Sujet: West Coast - Kalhea Dim 25 Déc 2016 - 19:55
West Coast
Kalhea
Down on the west coast, they got their icons Their silver starlights, their queens and cyclones And you got the music, you got the music in you, don't you?
Voile bleuté transpercé par les rayons lumineux de l’astre sacré. Légère chaleur qui ne parvient pas à réchauffer son cœur. Deux hivers que le paysage n’est plus celui qu’elle a connu, deux hivers qu’elle contemple le vague à l’âme. Les flocons de neiges ont disparus, envolé dans la folie de sa fuite, les montagnes enneigées ont laissées place à cet univers ensoleillé. Nostalgie d’une contrée à laquelle elle tenait tant, un monde qui n’appartenait qu’à elle, un univers dont elle était cette reine solitaire. Ses rêves ont éclos en Californie, lorsqu’elle est parti, mais son cœur, lui, ne l’a jamais suivi. Fermement enraciné dans les étendues émeraudes de l’Écosse. Pays qui glisse en elle cette sournoise nostalgie, celle qui fait frémir son cœur, celle qui glace son sang, celle qui fige dans ses prunelles chocolatés le voile transparent de ces fragments de diamants. Comment ne pas penser à ce pays aux deux couleurs, à la symbiose du vert de la nature et de la pureté du ciel cotonneux ? Comment oublié cette nation lorsque chaque semaine un nouveau courrier termine entre ses doigts ?Palpitant qui se serre, palpitant dont le rythme décroisse alors que le papier s’abîme sous ses douces mains. Une nouvelle missive de cet amant dont les caresses n’ont toujours été que trop chastes, dont le respect n’a jamais eu aucun égal, dont la relation avec la duchesse désargentée n’est que candeur depuis la première heure. Innocence de cet amour adolescent dont le bourgeon n’a jamais éclot. Pourtant Théa s’accroche aux palabres que l’encre noir a laissé sur la blancheur du papier, elle voudrait s’imaginer que c’est ça aimer, que c’est sentiment de contentement qui lui fait louper à peine quelques battements, loin d’être grisant, simplement apaisant. Loin de la passion qui mène à la déraison, ne perdure que ces doux émois rassurant. Mais la belle balaie ses doutes, elle n’écoute que sa raison qui lui dicte qu’il est le bon, qu’il est celui qui jamais ne brisera ce cœur bien trop fragile, qui jamais ne fissurera la douce poupée de cristal. Relation devenu épistolaire, relation qui s’étiole dans ce monde carnivore, dans ce monde qui ne laisse pas de place à la douceur, relation qui voit arriver les troubles dans l’océan qui sépare les deux amants, chacun sur un continent différent.
Léger soupir que la brise aspire alors qu’elle glisse la feuille de papier dans son manuel, les mots anglais de l’aimé se mélangeant aux mythes d’un autre temps, d’une autre époque où les lettres étaient de mises, où les lettres rythmaient les liaisons faites de passions. La brunette s’enfuit déjà, elle part de sa cachette, elle s’enfuit de ce bosquet où elle aime flâner, là où elle peut avoir la paix, là où on ne la dérange jamais. Ses pas l’amènent dans l’antre du savoir, l’antre de ses ambitions rêvées devenus réalité. Longtemps songe qu’elle ne faisait qu’effleurer, utopie dans laquelle elle ne pensait pas avoir assez de courage de se lancer. Classe bondée qui l’oblige à prendre place dans le fond, étrange mélange de ces faciès qui lui sont aussi connu qu’étranger. L’écossaise ne s’est fait que peu de lien sur le nouveau continent, timidité maladive qui fait s’empourprer ses joues au moindre mots, elle se font dans la masse la solitaire, elle se complaît dans son monde lunaire. A Inverness, elle ne traînait qu’avec très peu de personnes, le genre d’amis que l’on connaît au berceau et que l’on garde toute la vie. Le genre de liens que l’on crée dans le naturel de notre innocence d’enfant, le genre de lien qui naît de la candeur quand il n’y a pas de peur. Parfois elle se prend à croire qu’elle n’est qu’un spectre, un fantôme que l’on ne voit pas, une simple ombre qui se confond dans les autres. Monde peuplés d’étrangers, monde qu’elle contemple parfois avec envie de ses opalescences brûlantes.
Les minutes s’égrainent dans le sablier et l’enfer de ses pensées est bien vite balayé par l’attention mordante qu’elle prête au cours. Plus rien n’a d’importance, ne subsistent que les mots d’or que le professeur souffle, que l’histoire prenante dans laquelle il l’emporte, stylo qui griffonne le papier à une vitesse déraisonné. Mais concentration bien vite balayé par l’arrivé du roi du chaos qui surgit dans l’encadrement de la porte. Léger soubresaut de son cœur, battement qui se perd dans le vide, alors que la surprise la prend. Air étonné laisse rapidement place à l’agacement, léger soupir, alors que sans qu’elle ne le contrôle vraiment ses sourcils se froncent. Pourtant elle ne peut s’empêcher de poser ses yeux sur lui, garçon qu’elle a déjà croisé, qu’il lui semble avoir déjà vu, fauteur de troubles notoires. Garnement qui se complaît dans la pagaille qu’il crée, qui s’amuse en provoquant chaque fois un peu plus le destin. Rebelle au faciès enjôleur qui l’agace déjà. Démon au visage d’ange à qui l’on claque la porte au nez, débarrassé de cet insoumis amoureux des ennuis. Opalescences de la brune qui restent pourtant figer sur le rectangle de bois, avant qu’elle ne secoue sa tête, presque dépité par elle même, presque agacé de s’être laissé hypnotisé par le démon, par ses traits aussi attirant que le fruit défendu. Esprit qui se replace rapidement dans le courant du cours, avant que de légers rires ne s’échappent d’entre les lippes de ses camarades. Coups qui se portent à l’entrée de la salle, parce que l’insolent n’en a pas terminé, l’insolent veut obtenir ce pourquoi il est là et il ne partira pas avant. Agacement du professeur qui la contamine, brûlure de l’exaspération qui trouve son apogée lorsqu’il prend place derrière elle. « Génial... » Léger souffle presque inaudible alors qu’elle porte le bout de son stylo entre ses lèvres. Elle sentirait presque son regard planer dans son dos, elle sentirait presque ses prunelles lui foudroyer le dos. Sentiment inconfortable qui accroît son malaise, cocktail déroutant qu’elle n’a pas l’habitude de ressentir. Lippe qu’elle mord presque férocement qu’elle mord pour éviter de se retourner, pour éviter de répondre avec une férocité qu’elle n’a pas, au dérangement qu’il crée. Grande inspiration qu’elle prend, courage fuyant dans lequel elle puisse pour se retourner en douceur et souffler, bien trop timidement, elle sent déjà sa peau porcelaine s’amouracher du vermeille. « Est-ce que tu pourrais... » Mots qui lui manquent alors qu’elle n’ose même pas le regarder en face, alors que son rythme cardiaque s’intensifie, alors que la gêne atteint son paroxysme. La voilà qui n’arrive même pas à terminer sa phrase. « Ne pas déranger le cours, s’il te plait. » Derniers mots qui se percutent, chuchotés dans une vitesse fulgurante alors qu’elle se retourne bien plus vite qu’elle ne s’est touché. Elle le hait déjà, elle le hait sans le connaître, elle hait alors qu’elle n’a jamais détesté. Elle rêverait que ce crétin n’ait jamais passé les portes de ce maudit cours !