14 NOVEMBRE 2000 — MUMBAI
« - Je sais que c'est Lele votre préféré ! » Le petit Aditya balança son cahier de dessin dans le salon, avant de finalement croiser les bras et bouder. Lorsqu'il croisa le regard de son père – qui échangea rapidement un regard avec sa mère – il sut qu'il allait se faire gronder. A huit ans, Aditya était impitoyable. Mais il avait surtout rarement envie de suivre les règles. Avec seulement un an d'écart, il avait aussi une jalousie profonde pour sa petite sœur. Laila était le portrait de sa mère. Et depuis sa naissance, Aditya n'était plus un enfant unique. Mais étrangement, il n'a jamais rien montré. Au contraire. Il chouchoutait Laila comme jamais, prêt à la protéger des moindres dangers. Il avait beaucoup d'amour pour elle et ses parents savaient très bien qu'il jouait simplement la comédie. Que parfois, Aditya aimait bien s'énerver sans aucune raison apparente, pour un oui ou pour un non, simplement pour redevenir le centre de l'attention. D'ailleurs, s'il s'énervait maintenant, c'était bien parce que Laila n'était pas là et qu'elle dormait tranquillement dans sa chambre. « - Mais non, mais non, regarde, ton dessin aussi on va l'accrocher. » Naturellement, sa mère était toujours là pour le rassurer. Là où son père se contenta de lever les yeux aux ciels et de quitter la pièce, journal sous le bras. Boudant de nouveau en voyant son père partir, Aditya attrapa ses crayons et les balança dans la pièce une à une sous le regard fatigué de sa mère. « - Adi, tu vas ramasser tout de suite tout ça avant que je me fâche. » Le jeune garçon se releva, sans un mot, mais visiblement mécontent. Et alors qu'il se pencha pour attrapa l'un de ses crayons, Laila apparu de l'autre côté. « - Lele ! Viens on va jouer ! » L'enfant lui souris et il se mit à sa poursuite, laissant sa mère hurler : « - Adi ! Les crayons ! Reviens ! »

21 JUIN 2011 — GOA
La musique avait enveloppé toute la plage alors qu'Aditya essayait de commander une bière pour lui et ses amis. Cela faisait un an qu'il avait pris sa décision de ne pas faire plus d'étude. Un an qu'il se disputait avec son père à cause de ça. « - Kabira ! Ramène tes seins sérieux ! » Son cousin ne tarda pas à venir, à hurler quelques choses, à monter sur le bar et finalement réussir à prendre deux bières. « - Yaar, comment tu fais sérieux ?! » Cognant les deux bouteilles, les deux inséparables se lancèrent dans la foule, bougeant aux rythmes rapides de ce qu'ils entendaient. Ils avaient tous les deux décidés de partir un week-end ensemble : pour se ressourcer. Un peu plus tôt dans la matinée, Aditya avait parlé de ses rêves de musique. La guitare, c'était sa passion. Son dada. Il n'avait pas appris pour les filles, mais pour lui. Des musiques les plus compliqués aux plus simples, il avait tout appris par cœur. Peut-être qu'un jour il finirait dans un groupe célèbre. Peut-être qu'il pourrait gagner sa vie avec ça. Il le savait, tout était possible et Kabir était là pour le soutenir et l'épauler. Pour lui dire qu'il n'y avait rien de fou à vouloir suivre sa passion. En attendant, Aditya faisait tout et n’importe quoi. Il s’était retrouvé à jouer les danseurs dans des films du cinéma, après être entrée dans une troupe. Il avait décidé de prendre des cours d’art martiaux, mais avait vite laissé tomber. Un mois plus tôt, il avait suivi une fille pendant un mois dans une association qui apportait de l’eau dans les villages les plus reculés de l’Inde. Clairement, il se cherchait et il essayait tout et n’importe quoi. Parfois, il y arrivait. Il était devenu assez doué en danse, malgré quelques lacunes. Mais les associations, ce n’était pas trop son délire. Cela ne l’a pas empêché de s’inscrire dans plusieurs d’entre-elles en Inde, posant un chèque bien juteux juste pour avoir accès à certaines soirées mondaines et pour plaisir à son « père. » Si tu ne fais rien, aide les autres au moins.

7 NOVEMBRE — MUMBAI
« - Non, j'te jure, j'ai vraiment fait un spectacle de magie avec un singe dans un cirque. » Divya le regardait comme s'il avait dit la plus belle connerie de sa vie, puis elle ria. Un rire doux, attendrissant. Il se souvient encore de la première fois où il l'avait croisé – à la sortie de son université, alors qu'il était là pour aider à la construction d'une scène de concert. Il se souvient qu'elle plaisantait avec des copines et qu'elle avait remis un crétin à sa place parce qu'il essayait de forcer son amie à sortir avec lui. Il se souvient d'avoir croisé son regard et de l'avoir salué alors qu'il n'avait aucune idée de qui elle était. Il se souvient aussi avoir fait la même chose le lendemain, jusqu'à ce qu'elle se plante devant lui et qu'elle lui demande enfin qui il était. Il avait répondu « ton âme-sœur » comme un crétin et quelque part, elle avait adoré sa maladresse. Après il y avait eu le concert, qui avait sans doute aidé le garçon à la séduire. Puis ce rendez-vous en café qu'il avait réussi à lui faire accepter sur facebook. Cette balade à la fête foraine du quartier. Et petit à petit, ils avaient fini par officialiser leur histoire. Et chaque fois qu'Adtiya voyait Dviya, il devenait un vrai nounours en sucre. Il chercha d'ailleurs son téléphone portable pour retrouver les photos, qu'il montra ensuite à sa petite-amie. Elle ouvrit grand les yeux en le voyant avec un singe… dans ce qui semblait être un cirque. « - Adi, un jour va falloir que tu te met sérieusement à faire quelque chose dans ta vie tu sais. Tu ne peux pas passer tes semaines à essayer de nouvelles choses… » Il haussa les épaules, il savait qu'elle avait raison, mais il n'en avait pas envie. Pas encore. Il récupéra son téléphone qu'il rangea, puis attrapa la main de Divya. « - Bientôt, promis. »