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 “ – Why ? Why did you do this to me ? ” ▲ JUGGER

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Julian Mcneal
Julian Mcneal
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› EMMENAGEMENT LE : 09/03/2013
› AGE : 37
› STATUT CIVIL : EN COUPLE AVEC SASKIA ;
› QUARTIER : CHEZ SA GRANDE SOEUR KATE, A LOS ANGELES ;
› PROFESSION/ETUDE : ANCIEN RÉDACTEUR POUR LE HUNTINGTON BEACH DAILY. IL ECRIT SON PREMIER ROMAN "SOUS LES PLUMES OBSCURES" ;
› HB AWARDS : (2013) PERSONNAGE LE PLUS COINCÉ (2015) PERSONNAGE LE PLUS COINCÉ ; HOMME PARFAIT (2016) PERSONNAGE LE PLUS SENSIBLE ; DUO LE PLUS IMPROBABLE AVEC NAYA ;
› DOUBLE COMPTE : CF : ELOW ;
› CELEBRITE : HAYDEN CHRISTENSEN ;
› COPYRIGHT : ELOW' ;

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MessageSujet: “ – Why ? Why did you do this to me ? ” ▲ JUGGER   “ – Why ? Why did you do this to me ? ” ▲ JUGGER EmptyMer 12 Juin 2013 - 23:02

« - Je sais que ça peut paraitre injuste, mais Julian je sais que tu peux le faire. Ecrit moi quelque chose pour demain matin et si tu n'as rien perdu de ton style, tu retrouves ton job. C'est facile. » Le patron de Julian haussa les épaules. Ce n'était pas si facile. Julian avait réellement peur d'avoir perdu sa façon d'écrire, mais il ne voulait pas le montrer. Il attrapa sa veste, lui fit un sourire et s'en alla. Avoir passé un mois dans le coma l'avait privé de boulot. Le journal avait décidé de remplacer sa chronique, histoire de donner une chance à un nouveau. Personne ne savait quand Julian se réveillerais de nouveau, alors le journal ne pouvait pas se permettre de faire une telle chose. Il ne pouvait pas lui laisser sa place libre. Pas sans avoir de garantie et ne pouvant l'avoir, voilà qu'un autre bosser à sa place. Mais le rédacteur en chef, le patron de Julian, semblait confiant. Julian avait travaillé longtemps avant d'obtenir cette colonne dans le journal. Au début, il avait commencé par des affaires sans réelles intérêt, mais petit à petit il avait avancé jusqu'avoir une page complète. Et puis cette année avait ouvert un nouvel horizon au journaliste. Il était désormais chroniqueur sur la vie en général. Il était libre de parler de tout ce qu'il désirait, libre de ses moindres mots. La prochaine édition était prévue pour l'imprimerie demain, du coup, c'était sa chance, son opportunité. Mais Julian avait réellement peur. Si dans sa tête un mois de noir n'existait pas, elle existait cependant dans la vie réelle.

Il n'avait strictement aucune idée de quoi il parlerait, sur quoi il écrirait. Mais il fallait que ça soit parfait. Il fallait que ça soit du Julian McNeal. Sortant du bâtiment, Julian marcha un moment dans les rues avant d'entendre son ventre faire des siennes. Il réalisait qu'il n'avait pas de temps à perde et pourtant il traînait dans les rues comme si l'inspiration allait lui tomber dessus. La blague ! Il regarda dans son portefeuille, il avait envie de pizza. Mais il n'y avait pas assez alors il alla retirer. Il connaissait un endroit où les pizzas n'étaient pas forcément très cher, mais le vendeur savait mettre sa dose de fromage. Et Julian adorait ça. Argent en place, il marcha jusqu'à l'endroit. C'était une caravane au coin d'une rue. Les gens passaient et lui vendait ses pizzas. Le nom italien écrit se voyait de loin et Julian riait intérieurement. Il se plaisait à imiter l'accent italien quand il lissait le nom dans sa tête. Oui, c'était ridicule.

Il envoya un sms à Lissa, pour voir si elle était rentrée et si de la pizza lui convenait, attendant aussi de savoir si elle voulait commander quelque chose en particulier. Arriver devant, il se posa derrière une cliente qui était avant lui. Il rangea son téléphone et leva les yeux quand soudain il eut l'impression de reconnaitre une voix. Il avait l'impression de reconnaitre la voix devant lui, ce qui l'inquiéta.

Ça ne pouvait pas être elle. Non, ça ne pouvait pas.

Et pourtant si. Elle riait. Elle riait comme si tout allait bien. Combien de temps s'étaient écoulé depuis le lycée ? 10 ? Plus ? Bon sang, Julian recula. Il était trop près. Son coeur se mit à battre, trop vite. Il pouvait sentir quelque chose en lui se briser une seconde fois. Et il pouvait sentir la colère d'hier être la même aujourd'hui.

Et puis elle se retourna un moment, alors que le vendeur se tourna vers le suivant, soit Julian. Et il croisa son regard. Il était pétrifié. Il était perturbé par ce qui arrivait là, tout de suite. Que devait-il faire ? Il savait que son regard en disait long, alors il baissa les yeux et s'avança. « - Deux grande royale, merci. » Le vendeur tout en prenant l'argent, hurla derrière pour que le gros cuisinier qui faisait ses pizzas en prépare une autre..

« - Je veux rien... Ne dis rien. » Dit-il, tout en fixant toujours le vendeur, mais en s'adressant à Jagger. Il avait sorti la main de sa poche de manière à faire un stop avec celle-ci. Comme pour empêcher Jagger de l'atteindre. Le vendeur lui rendit la monnaie, mais Julian s'était tourné vers la jeune femme. « - Non, en fait, je veux savoir. Qu'est-ce que tu fou ici. » D'un geste rapide il attrapa sa monnaie et se rapprocha ensuite de Jagger.
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MessageSujet: Re: “ – Why ? Why did you do this to me ? ” ▲ JUGGER   “ – Why ? Why did you do this to me ? ” ▲ JUGGER EmptyLun 17 Juin 2013 - 0:02

Il régnait un grand paradoxe dans la vie de Jagger Dickens. Elle était, foncièrement, fondamentalement, quelqu’un d’hyperactif - sur le plan médical, mais aussi en pratique. Elle aimait courir à droite à gauche, parcourir le pays dans son van, danser jusqu’au bout de la nuit, et parfois même s’employer à enchaîner les nuits blanches. Elle avait été une roadtripeuse fervente, comme on n’en fait plus. Elle avait bien volontiers tout laissé tomber pour prendre la route, famille, amis et amour y compris. Si elle avait eu des scrupules, le besoin impérieux d’agir et de vivre l’avait emporté, toujours. Mais, en parallèle, elle était incapable de prendre soin d’elle même. Sauf cas extrême.
Comprenez: le concept de survie lui était presque inconnu. Elle pouvait se laisser mourir de faim jusqu’à ce qu’un vendeur de kebab ait la bonne idée de passer à proximité. Son hyperactivité ne s’appliquait pas aux évènements triviaux du quotidien - faire le ménage, cuisiner le repas, faire des courses, tout cela l’ennuyait profondément. «Tout le monde fait ça.» «Ca manque d’aventure.» «Où est la fantaisie là-dedans?!» Assise sur le tapis du salon de son jumeau Hendrix, Jagger le regardait avec son meilleur air de chien battu, prête à donner la papatte et faire la belle si cela se révélait nécessaire. Le traitre, le faux frère, le monstre de cruauté - il venait de refuser de la nourrir ce soir. «Tu comprends pas, Jagger... Je t’aime, t’es ma frangine, tout ça tout ça, mais t’es une grande fille tout à coup, et moi aussi j’ai une vie. Je dois aller rejoindre mes collègues, et toi tu vas te faire à manger, comme une grande». Non, c’était lui qui comprenait pas. Elle était bien capable de s’empoisonner avec une omelette. Quand il s’agissait de faire plus que de payer quelque chose de tout prêt, ou grand maximum de réchauffer un plat au micro-ondes, elle devenait un véritable danger public. Alors elle lui sortit le grand jeu - les menaces, le chantage affectif, les larmes de crocodiles. Quelques heures plus tard, et quelques longs soupirs plus tard aussi, Hendrix quittait la maison en la laissant seule et abandonnée. Son ventre hurlait famine.
Elle n’eut l’illumination divine que de longues minutes plus tard. Elle avait vaillamment décidé de se nourrir exclusivement de céréales, en partie pour se venger et voir la mine furieuse de Hendrix lorsqu’il s’en rendrait compte au petit matin. Mais elle avait beau essayer, quelque chose dans les corn-flakes ne lui convenait pas pour un repas du soir. Elle avait des visions de pizzas, de pizzas hawaïennes, qui dansaient la samba autour de sa tête. Sauf qu’elle n’avait sûrement pas à se faire soi-même une pizza. Au contraire. Elle bondit dans ses vieilles bottes, enfila un blazer, remercia Dieu du fait qu’elle ne s’était pas encore démaquillée - quelques minutes plus tard, elle cavalait dans la rue en fantasmant déjà sur ce qui allait venir distraire ses papilles.
Elle connaissait la ville comme sa poche - après tout, elle y avait passé la majeure partie de son adolescence. C’était son territoire, avant qu’elle ne décide de prendre purement et simplement la suite. Elle savait où trouver des camions à pizzas pas trop chers, et où elle pourrait même se nourrir sans nécessairement attraper une infection alimentaire carabinée. Mieux - la plupart des vendeurs la connaissaient, et pour ses beaux yeux lui accordaient une ristourne. Elle arriva au coin de la rue d’un pas léger, toute entière dans son élément: la sociabilité, le dialogue, le charme. Parée d’un large sourire, elle commanda son habituelle pizza hawaïenne (avec extra-ananas!), et se laissa tenter par une bouteille de bière en prime (comme si on pouvait dire non à une bière). Sans même avoir à battre excessivement des cils, elle apprit vite qu’elle n’avait pas à payer la bière. Gonflée de fierté, elle eut une pensée pour Hendrix qui serait certainement très fier des capacités de sa soeur jumelle (à moins que... non, il n’en serait pas fier), et se retourna dans un grand éclat de rire.
Elle avait retrouvé Donovan il y a quelques jours. Son dernier petit ami en date, une rencontre incongrue sur la route, puis une nouvelle rencontre incongrue dans un café - un sale coup concocté par un destin auquel elle ne croyait pas. Cette fois-ci, ce fut un autre visage bien connu qui lui apparut alors qu’elle finissait de décapsuler sa bière dans un «pshiiiit» sonore. Son sourire s’éteignit presque aussitôt. Elle resta comme une comme, la bouche entr’ouverte, à se demander comment elle était supposée réagir. Parce que le mec qu’elle avait en face d’elle, c’était Julian - celui qu’elle avait quitté pour partir sur les routes, et à vrai dire il lui était depuis le temps complètement sorti de la tête.
Quoi? Amourette de lycée. Cela devait bien faire dix ans. Bon, lui, il avait l’air vachement moins détaché de la chose, à en juger son air de pur choc. C’est marrant, ça, il avait pas changé du tout. Elle venait d’ouvrir les bras, finalement décidée, pour se jeter sur lui et crier «JULIAAAAN!» en l’honneur du bon vieux temps, mais il la coupa net en commandant deux pizzas, puis en lui disant purement et simplement de se taire.
Malotru. Elle haussa un sourcil circonspect, et tenta de donner à son geste de bras un côté presque naturel en ramenant ses poings sur ses hanches. Peine perdue, elle venait d’avoir l’air d’une belle abrutie. Lui, pendant ce temps, se prenait pour un agent de la circulation en lui faisant signe de ne pas bouger. Elle résista à l’envie de lui mordre cette main un peu trop autoritaire. Il finit cependant - enfin ! - par la baisser. « Non, en fait, je veux savoir. Qu'est-ce que tu fou ici. » Tout en sachant pertinemment que ce n’était pas là la réponse qu’il attendait, elle leva les mains à hauteur des épaules dans un geste de pure innocence. «Je commande une pizza hawaïenne. Si tu veux vraiment tout savoir, j’ai pris un supplément ananas. Elles sont top ici - tu devrais essayer. Par contre Hendrix a déjà eu un peu mal au ventre après une royale, franchement, s’il en est encore temps, prends une hawaïenne aussi. Elles valent le détour». Elle finit par baisser les bras, consciente qu’elle allait se faire trucider si elle continuait ainsi, et répondit enfin sincèrement: «Je suis revenue. C’est chez moi aussi, tu sais.»
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Julian Mcneal
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MessageSujet: Re: “ – Why ? Why did you do this to me ? ” ▲ JUGGER   “ – Why ? Why did you do this to me ? ” ▲ JUGGER EmptyMar 18 Juin 2013 - 21:13

C'était pourtant simple. Il achetait une pizza, il rentrait, manger et ensuite au boulot. Il fallait l'avouer ce que lui demandait son boss lui foutait un peu la pression. C'était rare, il n'avait jamais été du genre à tomber sous le poids du stress. Il avait toujours pris les choses calmement, sans jamais douter de dont il était capable. Il avait passé avec succès ses examens, il n'avait jamais eu peur de prendre la parole et il était d'une nature très calme. Mais là, tout de suite, il avait juste l'impression que quelque chose de trop lourd attendait patiemment au-dessus de sa tête et au moindre faux pas, cette chose lui tomberait dessus, prête à l'écraser complètement.

Il n'avait cru qu'un jour ou l'autre, dans un moment aussi rare, sa route croiserait celui de Jagger. Cette fille lui avait brisé le coeur, lui, le pauvre romantique paumé. Le lycée avait sans doute été les meilleures années de sa vie. Avec Eden, au top du sommet de la popularité et Jagger, sa petite-amie de l'époque. Il était admiré, convoité, mais il n'avait besoin de personne d'autre si ce n'était Eden et Jagger. Il aimait Jagger, vraiment. Un premier amour ne s'efface jamais. Il reste en soi comme si quelqu'un avait collé un nom sur votre coeur, comme si quelqu'un avait utilisé de la colle forte pour ça. Jagger était spéciale, elle l'avait toujours été. Julian ne se souviens pas d'avoir eu le moindre problème avec elle, tout avait été si fluide. Si logique. C'était peut-être pour ça que ça avait été si dur de ne plus la voir à côté de lui. De ne plus l'entendre. De ne plus la sentir contre lui. Ça avait été terriblement dur et tourner la page avait pris du temps. Aujourd'hui, il ne ressentait plus du tout la même chose. Ce qui un jour avait été de l'amour s'était transformé avec le temps en un dégout et une haine profonde. Et c'était loin d'être exagéré. Il avait rêvé beaucoup dans la vie, et Jagger avait fait partie de l'un de ses rêves.

Et son rêve s’était brisé, aussi vite que Jagger s’était envolé.

Alors là tout de suite, il n’avait pas envie de l’entendre. Il n’avait pas envie d’en savoir plus. Il voulait commander sa pizza et partir. Il ne voulait même plus poser ses yeux sur elle, pourtant, c’était plus fort. Au fond, tout ce qu’il voulait savoir c’est pourquoi et comment.  Alors une fois la pizza commandait, il se tourna vers elle.  La réponse qu’elle lui offrit lui donna envie de frapper contre le camion à pizza à côté, mais il n’en fit rien. Il se contenta de la regarder et d’écouter, parce que c’était tout ce qu’il pouvait faire. Il devait s’attendre à ce qu’elle tente d’esquiver.  Julian leva les yeux au ciel. Déjà fatiguer par le répondant de Jagger. Elle reprit alors, plus sérieusement.  Un sourire moqueur apparu sur le visage de Julian, trop peu satisfait par la réponse de la jeune femme. C’était aussi chez elle ici, bah voyons.

« - Ok. D'accord. Tu sais quoi, Je suis ravi que tu sois revenue chez toi. Ravi que tu ne m'aies jamais rien dit avant de partir. Ravi que tu ne m'aies jamais donné la moindre nouvelle Et ravi que même de retour, mon cas t'importe peu. Heureuse ? »

Il passa sa main droite dans ses cheveux, il était nerveux. Nerveux parce qu'il avait le boulot sur le dos et que la seul chose auquelle il pensait maintenant c'était de dire le fond de sa pensée à Jagger. Oui, ce n'était plus Julian Mcneal, le journaliste qui était en face. C'était l'ado de terminal qui se retrouve largué du jour au lendemain, le coeur écrasé avec force.
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MessageSujet: Re: “ – Why ? Why did you do this to me ? ” ▲ JUGGER   “ – Why ? Why did you do this to me ? ” ▲ JUGGER EmptyMer 26 Juin 2013 - 18:56


A l’origine, elle était vraiment revenue à Huntington Beach en toute innocence. Enfin, tout était relatif. On ne pouvait pas vraiment parler d’innocence, puisqu’elle n’avait jamais voulu revenir - l’accident de ses parents avait été plus qu’une motivation, une obligation. Et elle était restée pour Hendrix, et aussi un peu pour elle, pour se remettre du choc. Elle n’avait pas une seconde songé à la vie qu’elle avait laissé ici des années plus tôt - tout ce petit monde, Julian, Eden, Lyana, ses amis du lycée -, elle n’avait pas eu le temps de penser à eux. Ce n’était même pas de l’insouciance, elle avait été ramenée sur ses terres d’origine par la force des choses. Ca pouvait paraître absurde, mais elle avait été la première surprise en voyant Julian. Enfin peut-être pas la première surprise. La deuxième. Parce que lui, il avait vraiment l’air d’un mec qui se serait pris un camion dans la gueule. Si besoin d’explications, elle était le camion de l’histoire.
Elle avait juste faim, à l’origine. Elle ne voulait pas d’une scène de ménage avec près de dix ans de retard. Elle avait envie d’agiter les bras, de faire entendre son ventre, de hurler «j’ai la dalle! oui je t’ai plaqué comme une merde, mais on avait 18 ans! Y’a prescription!», mais il n’aurait probablement pas apprécié. Il l’aurait fusillée du regard, poignardée, éventrée, et si elle avait le malheur de bouger encore, il lui aurait fait bouffer la pizza royale en question et ç’aurait été elle, la fille avec l’intoxication alimentaire. Très peu pour moi, merci. La prescription était toujours un mauvais argument en matière de rupture. Mais elle avait peur que la discussion à venir lui coupe l’appétit, et elle avait vraiment fantasmé longtemps sur cette pizza hawaïenne.
La délicatesse, Jagger. La délicatesse. Délicatesse et diplomatie.
Elle eut une pensée pour Donovan, avec qui les retrouvailles s’étaient soldées par un lancer de brownie en pleine face, et se dit qu’il valait mieux éviter ce genre de fantaisie avec cet ex là. Elle passa une main dans ses cheveux, décrocha son plus grand sourire commercial. Combien de temps ça allait mettre, pour faire cette pizza? C’est presque un coup à vous faire rentrez chez vous pour bouffer des surgelés. Oui, non, fallait pas déconner non plus. Elle allait attendre. Subir. Et argumenter.
Et la chose allait, a priori, être ardue. Il n’avait même pas eu la politesse de songer éventuellement à rire à son premier trait d’humour - malotru, encore! Exclamation qu’elle ne fit pas à haute voix, par instinct de survie, comme il levait les yeux au ciel en signe manifeste de grand agacement. Et même à sa réponse à peine plus sérieuse - quoique extrêmement vague - il ne parut pas satisfait. Au contraire. Il eut un sourire moqueur, qui lui donna envie de pousser un long soupir d’agacement. Et puis il enchaîna: « Ok. D'accord. Tu sais quoi, Je suis ravi que tu sois revenue chez toi. Ravi que tu ne m'aies jamais rien dit avant de partir. Ravi que tu ne m'aies jamais donné la moindre nouvelle Et ravi que même de retour, mon cas t'importe peu. Heureuse ? » Touché. Touché. Touché. Et re-touché. En boxe, elle aurait déjà perdu, et de beaucoup. Mais ils n’étaient pas dans un match de boxe, et elle avait quelques chances de se relever victorieusement de ce K.O. impitoyable. Elle eut une moue boudeuse, histoire de garder la face, puis reprit vaillamment son grand sourire commercial. Elle leva les mains, comme pour lui signifier de se calmer un peu. Comme quand on est dans un zoo, qu’on s’est malencontreusement retrouvé enfermé dans la cage avec un ours polaire au régime, et qu’on essaye de lui faire comprendre que la violence ne résout rien.
«Premier point, je suis revenue chez moi parce que ma famille avait besoin de moi, pas pour t’emmerder.» Elle ne savait pas si Julian avait continué à fréquenter Hendrix - et même s’il ne l’avait pas fait, il avait dû savoir. Pour l’accident. Et pour la mort de sa mère et de l’un de ses pères. Elle espérait, au plus profond, qu’il n’allait pas avoir l’idée de creuser ce sujet, parce qu’elle n’avait vraiment, vraiment pas envie d’en parler. «Deuxième point: tu savais que j’allais partir. Le monde entier le savait. Je retapais un van, merde, et c’était pas pour faire joli dans le jardin.» Elle se savait excentrique - mais pas au point de vouloir remplacer les nains de jardin par des mini-bus de jardin. «Troisième point: j’ai pas osé te donner de nouvelle, ok. Mais Hendrix m’avait fait comprendre que tu étais moyennement content de mon départ. Alors j’allais pas chercher la merde. Instinct de survie.» Ok, elle aurait peut-être dû s’excuser. Au moins. C’aurait été la moindre des choses. D’accord. Pour ça, il avait peut-être le droit de lui en vouloir un peu. «Dernier point... c’est un peu pour les mêmes raisons. Tu as refait ta vie. J’étais mal placée pour venir sonner chez toi.». Espérant avoir un minimum enterré la hache de guerre, naïvement, elle releva la tête vers lui: «Tu vas bien?».
Il avait toutes les cartes en main. Elle allait s’en prendre plein la gueule, mais il avait au moins toutes les cartes en main.

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MessageSujet: Re: “ – Why ? Why did you do this to me ? ” ▲ JUGGER   “ – Why ? Why did you do this to me ? ” ▲ JUGGER EmptyVen 28 Juin 2013 - 17:41

Non, il n'était pas si idiot. Il ne disait pas qu'elle était revenue pour le torturer, Il n'était pas si égocentrique au point de croire que son ex reviendrait le hanter. C'était juste trop pour lui. C'était trop de la revoir là, ici, maintenant. A cette époque de sa vie, à un tel moment de la journée. Il était juste désagréablement surpris.

Ils étaient jeunes certes, mais Julian avait toujours d'un romantisme trop mature pour son âge. Il avait tellement rêvé de vivre la même vie que ses parents, de trouver quelqu'un avec qui il partagerait tout durant des milliers d'années, qu'il ne voyait pas les choses en faces. Alors oui, ils avaient 18 ans, ils étaient en dernière année de lycée, mais Julian avait juste rêvé, du plus profond de lui-même, que Jagger l'aurait choisi lui plutôt que ses rêves. Il avait tellement cru que cela pouvait arriver qu'il n'avait plus espérait, c'était devenu logique. Alors une fois partie, c'était fini. Elle lui avait brisé le coeur avec une telle force qu'elle ne se rendait pas compte que la douleur autrefois infligé était de nouvelle présente au fond de son coeur. Julian se disait qu'il attendrait sa pizza et qu'il s'en irait, sans lui dire un mot. Mais resté muet face à elle s'était impossible. Le plus amusant, c'était qu'il n'en avait rien à foutre de faire une scène en plein milieu de la route, oh non. Toute la honte du monde n'équivaudrait pas à ce que Jagger lui avait fait. C'est tout. C'était simple à comprendre. Alors que Jagger avoua être revenu chez elle, parce que c'était chez elle aussi, Julian craqua. Parce que ce n'était pas ce qu'il attendait d'elle, comme réponse. C'est tout. Ce qui l'énerva le plus, c'est ce sourire qu'elle afficha quand même après sa tirade. Elle décida de reprendre la parole, prête à répondre à tout ça.

Tout d'abord, elle expliqua qu'elle était là parce que sa famille avait besoin d'elle. Tiens, ça ne l'étonnait pas vraiment. Il s'en doutait au fond, si dans son esprit ça se remettrait en place. A cause de son coma, il avait vaguement tendance à zapper des choses, sans faire attention. C'est vrai qu'il s'en était passé des choses. Rien que d'y pensait, cela calma légèrement Julian qui afficha alors une mine désolée. En second, elle argumenta qu'il savait. Que tout le monde savait. Julian leva les yeux aux ciels, croisant les bras. C'est vrai, le van dans le jardin, il s'était passé des trucs sympas dedans. Passons, il ne devait pas y penser. Il préférait la laisser finir puisqu'il semblait qu'un autre point allait se rajouter à tout ça. Elle n'avait pas osé.

« Tu... » Il serra le point, il aurait pu l'insulter là. Instinct de survie ? Sérieusement ? Quand on est à des kilomètres, comment peut-on avoir peur pour sa vie ? Elle aurait pu au moins s'excusait, prendre contact avec lui, mais le quitter de cette manière ? Elle rajouta qu'aujourd'hui, elle était mal placée pour revenir dans sa vie à ça, c'était logique.

« - Je vais bien. » lança-t-il rapidement et froidement. « - Moi toi, visiblement, tu n'as jamais compris. » Il soupira « - Après ton départ, j'ai cru que j'avais foiré quelque chose. Tu n'as pas idée à quel point je me suis remis en question. On avait beau avoir 18 ans, je t'aimais vraiment. Et toi, pas du tout puisque visiblement ça a été un choix extrêmement facile d'oublier mon existence. » Il se rapprocha légèrement d'elle. « - J'ai jamais compris pourquoi tu avais été si lâche au point de m'avoir largué comme ça. Si tu avais décidé d'en finir avec moi avant de prendre ton van et de partir à l'aventure, les choses auraient sans doute été différente aujourd'hui. » Il détourna le regard, regardant le cuistot qui garnissait les pizzas. « - La vérité, c'est que tu m'as complètement brisé le coeur. C'est quelque chose qu'on n'oublie jamais. C'est quelque chose que je te pardonnerais jamais. »
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MessageSujet: Re: “ – Why ? Why did you do this to me ? ” ▲ JUGGER   “ – Why ? Why did you do this to me ? ” ▲ JUGGER EmptyDim 30 Juin 2013 - 17:58


Il fallait absolument qu’elle garde son calme. Parce qu’il fallait au moins qu’un des deux parvienne à rester maître de ses moyens, sinon ce camion à pizza allait se transformer en grand cirque de rue, et les gens allaient venir pour assister au grand spectacle des amants terribles. Peut-être qu’au moins ils allaient avoir des pizzas gratuites? Parce que mine de rien ils faisaient une sacré promo, et elle avait déjà remarqué une ou deux petites vieilles qui tendaient l’oreille. Elle s’attendait presque à les voir se tourner vers eux, pour lui demander directement: «mais oui, jeune fille, pourquoi être partie alors que vous aviez un si beau jeune homme à disposition?» - et lui faire la propagande du gnagnagna, femme au foyer, gnagnagna vous auriez pu avoir de si beaux enfants.
Très peu pour elle.
Merci.
Mais les petites vieilles auraient en quelques sortes eu raison. Avec Julian, elle avait tout, et même un peu plus. Il était parfait, pour n’importe quelle femme - il était très présentable, attentionné, passionné, amoureux, sincère, tout ça. Et c’était pour toutes ces raisons qu’elle avait préféré partir à la sauvette. Il était tout entier petites fleurs, papillons, amants sous la lune, nuits étoilées. Elle était farouchement indépendante et avait tendance à ricaner quand on l’obligeait à regarder un quelconque film à l’eau de rose. Ils s’entendaient curieusement très bien, tous les deux - mais ils n’avaient pas les mêmes perspectives d’avenir, et elle n’avait jamais osé le lui dire. Alors elle n’avait pas osé non plus rompre en bonne et due forme, de peur de devoir expliquer ce malaise qu’elle éprouvait à la pensée de son avenir amoureux. Ca n’avait pas été délicat (du tout). Ca n’avait pas été subtil (du tout). Quand elle y repensait, elle aurait même elle-même très mal vécu de vivre une telle rupture. Donc ok, elle avait franchement déconné.
Sourire. Mine angélique. Elle sortait la grosse artillerie pour essayer de faire passer ses explications. Elle résistait même à l’envie de se dessiner un halo au dessus de la tête, et de joindre les mains dans une parodie de prière. Cela dit, elle n’aurait pas été crédible et en était parfaitement conscience - elle avait dix-huit ans à l’époque où elle sortait avec Julian, et pourtant ils s’étaient bien acharnés ensemble à baptiser chaque recoin de leurs deux maisons. Et c’était plutôt pas mal. Elle se surprit même à se demander si ça ne pourrait pas être sympa de recommencer - mais non, il avait demandé deux pizzas, et aux vues de sa ligne ce n’était pas pour se nourrir lui-même. Ce qui voulait dire: 1) Qu’elle serait la maîtresse, et elle n’avait pas envie d’être la maîtresse, et 2) Qu’il ne voudrait sûrement pas d’elle de toutes façons, parce qu’il avait toujours été du genre réglo et le demeurerait certainement jusqu’à la fin de ses jours.

Il n’avait pas poursuivi la conversation sur les raisons de son retour. Dieu. Merci. Elle aurait probablement fait tache, à pleurer devant un camion de pizza. Non, vraiment, très peu pour elle, et les petites vieilles auraient été trop contentes d’avoir encore plus d’action. Par contre, il n’avait pas l’air d’avoir vraiment apprécié l’évocation de l’instinct de survie. Merde quoi, elle avait trouvé ça plutôt drôle, elle! Pourtant, il avait réussi à ne pas lui hurler dessus ou la frapper. Good boy. Elle allait peut-être pouvoir rentrer chez elle avec toutes les dents nécessaires pour manger sa pizza hawaïenne, et pourtant ce n’était pas forcément gagné d’avance.
Par contre, elle s’en prenait tellement plein la gueule sur le point culpabilité qu’elle n’allait probablement plus avoir faim après tout cela. Détrompez vous, Jagger n’était pas insensible. Elle n’avait jamais, jamais été insensible - juste un peu plus douée que les autres pour se cacher. Au fil des semaines, puis des mois, puis des années, elle s’était bien rendue compte qu’elle avait franchement déconné avec Julian - et l’entendre lui dire ses quatre vérités lui faisait dangereusement mal au coeur. Elle se sentait... comme une gamine qui se ferait engueuler par son papa. Et encore, elle ne savait probablement pas le quart de ce qu’il avait pu dire sur elle à Lyana, à Eden ou même à Hendrix - le pire dans cette histoire étant qu’elle méritait probablement tout ce qu’il avait pu balancer. «Je suis désolée Julian, je suis vraiment désolée. J’avais dix-huit ans, j’étais un peu conne à l’époque» Elle l’était toujours probablement, mais là n’était pas le point. «Je savais pertinemment que j’allais te briser le coeur, parce que t’étais pas vraiment discret sur le plan sentiments. Et ca me faisait peur, parce que tu comptais beaucoup pour moi mais qu’en même temps j’avais vraiment besoin de partir et de prendre l’air.» C’avait été le grand dilemme de son existence: rester à la maison avec ceux qui comptaient sur elle et qui comptaient pour elle? Ou prendre la route, vivre l’aventure, répondre à l’appel de l’Amérique, sans attache et sans contrainte? Elle avait toujours rêvé de la seconde option, et ses sentiments, eux, la rappelaient à la première. Résultat: elle avait été déchirée. Et Jagger Dickens réagissait toujours violemment quand elle était déchirée. «Je suis pas la garce sans coeur que tu as eu tout le loisir d’imaginer. J’étais en plein dilemme et je me suis dit que tu t’en remettrais, et qu’un de ces quatre on pourrait repartir sur de bonnes bases». Temps de silence - il serrait toujours le poing. Ok, elle allait dormir avec Hendrix ce soir, au cas où il voulait la tuer. «Ce qui a priori va être très difficile. Mais je suis plus la même personne, crois-le ou non.» Oui, elle avait gagné un tour de poitrine, et était même devenue capable d’empathie. Et elle avait accessoirement été dangereusement proche de tomber amoureuse, et avait vu sa vie toute entière s’écrouler à cause d’une sortie de route et d’un chauffard ivre. Elle n’était vraiment plus la même personne. Elle avait muri, quand une part d’elle était morte. «Je suis vraiment désolée.»

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MessageSujet: Re: “ – Why ? Why did you do this to me ? ” ▲ JUGGER   “ – Why ? Why did you do this to me ? ” ▲ JUGGER EmptyJeu 4 Juil 2013 - 1:09

Bon, d'accord, ce n'était pas le lieu, ni même le moment d'avoir une telle conversation. Mais c'était plus fort que Julian, il ne pouvait pas rester silencieux. Il ne pouvait pas rester là à demander des nouvelles sur sa vie, sans savoir. Sans avoir des réponses à ses questions et sans dévoiler tout ce qu'il avait gardé en lui durant toutes ses années. C'était le genre de moment auquel on n'échappe pas, auquel on n'a aucun contrôle. Julian était conscient du drame qui se jouait là tout de suite, en plein milieu de cette rue, mais il était tellement concentré sur Jagger et sur ce qu'il avait sur le coeur que tout le reste paraissait invisible. Il n'y avait qu'eux, dans cette rue. Eux deux. Jagger et Julian et personne d'autres. Les passants pouvaient jeter des regards, parler derrière eux, mais Julian ne voyait ni n'entendait rien. Non, il était trop focalisé sur Jagger.

Parce qu'il l'avait aimé, beaucoup trop sans doute. Il adorait ce côté imprévisible, sa façon de rire. Elle était différente, populaire, adoré. Elle avait ce charme auquel on ne pouvait pas résister et c'est vrai, même après son départ, même après qu'elle l'ait quitté, il se disait, au plus profond de lui : dois-je attendre ? Une toute partie de lui espérait qu'elle reviendrait et que la distance ne changerait rien. Qu'elle avait le droit de vivre ses rêves, mais qu'un jour, elle comprendrait, qu'il lui faudrait quelqu'un. Quelqu'un qui l'a comprenne et qui l'aime. Qui la soutienne avant tout. Quelqu'un qui lui offrirait ce dont elle aurait besoin et il se disait que c'était lui. Il pouvait faire ses études et la retrouvé ensuite, peut-être même la suivre le long de ses voyages ? Mais très vite, il se rendit compte que ce n'était pas possible. Qu'il ne devait pas espérer que ce scénario se réalise. Qu'il ne devait pas s'attendre à ce que Jagger revienne. Parce que si elle l'avait vraiment aimé, ils auraient convenu de ça ensemble et il n'y aura pas eu « d'espoir » non, il n'y aurait pas eu de « doute. » Mais seulement la certitude de son retour.

Si il n'y avait pas eu Lissa aujourd'hui, sans doute les sentiments de Julian pour Jagger aurait été toujours aussi fort. Un amour comme celui-ci ne s'oublie pas, mais il était effacé par les sentiments qu'il portait à sa petite-amie actuel. Effacer d'une manière presque indélébile. Si aujourd'hui, il était quand même en colère, c'était parce qu'il avait l'impression d'avoir raté quelques choses avec elle, quelque chose de grand. On ne pouvait que regrettait ça et avec le temps, il lui en avait voulu autant qu'il s'en été voulu. Il ne se pardonnait pas d'avoir été si naïf et il ne lui pardonnerait pas d'avoir été si cruel.

Jagger s'excusait. C'était sans doute enfin quelque chose de logique dans tout ça. Il ne savait pas si il devait prendre ça sérieusement, mais au fond de lui Julian sentait qu'elle était sincère. Il avait juste peur que son souvenir de Jagger ne soit plus du tout la même aujourd'hui. Alors il savait qu'il ne pouvait plus voir confiance elle. Plus du tout. Il se demandait maintenant si elle était vraiment partie facilement. Si elle avait vraiment pris cette décision vite et sans problème. Peut-être qu'il s'était trompé. Peut-être qu'elle avait plus douté qu'il ne l'aurait cru. Julian baissa la tête, lançant un léger regard vers Jagger. Il tentait de prendre une respiration plus lente. Pour être plus calme. C'était dur. Visiblement, elle avait sans doute perdu aussi quelque chose en décidant de partir. Julian évitait de la regarder, de peur d'être convaincu parce qu'elle disait. Le silence se posa, Julian ne rajouta rien. Il n'avait rien à rajouter. Il devait réfléchir cette fois et pas tout sortir comme ça. Elle n'était plus la même personne. Julian bougea négativement la tête avant d'entendre Jagger s'excuser de nouveau.

« - Je... Je ne plus te faire confiance, Jag'. » Un sourire idiot apparu sur son visage. « - Tu n'as pas idée ce que ça a changé en moi, cette rupture. Tu n'as pas idées des conneries que j'ai pu faire... » Il se parlait plus à lui-même qu'autre chose. Il passa ses mains devant lui. Fatigué par tout ça. « - Je ne pourrais plus jamais te faire confiance. Et... tu sais quoi ? » Il se tourna vers elle. « - Je n'ai pas besoin de toi. Alors, reste un souvenir pour moi. Et prions pour qu'on arrête de se croiser. » Il se tourna vers le camion. Il savait que c'était impossible que ses pizzas soient prêtes avant celle de Jagger, mais il tenta quand même. « - C'est bientôt prêt, ou j'ai le temps d'aller me pendre ? » Il tourna le dos à Jagger passant devant une cliente qui attendait aussi. Le vieux lui fit signe. 5 minutes. Julian soupira avant d'aller s'asseoir sur un banc à côté. Essayant de regarder ailleurs. De ne pas penser que Jagger était là.
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MessageSujet: Re: “ – Why ? Why did you do this to me ? ” ▲ JUGGER   “ – Why ? Why did you do this to me ? ” ▲ JUGGER EmptyVen 5 Juil 2013 - 1:41


Une grande, magnifique pierre tombale. En marbre. Au beau milieu de la rue. Une pierre tombale vraiment somptueuse, avec marqués dessus les mots: «Ci-gît Jagger Dickens». Parce qu’elle n’allait probablement pas survivre à cette conversation là: au début, toute innocente, elle aurait considéré cette possibilité de mort subite en l’imputant à une éventuelle infection alimentaire. Certes. Ensuite, en voyant Julian, elle avait tout simplement pensé qu’il allait vouloir la trucider pour se venger d’années de souffrance. Certes. Mais là, elle allait devoir s’enterrer elle-même - la cause du décès? La culpabilité.
Parce que apparemment, il avait l’air de vouloir désigner, point par point, toutes les conséquences qu’avaient eu son départ sur lui. Elle avait beau s’être fait des films les semaines qui avaient suivi son départ, elle n’avait apparemment pas imaginé le quart de ce qu’il avait pu ressentir. Elle avait vaguement songé à un Julian ivre mort qui la maudirait devant tout ses amis du lycée, au fait qu’elle serait probablement maudite sur cinq générations, mais pas à tout cela. Au fait qu’elle avait éventuellement pu détruire tout ce qu’il avait de confiance en lui. Elle avait été prête à admettre, sans problème aucun, qu’elle était passée pour la grosse garce de service auprès de la ville entière - sauf peut-être auprès de son frère, et encore. Mais le temps était supposé tout guérir... non? Il n’aurait pas dû lui en vouloir si longtemps, c’était un amour de lycée, le genre que l’on oublie sans encombre.
Ou peut-être le genre qu’elle était la seule à oublier sans encombre. Il y avait des moments comme cela où elle-même commençait à se demander si elle avait un coeur. Apparemment, Julian avait tranché pour elle depuis longtemps - elle n’en avait pas. Même si son ton s’était légèrement radoucit depuis ses dernières déclarations, elle savait qu’il pensait que, au fond, elle n’avait pas de coeur. Il avait peut-être raison. Longtemps, dans sa vie, elle avait été une belle femme qui aimait en jouer - mais qui luttait pour ne pas avoir le moindre sentiment. C’était juste que, au fil de l’année passée, un coeur impromptu avait décidé de pousser au beau milieu de sa cage thoracique. Si elle devait être tout à fait honnête avec elle-même, elle préférait largement la première Jagger. Celle qui se moquait de tout, et qui se contentait de rayonner.
Elle aurait, largement, préféré ne pas se soucier de ce que Julian pouvait penser d’elle et de ce que Julian avait bien pu penser d’elle pendant sa longue absence.
Elle secoua, lentement, la tête. Il se livrait devant elle, elle en avait conscience. Il avait beau la jouer détendu, avec ses phrases fermes, ses adresses au camion de pizza, et son ultime tentative de s’éloigner définitivement d’elle, elle savait qu’il était en train de se livrer. Ce qu’elle savait aussi, c’est qu’elle ne pouvait pas lui permettre et se permettre de laisser la conversation dans un tel état de fait, sinon elle le regretterait jusqu’à la fin de ses jours. A son tour, elle fit signe pour indiquer qu’elle ne faisait que s’éloigner. Les mains enfoncées au plus profond de ses poches, elle se décida finalement à s’approcher de Julian. Il ne la regardait même pas - ok, peut-être qu’elle ne méritait pas qu’il ne regarde. Mais elle se devait de continuer cette discussion, même si elle devait avoir l’air d’une harceleuse en puissance. «Julian...», commença-t-elle doucement, tout en passant sa main sur son visage. «Bien sûr que je ne m’attends pas à ce que tu me fasses confiance à nouveau.» Elle eut un vague sourire, un peu triste - elle ne s’y attendait pas, mais elle en aurait été heureuse. Après tout, il avait compté dans sa vie. «J’ai beau ne plus être la reine des salopes, je ne mérite pas pour autant de récupérer tout ce que j’ai abandonné en quittant cette ville.» En y repensant bien, elle avait tout à l’époque - un petit ami qui l’aimait, des amis sur qui elle pouvait compter, un frère jumeau, une famille. Elle ne savait pas réellement si elle regrettait d’être partie - elle avait vécu, vécu comme jamais, sur les routes. Mais elle regrettait certainement la façon dont elle était partie. «Mais il y a Lyana. Et Eden. Et Hendrix, surtout Hendrix. Je pense que tu les vois encore, et ce sont des gens avec qui j’ai des souvenirs, des bons souvenirs - je ne resterai pas le mouton noir jusqu’à la fin de mes jours. Et tu ne pourras pas m’éviter jusqu’à la fin de tes jours non plus.» Elle soupira. Elle disait cela, mais elle-même n’avait aucune idée de comment régler ce problème. Ils avaient déjà crevé l’abcès. Mais à part un miracle, ils ne pourraient plus jamais se croiser sans se hurler dessus. «Il faut au moins qu’on essaye de faire en sorte que ça ne soit pas tout bizarre, tout horrible. Tu as ta vie, tu as fait ta vie sans moi, et j’ai la mienne. Ce qui s’est passé n’arrivera plus jamais, parce que nous ne serons plus jamais un couple. Mais on était avant tout des amis. Des gens avec des points communs.» Et ils l’étaient encore probablement, au fond d’eux, tout ressentiment mis à part. Ils avaient aimé passer du temps ensemble avant d’être techniquement ensemble - et cette part existait encore, non? Si c’était le cas, elle devait faire en sorte de la déterrer avant d’entrer en possession de sa pizza hawaïenne avec supplément ananas.



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MessageSujet: Re: “ – Why ? Why did you do this to me ? ” ▲ JUGGER   “ – Why ? Why did you do this to me ? ” ▲ JUGGER EmptyMar 9 Juil 2013 - 15:15


Cela semblait être la solution à tous ses problèmes. Se focaliser sur sa pizza et aller attendre un peu plus loin. C'était la solution idéale. Oui, parfait. C'était parfait.

Dans sa tête.

Parce qu'en réalité, ce n'était qu'un moyen comme un autre de mettre un terme à leur conversation et de fuir. Julian n'en pouvait plus. Il avait profité de ce moment-là pour dire ce qu'il avait sur le coeur, mais il sentait que c'était le moment de faire un break, vraiment et de revenir à la réalité. C'est dingue, mais ce qui se passait actuellement c'était comme un rêve - ou un cauchemar. Ça ne semblait pas réel. C'était tellement au-delà de ça que Julian semblait être bien loin du reste du monde. Il venait d'entrer dans une autre dimension, celle où finalement il obtenait quelque réponse bien qu'elles soient loin de lui satisfaire. Revoir Jagger après autant de temps faisait remonter en lui beaucoup de choses. A la fois les bons souvenirs des années lycées et puis le début de sa vie d'Etudiant parsemée des quelques morceaux restant de son coeur brisé. Tourner la page avait été une chose difficile pour Julian. Il ne cesserait sans doute jamais de le dire, mais il l'avait aimé, vraiment aimé. Il se sentait bien aujourd'hui, heureux avec Lissa qui représentait tout pour lui désormais, mais Julian savait que si Lissa n'était pas apparu dans sa vie pour prendre pleine possession de son être, alors il aurait toujours gardé de gros sentiments pour Jagger.

D'ailleurs, c'était sans doute pour ça qu'il fuyait. De peur que cette nostalgie d'un amour passé arrive le hanter. Il savait que ce qu'il ressentait pour Lissa était plus grand tout. Il n'avait jamais autant ressenti quelque chose comme ça. Avec elle, tout semblait si simple et si logique que l'amour qu'il lui destinait grandissait de jour en jour. Oui, Julian était tombé amoureux de Lissa de la façon dont il avait toujours voulu. Il y avait tout ce côté romantique en lui qui se réveillait quand elle était là. Un vrai prince. Un prince qui était sur le point de mourir à cause d'une sorcière du nom de Jagger. Passons. Julian devait aussi se montrer moins immature. Il n'était plus le lycéen d'autre fois qui avait craqué quand sa copine l'avait largué sans un mot. Certes, ça avait changé des choses, mais ce n'était pas une raison pour agir comme aujourd'hui, ils étaient revenus en arrière. Il avait dit ce qu'il avait à dire, maintenant, il devait prendre conscience qu'il avait désormais 27 ans, qu'il avait un boulot à rendre pour demain s'il voulait garder son emploi et qu'il avait une merveilleuse copine qu'il rêvait de demander en mariage.

Alors s'être assis dans un banc, à côté, plus loin, ça l'aidait aussi à se calmer. A respirer un peu et à se rendre compte que Jagger avait désormais en main tout ce qu'elle avait à s'avoir sur ce que Julian ressentait à son égard. Libre à elle de vouloir rajouter des choses où non, Mais Julian avait tout dit et il en avait fini. Maintenant, il ressentait cette chose en lui, ce frisson, qui lui disait : tout va bien, c'est fini. Tout va bien. Il serait toujours les poings, parce que son sang bouillonnait toujours dans ses veines. Il senti alors quelque chose se rapprochait, Jagger venait de se poser à côté de. Il entendit son nom, puis une phrase. Le ton de Jagger était sincère, il le savait. Mais il refusait de la regarder. Il se tourna vers elle quand elle avouait ne pas mériter de récupérer tout ce qu'elle avait abandonné ici. Elle semblait différente. Peut-être parce qu'ils avaient grandi depuis, qu'ils n'étaient plus si jeune, si insouciant. Bon sang, que le temps étaient passée vite. Il n'était pas prêt à la couper, il n'avait rien à dire, rien à rajouter.

Elle avait raison. Jagger et Julian avait d'excellent ami en commun. Il y avait Eden, qui était comme un frère pour Julian et Lyana. Ainsi qu'Hendrix, le frère jumeau de celle-ci. Julian les voyais encore. C'était comme sa famille pour lui. Alors oui, elle n'avait pas tort. Ils allaient se revoir. Beaucoup de fois sans doute. Les paroles de Jagger ne passait pas dans l'oreille d'un sourd. Loin de là. Elle n'avait pas tort, ils avaient été amis avant tout. Ils s'entendaient extrêmement bien avant tout. Julian soupira, desserrant les poings. Il cherchait une solution, malgré le fait qu'il continuait à lui en vouloir.

« - Tu as raison. » Il baissa légèrement la tête, fixant le sol. « - J'ai quand même l'impression... comme si je ne te connaissait plus. » Il reposa ses yeux sur elle, marquant ce silence en observant ses traits. Personne ne pouvait nier ce charme et cette beauté qu'elle dégageait. Même en rotant avec une bière à la main, Jagger plaisait. Il tendit alors sa main. « - Je veux bien... Je veux bien essayer de recommencer à zéro. Ça ne veut pas dire que je te pardonne. C'est juste que... Si tu as vraiment changé, alors peut-être qu'on peut devenir ami. »

S'il ne pardonnerait jamais à l'ancienne Jagger, il n'avait aucun droit de refuser de donner une chance à la nouvelle. Jagger semblait vraiment différente, il espérait que ce n'était pas qu'une impression et qu'au fond, elle ne le trahirait plus comme avant. Elle allait devoir lutter quand même. Il n'accordait plus sa confiance aussi facilement qu'au lycée.
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MessageSujet: Re: “ – Why ? Why did you do this to me ? ” ▲ JUGGER   “ – Why ? Why did you do this to me ? ” ▲ JUGGER EmptySam 20 Juil 2013 - 14:44


Quand on est au lycée, on imagine le futur. On s’y projette, même. Les visions que l’on a alors sont hautement improbables - mais on y croit dur comme fer. Quelque part, Jagger avait pensé que même si elle partait elle retrouverait toujours ses amis. Qu’ils seraient toujours le centre de son monde, des éléments immuables, les plus importants. Que les rencontres faites sur la route ne seraient que passagères. Que sa place à Huntington Beach resterait toujours libre - toujours sienne. Contrairement aux apparences, elle avait longtemps été d’une grande naïveté. Elle ne se rendait compte que maintenant que, si elle n’avait pas cherché à s’expliquer à Julian, elle aurait été toute seule comme une merde à manger sa pizza hawaïenne jusqu’à la fin des temps. Ou à la rigueur avec Hendrix. Mais ce n’était pas comme si Hendrix avait véritablement le choix - il était son frère jumeau, après tout. Mais le problème, finissait-elle enfin par réaliser, c’est que la pizza hawaïenne, c’est toujours mieux quand on est accompagné.
Elle avait muri, et s’était bien rendu compte que le tableau qu’elle s’était peint, adolescente, n’avait foutrement rien à voir avec la réalité. Bienvenue dans le monde réel, Jagger. Elle s’en était pris, des trucs dans la gueule - et pas que sur le plan sexuel. Elle avait appris à faire la part des choses, à faire des concessions, et parfois même, en cas de situation extrême, à s’excuser. Comme à Julian. Julian qui, mine de rien, le méritait bien. Et cela lui réchauffa profondément le coeur quand il admit qu’elle avait raison, qu’ils pouvaient repartir à zéro, qu’un de ces jours ils seraient peut-être même à nouveau amis. Il en avait été un, d’ami. Un ami véritable, le genre infaillible. Elle avait eu une confiance inébranlable en lui - ce n’était pas pour rien qu’il avait été sa première relation plus ou moins sérieuse. Il lui avait été cher - peut-être le plus cher de ces amis qu’elle s’était fait au lycée de Huntington Beach.
S’ils ne s’étaient pas rencontrés par hasard aujourd’hui, si le destin n’avait pas décidé de leur faire manger une pizza le même soir, à la même heure, ils auraient été tous les deux dans la merde. Ils se seraient vus par hasard, possiblement en tentant de rejoindre des amis communs. Ils se seraient peut-être même hurlés dessus, sans se soucier une seconde des témoins. Ils se seraient évités. Ou se seraient regardés en chiens de faïence.  Ce camion à pizzas, aussi con que cela puisse paraître, était en train de leur permettre de repartir sur des bases saines. Certes, ce n’était demain la veille qu’elle allait pouvoir lui sauter sur le dos et lui frotter la tête en couinant: «Qu’il est mignon le Jujuuuuu», mais il y avait au moins une once de progrès. Et cette fois-ci, elle était fermement décidée à ne pas laisser leur relation se dégrader. Cela passait par une première étape, toute simple: ne pas ressentir l’envie bizarre de se mettre en couple avec un mec beaucoup trop romantique pour elle. Et elle n’aimait pas récidiver, donc elle pouvait sereinement faire une croix sur Julian. Parfait. Comme elle avait dit, quelques jours plus tôt à peine, à l’autre homme qui avait marqué sa vie: Sortir avec ses ex, c’est comme manger son vomi.
Elle n’aimait pas tant que ça manger son vomi.
Même, elle n’aimait pas du tout.
Elle allait donc bâtir à nouveau une relation saine avec ce mec là, une relation purement amicale qui n’allait pas virer au romantisme mielleux et au mauvais reboot de conte de fée. Elle allait retrouver sa place. Et peut-être avait-elle une chance de ne pas être le sale mouton noir. Parce qu’il venait de lui dire qu’il voulait bien recommencer à zéro. Et qu’elle, elle ne se sentait plus capable de reprendre la route comme elle avait bien pu le faire par le passé. Elle avait perdu la force. Et peut-être que c’était tant mieux? Elle n’y avait pas pensé, il y a quelques années, mais elle avait peut-être bien tout ce dont elle avait besoin pour être heureuse juste là, à portée de main. Une ville où il fait bon vivre, et des amis sur qui elle pouvait compter. Il allait falloir se battre. Bien sûr. Mais ce n’était pas comme si elle avait déjà manqué de confiance en elle.

Alors Jagger décrocha un large, très large sourire. Elle tendit la main vers Julian pour qu’il la serre - puisqu’il était hors de question qu’elle lui tombe dans les bras. «Deal!», dit-il avec un sourire aux lèvres et un sourire dans la voix. Elle était vraiment, sincèrement, profondément heureuse. «On va commencer par se sourire gentiment. Après, un de ces jours, on se fera peut-être la bise quand on se dira bonjour. Je promets solennellement de pas essayer de coucher avec toi. Ca ferait désordre. C’est pas contre toi, hein - mais ça ferait désordre». Ce n’était pas une remise en question des performances sexuelles de Julian - du tout. Elle en avait eu l’ample démonstration, alors qu’ils étaient tous les deux adolescents & bourrés d’hormones, aux prises avec une libido de lapins. Mais même coucher ensemble, sans arrière pensée et sans projet de monumentaux sentiments, aurait été une erreur. Grossière.
Et puis merde, Julian avait toujours été un type à couchers de soleil, boîtes de chocolat, amour, eau fraîche. Il n’aurait pas voulu de toute façon. Elle eut un rire léger à cette pensée - comment avaient-ils pu accorder leurs violons si longtemps? Mine de rien, c’était elle l’homme et lui la femme dans cette histoire. Sans moquerie aucune. Leurs caractères et leurs rapports au romantisme allaient dans ce sens, c’est tout. Elle pencha la tête, radoucie à l’évocation de ces souvenirs. Tout allait bien. Oui, tout allait bien. Huntington Beach n’était peut-être pas un endroit à fuir, après tout. «Allez. Raconte moi. Maintenant qu’on est à nouveau deux étrangers sans a priori qui pourraient potentiellement un jour s’entendre. Qu’est-ce que j’ai raté de ta vie?» (à part tout ce qui la concernait). Elle hocha brièvement les épaules. «Je voudrais pas faire une gaffe à la con. Et Hendrix a rien voulu me dire, à part que c’était pas mes oignons et qu’il fallait que je me démerde pour mes collectes d’information.» Chien de frère.


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MessageSujet: Re: “ – Why ? Why did you do this to me ? ” ▲ JUGGER   “ – Why ? Why did you do this to me ? ” ▲ JUGGER EmptyDim 21 Juil 2013 - 1:16

Ça avait été plus fort que lui. Au fond, il pouvait la hair pour ce qu'elle avait fait. La détester de toutes ses forces, lui en vouloir jusqu'à la fin du monde, mais ça aurait été inutile. A quoi bon vivre si c'est pour haïr. Il y a tellement d'amour dans ce monde, tellement de bonnes choses. Pourquoi être si ignorant, si aveugle ? Il l'avait aimé, ce n'était pas que des mots à l'époque et ce n'était pas que des mots aujourd'hui. Une partie s'accrocherait toujours à ses souvenirs, une partie de lui savait que son coeur bâterait toujours plus vite quand elle est à ses côtés.

Elle était peut-être partie, mais elle n'avait pas emporté avec elle les souvenirs de leur relation. Ni l'amour qui lui avait porté.

Alors oui, il en voulait pour avoir fait tant de mal à son être, pour l'avoir brisé si facilement. Mais aujourd'hui, elle n'était plus cette personne ça. Julian voulait croire à ça. Il voulait croire au fait qu'elle était capable de grandir, de s'améliorer et de réparer ses erreurs. Oui, il voulait y croire. Il voulait être capable de rencontrer cette nouvelle Jagger. Pour l'amour qui lui avait donné et pour le moment présent. Depuis son réveil de coma, Julian s'était rendu compte d'une chose. Il ne voulait pas manquer les opportunités qui s'offraient à lui. Ce soir, en croisant par hasard Jagger, il avait la chance de pouvoir lui dire au revoir. Il avait l'opportunité de regarder cette Jagger adolescente dont les rêves étaient plus importants que tout partir au loin, sans le moindre regret. Sans la moindre amertume. Il pouvait sourire à cette jeune Jagger et lui souhaiter tout le bonheur du monde. Il aurait aimé pouvoir lui dire au revoir à cette époque. Pouvoir la prendre dans ses bras et la laisser partir. Mais les choses ne s'étaient pas passées comme ça. Il aurait tellement tué pour lui dire une dernière fois qu'il l'aimait et qu'il ne souhaitait que son bonheur. Il n'avait pas pu. Aujourd'hui, il pouvait faire un bond en arrière et avoir cette impression que tout n'était pas perdu.

Que lui-même n'était pas perdu.

Cela lui avait fait si peur d'affronter la vie après son départ. Sortir du lycée et affronté un tout autre monde, c'était effrayant. C'était nouveau. Julian avait l'impression que la vie était comme Jagger. Que peu importe qui s'approchaient de lui, peu importe à qui il s'ouvrirait, au fond, tout le monde allait finir par l'abandonner aussi douloureusement qu'elle l'avait fait. Il pouvait courir après elle, tendre sa main, sans jamais réussir à la rattraper. Aujourd'hui, il avait réussi à attraper son poignet. Il n'était pas prêt à la lâcher, même si la personne qu'elle était désormais, était une inconnue. Elle l'avait convaincue. Elle avait raison. Il ne lui pardonnait peut-être pas encore totalement, la blessure était trop grande - mais il pouvait faire un effort. Pas que pour lui, mais aussi pour les autres. Le sourire de Jagger en disant long. Elle tendit sa main et doucement, Julian serra celle-ci. Le pacte était fait. Tout était de nouveau à 0. C'était le début de quelques choses de nouveau.

Un léger sourire s'afficha sur le visage de Julian face au léger monologue que Jagger sortie. Elle était hors de contrôle, au fond, elle n'était pas si différente. Elle arrivait toujours à le faire sourire bêtement et pour rien.

« - Ne te projette pas dans l'avenir. On ne sait pas ce qui se passera demain. Contentons-nous de savourer ce qu'on a aujourd'hui. Et aujourd'hui, tu as le droit à une remise à zéro. Alors...» Il haussa les épaules. « - Ravie de te rencontrer, Jag' 2.0 » Il lui offrit un sourire. Bêtement. Mais Julian n'avait été du genre très 'méchant' et 'toujours en colère.' Il avait toujours été ce mec adorable qui offrait avec faiblesse un sourire en guise de réponse. C'était sa plus belle arme.

« - C'est parce que j'ai demandé à ton frère de ne jamais me parler de toi et, au possible, qu'il ne te parle jamais de moi. Je considérais que si tu n'avais pas le temps de me dire au revoir, tu n'aurais sans doute pas le temps de prendre des nouvelles de moi. » C'était un peu con, mais au fond, c'était compréhensible. « - J'dois avouer être plutôt déboussolé. J'ai eu un accident de voiture qui impliquait moi au volant, ma copine et un camion. Je viens tout juste de ressortir de coma. Je vais peut-être perdre mon job, ma copine s'est offert un chiot en mon absence et j'ai peur que tout est changé. J'ai l'impression d'être en retard, sur tout. C'est horrible. » Il posa ses yeux sur Jagger. « - Tu sais, je n'arrête pas de me poser des tas de questions. Je suis constamment en train de me dire « Et Si. » Et ça doit surement être pour ça que j'ai craqué en te voyant. Tu étais la goutte de bière de trop dans le chope Mcneal. »

Il s'adossa au banc. Laissant l'air de la ville entrée dans ses poumons. Le silence, c'était bon parfois.

« - J'ai entendu dire que parfois, s'ouvrir à des inconnus pouvait faire du bien. » Il se tourna vers Jagger, souriant de nouveau légèrement bêtement. Mais sa vie était un bordel en ce moment. « - Et pour info, on ne risque pas de recoucher ensemble. J'ai quelqu'un. »
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MessageSujet: Re: “ – Why ? Why did you do this to me ? ” ▲ JUGGER   “ – Why ? Why did you do this to me ? ” ▲ JUGGER EmptyMer 24 Juil 2013 - 0:07


Bon et bien... tout allait bien, non? Jagger poussa un bruyant soupir de soulagement, presque proche de l’exclamation. Et puis, d’un pas sautillant de gazelle exaltée, elle vint s’installer aux côtés de Julian - quoique conservant une distance de sécurité, on ne sait jamais, il aurait très bien pu feindre les réconciliations dans le seul objectif de lui enfoncer un stylo bic dans le crâne. Courageuse, mais pas téméraire. En tous cas, elle était heureuse. Profondément heureuse. Ce qu’ils venaient de faire tous les deux, c’était... repartir sur des bases saines, non? Et dire que tout ce qu’elle avait espéré de cette soirée, c’était de manger une pizza devant la télévision... Une pizza qui commençait à tarder, d’ailleurs, se dit-elle en haussant un sourcil septique. Mais voilà. Elle avait beau apparaître généralement comme la pire des trouble-fêtes, comme une hystérique malpolie, une agitatrice de base, elle aimait se trouver dans un climat de paix. L’histoire qu’elle avait abandonné il y a des années en quittant Huntington Beach allait peut-être pouvoir reprendre. Et ce long road-trip n’avait en fin de compte été qu’une parenthèse heureuse, qui lui avait permis de se réaliser complètement, de devenir elle-même, avant de reprendre le cours de sa vie.
Rien ne serait plus jamais pareil - bien sûr. C’était évident, elle aurait été naïve de croire le contraire. Des tas d’éléments étaient venus s’ajouter: Donovan, la mort de ses parents, la douleur qu’elle avait pu causer en disparaissant du jour au lendemain. Mais le bonheur était possible à Huntington Beach. Et puis... elle avait été brisée elle aussi, et ne se sentait plus capable de quitter la ville. Alors elle resterait ici. Et poursuivrait l’histoire. Ca serait simplement comme deux tomes d’une même saga. Avec une longue pause dans la publication. Et tant pis si c’était la pire métaphore qu’elle puisse adopter - à une ou deux exceptions faites, elle n’avait probablement jamais fini un livre! Et Petit Ours Brun ou OuiOui ne comptaient probablement pas.
Alors elle était là, vautrée sur ce banc, image même du soulagement et de ce qu’elle aurait qualifié elle-même de «giga kiff intérieur». Elle était... Jag’ 2.0, comme venait de le dire son ex petit-ami. La formulation lui plaisait. D’ailleurs, elle avait eu un grand éclat de rire en l’entendant. Il souriait. Elle riait. Il avait eu à son encontre une expression familière et amicale, assortie du surnom qu’il lui avait toujours donné au lycée... Alors beaucoup de choses avaient changé, mais au moins il restait un socle stable. L’amitié. Le bonheur d’être à Huntington Beach. Oui, beaucoup de choses avaient changé, se dit-elle en buvant une longue gorgée de la bière qu’elle avait quelque peu oublié depuis le début de la discussion.
Pour la recracher aussitôt.
Et ça, ça c’était putain de salissant.
Mais, sur le coup, elle n’en eut pas grand chose à faire.
«D’OU TU AS EU UN ACCIDENT DE VOITURE?!» Comme électrifiée, elle s’était redressée (recouverte de gouttes de bière). «Et d’où tu étais dans le coma?!» Elle voulait bien qu’il se soit passé des choses pendant son absence - c’était même on ne peut plus logique! Mais là, c’était gros, super gros. Et elle allait arracher les couilles à Hendrix pour avoir pu lui cacher un truc aussi monumental. Et les lui faire manger. Parce que Julian lui avait peut-être expressément demandé de ne rien dévoiler... il ne fallait pas non plus pousser mémé dans les orties. Prise d’un réflexe particulièrement stupide, elle lui tendit ce qui avait survécu de sa canette de bière et lui dit, fermement: «Bois.» Parce que, elle, elle aurait bien aimé qu’on lui fasse ça dans une telle situation. On peut tout noyer dans l’alcool... non? Et puis elle retomba assise sur son banc, toujours stupéfaite. Voire même un peu sur le cul. Elle n’osait plus rien dire, et le silence s’éternisa dangereusement, avant que Julian ne reprenne. A ce stade là, elle était tellement choquée qu’elle ne vit pas de grande révélation dans le fait qu’il ait quelqu’un actuellement - même si au fond c’était la preuve qu’elle ne lui avait pas TANT brisé le coeur que ça, il s’était apparemment très bien remis de leur rupture et n’en était pas ressorti handicapé des sentiments à vie. C’était un relatif soulagement. Il y eut encore une minute de silence. Puis une deuxième. Et enfin, elle parvint à intégrer toutes les informations que son ex-petit-ami-inopiné avait décidé de lui fourrer de force dans le crâne. Elle haussa les sourcils. Regretta de lui avoir donné (de force) sa bière. Reprit toute sa contenance. «Elle est aussi bonne que moi j’espère?» Un temps de silence, elle eut un air penseur. «Ouais, non, t’as bon goût comme mec, elle doit être pas mal. Pas mal du tout même. Même si je suppose que c’est pas trop dans tes plans de lui présenter ta garce d’ex copine hystérique à tendances lesbiennes». Elle n’avait jamais été le genre de personne que l’on présente à ses parents, ou à ses nouvelles petites amies - et même, très peu pour elle. Elle n’en avait jamais ressenti un quelconque manque et frustration.
Elle se racla la gorge. «Moi j’ai été ivre, j’ai collectionné les petits boulots, j’ai vu la plus grosse boulette de viande des Etats-Unis. La routine. Et j’avais un petit ami, que j’ai largué sur le bord de la route en apprenant pour mes parents». Elle haussa à nouveau un sourcil, consciente de l’énormité qu’elle allait lâcher: «Et il est en ville et essaye de me faire croire que c’est un hasard. Si tu entends parler de mon meurtre, tu sauras qui est le coupable». Quoi? On n’était, là encore, jamais trop prudent. Elle était certes légèrement paranoïaque à croire que le monde entier voulait plus ou moins sa mort, mais Julian, Julian le mec intègre par excellence, ferait un très bon témoin dans une affaire de meurtre. Sauf si par vengeance il décidait de garder le secret...? Non, son cerveau allait un petit peu trop loin dans cette affaire. Elle rit légèrement d’elle-même. Puis sourit, simplement, sereinement. «Je suis la seule dans cette histoire qui a l’impression de se trouver dans une mauvaise réunion d’anciens du lycée?»


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MessageSujet: Re: “ – Why ? Why did you do this to me ? ” ▲ JUGGER   “ – Why ? Why did you do this to me ? ” ▲ JUGGER EmptyJeu 1 Aoû 2013 - 22:53

Il lui en voulait et lui en voudrais sans doute toujours pour lui avoir brisé le coeur de cette façon, mais en face d'elle, il n'y arrivait pas. Elle n'arrivait pas à être trop en colère contre elle. A lui dire des choses trop blessantes. Un premier amour ne s'efface jamais. Peu importe ce qui pouvait arriver, cette histoire... leur histoire, elle resterait en lui. C'était la première fois qu'il s'était attaché à quelqu'un de cette façon. La première fois que son coeur avait accélérée pour quelqu'un. Que sa main tremblée face à une personne. Tout ce qu'il avait pu ressentir pour Jagger à l'époque était loin d'une amourette de lycée pour lui. Il en était conscient. Mais peut-être que ça avait été différent pour Jagger. Qu'elle ne l'avait pas aimé de cette façon. Qu'elle n'avait pas éprouvé autant pour lui. Julian avait toujours su une chose vis-à-vis de ses parents. Quoi qu'il arrive, on finit par trouver son âme-soeur. On peut aimer et se donner entièrement à quelqu'un, mais si au final ce n'est pas la bonne il ne faut pas se dire que c'était fini. Parce que cela voulait dire que quelqu'un d'autre nous attendait. Alors cette personne, c'était peut-être Lissa. Au fond, il le voulait. Il avait même prévu de la demander en mariage, mais il attendait que l'histoire de son coma se tasse un peu.

Si Jagger ne l'avait pas aimé comme lui, ce n'était pas une raison pour lui en vouloir. Parce qu'aimer quelqu'un de signifier par recevoir son amour en retour. Il voulait son bonheur, avant tout. Alors oui, il lui en voulait, mais il fallait grandir et Jagger avait raison : il y avait d'autres personnes en jeu. Alors Julian proposa quelque chose. Il proposa de se découvrir une nouvelle fois. De recommencer à zéro. Parce que peut-être, elle avait changé. Que serait le monde si les hommes n'étaient pas capables de se donner une seconde chance ? A la vue du soupire de Jagger, c'était une très bonne nouvelle. Il en riait intérieurement, jetant un coup d'oeil à sa pizza qui tardait un peu. Mais visiblement, ils avaient un souci dans la caravane des pizzas italiennes magiques du coin. Peu importe, il sentait sa colère diminuer grandement. Sa respiration se calmer. Au fond, il allait mieux. Il avait eu besoin de parler avec Jagger et peut-être que de tout remettre à zéro l'aider plus lui, qu'elle. Il aurait ainsi moins l'impression d'avoir perdu une partie de lui avec le départ de Jagger. Il parla alors, presque trop ouvertement, mais c'était plus fort que lui.

Il s'attendait pas à voir Jagger crachait sa bière.

Julian s'arrêta, regardant Jagger qui s'était relevé. Elle n'était pas au courant, visiblement son frère avait continué de garder les nouvelles pour lui. Julian avait toujours sur qu'Hendrix était un gars de confiance.

« - Il y a plus d'un mois. Et j'ai passé le mois dans le coma au passage. » Il en parlait avec beaucoup d'insignifiance, mais au fond, c'était terriblement compliqué pour lui. Il ne savait pas comment en parler. Comme un fardeau ? Comme un miracle ? Comme rien du tout ? Jagger lui tendit sa canette que Julian pris avec plaisir. Ça ne pouvait pas lui faire du mal et franchement là tout de suite il n'était pas contre un peu d'alcool dans son sang. Il poursuit, dans trop de mal. Parce que c'était comme ça et Jagger retrouva sa confiance et son naturel, ne le surprenant guère avec sa question. Lissa était parfaite. Elle était belle, douce, à fond dans ce qu'elle aime. Elle était spéciale. Il n'eut pas besoin de le dire, il offrit tout simplement un regard à Jagger pour éviter de répondre à sa question.

« - Si tu es sage, on en reparlera. » avoua-t-il. Il savait que Jagger était curieuse de nature. « - Elle s'appelle Lissa. Ça va bientôt faire... j'dois compter le mois du coma dans l'addition ou ? » Il ria légèrement avant de reprendre. « - A la fin de la fac, on s'est rencontré à un diner entre amis et... » Il s'arrêta. Jagger faisait remonter en lui les doutes qui s'étaient installés à cause de coma. Oui, elle avait beau l'énerver depuis tout à l'heure, maintenant, il ressentait le besoin de parler de ça a quelqu'un. « - Je l'aime, vraiment. Mais j'ai peur que durant ce mois de coma, tout ait changé. » C'est alors que Jagger pris la parole - il lui retendit sa bière au passage. Il l'écouta, un sourire amusé quand même au début. Quand elle parla de ses parents, le sourire de Julian s'estompa. En dehors de se dire qu'elle était plutôt douée en largage de petit-ami, il savait à quel point cela avait été dur.

« - Attend quoi ? Ton ex est là... il est dangereux ? » Julian était mignon, c'était un trait qui avait plu à Jagger. Il avait parfois beaucoup de mal à séparer les blagues des choses sérieuses. Au vu du léger rire, c'était une blague. Julian se rassura intérieurement, se disant quand même de garder un oeil sur cet ex. « - C'est quoi son nom ? » Il haussa les épaules. On ne sait jamais.

« - Non, après tout... On s'était dit rendez-vous dans dix ans ? » Non, il ne faisait pas un jeu de mot ridicule tout en se référant à la chanson la plus mythique et idiote du monde ? Il fit signe à Jagger. « - J'crois que ta pizza est prête. »
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MessageSujet: Re: “ – Why ? Why did you do this to me ? ” ▲ JUGGER   “ – Why ? Why did you do this to me ? ” ▲ JUGGER EmptyJeu 8 Aoû 2013 - 1:52


C’était peut-être un petit peu difficile à admettre dans ces circonstances, mais elle avait beaucoup tenu à Julian. Elle l’avait abandonné comme une vieille chaussette, certes, mais elle avait beaucoup tenu à Julian. Elle avait juste... quelque peu surestimé sa capacité à passer outre son départ et à s’en remettre vite. Mais jamais, ô grand jamais elle n’aurait pu rester indifférente aux nouvelles monumentales qu’elle était actuellement en train de se prendre dans la gueule. L’accident de voiture était une chose. Mais en prime... un mois dans le coma? Elle passa ses deux mains sur son visage - oh, était-ce une goutte de bière qu’elle sentait sur sa joue? Bravo, elle avait encore été d’une distinction rare. Bref. Ce n’était pas le problème, là maintenant tout de suite. Le problème était... que merde, son ex petit ami avait passé un mois dans le coma et qu’elle n’en avait strictement rien su! Elle n’aurait pas pu faire grand chose - certes. Mais elle aurait voulu le savoir. Être là pour lui, même s’il ne voulait évidemment plus d’elle. Lui amener des packs de bière pour noyer son chagrin. Beaucoup, beaucoup de packs de bière. Faire en sorte, avec tous ses autres amis, ses propres amis d’avant, qu’il ne soit pas seul, une seconde, allongé sur son lit d’hôpital.
Elle n’avait pas pu. Et elle était, tout en même temps, submergée de regrets et de stupéfaction. La seule chose à faire? Ce que toute femme fait dans ce genre de situation. Enfin... toute adolescente en tous cas, ou toute personne légèrement dérangée comme Jagger. Elle se raccrocha à la mention d’une histoire de coeur et se mit en tête d’enregistrer tout ce qu’elle pouvait de potins. De laisser aller son instinct profond de commère. En bref: de jouer la coach sentimentale douteuse, histoire d’oublier que l’homme en face d’elle, celui qui pendant un temps avait été son petit-ami, celui qui éternellement avait été son ami, avait eu un accident de voiture et passé un mois dans le coma. Alors elle haussa les épaules. «Si pendant ce ... mois de coma... tout a changé, je peux t’assurer que j’irai la voir moi-même pour lui botter le cul. Je te dois bien ça. Et toi, tu peux légitimement pas le faire, parce que c’est une fille, mais moi aussi, mine de rien j’en suis une.» Elle eut un grand sourire - non, elle n’était pas du tout beaucoup plus virile et culottée qu’une grande partie des hommes de cette planète, spécialement quand cela touchait à la bière. «Mais honnêtement, elle serait conne de te laisser tomber. Me regarde pas comme ça, moi c’était pas pareil. Problèmes psychologiques. Mentaux. Immaturité. Alcoolisme? Un mélange des quatre. Mais à part conjugaison fortuite du genre, tu es un mec en or que n’importe quelle fille saine d’esprit voudrait garder à ses côtés.» Elle en connaissait deux, comme ça. Julian, et Hendrix. Elle avait laissé passer sa chance avec le premier. Le second serait difficile à épouser, pour la simple et bonne raison qu’il était son frère jumeau et que l’inceste n’était pas encore reconnu par la loi. Mais quoi qu’il en soit, elle garderait pour toujours une admiration profonde pour ces deux hommes. Ex-parfait et Jumeau-parfait, qu’elle les appelait dans sa tête.
Et il y avait le troisième homme. Différent des deux premiers, fondamentalement. Dérangé comme elle. Peut-être parfait pour elle. Elle n’en savait foutrement rien - elle n’avait pas envie de penser à ça. Pas maintenant. Peut-être même... plus jamais. Le simple fait de le revoir, même par hasard, avait donné un sacré coup à toutes ses convictions, alors elle n’allait pas se laisser aller à, de surcroît, penser à lui. Elle se mordit, légèrement, la lèvre. «Peut-être bien. Peut-être pas. J’en sais foutrement rien. Tout ce que je sais, c’est que c’est pas le bon moment. Pour raisons évidentes. Et qu’il est là quand même.» Elle haussa légèrement les épaules. Elle était toujours en deuil, intensément en deuil, et perturbée comme jamais. Non, ce n’était véritablement pas le moment de laisser la place à quelque chose qui pourrait potentiellement être méchant. «Donovan. Halvey. Le mec bizarre qui travaille au Hometown - ‘fin s’il n’a pas encore été viré à cause de moi. Je me savais pas si bruyante.» Euphémisme. Elle avait hurlé, balancé des brownies, et fait un mauvais remake de série romantique. Elle n’avait pas été bruyante - elle avait été une véritable furie.
Mais, aujourd’hui, parler à Julian, au contraire, l’apaisait. Elle se sentait pardonnée, au moins en partie. Elle se sentait à sa place, à Huntington Beach, et se sentait presque capable de construire à nouveau un avenir. Et tant pis si le mec à ses côtés faisait référence à des chansons douteuses. Elle avait bondi avec un sincère cri de joie pour réceptionner sa pizza hawaïenne supplément ananas, elle souriait à Julian, elle avait envie de rire aux éclats. Elle revint vers son ancien petit ami avec toujours ce sourire radieux - et lui dit, avec toute la sincérité du monde: «J’ai pas envie de partir, là tout de suite. Mais... ta petite amie et ta nouvelle vie t’attendent. Je suppose que je dois filer. Mais avant que ta pizza arrive, tu dois me promettre une chose». Elle pencha légèrement la tête - «tiens toi à ta promesse de donner une seconde chance à cette vieille garce de Jagger. Moi, j’aimerais vraiment rattraper le temps perdu. Et te prouver que j’ai changé. Et, au passage, me jurer tout ça une nouvelle fois sur les divins ananas de cette pizza de rêve.»


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MessageSujet: Re: “ – Why ? Why did you do this to me ? ” ▲ JUGGER   “ – Why ? Why did you do this to me ? ” ▲ JUGGER EmptyLun 12 Aoû 2013 - 19:43

Il avait l’air dans parler avec une telle simplicité, alors qu’en réalité, c’était tellement irréel. Il se rendait compte que c’était peut-être un peu trop à savoir en une journée. Mais il n’allait pas culpabilisé pour Jagger. Elle avait été absente, elle devait faire avec. Ils n’avaient plus 16 ans maintenant. Il savait qu’en dehors de sa famille, Lissa et quelques amis, très peu était venu le voir à l’hôpital. C’était normal. Julian ne gardait auprès de lui que les bons amis. Ceux à qui il pouvait confier sa vie. Son état avait été constant durant un mois entier. Beaucoup commençait à croire qu’il n’allait plus se réveillé. L’ainé des Mcneal lui en avait parlé lorsqu’il était allé lui rendre visite. Elle avait expliqué qu’elle avait eu espoir au début. Qu’elle était persuadé qu’il se réveillerait… mais qu’au bout d’un moment, elle se demandait si ce n’était pas mieux de le considérer mort plutôt que d’avoir un faux espoir qu’il se réveille. Ça avait été très dur pour lui d’encaisser ça, mais il comprenait.

Et il comprenait que Lissa soit peut-être passé par la même chose.
Jagger se montra extrêmement attentif à ce qu’il disait. A sa façon, elle tenta de l’aider. Sa façon d’être était le même. Cette folie positive qu’elle dégageait le faisait toujours autant sourire. Si elle voulait frapper Lissa pour ça, il n’était pas contre. Mais il espérait que cela n’arrive jamais. Il l’aimait beaucoup trop. Il avait peur de ce qui pouvait se passer si elle s’en allait. De ce qui se passerait en lui si cela arrivait. Cherchant à être un peu plus sérieuse, Jagger rajouta quelques choses. Il posa ses yeux sur elle, alors qu’elle avoua que Lissa serait bien conne de le laisser tomber. Il fronça légèrement les sourcils face à la liste de Jagger.

« - Je ne mets pas ta parole en doute, je suis bien un mec en or. » Il se redressa légèrement pour se la jouer prétentieux. L’humour était un bon moyen pour éviter de crier sur Jagger. Elle avait beau se donner 36 excuses, il aurait repris ses paroles en disant que si il avait vraiment été un mec en or, peu importe les défauts de Jagger, elle l’aurait gardé. Mais passons, il n’allait pas repartir sur une dispute et il préférait garder ça pour lui. Une prochaine fois peut-être, ils en reparleront. En tout cas, l’histoire de cet ex de Jagger qui est là, le dérangeait un peu. Il n’avait plus confiance ne Jagger comme avant, mais il ne pouvait s’empêcher de vouloir le meilleur pour elle. De vouloir qu’elle trouve quelqu’un qui soit fait pour elle – puisque visiblement, ce n’était pas lui. C’était plus fort que lui et il ne pouvait changer. Déjà au lycée, il avait toujours été ainsi avec ceux qu’ils aimaient. Toujours à voir le meilleur en tout le monde et à vouloir le meilleur pour eux. Elle haussa les épaules, alors que Julian s’inquiétait. Il nota le nom du type dans sa tête, on cas où. Jagger alla cherchait sa pizza avant de revenir vers lui, qui attendait son tour. Ça ne devrait plus tardé au passage.

« - Te promettre quoi ? » Il se releva, voyant qu’on lui faisait signe. Elle pencha légèrement la tête. C’était bon ou mauvais signe ça ? Un sourire tendre apparu sur le visage de Julian qui prit Jagger dans ses bras un moment. Elle lui avait tellement manqué. « - Je te le promet. » Puis il rajouta, en posant sa main sur la boite à pizza. « - Je te le promet sur la tête des ananas de cet pizza ! . » Il déposa un baisé sur la joue à Jagger, en guise d’au revoir avant d’aller chercher sa pizza. Il paya celle-ci, avant de partir, se retournant une derrière fois pour voir Jagger partir plus loin. Il eut alors une idée. Oui, son article porterait sur elle. Que son patron aime ou pas, il avait envie d’écrire sur elle.
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