Sa mère et ses frères eurent finalement raison de son entêtement ; aujourd’hui, Gaspard ne rendrait pas visite à sa mère. Depuis son hospitalisation un mois et demi plus tôt, chacune de ses journées s’organisait en fonction de l’état de santé de cette dernière. A tel point que le jeune homme avait la nette impression de passer plus de temps à l’hôpital que dans sa propre chambre. La dame de la cafétéria finit même par le reconnaître et le saluer à chacune de ses visites. Aujourd’hui, toutefois, Gaspard était interdit de visite, consigné dehors, il n’avait tout simplement pas le droit de rester enfermé. D’abord réfractaire à cette idée le jeune brun avait finalement cédé devant la ténacité de ses trois frères aînés qui, à renfort de coup de pieds aux fesses et de menaces, avait viré le plus jeune dehors le temps d’une après-midi.

C’est ainsi que Gaspard se retrouva à errer dans les rues de la ville à la recherche d’une quelconque activité assez divertissante pour lui changer les idées. L’envie de s’amuser n’était pourtant pas présente chez le jeune homme, désirant avant tout retrouver sa mère mourante, mais les menaces de représailles de ses frères l’effrayaient assez pour que Gaspard ne flanche pas. En longeant les rues Gaspard finit finalement par trouver l’endroit idéal ; la plage. A la vue du sable dorée, de l’océan à perte de vue et des vagues allant et venant, Gaspard resta un instant interdit. Il était tout bonnement incapable de se souvenir de la dernière fois où il avait marché sur cette plage. Cette plage, qu’il avait tant côtoyé avec ses frères durant son enfance, lui apparaissait désormais comme une nouvelle découverte. Gaspard ne resta pas longtemps figé et ses chaussures enlevés il goutta de nouveau les joies des grains de sable se mouvant entre ses orteils.

Longeant pendant quelques minutes le bord de mer à la recherche d’un endroit calme et posé où s’asseoir, Gaspard finit finalement par trouver la place rêvée. Aucun enfant agitateur en vue, aucun couple entrain de se lécher les amygdales, aucun animal prêt à se soulager, oui c’était bien l’endroit idéal. Gaspard s’affala sur le sable, ne pensant à rien d’autre qu’au moment présent. Puis son regard se porta sur une silhouette, près du bord de mer, que Gaspard cru reconnaître. « Marisol ? » demanda t-il bien que conscient que la jeune femme ne puisse pas l’entendre. « Marisol ? » demanda t-il de nouveau en s’approchant cette fois-ci de la silhouette. Celle-ci se retourna, laissant apparaître une jeune femme blonde que Gaspard avait rencontré quelques jours auparavant. « Gaspard Jenkins. » se présenta t-il « Tu as soigné ma mère l’autre jour. ». Marisol était en réalité l’infirmière en charge des soins de sa mère. Le jour de leur rencontre, la mère de famille était dans un de ses mauvais jours, la douleur provoquée par la maladie devenant de plus en plus incontrôlable. « Merci de l’avoir soulagé. D’habitude elle arrive à gérer la douleur mais là… Enfin merci. » Conclut Gaspard, accompagnant ses paroles d’un hochement de tête et tournant les talons.

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