naughty, you naughty boy ☂ HEATH

Is that a gun in your pocket, or are you just happy to see me?

« Quinze minutes de retard. », lança-t-elle d’une voix étrangement calme, tel un psychopathe attendant sagement l’arrivée de sa prochaine victime dans un noir des plus totaux. Heath avait allumé les lumières de cette chambre qui était sa chambre à coucher et constata que sur son lit, Neela l’attendait sagement. « As-tu réellement oublié ou est-ce une façon de te faire désirer ? », ajouta la brunette d’un air taquin avant de se redresser, se levant finalement pour s’approcher de lui. Ce qu’elle portait ? Une petite tenue qu’elle avait préparée spécialement pour cette occasion…

tenue portée:

FLASHBACK – une heure et demi plus tôt. Villa de Neela Meyers.
Que peut être la parfaite solution contre une soirée qui s’annonçait morose et où on a la sensation que le temps ne passait pas, ou, que très lentement ? Rien de mieux pour se changer les idées qu’une soirée entre amis dans un des bar les plus branchés du coin où on pouvait passer des heures à parler, se lancer des taquineries et des crasses de tous genre. Pour ce genre de plan, un seul endroit en ville semblait pouvoir faire l’affaire : le Wildjam. Heath en était le propriétaire et malgré ce point fort désavantageux aux yeux de la belle, cette dernière avait décidé de s’y rendre. Son plan était simple ; aller sur place, pousser la porte du bar pour y accéder, explorer les lieux et là deux possibilités s’offrirait à elle. Si le monsieur désagréable qui lui servait de voisin s’y trouvait, elle rentrerait chez elle comme elle était venait. Si le monsieur désagréable qui lui servait de voisin ne s’y trouvait pas, elle harcèlerait tout le monde pour la rejoindre, question de faire la fête à l’improviste, comme ça, pour le plaisir. Bon plan, hein, et la mission allait débuter dans… trois… deux… un…
C’était d’ailleurs une heure plutôt précoce, s’il on peut dire ça comme ça, pour faire la fête mais, diable, ça donnerait à Neela le temps de s’organiser et réagir. Bon, son enchaînement logique semblait être exagéré, et il l’était. Mais, quand on a atteint la phase désespoir face à un être pareil, le meilleur serait de totalement l’éviter, ou, dans une monde idyllique, trouver la façon idéal de vous en débarrasser une bonne fois pour toute… Non, ne pensez pas au meurtre, voyons, même si ce petit –et beau- brun avait déjà donné à l’indienne des envies de meurtre, elle ne comptait le tuer. Pas lui, du moins, peut-être tuera-t-elle autre chose en lui… ?, affaire à suivre.
FIN FLASHBACK

Quelques pas les séparer et l’indienne, joueuse comme jamais, le dévorait déjà du regard. Un regard charmeur et qui en disait long sur ces intentions pour cette soirée. « Ou alors, tu t’es tout simplement dit que c’était… », rapprochant son visage du sien, c’est avec une lenteur qu’elle reprit la parole pour terminer sa phrase, « … trop beau pour être vrai. ». Possible. Après tout, ils se connaissaient depuis des mois maintenant et chaque tentative de la part de Heath se vouait à un échec sans précédent. Ce soir, il était tout de même sur le point de réaliser l’un de ses plus grands fantasmes, c’était effectivement trop beau pour être vrai.

FLASHBACK – une heure plus tôt. Wildjam.
Poisse. Il était là, juste devant elle, à croire qu’il avait un radar Neela Meyers, qui lui permettait de détecter le moindre de ses mouvement. C’est ainsi que Heath Wilde, dans toute sa grandeur –sans jeu de mot, hein- avait de nouveau attaqué. La réaction habituelle de la belle brune aurait été de le gronder, lui crier dessus, et s’en aller mais, la jeune femme n’en fit rien. En réalité, elle lui montrait une attitude complétement différente. « Je n’aime pas juger sans savoir, et honnêtement tu m’as tellement tapé sur les nerfs tout ce temps que je te rejetait sans même y penser, alors qu’en dis-tu si je te donnais la chance que tu attendais depuis tout ce temps ?... Chez toi, dans 45 minutes ? ». Elle était après tout une femme et avait besoin de se préparer pour l’occasion.
FIN DU FLASHBACK.

Se reculant de lui, Neela alla se poser au bord du lit, attendant de voir les réactions de Heath. « Je te trouve étrangement silencieux tout d’un coup. N’as-tu donc pas de belles paroles pour te mettre en avant comme tu as l’habitude de le faire ?. »

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Vingt quatre ans: Heath Wilde, jeune nouveau maître de la finance californienne. Au sortir d’un dîner d’affaire, encore (plus ou moins) innocent, il avait eu la bonne surprise de tomber nez à nez avec une jeune femme très peu vêtue à l’arrière de sa moto. Il l’avait vue au même dîner, quelques dizaines de minutes plus tôt à peine. Ils avaient longuement discuté. Encore raisonnable, il avait cru qu’il faudrait au moins quelques heures de baratin de plus pour avoir l’espoir de la mettre dans sa lit. Et bien, non.
Trente ans: Heath Wilde, moins jeune maître de la finance californienne. Rien que pour le fun, il avait engagé une secrétaire. Ni lui ni elle n’avaient jamais tout à fait compris en quoi consistait également son boulot. En tous cas, elle était belle, en tous cas, ils se plaisaient, et en tous cas, ils avaient compris le côté extrêmement érotique de l’ensemble bureau-dossiers-téléphone-lunettes. C’était plutôt sympathique, toujours imaginatif, et sans prise de tête.
Trente-cinq ans: Heath Wilde, définitivement de moins en moins jeune maître de la finance californienne. Plein aux as, sûr de lui. Il y avait cette étudiante du coin, en doctorat d’économie. Il l’avait rencontrée à une conférence improvisée à l’université d’Huntington Beach, où il était pourtant fin bourré. Elle avait décrété qu’elle voulait l’observer pendant quelques jours, juste comme ça, pour études. Sauf qu’elle l’appelait «professeur» en battant des cils, et que merde, il n’était qu’un homme. Les journaux du coin en avaient fait leurs choux-gras, mais ça avait fini par se tasser. Et lui, il avait vécu le fantasme millénaire de l’étudiante faussement prude.
Résultat de ces aventures? Il était arrivé à la conclusion que, lorsque l’on a atteint une certaine quantité d’argent sur le compte en banque et que cela se voit, on vit dans un long film pornographique. Régulièrement, il avait pensé à la liste qu’il tenait adolescent des aventures érotiques à vivre avant de devenir impotent, incontinent et PIRE! impuissant. Et bien, mine de rien, il en aurait eu, des cases à cocher s’il l’avait conservée. Hélas, il ne l’avait pas fait. C’était un poil trop dangereux - elle aurait pu être découverte, et condamner à tout jamais sa propre avancée. Quand on est un homme en pleine possession de ses moyens, que plus encore que la bonne chaire on aime la bonne chair, on ne prend pas ce genre de risques. Il l’aimait, son petit délire classé X. Il lui était même arrivé (après quelques rails de coke) de lui donner un nom: X Wilde. Beaucoup, beaucoup trop proche des sonorités de «Heath Wilde» pour que cela ne soit pas un signe du destin.

Alors quand Neela Meyers, ce soir là, avait débarqué au Wildjam toute poitrine dehors, il n’avait pu s’empêcher de hausser un sourcil intéressé. Non, il n’avait pas vraiment flairé l’arnaque sur le coup. Il faut dire que la jeune femme avait de très gros arguments, du chien, et de façon générale n’aurait absolument pas fait tache au casting de X Wilde. Pendant les quarante-cinq minutes de délais qui lui avaient été imparties, il avait cependant été pris d’un vague doute. Après tout, quelques jours plus tôt à peine, elle avait eu l’air d’être prête à l’exécuter sur la place publique. Il faut dire qu’il l’avait cherché... mais, bref, il avait renoncé à la mettre dans son lit. Quand il commençait à devenir ouvertement un goujat avec une femme, cela voulait dire qu’il était conscient que le kawabunga était mort et enterré. Soit.
Et bien en fait non.
Il était, du coup, un peu en retard. Mais il était là, et il était chaud comme la braise.

Et merde, c’était probablement la scène clé de X Wilde. Scène improvisée, mais scène clé. Tant et si bien qu’il resta con quelques minutes, les yeux rivés sur la déesse qui l’attendait sur son lit. Il songea à une, deux choses à dire. Mais elles étaient un poil trop grasses pour la situation et pour l’ensemble de sous-vêtements qui lui disait «coucou!» depuis son lit. Alors il passa une main à son front. Puis il se pinça l’avant-bras. Et, comme la jeune femme ne cessait pas de parler et qu’il n’avait pas l’air d’être en train de rêver, il retira sa veste et la laissa, seule et abandonnée, sur le dossier d’un fauteuil.
Il avait certainement sous-estimé sous tour de poitrine, la dernière fois. Merde, elle était magnifique. Toujours taraudé d’un léger doute, cependant, il pencha un peu la tête: «Que me vaut cet honneur? Tu avais parue bien sceptique quant à mon sex-appeal légendaire, la dernière fois» - et c’était peu dire. Et puis merde, tant pis pour les scrupules. On ne dit pas non à un paquet-cadeau indien en petite tenue. Toute petite tenue. Il retira également ses sacrosaintes (inutiles) lunettes de soleil. Peut-être qu’il n’avait tout simplement pas eu si tord que ça en la renommant doctoresse cochonne? «Je suppose que mon anniversaire est en avance cette année.»

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Cet homme était semblable à un cauchemar. Un harcèlement sexuel continuel sur pieds qui n’arrêtait pas de la frapper en plein visage à chaque fois qu’elle le rencontrait. Ce soir, elle allait y mettre un terme et jusqu’ici tout semblait parfaitement aller. Tant pis si c’était son voisin insupportable. Tant pis s’il était le grand frère du suppérieur de Neela au travail. Tant pis encore s’il était le meilleur ami de son père et que ce qui risquait de se passer ici soir, pouvait mettre fin à leur amitié également. En pensant à ça, la brunette se demandait si Heath savait qui elle était pour Liam Meyers. Après tout, ce nom de famille était peu commun ici et les deux hommes d’affaires étaient si proche, Big M lui a peut-être déjà raconté l’histoire de sa vie, et Heath a peut-être fait le lien avec elle. Neela Meyers, 27 ans, a perdu sa mère encore jeune et a déménagé avec son père à Londres avant de le quitter pour Huntington Beach. Son père avait aussi décidé de la suivre jusqu’ici. Alors oui, il y avait de fortes chances mais, elle s’en fichait un peu. Au pire, la brunette lui posera la question, plus tard, pour ne rien gâcher au fil des événements mais, si tel était le cas, s’il savait et qu’il acceptait tout de même la situation… Belle amitié !

Etait-ce trop beau pour être vrai ? Oui, absolument, surtout que derrière tout ceci, la belle indienne cachait une autre idée et la situation qui s’annonçait être merveilleuse pour Heath, risquait à tout moment de basculer pour devenir encore plus merveilleuse… pour Neela. «Que me vaut cet honneur? Tu avais parue bien sceptique quant à mon sex-appeal légendaire, la dernière fois». Toujours assise au bord du lit, c’est avec le maniérisme gracieux d’une réelle déesse qu’elle croisa les jambes, ne quittant point sa proie du regard. « Et qui te dit que je ne le suis plus ? Je doute toujours de ton sex-appeal, dit légendaire mais, … » , s’arrêtant de parler, la belle brune laissa quelques secondes s’écouler avant de reprendre. « Vois-tu, je n’aime pas l’injustice, et je dois t’avouer qu’en repensant à notre dernière entrevue, j’ai réalisé être très, très, injuste à ton égard. C’est le fait que je sois si sceptique qui me ramène ici ce soir. Tu voulais avoir une chance de me prouver que j’avais tort, alors, épate-moi… » . Ornant tout d’un sourire qui se voulait charmeur, elle se disait qu’il lui fallait que peu pour venir vers elle. Il s’était déjà débarrassé de sa veste et de ses lunettes de soleil inutiles, il n’était donc que question de temps avant que le reste de ses habilles aillent les rejoindre. «Je suppose que mon anniversaire est en avance cette année.». Elle gardait toujours le sourire. « J’espère alors que ton anniversaire en avance te rendra un brin moins ringard… tes lunettes sont ridicules soit dit en passant. » . Sur le point de coucher ensemble ou pas, Neela ne changerait pas de ses habitudes. Le ridiculiser verbalement en faisait partie. De toute façon, rien qu’elle ne puisse dire ne risque de refroidir cet homme qui avait l’air d’être très… chaud. Normal, qui ne le serait pas avec une vue pareille, sur une femme pareille et dans une tenue pareille. Loin d’elle l’idée de se montrer arrogante, la jeune indienne était tout de même consciente de ses atouts et n’allait pas hésiter à les mettre en avant. D’ailleurs, à voir le regard de Heath posé sur elle, Neela était clairement sur le bon chemin et bientôt, ce qu’elle voulait obtenir depuis un instant allait arriver… Et non, ce n’était pas ça mais autre chose. « Qu’attends-tu ? Viens me chercher ! » . Ne bougeant pas d’un poil, elle l’aguichait silencieusement du retard et attendait, qu’il se décide enfin à l’approcher. Dans une situation pareille, elle préférait le laisser croire qu’il avait tout en main, qu’il était le chasseur, et elle la proie, ainsi que le moment propice arrivera, et quand la donne changera, ça sera à des degrés plus intéressant.

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Croyez-le ou non, mais le cerveau de Heath Wilde tournait à pleine vitesse. Oui, vraiment. Il était peut-être le mec qui avait mis au point un scénario mental de film porno pour chaque seconde de sa vie, il était peut-être le mec qui avait été affligeant au point de lui donner un titre, mais il n’était pas totalement stupide non plus. Quarante-deux ans d’existence, ça ne donne pas toujours de l’intelligence mais au moins ça donne de l’expérience - une chose dont il pouvait se vanter. Et les choses n’étaient... que rarement si faciles. Et encore, c’était un euphémisme dans le cas de Neela Meyers. Elle l’avait positivement jeté, la dernière fois. Après son rendre-dedans provocateur. Elle ne l’avait pas maudit sur cinq générations, mais c’était peut-être - sûrement - seulement parce qu’elle osait espérer que jamais, ô grand jamais il ne se reproduirait. Quel revirement de situation. Il en était presque tenté de penser qu’il était en train de dormir - mais ne préférait pas se laisser aller à cette supposition, dans la mesure où il serait susceptible d’adopter une attitude BIEN trop libre et BIEN trop débridée au goût de la jeune femme, si par malheur elle n’était pas un songe.
Ou alors la drogue et l’alcool le rattrapaient? C’était peut-être ça, après tout, ce qu’ils appelaient le Delirium Tremens... Après tout, elle avait dit: « Vois-tu, je n’aime pas l’injustice, et je dois t’avouer qu’en repensant à notre dernière entrevue, j’ai réalisé être très, très, injuste à ton égard. C’est le fait que je sois si sceptique qui me ramène ici ce soir. Tu voulais avoir une chance de me prouver que j’avais tort, alors, épate-moi… » Et lui, il avait haussé un sourcil. Cet argument, qui dans la forme avait bien tout d’un véritable et solide argument, lui paraissait intensément... louche? Il ne put s’empêcher de le formuler à haute voix, presque malgré lui: «Tu vas, en quelques sortes, coucher avec moi au nom de la logique, de la science, et de la domination de l’expérience sur le sentiment?» Il y eut un temps de silence, à peine une seconde, puis il reprit: «Pas que je m’en plaigne spécialement, hein. Et puis je ne suis qu’un homme. Même si c’est une raison bizarre, je vais finir par craquer. C’est la biologie qui veut ça, ô madame Doctoresse Cochonne». A cet instant, le doute était encore perceptible dans son ton et dans son attitude. Il était parfois un peu impulsif - il n’était pas nécessairement crédule pour autant. Mais la prochaine réplique de Neela Meyers contribua un peu plus à le convaincre. Pas totalement, mais assez pour qu’il prenne le risque.
Parce qu’elle avait dit que ses lunettes étaient ridicules. Ce qui voulait dire qu’elle était encore un tant soit peu elle-même - donc il n’y avait pas de GHB dans cette histoire. Et si cela avait été une mauvaise - très mauvaise - blague, et bien elle aurait peut-être un poil plus cherché à être gentille avec lui. Il haussa les épaules, entama, la tête prise dans ces pensées, de défaire sa chemise. Et puis même s’il y avait encore anguille sous roche - voire même, dans une situation pareille, un petit peu baleine sous gravier -, il était quelqu’un de téméraire par nature. Aventureux, si vous préférez. Et un fervent croyant en la devise selon laquelle ce qui ne le tuait pas le rendait plus fort - et s’il y avait une chance sur un million, voire même une chance sur un milliard, pour qu’il ait l’occasion de vérifier par lui-même si son médecin avait ou non fait refaire ces seins scandaleusement énormes, il n’allait pas cracher dessus.
Loin de là.
Sur l’instant, elle n’eut même pas une pensée pour ce pauvre type qui avait débarqué chez lui quelques jours plus tôt. Un certain Tyler. Il avait oublié son nom de famille, mais ce n’était qu’un détail - il retenait généralement l’idée sous le nom «Tyler LeMecQuiAFailliTuerMonChien». Et bien, Tyler était a priori un ex petit ami de Neela Meyers. Et il cherchait à la fuir.
Ce n’était peut-être pas pour rien. Il aurait peut-être dû un peu plus se méfier.
Mais il avait déjà retiré sa chemise, puis ses chaussures, puis sa ceinture. Il n’y avait plus que son jean, en équilibre précaire sur ses hanches. Et son cerveau qui se déconnectait peu à peu pour laisser la place à l’instinct, comme à chaque fois qu’il se retrouvait en face d’atouts féminins opulents et bien placés. A présent, il était sur le rebord du lit. Elle le regardait toujours, aguicheuse, définitivement louche, mais aussi définitivement belle. Ils n’étaient plus très loin l’un de l’autre maintenant. A portée de main. Il pencha un peu la tête. «Pourquoi ai-je l’impression de tomber dans un piège sordide? Pas comme si j’en avais vraiment quelque chose à faire, d’ailleurs.» Sérieusement, vous aviez vu sa tenue un peu aussi? Il s’approcha encore un peu, grimpant sur le lit. S’il était encore interrogatif, pour la forme, il était aussi définitivement pris au piège.

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Pour le convaincre, Neela devait rester elle-même. Ne pas changer d’attitude, ne pas devenir plus mielleuse qu’elle ne le devrait et surtout, garder la même façon de lui parler qu’elle a l’habitude d’avoir en s’adressant à lui. Au moins ainsi la situation pourrait paraitre moins louche. Et pour consolider cette décision qui était pour le moins des plus surprenantes pour ce pauvre Heath Wilde, la belle indienne ajouta un argument qui, techniquement, était d’une logique et d’une philosophie profonde. «Tu vas, en quelques sortes, coucher avec moi au nom de la logique, de la science, et de la domination de l’expérience sur le sentiment?». Quoi ? Il osait doutait ? Le con. «Pas que je m’en plaigne spécialement, hein. Et puis je ne suis qu’un homme. Même si c’est une raison bizarre, je vais finir par craquer. C’est la biologie qui veut ça, ô madame Doctoresse Cochonne». Ah, ça va, c’est vrai qu’il pouvait douter mais il n’était pas assez puissant pour laisser son doute l’emporter. Gagné, surtout quand on voyait tout ce que Neela lui avait déjà dit et toutes les conversations qu’ils avaient déjà eu auparavant. « C’est exactement ça, oui. Et puis il y a aussi le fait que je suis, comme votre sexe le dirait, en manque. Il n’y a pas que les hommes qui ont ce genre d’envies, tu sais. » . FAUX !, elle ne l’était pas du tout et encore moins avec un homme comme Noah. Mais, ça, Heath n’avait pas besoin de le savoir. Il n’avait pas besoin de savoir tout sur la vie sentimentale de sa voisine. « Alors j’ai vu et revu la situation dans ma tête, et je me suis dit si tes paroles sont vraies, ça peut être plutôt pas mal comme expérience. D’un côté tu réalises un, voire plusieurs, de tes petits fantasmes, et d’un autre, je n’ai pas à me mettre nue devant un total inconnu. Puis l’idée de faire de toi mon petit objet ne me déplairait pas. » . C’était peut-être plus logique comme ça ? Puis l’argument d’avoir certain besoins à combler devait certainement l’emporter sur la science et la logique. Il devait le savoir lui, il était un homme et habituellement, les hommes avaient plus ce genre de besoins que les femmes. Et l’autre argument qu’elle lui fournissait était son envie cachée de le dominer, lui prouver qui était l’homme dans cette situation, et tous ces bobards. Vu le caractère de Neela, et vu ce que Heath sait de Neela, ça devrait le convaincre un peu plus. « Par contre, le Doctoresse Cochonne, évite. Ça refroidit vite ! » . Tout ceci n’était peut-être qu’un jeu pour elle, un énorme show qu’elle jouait pour faire tomber Heath dans un piège qu’il avait tissé le jour où il a décidé de jeter son dévolu sur elle, mais, comédie ou non, les petits surnoms déplacés n’était pas du goût du petit curry enflammé qu’elle était.

«Pourquoi ai-je l’impression de tomber dans un piège sordide? Pas comme si j’en avais vraiment quelque chose à faire, d’ailleurs.». Un rire échappé aux lèvres de la brunette qui le regardait avec ce même air malicieux que Heath pouvait véritablement qualifier de doctoresse cochonne. Il avait raison. Il tombait dans un piège sordide mais ce n’était pas entièrement de sa faute. C’était de sa faute que Neela ait pensé à ça comme sorte d’humiliation mais, ce n’était pas sa faute d’y tomber. Après tout, la jeune femme avait tout calculé, tout préparé minutieusement pour qu’il n’ait pas le droit au doute, et même s’il doutait, pour qu’il n’ait pas le droit de la repousser. Franchement, qui repousserait une femme pareille ? Ce n’était pour faire preuve de vantardise ou égocentrisme mais, les hommes étaient plutôt facilement manipulables quand il s’agissait de ça… de coucher… de réaliser un fantasme. C’était un risque que Heath prenait et qui surement serait fatale pour son ego mais, tant pis pour lui. « Dans un sens, tu l’es. Les femmes, en littérature, sont souvent décrites comme étant le fruit interdit, le paradis du diable. De toute façon, l'homme n'est jamais gagnant dans le duel sexuel. La femme lui est fatale. » , sur ces paroles, elle avait décidé d’attaquer, ne lui laissant même plus le temps de réfléchir à ces paroles qui étaient clairement un signe alarmant. Alors, à défaut de pouvoir le saisir de son col de chemise qu’il avait déjà enlevé, la belle brune accrocha sa main au haut de son jean pour le tirer brusquement vers elle, que leurs corps se rapprochent, que leurs visages se rapprochent. La brunette n’était pas là pour jouer, elle était là pour un but précis et le plus tôt elle y arrivera, le plus tôt elle pourra filer d’ici. « Alors ? Tu choisis quoi ? Goûter au fruit interdit ou faire ton trouillard et fuir tant que tu as encore l’occasion ? » . Dit-elle d’un ton extrêmement provocateur alors que ses lèvres s’arrêtaient à quelques millimètres de celles de sa « proie ». Elle pouvait toujours le laisser profiter un peu, mener le jeu pour croire qu’il avait le dessus, avant de tout renverser… Tout faisait partie de son plan.

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La vérité était qu’il était perdu.

La prudence la plus élémentaire lui disait de partir, maintenant. Ce qui était un peu con en soi dans la mesure où il était chez lui, et que théoriquement on ne fuyait pas sa propre maison - sauf dans les films d’horreur, et les films d’horreur prenaient rarement une telle apparence de film érotique du dimanche soir. Il n’était pas vraiment le mec stupide que la moitié de la ville pensait qu’il était, il savait qu’il y avait quelque chose de vraiment extrêmement louche dans toute cette histoire et ce brutal retournement de situation. Mais il était simplement perdu. Joan l’avait laissé quelque part entre ses vieilles certitudes et un destin qu’il ne soupçonnait même pas - alors oui, il était simplement perdu. Et il y avait ce mécanisme, vieux comme le monde, qu’il adoptait depuis toujours quand il ne savait plus quoi faire, plus quoi penser. Il se laissait simplement aller. Il se laissait porter, et peu importe si c’était par un regard, par la drogue, par l’alcool, par un corps - il se laissait porter par le cours des évènements, et advienne que pourra. Ce qu’il savait, c’est qu’il y avait toujours survécu. Alors c’était une façon de réagir comme une autre, non?

Oh et puis merde, tant pis pour le sentimentalisme à deux balles. Il n’y avait même pas techniquement besoin de raisons pour bondir là maintenant tout de suite sur la femme qui l’attendait dans son lit. Pourquoi? Parce qu’elle l’attendait en petite tenue dans son lit, putain! Et c’était suffisant pour convaincre n’importe qui. Et tant pis si c’était (un peu) (beaucoup) (vraiment beaucoup trop) beau pour être vrai. S’il était en train de rêver, c’était peut être encore un peu mieux, parce que au moins ça n’aurait strictement aucun répercussion sur sa vie (pensée pour son petit frère, supérieur de la jeune femme, qui devait sûrement être en train de lever les yeux au ciel quelque part dans Huntington Beach). Bref, il n’avait pas à se plaindre. Du tout. Rêve ou pas rêve, il allait oublier pour quelques heures que la femme de sa vie avait, justement, décidé de faire un retour fracassant dans sa vie.

Alors il haussa les sourcils. Et à l’explication, légèrement bancale, de la jeune femme il répondit simplement: «Oh. Et bien voilà que je me découvre grand orateur. Des dizaines de personne vont te haïr pour avoir ajouté ça à la grande liste de raisons pour laquelle j’ai un ego surdéveloppé. Merci pour eux.». Et tant pis si elle ne digérait a priori pas le coup de la doctoresse cochonne - après tout, il n’y a que la vérité qui fâche. Et elle ne l’aidait pas vraiment à changer de vision sur sa personne en se foutant ainsi à moitié à poil , à l’improviste, sur ses draps. Tant pis pour elle.

« Dans un sens, tu l’es. Les femmes, en littérature, sont souvent décrites comme étant le fruit interdit, le paradis du diable. De toute façon, l'homme n'est jamais gagnant dans le duel sexuel. La femme lui est fatale. ». A cette remarque, il manqua de rire. Généralement, il ignorait tout simplement ce type de remarque féministe. Mais sur le coup, il n’avait pas pu s’empêcher de penser qu’elle avait tord. Il avait derrière lui quarante-deux ans d’expériences contraire. Allez, peut-être pas quarante-deux ans, il n’était pas devenu un lapin dès sa naissance - disons vingt-cinq ans. Neela se trompait si elle pensait pouvoir le rentrer dans la catégorie qu’elle décrivait. Il était généralement trop indifférent - trop purement physique - pour être ainsi vaincu dans le «duel sexuel». Il n’y avait que Joan. Là encore. Elle était la seule à pouvoir se targuer d’être capable de le «vaincre», même s’il ne s’était rien passé de physique. Le reste du temps, il prenait simplement du plaisir. Ca n’allait pas plus loin. Et c’était bien ce qu’il allait faire. Etre le jouet sexuel d’une femme qui se disait en manque ne le dérangeait pas, ne le rabaissait pas. Parce qu’il ne s’agissait pas de sentiments. Alors il releva la tête. Eut un sourire. «Erreur. Je suis ni Adam, ni Eve. Je suis plutôt du genre à pas me faire prier pour croquer cette connerie de pomme» Elle était là - à quelques centimètres de lui, à peine, et elle était désirable. Alors une fois encore, il s’offrit le luxe d’arrêter de penser - et combla la distance. Croqua le fruit interdit (interdit pour qui? Sûrement pas pour lui). Et puis merde au scrupule. «Heath Wilde n’a jamais, jamais été un trouillard, ça ne commencera pas aujourd’hui».

Alors il l’embrassait. Il avait porté ses mains à son jean pour en dégager l’emprise de la jeune femme et commencer à en défaire les dernières fermetures. Il maudissait intérieurement le quelconque créateur qui avait eu l’idée à la con de faire des sous-vêtements aussi foutrement affriolants. Et envoyait se faire foutre les derniers doutes qu’il pouvait avoir sur l’issue de cette entrevue alors qu’il sentait contre sa joue la peau de la seule et unique doctoresse cochonne.

Ouais. Enfin de compte, il était peut-être, fondamentalement, un simple mammifère. Mais si elle l’était aussi... Il n’allait pas se faire prier pour en profiter.

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