“Brand New Day”

Kaylee & Jude

Les gens disent souvent que le début d’une nouvelle vie se fait simplement. On nous fait croire qu’un claquement de doigts suffit pour changer du tout au tout. Une nouvelle coiffure, un nouveau partenaire, une nouvelle ville... On oublie les vieilles habitudes aussi rapidement que le visage d’un inconnu croisé dans la rue. Les films nous font croire que tout est facile. Nous sommes bercés par des histoires avec des fins heureuses et des situations improbables. On nous en donne tellement, que nous finissons par y croire. Nous voulons alors que notre vie s’organise autour du schéma parfait. Amour, famille, étude, argent, amitié… Nous désirons tout avoir et si possible le plus rapidement possible.

En arrivant à Huntington, je savais pertinemment que ce ne serait pas si simple. Avec Kaylee nous avons décidé de partir, de tout quitter. Ce ne s’est pas fait du jour au lendemain. Il avait fallu régler des détails, se mettre d’accord, avouer nos faiblesses, faire face à la réalité. Et c'est ça qui mène à un véritable nouveau départ : savoir s’avouer que l’on a merdé quelque part et avoir la volonté de corriger.
Ça m’avait sauté aux yeux ce soir-là. Mon regard s’était posé sur mes mains tremblantes, j’avais pris Kaylee dans mes bras et je lui avais soufflé à l’oreille qu’il fallait que l’on arrête tout. Il fallait qu’on parte. New-York n’était pas pour nous. Trop jeunes, trop inconscients… Nous avons voulu profiter de la ville mais c’est elle qui a abusé de nous. Elle nous a consumés, dévorés, transformés.

Nous avons fait la route. Nous avons traversé le pays de part en part. Nous aurions pu faire autrement. Nous aurions pu prendre deux billets d’avion et s’envoler vers la côte Ouest sans se poser de questions. Nous aurions tout acheté sur place. Le prix de vente de ma vieille Jeep aurait payé le billet. Et étant donné que nous n’avions pas beaucoup de meuble à transporter, il n’y avait aucun problème à partir en avion. Sauf que nous voulions de l’aventure. C’était un peu le moment idéal pour se retrouver juste tous les deux. Nous en avions besoin. Une voiture, des paysages qui défilent, de la musique, son rire, l’inconnu du lendemain… C’était parfait. Nous n’étions plus entourés de tous ces buildings. Plus aucun bruit de klaxon ne résonnait à nos oreilles. Il n’y avait que nous deux, rien que nous deux. Nous avons pu parler comme jamais durant ce voyage. Nous avons imaginé notre vie future, établi des plans. Tout n’allait pas se passer comme prévu mais nous nous en moquions. De toute façon, rien ne se passe jamais comme prévu avec nous. Kaylee et moi, nous n’avons jamais connu la simplicité. Entre la fois où elle est venue me chercher en prison après la dispute avec mon père ; la soirée où je l’ai retrouvée dans un appartement sens dessus dessous et cette journée où nous nous sommes retrouvés enfermé dans le foyer de notre lycée durant un ouragan. Rien n’a été simple et rien ne le sera jamais. Mais une chose est sûre, tant que nous sommes ensemble, rien ne pourra nous détruire. Nous pouvons vivre les pires épreuves, je sais que si Kaylee est à mes côtés, j’aurais la force de continuer. Kaylee sait tout de moi, dans les moindres détails. Elle est la seule et l’unique pour qui je n’ai aucun secret. Même ma sœur et mon frère ne connaissent pas toute mon histoire. Kaylee… Il n’y a qu’elle. Je sais que je ne peux compter que sur elle.


Nous sommes ainsi arrivés à Huntington, une ville des plus charmantes. Le climat y est vraiment agréable. La chaleur de Floride m’avait manquée durant ses deux années à New-York. Et je pressens que la Californie m’offrira toute la chaleur dont j’ai envie, avec les orages en moins !
Notre appartement n’est pas très grand. Juste ce qu’il faut. En fait, nous n’avons pas vraiment eu le temps de nous y installer car le propriétaire refait la peinture. Il nous a annoncé que le chantier avait pris un peu de retard et qu’il voulait nous remettre les clés d’un appartement mis à neuf. Traitement de faveur ? Aucune idée mais je sens que ce ne sera pas un propriétaire trop laxiste ou désagréable. Tant mieux ! La seule condition pour que l’entente se fasse comme il faut, c’est que nous ne faisons pas trop de bruit. Pourquoi pas… Ce n’est pas trop nous demander. Nous allons arrêter la fête et ne pas inviter trop de monde à l’appartement. De toute façon étant donné que je ne connais que ma Princesse pour l’instant… Ça ne risque pas de poser trop de problème. À moins que… À moins que ce soit elle qui fasse trop de bruit !

Nous ressortons de l’appartement sans savoir quoi faire. Une fois sur le trottoir, j’attrape Kaylee par les hanches pour venir la prendre dans mes bras. Mes lèvres se déposent avec délicatesse sur les siennes. Mon regard plonge alors dans le sien. Elle est si belle, si parfaite, si rayonnante. Je souris et lui propose alors : « Tu me fais confiance ? J’ai une petite idée pour la suite des évènements… » Je connais déjà sa réponse mais attend tout de même sa confirmation. C’est ma princesse… Et comme tout bon prince, j’attends l’autorisation de la belle pour lui faire faire quoi que ce soit. « Je vais te kidnapper à nouveau ! » Ma main glisse dans la sienne et je l’entraine vers la voiture. Je lui ouvre la porte et l’invite à s’installer. Je monte alors côté conducteur et décide de ne plus rien dire du voyage. Elle peut me poser toutes les questions du monde, je ne dirais pas un mot. Elle peut même utiliser le chantage, ça ne marchera pas.

Je ne connais pas très bien la ville mais je sais que l’océan est dans cette direction. Alors je roule. Je ne prends sans doute pas le chemin le plus court mais ce n’est pas grave. Je regarde Kaylee. « Ferme les yeux s’il te plait. » lui dis-je avant d’arriver. Une fois garer, je lui dis de ne pas bouger, de m’attendre. Je lui ouvre la porte, passe une main sur ses yeux et l’entraine sur la plage. Une fois face à la mer je retire ma main et la laisse contempler les vagues. Nous avons toujours vécu sur la côte Est. Voici une nouvelle étendu bleu. Presque pareil. Sauf qu’ici le soleil se couche au-dessus de l’eau. « Bienvenue à Huntington Beach princesse…»

Nous y voilà enfin, Huntington Beach. Je crois avoir dormi une bonne partie du voyage, j’étais extenuée, clairement. Comme si ces deux années à New-York avaient pompé toute mon énergie. Surtout les jours qui avaient précédé notre départ. Ce n’était plus une vie que nous avions là-bas, mais un cercle vicieux qui se refermait de jours en jours sur nous, pauvre jeunes naïfs que nous sommes. Ce n’était pas la vie dont j’avais rêvée en décidant de partir de Miami à ses côtés, mais rien ne se passe jamais comme je l’avais rêvé. Je peux m’estimer heureuse de l’avoir à mes côtés, lui, ce tout qui me fait tenir debout encore aujourd’hui, qui a les mots qu’il faut pour me rebooster, les gestes pour me faire arrêter de trembler, le regard pour empêcher mes larmes de couler, les baisers pour me faire sourire… Sans Jude, je serais sans doute bien moins forte que je ne le suis aujourd’hui, je me moque de l’avenir et de ce qu’il nous réserve, je n’ai plus peur de ça.

Le ciel gris et la pluie New-Yorkaise laisse désormais place à un beau ciel bleu parsemé de rayons de soleils et à une chaleur californienne qui fait du bien au moral. Dans la voiture, je jette un rapide coup d’œil complice à mon petit ami, et lui sourit doucement. On efface tout et on recommence, ailleurs, avec de nouvelles personnes, un nouveau boulot, un nouvel appartement, rien qu’à nous deux. Comme si enfin, ce dont nous rêvions commençait aujourd’hui. Hier était le dernier jour du reste de nos vie. Et j’espère du plus profond de mon cœur, je prie en silence que cette nouvelle vie que nous allons construire sera encore plus belle, plus colorée que tout ce que nous avons pu vivre jusqu’ici. Les plans que nous faisons en riant de bon cœur dans la Jeep de mon cher et tendre me font baver d’envie, je suis comme une gamine un soir de Noël. Malgré toutes les épreuves que nous avons vécu tous les deux, je crois que je n’échangerais ma vie contre celle de personne d’autre. Finalement.

En descendant de notre fameuse et fidèle Jeep, je manque de vaciller, mes jambes sont toutes engourdies. Je m’étire comme jamais, laissant un râle de soulagement sortir du fond de ma gorge. Sexy non ? Que voulez-vous, il y a des choses qui ne changerons jamais, et je crois que c’est bien mieux ainsi, et pour tout le monde. Après tout, changer de vie ne signifie pas devoir me changer moi. Je ne cesse de sourire tandis que nous sommes sur le palier de l’appartement, il sent la peinture fraiche, le neuf, il représente parfaitement ce que nous sommes en train de reconstruire. J’écoute d’une oreille le proprio nous faire un petit topo sur les conditions, tout en regardant partout autour de moi, en imaginant une plante ici, ou encore une tenture sur ce mur. Oui ce sera parfait. Pas trop de bruit ? Jude se retourne vers moi et j’hoche la tête affirmativement, toujours rêveuse. A mon humble avis, on en reparlera, du bruit.

Les formalités réglées, les clefs en main, et l’heure approximative du retour à l’appartement en poche, nous sortons sur le perron sous le soleil qui tape bien pour une journée bien entamée. Je sens mes pieds décoller légèrement du sol et m’accroche fermement au cou de mon petit copain. Ses baisers sont les plus divins, et même après ces trois années, je ne m’en lasserais jamais ô grand jamais. Dans une douce caresse je passe mes mains sur la barbe de trois jours, qui me fait absolument craquer. Oh non... Ne me regarde pas dans les yeux de cette façon, je serais capable de te sauter dessus, là tout de suite ! « Tu me fais confiance ? J’ai une petite idée pour la suite des évènements… » Je me recule d’un petit pas, sourire au coin des lèvres en fronçant les sourcils d’un air un peu malicieux. J’essaye de deviner ce qu’il peut bien me concocter, parce qu’en matière de surprises, je peux vous assurer qu’il est très, très doué ! « Je crois que niveau confiance, on ne peut pas faire plus qu’aujourd’hui. » Après tout, il est celui que j’ai choisi, le seul qui a su faire battre mon cœur depuis et pendant ces trois années, celui pour qui j’ai tout quitté, celui avec qui j’ai traversé la moitié de l’Amérique…

Et paf ! C’est reparti, il m’annonce me kidnapper. Une nouvelle fois. Comme LA première fois. Je laisse un petit « Ouiiii » toute aigue sortir de ma bouche, et sous ses directives je remonte dans la voiture. Mais attention, je ne suis pas un otage facile moi ! « On va où ? On arrive quand ? Alleeez ! C’est pas drôle je peux même pas te chatouiller sinon on va avoir un accident… C’est encore loin ? Hein dit ? T’as d’beaux yeux tu sais ? Tu veux pas m’dire ? Et si je soulève mon tee-shirt ? » Vous avez dit chiante ? Si peu… Et puis mon homme, il aime ça d’abord, j’en suis sûre ! Et je le vois bien à son petit sourire tout le long du trajet. Mais sur la route il me demande tout à coup de fermer les yeux, ce que je fais, même si les apparences ne laissent pas paraitre, je veux jouer le jeu à fond. Quelques courtes minutes plus tard la voiture s’arrête, je sens sa main prendre la mienne pour me faire descendre et me guider, l’autre est sur mon visage. Je sens le vent caresser doucement mon visage, mes pieds s’enfoncent un peu plus dans le sol. Le bruit des vagues au loin…

« Bienvenue à Huntington Beach princesse…» Mes yeux s’ouvrent doucement, je dois cligner plusieurs fois à cause du soleil qui glisse doucement dans l’eau. Je reste de longues secondes sans qu’aucun son ne sorte de ma bouche. Mon corps est complètement statique. Parce que c’est ici, ici et maintenant. Je m’en rends tout juste compte, pour de bon, pour de vrai. Il est celui qui peut m’ôter les mots de la bouche. Mon bras cherche son corps tandis que mes yeux se perdre dans cette eau turquoise. Ma tête vient se poser tout contre son torse. « On va être bien ici, j’en suis sûre. On le mérite. Regarde ça… » Tout en le serrant fort contre moi je continue de regarder les vagues aller et venir. Du bout de ma chaussure, je dessine un petit cœur dans le sable avec la date d’aujourd’hui juste en dessous. Je sais pertinemment que l’eau viendra l’effacer immédiatement, mais j’aime marquer les choses.

« Tu me fait confiance ? » Dis-je alors avec un sourire en coin ayant soudainement eu une petite idée. Puisque nous sommes plus ou moins en plein remake, autant jouer les choses à fond. Je le lâche soudainement, retire tout ce que j’ai dans mes poches en les jetant dans le sable, et trottine jusque dans l’eau, avec mes chaussures, et sans remonter mon jean que l’eau imprègne immédiatement. Bon, cette fois je ne suis pas tombée dedans, mais on fait avec ce qu’on a non ? Ha nostalgie quand tu nous tiens.

“Brand New Day”

Kaylee & Jude

Un sourire étire peu à peu mes lèvres. Je suis là, un peu derrière Kaylee et j’observe l’océan. Les vagues vont et viennent à un rythme régulier. Le soleil brille de mille feux. Il nous brûle de sa chaleur. Il illumine ce somptueux paysage. C’est magnifique. La mer… On a beau la regarder aussi longtemps qu’on le souhaite, elle s’étire toujours autant. Elle là si agité à nos et si calme au loin. Elle est sereine. Elle envahit la planète comme si elle était reine sur Terre. Rien ne peut l’arrêter. L’eau coule dans notre corps. L’eau fait partie de nous, de nos vies. C’est beau, c’est puissant, c’est fort, c’est insaisissable. L’eau c’est un peu comme la vie. Ça s’écoule sans que l’on puisse l’arrêter. Ça coule encore et encore jusqu’à la dernière goutte. Comme un dernier souffle poussé à la fin d’une vie.

On est bien tous les deux, là face à la mer. J’ai l’impression d’être devant une toile géante. Une œuvre d’art à couper le souffle. Un truc puissant. Le plus puissant que l’on ait jamais pu voir. Et puis j’ai à mes côtés la seule et l’unique, ma raison de vivre. Vous savez ce qu’être amoureux ? Dis comme ça on pourrait croire entendre un petit adolescent dans la fleur de l’âge. Je ne parle de l’amour de vos 15 ans. Je parle du véritable amour. Celui qui vous transforme, vous fait perdre la tête. L’amour c’est pouvoir concevoir la vie à deux, c’est passé son temps à penser à l’autre, c’est prendre soin de l’autre plus que de soi-même. L’amour peut nous faire déplacer des montagnes. L’amour c’est l’arme la plus puissante. Avec lui de notre côté, on est invincible. Rien de grave ne peut nous arriver.
Kaylee est la seule et unique personne à pouvoir me faire ça. J’irais au bout du monde pour elle. Je ferais tout ce qu’elle me demandera. Même si elle me dit de partir, de la laisser seule. Je le ferais. Parce que l’amour c’est penser à l’autre avant soi-même. C’est accepter ce que l’autre souhaite avant nos propres volontés. Et même si cela doit nous faire souffrir. L’amour c’est n’est pas la jalousie. Au contraire celle-ci en est l’exact opposé. Parce l’amour ne doit pas être borné à une simple jalousie. L’amour est plus fort que ça. On comprend les besoins de l’autre. On a confiance en lui et on le laisse vivre sa vie. On le protège sans pour autant nuire à sa liberté.

Là, face à l’océan, je n’ai jamais autant l’impression d’être heureux. Je me sens bien. Je ne saute pas de joie. Mais j’ai tout ce qu’il faut pour mon combler. Je suis avec celle que j’aime. Je suis face à l’océan. Le vent amené par les vagues me fouette le visage. Le soleil frappe ma peau et me fait sentir plus vivant que jamais. L’odeur salée de l’écume des vagues parvient à mes narines et me rappelle des souvenirs d’enfance. Tout est parfait. L’avenir est devant nous. Il est aussi infini que cette étendue bleue. « On va être bien ici, j’en suis sûre. On le mérite. Regarde ça… » dit-elle la tête poser contre mon torse. Ses cheveux volent un peu au vent. Ils viennent me caresser le visage. Je ferme les yeux pour savourer encore plus ses secondes magiques. J’essaye de me souvenir de cet instant. Je veux que ce soit celui que je visualiserai quand je parlerai à nos enfants de notre arrivée à Huntington Beach. On mérite cette vie de bonheur comme le dit si bien Kaylee. On mérite de s’en sortir la tête haute. On a le droit d’avoir une vie lumineuse et remplit de joie.

Kaylee me serre un peu plus. Elle resserre notre étreinte et je m’en délecte. Son parfum vient m’enivrer. Je sais qu’après tout le voyage qu’on a fait, elle est un peu fatiguée, son maquillage n’est pas parfait, sa coiffure non plus… Mais vous savez quoi ? À mes yeux elle restera la plus belle. Je ne vais pas nier qu’il y a des femmes dix fois plus belles qu’elle sur Terre. Il y a des mannequins, des actrices, des chanteuses magnifiques… Mais aucune d’entre elle ne fera autant chavirer mon cœur. Aucune n’a le regard de Kaylee, aucune n’a cette petite étincelle de folie si spéciale. Y en a-t-il une seule qui sourit de cette manière ? Non… Personne n’égalera ce que cette petite blondinette parvient à faire. Elle me transforme. Dès que nos routes se sont croisées, je suis devenu un autre homme. Un mec naturel, sincère, amoureux.

« Tu me fait confiance ? »Je souris en l’entendant répéter mes mots. Si je lui fais confiance ? Bien sûr ! Je la suivrais jusqu’au bout du monde s’il le fallait. Mais ça, je crois que je l’ai déjà dit… Mes yeux se posent dans les siens puis glissent sur son sourire niché au coin de ses lèvres. Qu’a-t-elle en tête.
Elle s’éloigne alors brutalement de moi pour faire tomber tout ce qu’elle a, dans ses poches, sur le sable. Mon sourire s’étend au fur et à mesure. Je comprends bien ce qu’elle va faire. Je m’attends à ce qu’elle retire également ses chaussures. Mais non ! Cette folle se dirige dans l’eau en trottinant. Elle y pénètre ainsi sans réfléchir. Je secoue la tête en la regardant faire. « Grande folle… » Ce n’est qu’un murmure à moi-même. Pourquoi est-ce que j’ai choisi d’aimer la plus folle d’entre tous ? Peut-être par qu’au fond de moi je ne suis pas mieux !

Je la regarde de loin. Elle est trempée. Je secoue la tête mais ne peut rester immobile plus longtemps. Je prends la précaution d’enlever mon tee-shirt. Oui, ça ne servira pas à grand-chose mais si en sortant de l’eau, Kaylee a froid, alors je pourrais lui mettre quelque chose de sec sur les épaules. Une fois mon torse mis à nu, mon portable balancé dans le sable ainsi que mes clés, je commence à courir dans sa direction. Je laisse échapper un cri de guerre. L’eau s’infiltre rapidement dans mes vêtements. L’océan pacifique n’est pas extrêmement chaud mais c’est correct. Je suis un gamin de Floride. Un gamin n’est au bord de la mer et qui se baignait presque tout le temps. Alors peu importe le degré de l’eau, la sensation est toujours aussi agréable.
J’attrape Kaylee par la taille et commence à la faire tourner dans les airs. Ou plutôt dans l’eau… Un rire s’échappe de ma gorge. « Tu es folle… On est fous… Et je t’aime ! » Je crie ses mots au travers du bruit des vagues. Rien ne peut nous arrêter. Nous sommes deux jeunes gens. Notre avenir est à nos pieds.

Mes lèvres se collent avec passion sur celle de ma blondinette. « Ça m’a manqué toute cette spontanéité… »

Je suis trempée et je vais certainement avoir froid en sortant de l’eau plus tard. Mais je m’en moque complètement. C’est bien la dernière chose dont je me soucis d’ailleurs. Je suis bien, je suis heureuse, et je me moque de tout ce qui peut se passer ou arriver maintenant. Je veux profiter, avec celui que j’aime. Je veux continuer de le faire rire, je veux continuer de le rendre heureux, je veux l’aimer encore un peu plus chaque jours… même si l’aimer davantage ne s’appellerais plus de l’amour. Ce serait bien plus encore. Il faudrait inventer un mot bien plus fort que celui-là. Juste pour décrire notre histoire, nos sentiments. Les nôtres, à nous, et à personne d’autre. Je me souviens de ce toit. Ce soir où l’on faisait tout juste connaissance, on s’était jurés d’écrire une très longue histoire, ou plutôt une série d’encyclopédies. C’est ce que nous sommes en train de faire. De plus en plus, et de mieux mieux. On ne s’était pas menti.

Je tourne une fois sur moi-même, les bras écartés, fermant les yeux, mon visage perlant de gouttelettes d’eau. C’est ça, la vraie liberté, se sentir bien, heureux. Comme si on m’avait retiré une énorme épine du pied. Plus personne ne pourra jamais m’atteindre, je me le promets. Je nous le promets. Je sais que Jude ne tardera pas à me rejoindre –peut-être pas tout habillé-. Il n’est pas le genre de garçon à m’empêcher de faire quoi que ce soit, seulement quand il juge mon comportement trop excessif… comme cela peut arriver parfois. Mais il ne sera jamais du genre à être excédé par mon esprit enfantin et complètement fou. Je suis une grande gamine, et j’aime mordre la vie à pleine dent… et jouer avec le feu. Il ne roulera jamais des yeux en tapant du pied parce que soudainement j’ai décidé qu’il était temps de me jeter dans l’océan sans prendre la peine de retirer mes vêtement qui mouilleront, plus tard, les siège de sa Jeep. Mon homme, il serait plus du style à me dire que notre carrosse en à vue bien d’autre.

Je vois au loin, l’expression de son visage. J’avais raison, je continue de le faire rire, et sourire. Son petit hochement de tête veut tout dire et je peux presque lire dans sa tête qu’il se dit que je suis complètement dingue. Il n’a pas tort, et je crois même que c’est pour cela qu’il m’aime. J’ai réellement de la chance d’être tombé sur lui, et pas un autre. Mes cheveux commencent à être humide à force d’éclaboussure, et viennent se coller contre mon visage, je les balaye de mes deux mains, rafraichissant mes joues par la même occasion. Je me languie du moment où il daignera enfin me rejoindre dans cette eau tiède, ou du moins au bord de l’eau. Je n’aime pas être loin de lui. Loin de son corps, loin de son âme. Bon, dans le cas présent j’exagère sans doute un peu, mais c’est pour vous dresser le tableau, que vous vous rendiez compte de tout l’amour que je peux porter à une seule et même personne. Que je peux lui porter. D’un signe de doigt, je lui fais signe de ramener ses petites fesses sexy dans l’eau.

Il enlève son tee-shirt sous mes yeux envieux, laissant apparaitre ses muscles saillant et ses tatouages qui lui donnent ce petit côté « rock » qui me fait absolument fondre. Méfie-toi jeune homme, toi aussi tu commences à jouer avec le feu. Avec mon feu. Voilà, c’est ça, viens vite me rejoindre. Tout en poussant un cri de guerre –il me semble, le même qu’il avait poussé durant la fête de mon ancienne confrérie à Miami- il se met à courir dans ma direction, dans un choc léger, il s’empresse de me prendre dans ses bras pour me faire tourner. Mon sourire redouble, et mes éclats de rire également. Comme si nous étions seuls au monde, à des milliers de kilomètres à la ronde. Il m’aime, il m’embrasse passionnément, et je lui rends bien. « Aujourd’hui, et pour toujours je te promets qu’on sera les plus heureux du monde. C’est notre jour, c’est notre vie. Mr Chamberlain, mon cœur est entièrement à toi. » Lui dit-je alors que mes deux mains sont sur ses joues, et entre deux baisers que je ne peux m’empêcher de déposer sur ses douces lèvres salées par l’océan.

Et alors que mes mains descendent le long de son cou, pour finalement se balader sur son torse mouillé. Un de mes doigts se pose sur la détente du pistolet tatoué au-dessus de son cœur. Je fais mine déclencher la détente, et relève mon regard dans le sien. « Pan ! Ton cœur est à moi. » Susurrais-je. Mes jambes viennent entourer ses hanches. Je voudrais rester comme ça toute ma vie. Arrêter le temps. Je suis totalement envoutée par tout ce qui le concerne, et certaines pensées –que mes parents jugeraient d’absolument déplacé- viennent se balader dans mon esprit. Et cela doit se voir sur mon visage, dans mon regard, dans la façon que j’ai de passer mes mains sur son lui, de mes baisers qui se font sans doute plus… sensuels. Ne serais-ce pas une Jolie façon de fêter notre arrivée ? Bon, je dois tout de même avouer que cela ne me ressemble pas, mais parfois, on a bien du mal à contrôler ces choses-là. « Tu crois que ce serais mal… d’écrire un chapitre totalement inédit de notre histoire ? » Lui demandais-je d’une voix joueuse.

La renaissance. Vous connaissez ce mot ? Nous sommes comme deux phœnix qui renaissent de leurs cendres New-Yorkaise, voilà ce que nous sommes. J’ai la sensation merveilleuse de redécouvrir chaque baiser, chaque caresse sur chaque parcelle de ma peau. Et dieu que c’est agréable. Mes yeux sont fermés, et le temps s’est arrêté autour de nous. Ce sont ces moments-là, ceux qui n’appartiennent qu’à nous qui m’ont tant manqué. Ceux qu’on avait délaissés, mis de côté, pour s’occuper d’autre choses, qui à l’époque, semblait bien plus important. Là-bas, nos caresses n’avaient plus rien à voir. D’ailleurs, nous ne voyons plus rien. Ces souvenirs ne remontent que dans un brouillard épais que je n’arrive pas à évacuer.

Mais aujourd’hui, mon corps, et mon esprit sont bien là, entiers, et non troublé par je ne sais quel procédé. Les frissons sont différents de ceux que j’ai pu connaitre durant deux ans. Ils sont comme la toute première fois, alors qu’il ne me frôlait que tout juste dans une allée de couloir au lycée. Son regard transperçant le mien me fait louper un battement de cœur, tout comme quand je croisais le même à l’époque. Je ne sais pas pour lui, mais pour moi, c’est exactement ce dont j’avais besoin. L’avantage que nous avons ? C’est que nous avons fait des erreurs, comme tout le monde peut en faire, mais dans un tel tourbillon, nous, nous avons réussi à nous en sortir indemne. Et même mieux que ça, nous en sommes sortis plus fort. Je le sens. Dans son cœur que je sens battre contre ma poitrine, je le sais.

Les sourires, et les rires sont de nouveau présents cette fois. De vrais, pas de faux rictus pour faire bien, pour faire croire, pour nous faire croire à nous même que nous sommes heureux. Je n’ai jamais su s’il était aussi fou que ça avant de me connaitre, ou si c’est ma simple influence qui l’a rendu comme ça, mais je l’aime de plus en plus chaque jour. Combien de fois s’est-il foutu de moi en imitant la douleur ? Je ne les compte même plus… Cela me fait rire à mon tour. Et même si l’eau dans laquelle nous nous trouvons commence à se rafraichir au fur et à mesure que le soleil retrouve son lit, moi, j’ai bien ma petite idée pour réchauffer tout ça… Mais comme une grande enfant que je suis, je ne prends pas les commandes directement, je préfère jouer. C’est bien plus drôle.

«Toi aussi tu as envie de faire des roues dans les sables ? » Me dit-il après avoir levé ses yeux de mon tee-shirt tout trempé qui colle à ma peau. Je souris malicieusement en tournant la tête négativement, les lèvres pincées. « Tu veux faire un château de sable ? Ramasser des coquillages ? Manger… du sable ? » A cet instant, j’explose de rire, toujours en répondant négativement. J’aurais voulue rester sérieuse, mais celle-là, je ne ‘y attendais franchement pas. Il m’étonnera donc toujours. « Bronzer ? Courir nue ? M’embrasser ? Me masser ? Me caresser ? Que je t’embrasse ? » Sa voix se fait plus lente, retrouve ce ton grave et suave que j’aime tellement, elle se fait plus basse aussi, pour ne finir que dans un murmure. Et cette fois, je m’arrête de rire, je le regarde droit dans les yeux, sans rien lui dire, sans faire aucun signe, il saura rien qu’en me regardant que c’est exactement ça. « Ici ? » « Ici… » Répétais-je après lui, tout doucement. Mes paupières se referment à nouveau pour savourer ce moment.

Mes jambes n’ont pas quitté ses hanches, et mes bras, le serre contre moi toujours un peu plus fort. Mes doigts se baladent sur sa peau nu et gouttant d’eau salé. Parfois appuyant légèrement plus fort, sans pour autant le griffer jusqu’au sang. Rien ne pouvait être plus parfait… Jusqu’à ce qu’une vague en décide autrement. En moins de dix secondes, elle nous submerge et nous fait perdre l’équilibre pour nous ramener au tout bord. J’ai eu le réflexe de m’accrocher plus fort à cet instant-là. Une fois que celle-ci se retira aussi vite qu’elle était venue, je passe mes mains sur mon visage en rigolant pour enlever tous ces cheveux qui me colle dessus. Je ne sais pas trop comment, mais dans la chute, nous avons atterri de fait en sorte que je me retrouve à califourchon sur lui. « Comme quoi même la nature est de notre côté… » Dis-je tout doucement tandis que je me penchais pour atteindre son cou.

Mes lèvres se posèrent doucement sur son cou, mes baisers se firent de plus en plus langoureux et doux, descendant de plus en plus, sur ses épaules, sur ses clavicules, sur chaque parcelle de sa peau nue. Il était mien. Mes mains parcouraient doucement ses côtes alors que ma bouche s’attardait sur ses pectoraux, mordillant doucement par moment. Je relevais la tête doucement, posant mon menton sur son thorax.  « C’est pas du sable que je veux manger, c’est toi. Tout entier. » Je remonte comme une féline pour attraper ses lèvres avec les miennes et pouvoir jour un peu avec sa langue. Je retire mon tee-shirt qui me gène, et le jette sur le sable. Ma main quant à elle, descend toujours un peu plus, pour finir par bloquer totalement sur le bouton de son jean qui me résiste à cause de la matière mouillé. Faisant abstraction, je continue de l’embrasser, m’acharnant sur l’ouverture. Ca y est, ça m’énerve. « Saloperie de… J'vais y arriver...  Ha ! » Voilà j’y suis arrivée. Maintenant ma main avais la place de se glisser à l’intérieur et…. « Ho ! Bonjour toi. » Dis-je doucement, un air coquin accroché à mon visage.