens. » Elle secoua doucement la tête pour accompagner sa phrase et poussa ensuite un soupir en jetant un rapide coup d’œil autour d’elle. « D’où venez-vous, sans indiscrétion ? » S’enquit-elle soudainement.
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Sujet: Re: Honor will not save you ~ ft. Alvira Raichland Jeu 14 Jan 2016 - 20:48
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Soumise dans chacune de ses réactions. A chaque pas que le détective faisait, elle le suivait dans l’instant. Alvira Raichland. Avocate. « Enchanté. » Elle n’avait pas posé la question de toutes ces cruches sans aucune fonction cognitive – s’il n’enquêtait pas sur elle à tout hasard, suivit d’un sourire qui se voulait ravageur et d’un petit rire devant la mine faussement gênée qu’il était prêt à sortir à chaque fois pour se rendre moins différent. Concrète. Elle était concrète – si elle se retrouvait l’objet de ses investigations, il n’était pas suffisamment stupide pour se présenter comme tel à elles, n’était pas ce pas évidant ? Bande de garces ne pensant qu’à leur propre confort et sécurité. Il recentra ses pensées d’un simple sourire, sa seule réponse aux présentations de sa rencontre. Voyait-elle les lignes de son jeu ? Impossible. C’en n’était que mieux cependant – même si les tests n’avaient pas réellement débutés, Ulysse savait déjà que, quel que soit leur résultat, il se ferait un plaisir de la garder dans le creux de sa main. Lascivement, il porta son thé à sa bouche et avala une gorgée du liquide brûlant, ne sourcillant point devant le dérangement qu’il infligeait à son œsophage. Son corps n’était qu’un corps, un objet comme un autre qu’il était libre d’utiliser pour canaliser ses idées. Quant à la jeune... Son corps deviendrait peut-être bientôt une coquille vide dans laquelle les mêmes idées iraient habiter. Le sourire qu’elle avança lorsque le brun parla de son arrivée récente réveilla ses sens de plus belle. Etait-elle une brebis perdue dans la jungle urbaine ? Une fleur du désert qui mourait, trop arrosée par les larmes d’autrui ? Ou bien était-ce un vautour venu de loin dans le seul but de se régaler des charognes des autres, faisant d’elle l’égal du sociopathe ? Un an. Un an qu’elle errait dans ce monde, s’apprêtant à être illuminée par la lumière qu’il voulait lui procurer. C’était ce chocolat exquis, de ceux qu’on ne créait qu’en un exemplaire unique pour satisfaire au palet d’un critique trop difficile, reposant paisiblement dans son emballage et laissant son goût maturé jusqu’à ce qu’il soit découvert par la personne adéquate. Et s’il comptait bien n’en faire qu’une bouchée au début, cette tournure le laissait bien plus avec l’envie de le déguster, petit bout par petit bout. Il lui adressa un sourire qui se voulait sincère lorsqu’elle mentionna le fait de rentrer chez elle. Quel gaspillage cela aurait-il été ! Sacrilège. Maintenant que le dévolu du détective était jeté sur l’étrangère, il aurait été capable de lui briser les jambes seulement dans le but de l’en empêcher.
D’où venait-il ? Curieuse de surcroît ? Il s’empêcha une fois de plus afin de ne pas lécher ses babines, preuve de l’animal qui sommeillait en cet homme bien trop réfléchi. Il se sentait comme ses fous qu’il avait trop souvent côtoyés, capable de s’arrêter uniquement pour passer sa langue dans le lobe de l’oreille où il irait déverser son venin. « De l’Oregon, et vous ? » Des formalités. Une méthode de socialisation par petites marches qui s’adaptait progressivement, s’aventurant plus dans la vie d’autrui à chaque pas – un ennui maladif, spontanément résolu par le détective en quelques heures d’enquête et dissection des réseaux sociaux. Pourtant… Il ne pouvait en vouloir à Alvira de se comporter ainsi. Elle était brute, manquant du raffinement dont il faisait preuve – et c’était généralement l’étape de polissage qui bloquait les gens, les faisant agoniser devant les révélations sur la société qu’il leur apportait. Saurait-elle tenir le coup ? Il porta son thé à sa bouche une fois de plus, continuant sa descente du liquide. « Vous m’aviez dit être avocate ? Je dois vous avouer que je vous admire… » Etait-elle un de ces requins qui ne cherchaient que le profit de leur métier, ces mêmes personnes qui l’avaient dégoûtées de ce dernier ? « J’ai moi-même suivi un semestre de droit avant de me réorienter, le… Contexte ne me convenait que trop peu. » Quand aurait-elle mal ? « Cela doit être difficile non, de devoir défendre une cause qui n’est potentiellement pas la votre uniquement parce que le métier l’impose ? Surtout dans ce monde où tout le monde se considère comme juge de son prochain, décidant de la culpabilité des gens dans toutes les bagatelles de la vie avant même qu’ils ne puissent exprimer leur plaidoyer. » Il marqua une légère pause, admirant l’écho avec lequel sa voix basse, particulièrement intimiste, résonnait autour d’eux. Il était le mal, la corruption incarnée. Il ne le savait que trop bien. « C’est aussi ce qui me plaît dans mon métier, vous savez ? Cette possibilité que j’ai de connaître toutes les facettes d’une histoire sans avoir le droit de porter de jugement. J’ai toujours admis que, par défaut, partir avec un préjugé sur une de mes enquêtes me faisait naturellement dévier vers celui-là. La seule malédiction que je me fais de cette éthique personnelle est que je suis devenu impossible de savoir où se cache le mal, donc d’agir contre lui. »
Poussée de la falaise dans les bras de Satan-même, ou quel que démon que ce soit en lequel elle croyait, aurait-elle agit ? Quelles étaient ces choses qui la travaillaient de l’intérieur, la poussaient à agir comme elle vivait ? Colère, Justice, Amour, Intérêt – laquelle de ces entités dessinaient les pensées qu’elle laissait échapper par sa bouche pulpeuse ? Il le saurait bien assez vite. Axant la conversation vers la logique de ses jeux, il indiqua d’un geste délicat de la nuque sa droite. « Cette société se détériore jours après jours, et c’est un réel plaisir de voir une fleur rare, imperméable à la négativité ambiante. Ne faites-pas cette tête, je suis sûr que vous comprenez parfaitement ce dont je parle Miss Raichland. Laissez-moi vous montrer pourquoi vous valez mieux que tant d’autres – parole de quelqu'un comme vous. Voyez-vous ces trois jeunes là-bas ? Que diriez-vous si l’on vous demandait de les décrire ? » Dans la direction indiquée, un homme et une femme, lycéen certainement, s’embrassaient, dévorés par le regard d’un troisième adolescent qui semblait être leur ami. Une histoire qu’il ne connaissait que trop bien, ayant eu l’un des trois comme cible d’une enquête. Le jeu commençait.
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Sujet: Re: Honor will not save you ~ ft. Alvira Raichland Sam 16 Jan 2016 - 1:29
La belle Indienne n’était pas du genre à parler de sa vie et encore moins aux gens qu’elle venait à peine de rencontrer. Même si la question de savoir d’où elle était originaire revenait beaucoup à cause d’un accent qu’elle peinait à cacher quelques fois –surtout lorsqu’elle était énervée – elle avait toujours tendance à couper court à la conversation en revenant systématiquement au sujet initial. Ou alors elle s’en allait tout simplement, prétextant qu’elle devait se rendre quelque part pour éviter une conversation qu’elle n’avait pas envie d’avoir. Lorsqu’elle demanda à Ulysse d’où est-ce qu’il venait lui, elle hésita un moment à revenir sur ses mots en s’excusant poliment, parce qu’elle savait que ce genre de question pouvait être pénible. Au final elle décida de ne rien faire, il était libre de ne pas lui répondre de toute façon, ce n’était pas comme si elle l’obligeait à quoi que ce soit, même si elle était à peu près sûre que ça ne se passerait pas comme ça. Il avait insisté pour lui offrir un café sans même lui donner le temps de réponse et il parlait plus qu’elle depuis qu’ils s’étaient rencontrés, une vraie pipelette à côté de la Raichand qui elle aussi était connue pour être bavarde lorsqu’on la connaissait bien. Elle ne fut donc pas surprise lorsqu’il lui répondit sans faire plus de détours.
L’Oregon. Elle ne connaissait pas cet endroit et ignorait où est-ce qu’il se trouvait. Est-ce qu’elle allait lui demander de lui dessiner une carte sur le sol pour qu’elle puisse se situer ? Non. Déjà que la brunette avait parfois du mal à se repérer à Huntington Beach qui n’était pourtant pas si grand, elle ne voulait pas voir ce que cela donnait en dehors de la ville et pire, en dehors de l’état. « D’Inde, Mumbai plus précisément. Ca doit sûrement s’entendre à l’accent. » Elle partie d’un petit rire timide avant de reprendre une gorgée de son café. C’était sûrement à cause de sa curiosité naturelle à vouloir tout savoir, mais le détective venait de réveiller l’intérêt soudain de l’avocate. De sa carrière elle avait eut l’occasion de croiser bon nombres de détectives mais étrangement, celui-là dégageait quelque chose qu’elle ne saurait expliquer. Elle se mordit l’intérieure des joues pour se forcer à ne pas poser LA question qui lui brûlait la langue, à savoir ce qui l’avait poussé à venir habiter ici, mais finalement, non. Elle savait ici qu’elle risquait de s’engager dans une pente glissante où il lui retournerait sûrement la question, et elle ne tenait pas tellement à y répondre. Elle ne voulait pas non plus avoir à mentir sur les raisons qui l’avaient poussées à quitter son Inde natale, ni même devoir écourter la conversation pour ne pas avoir à aborder qu’elle évitait tout bonnement. Elle ne dit plus rien encore une fois, se disant qu’il valait peut-être mieux laisser un silence gênant où ils repartiraient chacun de leur côté en faisant comme si cette rencontre n’était pas grand-chose, plutôt que de continuer cette conversation. Malheureusement – ou heureusement pour elle – son interlocuteur ne semblait pas de cet avis et releva ce qu’elle avait dit concernant son métier. Elle arqua un sourcil en premier temps, cherchant où est-ce qu’il voulait en venir mais même en cherchant bien elle n’était pas sûre de trouver de réponse. « Mais encore ? » Lâcha-t-elle de façon dubitative. Lorsqu’il parti dans ses explications, elle baissa la tête, ne pouvant s’empêcher d’afficher un sourire. Elle n’était pas admirable – du moins ce n’était pas ce qu’elle pensait d’elle, elle n’avait pas cette prétention – du moins pas pour les raisons qu’il avait évoqué. Il n’était pas le premier à lui poser cette question, elle se souvient d’un temps où elle avait dû essuyer toutes les remarques et les questions de son entourage, qui ne comprenait pas son désir de se lancer de dans telles études alors qu’elle pouvait tout simplement suivre les traces de son père comme elle allait de toute façon le faire. « J’avoue que c’est un des côtés du métier qui peut être contraignant, mais quand on aime ce que l’on fait on apprend à voir au-delà du côté subjectif et puis, parfois c’est un challenge intéressant de s’occuper d’un cas qui ne nous intéresse pas du tout. Et la victoire n’en est que plus belle. » L’Indienne leva son verre de café en faisant un petit signe de la tête, avant de le porter à ses lèvres. Dans sa courte carrière elle avait déjà eu affaire à ce genre de cas et certaines fois, alors qu’elle devait défendre un client, elle était convaincue de sa culpabilité. Mais l’une des premières choses qu’on lui avait apprise dans ses études était de ne jamais demander à son client s’il était coupable lorsqu’on acceptait de le défendre, et de tout faire pour démontrer qu’il ne l’est pas. Elle avait toujours vu ça comme une façon de montrer ce dont elle était capable et qu’aucun obstacle ne pouvait la déstabiliser et pire, la faire perdre face à une audience essentiellement composé d’hommes. A comprendre que le problème d’Alvira dans son boulot n’était pas tant les cas qui ne l’intéressaient pas la plupart du temps, mais plus les hommes qui la considéraient comme une moins que rien parce qu’elle avait un utérus. Malheureusement pour eux, ils se rendaient bien vite compte qu’elle avait plus de « balls » qu’eux. Mais ce sujet n’était pas à l’ordre du jour. Quoi qu’il en soit, elle pouvait comprendre qu’il aime son métier, si c’était pour cette raison-là. Elle se doutait bien que ce n’était pas la seule raison pour laquelle il exerçait ce métier – quoi que – mais comme pour les raisons de son emménagement à Huntington Beach, ça ne la regardait pas. « Je peux comprendre, je pense de toute façon que personne ne peut vraiment faire la différence entre le bien et le mal puisque d’une façon ou d’une autre tout est justifiable. » Dixit l’avocate.
La Raichand étant avocate elle-même savait que même les personnes qui prétendaient suivre la loi et vouloir arrêter dans un monde plus juste, étaient bien souvent les méchants de l’histoire. Ce n’était pas pour rien qu’on pouvait trouver des avocats, magistrats, juges et autre derrières les barreaux. Lorsqu’il reprit la parole, elle l’écouta attentivement tout en arquant encore une fois les sourcils. En plus de ne toujours pas comprendre où il voulait en venir, elle se demandait s’il n’essayait pas de la draguer. Si c’était le cas il s’y prenait mal, et de toute façon elle est déjà prise. Elle se tourna doucement dans la direction qu’il lui indiquait pour ne pas se faire remarquer et fixa quelques secondes le trio en question. « Hum… De mon point de vue il ne s’agit que d’un couple en train de s’embrasser et vu la troisième personne qui ne se tient pas très éloigné d’eux, c’est sûrement un de leurs proche. Un des deux du moins. » Elle regarda encore quelques secondes pour voir si elle pouvait ajouter quelque chose à sa description maladroite mais elle ne voulait pas se risquer à quoi que ce soit face au professionnel qui se tenait à ses côtés. « Mais je ne vois toujours pas en quoi je vaux mieux que ces personnes-là. Enfin, c’est sûrement le cas… » Elle fit un mouvement de tête, passant du couple à l’ami en question avec un regard de dédain, puis reporta son attention sur Ulysse. « Que donne votre expertise ? » S’enquit-elle encore une fois, d’une voix sincère.
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Sujet: Re: Honor will not save you ~ ft. Alvira Raichland Dim 17 Jan 2016 - 3:31
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Les réponse de la juriste étaient correctes. Elles présageaient d’un grand plaisir pour le fou qu’il était et il le savait. Tout était justifiable ? Où était donc la justice de cette dernière ? Exposée à une situation où chaque issue entrainait des pertes, comment réagirait-elle ? Le regard d’Ulysse s’assombrit délicatement lorsqu’elle termina son analyse – très juste - lui permettant d’afficher un souci factice parfait – sa voix suivi la mascarade, devenant plus basse elle aussi. « Je ne dis pas que vous valez mieux que ces trois jeunes, même si c’est certainement le cas. Je dis que vous valez mieux que tous ceux qu’il y a autour d’eux. J’ai enquêté sur le troisième, donc mes réponses sont quelque peu une tricherie en elles-mêmes. » Une très sale histoire dont il se rappellerai pendant quelques temps encore, même si aujourd’hui, avec l’avocate exquise et pertinente qui se trouvait devant lui, il serait peut-être capable de clore le dossier. « Par éthique professionnelle, je ne m’attarderai pas sur le pourquoi de l’enquête, surtout que l’histoire est compréhensible sans. Appelons le C, l’autre garçon B et la fille A. » Les pauses qu’il marquait avaient pour seul objectif d’ancrer les mots de façon plus importante dans l’esprit de l’indienne, espérant montrer la neutralité absolue de ce qu’il expliquait tout en cachant l’indifférence éminente du jeune homme. « C est un ami d’enfance de A, B a rejoint leur groupe lorsqu’ils sont entrés en primaire seulement. Ils ont toujours été extrêmement proches, ouverts et n’avaient pas de secret les uns devant les autres. » Un contexte tellement banal pour l’histoire qui allait suivre qu’il se serait passer volontiers de perdre son temps à l’expliciter, néanmoins il espérait que Miss Raichland apprécie le soucis du détail. « L’an dernier, C s’est rendu compte qu’il était homosexuel et, vous imaginez bien le prévisible de l’histoire, amoureux de B. Pour compliquer le tableau… » Evidemment « …B a fait des avances à A et ils sortent désormais ensembles, laissant C tenir la chandelle comme le démontre le tableau actuel. » A petit pas, il avait l’impression de monter un escalier – ou plutôt de faire tomber l’histoire progressivement, attendant patiemment le moment où la chute prendrait une cinétique telle qu’elle ne serait plus possible à arrêter.
« Seulement voilà, B est bisexuel et entretient une simple liaison sexuelle avec C, relâchant sa… tension… en attendant qu’A soit prête à s’offrir à lui. » Et, honnêtement, la petite blonde qui semblait si fragile s’en jouait bien – le détective était incapable de comprendre ces personnes qui se refusaient à toute relation charnelle avant le mariage, ce n’était que des corps et des objets après tout. « A l’ignore. C’est important pour la suite de l’histoire. A et C se sont toujours tout dit, ils ont été soutient moral l’un de l’autre et ne se seraient jamais voulu du mal – cependant… La jalousie de ne pouvoir s’afficher ouvertement avec B a commencé à étouffer C, surtout qu’il ne voyait en sa relation avec l’autre jeune qu’une échappatoire à la libido de ce dernier. D’après ce que j’ai pu découvrir, il a couché de façon délibérée sans se protéger avec un homme porteur du VIH et est, très certainement, porteur lui aussi. » Ulysse regarda sa montre brièvement, comme s’il vérifiait que le temps était bien choisi à la suite du déroulement de son histoire – combien même il ne savait que trop bien que c’était seulement pour se jouer de l’avocate, de lui laisser le temps d’accepter le déluge d’information qu’il lui fournissait et qui lui avait pris bien du temps avant d’être découvert. Comment ils les avaient obtenues... C'était bien là l'un de ses secrets, ainsi qu'une marque de sa dévotion. « B doit très certainement être atteint, même si je ne suis pas allé jusqu’à espionner leurs ébats. Tout ceci de façon insidieuse dans le but de châtier A qui l’a trahi en acceptant les avances de celui qu’il aimait. Disons que c’est sa façon à lui de résoudre le mélodrame – il en est à quatre tentatives de suicides ratées, ayant été sauvé de peu à chaque fois par l’un de ses amis. Le prix qu’il accorde à sa vie et tout bonnement inexistant et, tout compte fait, il n’y voit que l’objet de sa vengeance avant de voir la maladie l’emporter, pour de bon. » Une larme coula le long de la joue du détective, allègrement provoquer de façon réflexe lorsqu’il se mordit la langue jusqu’à en saigner pendant la pause extrêmement longue et pesante qu’il venait de marquer – il ne pouvait montrer sa nature insensible, il était encore trop tôt.
« Seulement… La famille de C n’est pas tolérante de son homosexualité – c’était l’un des objets de mon enquête de base. Si B s’affiche ouvertement avec A, c’est pour protéger l’intégrité de C au niveau de son domicile familial – bien que la relation en elle-même avec la pulpeuse blonde ne le dérange pas plus que ça. Il n’est qu’un jeune homme qui voudrait le meilleur pour les deux de ses amis, au point de se perdre dans le tissu de mensonges qu’il a établi pour les protéger. Il a réalisé un test de dépistage VIH. Je pense qu’il sait exactement qu’il est atteint et pourquoi C a fait ainsi, il le garde pour lui depuis un mois déjà. » Ulysse n’a jamais eu accès aux résultats du test et, combien même il détestait les spéculations hasardeuses, il était persuadé de la véracité de ses mots. De toute façon, en quelques mensonges le doute était levé. « Et enfin A. Pour elle, le fait de sortir avec B était seulement une couverture pour la relation BC, c’est ainsi qu’il la lui a vendue dans le secret absolu devant C et c’est la raison pour laquelle elle est si hésitante à franchir le pas du lit avec lui, qu’elle s’en veut d’être tombée sous le charme de celui que son meilleur ami depuis toujours convoitait. Pourtant, elle refuse systématiquement de tout révéler à C et se garde bien d’en finir avec B. » Avec sa mine inquiétée, il se tourna vers l’avocate, la regardant droit dans les yeux et n’affichant rien de l’exquis qu’il ressentait devant la torture qu’il lui infligeait. A moins qu’elle ne soit aussi indifférente à la souffrance d’autrui que lui, ce qui l’élèverait bien vite au-dessus du grade de jouet.
« Chacun des trois fait souffrir les deux autres et se perd dans sa propre souffrance. Et il faut que quelqu’un arrête ce jeu tant que c’est encore possible… Où sont les parents ? Où sont les autres amis ? Ces trois jeunes eux-mêmes refusent d’agir et la société ferme les yeux. Parce que ça l’arrange. » Que ferait-elle ? Resterait-elle purement spectatrice du carnage qu’il lui décrivait dans l’arène ? Se jetterait-elle dans la fosse aux lions afin d’intervenir, d’arrêter cette folie douce ? Les trois n’étaient qu’un exemple parmi tant d’autres de la pourriture qui habitait ce monde, cette maladie cruelle qui s’infiltrait dans les maisons. Telle l’une des tares imposées à l’Egypte dans les histoires bibliques, elle se répandait et tuait tous ceux qui n’avaient pas marqué leur porte du sang des autres. Tous ceux qui n’étaient pas comme lui. « Pourtant… Je ne suis pas un exemple non plus. Je suis incapable de choisir qui condamner dans cette histoire. Mon métier me fait voir que les intentions de tous sont aussi bonnes que mauvaises, et j’ai la difficulté de discerner dans mon jugement lequel des trois mérite d’avoir sa vie gâchée par mon intervention. » Mensonge cruel. La décision, il l’avait déjà prise – celle de ne rien faire, de les laisser s’autodétruire en suivant de loin, se délectant de la souffrance réelle de chacun, et pourtant si superficielle aux yeux de la société. N’étaient-ils pas juste trois adolescents perdus dans des jeux d’amour ? C’était le regard simpliste que tout le monde choisissait de poser sur eux. Les remords ? Le détective était incapable d’en ressentir. Ni de la situation qu’il laissait faire, ni du poids qu’il faisait poser sur l’avocate. Les personnes capables de prendre ce genre de décision sans avoir à souffrir derrière, ou étant certaines du bien-fondé intransigeant de leur choix, étaient une rareté. Aurait-elle la solidité de s’opposer à la folie ambiante et tenir le poids de son opinion, ou se rendrait-elle bêtement et, à leur prochaine rencontre, se suiciderait-elle devant le souvenir qu’évoquerait la personne du brun ? Son éthique était posée au creux de la main du détective, il venait de planter ses crocs avides dedans et, calmement, il attendait de voir la couleur du sang qui en coulerait. Partir. Il devait partir maintenant et observer comment la suite se déroulerait. Cependant l’envie de rester, d’entendre une réponse et ne pas seulement imaginer les souffrances morales qu’il infligeait ; oui, c’était plus fort que lui. Qu’elle prenne une décision, au moins un jugement – il irait l’exécuter pour le plaisir de voir la suite de son évolution. Se soumettant à un dernier jeu pour la pousser au maximum, il plaça son visage dans le creux de ses mains, marquant ainsi l'impotence artificielle dont il se plaignait dans le langage de son corps également. La graine germerait-elle ?
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Sujet: Re: Honor will not save you ~ ft. Alvira Raichland Lun 18 Jan 2016 - 2:24
LLa Raichand n’était pas sûre de savoir où tout cela allait les mener mais elle avait hâte d’entendre les explications du détective. Bien qu’elle ne soit pas nulle en générale lorsqu’il s’agissait de déduction, elle n’était pas non plus une experte en la matière et savait qu’à moins d’un miracle, les explications qu’allaient lui fournir à propos du trio allaient être un peu plus poussées. Lorsqu’il lui apprit qu’il avait enquêté sur l’un des trois jeunes, elle afficha un petit sourire. Bien sûr, elle aurait dû s’en douter et aurait même dû lui demander de lui donner tous les détails les plus croustillants à leur sujet au lieu de perdre du temps. « Evidemment… » Souffla-t-elle, toujours avec un petit sourire dans la voix. Elle lui fit un petit signe pour l’inciter à continuer sur sa lancée tout en essayant d’emmagasiner un maximum d’informations ou du moins, de comprendre l’essentiel. L’Indienne décida de mettre tous ses neurones sur le coup pour ne rater aucune information qui pourrait être cruciale à l’histoire en jetant à quelques petites reprises des coups d’œil en direction du couple et de l’ami qu’ils étaient en train d’observer. En temps normal Alvira ne s’attardait pas sur les ragots, elle savait que ce n’était qu’un sport de commère et vu l’endroit d’où elle venait et surtout le milieu dans lequel elle était originaire, ils ne fonctionnaient que par les on dit. Elle ne comptait même plus le nombre de fois où elle avait préféré s’éclipser ou écourter une conversation parce que la personne avec qui elle discutait commençait à dévier la conversation en se basant sur des choses qu’elle avait entendue.
Elle ramena un bras sous sa poitrine en tenant son verre de café dans l’autre main, et écouta attentivement ce que lui disait le jeune détective. « Typique. » Lâcha l’avocate en haussant les épaules lorsqu’il lui expliqua la situation de base, étrangement, même si elle se serait sûrement trompée de personne sur qui a rejoint le groupe en dernier, elle était à peu près sûre qu’il s’agissait d’une histoire comme ça. Elle le laissait poursuivre son histoire en acquiesçant quelques fois pour lui faire signe qu’elle suivait toujours et plus important encore, qu’elle comprenait bien tout ce qu’il lui disait, et se retourna de façon à être face à lui pour ne pas attirer l’attention des jeunes. Bien qu’elle aurait pu se perdre à un moment, elle avait retenue qui était A, B et C et ne se gênait pas pour avoir la personne de visu parfois. Elle porta son verre à sa bouche pour prendre une gorgée de son café, laissant le jeune brun poursuivre son récit et grimaça lorsqu’il y avait une histoire d’homosexualité et d’attirance dans le groupe. « Ouch. » Fit-elle d’un air désintéressée tout en continuant d’écouter ce qu’il avait à dire au sujet du trio. Elle se retourna pour regarder le visage de l’ami qui tenait la chandelle en question et ne pu s’empêcher de lâcher un soupire. Elle lui faisait de la peine. Elle n’avait jamais été dans cette situation – et espère ne jamais l’être – mais elle pouvait bien imaginer à quel point ça pouvait être dure pour lui. Lorsqu’il s’agissait des relations humaines et encore plus pire, des sentiments, elle savait personnellement que ce n’était pas facile. Même si aujourd’hui l’avocate s’estimer s’en être bien sortie, elle ne pouvait s’empêcher d’éprouver de la compassion à l’égard de C. Elle effaça tout signe de compassion lorsque la suite de l’histoire arriva. « Bien sûr. » Commenta la jeune femme en levant les yeux au ciel une fois qu’elle eut fini de scruter les trois personnes. Elle avait baissé la tête en riant doucement de l’histoire qu’il lui racontait ne sachant pas vraiment si elle devait le croire ou pas, après tout il était peut-être quelqu’un à l’imagination débordante qui voulait seulement se faire remarquer. Lorsqu’il reprit la parole pour expliquer la situation qui devenait de plus en plus délicate, elle leva la tête toujours avec un air amusé sur le visage en ne disant rien. Son regard par contre en disait long, sans même ouvrir la bouche, rien qu’à son expression on pouvait clairement y lire un « sérieusement ? ». Son sourire disparu lorsqu’elle vit une larme couler le long de la joue du détective, soulevant encore plus de questions chez l’Indienne. « Vous voulez un mouchoir ? » Lâcha-t-elle sarcastiquement ne comprenant pas bien pourquoi est-ce qu’il avait cette réaction. Elle était d’accord qu’on pouvait être ému lorsque certains cas se présentaient à nous, elle avait d’ailleurs vécus plusieurs situations où elle devait se retenir de ne pas fondre en larmes à chaque fois qu’on lui exposait le cas d’un enfant abattu violemment ou autre dans ses jeunes années. Mais elle avait appris à s’endurcir au fil des années et surtout avec l’expérience qui lui a apprit que dans le métier qu’elle voulait exercer, elle se devait d’être à la fois impartiale et de laisser ses sentiments chez elle. On ne lui demandait pas d’être sans cœur, mais juste professionnelle. Même si elle ne connaissait pas bien le métier de détective, elle se disait que c’était à peu près pareil mais après avoir assisté à ce petit versage de larme, peut-être s’était-elle trompée.
Elle reprit son sérieux en s’excusant poliment, puis l’invita à continuer son histoire se demandant tout de même si elle avait une fin. Certes cette histoire était triste et elle l’était encore plus avec la suite où l’homosexualité de l’un des garçons n’était pas accepté, mais… qu’est-ce qu’elle pouvait y faire ? Et de plus, pourquoi avoir engagé un détective en premier lieu ? Elle ne fit aucun commentaire en se disant qu’elle en avait fait peut-être un peu trop d’ici là, et le laissa continuer son histoire tout en continuant de se tourner discrètement de temps en temps pour avoir un œil sur les protagonistes de son récit. Alvira finit par comprendre où est-ce qu’il voulait en venir – enfin – au bout d’un moment, du moins lorsqu’il s’agissait de son explication de la différenciation du bien et du mal, mais toujours est-il qu’elle demandait en quoi ça la regardait elle. « Si on me demande mon avis je condamnerai la fille sans hésitation. » Elle vida son verre de café qu’elle avait déjà bien entamée et partie ensuite d’un petit rire pour faire signe qu’elle plaisantait. « Mais plus sérieusement, je comprends ce que vous essayez de me dire. Du moins je crois. Mais dans tous les cas ce n’est pas de notre ressort et ce ne sont pas nos affaires. Vous n’êtes là que pour enquêter et faire votre travail de détective, pas pour trancher qui a raison ou qui a tort. Peut-être finiront-ils par s’entretuer. Peut-être qu’A finira par aller voir les parents de C parce que ce n’est qu’une égoïste qui préfère éloigner le danger de son couple. Peut-être même qu’elle se retrouvera toute seule à la fin parce que les deux jeunes finiront enfin par s’assumer en n’ayant que faire du regard des autres. Ce sont des choses qui arrivent et nous ne pouvons pas l’arrêter. Même si ça me fait passer pour la méchante, à les voir je suis sûre qu’ils savent tous les trois ce qu’ils font et qu’on devrait les laisser se débrouiller comme des grands. » Peut-être qu’elle se montrait trop insensible face à la situation, au contraire de son interlocuteur qui semblait réellement impliqué dans cette histoire. Mais ni elle, ni lui ne pouvaient faire quoi que ce soit à part les observer et de loin et poser des hypothèses sur ce qui arrivera – comme pas – à l’avenir. Elle jeta un dernier coup d’œil au trio concerné et secoua la tête doucement en lâchant encore une fois un soupir. « Si tous les jeunes d’aujourd’hui ressemblent à ces trois-là, c’est que la société va mal. Vous ne pensez pas ? » Demanda-t-elle en se tournant vers Ulysse.
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Sujet: Re: Honor will not save you ~ ft. Alvira Raichland Mer 20 Jan 2016 - 17:47
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Des la première réponse sarcastique de l’indienne, le détective n’avait qu’une seule envie : abandonner. Elle venait d’activer un mécanisme de défense, l’un de ces doux loquets de la conscience humaine qui servaient à tout un chacun de mettre de la distance entre le reste du monde et eux, de se protéger de choses qui risquaient trop les atteindre. Loquets que son esprit n’avait, évidemment, jamais réellement mis en place – ils nécessitaient la capacité de ressentir de l’empathie, de comprendre les émotions des autres, tandis que pour Ulysse ces dernières n’étaient que des jouets qu’il pouvait manipuler et détruire comme bon lui semblait. C’était prévisible de la part d’une personne travaillant dans la justice et il le savait – prendre de la distance, s’enfermer dans sa propre carapace, c’était le quotidien de gens qui n’avaient pour seule consigne que de ne pas juger les autres, s’adonnant aveuglement à leurs causes et, malgré les tentatives de court-circuiter ces derniers par le biais d’un langage extrêmement technique, il n’avait pas réussi à crocheter cette serrure. Tant mieux, le jeu n’en serait que plus intéressant – l’avocate avait allègrement gagné en saveur pour la folie inhérente du brun, une saveur dont il se gardait bien de la croquer à pleine dents, ici et maintenant. La réelle réponse qui arriva, une fois son récit terminé, ne fit que corroborer les hypothèses qu’il avait établi, signalant l’extrême fadeur – tout de même – du prévisible qui venait de s’installer chez la jeune femme, tout en provoquant cette petite… Point d’excitation dans l’esprit du détective, ce léger rictus ayant duré moins d’une seconde lorsqu’elle accusa, tout aussi sarcastiquement, la fille d’être la coupable avant tout raisonnement. De toute façon, pouvait-elle y voir quelque chose qu’une réponse à sa blague de mauvais goût ? Elle avait elle-même adressé un petit rire derrière.
Ne rien faire. Laisser la maladie se propager, la destruction continuer et la société mourir – un choix avec lequel il se savait pleinement satisfait. Au final, la jeune fille finirait par apprendre ce qui se passait dans son dos et l’altération de condition de santé qu’elle venait d’acquérir, ainsi que son origine. C’était juste une réelle honte que des esprits tellement dérangés et capables des pires choses se conduisent jusqu’à la mort en refusant un traitement qui, loin de les soigner, leur permettrai de rejoindre la courbe de survie de la population générale. S’il n’en dépendait que de lui, il aurait aimé les prévenir, les traiter afin qu’ils restent en vie le plus longtemps et souffre de ce qu’ils se faisaient mutuellement avec tellement d’indifférence que c’en était délicieux. S’il n’avait rien d’autre à faire, c’est avec toute sa volonté magnanime qu’il se serait déguisé en la grande faucheuse et aurait traîner devant les fenêtres de ces jeunes, les poussant calmement mais constamment vers la crise, la dépression puis enfin le suicide – qu’ils auraient certainement échoué vu comme ils se prenaient à la résolution de leurs problèmes sociaux, mais qui aurait au moins eu le privilège de les faire passer par la case hôpital et haït la société plus encore, jusqu’à devenir de pâles imitations de ce qu’était le détective. Un monstre. « Vous êtes douée pour détendre l’atmosphère. » Il lui adressa un petit sourire innocent. « Peut-on vraiment dire que des adolescents savent ce qu’ils font ? Je ne me rappelle que trop bien de mon adolescence, j’étais prêt à tous les problèmes seulement pour que l’on remarque mon malaise, dont j’étais persuadé qu’il était le pire au monde. » Un léger geste de la main fut la seule chose qu’Ulysse utilisa pour montrer l’autodérision de sa phrase – mensonge supplémentaire sur le plateau qu’il ne faisait que garnir, gavant l’indienne comme un porc que l’on préparait à emmener à l’abattoir. Il savait exactement ce qu’il lui fallait pour arriver à ses fins. Et qui il lui fallait également. « Mais vous avez certainement raison, je vis énormément mes affaires – bien plus que ne le montre votre détachement. En même temps, vous ne voyez que les gens à un moment de leur vie, moi on me demande d’apprendre à les connaître pendant plusieurs mois parfois. Cela peut sembler dérangeant, mais à force, ils deviennent une part de votre entourage, comme des patients qui resteraient trop longtemps à l’hôpital et dont un seul médecin serait amener à s’occuper. » Se montrer vulnérable, exprimer une fragilité qui n’était pas la sienne : ce stratagème n’avait rien de nouveau, c’était en général le sucre avec lequel il attirait les mouches qui terminaient dans son lit, combien même son objectif était tout autre ici. Il devait se montrer du meilleur de soi-même : le plus sympathique et le plus fragile possible, sans quoi tout le reste de ce qu’il venait de préparer à l’instant à l’avocate tomberait à l’eau et irait mourir noyer sous la méfiance qu’elle ne devait absolument pas connaître à son égard. C’était si ne qua none.
« Quant à ces jeunes… Ils sont loin d’être les pires dans cette société. Eux, au moins, ne se font que du mal entre eux. Personne sinon eux trois ainsi que leur entourage ne sera atteint de leurs actes, et leur entourage a pris la décision de ne pas agir donc il est tout aussi coupable. » Combien de kilomètres faisaient ses afabulations ? Le jeune homme avait perdu le compte. Tandis qu’il essayait d’entretenir une conversation factice avec l’indienne, la seule chose à laquelle il pensait était l’ensemble de conditions existantes qui déterminaient la réussite de son plan, ainsi que les façons dont il pouvait réduire le rôle du hasard. « J’allais dire que vous n’avez pas idée de quoi les gens sont capables pour faire souffrir les autres, mais en tant qu’avocate je ne serais étonné que vous en ayez bien plus conscience que moi après tout. » C’était naturel pour lui de se faire passer pour quelqu’un d’autre lorsqu’il abreuvait les gens de ses mensonges… Il aurait certainement besoin de lui pour la réussite de son plan, et ça le couterait cher. Tant pis. La seule chose qui occupait l’esprit du détective, actuellement, était le moyen excellent qu’il mettait en place dans son esprit pour briser toutes les défenses de la jeune femme afin de voir sa vraie nature, dénudée de toute société. « Les choses sont-elles différentes dans votre métier ? Ou alors là d’où vous venez ? J’aime à penser que j’ai seulement choisi la mauvaise voix et que j’accumule la vision de tout le mal qu’il y a sur cette terre, mais… » Ulysse soupira calmement plutôt que de finir sa phrase, preuve intangible de la fragilité qu’il essayait de feindre. Irait-elle enfoncer des portes ouvertes ?
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