« Don't leave me alone with me, I feel it in my heart, soul, mind that i'm losing »

Une pluie diluvienne s’était abattu sur la belle ville d’Huntington, personne n’y avait cru et pour cause toute la journée il avait fait un temps magnifique comme toujours. Les essuies glaces en vitesse accélérée essayaient de donner une meilleure vision de la route à Marissa qui roulait à une vitesse un peu trop élevée vu les conditions météorologiques. Elle passa une main sur ses yeux, inspirant une grande bouffée d’oxygène. Posant son regard dans le rétroviseur elle observa sa fille de six ans, installée à l’arrière de 4x4 familial plongé dans un profond sommeil. Se garant sur une place de parking, elle coupa le contact posant son regard humide sur l’appartement de sa sœur. Il était éclairé ce qui était une bonne nouvelle mais elle ne savait pas si elle était seule ou non, posant son regard sur le tableau de bord elle se rendit compte qu’il était vingt trois heures passé. Posant ses coudes contre le volant, elle prit sa tête entre ses mains totalement perdu. La jeune femme resta ainsi durant plusieurs secondes qui devinrent rapidement des minutes.

FLASHBACK.

Une main posé sur sa joue, elle sentit une larme couler tout le long de celle ci. Son regard posé sur son mari elle ne savait même plus quoi répondre, elle l’observait se demandant si c’était bien réel. Il venait de la frapper, ou plutôt de la gifler mais peu importe il n’avait pas à agir ainsi, son geste était de trop. Il s’avança vers elle tandis qu’elle recula « M’approche pas… » Sur ses simples mots elle sorti du salon se dirigeant rapidement vers l’étage pour se rendre dans sa chambre. Elle attrapa un sac dont elle se servait assez souvent pour aller au sport, balançant quelques vêtements elle posa son regard sur son mari qui venait d’entrer à son tour dans la chambre. « Tu vas le rejoindre ? » Elle attrapa le sac, continuant d’avancer d’un bout à l’autre de la chambre balançant tout ce dont elle avait besoin, sans réponse de sa part il reprit la parole. « Tu me dégoutes ! » S’approchant de la jeune femme il sera ses poings, la regardant de bas en haut tandis qu’elle avala difficilement sa salive, sa posture, son regard tout était haineux, le moindre sentiment positif avait disparu. « Réfléchis bien à ce que tu fais, on balance pas dix ans de vie commune comme ça. Je te laisse jusqu’à demain pour arrêter tes conneries ! » Il secoua la tête écœuré par ce qui était en train de se passer, quittant la chambre il ne perdit pas de temps pour sortir le premier de la villa partant rapidement à bord de son véhicule.

FIN DU FLASHBACK.

Sortant de sa voiture, la jeune femme se dirigea vers l’arrière du 4x4 ouvrant la porte elle attrapa deux sac qu’elle passa autour de son épaule avant de faire le tour de la voiture et d’arriver auprès de sa fille qui dormait à point fermer. Elle prit Faith dans ses bras, la rassurant rapidement alors qu’elle ne comprenait pas trop ce qui se passait. La fillette bien trop fatiguée ne chercha pas bien longtemps, refermant ses yeux et se laissant guider par sa mère qui la tenait dans ses bras. Marissa se dirigea vers l’appartement qu’occupait sa sœur, claquant des dents face à la situation et à cette pluie peu habituelle. Elle ne savait pas quoi dire ni quoi faire, elle s’était dirigé naturellement vers Leah parce qu’elle était toujours là pour elle quoi qu’il arrive…. Sonnant à la porte elle serra sa fille contre elle, plus Faith grandissait et plus il était difficile de la porter mais Marissa se moquait d’avoir mal dans les bras elle ne voulait pas la réveiller, lui expliquer les raisons de cette visite en pleine nuit et l’avoir dans ses bras la rassurait.

⊹ Marissa & Leah † Family First

What happened to us? We were never like that... It feels like everything is falling apart. I don't get it. I'm so confused. I love you but you're scaring me. Why are you so different? And I've made my mistakes too. Will you forgive me? Can we ever go back to where it was? I'm so scared I've lost you.

Allongée dans mon lit, je fixais le plafond. J'avais laissé la lumière allumée dans ma chambre et dans le reste de mon vaste appartement. J'avais toujours détesté le noir mais depuis mon agression j'étais tout bonnement incapable de dormir seule si la lumière était éteinte. Je savais bien que cela ne pourrait pas durer encore longtemps, j'allais faire péter ma facture d'électricité à cette allure et même si économiquement parlant ce n'était pas vraiment un problème, je me sentais coupable de faire du gaspillage. Cela dit, je pensais que si la lumière continuait d'éclairer mon appartement, les rôdeurs (s'il y en avait) penseraient sûrement que j'étais réveillée et ils ne tenteraient pas de s'introduire, peut-être même que si mon agresseur se repointait à Huntington, il ne s'en prendrait pas à moi en voyant que c'était toujours allumé dans ma maison. J'avais cru comprendre qu'il aimait attaquer dans le noir…

Je fermais les yeux en tentant de libérer mon esprit de toute pensée angoissante et négative. Depuis quelques semaines je n'étais pas tranquille à l'heure du couché. Bien sûr, il y avait toujours l'angoisse écrasante de l'attaque que j'avais subi et qu'il m'arrivait de revivre minute par minute dans mes pires cauchemars. S'ajoutait à cela la pression du boulot. Mon projet de restaurant s'annonçait plus compliqué que prévu et je n'arrêtais pas de m'en inquiéter. Heureusement les ventes de mon second livre de cuisine étaient excellentes et nous n'allions d'ailleurs pas tarder à le faire traduire dans d'autres langues pour pouvoir le distribuer sur les marchés étrangers. Après mon agression j'avais vite repris l'écriture de mon blog mais je n'avais pas encore pu refaire de vidéo, ni même poster de photo de moi-même. Je ne voulais pas que mes abonnés me posent trop de questions concernant mes bleues, mes égratignures et mes points de suture. D'ailleurs si j'étais déjà au lit à vingt trois heures et quelques, c'était parce que demain j'avais prévu une assez grosse journée de boulot. Je voulais revoir le design de mon site, poster un ou deux articles et répondre aux commentaires et messages que l'on m'avait envoyé. Ça ne parait peut-être pas, mais c'est épuisant. J'avais besoin d'une bonne nuit de sommeil et vu le temps qu'il me fallait pour m'endormir mieux valait que je me couche tôt. Cela faisait déjà bien trente minutes que j'étais allongée dans mon lit, me tournant et retournant sans arriver à faire venir le marchand de sable. En plus du boulot et de l'agression, il y avait encore autre chose qui m'occupait l'esprit. Quelque chose dont je ne pouvais parler avec personne pour le moment, une chose qui me préoccupait pourtant depuis quelques temps déjà et à laquelle je pensais désormais de façon permanente. En général je me serais confié à Marissa mais dernièrement je l'évitais au maximum. J'avais couché avec Ethan, et regarder ma soeur droit dans les yeux en sachant ce que j'avais fait avec son ex petit ami et actuel meilleur ami que je soupçonnais d'ailleurs d'être encore amoureux d'elle, c'était une vrai torture! J'avais l'impression d'être une traitresse et de la poignarder dans le dos, et en même temps Marissa avait aussi son lot de problèmes. J'avais la sensation qu'elle commençait à aller un mieux, je ne voulais pas lui créer à nouveau de la peine et du soucis. Je me contentais donc de l'appeler régulièrement tout en trouvant toutes les excuses possibles et imaginables pour ne pas la voir, et en essayant en plus de ne pas l'inquiéter malgré tout.

J'inspirais puis j'expirais doucement. Je sentie la tête de Sparrow se poser sur mon bras. Mon petit bébé dormait évidement avec moi et je dois bien dire qu'il avait fait un boulot d'enfer à me consoler, me câliner et même à écouter mes secrets. Il était le meilleur compagnon qu'il soit! Mes yeux se rouvrirent et je fixais le plafond à nouveau. Je restais ainsi quelques instants. Je me demandais si je ne devrais pas prendre un somnifère ou deux histoire de vraiment pouvoir me reposer. J'étais plutôt contre l'usage de médicament mais je n'en pouvais vraiment plus de faire des nuits blanches ou de dormir à peine trois ou quatre heures. J'étais épuisée. Alors que je me tâtais encore à ce sujet, entamant un débat avec moi-même sur le fait de prendre un cacher pour dormir ou pas, j'entendis la sonnette de l'entrée retentir dans l'appartement. Sparrow se redressa immédiatement et comme à son habitude il se mit à grogner puis à aboyer. Il sauta du lit pour courir à la porte. Moi je restais figée sous ma couverture. Mon coeur venait de s'accélérer d'un coup et je sentais un léger vent de panique monter en moi. Et si c'était le malade fou furieux qui m'avait fait du mal? Il me connaissait, il savait mon prénom et la ville dans laquelle je vivais. Il pouvait très bien connaitre mon adresse précisément. Peut-être était-il revenu finir ce qu'il avait commencé. J'avais soudain très envie de pleurer et de rester planquée sous ma couette jusqu'au levé du soleil. Sparrow était comme un fou à aboyer devant la porte. Dehors la pluie frappait les vitres ce qui ajoutait d'autant plus à l'atmosphère angoissante. Je me levais finalement pour rejoindre ma porte à mon tour. Doucement et vraiment apeurée, je regardais par le juda. Quel ne fut pas mon soulagement en voyant Marissa avec ce qui semblait être Faith dans ses bras. Je reculais un peu pour m'empresser de déverrouiller mes trois verrous que j'avais fait installer dans une crise aigüe de paranoïa, et finalement j'ouvrais la porte. "Marissa?!" m'exclamais-je en l'observant de haut en bas avec un regard quelque peu surpris. J'étais soulagée que ce ne soit pas un malade mental venu me tuer, certes, mais j'étais tout de même un peu inquiète de la voir sur le pas de ma porte à une heure pareille, avec ce temps de chien et avec sa fille dans les bras qui plus est! En fait en la regardant bien, je remarquais qu'elle était chargée avec des sacs calés sur son épaules. Je me demandais comment elle arrivait à tenir encore debout avec tout ça à porter. "Oh!" Je réalisais qu'il serait peut-être mieux de l'inviter à l'intérieur. "Rentre voyons!" Je m'écartais pour la laisser passer et j'attrapais Sparrow pour qu'il cesse d'aboyer et qu'il ne se mette pas à sauter sur Marissa. En plus, Faith avait l'air endormie dans les bras de sa mère, ce qui était normal vu qu'à cette heure là elle aurait déjà dû être dans son lit depuis longtemps, et je ne tenais pas à ce que mon chien la réveille. J'envoyais Sparrow se coucher dans son panier et je fixais ma soeur avec tout son barda. "Désolée d'avoir été longue à ouvrir… J'étais couchée et j'ai cru… enfin quand j'ai entendu la sonnette à cette heure… J'ai eu peur. " On faisait toutes les deux des têtes d'enterrement. Je craignais que quelque chose de grave ne se soit produit mais je n'osais pas poser trop de questions. Je ne comprenais pas ce qu'elle était venue faire chez moi en plein milieu de la nuit. Je fixais ma nièce dans les bras de ma soeur. Je n'avais pas vu Faith depuis pas mal de temps et elle m'avait terriblement manqué mais quelque chose me disait que Marissa n'était pas là pour me réunir avec ma petite princesse. Je restais face à ma soeur ne sachant pas trop quoi dire, attendant un semblant d'explication… J'avais mal au ventre. Mon niveau de stress était à son maximum, entre la peur qu'elle m'avait fichu et maintenant son regard préoccupé… Je sentais que cette nuit allait encore être blanche pour moi. Mais pour elles j'étais prête à ne plus jamais fermer un oeil si elles me le demandaient. Finalement, je m'approchais un peu et je l'interrogeais simplement, d'une voix presque timide. "Qu'est-ce qui se passe?".

« Don't leave me alone with me, I feel it in my heart, soul, mind that i'm losing »

Alors qu’elle venait de sonner à l’appartement de sa petite sœur, son regard perdu fixait la porte d’entrée. Elle repensait à tout ce qui venait de se passer, le dîner en famille, les rires de sa fille alors qu’elle expliquait ce qu’elle avait fait avec sa meilleure amie à l’école, les projets de prochaines vacances qu’avait son mari en tête, la petite histoire qu’ils avaient lu ensemble à leur fille avant de quitter sa chambre, le retour dans le salon, les avances de son mari qui voulait passer du temps avec elle…

FLASHBACK.

Assise sur le canapé du salon, télécommande à la main elle zappait les chaînes. Eden revenait de la cuisine avec une bière lui déposant devant elle sur la table basse un pot de glace, lui indiquant que ça faisait bien longtemps qu’ils ne s’étaient pas retrouvé tout les deux comme au bon vieux temps. Elle avait mit une chaîne au hasard, avait posé son regard sur la capsule de bière qui avait volé pour finir par atterrir sur la table basse. Sentant le regard de son mari sur elle, tentant de se plonger sur le film et de faire croire que ça l’intéressait pour qu’il oublie l’idée qu’il avait en tête. Mais son mari ne s’était pas arrêté à ce détail, ça n’aurait pas été la première fois qu’ils auraient pu se retrouver nus sur ce canapé, se retrouver comme au bon vieux temps. Sentant ses baisers dans son cou, sa main baladeuse sur sa cuisse se frayant un chemin pour arriver à l’entrejambe. Elle n’avait pas pu en supporter davantage, elle n’y arrivait plus, elle ne pouvait pas continuer ainsi. Les premières larmes coulèrent sur son visage, il se stoppa pensant qu’elle n’était pas prête, qu’elle pensait toujours à leur fils, il l’avait prit dans ses bras pour la réconforter et elle s’en voulait déjà terriblement à l’avance, sachant ce qu’elle allait dire et ce que ça allait entraîner. Fondant en larme, elle se mordit la lèvre inférieure se reculant de son mari. Il venait de comprendre qu’il se passait quelque chose de plus important, elle lui cachait quelque chose, il était inquiet. « Je suis désolé Eden… j’aurais voulu… j’aurais aimé ne pas te faire souffrir mais… je ne peux plus, je n’y arrive plus… j’en aime un autre. » Il s’était levé brutalement, reculant de quelques pas secouant la tête négativement comme ci ce n’était pas possible, elle n’avait pas le droit de lui dire une telle chose. Marissa se leva à son tour, les larmes inondant son visage elle ne savait pas comment lui annoncer une telle chose. « J’ai… je t’aie trompé, je suis désolé vraiment, j’aurais voulu que ça se passe autrement mais… » Elle n’avait pas eu le temps de finir sa phrase que son mari s’était avancé vers elle, d’un pas rapide la giflant violemment au point qu’elle se retrouva sur le canapé..

FIN DU FLASHBACK.

Elle sortit de ses pensées en entendant son prénom, se rendant compte alors que sa sœur se trouvait face à elle. Il lui fallait quelques secondes pour revenir à la réalité, comprenant qu’elle était bien là avec sa fille après avoir fuit la maison. Leah l’invita à rentrer, attrapant le chien tandis que Faith bougea quelques peu dérangeait par le bruit sans pour autant que ça ne la perturbe plus que cela. Entrant dans l’appartement de sa sœur, elle se pinça les lèvres essayant de calmer ses lèvres qui tremblaient depuis tout à l’heure. Leah prit la parole, lui expliquant pourquoi elle avait mit autant de temps à ouvrir la porte. « Ce n’est rien. » Marissa comprenait, avec ce qu’avait vécue sa sœur c’était tout à fait compréhensible cependant elle semblait être sans réaction, elle ne bougeait pas tenant fermement sa fille contre elle. A vraie dire la jolie brune était un peu sous le choc de tout ce qui s’était passé ce soir. Elle se concentra sur Leah qui venait de s’approcher d’elle lui demandant ce qui se passait, elle posa son regard humide sur sa sœur essayant de ne pas craquer, pas tant que sa fille n’était pas au lit. « Je… je voudrais coucher Faith avant… » La jolie brune avança dans l’appartement, elle le connaissait bien et heureusement tout comme Leah pouvait se sentir chez elle quand elle débarquait chez sa sœur. La jeune maman entra dans la chambre d’amis, déposant sa fille doucement sur le lit avant de laisser les sacs par terre au pied du lit. Elle défit le manteau de Faith qui se réveilla ne comprenant pas très bien ce qui se passait, Marissa passa sa main doucement sur le visage de sa fille la rassurant en lui indiquant que tout allait bien, qu’il fallait dormir. Posant la couverture sur l’enfant, elle déposa un doux baiser sur son front avant de sortir de la chambre refermant la porte derrière elle. Fermant les yeux quelques instants elle inspira doucement avant d’ouvrir ses yeux et de les déposer sur sa sœur qui voulait une explication. Marissa avança vers Leah, retirant son manteau humide elle le déposa sur une chaise restant silencieuse alors que sa sœur devenait paniquée en ne comprenant pas ce qui se passait. Passant une main dans ses cheveux humides, elle posa son regard sur Leah. « Tu devrais t’asseoir… » Si Leah ne le voulait pas c’était en tout cas ce que comptait faire Marissa qui était épuisé avec tout ces événements. Se dirigeant vers le canapé, elle se posa dedans retirant ses chaussures pour pouvoir se mettre en tailleur, elle pouvait sembler calme alors que ce n’était pas le cas, à l’intérieur elle était en ébullition, c’était une bombe à retardement ! « J’ai… j’ai quitté Eden… il va sûrement t’appeler, ne réponds pas s’il te plaît… pas ce soir en tout cas ! »

⊹ Marissa & Leah † Family First

What happened to us? We were never like that... It feels like everything is falling apart. I don't get it. I'm so confused. I love you but you're scaring me. Why are you so different? And I've made my mistakes too. Will you forgive me? Can we ever go back to where it was? I'm so scared I've lost you.

Marissa voulait mettre Faith au lit avant de me donner une explication. Je supposais donc que tout ces sacs étaient bel et bien là car elle comptait passer la nuit ici. Une boule se forma dans mon ventre. Pourquoi Marissa et Faith venaient-elles dormir chez moi? Je hochais la tête en observant ma soeur avec sa fille dans les bras. Croisant les bras sur ma poitrine, je la laissais aller jusqu'à la chambre d'amis où elle s'éclipsa quelques instants. Dans ma tête j'étais en train de me faire tous les plans imaginables et franchement je n'aimais pas du tout les films que j'étais en train de me faire. Comme si nous n'avions pas déjà subit assez d'histoires ces derniers temps, je sentais que Marissa était sur le point de m'annoncer quelque chose d'important une fois de plus et je savais, vu son regard, que ça n'allait pas être joyeux. Je fis quelques pas dans le salon en attendant qu'elle revienne. Elle n'était pas partie longtemps mais je trouvais que les secondes ressemblaient plutôt à des minutes et le stress montait encore un peu en moi. Finalement, elle réapparue et s'avança vers moi. Elle avait un air grave qui me fit froncer les sourcils. Son attitude n'était pas normale, elle était bizarre et je ne comprenais pas tout à fait où était le problème mais je ne pouvais pas tenir une seconde de plus. "Marissa!" l'implorais-je presque. Je ne voulais pas la brusquer, ni me montrer insensible alors que clairement elle était bouleversée, mais si elle pouvait se dépêcher un peu de cracher le morceau ce ne serait pas de refus et mes nerfs lui en serraient même reconnaissants. Finalement elle ouvrit la bouche pour me conseiller de m'asseoir. Je grimaçais en décroisant mes mains. "Non, non! Tu me fais peur! Qu'est-ce qu'il se passe? Pourquoi je dois m'asseoir?" On aurait dit qu'il y avait un mort ou un truc du genre. Je l'observais alors qu'elle allait s'installer en tailleur sur mon canapé. Elle le faisait exprès ou quoi? Pourquoi me torturait-elle ainsi? J'avais envie de la secouer. Mes yeux ne la quittèrent pas même une seconde, j'expirais profondément alors qu'elle s'apprêtait à reprendre la parole. Les mots qu'elle prononça parvinrent à mes oreilles, mais il me fallut quelques instants pour que mon cerveau fasse le travail de compréhension. Je m'étais arrêtée à "J'ai quitté Eden". Je fis les yeux comme de soucoupes tout en avançant mon menton en avant. Je n'étais pas très sûre de bien comprendre. Non, en fait, j'étais persuadée d'avoir mal entendu. Ce qu'elle me disait n'avait pas de sens, elle était en train de délirer, ou peut-être que c'était moi qui était en plein délire. Peut-être qu'en fait j'avais pris ces deux somnifères et que j'étais juste en train de faire un rêve très bizarre. Discrètement, je me pinçais la main, je m'enfonçais même les ongles dans la peau jusqu'à me faire saigner. "Ouch!" lâchais-je en remuant mon poignet. Je ne rêvais pas. Je restais un moment encore, perdue. J'avançais vers ma soeur pour finalement m'asseoir près d'elle. "T'avais raison, j'aurais dû m'asseoir." Je ne la regardais plus, je fixais le sol, le mur, le mobilier, je regardais tout sauf Marissa. Dans un mouvement brusque, je me tournais enfin vers elle et j'ouvris la bouche mais aucun son n'en sortit. Je plissais des yeux pour la regarder avec encore plus de précision, tout ceci n'avait pas l'air réel. "Tu as fait quoi?" Je tentais de la regarder dans les yeux et je voyais qu'elle ne rigolait pas du tout. "Marissa, c'est une blague? Dis moi que c'est une blague et que t'as pas fait ça?!" Je sentais un autre sentiment monter en moi, j'ignorais ce que c'était, j'étais trop chamboulée pour que tout soit clair dans ma tête. Abasourdie était un mot encore trop faible, j'étais assommée par la nouvelle, dépitée, abattue, sous le choc. Incapable de tenir en place, je me relevais du canapé et je commençais à marcher de long en large devant ma soeur. Je ne savais pas quoi dire, je me demandais surtout ce qui n'allait pas chez elle. Je songeais un instant à appeler l'hôpital psychiatrique, mais finalement je me rendis compte que j'avais plutôt envie de lui mettre une baffe. Je me surprenais moi-même à avoir cette envie-là parce que je n'avais jamais éprouvé rien de tel envers Marissa.

Depuis la perte de son fils, ma soeur m'inquiétait. Elle n'était plus la même, et on avait tous beau se plier en quatre pour l'aider à aller mieux, rien ne semblait lui redonner totalement le sourire. Au début, c'était compréhensible. Elle ne pouvait pas travailler, personne ne pouvait y trouver à redire après tout après un drame comme celui qu'elle avait vécu, reprendre immédiatement le chemin de l'hôpital n'aurait sans doute pas été une solution. Mais maintenant ça commençait à dater et même si bien évidement elle n'avait pas à oublier toute cette histoire, elle devait commencer à aller de l'avant, elle devait commencer à envisager le futur à nouveau. Marissa avait développé une certaine colère envers Eden, je me souvenais très bien en avoir parlé avec lui, et avec elle également. Je pensais que les choses s'étaient arrangées depuis mais vu ce qu'elle venait de m'annoncer ça ne devait pas être le cas. Désormais ce n'était plus ma soeur que je plaignais, je plaignais Eden. ELLE l'avait quitté. ELLE était partie. Il avait dû prendre la nouvelle comme un coup de massue sur la tête. Toutes mes pensées lui étaient dirigées et soudain la peur qu'il fasse une connerie s'empara de moi. Marissa m'avait dit qu'il allait sans doute m'appeler mais qu'il ne fallait pas que je réponde. Elle était folle! Et s'il m'appelait pour en urgence par exemple? On ne sait jamais…. Je soufflais un grand coup tout en secouant la tête dans l'incompréhension totale face à ma soeur. Sans prévenir je me précipitais vers mon sac qui était déjà dans la pièce et je le fouillais pour en sortir mon téléphone. "T'es folle? Tu ne veux pas que j'appelle, ni que je réponde à Eden, mais imagine qu'il fasse une grosse bêtise! Il sait que tu es ici?" J'étais en mode paniquée, je composais rapidement le numéro de mon beau-frère mais je tombais sur le répondeur. Je raccrochais sans laisser de message et je balançais mon portable sur la table basse du salon avant de me tourner une fois de plus vers ma soeur avec colère. "Je ne te comprends pas! Qu'est-ce qu'il t'arrive? Pourquoi t'as fait ça?" trop de questions se bousculaient dans ma tête, j'avais besoin de réponses sans quoi je n'allais pas pouvoir me calmer. Face à moi, ce n'était pas Marissa. Je ne la voyais plus. J'avais accumulé trop de choses en moi ces derniers temps, trop de drames, trop de nouvelles qui tombaient comme ça, sans que je m'y attende, c'était trop à supporter et l'annonce que Marissa venait de me faire était la goutte d'eau qui faisait déborder le vase. J'étais en colère après elle, après moi, après les autres, après tout le monde et cette colère était sur le point de sortir et c'était sur elle que ça allait tomber. Si j'avais été dans mon état normal j'aurais pu réaliser qu'elle avait besoin que je sois là pour elle, elle ne serait pas venue me voir si ça n'avait pas été le cas, seulement je ne pouvais pas lui apporter mon soutient, pas cette fois. Aujourd'hui je n'étais pas de son côté, non, aujourd'hui j'étais dans le camps adverse.

« Don't leave me alone with me, I feel it in my heart, soul, mind that i'm losing »

Prenant place sur le canapé, elle s’installa calmement donnant l’impression d’être un vrai robot. Depuis qu’Eden avait quitté la villa elle avait agit comme une vraie machine, agissant rapidement, sans ne rien oublié et surtout sans penser aux conséquences de tout ceci. La jolie brune sortit ces quelques mots à sa sœur, son regard perdu dans le salon elle lui annonça ce qui venait de se passer et la raison de sa venue. Marissa ne se sentait pas bien, plusieurs sentiments se mélangeaient en elle. Si elle pouvait donner l’impression d’être calme c’était tout le contraire, ses lèvres étaient toujours tremblantes, sa main ne cessait de bouger contre sa cuisse et elle avait l’impression d’étouffer alors qu’elle était gelée. La jeune femme ne prêtait même pas attention à la réaction de sa sœur, elle pensait à son mari qui était parti elle ne savait où espérant qu’il n’allait pas faire une connerie, franchement elle ne le pensait pas, elle le connaissait assez bien et avait plutôt tendance à l’imaginer se venger dans les bras de la première venue. Elle releva le regard vers sa sœur, plissant les yeux ne comprenant pas la réaction de Leah. « C’est vrai Leah… je ne plaisante pas. » Ce n’était pas vraiment le genre de blague qui viendrait à l’esprit de la jeune femme, on ne plaisantait pas avec ce genre de chose. La jolie brune se perdit une nouvelle fois dans ses pensées, elle passa ses mains dans ses cheveux humides ne se sentant pas très bien. Ramenant ses jambes contre sa poitrine elle enroula ses bras autour de ses genoux se balançant légèrement. Marissa avait pensé à une autre réaction venant de sa sœur, elle avait pensé pouvoir se refugier dans ses bras en y pleurant jusqu’à épuisement. Bien sûr elle savait que Leah tenait beaucoup au jeune homme, heureusement d’ailleurs, mais normalement les Stewart passaient toujours avant tout ? Leah se précipita sur son sac pour en sortir son téléphone, Marissa leva les yeux au ciel alors que cette dernière composait le numéro d’Eden. « La seule connerie qui peut faire c’est de coucher avec une pétasse… il ne fera rien, il pensera forcement à Faith ! » La jolie brune sortit à nouveau ces quelques mots sur un ton simple, ni inquiète ni énervée comme ci rien ne pouvait la toucher. Le téléphone de Leah vola, la jolie brune le suivit du regard restant toujours sans grande réaction. Lorsque sa sœur prit la parole, la colère se fit aussitôt ressentir et il n’en fallu pas plus pour que Marissa explose à son tour. Elle relâcha ses jambes se levant soudainement très énervée. « Ça te dérangerais d’agir en tant que sœur ? Tu crois que je suis venue ici pour me faire engueuler peut être ? J’en aie rien à faire de ce que tu peux penser ou autre, j’agis pour une fois pour moi, pour une fois tu vois je vais penser à moi et j’en aie vraiment rien à foutre que ça vous plaise ou non ! Je l’aie quitté parce que je suis malheureuse, mais personne ne voit rien… » Elle sentit les premières larmes couler sur ses joues, sa respiration s’accéléra sous l’effet de l’énervement. « Tu ne vois rien, tu es ma sœur mais tu ne vois même pas combien j’ai besoin de toi, je sais que ce n’est pas facile pour toi en ce moment mais moi j’ai été là pour toi… pourquoi il faut que tu prennes sa défense ? » La jeune femme essuya ses larmes qui ne cessaient de couler au fil de la conversation. Elle se pinça les lèvres sachant que ce qu’elle allait dire aller définitivement énerver sa sœur. « Je l’aie trompé…. » Elle se laissa tomber sur le canapé, posant sa main sur sa bouche tentant d’étouffer ses sanglots. Regardant avec difficulté sa sœur qui allait la juger d’un instant à l’autre elle prenait conscience soudainement de ce qu’elle avait fait, des conséquences, des jugements. « Je l’aie trompée et je viens de lui dire… » Elle secoua la tête, tellement désolé de ce qu’elle venait de dire et de ce qu’elle avait fait, certes ce n’était que sa sœur face à elle mais ils étaient tous tellement très proches et unit qu’elle savait que par sa faute tout allait changer, leur famille ne serait plus la même.

⊹ Marissa & Leah † Family First

What happened to us? We were never like that... It feels like everything is falling apart. I don't get it. I'm so confused. I love you but you're scaring me. Why are you so different? And I've made my mistakes too. Will you forgive me? Can we ever go back to where it was? I'm so scared I've lost you.

Evidemment qu'elle ne plaisantait pas, quel genre de personne s'amuserait à faire une blague pareil? J'avais posé la question sous le coup de la surprise, et puis je ne pouvais pas croire ce qu'elle venait de m'annoncer. Dans mes oreilles, tout ceci semblait faux, irréel, impossible. Je ne pouvais pas admettre qu'elle disait la vérité et qu'entre elle et Eden c'était bel et bien fini. J'avais beau me répéter l'idée, mon cerveau était incapable de l'assimiler. Marissa et Eden s'étaient mariés alors que je n'avais encore que dix sept ans, j'étais une gamine et si j'avais eu du mal à intégrer mon beau frère à notre famille, j'avais fini par m'attacher à lui. Ils étaient en couple depuis plus longtemps encore, il m'avait vu grandir et à mes yeux il était le grand frère que je n'avais jamais eu. Je me souviens qu'il me conseillait parfois quand j'avais des problèmes avec les garçons, il me proposait toujours d'aller casser la figure à celui qui oserait me briser le coeur, Eden a su m'apprivoiser et pourtant ce n'était pas gagné. Je le haïssais tellement lorsqu'il a commencé à sortir avec ma soeur. J'avais peur qu'il me la pique tout simplement. Avec Marissa, on a toujours eu une relation fusionnelle et comme depuis toute petite je suis assez possessive avec tout ce qui m'appartient, y compris mes proches, je suis vite devenue jalouse d'Eden et du temps qu'il passait avec elle. J'étais prête à lui faire les pires crasses, les pires coups bas pour qu'il cesse de sortir avec ma soeur mais il s'est accroché et il a finalement trouvé un moyen de me mettre de son côté. Quand j'ai vu à quel point ils s'aimaient tous les deux, j'ai cessé de les embêter. Il était clair pour moi qu'ils étaient fait pour être ensemble et même si j'aurais voulu garder Marissa pour moi toute seule, je voulais avant tout qu'elle soit heureuse. Eden lui apportait ce bonheur… jusqu'à récemment en tous cas. Alors voilà que maintenant elle m'annonçait qu'elle l'avait quitté et même si j'avais conscience que les choses n'allaient pas très bien entre eux depuis la perte de leur bébé, je me disais qu'il s'agissait d'une mauvaise passe, un sale moment qui allait passer et qui les rendrait encore plus fort. Je pensais que leur amour pouvait surmonter tous les obstacles que la vie mettait sur leur chemin. Visiblement j'avais tord et je tombais de haut.

Presque aussitôt, je m'étais inquiétée pour Eden. J'avais peur qu'il fasse une bêtise, je lui avais parlé il y a quelques jours de cela et j'étais à peu près certaine que pour lui aussi c'était un choc. Il ne s'y attendait pas, ou alors il n'en avait rien laissé paraitre avec moi. Je m'étais donc précipitée sur mon téléphone pour l'appeler, me fichant bien des consignes de ma soeur de ne pas lui répondre ce soir. Il fallait que je m'assure qu'Eden allait bien, ou en tous cas qu'il ne prévoyait pas de faire quelque chose qu'il regretterait ensuite. Avant de réaliser que j'étais directement tombée sur sa messagerie, j'entendis Marissa me dire que la seule connerie qu'il songerait à faire s'il fallait qu'il en fasse une, ce serait de coucher avec une pétasse. Elle était en train de m'exaspérer. Oui, Eden l'avait trompé mais ça remontait déjà à plusieurs années. Elle avait elle-même pris la décision de rester avec lui malgré tout et de lui pardonner je suppose, mais ces derniers mois elle semblait ressasser le passé. J'avais du mal à comprendre. Si elle voulait le punir, pourquoi avoir attendu autant de temps? Depuis qu'il avait commis ces erreurs Eden avait tenté de se racheter une conduite, il se conduisait d'ailleurs en mari et en père exemplaire et franchement je ne voyais pas ce qu'elle lui reprochait. Marissa ajouta qu'il ne ferait rien, qu'il penserait forcément à Faith. "Ça en fait au moins un de vous deux qui pensera à elle avant d'agir." lâchais-je sèchement. C'était sorti tout seul, sans même que j'y pense. Mon mal de ventre s'accentua un peu plus tout à coup. J'avais balancé mon portable sur la table basse tandis que ma grande soeur se leva à son tour prise de colère après que je lui ai demandé pourquoi elle faisait tout ceci. Apparemment je n'agissais pas comme une soeur, elle me reprochait de ne pas lui être d'un grand soutient et j'étais à peu près certaine qu'à cet instant précis elle regrettait même d'être venue me voir. Elle me disait n'en avoir rien à faire de ce que moi, ou les autres, nous pouvions penser d'elle et de ses décisions. Pour une fois elle avait fait quelque chose pour elle-même. Elle termina en m'avouant qu'elle était malheureuse et que personne ne voyait rien. J'avais posé ma main sur mon ventre, la douleur se faisait plus forte. Mon niveau de stress avait atteint des sommets et je n'avais qu'une envie, m'asseoir. Seulement, comment m'asseoir alors qu'elle était en train de me rendre folle? Comment m'asseoir alors que j'étais sur le point de m'engueuler violemment avec la seule personne au monde avec qui je ne m'engueulais jamais. J'avais roulé des yeux à plusieurs reprises durant son petit speech. Je ne voulais pas l'écouter. Pourtant, lorsque je vis les larmes commencer à couler sur ses joues, ce n'était plus au ventre que j'avais mal mais au coeur. En temps normal je me serais précipité sur elle pour lui faire le plus gros câlin au monde, mais là je restais figée sur place. Je la fixais avec les sourcils un peu froncés, moi je ne pleurais pas. Elle continua de m'accabler en m'accusant de ne rien voir et puis elle utilisa même mon agression contre moi. Elle disait avoir été là pour moi alors que j'osais prendre la défense d'Eden. J'en restais bouche bée quelques secondes avant de secouer doucement la tête. "Personne ne voit rien? Je ne vois rien? " Cette fois, j'étais parvenue à contenir ma colère, ma voix se faisait plus posée même si je restais encore à bout de nerfs. J'étais déçue qu'elle me dise ça alors que j'avais fait des tas d'efforts pour l'aider à surmonter la mort de son bébé. "J'ai vraiment essayé de t'aider Marissa, j'ai été là pour toi depuis la mort de Samuel, j'ai tout fait pour que tu ailles mieux mais comment est-ce qu'on aide quelqu'un qui ne veut pas aller mieux? Comment?" J'avais prononcé ces mots d'un ton relativement neutre. Le pire c'est que je m'étais clairement référée à la mort de son fils à haute voix alors que je ne l'avais jamais vraiment fait auparavant. Je n'avais jamais utilisé ce prénom qui était celui qu'Eden et Marissa avait voulu donné à leur enfant avant que celui-ci ne connaisse un destin tragique. Samuel. Je me demandais ce que ça lui faisait d'entendre ce prénom. Je me demandais si ça lui faisait du mal. Moi, ça m'arrachait le coeur et si je n'avais pas été si en colère je crois que j'aurais craqué et fondu en larmes sur le champs. Je baissais la tête, j'avais l'impression que tout ce que j'avais pu dire jusqu'à présent n'avait eu qu'un seul but, la blesser. Comment trouvais-je en moi la force de blesser celle que j'aimais pourtant le plus? En lui faisant du mal je m'en faisais à moi même. Étais-je en train de me punir? Ces dernières semaines une part de culpabilité m'avait habité, je ne savais pas exactement d'où ça venait, du moins je n'avais pas toutes les réponses à mes questions mais je n'étais pas tranquille. En me mettant Marissa à dos, je trouvais un moyen d'échapper à cette culpabilité. Peut-être qu'en fait je cherchais une excuse pour qu'elle me déteste déjà avant même que je n'ai eu à lui avouer ce qu'Ethan et moi avions fait… Je n'en savais trop rien mais c'était possible. Relevant la tête vers elle, je la regardais dans les yeux. "Dis moi ce que j'aurais pu faire de plus pour t'aider. Dis moi ce que je n'ai pas fait. Dis moi en quoi j'ai été une mauvaise soeur. Vas-y… J'attends!" Je me sentais si mal de me disputer avec elle, mais tout ce que nous avions vécu ces derniers mois c'était beaucoup plus que ce que nous avions vécu toute notre vie. On accumulait toutes les deux trop de choses et c'était peut-être plus facile de tout se sortir l'une à l'autre qu'avec d'autres personnes.

J'ignorais pourquoi Marissa avait quitté Eden. Je m'apprêtais à lui poser la question pour répondre à la sienne concernant ma position. Pourquoi est-ce que je prenais sa défense à lui instinctivement? Pour la simple et bonne raison que lui me parlait beaucoup et ouvertement ces derniers temps, je savais dans quel état d'esprit il était tandis qu'elle ne me donnait pas tellement de nouvelles concernant son état mais je pouvais très bien m'en doutais toute seule. Moi-même j'avais cherché à m'éloigner d'elle, je préférais la repousser plutôt que de devoir lui mentir en face à face. Mais du coup, j'avais la sensation d'être beaucoup plus au courant de ce qui se passait dans la vie d'Eden que dans celle de Marissa. De son côté, j'étais paumée et il fallait qu'elle m'explique si elle voulait que je comprenne. Je m'étais un peu calmée. Mon mal de ventre aussi mais je sentais une migraine pointer le bout de son nez. J'étais épuisée, mais je n'avais pas sommeil. Soudain, Marissa lâcha une nouvelle bombe. "Je l'ai trompé." Elle se laissa tomber sur le canapé avant de se mettre à pleurer à nouveau, elle répéta une fois de plus l'horrible vérité tout en ajoutant qu'elle venait de le dire à Eden. C'était donc la raison de leur rupture. Littéralement, j'étais sur le cul! Abasourdie, je me sentais comme sonnée, un peu comme lorsqu'on se réveille après une anesthésie. Ma respiration s'accélérait peu à peu, je n'arrivais pas à y croire. Comment tout ceci pouvait-il être réel? C'était du grand n'importe quoi! On nageait en plein délire! Mais au secours! Il fallait que j'essaye de modérer les décibels, je me souvenais que Faith dormais dans une pièce proche du salon et si je me laissais aller on pouvait être sûr de la voir débarquer d'une minute à l'autre ou de l'entendre appeler sa mère, dans les deux cas elle serait bien réveillée. Finalement, je fixais Marissa et je ne sais pas trop pourquoi mais je commençais à rire. Je riais nerveusement et je n'arrivais pas à m'arrêter. "Et tu me demandes pourquoi je prends sa défense?" Il me fallut une petite minute supplémentaire pour réussir à me contrôler. Je repris sur un ton ironique et accusateur: "Tu l'as trompé pour te venger? Vu ce que ça te coûte maintenant j'espère au moins que ça t'as plu et que tu as pris ton pied… C'était qui l'heureux élu? Je le connais?" Je souriais presque, pourtant je n'étais pas du tout contente. Ma soeur venait de foutre en l'air sa vie de couple, sa vie de famille, tout ce qu'elle avait construit avec Eden. Elle déconnait grave et franchement il n'y avait pas de quoi rire, d'ailleurs mon petit fou rire passager m'était vite passé pour laisser à nouveau place à la tension. La colère qui nous animait l'une et l'autre était palpable, je me demandais comment tout ceci allait se terminer. En fait, j'avais l'impression que plus rien ne serait plus jamais comme avant et pourtant même si j'éprouvais toute cette colère à son encontre, je ne pouvais m'empêcher de ressentir autre chose. La voir pleurer ainsi… Je mentirais si je disais que ça ne me touchait pas. Evidement que ça me touchait, évidement que j'avais de la peine de la voir ainsi mais Marissa n'était plus Marissa depuis la mort de son fils, je n'arrivais pas à décider si ce soir était le début d'une nouvelle page, un nouveau chapitre, enfin elle allait aller de l'avant ou bien si au contraire il s'agissait de la fin de tout…

« Don't leave me alone with me, I feel it in my heart, soul, mind that i'm losing »

En montant à bord de sa voiture Marissa n’avait pas eu à réfléchir sur sa destination, il était évident qu’elle voulait se rendre chez sa petite sœur parce que ça avait toujours été ainsi. Marissa avait toujours pu compter sur Leah et inversement, elles fonctionnaient à deux et il était impensable d’aller chez quelqu’un d’autre. Pourtant elle se rendait compte de son erreur, elle n’aurait pas le soutien de la dernière des Stewart bien au contraire elle était coupable et se retrouvait automatiquement sur le banc des accusés. Leah ne comptait pas l’aider, la soutenir, lui donner des conseils, l’écouter, l’épauler, la protéger… elle ne ferait rien de tout ceci. Les deux sœurs si proches semblaient ne plus se comprendre, dés les premières paroles Marissa avait senti une tension comme si Leah ne voulait pas en savoir plus comme ci elle avait déjà son idée, qu’avait-elle fait de mal pour mériter une telle chose ? Marissa ne lui avait pas encore tout dit, pourtant Leah semblait sur la défensive, seul Eden comptait. Les paroles de Leah furent blessante, véritablement. Marissa ouvrit la bouche, restant très bête face à ce que venait de dire sa sœur, elle avait envie de lui balancer le premier objet qu’elle trouvait en pleine face. Oui Marissa était violente, enfin pas en temps normal mais là elle était extrêmement tendue comme sa sœur finalement. « Comment oses-tu dire une telle chose ? Je suis une bonne mère… je n’arrive pas à croire que tu aie dis ça, je te le pardonnerais jamais. » Elle fixait sa sœur l’air dégoutée, sa fille était toute sa vie c’était pour elle et uniquement pour cette dernière qu’elle était encore ici. Leah ne savait pas ce que c’était d’être une mère, elle pouvait même pas imaginer que ce genre de parole était réellement blessant, c’était pire que tout, dés qu’on attaquait votre enfant ou la mère que vous étiez c’était très blessant. La suite de la conversation n’était pas mieux, plus les secondes passaient et plus les choses semblaient s’aggraver entre les deux sœurs, le pire était le fait que ce ne soit que le début… Marissa posa sa main sur son ventre instinctivement alors que sa sœur venait de prononcer un prénom interdit, personne ne prononçait jamais ce prénom même pas elle. A vrai dire elle ne l’avait plus jamais prononcé dés l’instant où il était décédé. « TAIS TOI » Elle hurla ses mots, ça lui déchirait le cœur, il tambouriné contre sa poitrine prés à lui exploser le corps tout entier. Elle avait la respiration haletante mais reprit la parole, difficilement. « Je t’interdis de prononcer son prénom, je te l’interdis. » Marissa était bouleversée, autrement que quelques minutes plus tôt, là il n’était plus question de sa dispute avec Eden, la réaction de ce dernier, sa tromperie, sa fuite avec Faith… c’était autre chose, une autre douleur, insupportable, insurmontable. Jamais la jeune femme aurait pensé que Leah agisse ainsi, elle l’avait toujours protégé et aujourd’hui elle la détruisait en une seule phrase, il avait suffit qu’elle prononce ce prénom pour que tout explose. La conversation avait réellement prit un tournant, un mauvais chemin qu’elles ne pouvaient pas éviter, il était impossible de revenir en arrière pas maintenant. Marissa était une personne impulsive et rancunière, elle pouvait tout envoyer balader d’un instant à l’autre et faire une croix sur une personne qui à en souffrir. Leah n’avait pas intérêt à continuer ainsi, pour leur bien à toutes les deux parce que les paroles allaient rester. « Tu étais une très bonne sœur, tu as fais ce qu’il fallait… jusqu’à ce soir, tu as pris sa défense avant même que je te dise ce qui se passait… depuis des semaines vous ne comprenez même pas ce qui se passe, vous voyez rien à part vous-même. » Elle secoua la tête légèrement dégoutée, cette histoire tournait au règlement de compte. Leah avait fait tout ce qu’elle avait pu pour sa sœur, Marissa ne disait pas le contraire et ne pouvait pas lui reprocher une telle chose mais ce soir ça avait été diffèrent, dés le début Leah s’était inquiétée pour Eden et non pour sa sœur. Elle avait l’impression d’être soudainement la coupable, celle par qui tout était arrivée alors qu’elle se sentait déjà atrocement coupable du décès de son fils. Bien sûr il fallait avancer et c’était ce qu’elle faisait à son rythme mais ce n’était pas suffisant, tout le monde continuait sa vie mais elle ne pouvait pas, pas ainsi. Marissa ne voulait pas continuer cette vie, ça ne lui convenait plus.

Marissa venait de lui dire la vérité, elle avait trompé Eden avec un autre homme. Avant que ça ne continue davantage elle avait voulu le dire à son mari contrairement à ce dernier qui avait eu plusieurs relations avec l’une de ses collègues, elle avait préféré tout dire avant qu’il ne soit trop tard. Après tout elle aimé toujours Eden, elle ne pouvait pas l’oublier comme ça en un claquement de doigt. Il était son mari, il avait eu deux enfants ensemble, ils avaient vécu dix belles années de vie commune et ça ne pouvait pas s’oublier comme ça. Elle était effondrée, d’un côté se l’entendre dire c’était difficile dans le sens où elle prenait conscience qu’elle avait réellement fait une telle chose qu’elle ne cautionnait pas pourtant, d’un autre côté ça lui faisait mal parce qu’elle savait qu’elle décevait sa sœur même si ça ne la concernait pas directement son avis avait tout compter et pour finir le dire à voix haute et à Leah, ça mettait définitivement fin à ce mariage. Marissa ne s’attendait pas à une réaction positive, mais elle avait cru jusqu’à la dernière seconde que Leah serait venue à ses côtés, la prendre dans ses bras, la rassurer et qu’elle aurait essayé de comprendre. Au lieu de cela, la jolie brune se mit à rire. Marissa releva le regard passant une main sur ses joues baignaient par ses larmes. C’était horrible, insupportable. Sa sœur riait et se montrait une nouvelle fois blessante. Elle était abasourdie, Leah avait-elle réellement dit cela et le pire c’était qu’elle continuait. Serrant sa mâchoire la jolie brune fusilla du regard sa sœur, là c’était officiel elle voulait lui arracher la tête ! « Me venger de quoi ? Tu crois que je voulais me venger pour sa tromperie qui date de deux ans ? Je ne suis pas une gamine comme toi Leah, je ne me venge pas ! Je n’aie pas calculé ce qui s’est passé mais ça a eu lieu et je ne le regrette pas, je n’aie pas attendu des semaines comme il l’a fait pour lui annoncer la vérité, j’ai étais franche avec lui pour qu’il ne souffre pas davantage… et pour ta gouverne il est prêt à me pardonner. » Elle se releva fixant sa sœur méchamment. « Contrairement à toi je n’écarte pas les cuisses facilement, c’est une histoire sérieuse ce n’est pas un coup d’un soir. Une salope suffit dans cette famille ! » Leah voulait attaquer Marissa, et bien Marissa comptait elle aussi faire mal à sa sœur ! « Qu’est ce que ça peut te foutre ? T’en a rien à faire, tu veux juste prendre la défense de ton petit Eden tu t’en moques que je sois heureuse ou non… sache qu’il m’a frappé, et oui il n’est pas parfait ! » Leah voulait-elle à nouveau rire ? Marissa s’attendait à tout, planquez les vases et les objets coupant car ça allait finir par voler dans cette pièce.

⊹ Marissa & Leah † Family First

What happened to us? We were never like that... It feels like everything is falling apart. I don't get it. I'm so confused. I love you but you're scaring me. Why are you so different? And I've made my mistakes too. Will you forgive me? Can we ever go back to where it was? I'm so scared I've lost you.

Sa réaction face au pique que je venais de lui lancer me chamboula un peu. Je voyais que je l'avais vraiment blessée et c'était plutôt étrange comme sensation. Je la fixais avec de grands yeux, j'aurais dû me précipiter pour lui demander pardon mais au lieu de ça je restais de marbre. Je n'étais pas insensible à ces mots, en fait je sentais que j'étais en train de me tuer à petit feu. A chaque coup que je voulais lui donner, c'était comme si je me frappais moi même. Je ne me contentais pas de lui asséner des coups, j'étais en train de la poignarder dans le dos. Oui, j'étais tout bonnement en train de trahir ma soeur. J'avais conscience que ce que je venais de dire était mal et surtout que je n'étais pas la mieux placée pour parler. J'avais beau adorer Fatih, la traiter comme ma princesse, l'aimer plus fort que tout, je n'étais pas sa mère. Je ne pouvais pas savoir ce que ça faisait de recevoir ce genre d'attaque mais je me doutais que ça devait faire du mal à Marissa, beaucoup de mal, et en particulier puisque ça sortait de ma bouche. Ses derniers mots résonnèrent dans ma tête. "Je ne te le pardonnerais jamais". Mes yeux toujours grands ouverts, je déglutissais difficilement. Et mon mal de ventre repris de plus belle une fois de plus. C'était comme si je ressentais une crampe pour chaque coup de couteau que j'allais lui donner. Je restais silencieuse, qu'y avait-il à dire de toute façon? Son regard n'était pas celui auquel j'étais habituée. Elle était clairement en colère, en colère contre moi. Je réfléchissais à la dernière fois où je l'avais vu fâchée après moi, j'avais du mal à aller fouiller dans mes souvenirs, nos disputes n'avaient pas été très nombreuses et les quelques rares que nous avions eu n'avaient jamais ressemblé de près ou de loin à la dispute que nous étions en train d'avoir. Et alors que son "Je ne te le pardonnerais jamais" continuer de résonner en moi, je me remémorais un épisode de notre enfance qui m'avait marqué.

Flashback

"Je ne te le pardonnerais jamais!" hurla Marissa. Je fixais ma grande soeur avec des yeux de chien battus qui se remplissaient peu à peu de grosses larmes de crocodile. J'avais sept ans et elle en avait dix. Nous étions déjà les meilleures amies du monde, inséparables et bénéficiant d'une entente parfaite, je n'étais pas habituée à l'entendre me crier dessus. Elle avait les yeux noirs de colère et je savais bien que j'avais fait une bêtise. "Mais Marissa…" essayais-je de me justifier la voix toute timide prête à se briser en sanglot à tout moment. Elle détourna la tête pour me signaler qu'elle n'avait pas du tout envie d'entendre mon excuse. Je fixais mes souliers vernis, ils étaient tout neufs et lorsque ma mère me les avait acheté, j'avais tout de suite été fière de les porter. A l'école j'en faisais des jalouses, j'étais celle qui avait tout ce que les autres n'avaient pas et ça me ravissait de pouvoir me montrer aux autres avec de quoi les rendre vertes. Sauf que voilà, un jour une nouvelle dont je ne voulais même pas savoir le prénom s'était vantée d'avoir les plus jolies poupées qu'il soit. Je n'avais pas pu m'empêcher de rétorquer pour assurer à tout le monde que c'était bel et bien moi qui possédait la plus grande quantité. J'avais alors invité chez moi mes camarades de classe et pour les impressionner j'avais sorti des poupées de collection que mon père m'achetait à mes soeur et moi. Celle que préférait Marissa était aussi la plus somptueuse des poupées que j'ai jamais vu, voulant mettre le paquet j'avais décidé de l'emprunter sans sa permission. Evidement, les choses avaient mal tourné et je m'étais retrouvée avec une poupée cassée et irréparable. J'avais bien essayé de cacher l'accident mais Marissa avait fini par voir la culpabilité me ronger et j'avais dû tout lui avouer sortant des morceaux de poupée de dessous mon lit. Elle était alors entrée dans une colère comme rarement elle en avait fait. Je savais qu'elle tenait à cette poupée, j'aurais dû en prendre soin mais mon envie d'épater la galerie avait été plus forte et je m'étais retrouvée dans le pétrin. "Je ne veux plus que tu me prennes mes affaires! Tu casses tout le temps tout!" Les larmes commençant à couler sur mes petites joues rosies, je tentais de m'approcher de ma soeur dans l'espoir qu'un câlin la calme mais elle eu un geste de recule ce qui me brisa le coeur. J'ouvris alors la bouche comme pour parler mais à la place ce fut un flots de sanglots qui s'en échappèrent. Agacée, Marissa m'observa me laisser tomber sur le sol de sa chambre. "Ça marchera pas cette fois! Je vais le dire à papa" avait-elle ajouté alors que je persistais dans ma crise de larmes. Ma mère, qui avait dû nous entendre, fini par venir. Tout le monde était habitué à ce que je pleure, même sans raison, ça ne les inquiétait pas trop. Elle avait cependant était surprise de voir que la dispute nous concernait toutes les deux, c'était bien connu que Leah et Marissa ne s'embrouillaient jamais. Je m'étais alors pris un savon pour avoir cassé la poupée de ma soeur ce qui me fit pleurer d'avantage au grand désarroi de ma mère qui avait toujours eu du mal à supporter mes pleurs, elle avait donc prié Marissa de me pardonner pour me calmer mais en vain. Au bout d'une heure ou deux alors que j'avais trouvé du réconfort dans une boite d'oréo, ma soeur avait fini par venir me voir et s'asseoir à mes côtés devant Cendrillon. J'avais ouvert mes bras vers elle pour lui réclâmer un câlin et Marissa m'avait accueilli sur elle. Le câlin de la réconciliation scellant la dispute, on tournait la page et on en parlait plus.

Fin du Flashback

J'avais prononcé le prénom interdit. Je le regrettais aussitôt en voyant Marissa porter une main à son ventre et en l'entendant me hurler dessus presque instantannément. Cette fois je sursautais un peu. Ça m'avait échappé mais je n'avais pas voulu utiliser son fils contre elle. Mon but n'avait pas été de la blesser même si aussitôt après avoir prononcé le prénom de Samuel, je m'étais automatiquement demandé ce qu'elle ressentait juste en l'entendant. J'étais allée trop loin et ça je n'avais même pas besoin de la regarder pour le savoir. A présent, elle m'interdisait de prononcer son prénom. J'avais baissé les yeux, je fixais le sol avec intensité je ne ressentais rien d'autre que de la honte sur le coup. J'avais l'impression d'être une gamine qui avait dit la pire des horreurs à sa mère. Je me sentais toute petite face à la peine immense que je venais de lui causer. Dans le feu de l'action je n'avais pas trop réfléchit à ce que je disais, j'avais tout enchainé sans filtrer quoi que ce soit qui sortait de ma bouche. C'était le bon moment pour présenter des excuses mais là encore je restais silencieuse. Mes lèvres étaient comme collées, je ne pouvais rien dire. Les yeux toujours rivés au sol, je sentis la douleur dans mon ventre se répandre dans mon corps tout entier. J'avais la tête qui allait exploser, mon coeur était déjà en miettes, et j'avais une sensation de lourdeur dans les bras et les jambes. Je relevais finalement la tête avec une lenteur incroyable, j'avais en fait bien trop peur de faire face à ses deux yeux qui allaient me fixer et exprimer de la colère, de la douleur, de l'incompréhension sans doute et tout un tas d'autres sentiments peu agréables. Je sentais que j'étais en train de déraper, notre relation qu'on avait mis tout notre vie à construire, notre lien si unique, si important à nos yeux, si précieux à nos existences… Tout était en train de voler en éclats. Si j'avais pu m'évanouir et perdre connaissance, tout de suite maintenant, j'en serais tellement heureuse. J'avais presque envie de lui proposer de rembobiner la cassette et de tout recommencer à zéro. Je voulais reprendre au moment où j'avais ouvert cette fichue porte d'entrée et où je l'avais vu avec Faith dans les bras. Faith… comment pouvait-elle dormir avec nos cris? J'espérais pourtant qu'elle était bien dans les bras de Morphée, elle n'avait pas besoin d'entendre toutes les horreurs que nous étions en train de nous balancer l'une à l'autre. Marissa reprit la parole. Elle m'en voulait clairement d'avoir pris la défense d'Eden sans lui avoir laissé le temps de s'exprimer. Une fois de plus, ce sont ces derniers mots qui me hantaient le plus. "Vous ne voyez rien à part vous-même." Je secouais la tête. Si seulement elle savait tout ce que je pouvais ressentir. Elle n'avait aucune idée de l'enfer dans lequel je vivais, elle n'avait pas la moindre idée de la torture mentale que je m'infligeais à moi même depuis l'agression. Des semaines que je n'avais pas dormi, des semaines que je ne parvenais pas à manger normalement, des semaines que je ne savais pas comme cesser d'avoir toutes ces pensées négatives… Peut-être bien que j'avais un peu mis de côté ma soeur qui se trainait les mêmes problèmes depuis des mois et que j'avais beau aidé, tout mes efforts restaient vains. Oui, j'avais choisi de me concentrer sur moi-même un petit peu mais avais-je vraiment eu le choix? Elle n'était pas la seule à aller mal, moi aussi je n'étais pas bien et je n'avais peut-être pas perdu d'enfant mais elle ne pouvait pas non plus comprendre la souffrance psychologique que j'avais subi. "Pendant des mois, j'ai tout fait pour t'aider à te relever. Je ne t'ai pas forcé la main une seule fois, je voulais te laisser aller à ton rythme… Seulement tu vois, t'es pas la seule à qui il arrive des trucs." J'avais un peu l'impression qu'on se faisait une compétition, laquelle d'entre nous souffrait le plus? J'étais en colère qu'elle me reproche de ne pas avoir été présente ces dernières semaines alors qu'elle devait bien se douter que ce n'était pas entièrement ma faute. J'avais déjà mis des jours à pouvoir ressortir de chez moi, et encore aujourd'hui je devais me forcer après un rituel incroyable de vérification des fenêtres et des serrures partout dans l'appartement. "Je savais très bien que ça n'allait pas avant et je savais que ça n'allait toujours pas maintenant, mais après tout ce que j'ai déjà fait j'ai eu du mal à voir ce que je pouvais faire de plus. J'ai pensé, et Eden aussi l'a pensé, que te laisser un peu d'espace te ferrais du bien. Et puis… " J'hésitais un instant. Je n'avais pas envie qu'elle pense que je voulais l'attendrir, ce n'était pas le cas. "Moi aussi j'ai passé ces dernières semaines au plus bas. Ça fait des semaines que je ne dors pas ou peu, et je ne peux pas faire trois pas dehors sans avoir à me retourner constamment de peur qu'on me suive. J'ai l'impression de vivre avec l'épée de Damoclès au dessus de ma tête, c'est comme si je me sentais surveillée en permanence, j'ai la trouille au ventre H24. Pourquoi est-ce que tu crois que je dors avec toutes les lumières allumées? Je pense constamment au fait qu'il pourrait revenir à n'importe quel moment pour finir ce qu'il a commencé…" Je m'exprimais aussi sur le ton de la colère mais cette fois ce n'était pas entièrement dédié à ma soeur. En réalité, j'étais en colère contre celui qui avait causé toute ceci, mon agresseur. J'étais en colère parce qu'il m'était arrivé quelque chose d'affreux qui m'empêchait à présent d'être là pour les miens. Que Marissa ne puisse pas comprendre cela, j'en étais malade. "Alors oui, peut-être bien que je me suis concentrée sur moi-même mais pendant des mois je t'ai soutenu jusqu'à ce que je ne puisse plus. Je ne peux pas m'excuser pour ça… Je ne t'ai pas ignoré Marissa, mais j'ai eu mes propres problèmes à régler." On ne parlait plus seulement de sa rupture avec Eden, nous étions en train de parler de tout nos problèmes en général. La discussion avait tourné en jus de boudin et à présent les choses ne pouvaient pas aller plus mal. J'avais l'impression d'avoir touché le fond mais je ne savais pas à ce moment-là que nous étions sur le point d'aller bien plus loin.

Ses lèvres avaient finalement laissé filer ses aveux complets. Elle avait trompé Eden ce qui avait provoqué chez moi une réaction quelque peu inattendue. Je m'étais mise à rire mais ce n'était pas un rire naturel, je riais nerveusement sans pouvoir me contrôler. Et à la manière d'une adolescente qui était exaspérée par ses parents et qui ne pouvait s'empêcher de se montrer insolente, j'avais pris mon ton le plus ironique possible pour lui demander le pourquoi du comment de toute cette histoire. Marissa paraissait être sincèrement choquée par mon attitude, je dois dire que je me surprenais moi-même. J'avais rarement eu à faire preuve d'autant de cruauté face à quelqu'un que j'aimais du plus profond de mon âme. Sans Marissa je n'étais rien, elle était mon pilier dans la vie, je l'aimais de tout mon coeur et j'avais besoin d'elle à mes côtés à chaque instant et pourtant voilà qu'on était prête à s'entretuer. On n'en était pas encore venu aux mains mais on se faisait bien plus de mal encore avec des mots blessants, piquants, choquant, impardonnables. Cette fois, elle aussi était déterminée à me faire du mal et à peine avait-elle ouvert la bouche que je savais déjà qu'elle avait réussi. "Je ne suis pas une gamine comme toi Leah" J'avais brusquement relevé le menton vers elle en l'entendant prononcer ces quelques mots. Elle ne m'avait jamais, JAMAIS, parlé ainsi. Elle laissait sortir de sa bouche un flot de phrases qui m'assommaient chacune à un peu plus que la précédente, tout s'enchainait et j'avais du mal à assimiler ce qu'elle me disait. Elle avait le regard mauvais, je ne l'avais jamais vu ainsi. Elle porta le coup de grâce avec ce qui suivit. "Contrairement à toi je n'écarte pas les cuisses facilement, c'est une histoire sérieuse ce n'est pas un coup d'un soir." Mon coeur dans ma poitrine se mit à battre vite, et je ressentis une terrible douleur à son niveau. Mon expression de choc laissa place à une froncement de sourcils qui fut suivis par des yeux humides et finalement une accumulation de sanglots qui vinrent se loger dans ma gorge. Je luttais contre les larmes mais c'était impossible de me retenir. Je sentais que ça coulait le long de mes joues, c'était à mon tour de pleurer. Je n'avais jamais eu aussi mal de toute ma vie. Je l'avais bien cherché, c'est vrai, mais ça n'empêchait pas que ça me blessait terriblement. Et ne pouvant plus me retenir plus longtemps, je laissais mes yeux et le reste de mon visage être inondé tandis que je pleurais à chaudes larmes et qu'à mon tour je me laissais tomber sur le siège derrière moi faisant face au canapé sur lequel elle s'était assise. Je restais silencieuse, je parvins à ne faire aucun bruit de suffocation. "Une salope suffit dans cette famille". Je fermais les yeux un instant et je pouvais sentir sous mon corps allongé, le goudron froid du parking sous terrain.

Flashback

Je me mis à trembler, je pleurais toujours, je sentais la crise de panique arriver. "Pourquoi tu pleures salope?" Il se releva d'un bond. Je restais figée sur le sol. Soudain, je pris un énorme coup de pied dans les côtes, un autre dans le ventre. ll se pencha et m'attrapa par le col de mon manteau. Je tenais à peine debout tant la douleur et la peur m'avaient endolori. Je gémissais alors qu'il collait son front sur le mien. Je voulais qu'il cesse de me toucher. Je voulais qu'il parte. Mais à cet instant précis j'étais sûre qu'il allait me tuer.

Fin du flashback

Je rouvris les yeux, ce mot-là acheva de me crever le coeur. Salope. Décidément, en l'espace de quelques semaines c'était devenu le mot qu'on utilisait pour me définir. Je l'entendais encore dans ma tête, trop d'échos s'entrechoquaient les uns aux autres mais c'est ce mot-là qui restait. Je l'entendais d'une voix double, c'était la voix de Marissa mêlée à celle de mon agresseur. Les yeux dans le vague, j'avais la vue brouillée par les larmes qui continuaient de s'écouler non-stop. Moi qui m'étais crue vidée de toute goutte d'eau, je m'étais trompée, apparemment je pouvais encore pleurer. Si j'avais eu la force de bouger, je me serais sans doute précipité dans une autre pièce pour ne plus avoir à la regarder en face. Je lui avais peut-être fait du mal mais elle m'en avait fait aussi. A ses yeux, ce n'était sans doute pas comparable mais aux miens…. la douleur que je ressentais était déjà horrible, si elle ressentais quelque chose de pire, alors je voulais mourir sur le champs de lui avoir infligé ça. Elle me demandait à présent ce que ça pouvait me faire de connaitre l'identité du type avec qui elle avait couché. Ce qu'elle m'annonça ensuite fût vraiment de trop. J'attrapais ma tête dans mes mains. Elle disait qu'Eden l'avait frappé et pendant un quart de seconde, je m'étais demandé si elle n'avait pas dit ça pour me faire culpabiliser, mais vu tout ce qui venait de se passer je savais qu'elle était sincère et qu'elle disait la vérité. Je n'avais jamais été aussi perdue de ma vie. Comment peut-on s'aimer autant et se déchirer si bien? L'amour, la haine, on dit souvent qu'il n'y a qu'un pas… Ce soir je pouvais constater ô combien cela était vrai. Je réalisais un peu tard mon erreur, à présent j'étais complètement sonnée par ce que Marissa m'avait dit et je lui en voulais tellement, tout comme elle m'en voulait aussi. Quand il n'y en a plus, il y en a encore. Eden avait levé la main sur elle. Mon portable qui était à porté de main se retrouva brisé sur le sol alors que je venais de donner un coup de pied dans la table basse exprès. Eden n'allait plus appeler comme ça et moi je ne l'appellerais pas non plus. Je baissais la tête tout en la remuant frénétiquement. J'étais en train de devenir folle. Mes larmes s'étaient calmées mais je commençais à renifler quelque peu, je sentais que je n'avais pas expulsé tous mes sentiments intérieurs, je n'étais pas encore légère… Mais je n'avais aucune idée de ce que j'avais encore à dire. Attrapant mon visage dans mes deux mains, je commençais à me frotter les yeux comme une enfant. "T'as tord." lâchais-je finalement alors qu'un lourd silence c'était peu à peu installé. "Si tu crois que je ne veux pas ton bonheur, alors tu n'as aucune idée de ce que je veux." Je n'arrivais pourtant pas à la regarder en face, à chaque fois que je posais les yeux sur elle je l'entendais répéter "Une salope suffit dans la famille". Soudainement prise de colère, ne supportant plus le martèlement dans ma tête, je me levais brusquement. "Puisqu'on en est aux révélations et à s'en foutre plein la gueule… tu devrais savoir que ta salope de soeur a couché avec ton ex-petit ami." Levant les yeux au ciel, toujours incapable de la regarder, je bouillonnais de rage. Je commençais à contourner le fauteuil dans lequel j'étais assise quelques instants plus tôt. "C'est marrant, j'ai toujours su qu'Ethan était bien monté" ajoutais-je avec férocité. Je me précipitais alors dans la salle de bain qui se trouvait juste à côté du salon pour m'y enfermer à clé. Je ne sais pas si je souhaitais me réfugier ici pour retrouver mes esprits ou pour échapper à la mort atroce que Marissa me réservait sans doute, mais voilà que je me laissais glisser sur le sol, le long de la porte, et je recommençais à pleurer à chaudes larmes en faisant le moins de bruit possible. J'arrivais à me voir dans un miroir plein pied qui se trouvait face à moi, à la vue de mon visage mon esprit tout entier me hurlait les mots suivants: "Leah la salope". Je laissais tomber ma tête dans mes bras espérant me réveiller de ce cauchemar éveillée.

HS: Désolée de la longueur... je me suis un peu trop lâchée :#16:

« Don't leave me alone with me, I feel it in my heart, soul, mind that i'm losing »

Plus rien n’allait, la conservation entre les deux sœurs n’en était plus une. Ça ressemblait à un règlement de compte, chose inhabituelle entre elles deux, elles étaient tellement proches qu’on avait du mal à les imaginer se disputer. La jeune femme ne comprenait plus ce qui se passait, elle avait atterri chez sa petite sœur parce que Leah était toujours là pour elle, persuadée que cette dernière serait trouver les bons mots c’était tout le contraire qui se produisait. Il semblait y avoir une sorte de compétition malsaine entre les deux jeunes femmes, comme ci elles voulaient absolument que l’une d’elles soit celle qui a le plus souffert. Leur souffrance n’était pas comparable, Marissa ignorait ce que pouvait ressentir sa sœur puisqu’elle n’avait jamais été agressée. Cependant elle avait l’impression que sa sœur en avait marre qu’elle ressasse le décès de son fils, comme ci aujourd’hui on lui faisait comprendre qu’elle soulait tout le monde avec cette histoire. « Oh désolé si je t’aie pris la lumière des projecteurs quelques temps reine Leah ! » Depuis le début sa petite sœur se montrait odieuse avec elle, Marissa refusait que ça continue ainsi, elle ne comptait pas se faire marcher sur les pieds. Leah voulait lui faire du mal, elle allait récolter ce qu’elle avait semé. « Je ne savais pas que j’avais été un véritable poids pour toi, désolé de ne pas guérir en quelques semaines… ça aurait été tellement plus simple pour vous, encore et toujours vous et votre bonheur ! » Marissa cracha ses derniers mots avec colère et méprit. Elle était déçue, véritablement. La jeune femme avait vraiment l’impression que Leah était égoïste, elle ne valait pas mieux que tout les autres finalement. Leah lui expliqua qu’elle aussi avec ces problèmes, depuis l’agression elle avait changé et tout le monde l’avait remarqué. La jeune femme s’exprimait sur ses angoisses avec colère, ça se voyait que toute cette histoire la rendait nerveuse. Marissa se demandait si sa sœur ne rejetait pas sa colère sur elle, si finalement elle n’avait pas trouvé mieux pour se défouler. « Tu crois que je ne le sais pas tout ça, que je ne vois rien ? Je sais que tu as peur, que tu angoisses et je sais très bien qu’inconsciemment tu t’éloignes de moi et des autres, tu t’enfermes dans ta bulle, tu es en colère contre tout et tout le monde. Je ne te reproche pas tout ça ! Tu donnes juste l’impression en parlant que tu as été à mes côtés parce que j’étais ta sœur, mais maintenant que tu as fais ça durant quelques mois tu estime que c’est bon. Ça marche pas comme ça Leah… tu étais la seule, la seule à me comprendre… aujourd’hui je te regarde et je sais même plus qui tu es. » Sa mâchoire se resserra alors qu’elle terminait sa phrase, elle se moquait d’être blessante ou non tout comme sa sœur s’en moquait depuis le début.

Les ricanements de la jeune femme n’étaient pas les bienvenus, Marissa ne tarda pas à répliquer à son tour se montrant méchante. Leah l’était depuis le début, la jolie brune ne comptait pas se laisser faire, ce n’était pas dans sa nature et elle était très doué pour faire mal là où il fallait. Ses paroles étaient sûrement trop blessantes mais elle s’en moquait, Leah l’humiliait ouvertement. Marissa n’avait pas à se justifier devant quiconque hormis son mari à qui elle devait une explication. Sa tromperie n’avait rien à voir avec une vengeance, si ça avait été le cas elle ne l’aurait pas fait deux années plus tard. Rien n’était prévu, au contraire Marissa n’avait pas retrouvé son meilleur ami pour passer du bon temps, elle avait juste eu besoin d’être à ses côtés, il était un vrai repère pour cette dernière et elle savait aujourd’hui pourquoi il avait une telle place dans son cœur. Eden lui avait dit de bien réfléchir avant de quitter leur maison, elle savait qu’elle pouvait encore faire demi-tour, reprendre la route avec sa fille et le retrouver chez eux. Mais ce n’était pas ce qu’elle voulait, ils ne seraient plus jamais heureux comme avant, elle n’arrivait plus à voir le bonheur aux côtés d’Eden. Ils avaient vécu de belles années, elle l’aimait toujours c’était certain mais il n’y avait plus cette petite étincelle, celle pour laquelle vous étiez prêt à tout ! Marissa ne souhaitait pas révéler la gifle qu’elle avait reçu de son mari, elle ne voulait pas que Leah prenne parti, qu’elle soit déçue par ce dernier, elle savait que tout les deux s’entendaient bien mais sa sœur l’avait tellement poussé à bout que c’était sorti. Marissa voulait lui faire comprendre qu’il n’était pas non plus parfait, même si elle était à l’origine de tout ceci Eden n’avait pas forcement bien réagit en levant la main sur elle. Leah semblait perdue, ça se voyait à son visage, Marissa la connaissait très bien mais étrangement elle s’en moquait, elle n’y prêtait pas plus attention que ça. Se posant à nouveau sur le canapé, elle était épuisée, cette soirée était en train de la vider de toutes ses forces. Passant une nouvelle fois ses mains sur ses yeux toujours aussi humide elle espérait que Leah se calmerait, elle n’avait plus la force de se battre mais ce n’était pas le cas de la plus jeune qui reprit la parole. Marissa fronça les sourcils ne comprenant pas pourquoi elle lui disait cela, elle pensait bêtement que sa sœur ne croyait pas ce dernier capable de lever la main sur elle ! La jolie brune ne répondit rien, ni à cela ni à la suite, Leah lui en foutait plein la figure depuis et voilà que maintenant elle voulait lui faire croire qu’elle voulait son bonheur. Drôle de façon de le montrer. Marissa passa une main dans ses cheveux se disant qu’il était tant pour elle de partir, elle allait récupérer sa fille et partir de chez sa sœur, peut être qu’elle irait à l’hôtel, elle n’en savait rien mais une chose était sûre elle voulait quitter cet appartement et s’éloigner quelques temps de sa sœur. Cependant Leah prit à nouveau la parole, le début ne présageait rien de bon. Marissa arqua un sourcil se levant doucement du canapé alors que sa sœur venait de lui annoncer qu’elle avait couché avec son ex petit ami, elle se demandait de qui exactement elle ne parlait pas d’Ethan quand même ? Non c’était impossible, elle n’aurait jamais fait une telle chose et lui non plus, surtout lui il n’aurait quand même pas couché avec sa sœur, pas avec leur passé ? Alors qu’elle se retrouvait debout sa sœur fit de même, faisant le tour de son fauteuil. De quoi avait-elle peur ? Sentant sa poitrine se gonfler alors qu’elle espérait réellement que sa sœur n’allait pas lui révéler l’identité de ce garçon, son poing se sera alors qu’elle allait prendre la parole pour en savoir plus sa sœur lui coupa la parole. Ce fut terrible, aussi rapide et destructeur qu’une bombe qui venait d’exploser. Marissa senti son cœur se serrait, sa sœur fuyait la pièce alors que cette dernière se sentit glisser lentement vers le sol. Elle tenta de se rattraper au canapé mais n’y arriva pas, les premiers sanglots arrivèrent alors que ses genoux touchaient le sol. Une main sur le canapé qu’elle serrait de toutes ces forces, un cri sortit de sa bouche. Tout se mélangeait dans sa tête, elle était perdue, se demandant ce qu’elle foutait là, si sa place n’était pas aux côtés de son mari, si tout ceci était vrai, si Ethan avait osé faire une telle chose et surtout elle se demandait qui était cette fille face à elle, pourquoi lui avoir donné autant d’importance alors qu’aujourd’hui elle n’avait plus à rien à faire avec elle !

Se relevant du sol assez rapidement, elle rejoignit la salle de bain en courant. Elle voulait la tuer de ses propres mains. Elle poussa la porte et comprit que sa sœur avait fermé à clé, elle donna un coup de pied dedans avant de tambouriner contre la porte avec ses poings. Les larmes coulaient tout le long de son visage, descendant contre son cou. Elle posa son front contre la porte ayant du mal à se ressaisir, elle tentait de se calmer, reprendre une respiration normale alors que des larmes coulaient entre ses deux lèvres. « Pourquoi t’as fais ça ? » Elle donna un nouveau coup dans la porte avec son poing, sanglotant toujours. « Pas lui… t’avais pas le droit… t’as tout eu, t’as toujours tout eu, j’ai tous fais pour toi… pourquoi il a fallu que tu me le prennes… » Elle glissa le long de la porte, se retrouvant dos contre celle-ci. Fermant doucement les yeux elle posa une main sur sa bouche tentant de calmer ses pleurs. Elle la retira la passant sur ses yeux et son visage inondé par ses larmes. Elle avait une question, la plus importante de toute et après elle pourrait partir, loin de sa sœur. « C’était quand ? Dis-moi quand c’était. »

⊹ Marissa & Leah † Family First

What happened to us? We were never like that... It feels like everything is falling apart. I don't get it. I'm so confused. I love you but you're scaring me. Why are you so different? And I've made my mistakes too. Will you forgive me? Can we ever go back to where it was? I'm so scared I've lost you.

Pour la première fois de ma vie, j'avais l'impression qu'on ne se comprenait pas. Entre nous tout paraissait pourtant si évident! Nous n'avions pas besoin de mots pour communiquer, un regard suffisait mais ce soir je n'arrivais à rien avec elle et elle n'arrivait à rien avec moi. On s'en prenait l'une à l'autre, envoyant valser des années et des années, que dis-je, une vie entière d'une entente parfaite. J'avais du mal à comprendre comment on en était arrivé là, j'avais beau me rejouer en boucle le début de cette conversation, et puis les autres qu'on avait pu avoir ces derniers temps… Avais-je loupé des indices qui m'indiquaient que ce qui était en train de se passer ce soir était prévisible? Je n'en étais pas certaine. Et pourtant, les mots sortaient tout seul de ma bouche, comme s'ils avaient attendu bien sagement d'être prononcés et qu'à présent il était l'heure pour eux de sortir et d'aller frapper Marissa de plein fouet. Je l'écoutais parler et je ne comprenais rien à ce qu'elle racontait. "Tu délires complètement!"Frustrée qu'elle puisse me dire ça alors qu'elle m'avait toujours défendu contre ceux qui disaient la même chose. Reine Leah. Si quelqu'un était la reine ce n'était certainement pas moi, pas ce soir. Ou alors, la reine des idiotes! "De quoi est-ce que tu parles? Tu crois que ça m'a fait plaisir de te voir perdre ton fils? Tu crois que j'étais contente de te voir vivre une telle épreuve? Tu crois franchement que j'ai pensé un truc aussi horrible que "Oh non! Marissa va me voler la vedette!"? Pour qui tu me prends?" Je la regardais avec incompréhension. Moi aussi j'avais souffert de la mort de cet enfant, après tout je m'étais fait un joie de devenir tante à nouveau, je m'imaginais déjà la vie avec ce petit gars. Je n'avais jamais ressenti de concurrence avec mes soeurs, elles étaient mêmes les seules filles que j'aurais laissé me battre à tout et n'importe quoi. D'ailleurs, j'avais toujours admiré mes aînées, je les prenais en exemple et je voyais Marissa comme un modèle. A mes yeux, c'était elle la star, pas moi, même si je plaisantais souvent en prétendant le contraire, mais je pensais qu'elle le savait qu'il s'agissait uniquement d'une blague et non pas de ma réelle manière de penser. Elle agissait comme si je lui avais dit que ça m'avait fait chier de m'occuper d'elle et de l'aider à passer l'épreuve du deuil. Soudainement, tout mes souvenirs récents avec ma soeur, toutes les choses qui s'étaient produites dans les six derniers mois… tout était sali, abimé, bon à jeter. "Marissa?! Est-ce que tu écoutes ce que je dis? Parce que je t'assure que là tu es complètement à côté de la plaque! Je n'ai jamais dit que tu avais été un poids pour moi! Je savais qu'il te fallait du temps et c'est ce que j'ai essayé de te donner." Je n'arrivais pas à croire qu'elle puisse remettre en question mon investissement auprès d'elle. Elle savait à quel point je l'aimais et même si on était en train de s'engueuler, ça me faisait vraiment bizarre qu'elle me parle ainsi. Quelque part, j'avais presque le sentiment que nous étions en train de reconsidérer notre amour l'une pour l'autre. Et voilà que j'étais en train de prendre peur… Je réalisais à quel point nous étions sur une pente glissante, peut-être aurais-je dû réagir autrement, mais c'était trop tard pour revenir en arrière à présent. Moi aussi j'avais mon lot de soucis, et c'est vrai que depuis l'agression j'avais eu du mal à me soucier des autres tant mes propres problèmes me prenaient déjà toute mon énergie. J'avais d'ailleurs largement baissé le nombre de sms et de coups de fils que je donnais à Marissa, pas parce que je ne m'intéressais plus à elle mais parce que je savais que nous avions toutes les deux des choses pas marrantes à gérer et je ne voulais pas l'embêter avec mes problèmes alors qu'elle avait déjà les siens. Elle disait vrai concernant mes angoisses, ma colère, et les distances que j'avais prise avec pas mal de monde mais ce qu'elle ajouta était faux. "J'ai été à tes côtés parce que je t'aime. J'ai jamais cessé d'être à tes côtés d'ailleurs mais encore une fois… après l'agression tout s'est compliqué. Je suis désolée mais je n'ai plus eu la force de tenir pour nous deux. Et ça ne veut pas dire que je ne m'inquiétais pas pour toi… C'est juste que...Je suis pas aussi forte que tout le monde semble le croire." Je la regardais droit dans les yeux. Elle disait ne plus savoir qui j'étais. "Moi non plus." lâchais-je. Je me demandais si elle allait comprendre que j'étais en train dire que moi non plus je ne savais plus qui j'étais ou bien si elle allait le prendre pour elle-même. En réalité, c'était sans doute un peu pour nous deux à la fois que je disais ça. Je ne savais plus qui j'étais, et je ne savais plus qui elle était non plus.

L'incompréhension entre nous était totale. Je n'avais jamais connu ça avec elle et ça me faisait vraiment du mal d'en être arrivé là. Elle m'avait révélé la vérité concernant le fait qu'elle avait trompé Eden, non ce n'était pas par vengeance, apparemment elle avait trouvé quelqu'un qui lui plaisait au point de sacrifier son mariage. C'était le genre de truc qui me foutait vraiment en colère. Comment pouvait-elle faire ça? Envoyer valser sa famille, briser son foyer et imposer un divorce à Faith pour un mec qu'elle aimait soit disant. Il y a encore quelques mois de cela Eden était l'homme de sa vie, et voilà qu'à présent il ne l'était plus. J'avais dû mal à suivre… Que je prenne la défense d'Eden, s'en était trop pour elle et c'est là qu'elle lâcha une seconde bombe. Il l'avait frappé. C'était beaucoup trop de choses à accumuler en une soirée, il était tard et je n'avais pas dormi depuis bien trop longtemps pour tenir le coup. J'étais en larmes alors que ma soeur m'avait littéralement traité de salope. Dans sa bouche ça sonnait tellement encore pire… Je me sentais sale, dégoûtante… Et ça me rappelait en plus des souvenirs douloureux. Elle ne le savait pas… comment aurait-elle pu savoir? Je ne lui avais pas raconté grand chose de ce soir-là mais au fond ça me touchait encore plus qu'elle ait choisi ce mot-là précisément. Finalement, sous le coup de la colère, du trop plein d'émotions qui me submergeaient peu à peu et qui étaient en train de m'étouffer, je lui avais avoué avoir couché avec Ethan, avant de courir dans la salle de bain et de me laisser glisser sur le sol, contre la porte. Je ne supportais même plus me reflet dans le miroir. Ce que je venais de faire me dégoûtais au plus profond de moi-même et pourtant je ressentais aussi une part de soulagement. Rapidement, je sentis un coup frapper la porte, suivit d'un vacarme pas possible que Marissa effectuait avec ses mains. Elle voulait savoir pourquoi j'avais fait ça. La tête enfouis dans mes bras, mes genoux ramenés contre mon ventre et ma poitrine, j'étais prête à me faire aussi petite que possible. Pourquoi avais-je fais ça? Bonne question… J'avais d'abord ressentis une envie incontrôlable de tirer un coup ce soir là, je m'étais abstenue quelques jours et j'étais sortie spécialement pour m'amuser un peu. J'avais croisé Ethan et une chose en entrainant une autre on avait bu et je me suis retrouvée à lui faire du rentre dedans, il ne m'a pas repoussé, bien au contraire et on est passé à l'acte. C'était irréfléchis, complètement idiot évidemment mais pas du tout calculé… Mais Marissa s'en fichait de ça, qu'est-ce que ça changerait pour elle? Rien du tout. Ça restait une trahison, un point c'est tout. Elle donna justement un nouveau coup de poing dans la porte, je pouvais l'entendre pleurer. Je sentais à sa voix qu'elle était brisée et atteinte au plus profond d'elle-même. Je savais qu'elle avait aimé Ethan sincèrement, je savais qu'il signifiait beaucoup pour elle et je soupçonnais même qu'il y ait toujours des sentiments entre eux mais ça ne m'avait pas empêché de coucher avec lui et lui n'avait pas dit non. Il n'avait pas dit non… Mais quoi que je dise, j'allais restais la salope de service alors à quoi bon blâmer Ethan pas vrai? Je me sentais vraiment mal, elle ajouta que je n'avais pas le droit de prendre Ethan, que j'avais déjà tout eu et qu'elle avait tout fait pour moi… Je n'arrivais pas à comprendre pourquoi elle disait tout ceci comme s'il lui appartenait encore. Comme s'il lui appartenait encore? Une seconde… C'était en train de progresser dans mon cerveau… Soudain mon sang ne fit qu'un tour. Evidement! Mais évidement! Elle avait couché avec un type qu'elle aimait et à présent elle quittait Eden pour cet homme, ça ne pouvait être personne d'autre qu'Ethan. Elle voulais savoir quand c'était arrivé ce qui me confortait encore plus dans mon idée. J'avais relevé la tête, toujours silencieuse, je sentis un haut-le-coeur m'envahir. J'allais vomir, c'était sûr! Je rampais en vitesse jusqu'à la cuvette des toilettes et c'est à peine si j'eu le temps de repousser mes cheveux que je me mis à recracher tout ce que j'avais pu ingurgiter aujourd'hui. Je sentais que ça me brûlait l'estomac, ça me tordait les tripes. J'avais mal comme un chien, c'était à peine supportable, je me demandais sérieusement si je n'allais pas m'évanouir. J'étais épuisée. De l'autre côté de la porte, Marissa attendait toujours sa réponse et plus je la faisais languir plus elle devait être en train de se faire des films. Je m'étais levée du sol, fébrile, et m'appuyant sur le rebord de l'évier, j'ouvrais le robinet pour m'asperger le visage d'eau. J'évitais de me regarder dans le miroir face à moi. J'attrapais une serviette pour me tamponner doucement le visage. Une fois que j'avais un peu repris mes esprits, je me dirigeais doucement vers la porte, marquant une courte pause avant de la déverrouiller. Je tirais sur la poignée pour trouver Marissa assise de l'autre côté… Je rabattais mes cheveux en arrière, complètement vidée de toute énergie. Je la fixais avant de finalement lui répondre. "C'était juste avant mon agression." Je marquais à nouveau une courte pause. "Après votre journée à la plage…". Et là, je l'observais bien dans les yeux. Je voulais voir le moment précis où j'allais la perdre pour de vrai. J'avais vaguement eu vent de cette journée à la plage avec Ethan mais je ne savais rien de ce qui s'y était passé, j'avais essayé de tirer les verres du nez à Ethan mais celui-ci était resté silencieux. Ce soir, j'avais toutes les réponses à mes questions. Je savais qu'à cet instant précis, plus rien ne serait jamais plus comme avant. Je n'avais qu'à observer ses yeux pour le comprendre. J'avais l'impression qu'on venait de mener une bataille terrible et que celle-ci était en train de toucher à sa fin, nous étions toutes les deux KO, il n'y avait pas de vainqueur. Mais le pire, c'est qu'à ce moment-là, tout ce à quoi j'arrivais encore à songer c'était que je ne pouvais pas vivre sans elle. Elle était mon pilier, et ma vie sans Marissa dedans, ce n'était pas possible, surtout pas maintenant. J'avais terriblement besoin d'elle, et elle avait terriblement besoin de moi et on venait de tout foutre en l'air en un claquement de doigts. C'est fou comme les mots blessent… Ça vous coupe la respiration, ça vous bousille le coeur, ça vous donne envie de mourir. Je portais d'ailleurs ma main à ma gorge, j'avais comme l'impression qu'on y avait passé une sorte de foulard autour et quelqu'un était en train de tirer dessus pour me faire suffoquer. Songeant à cette image, je réalisais qu'en réalité, la seule personne en train d'essayer de m'étrangler n'était autre que moi-même. J'avais tout gagné… Marissa et tout le monde autour de nous allaient me détester et vous savez quoi? Je crois qu'à mon tour, je me détestais. Si elle voulait me sauter dessus pour me gifler ou me couvrir de coups, elle avait le feu vert. L'idiote que j'étais ne méritait rien d'autre.

« Don't leave me alone with me, I feel it in my heart, soul, mind that i'm losing »

Leah voulait-elle vraiment qu’elle réponde à sa question, parce que si l’une des deux étaient en plein délire c’était certainement la plus jeune. Marissa était bien obligé de se défendre contre les propos de sa cadette, Leah ne cessait de l’accabler alors qu’elle n’avait pas besoin de tout ceci, surtout pas ce soir. Il y avait un véritable règlement de compte entre les deux sœurs, c’était impossible, elles s’aimaient tellement, elles étaient trop proche pour vivre une telle chose. Marissa ne comprenait pas pourquoi tout se passait comme ça, elle devait être en train de faire un cauchemar, toute cette soirée était le pire scenario qu’elle aurait pu imaginer. Leah, sa petite sœur, sa confidente, sa meilleure amie, son bras droit, sa moitié… comment pouvait-elle lui parler ainsi, lui faire autant de mal avec quelques mots qui étaient choisi uniquement pour blesser. « Pour qui je te prends ? Pour une gamine égoïste qui m’a clairement fait comprendre qu’elle avait arrêté de se battre pour nous deux, tu étais la seule Leah, la seule que j’avais et depuis un petit moment j’ai l’impression d’être chiante, pas assez bien, trop déprimée, j’ai l’impression que t’en as marre de tout ça… je t’interdis pas de vivre au contraire, mais de me mettre de côté pour continuer à vivre ça j’ai du mal… j’aurais jamais fait ça ! » Les deux femmes ne se comprenaient plus, elles n’acceptaient pas les remarques de l’une, déformaient ce qui venait d’être dit… que se passerait-il maintenant, seraient-elles capable comme étant gamines de se pardonner aussi facilement ? Parfois elles donnaient l’impression de se calmer, d’essayer de comprendre les problèmes de l’autre, comme là à cet instant Leah parlait de ce qu’elle ressentait suite à son agression, Marissa qui avait bien consciente que tout ceci était difficile et qui tentait de lui faire comprendre qu’elle n’était pas bête, qu’elle voyait bien qu’elle n’allait pas bien. Ses yeux se remplirent une nouvelle fois de larme alors que Leah lui avouait ne pas être assez forte pour toutes les deux, c’était vrai que finalement Marissa en attendait sûrement trop, elle s’était trop reposé sur sa sœur pensant qu’elle serait toujours à ses côtés. « T’aurais du m’en parler… on se dit toujours tout, mais là je me suis sentie réellement seule, tu n’étais plus là et encore ce soir tu n’es pas là, tu es… différente, tu m’as laissé tomber et tu me la prouvais dés que cette porte s’est refermé. » Marissa ignorait pourquoi mais sa sœur semblait la détester, c’était ce qu’elle ressentait depuis le début. Leah n’était pas tendre avec elle, la jeune femme donnait l’impression de ne vouloir qu’une seule chose : la blesser.

Assise sur le sol, dos contre la porte elle était assaillie par plusieurs sentiments différents. Elle n’arrivait pas à croire ce qui se passait, elle suffoquait alors que ses larmes ne cessaient de couler le long de son visage. N’arrivant pas à se calmer, malgré les coups qu’elle avait donnés contre la porte, elle ne pouvait pas croire ce qu’elle était en train de vivre, ce cauchemar qui ne se terminait pas.

FLASHBACK.

« T’étais où ? » Sursautant, posant sa main contre son cœur alors qu’elle venait de mettre son deuxième pied sur le sol de sa chambre elle observa sa petite sœur qui affichait un grand sourire. Refermant la fenêtre elle soupira légèrement « Tu ne devrais pas être au lit ? » Retirant ses chaussures elle avança dans sa chambre se rendant dans une seconde pièce ouverte où se trouvait son dressing, déposant ses chaussures au milieu des autres elle se tourna vers Leah qui la suivait. « Je croyais qu’Emma devait passer la soirée avec toi ? » Posant ses fesses sur un petit banc en tissu qui se trouvait au milieu du dressing elle observa sa petite sœur qui fit la même chose. « Je crois qu’Emma est sorti avec ses copines, les parents ont appelé tout à l’heure et j’ai entendu Alice dire qu’on dormait toutes les trois, je ne vois pas pourquoi je serais la seule à dormir alors que toutes les deux vous avez fait le mur ! » Leur nurse pensait donc que les trois sœurs étaient au lit, sagement en train de dormir ce qui arrangeait bien Marissa qui avait pu sortir et rentrer sans qu’on ne la remarque. « Alors t’étais où ? » La jeune fille soupira légèrement avant de se relever, sortant du dressing pour se rendre dans sa salle de bain elle n’eut pas le temps de fermer la porte que Leah était déjà à ses côtés. « J’étais avec Ethan, t’es contente ? » La plus jeune posa ses fesses sur le rebord de la baignoire tandis que son aînée se démaquillait devant le miroir. « Je t’aie entendu la dernière fois dire à Emma que tu voulais qu’il soit le premier… je suis peut-être la plus petite mais je sais de quoi tu parlais, et je sais aussi que tu es parti depuis plus de deux heures, que tu es passé par sa fenêtre et qu’il a fermé le volet ! » Marissa ouvrit la bouche l’air choquée par ce que venait de lui dire sa sœur, elle ne put s’empêcher de rire car ça ne l’étonnait même pas que Leah soit au courant de tout ceci, elle savait toujours tout. Se tournant vers sa sœur toute souriante « Tu dis rien aux parents, ni à Emma parce que sinon elle va me faire la morale mais… on l’a fait, ça y est ! » Elle sourit de plus belle avant de sauter sur place tandis que sa petite sœur la rejoignait dans ce petit moment d’euphorie. « C’est lui, je l’aie toujours su mais aujourd’hui j’en suis encore plus sur, je l’aime vraiment… c’est l’homme de ma vie ! »

FIN DU FLASHBACK.

Remontant ses jambes contre sa poitrine, elle posa son front contre ses genoux ne pouvant plus arrêter ses larmes. Perdue dans ses pensées, elle ne calculait plus ce qui se passait autour d’elle, sa fille aurait pu se réveiller qu’elle ne l’aurait sûrement pas vu. Marissa se sentait vide, tout ceci lui avait enlevé ses dernières forces et elle ne pouvait pas se relever. La jeune femme se sentait trahit, par sa sœur et par le jeune homme, elle était furieuse, en colère et totalement perdue se demandant si elle avait eu raison de croire en Ethan, si finalement sa place n’était pas mieux aux côtés de son mari. Alors qu’elle entendit le verrou de la porte elle prit appui sur ses mains avant de se relever, elle voulait voir Leah une dernière fois, lui faire face, voir la traitre qu’elle était. Sa sœur ouvrit la porte lui faisant face et là elle mit fin aux derniers espoirs qu’avait la jeune femme. Elle fixait Leah, son regard rempli de dégoût, d’incompréhension et de colère. Ses lèvres se mirent à trembler sous l’effet de cette gifle virtuelle qu’elle venait de recevoir. Marissa n’arrivait pas à parler, elle avala difficilement sa salive essayant de contenir ses larmes et sa rage. « Tu as gagné Leah… je te laisse, faites ce que vous voulez vous me dégoutez tout les deux. » Elle se tourna prête à partir mais finalement elle ne comptait pas laisser sa sœur ainsi, elle n’allait pas la laisser savourer sa victoire tandis qu’elle souffrait. Reposant son regard sur sa sœur elle la gifla avant de prendre la parole, un ton haineux sortait de sa bouche. « C’était lui, l’homme pour qui je quittais mon mari… je l’aie toujours aimé et tu la toujours su pourtant ça ne t’as pas empêché de coucher avec lui, j’aurais pu tout faire pour toi, parce que tu étais ma sœur, je t’aimais tellement Leah… aujourd’hui je te déteste et j’espère bien que toute ta vie tu vas souffrir, que tu vas payer cher ce que tu m’as fais, tu peux crever j’en aie rien à faire, tu n’existe plus dans ma vie ou dans mon cœur, je ne veux plus jamais avoir à faire à toi… et te met pas en victime surtout, t’humilie pas encore plus, tu ne pourras pas tomber plus bas. » Elle regardait sa sœur de bas en haut avant de la regarder une dernière fois « tu me dégoutes. » Marissa se tourna dos à sa sœur se dirigeant vers la chambre où se trouvait sa fille.

⊹ Marissa & Leah † Family First

What happened to us? We were never like that... It feels like everything is falling apart. I don't get it. I'm so confused. I love you but you're scaring me. Why are you so different? And I've made my mistakes too. Will you forgive me? Can we ever go back to where it was? I'm so scared I've lost you.

C'était comme si Marissa refusait de comprendre. J'avais l'impression de parler à un mur et elle devait sans doute éprouver la même chose à mon égard. On se serait engueulé chacune dans une langue étrangère, ça aurait été la même chose. Elle ne me comprenait pas et je ne l'a comprenais pas non plus. J'entendais ce qu'elle me disait mais pour une raison X, je n'arrivais pas à tout remettre en ordre dans mon esprit, j'étais juste perdue et je ne savais plus qui elle était. Avant, il me suffisait de regarder Marissa pour me sentir rassurée mais pour le coup, plus je l'observais et plus j'avais la sensation de voir une inconnue. Elle n'était pas rassurante, ni dans ses actes, ni dans ses paroles et surtout pas dans son regard. Elle ne cessait de répéter que j'étais une gamine, égoïste en plus, et surtout une traitresse. Je l'avais abandonnée, je l'avais laissé tomber comme une vieille chaussette, comme si j'en avais rien à foutre d'elle. A l'intérieur, je bouillonnais de rage. Elle n'avait pas le droit de me dire tout ça, surtout pas de me dire que je n'avais pas été là pour elle. Toutes ses heures que j'avais passé à pleurer à ses côtés, toutes ses heures que je lui avais consacré parce qu'elle n'allait pas bien… Je l'avais fait sans y être obligée mais parce qu'elle était ma soeur et surtout parce qu'elle était Marissa et que pour elle j'étais prête à tous les sacrifices. J'aurais pris toute sa douleur et toute sa peine si je l'avais pu. Je n'ai jamais regretté d'avoir été là pour elle, et si c'était à refaire je le referais encore et encore jusqu'à ce qu'elle n'en ai plus besoin. Certes, je l'avais un peu poussé hors de ma vie ces dernières semaines, tout comme j'avais écarté un tas d'autres gens, pas parce que je ne les aimais plus, ni parce que j'étais égoïste mais parce que je n'y arrivais pas. Ils voulaient tous m'aider, me faire rire, me parler de choses et d'autres pour me divertir mais ils ne comprenaient pas que j'avais besoin d'être seule. En quelques minutes, l'action d'un homme dont j'ignorais pratiquement tout avait réussi à me briser. Je m'étais perdue moi même en une seule nuit et pour me retrouver à nouveau j'étais persuadée qu'il me fallait du temps à moi. Je n'avais pas envie d'écouter les autres, ni même essayer de leur en parler parce que c'était trop personnel, trop encré profondément en moi dans une partie de moi-même que je conservais à l'abris et à laquelle personne n'avait accès. C'était un peu comme mon jardin secret mais pour le coup c'était un jardin secret bien saccagé. Non seulement je n'étais pas bien dû à mon agression mais en plus je devais porter en moi la culpabilité et ce pour deux raisons. D'abord, je me sentais coupable pour ce qui m'étais arrivée. Je ne pouvais pas m'empêcher de me dire que je l'avais bien cherché, à force de flirter facilement, à force de trop vouloir faire ami-ami avec tout le monde, à force de trop m'amuser, à force de boire un peu trop, à force de me croire intouchable, à force de faire n'importe quoi… C'était ma faute. Il me l'avait lui-même répété plusieurs fois ce soir-là… Je l'avais bien mérité. Je n'étais qu'une tepu parmi les autres. J'avais beau jouer les saintes-ni-touche, c'était bien fait pour moi si je m'étais pris des coups et des insultes. C'était bien fait pour moi si on m'avait fait du mal et ça serait encore bien fait si quelqu'un décidait de recommencer. J'avais déjà bien trop profité de la vie sans jamais me soucier de ceux qui sont plus malheureux, Marissa avait peut-être raison, j'étais égoïste. Mais pas avec elle. Jamais avec elle. Ne sachant pas quoi lui dire, je me contentais donc de secouer la tête. Elle disait que j'aurais dû lui parler de mon malêtre, elle disait s'être sentie seule et surtout elle répétait que j'étais différente. Je baissais la tête, partagée par la rage qui me rongeait depuis des semaines et des semaines et la peine que je ressentais d'être entrée en conflit avec ma soeur. "Tu ne comprends pas… Même si je t'en avais parlé t'aurais pas pu comprendre… Personne peut comprendre." J'avais tellement mal au coeur en disant ça, ma tête était prête à exploser, je débordais de sentiments, d'émotions, c'était trop… beaucoup trop. "J'ai jamais voulu que tu te sentes seule… J'ai jamais voulu te laisser tomber… Mais…" Mais quoi? Je n'arrivais pas à trouver mes mots. Je ne savais pas comment lui expliquer clairement et simplement ce que je ressentais et ce qui se passait dans ma tête et de toute façon, quoi qu'il en soit elle était déjà bien assez mal sans que je vienne en rajouter. Marissa aussi souffrait terriblement, je n'avais pas le droit d'aller me plaindre auprès d'elle, surtout pas en sachant ce que j'avais fait avec Ethan, la deuxième raison de ma culpabilité. Coucher avec lui avait été une erreur que j'avais amèrement regretté dès l'instant où ça avait été fait. J'avais touché le fond du fond en faisant ça et le pire c'est que je n'arrivais même pas à trouver une excuse valable pour expliquer mon geste. On avait couché ensemble pour le fun mais sans réfléchir assez aux conséquences et à ce que ça entrainait, surtout moi… Je n'aurais jamais dû faire ça, je n'aurais jamais dû et pourtant je l'ai fait et il n'y a pas un jour qui passe sans que j'y songe en souhaitant me foutre des baffes. D'ailleurs, le Karma m'avait bien rendu cette aventure d'un soir, depuis ma coucherie avec Ethan j'avais enchainé les problèmes. J'allais brûler en enfer, c'était sûr maintenant. Je baissais à nouveau la tête, je ne comptais pas finir ma phrase… à quoi bon?

Mon moment de répit dans la salle de bain ne fut pas long. J'avais tout avoué à Marissa et elle m'avait tout avoué aussi. Je n'en menais pas large, et très vite je m'étais retrouvée au dessus de la cuvette des toilettes en train de vomir mes tripes. J'étais du genre à facilement vomir, dès que le stress montait un peu trop vous pouviez être sûr que j'allais finir dans cet état. Ce soir c'était un mélange de fatigue, d'angoisse, de colère et de tristesse. Tout ça à la fois et je me sentais agoniser. Je manquais d'air. D'un autre côté ça me soulageait un peu… C'était un moyen de matérialiser la douleur incroyable qui avait pris le contrôle de mon corps tout entier. C'était indescriptible, la haine pure et simple, une véritable torture pour moi. Tout était en train de remonter au sens propre comme au sens figuré. Tout ce que j'avais accumulé en moi, c'était en train de sortir et malgré tout ça faisait toujours aussi mal. Entendre Marissa pleurer de l'autre côté de la porte c'était tout simplement horrible, chaque coup qu'elle donnait dans la porte c'était un coup que j'aurais voulu prendre. J'étais passée du rire aux larmes, des larmes à la colère, de la colère à l'angoisse, de l'angoisse à la douleur, de la douleur aux remords. Nous avions dépassé le point de non retour depuis belle lurette déjà. En déverrouillant la porte, je savais que j'allais mettre un terme à une relation unique comme je n'en connaitrais plus jamais. J'allais perdre un être cher, et j'allais perdre une partie de moi. Je croyais dur comme fer que Marissa et moi étions comme deux âmes soeurs, une part d'elle était collée à moi et une part de moi était collée à elle. L'une sans l'autre, nous ne pouvions fonctionner, et de toute façon ça ne nous serait jamais venu à l'esprit. Mais ce soir, c'était différent. Quelque chose s'était brisé, et je sentais dans mon coeur que ce n'était pas réparable. J'aurais beau supplier, implorer, me mettre à genoux, me rouler par terre, promettre monts et merveilles… c'était fini.

Répondant à sa question, je pouvais voir dans ses yeux l'incompréhension, le dégoût et la colère. Je ne l'avais jamais vu dans un tel état, et je ne me souvenais pas non plus m'être jamais sentie aussi mal. Les yeux tout aussi remplis de larmes que ceux de Marissa, je l'écoutais attentivement alors qu'elle reprit finalement la parole. Je n'en pouvais plus de ces montagnes russes émotionnelles sur lesquelles je me trouvais. Un coup j'étais triste, un coup j'étais ivre de colère, un coup je voulais m'excuser et tout effacer, et ainsi de suite avec tous les sentiments possibles et imaginables. La gorge serrée, les yeux noyés sous les larmes, j'essayais d'articuler. "Je n'ai pas gagné… Je tout perdu." Et je ne pouvais m'en prendre qu'à moi-même, non? Je remuais la tête, tentant tant bien que mal de ne pas pleurer d'avantage, je n'en avais pas le droit. Je pouvais voir à quel point je l'avais blessé ce soir. Marissa était au plus bas et tout était de ma faute. J'étais responsable de tout nos malheurs, j'avais causé en elle et en moi-même un chagrin immense et dans notre relation, une dispute monumentale. Comment allions-nous surmonter ça? Comment pourrait-on un jour oublier toutes ces phrases blessantes, ces vérités accablantes, et ces atrocités déchirantes qui étaient sorties de nos bouches? La vérité c'est que je n'étais pas sûre que nous en soyons capables. Je n'avais pourtant jamais douté de nous et de la force de nos sentiments l'une pour l'autre. Mon amour pour Marissa était toujours présent, marquée au fer rouge, je n'allais jamais cessée de l'aimer même si elle m'avait blessée mais de son côté, elle avait tout les droits de me haïr. Pourquoi aimerait-elle une fille qui lui apporte tant de soucis et qui n'a aucun scrupule à la trahir?

Lorsque je sentis sa main frapper mon visage, je ne pu retenir un petit cris de surprise. Portant aussitôt ma main à mon visage, je ressentais comme une brûlure à l'endroit où j'avais pris le choc. Je ne l'avais pas volé celle-là mais elle était arrivée sans prévenir, forcément j'avais été prise de court. Enfin, Marissa me confirma ce dont je me doutais déjà. Elle ne m'avait jamais parlé avec tant de colère et de haine dans la voix mais ce qu'elle disait… chaque petit mot qui sortait de sa bouche me brisait un peu plus. "Je l'ai toujours aimé et tu l'as toujours su". Ma respiration s'accélérait peu à peu. Je manquais sérieusement d'air. "Tu étais ma soeur, je t'aimais tellement Leah." Je suffoquais. Impossible de reprendre mon souffle. "Je te déteste". Plus d'air, plus rien. "J'espère bien que toute ta vie tu vas souffrir, que tu vas payer cher ce que tu m'as fait." Ne voyait-elle pas que j'en payais déjà le prix? Ne voyait-elle pas que j'étais déjà en train de souffrir plus que jamais dans toute ma vie? N'était-elle pas consciente qu'elle était en train de me faire du mal comme rarement on m'en avait fait. Et pourtant… je ne la blâmais pas. Elle aussi avait de la colère en elle, et elle avait tous les droits de l'exprimer. Ça avait commencé par une petite pique envoyé par moi-même, une fois de plus c'était un acte irréfléchis, et une chose en entrainant une autre, l'effet boule de neige, c'était devenu une montagne d'insultes, de confessions, de phrases haineuses et pleines de colère, un tas de sentiments refoulés qui s'exprimaient à travers des mots trop forts. "Tu peux crever, j'en ai rien à faire, tu n'existe plus dans ma vie ou dans mon coeur." Elle marquait ceux-ci à l'encre indélébile dans mon esprit, sur mon corps, à l'intérieur de moi. Si Dieu existe, qu'il entende mes prières. Je veux mourir. Je veux mourir tout de suite. Je veux qu'on en finisse avec tout ça, parce que jamais je n'aurais pensé pouvoir ressentir autant de choses à la fois, jamais je n'aurais pu imaginer me trouver dans un état où plus rien ne m'importait tellement je me sentais vidée de tout, et en même temps pleins de choses indescriptibles se passaient en moi. C'était incohérent, contradictoire, complètement tiré par les cheveux mais destructeur. J'avais beau regarder aux alentours, je ne reconnaissais plus rien, ni elle, ni moi… Songer à ne plus exister quelque part ça me faisait du bien, elle avait raison… peut-être que je devrais crever. Je n'avais qu'à faire quelques pas pour me retrouver dans la salle de bain, ouvrir un placard et avaler la boite de somnifères. Je pouvais me plonger dans un sommeil sans fin, un sommeil éternel. Je n'avais qu'à prendre un aller simple pour les enfers. Mais qu'est-ce que je raconte? Je suis déjà en enfer… L'enfer c'est ce que je vis à cet instant précis, l'enfer c'est ma tête et mon coeur, c'est cette maison, cette ville, ce pays, cette terre, cet univers. Et quel univers! Je n'ai pas envie de vivre dans un galaxie où Marissa ne m'aime plus. Je n'ai pas envie de vivre sur une planète où elle et moi n'avons plus rien à nous dire et où les seuls gestes et paroles que nous pourrions avoir l'une pour l'autre seraient remplis de colère et d'amertume. Elle ne voulait pas que je me pose en victime, de toute façon, comment voulait-elle que je dise quoi que ce soit alors que tout était en train de voler en éclat autour de moi. "Tu ne pourras pas tomber plus bas." Non Marissa, je ne pourrais pas tomber plus bas parce qu'à présent j'avais entamé une chute sans fin, je me trouvais dans un immense trou noir où la chute était éternelle. Il n'y avait plus personne pour me retenir, mais pourtant je n'atteindrais jamais le fond car il n'existe pas. J'étais destinée à une éternité dans le vide, sans toi à mes côtés. J'aurais voulu lui dire mais ça n'aurait servi à rien. Elle ne voulait plus m'entendre, et j'allais pour une fois ce soir, respecter sa volonté. "Tu me dégoutes." Elle n'avait plus qu'à partir à présent. Je doutais qu'on ait autre chose à se dire. Elle prit d'ailleurs la direction de la chambre où Faith était couchée. Je ne voulais pas que ma nièce me voit dans cet état, je ne voulais pas voir Marissa passer la porte et partir parce que je savais qu'à partir de ce moment là je n'aurais aucune idée de la prochaine fois où l'on se retrouverait à nouveau. Je n'avais qu'une envie, me glisser dans mon lit et fermer les yeux jusqu'à ce que ça s'arrête. J'aurais pu me saouler pour oublier aussi, mais avec les médicaments que je prenais toujours depuis l'agression, ce n'était pas une bonne idée et puis… même pour le suicide j'étais trop lâche. Je n'étais peut-être pas physiquement morte, mais à l'intérieur de moi il n'y avait plus rien de vivant. Qu'est-ce que ça change? Être morte et que tout le monde le sache ou être morte et que personne ne s'en rende compte, qu'est-ce qui est pire? Ne me préoccupant plus de ma soeur, je retournais dans la salle de bain et verrouillais à nouveau la porte à clés. J'allumais l'eau de la douche et sans même prendre la peine d'enlever mes vêtements je me glissais dessous. Les jets d'eau froide auxquels se confondaient mes larmes, frappaient mon visage. Me laissant tomber par terre, je laissais l'eau s'écouler sur moi. C'est fini. Tout est fini.

« Don't leave me alone with me, I feel it in my heart, soul, mind that i'm losing »

Les deux sœurs ne se comprenaient plus, elles qui auparavant étaient capable de lire dans le regard de l’autre pour comprendre ce qui se passait. Ce temps là était terminé. Comment elles avaient pu en arriver là ? Marissa avait beau réfléchir à tout ceci, repenser à son entrée dans cet appartement, ces paroles… elle ne comprenait pas pourquoi sa sœur avait été ainsi. Que lui avait-elle fait pour mériter un tel comportement. Dés le début Leah avait prit la défense d’Eden sans même savoir ce qui s’était passé entre eux deux. Marissa ne s’était jamais senti aussi humilié par sa sœur, on ne lui avait pas parlé ainsi depuis de nombreuses années et si ça avait été quelqu’un d’autre elle aurait géré tout ceci à la perfection mais là face à sa petite sœur elle n’avait pas la force de se défendre ni de se battre. Pourtant il avait bien fallu qu’elle se rende à l’évidence que Leah ne comptait pas lui faire de cadeau. La colère qui animait la jeune femme depuis son agression s’était retournée contre Marissa. Pourtant la jeune femme pensait méritait mieux surtout venant de sa petite sœur. Les deux sœurs avaient eu des propos blessants, des paroles qui ne pouvaient pas être oublié si facilement, cette fois ci une accolade ne suffirait pas pour les rapprocher à nouveau. Les limites avaient été dépassées. Peut être qu’avec le temps elles auraient pu toutes les deux passer à autre chose, oublier, comprendre leur mal être mais Leah avait révélé quelque chose à sa sœur qu’elle ne pouvait pas oublier, pardonner. C’était impossible. Elle la haïssait. Leah, sa petite sœur, sa princesse, celle à qui il ne fallait surtout pas faire de mal était devenue une traitresse. Comment avait-elle pu lui faire ça, comment avait-elle pu coucher avec Ethan alors qu’il était le premier amour de Marissa et qu’elle avait toujours su qu’il comptait beaucoup à ses yeux. Il est vrai qu’elle n’était pas censé savoir que Marissa l’aimait toujours, qu’ils avaient eu une relation il y a quelques jours de cela… malgré tout la jolie brune détestait sa sœur parce qu’elle lui avait prit Ethan. Il n’était pas question d’un emprunt de robe ou d’une bague, non ces histoires de gamines étaient bien loin à présent face à cette trahison. Marissa était anéanti, son monde s’était définitivement écroulé sous ses pieds. Son mariage était terminé, sa fille serait triste, déçue et perdue, sa sœur, sa petite sœur qu’elle chérissait tant n’était plus et ce garçon qu’elle avait aimé dés le premier regard n’était plus celui qui lui donnait envie de se battre. Perdue, sans repère.

Elle s’était dirigé vers la chambre où elle avait couché sa fille dés son entrée dans cet appartement. Elle ouvrit la porte doucement avant de la refermer derrière elle, sa fille ne semblait pas être réveillé bien au contraire elle était la seule à être apaisé dans cette pièce. Se rapprochant de sa fille elle lui enfila pour la seconde fois dans la nuit sans manteau, cette dernière se réveilla ne comprenant pas ce qui se passait. Les lumières éteintes, Marissa ne voulait pas qu’elle la voit ainsi. Alors elle la rassura comme le faisait toutes les mères auprès de leurs enfants, la prenant dans ces bras quelques instants elle la balança contre elle la rassurant. Faith ferma à nouveau ses yeux alors que la jeune femme sortait de la chambre sa fille contre elle, le sac sous la main. Elle fonça dans le couloir, ne se posant même pas la question de savoir où était sa sœur. Elle voulait quitter rapidement cet endroit, elle ne voulait pas la voir, l’entendre. Attrapant sa veste elle ne prit pas le temps de l’enfiler, elle sorti de l’appartement claquant la porte derrière. Arrivant à sa voiture rapidement, se retenant de courir elle ouvrit la porte glissant sa fille dans son siège avant de refermer la porte délicatement. Elle fit le tour de la voiture avant de prendre place à bord de celle-ci et disparaître dans la nuit.