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 Holding a Star in your Palm (ft* Louise Rosenfeld)

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MessageSujet: Holding a Star in your Palm (ft* Louise Rosenfeld)   Holding a Star in your Palm (ft* Louise Rosenfeld) EmptyJeu 18 Aoû 2016 - 20:38

Rusted Wheel
by Silversun Pickups


Une journée de plus au calendrier. Un point supplémentaire pour l’équipe médicale de l’hôpital d’Huntington, alors qu’une nouvelle pièce s’effaçait du puzzle que Keith tentait de remettre en place. Un casse-tête jadis si précieux à ses yeux, dont il ne souciait plus tellement aujourd’hui.

Exceptionnellement, Lalita ne travaillait pas aujourd’hui. La pauvre devait se trouver loin de la situation qu’elle avait anticipée lorsqu’elle avait acceptée de s’associer à Keith. Financièrement, l’entente demeurait extrêmement avantageuse. Niveau liberté, par contre…

Et bien, dans ce cas, ils seraient deux à ne pas se retrouver là où ils s’imaginaient…

Toujours est-il qu’aujourd’hui, Keith devait faire acte de présence. Grâce aux recommandations de Lorelaï Daniels, une importante célébrité avait choisi le Hope’s Cove pour son séjour à Huntington Beach, afin de participer à il ne savait pas trop quoi. En temps normal, il aurait été enchanté de savoir que le Cove maintenait suffisamment son petit quelque chose d’unique pour intéresser un client que tous les établissements devaient s’arracher. Comme de savoir que Lorelaï Daniels soit demeurée attachée au petit quelque chose qu’il avait érigé.

Cependant, dans son état actuel, il avait de la difficulté à ne pas percevoir tout geste généreux prodigué à son égard comme étant motivé par de la pitié…

Sur son fauteuil roulant, il faisait donc acte de présence, au cas où la dite célébrité déciderait de quitter sa chambre. Il regardait distraitement les prouesses sportives d’Ashton Eaton à l’épreuve du 110 mètres haie du décathlon sur un petit moniteur qu’il avait installé derrière le bureau de la réception. Le contraste de leur condition le maintenait dans une doucereuse mélancolie que semblait particulièrement appréciée son âme ces dernières semaines.

Question de patienter jusqu’à la prochaine compétition, il s’attaqua à l’un des nombreux petits projets de rénovation qui s’accumulaient depuis que le cœur n’y était plus. Il roula jusqu’à une armoire, y récupéra une boîte d’ampoule et revint vers la lampe sur pied défectueuse du lobby. Trop haute pour sa nouvelle position permanemment assise, il se hissa sur le coin du bras d’appui de son fauteuil afin d’atteindre l’ampoule brûlée. Il n’en était plus à une situation bancale près.

La cloche à l’entrée s’agita. Forcé de sortir de son auto apitoiement, Keith leva les yeux sur une vision d’une prestance et d’une assurance tout aussi olympienne qu’Eaton. De tout ce que l’humanité à offrir en terme d’individualités, il existe cette infime population pour qui rien ne semble impossible et qui inspirent leurs prochains à se dépasser. Que ce soit par le regard qu’ils portent sur le monde ou leur démarche, une aura émane d’eux et indique à quiconque les croise que peu importe ce sur quoi se portera leur attention, ils accompliront de grandes choses. La puissance de leur volonté les distingue du commun des mortels comme un brasier d’un ciel sans étoiles.

Keith ne put s’empêcher de se tenir plus droit lorsqu’elle pausa son regard sur lui. Et encore moins d’avoir honte de l’homme qu’il s’était laissé devenir…

« Bienvenue au Hope’s Cove. Keith Williams, à votre service. Comment puis-je vous aid… »

Déconcentré par la nouvelle arrivante, il perdit son point d’équilibre précoce. Il chuta lourdement sur le côté, entraînant son fauteuil par-dessus lui, ainsi qu’une table basse supportant un vase à fleurs. La lampe, elle, manqua de peu la nouvelle visiteuse, pour aller finalement faire éclater le bocal de Flounder, le poisson rouge de sa fille Béatrice.  

« FUCK!», laissa-t-il échapper alors que son visage se crispait sous la douleur et qu’il tentait frénétiquement et inefficacement de reprendre place sur son fauteuil.

Comme si cela suffirait à régler la situation.

À effacer la honte.

À oublier le fait qu’il n’arrivait plus à rien.
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MessageSujet: Re: Holding a Star in your Palm (ft* Louise Rosenfeld)   Holding a Star in your Palm (ft* Louise Rosenfeld) EmptyVen 19 Aoû 2016 - 0:37


Ayant eu vent par Lorelai que Anthony Lewis, un célèbre coiffeur, était en ville, Louise s’était mise en tête d’aller le trouver au culot afin de le solliciter pour enregistrer une entrevue pour un prochain numéro de L.A Mode, son émission consacré sur la mode. Elle le connaissait assez bien, il avait orchestré plusieurs backstages de shows pour lesquels elle avait défilé. Officiellement, elle venait lui souhaiter la bienvenue à Huntington-ville qui ne lui était pourtant pas encore si familière-, officieusement elle voulait le convaincre de tourner avec elle. Toujours à la recherche de sujet, Louise se découvrait une réelle fibre journalistique même si elle ne se contentait pas seulement de ça. La jeune française se décida à partir en vespa à deux pâtés de maison de son appartement sur President Drive pour se rendre au Bed&Breakfast où il logeait. C’était d’ailleurs assez étrange qu’il se contentait de ce type d’hébergement plutôt convivial quand on savait la pléthore de palace qui se trouvait dans la région. Elle espérait que cette Rock Star de l’univers capillaire aurait émergé de son sommeil malgré l’après-midi bien entamé.

Elle se gara devant la villa qui servait de décor à l’hôtel, qui derrière le nom populaire de B&B avait finalement un cachet raffiné et ressemblait à un petit hôtel de charme comme on en trouvait beaucoup en Europe. Pour être honnête, elle n’avait jamais vraiment mis les pieds dans des maisons d’hôtes et même si Louise savait pertinemment qu’elle pouvait se passer sans problème du superflu guindé des grandes chaînes comme le Sheraton, le Hilton, l’InterContinental, elle se sentait malgré tout à l’aise dans le luxe et n’en rougissait pas à partir du moment où elle pouvait se le permettre.

L’ancien top se dirigea vers la réception, admirant la décoration soignée des lieux, tout en préparant une stratégie d’approche qu’elle utiliserait auprès d’Anthony pour le convaincre avec aisance de se laisser filmer, chose qui était rarissime et qui serait donc génial pour L.A Mode.

Elle n’eut pas le temps de saluer le réceptionniste -ou le propriétaire de l’établissement ?- qui l’accueillit en utilisant une formule qu’il devait certainement débiter à longueur de journée. Mais qu’il ne finit pas, dégringolant de son siège. Louise par instinct mit les mains devant sa bouche lors de la chute, elle avait même manqué de se prendre une lampe dans la figure qui avait finalement finit sa course dans un vase vu le bruit de verre brisé qui avait retentit (r.i.p Flounder). Quand elle s’approcha du comptoir pour voir si le maladroit allait bien, elle remarqua qu’il était en fait tombé d’un fauteuil roulant. La scène prit une tournure beaucoup plus dramatique dans l’inconscient de Louise, pour qui fauteuil roulant signifiait fragilité.

- Mon dieu, s’exclama-t-elle en français avant de poursuivre en anglais. Je vais vous aider.

Elle fit le tour pour tenter de l’aider à le remettre dans son fauteuil, mais soulever un poids mort était en soi une chose peu aisée, mais quand on avait le gabarit de Louise et son corps filiforme, c’était pire.

- Putain, la vache ! ne put-elle s’empêcher de dire constatant le poids qu’elle avait à porter. Peut-être que quelqu’un peut venir ou vous pouvez peut être m’indiquer où je pourrai trouver quelque chose qui vous aiderait ? demanda-t-elle gênée par la situation. J’ai pas beaucoup de force… finit-elle par dire honteuse de son inutilité.


Louise était déjà plutôt mal à l’aise en présence d’handicapé, elle ne savait jamais trop comment se comportait. Forcément, elle avait de la compassion pour eux mais elle savait aussi que ces gens devaient en avoir marre de la compassion des autres. Donc elle n’était jamais vraiment naturelle à force de vouloir à tout prix paraître normale mesurant ses paroles et ses intonations pour justement ne pas avoir l’air de faire de différence. Mais là, c’était un peu difficile devant le jeune homme au sol.
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MessageSujet: Re: Holding a Star in your Palm (ft* Louise Rosenfeld)   Holding a Star in your Palm (ft* Louise Rosenfeld) EmptyVen 19 Aoû 2016 - 16:21

Recroquevillé au sol, Keith découvrait un nouveau monde d’embarras tandis que la nouvelle arrivante s’efforçait de le remettre sur pied. Malgré toute son évidente bonne volonté, les efforts des deux individus finirent par s’antagoniser et ne produisirent aucun résultat concret, contribuant encore plus au malaise. À cela s’ajoutait maintenant une douleur poignante prenant naissance dans la longue cicatrice de Keith, sur son flanc droit.

Il la repoussa d’un bras, probablement un peu trop brusquement. Il se débrouillait mieux seul. Obviously.

Fermant les yeux et crispant les mâchoires, il s’agrippa à la patte d’une chaise de style victorienne. Puis, il se tira en position assise, l’effort lui soutirant un « humph ». Pas tellement pour se sentir mieux, car son champ de vision vacilla à quelques reprises. Simplement pour rendre les circonstances plus civiles.

« Merci, ça va aller. »

Sa voix avait perdu plusieurs degrés, comme s’il la tenait responsable de sa situation actuelle. Incapable de canaliser toutes les frustrations qu’il cultivait avec autant de soin depuis les derniers mois, elles avaient pris l’habitude de se manifester sans sollicitation.

« Je vais seulement prendre un petit moment comme ça, si ça ne vous dérange pas. »

Grimaçant, le souffle court il parcourut la catastrophe des yeux. Ce regard complètement désemparée qu’elle portait sur lui – cette expression qui devenait abominablement familière. Les objets renversés. La lampe bousillée. Le poisson rouge, quasiment dans le même état que lui…

Il se retourna vers Louise, dont le malaise évident trahissait son manque de familiarité avec la misère humaine. Comme un cygne piégé dans une marée noire. L’espace d’un instant, il souhaita qu’elle disparaisse du marasme de son existence. Pour son bien à elle.

Sauf qu’il n’était pas seul dans l’histoire.

« Pourriez-vous... auriez-vous l’amabilité d’aller mettre un peu d’eau dans le plat à bonbon, là, sur le bureau, et essayer d’y mettre le poisson ? Il y a un lavabo derrière cette porte, sur la droite. »

Il pointa la dite porte du doigt.

« C’est le poisson de ma fille. »

Les larmes lui montèrent aux yeux, sans retenue ni préavis. Considérant l’état de sa relation avec Béatrice, sa participation à la mort de Flounder pourrait bien être la goutte qui ferait déborder le vase. Il avait besoin d’une trêve, et surtout pas d’une escalade des hostilités. L’idée que le lien qui l’unissait si férocement à sa fille pouvait être rompu ne l’avait jamais encore frappé avec autant de vigueur. Et de douleur.

Car que lui resterait-il alors, mis à part une carcasse aussi brisée que son âme ?
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MessageSujet: Re: Holding a Star in your Palm (ft* Louise Rosenfeld)   Holding a Star in your Palm (ft* Louise Rosenfeld) EmptyMer 24 Aoû 2016 - 18:25


Gros malaise. La situation était plus que gênante, Louise, qui était déjà mal à l’aise, l’était encore plus face à son inutilité. Elle essayait quand même de relativiser en se disant que ce n'était pas elle qui l’avait poussé de son fauteuil, encore heureux, et que ce n’était pas non plus sa faute si le gérant du B&B était quelque peu maladroit. Ça ne devait pas faire longtemps qu’il était en fauteuil roulant, peut-être même que c’était provisoire. A cette idée, Louise se sentait tout de suite plus décontractée… Se dire que ces roues n’étaient pas une fatalité et qu’elle n’avait pas à culpabiliser de la vitalité de ses jambes fuselées était dédramatisant, même si concrètement elle n’en savait rien.
Le poisson ? Quel poisson ?

- Bien sûr, acquiesça Louise lorsque l’homme lui demanda de sauver le poisson.

Ni une ni deux, elle s’empara du plat à bonbon et fonça le remplir à l’aide du lavabo qu'il lui avait indiqué. Ainsi, il était papa. Et tortionnaire d’animaux. Mettre un poisson rouge dans un bocal était considéré comme de la maltraitance dans plusieurs pays et à juste raison. Louise aimait vraiment les animaux, parfois plus que les humains, ils faisaient rien de mal et c’était d’ailleurs pour ça que durant sa carrière de mannequin elle avait milité contre le port de la fourrure. Pourtant, dans Paris, elle n’avait jamais eu de contact avec des animaux et n’en avait jamais eu de domestiques non plus. Quand elle était petite, elle traînait l’aspirateur de la bonne derrière elle, en imaginant que c’était un dalmatien pure race. C'était genre la seule interaction qu'elle avait eu avec un animal chez elle, sauf que celui ci se branchait à une prise électrique et existait seulement dans sa tête. Louise revint à la réception et après plusieurs tentatives, elle parvint finalement à prendre le poisson par la queue et le déposer dans le plat à bonbon.

- Vous n’avez pas de fontaine ou de bassin en extérieur ? demanda-t-elle, avant de se justifer. Les poissons rouges ne sont pas fait pour rester dans des petits bocaux, leurs organes s’atrophient et empêchent une bonne croissance, ils meurent tôt souvent pour cette raison. Puis aussi, ils sont grégaires donc la solitude est un calvaire pour eux, vous devriez essayer de l’expliquer à votre fille.

Loin d’elle l’idée de faire des leçons de morale et d’éducation, mais si les gens étaient un peu plus sensibilisés et informés, ils arrêteraient d’offrir ce genre de conditions de vie aux poissons rouges. Et ça lui avait permis de se contrôler et retrouver son assurance naturelle, oubliant l’embarras causé par le rocambolesque de la scène à laquelle elle venait d’assister, à tel point qu’elle était définitivement plus à l’aise après avoir prodigué quelques conseils de soin animalier. Elle enchaîna sans attendre de réponse précise à ses interrogations à propos du poisson rouge.

- Qu’est-ce qui se passe dans votre vie pour avoir l’air aussi déprimé ? demanda-t-elle sans réfléchir à ses mots.

C’est vrai que ce monsieur avait l’air tout à fait charmant, mais qu’il faisait pitié. Les larmes qui lui montaient aux yeux, le côté dramatique du fauteuil, mais finalement des tas de gens avait des vies de merde parce qu’ils n’avaient aucunes passions. La condition physique, c’était juste un détail même si c’était plus facile à affirmer quand on n’avait aucun problème du genre. Louise redoutait quand même un peu la réponse, mais la question avait été posée. Trop tard pour rougir de son indiscrétion.
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MessageSujet: Re: Holding a Star in your Palm (ft* Louise Rosenfeld)   Holding a Star in your Palm (ft* Louise Rosenfeld) EmptyVen 26 Aoû 2016 - 18:37

Probablement parce qu’elle recherchait tout autant que Keith une échappatoire à ce premier contact maladroit, Louise s’empressa de voler à la rescousse de Flounder. Maintenant que plus personne ne le regardait, Keith put prendre son courage à deux mains et, crispant la mâchoire, il se redressa tant bien que mal sur des jambes mal assurées, en s’appuyant sur une chaise. Il devait avoir l’air d’un vieillard… Étirant le bras, il parvint à ramener son fauteuil vers lui, àbloquer le frein et à s’y laisser choir. L’effort et la douleur le firent blêmir. Malgré tout le temps qui s’était écoulé depuis son opération…

Au moins, lorsque Louise revint vers lui, il ne la regardait plus que du bas de son siège, et non depuis le sol…

On lui avait mentionné les vertus des petites victoires.

« Je vous demande pardon ?»

Confus, il n’était pas certain de comprendre pourquoi elle s’informait de ses aménagements aquatiques extérieurs. Son étonnement devait être évident, car elle enchaîna avec l’explication de son raisonnement.

Explications qui le laissèrent complètement bouche bée. Non pas à cause d’une divergence irréconciliable de point de vue, mais plutôt parce qu’elle venait de faire éclore une véritable épiphanie en lui.

Avant de l’interroger sur son air dépressif.

Il la regarda silencieusement quelques secondes, son esprit cheminant entre une série d’intenses impressions que cette singulière rencontre suscitait. Qui, en 2016, demande à quelqu’un ce qui rend son existence merdique avant même de connaître son nom ? Qui, en 2016, trouve encore la force de s’élever suffisamment loin de toute misère pour qu’elle lui devienne totalement étrangère lorsqu’elle la croise dans le visage d’autrui ?

Qui, en 2016, se préoccupe encore des poissons rouges ?

Que pouvait-il lui répondre ? Qu’il avait souillé le souvenir de sa femme en refusant d’aller la rejoindre pour les beaux yeux de Leah Stewart ? Qu’il avait brisé tous les serments muets faits à sa fille en passant à deux doigts de l’abandonner derrière lui ? Qu’il avait sacrifié son amour propre aux mirages miraculeux de la médecine ?

Que voulait-elle savoir de plus que ce qu’elle avait sous les yeux ?

« Je crois... je crois que mon bocal est devenu trop petit…»

Il étira les lèvres en un fin sourire sans joie.

« Keith Williams, propriétaire du Hope’s Cove.» , dit-il en lui tendant la main.

Aujourd’hui, le nom sonnait comme une mauvaise blague. Les deux, en fait.

« Je ne suis pas certain de vous avoir bien suivi – qu’est-ce que vous me recommandez, pour éviter que Flounder ne s’atrophie ? Je crois qu’il est évident que j’ai plus que besoin de l’aide d’une experte dans le domaine… Vous représentez une entreprise d’aménagement paysagiste ? »

Cette perspective lui apparaissait aussi probable qu’une poule dentée.

Quoi qu’il soit bien souvent ardu de prévoir la trajectoire de vie des gens…
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MessageSujet: Re: Holding a Star in your Palm (ft* Louise Rosenfeld)   Holding a Star in your Palm (ft* Louise Rosenfeld) EmptyVen 26 Aoû 2016 - 23:43

Un sourire amusé et attendri se dessina sur les lèvres de Louise quand Keith dit croire que son bocal était devenu trop petit. Mais chaque problème avait sa solution, surtout quand on ne dépendait de personne au contraire de Flounder qui dépendait de Keith et sa fille. Au fond d’elle, par égocentrisme, elle se sentait en pleine forme comparé à lui. Sans parler du fauteuil roulant mais surtout du mental. C’était dégueulasse mais les gens qui semblaient tristes voire carrément dépressifs lui donnaient toujours ce sentiment de bien-être, non pas car elle se réjouissait du malheur des autres, mais surtout car elle se réjouissait de ne pas être comme eux. Quand l’idée lui prenait de les aider, c’était souvent par intérêt, il fallait être honnête. Pas un quelconque intérêt matériel, mais plutôt psychologique. Non seulement elle avait l’impression de gagner des points pour son karma, mais aussi car ça lui donnait la pêche. Elle avait tellement envie de secouer les gens comme lui qu’elle se surpassait pour communiquer au maximum sa volonté d’acier.

- Vous avez le choix contrairement à lui, dit-elle en désignant le poisson dans le plat à bonbon. Je m’appelle Louise, enchantée.

Elle lui serra la main qu’il lui avait tendue après s’être elle-même présentée. Elle ne put s’empêcher de rire quand il lui demanda si elle était paysagiste. Louise peinait à déceler du sarcasme ou à savoir si il était réellement intéressé par les conditions de vie du poisson rouge de sa fille. Quand bien même, assis plutôt qu’à terre à tenter de ramper sur son fauteuil, Keith faisait beaucoup pitié et la situation était tellement plus légères que deux minutes auparavant.

- Je suis présentatrice télé en fait, j’anime une émission sur la mode et je venais justement rendre visite à l’un de vos clients pour parler affaire, s’expliqua-t-elle avant de balayer ses paroles d’un geste de la main. Mais qu’importe pour l’instant, je serai plus que ravie de trouver une maison plus accueillante pour Flounder. Une fontaine dans ce coin donnerait un côté méditerranéen à la réception, le bruit vous apaiserez et il y aurait de la place pour accueillir d’autres poissons pour tenir compagnie à Flounder. L’eau représente la pureté, l’eau c’est la vie. Je suis persuadée que tout le monde y trouverait son compte… le bruit de l’eau qui coule vous rendez plus léger.

Ce type avait clairement besoin de légèreté et de se détendre. Louise était intriguée par la raison de son fauteuil, elle ne savait toujours pas si c’était provisoire ou à vie. Ni pour quelle raison Keith s’était retrouvé dedans, si elle s’était permis de lui dire qu’il avait l’air déprimé, elle ne se permettrait en revanche jamais de lui demander froidement pourquoi il était handicapé. C’était le genre Karen Smith de Mean Girls, pas le genre Louise Rosenfeld. Quoiqu’elle pouvait être assez innocente et directe parfois, souvent lassée par le conformisme et les pincettes que tout le monde s’efforçait de prendre.
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MessageSujet: Re: Holding a Star in your Palm (ft* Louise Rosenfeld)   Holding a Star in your Palm (ft* Louise Rosenfeld) EmptyMar 30 Aoû 2016 - 15:57

Il avait le choix, hein ? Le choix de quoi, exactement ? De se lever, de prendre sa pelle, de déterrer le cercueil de sa femme et d’aller pique-niquer avec elle accompagné de deux violonistes qui lui joueraient du Ralph Williams ? De se commander une nouvelle épouse, straight from Russia, with love ?

Il était difficile de comprendre le véritable sentiment d’impuissance avant qu’il ne nous tombe dessus. Et quoiqu’en dise tous les gourous de l’auto-détermination et les fervents pratiquants de prendre son destin en main, nous n’avons qu’un petit mot à dire sur notre futur. Le reste appartient à un roulement de dés.

Qui plus est…

« Oui, je le sais, que j’ai le choix. Malheureusement, mon problème est que je crois avoir fait le mauvais…»

Il aurait dû parier que le statut professionnel de la jeune femme impliquait de projeter son image. Pour tous ceux qu’il connaissait qui travaillaient devant les projecteurs, cela devenait une seconde nature. Comme s’ils ne cessaient jamais de prendre leur meilleure pose. Celle qui montrait leur meilleur profil. Il fallait un ensemble d’attributs bien particuliers pour réussir dans le domaine, et Keith comprit rapidement pourquoi elle devait très bien réussir.

Réalisant qu’elle n’était très certainement pas ici pour subir son humeur maussade, il se força à adopter une attitude plus légère.

«Oh ? Je n’écoute plus grande chose d’autre que le Disney Channel, à la télé. Ma fille est une vraie tyrante de la télécommande. Comment s’appelle votre émission ? Sur quelle chaîne ? Peut-être y apprendrai-je à faire de meilleurs choix… »

Une attitude plus légère, disions-nous…


«De meilleurs choix vestimentaires. »

Pour être honnête, il y avait ben longtemps qu’il avait cessé de se préoccuper de son apparence. Entre sa chemise froissée et ses morceaux sélectionnés sur la base de la proximité, il devait constituer une véritable scène d’horreur pour Louise.

Il l’écouta détailler sa vision d’une petite fontaine intérieure pour y héberger Flounder, ainsi que ses potentiels cousins. Et honnêtement, il se prit au jeu. Il s’imaginait déjà les heures que sa fille passerait à regarder la petite communauté de poisson.

«Vous savez quoi ? C’est vraiment une idée brillante que vous avez là. »

La fibre entrepreneuriale de Keith, si cruciale à son être, semblait s’être réchauffée au contact du projet de Louise.

«Je vais trouver un plan temporaire plus confortable que ce petit bol pour Flounder, et dès demain, je vais m’atteler à lui installer ce nouveau bassin. »

Ses problèmes ne s’étaient pas envolés, bien entendu. Pourtant, pour la première fois depuis quelques semaines, ‘demain’ ne l’emplissait plus d’appréhension. Demain apporterait quelque chose. Et il le devait à Louise.

«Avant de téléphoner à monsieur Lewis, est-ce que la maison peut vous offrir quelque chose pour vous remercier de votre collaboration ? Mis à part le privilège de nommer le premier compagnon de Flounder, bien sûr.  »
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