HUNTINGTON BEACH ™
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 Future Starts Slow l Donogger

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MessageSujet: Future Starts Slow l Donogger   Future Starts Slow l Donogger EmptyLun 30 Sep 2013 - 3:12

- You can blow what's left of my right mind -
You can holler, you can wail, you can swing, you can flail, you can fuck like a broken sail. But I'll never give you up, if I ever give you up my heart will surely fail. No longing for the moonlight, no longing for the sun, no longer will I curse the bad I've done. If there's a time when your feelings gone, I wanna feel it


 C’était un soir comme un autre au Penthouse.
Le club était bondé aujourd’hui. Elle avait pris son poste avec relativement peu de retard, mais aussi avec un sourire flamboyant qui faisait oublier au monde entier qu’elle n’était pas à l’heure. Elle empochait les pourboires en deux, trois battements de cil. Servait des cocktails, non sans oublier de s’en garder quelques uns pour elle, en douce, derrière le bar. Plus rien d’autre ne comptait, sinon ce sentiment absurde de légèreté que lui donnait le fait d’être regardée. Admirée. Appréciée. Elle s’était levée insouciante - toute entière à cette routine nouvelle qui s’était construite à son retour à Huntington Beach, à cette vie d’une seule ville qui finalement, peut-être, avait ses avantages. Elle avait un job. Elle gagnait de l’argent. Elle collectionnait toujours les hommes. Elle avait gardé tout autour d’elle cette aura de liberté absolue, celle qui faisait son charme. Alors, c’était un soir comme un autre au Penthouse - et avoir des habitudes n’était peut-être pas si horrible, elle se sentait à nouveau capable d’avancer.
Jagger aimait à se faire croire que tout allait bien. Que oui, elle ne pensait plus au Hometown, que rien ne s’y était passé, que sa vie avait repris son cours, qu’elle avait tourné cette foutue page. Valsant entre les tables et les strip-teaseuses, un plateau en équilibre précaire au bout de son bras, elle se payait même le luxe de penser qu’elle pourrait retourner dans le café et ne pas être bouffée par la peur de constater que quelque chose avait changé. Mais c’était peut-être simplement parce qu’elle était un peu ivre. Et qu’un mois tout entier s’était écoulé. Et qu’entre temps elle avait entretenu l’illusion de la normalité - c’est à dire qu’elle avait recommencé à sortir, à boire, à danser avec des hommes, à faire l’amour avec des hommes. Des femmes, aussi. Elle avait accumulé assez de temps sans être bouffée par cette obsession, le souvenir de Donovan, de son corps, de sa bouche. C’était un soir comme un autre au Penthouse et elle était à nouveau elle-même. 
Elle y songeait, sereine, alors qu’elle déposait quatre whiskys sur la table de quelconques pervers. Elle avait aux lèvres ce très léger sourire absent, un peu narquois, aussi. Celui d’une femme qui se sait indépendante, et qui savoure cette idée avec délice. Elle ne souleva même pas le regard que l’un d’entre eux avait jeté sur son décolleté - c’étaient les règles du jeu, et en quelques sortes son gagne-pain. Tout allait bien. Prenant son air de barmaid impatiente, elle attendit, la main tendue, qu’on lui donne ce qui lui était du - et elle n’était pas du genre à s’offusquer d’obtenir un peu plus que ce qui était justement dû parce qu’elle était habillée de telle ou telle façon. Au contraire. Quelques instants encore et elle les saluait d’un vague signe de la tête, leur souhaitait une bonne soirée, et retournait vers le comptoir non sans avoir donné une claque sonore sur la fesse de la strip-teaseuse la plus proche. No offense. C’était une amie.
Elle laissa enfin tomber le plateau vide derrière le bar, et d’un grand signe de la main demanda à sa collègue de la rejoindre. A moitié gesticulant, à moitié hurlant, histoire de couvrir le vacarme ambiant qui régnait dans le Penthouse, elle parvint à lui faire comprendre qu’elle prenait sa pause et qu’elle allait s’encrasser les poumons dehors. Aussitôt fait, elle s’installa pour quelques instants sur l’une des chaises histoire d’extraire de son sac à main son paquet de cigarettes, son briquet, bref le nécessaire vital à sa survie. Mais quand elle releva les yeux, elle croisa un regard.
Peut-être qu’elle le soutint un peu plus longtemps que nécessaire. Mais c’était parce qu’elle avait bu plus que de raison pour une théorique employée du club. Toujours était-il qu’il la fixait, il la fixait réellement, avec quelque chose comme une obsession qui lui noua légèrement la gorge. Mais elle était une grande fille. Et puis ce n’était pas comme si elle était une strip-teaseuse - non, elle faisait partie de l’autre moitié des femmes du Penthouse, celle qui ne se déshabillait pas et empochait presque autant d’argent, merci bien. Elle avait peu de dignité quand il s’agissait de se mettre toute nue, mais elle avait au moins celle de ne pas le faire en public. Alors on ne la harcelait pas. Ou alors on changeait vite de cible, aussitôt qu’un quelconque string pailleté traversait la pièce. Bref - c’est totalement insouciante qu’elle poussa la porte du Penthouse pour parvenir à la rue, et, faisant quelques pas pour s’éloigner des videurs et avoir la paix, alluma une cigarette. Seule. Tranquille.
Sauf que non.
Monsieur Regard Pervers avait a priori décidé de la suivre, et venait de se pencher (un peu trop) vers elle (et ses seins) pour lui demander, à grand renfort d’haleine alcoolisée: «T’as pas du feu par hasard?». Sublime entrée en matière. Elle leva les yeux au ciel, et lui tendit le briquet: «T’es conscient que j’ai un visage au-dessus de cette poitrine, hein?». Si il y avait une chose que Jagger Dickens savait faire, c’était être froide et sarcastique lorsqu’elle voulait qu’on lui foute la paix (et beaucoup moins froide et sarcastique quand elle était tout à fait d’accord pour aller plus loin qu’un simple partage de briquet) - et en général, cela marchait. Sauf que là, non. «Ouais. T’as de beaux yeux d’ailleurs. Un peu trop grands, un peu flippants, mais putain de sexy.»
On ne pouvait pas tous être des pros de la drague. Elle leva les dits yeux (flippants) au ciel en espérant que cette fois-ci son absence de motivation pour quoi que ce soit de sexuel avec un ivrogne serait bien transmise au dit ivrogne. Sauf qu’il revint à la charge. «T’es une strip-teaseuse?». Bon sang, il avait vraiment besoin qu’on lui remette les yeux en face des trous celui là. Sauf que dans la mesure du possible, elle préférait ne pas avoir à lui foutre son poing dans la gueule - elle perdrait sa cigarette dans le processus, et l’augmentation du prix du tabac n’allait pas du tout dans ce sens là. Alors elle se contenta de le faire verbalement. «Est-ce que j’ai l’air de me trimballer en string leopard? De toute évidence, non. Alors va me faire le plaisir de demander au videur s’il se trimballe lui en string leopard.» Voilà, si avec ça il n’avait pas compris, elle voulait bien se dam... «Tu serais super bonne en string leopard».
Bon.
C’allait être une fort peu relaxante pause cigarette. 
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MessageSujet: Re: Future Starts Slow l Donogger   Future Starts Slow l Donogger EmptyMar 1 Oct 2013 - 2:40

“And I won't back down, I won't turn around and around. And I won't back down, doesn't matter what comes crashing down I'm still gonna stand my solid ground! And I sing hallelujah ripped through my veins. I heard the hammer drop, my blood in the rain... When all is lost, all is left to gain”


Mon petit stop à Huntington s'était transformé en séjour prolongé, très prolongé en fait. Le plan de départ c'était de rester ici le temps de me refaire, de renflouer les caisses, de me mettre quelques biffetons dans les poches, vous voyez le truc. Seulement voilà, ma route ayant à nouveau croisé celle de Jagger j'avais dû faire quelques changements de programme. J'avais juré que si je la retrouvais un jour je ne la laisserais plus m'échapper, je ne pouvais tout bonnement pas me résoudre à reprendre la route sans regarder en arrière. La dernière conversation en date que nous avions eu avait été plutôt claire pour ma part. Je la voulais à nouveau à moi et il était hors de question que je reparte si ce n'était pas avec elle. Elle avait besoin de temps, d'espace, je pouvais le comprendre. Loin de moi l'idée d'être un salaud égoïste, j'allais lui donner tout le temps et tout l'espace dont elle avait besoin, du moins j'allais lui en donner l'illusion. Un mois. Il s'était écoulé un mois depuis notre scène au café, et pas un mot de sa part.  Mon être tout entier mourait pourtant d'envie de la revoir et de remettre le couvert. Elle avait recommencé à me manquer la minute même où elle avait franchi la porte du café pour repartir de là où elle venait, mes lèvres gardaient encore le goût de son dernier baiser, et le soir quand l'obscurité envahissait mon esprit je me posais sur la plage et je pensais à elle, à mes mains balayant son corps nu, ce corps si parfait qu'elle m'avait offert à nouveau. J'en voulais d'avantage, mais elle n'était pas prête. Alors je me contentais de rejouer dans ma tête ce moment-là sur le comptoir du café, et tout les moments précédents que nous avions eu, je me consolais en me rappelant que désormais, même si je ne l'avais pas encore conquise, elle était toujours là quelque part, près de moi. Huntington Beach ce n'est pas New York City, on s'y retrouve rapidement quand on connait les alentours. Je ne dirais pas que je l'ai suivi, mais je l'ai observé c'est vrai… Bon, on est d'accord ça a un côté très pervers, obsédé, dérangé, j'en passe et des meilleurs, j'en étais conscient, mais je tenais surtout à m'assurer qu'elle restait dans les parages. Je l'avais retrouvé et je craignais qu'elle prenne à nouveau la fuite. Le poids de l'engagement, l'amour, ces trucs-là ça n'a jamais fait bon ménage avec Jagger. Je craignais de me réveiller un matin et de me rendre compte qu'elle avait repris la route sans moi. Je savais bien qu'Huntington était son chez-elle, sans doute qu'elle ne pouvait-elle pas se résoudre à aller ailleurs pour le moment, à cause de ce qui lui été arrivé, ce qu'elle m'avait avoué le mois dernier… La raison de son départ la première fois. Ses parents morts, son frère qui a besoin d'elle, sa nécessité de rentrer à la maison pour être auprès des siens… Elle n'avait pas encore compris que pour moi c'était elle moi chez-moi, elle était la mienne, en dehors de Jagger je n'avais vraiment personne à qui m'accrocher. C'était à peine si j'osais encore respirer, je retenais mon souffle dès que je la voyais monter à bord d'une voiture, ou dès qu'elle faisait quelque chose sortant de l'ordinaire. Le plus difficile était encore de rester dans l'ombre, de ne pas me faire remarquer…. Je ne savais pas combien de temps j'allais encore pouvoir tenir à la regarder interagir avec tout ces cons, ces personnes à qui elle accordait son temps tandis qu'elle ne m'accordait même pas un coup de téléphone ou un sms. J'avais eu envie de lui sauter à la gorge pour lui demander si elle était sérieuse, si vraiment elle s'en foutait de ma gueule, mais je me rappelais ce qu'elle avait dit. Si je voulais la conquérir complètement il fallait que je fonctionne selon ses règles, même si ce n'était pas mon genre de suivre des règles, même si j'avais envie de tout envoyer valser et de sortir de ma cachette pour sauter devant elle et agiter mes bras en hurlant "Coucou, c'est moi! Je suis toujours là!". Dans le genre psychopathe, elle serait servie…. Je ne l'avais pas suivi partout, mais j'avais cru comprendre qu'elle travaillait dans ce club Hometown, je n'y avais pas mis les pieds une seule fois. Ce n'était pas par crainte qu'elle me repère mais plutôt parce que je ne me faisais pas assez confiance pour me contrôler à l'intérieur. Dans ce genre d'endroit les filles sont habillées ras-les-pâquerettes, et c'est toujours remplis de mecs en pleine partie de chasse. Je savais que la voir se faire draguer ne me plairait pas et d'ici à ce que je défonce la face du premier qui oserait lui mettre la main cul il n'y avait qu'un pas… Pourtant, ce soir j'avais décidé d'entrer dans le Hometown. A croire que j'aimais A) me torturer et B) prendre des risques. Elle n'était pas difficile à repérer, de loin la plus belle fille dans le club. Les néons, la musique, les gogo danceuses, les mecs matant à tout vas, et moi je n'avais d'yeux que pour elle. J'avais envie de l'attirer vers moi et de l'entrainer sur la piste de danse, faire les fous, la regarder se déhancher, faire tourner des têtes, j'avais envie de revenir à ces moments-là où elle et moi, Jagger et Donovan, on avait été heureux, ces moments où on riait à gorges déployées pour la moindre connerie, parce qu'on avait trop bu et parce qu'on était cons tout simplement. Mais je restais dans un coin du club à revivre en flashback ces souvenirs envolés. Il fallait que je passe à autre chose, que j'oublis tout ça… Mais c'était impossible. Je n'avais jamais voulu un truc autant que je la voulais elle, pas même la fois où j'avais décidé de devenir pompier. C'était plus fort que moi, plus fort que tout, ça venait des tripes, c'était incontrôlable! J'avais besoin d'elle et je n'arrivais pas à être le même garçon sans l'avoir à mes côtés. Après le drame que j'avais vécu, quand je croyais avoir tout perdu, elle a été celle qui m'a réapprit à vivre et à me sentir vivant, elle a réanimé mon coeur qui était endormi depuis bien trop longtemps et j'aurais voulu arrêter tout ça, endormir mes sentiments à nouveau mais j'en étais incapable. Je l'observais servir ses clients, circuler de table en table, distribuer des boissons sur son petit plateau, je surveillais aussi que personne ne la touche ou ne l'approche de trop près tout en sirotant un verre, ou deux, ou trois je ne sais plus et ce n'est pas comme si j'étais du genre à compter. Lorsque je la vis finalement s'emparer d'un paquet de clopes, et prendre la direction de la sortie, je décidais que c'était mon moment. Il fallait que j'en profite pour lui parler, rien que d'entendre le son de sa voix me manquait, et puis je n'étais pas contre une cigarette moi aussi. Je pouvais toujours faire le mec qui a atterri là par hasard, après tout elle avait bien débarqué au café de cette façon, non? J'allais finir mon verre avant… Je le pris cul sec avant d'aller le poser sur la table la plus proche, repoussant quelques personnes au passage pour me frayer un chemin vers la sortie.

Visiblement, je n'avais pas été assez rapide, en arrivant dehors je me rendis tout de suite compte qu'un autre avait su l'attraper avant moi, mon taux d'alcool n'était peut-être pas à son apogée mais c'était suffisant pour que j'ai le sang chaud, le manque de Jagger et mon désir croissant pour elle n'arrangeait rien à mon état. Je savais que mon nom n'était aucunement inscrit sur sa peau mais je la voyais quand même comme ma propriété. Enfin non, mais si… Merde! Heureusement que Jagger ne pouvait pas lire dans mes pensées parce qu'elle m'aurait littéralement tué si elle avait su que je pensais à elle comme à une "chose" m'appartenant. M'enfin passons, j'étais arrivé au bon moment, ça parlait string léopard… Je fronçais les sourcils avant de planter mes yeux sur elle, le type qui lui faisait face m'offrait son dos, j'aurais pu lui assèner un coup sur la tête mais ce n'aurait pas été marrant. Je m'approchais en mode gros gaillard pour venir lui taper sur l'épaule.  "Ça va mon gars?" le type se tourna, il avait l'air perplexe. "T'es qui toi?" Je levais les yeux au ciel avant de rire doucement. "Je suis le mec qui va te foutre son poing dans la gueule si tu la laisses pas tranquille." J'avais pris mes airs de mecs assurés mais je n'osais pas regarder Jagger, je savais qu'elle allait me tomber dessus juste après, elle avait toujours détesté que je vienne prendre sa défense, surtout quand au final le mec en question ne l'avait pas (encore) touché, elle pouvait se débrouiller toute seule blablablabla. Et je savais qu'elle n'était pas du genre petite chose fragile qui a besoin qu'on la protège, en général je prenais un malin plaisir à l'écouter rembarrer ces ivrognes mais ce soir j'avais trop de choses à extérioriser, si taper sur un crétin comme lui pouvait me soulager, je n'allais pas louper l'occasion. "On t'as pas demandé amen, elle et moi on était en train de parler de trucs qui sont pas tes oignons." Je riais à nouveau. "Bah justement, c'est là où tu trompes… Figures toi que les string léopard de la demoiselle,  ça me concerne! C'est même moi qui les choisi " lui lançais-je en ironisant. "Tu bouges ou t'attends le dégèle?" Il fit un pas vers moi, apparemment je n'étais pas le seul prêt à chercher la merde ce soir. "Ou sinon quoi?" Penchant un peu la tête, je fis mine de réfléchir. Un mince sourire sur les lèvres, je restais ainsi quelques secondes avant de m'emparer de son col l'instant suivant, le prenant par surprise, je le plaquait au mur, j'avais revêtu mon air de méchant Donovan. "Ou sinon, c'est la surprise du chef! Tu dégages ou je t'explose ta face de fion, c'est clair?" Je l'attirais un peu vers moi avant de le plaquer à nouveau plus violemment contre le mur. "Tu ne lui parles plus, tu ne la regardes même plus et surtout, SURTOUT, tu ne l'imagines pas en string léopard, c'est clair? Vous ne jouez pas dans la même cour tous les deux, toi t'es un bouffon de basse cour et elle, elle est plusieurs crans bien au dessus de toi, c'est hors de ta porté. " Je relâchais le col du mec pour le pousser plus loin. Il tenait à peine sur ses deux jambes, il manqua même de tomber. "Suffisait de le dire que t'avais un mec" bougonna-t-il à l'attention de Jagger, je l'observais s'éloigner avant de me tourner vers elle. Mes yeux se posèrent d'abord sur sa poitrine, réflexe de mec, la dernière fois je lui avais fait le coup du "salut les filles", quelque chose me disait qu'il valait mieux s'en passer aujourd'hui. Mon regard remonta rapidement sur son visage. "Je pensais que t'avais meilleur goût que ce genre d'abrutit " lâchais-je un peu plus énervé que je l'aurais cru. Je savais bien qu'elle n'y était pour rien dans l'histoire, clairement c'était lui qui était venu la trouver mais quand même, je ne pouvais pas m'empêcher de m'interroger sur ce qu'elle avait fait durant ce mois entier, si elle avait passé d'autres nuits avec d'autres personnes. La connaissant, la réponse me semblait évidente ce qui n'était pas pour me calmer bien sûr. J'avais envie de la prendre dans mes bras et de m'énerver en même temps. Un mois bordel! Un mois qu'elle me faisait languir! J'étais prêt à exploser…. De toute façon elle allait sans doute m'engueuler pour être intervenu dans ses affaires, je pouvais crier si je voulais moi aussi, juste parce que. Et puis c'était sa faute à elle, elle n'avait qu'à me dire clairement soit qu'elle aussi voulait être avec moi pour de bon, soit me demander de me casser et de ne plus jamais chercher à la revoir. Il fallait qu'elle me donne un semblant de directives parce que je commençais à disjoncter et l'alcool que j'avais ingurgité n'aidait pas à m'éclaircir les idées et à me faire redescendre de cette petite montée de colère dont je m'étais offert le luxe.  


Dernière édition par Donovan R. Halvey le Jeu 3 Oct 2013 - 2:36, édité 1 fois
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MessageSujet: Re: Future Starts Slow l Donogger   Future Starts Slow l Donogger EmptyMar 1 Oct 2013 - 5:35

- You can blow what's left of my right mind -
You can holler, you can wail, you can swing, you can flail, you can fuck like a broken sail. But I'll never give you up, if I ever give you up my heart will surely fail. No longing for the moonlight, no longing for the sun, no longer will I curse the bad I've done. If there's a time when your feelings gone, I wanna feel it


 Dans un monde idéal (enfin idéal pour qui? cela restait encore à voir, mais en tous cas surement pas pour elle-même), Jagger Dickens aurait pu être une gentille jeune femme. Oui, elle aurait pu se trimballer en petite robe blanche dans les champs, aimer les papillons, les fleurs et les licornes, cultiver un anglais parfait sur le plan de la grammaire et de la politesse. Elle aurait pu être en tout point aimable, parfaite et distinguée. Sous cet aspect de jeune vierge effarouchée, elle aurait aussi pu prendre peur dès qu’un inconnu montrait des intentions au-delà de la simple amabilité envers elle, le soir, dans la rue - et se jeter dans les bras du preux chevalier en armure qui serait venue la sauver de l’emprise du gros pervers, histoire de monter sur son cheval blanc et de vivre heureuse avec lui jusqu’à la fin des temps. Mais voilà. Ce n’était pas un monde idéal - du tout. Elle était simplement elle-même. Jagger Dickens, la fille de hippies avec un frère coincé du cul à désinhiber un peu, celle qui avait pris de sa mère le goût de la liberté et le goût de l’aventure, et qui à force de vivre ces aventures s’était rendue compte que rien n’était tout rose. Qu’il fallait être forte, et surtout indépendante, pour vivre au plus, au mieux, et ne jamais avoir à en souffrir. Elle n’attendait aucun preux chevalier en armure, cheval blanc et tout le tralala - il était une menace potentielle. Et surtout, surtout une entrave potentielle. Non, elle était son propre chevalier sur cheval blanc, et elle se démerdait parfaitement comme ça - merci bien. Il n’y avait que sur elle même qu’elle voulait bien compter, pour la survie de sa propre dignité. 
Mais apparemment elle était bien la seule à penser qu’elle n’était pas cette pauvre connasse sans défenses. Et Sire Donovan Halvey De Chicago avait décidé de revêtir sa belle armure reluisante (à moins que ça ne soit qu’une simple chemise à carreaux...? Enfin toujours était-il qu’elle avait l’impression qu’il prenait cette chemise à carreaux pour une cotte de maille) afin de voler à la rescousse de la non-demoiselle-en-détresse.
Au début, elle n’y avait simplement pas cru. Elle était en train de parler au type relou, là, avec son haleine de mauvais mojito (certainement pas un de ceux qu’elle avait fait - bon sang, elle dosait un peu mieux que ça, quand même), celui qui faisait des remarques douteuses sur un quelconque string leopard qu’elle ne portait même pas à cet instant. Elle était en train de réunir le peu de neurones opérationnels qui auraient survécu à ses prises d’alcool discrètes de ce soir pour lui sortir une énième phrase fracassante, le genre qui lui éviterait d’en venir aux mains et de ruiner sa cigarette - et qui ferait par ailleurs reluire un peu plus la haute estime qu’elle avait déjà d’elle-même et de ses capacités. Elle avait relevé les yeux. Et là, elle s’était demandée si quelqu’un n’avait pas foutu du GHB dans son verre - parce que c’était purement absurde comme situation. Et qu’elle en avait sérieusement assez des coups foireux de l’univers.
Il était là. Et Jagger était restée quelques secondes complètement hébétée, oubliant presque qu’elle était à l’origine en train de se débarrasser d’un énième pervers ivre. Non, elle regardait au-dessus de son épaule, à ce pervers ivre. Et c’était impossible, mais son regard était planté dans celui de Donovan. Un Donovan furieux, un Donovan qui a priori avait décidé d’adopter cette attitude à la con de mâle alpha touche-pas-à-ma-femelle qu’elle lui avait pourtant dit des dizaines de fois par le passé de ne garder que pour le cul, et encore lorsqu’elle avait l’extrême amabilité de l’y autoriser. Mais Donovan, surtout, c’était Donovan, le seul. Et elle ne savait pas si elle était furieuse ou si elle était heureuse de le voir, tout était beaucoup, beaucoup trop compliqué. Elle avait besoin de plus de temps - un mois ne suffisait pas, loin de là. Mais il y avait plus urgent. Elle commença à lever la main pour attirer son attention, ouvrit la bouche pour dire quelque chose - probablement quelque chose qui aurait ressemblé à «fous-moi la paix Donovan, je suis une grande fille, j’ai pas besoin que tu viennes te la jouer Neandertal et crois pas que je te vois pas venir avec ta peau de bête et ta grosse massue (double sens intégré et pleinement accepté)» - mais il avait déjà commencé son petit numéro. Alors elle laissa retomber sa main, et leva ouvertement les yeux au ciel en soupirant.
Bon sang, c’était pitoyable. Caricatural. Minable. Affligeant. Tout en même temps. C’était tellement consternant de virilité et de machisme qu’elle avait l’impression désagréable d’assister à un combat de catch en direct, les petits collants et les masques moches en moins. Elle se concentrait sur cette pensée, en essayant à tout prix d’oublier qu’il y avait une partie d’elle, une toute petite et pitoyable partie d’elle qui avait décidé de trouver cela incroyablement sexy - la partie qui avait abusé sur les cocktails, probablement. De temps en temps, au fil d’une conversation qui a priori n’avait aucun besoin d’elle, elle tentait de glisser un petit «Donovan...» menaçant, presque un grognement, histoire de le faire taire enfin et de lui rappeler qu’elle avait beau ne mesurer que 1m63, elle était quand même une grande personne. Sauf qu’a priori on ne l’entendait même plus. Parfait. Alors elle croisa les bras, s’appuya contre le mur, décroisa les bras, porta furieusement sa cigarette à sa bouche, exhala un long ruban de fumée. La discussion qui se tenait devant elle s’était réduite à ses oreilles à une interminable suite de «blah blah blah blah blah blah blah». Longue. Loooongue pause cigarette.
Et puis tout à coup, elle était revenue d’entre les morts pour l’un des deux coqs qui se frittaient devant elle: «Suffisait de le dire que tu avais un mec». Oh fabuleux, elle n’était plus la femme invisible. Elle haussa un sourcil sarcastique, souffla à nouveau un peu de fumée. «J’en étais encore à me demander si toi t’avais un cerveau, connard». Encore une seconde, et il était parti. Sauf que pendant cette seconde, elle en était presque venue à se demander si elle n’aurait pas préféré que le type reste entre eux deux, une sorte de paravant, ou de super rempart de survie. Entre lui et elle, histoire de protéger sa propre santé mentale. Entre elle et lui, histoire de protéger sa santé physique, à lui, pour ce pur numéro de pitoyable machisme. Elle reporta son regard sur Donovan, alors que lui portait son regard sur sa poitrine. Un pervers pour un autre, fabuleux. Elle leva, une nouvelle fois, les yeux au ciel. «Je pensais que t’avais meilleur goût que ce genre d’abruti». Oh. Alors il voulait la jouer comme ça, hein? Elle laissa tomber ce qu’il restait de sa cigarette au sol, l’écrasa sous son talon. «Au plus je te regarde, au plus j’ai l’impression que non, je passe bien ma vie avec ce genre d’abruti.» Pourtant... pourtant il avait beau être un pauvre con, un type comme un autre qui pensait qu’elle avait besoin de lui, elle ressentait le besoin urgent de se presser contre le mur pour mettre autant de distance que possible entre eux deux. Même quelques millimètres. Ce n’était pas qu’elle avait peur de lui - non. Il était loin d’être inoffensif quand il décidait de jouer des poings, mais elle savait que jamais, ô grand jamais il ne serait capable de lui faire délibérément et physiquement du mal. Mais elle avait peur de la Jagger qui s’était laissée retomber dans ses bras, contre toute logique et contre toute attente, il y a un mois à peine.
Alors elle inspira profondément. Expira. Inspira encore. Et puis enfin elle trouva la force de parler, de lancer ce qui s’annonçait déjà, du moins pour elle, comme une énième dispute mémorable de l’éternel duo Donovan et Jagger. «C’est bon? T’es calmé? T’as ravalé ta putain de testostérone?» Elle le regardait, droit dans les yeux. Elle s’efforçait de rester glaciale, pour son propre bien - et elle posa les deux questions qui n’avaient de cesse de lui trotter dans le cerveau. «Maintenant tu vas me faire le plaisir de me dire d’abord ce que tu branles ici, et ensuite de quel droit tu viens voler à ma rescousse alors que je suis parfaitement capable de me démerder toute seule.». Elle soupira encore. Tout avait commencé à la perfection. C’était une belle journée. Une journée normale. Le genre de journée où elle s’était sentie en droit d’attendre de rester tranquille et de vivre sa propre vie. Et bien sûr, ça n’avait pas été possible. Ca n’était a priori jamais possible que l’univers décide de lui foutre la paix. N’importe qui aurait pu venir l’aider - à commencer par considérer qu’elle avait réellement eu besoin d’elle, bon sang, elle en avait vue des pires dans le genre connard lourd -, elle n’aurait pas tiqué. Un videur. Hendrix. Ally. N’importe qui qu’elle ne considérait pas comme un danger plus grand que les pervers du samedi soir. Mais non. Il avait fallu que ce soit Donovan. L’homme qu’elle avait farouchement voulu éviter pendant un long mois, auquel elle avait tout fait pour ne pas penser. Putain. Et le seul qui était fichu de songer, ne serait-ce qu’un instant, qu’elle était une princesse dans une tour aux prises avec un gros méchant dragon. «Parce que merde, Donovan. Tu m’as prise pour qui là?! Non seulement c’était purement inutile, non t’avais pas besoin de montrer tes gros muscles pour protéger ce que tu crois être ta femelle, mais c’était humiliant. PUTAIN d’humiliant. Et ne parlons même pas du fait que tu viens juste de gâcher tout le plaisir que j’aurais pu à voir à rembarrer l’autre connard.»
Parce que oui, du plaisir, elle en aurait pris. Elle aimait à rappeler qu’elle était loin d’être le genre de femme objet qui se trimballe à poil, toute gentille, toute docile dans un quelconque clip de Robin Thicke. Elle aimait à rappeler, et ce avec aussi peu de poésie que possible, qu’elle n’était pas une gentille fille et qu’elle n’était la propriété de personne. L’autre type avait semblé le croire - prétendant au passage qu’elle avait des yeux flippants, merci connard - et elle aurait parfaitement pu le contraire. Et voilà Donovan. Qui semblait le croire aussi, et ce à un tout nouveau niveau de machisme et d’illusions. Au milieu de l’interminable suite de «blah blah blah blah», elle avait cru soulever une remarque sur ses strings. Oh bon sang, elle en levait (encore une fois) les yeux au ciel, même si c’était à retardement. Il s’était foutu dans la merde tout seul, comme un grand, en décidant de venir s'immiscer une nouvelle fois dans sa merde à elle.  
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MessageSujet: Re: Future Starts Slow l Donogger   Future Starts Slow l Donogger EmptyMar 1 Oct 2013 - 17:32

“And I won't back down, I won't turn around and around. And I won't back down, doesn't matter what comes crashing down I'm still gonna stand my solid ground! And I sing hallelujah ripped through my veins. I heard the hammer drop, my blood in the rain... When all is lost, all is left to gain”


Ce soir j'avais décidé d'être borné et chiant, j'allais n'en faire qu'à ma tête, et j'allais sans doute jouer un peu avec ses nerfs mais tant pis. Au fond si je pouvais l'énerver un peu c'était pas plus mal, ça se finirait en angry sex dans le meilleur des cas ou elle m'en claquerait une dans le pire ce qui ne serrait pas si terrible que ça. Elle était toujours trop sexy quand elle s'énervait…. Mais je ne devais pas penser à Jagger en furie canon, il fallait que je me concentre sur le fait que j'étais énervé, énervé après elle, énervé après moi et énervé après ce connard qui avait osé lui adresser la parole. Peut-être que je me trompais de cible mais il n'empêche que j'avais envie de me fâcher avec elle. Contradictoire comme comportement, je sais. Je la veux mais je l'énerve bien avant histoire de. La logique d'un mec qui a quelques verres dans le nez… Du moi tout craché! J'aurais pu la saluer avec un sourire charmeur et un "salut" innocent, comme si je n'avais pas commis l'erreur de me mêler d'une histoire à laquelle je n'étais pas concerné, je savais que j'avais merdé sur ce point, mais je n'avais pas envie de l'avouer. J'allais me contenter d'assumer mes actions et si pour cela je devais me cacher sous des reproches, alors soit! Oui j'étais intervenu, oui j'avais failli donner un coup de boule au pauvre type qui s'était mis en tête que Jagger dans un string léopard pouvait être sexy, et oui je savais qu'elle détestait ça, mais j'avais agi sous le coup de l'impulsion, du manque et de l'envie irrésistible de la prendre dans mes bras. C'était soit je m'en prenais au type, soit je lui sautais dessus et je lui arrachais toutes ses fringues à elle… Pas sûre qu'elle veuille que ça arrive sur son lieu de travail… Quoi que…  J'avais donc oublié l'idée de rejouer l'épisode de retrouvailles en attaquant direct, je m'élançais sur une pente glissante et j'en étais parfaitement conscient et apparemment Jagger avait décidé de jouer au même jeu que moi, ce n'était pas surprenant. "Continue de me regarder alors, c'est pas comme si t'avais mieux à faire… Et je ne me sens pas du tout visé au passage, tu passes pas ta vie avec moi et si je me rappelle bien notre dernière conversation t'as pas prévu de le faire à ce que je sache… " BIM! Je lui envoyais dans la face le fait qu'elle refuse de s'engager, parce que moi j'étais prêt à le faire mais que sur ce point là j'avais une bonne longueur d'avance, si ce n'est pas deux ou trois. Et le problème avec moi c'est que je n'aime pas attendre. Un mois c'était déjà bien assez long. Le regard noir, je l'observais droit dans les yeux. Elle allait encore l'ouvrir pour me sortir une de ses phrases bien piquantes, le genre de truc qui crie "Je suis Jagger Dickens et je t'emmerde". Calmé? Elle me demandait si j'étais calmé… "À ton avis? J'ai l'air calmé?" Je secouais légèrement la tête tout en roulant des yeux. Elle aussi me fixait, il n'y avait pas grand chose de chaleureux dans cet échange et pourtant je ressentais une putain de tension (sexuelle évidement, quoi d'autre?).  Madame montait sur ses grands chevaux en me demandant ce que je foutais ici et pourquoi j'étais intervenu dans son échange avec le brave type dont le col devait encore être froissé. "Je suis venu chercher une pétasse pour me la taper dans les toilettes. Ça te va comme réponse?" l'interrogeais-je avec un sourire insolant qui commençait à apparaitre sur mes lèvres. L'alcool, mesdames et messieurs, c'est le diable! "C'est pas comme s'il y avait trente mille clubs dans cette ville de merde, j'ai pas le droit de venir danser et m'amuser?" Insulter sa Ô! Sainte ville! Sacrilège, si elle ne m'en m'était pas une d'ici quelques minutes j'allais devoir lui demander qui elle était et qu'est-ce qu'elle avait fait de la véritable Jagger Dickens. Pour ce qui était d'être venu à sa rescousse, je n'avais aucune réponse digne des précédentes à lui faire."Je fais ce que je veux!" me contentais-je de lui dire. Très mature Donovan, très brillant, bravo! Je me félicitais moi-même d'être aussi créatif! Vraiment! Et elle continuait… Les grands mots, tout dans le dramatique, elle aurait beau dire elle était bien une fille! Bon, à part pour sa dernière remarque peut-être, où là je pouvais comprendre sa frustration. Moi non plus je n'aimerais pas qu'on me coupe l'herbe sous le pied si j'étais sur le point de clouer le bec d'un boulet. "Si c'est ta manière de me dire merci… De rien. Mon plaisir!" Elle n'était pas d'humeur à rire, moi non plus et pourtant il fallait bien que je sois assez con pour sortir ce genre de plaisanterie. "Humiliant… Humiliant…" répétais-je après elle. "T'es obligée d'en faire tout un pataquès! Tout ça parce que j'ai osé faire déguerpir un mec qui te faisait chier. T'as un sérieux problème toi! Je suis sûr qu'il y a un paquet de filles dans ce putain de club qui seraient ravies   que je prenne leur défense" Pauvre moi quoi! Bordel, elle était vraiment incapable de m'apprécier à ma juste valeur?! Un simple merci aurait scellé l'affaire, mais non! Il fallait qu'elle me montre qu'elle n'était justement pas comme toutes ces filles et qu'elle, Jagger, était tout à fait capable de se débrouiller toute seule. "Humiliant…" que je répétais à nouveau en ricanant. "J'en ai profité pour nous deux, tu m'excuseras mais j'avais vraiment envie de bousculer un con ce soir à défaut de pouvoir faire autre chose avec une certaine autre personne… Je sais pas si tu la connais elle travaille ici et c'est une chieuse de première. En général elle est difficile à coincer, tu vois, elle est du genre à te laisser poireauter un mois sans nouvelle…. T'aurais pas une idée de qui je parle?" j'affichais un air complètement sérieux et en colère aussi. J'avais envie de lui balancer mon téléphone portable à la gueule juste pour lui prouver que j'avais bel et bien gardé mon numéro et que si elle avait voulu elle aurait pu me contacter. "Et ouais! T'es pas la seule qui puisse faire des reproches, et t'es pas la seule à être en colère. Désolé de te décevoir." finis-je par ajouter en plongeant avec intensité mes yeux dans les siens. Elle me faisait vraiment chier parfois, et je me demandais pourquoi j'étais tombé amoureux d'elle, pourquoi il avait fallu que je choisisse une fille compliqué comme ça, mais la vérité c'est que A) je ne l'avais pas choisi elle m'était tombée dessus et B) si ce n'était pas pour elle, je ne serais tombé amoureux de personne d'autre. Il n'y a qu'une Jagger Dickens pour faire fonctionner le coeur rouillé d'un vieux Donovan Halvey. Elle connaissait mes sentiments, mes attentes aussi, j'avais été complètement honnête avec elle la dernière fois, mais contrairement à moi elle avait encore et toujours peur de dire quelque chose qui soit vraiment concret, elle avait peur de vivre cette histoire et je le savais et je lui en voulais pour ça. Parce que si moi j'y arrivais, pourquoi elle en restait au stade précédent? Pourquoi ne pouvait-elle pas se résoudre à prendre ma putain de main et à accepter de faire un bout de chemin ensemble? Ça m'agaçait au plus haut point et clairement je n'étais pas très bon pour cacher ma colère. Laissant un silence s'installer quelques instants, c'était à mon tour de sortir une cigarette, de me la glisser entre les lèvres et de l'allumer. Je tirais longuement dessus, inhalant cette merde qui aurait sans doute raison de moi un jour, je recrachais la fumée sur son visage comme pour lui dire "prends ça dans ta face".


Dernière édition par Donovan R. Halvey le Jeu 3 Oct 2013 - 2:37, édité 1 fois
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MessageSujet: Re: Future Starts Slow l Donogger   Future Starts Slow l Donogger EmptyMar 1 Oct 2013 - 22:23

- You can blow what's left of my right mind -
You can holler, you can wail, you can swing, you can flail, you can fuck like a broken sail. But I'll never give you up, if I ever give you up my heart will surely fail. No longing for the moonlight, no longing for the sun, no longer will I curse the bad I've done. If there's a time when your feelings gone, I wanna feel it


 Parfois, il fallait à Jagger un gros effort de mémoire pour se souvenir exactement pourquoi elle s’était lancée dans une quelconque aventure avec l’homme qui se trouvait en face d’elle. Parce qu’elle aurait pu se douter depuis les touts premier instants que rien ne pouvait être facile avec Donovan Halvey, qu’il avait cette armée d’instincts de preux chevalier, et que jamais, ô grand jamais elle ne pourrait y changer quoi que ce soit. Pourtant, elle s’était embarquée dans cet incroyable merdier. Peut-être parce qu’il était diaboliquement beau. Peut-être parce qu’elle le sentait capable de la faire rire en toutes circonstances. Peut-être parce qu’il avait cette voix profonde, le genre qui connectait directement ses oreilles à tout ce qui pouvait bien faire d’elle un mammifère en quête de reproduction. Peut-être parce qu’elle reconnaissait en lui un adversaire à sa hauteur - donc quelqu’un qui pourrait en toutes situations l’épauler. Oui, enfin bref, elle avait été suicidaire. Et quand elle essayait de se souvenir pourquoi elle avait été suicidaire, elle tombait sur ce constat atroce: les bonnes raisons étaient nombreuses. Non, innombrables. Et elles lui semblaient toujours, malgré le temps passées, de véritables bonnes raisons. 
Alors elle faisait tout ce qu’elle avait en son pouvoir pour ne pas être cette pitoyable minette qui pointait à l’horizon. Traduction: elle la jouait grosse garce ingrate alors que effectivement, il n’avait pas tout à fait tord et elle aurait pu lui dire merci si cela n’aurait pas pu lui arracher la bouche. Ouais, elle était dans le déni. Quoique non, elle en avait quelque part conscience, donc elle n’était pas réellement dans le déni. Mais tout plutôt que lui donner raison. Elle n’allait pas lui donner une occasion de sortir son petit air du Donovan fier de lui, moustache frétillante et sourire malicieux - même si ce petit air lui donnait l’air de perdre cinq ans tout à coup et de devenir purement adorable.
Et merde.
Non, vraiment, elle n’allait pas lui faire cette grâce. Pas alors que aussitôt débarqué il remettait son sujet préféré sur le tapis - celui du «je suis un petit chien abandonné sur le bord de la route, t’aurais quand même pu m’emmener au moins à la SPA», aussi appelé «Je t’aime. Reviens». Comme s’il n’avait pas compris la dernière fois tout ce qui pouvait bien se tramer dans son cerveau. Elle en avait hurlé, puis elle en avait pleuré, pour finir par coucher avec lui sur le comptoir du café, et dieu seul sait combien c’est peu hygiénique. Alors elle resta un temps la bouche fermement close pour essayer de se contenir. Se berça dans l’illusion que oui, elle était capable de fermer sa gueule de temps en temps histoire de ne pas se lancer dans une nouvelle dispute déchirante. Et puis il y eut la mention d’une «pétasse à se taper dans les toilettes», et elle soupira pour cacher la pointe de jalousie qui lui avait titillé le coeur (oh, bonjour toi). Puis la remarque tout à fait enfantine selon laquelle il «faisait ce qu’il voulait» - qu’elle ponctua d’un espèce de grognement, proche du «...rhaaaa», exaspérée qu’elle était. Et enfin il y eut le grand déballage des grands sentiments du pauvre Donovan. Comme quoi elle avait un sérieux problème. Comme quoi - même s’il fallait lire entre les lignes - il y avait d’autres filles plus aimables et plus reconnaissantes qu’elle, et qui n’attendaient que lui et ses gros muscles. Et puis il lui cracha sa fumée au visage. Alors elle se prit une seconde pour elle, rien qu’une toute petite seconde - le temps de le fusiller du regard et de mettre en ordre tout ce qu’elle pouvait bien penser de lui à cet instant précis.
«Sérieusement, Donovan? Sérieux, tu me fais ce coup là?» Entre temps, il lui avait craché sa fumée au visage - alors, elle lui avait arraché sa cigarette des mains, donné une claque sonore à cette dite main, et calé la cigarette fautive entre ses propres lèvres. Oui, elle venait de le voler. Mais là tout de suite, elle avait surtout besoin de se détendre. Nécessité fait loi, après tout. «Oui, je sais exactement de qui tu parles, mais merde! Tu me fais le coup du «je vole au secours de la demoiselle en détresse» que je NE SUIS PAS histoire de mieux me faire la morale?! Je bosse ici je te signale! C’est pas le moment!» Enfin pour être tout à fait honnête avec elle-même, ce n’était jamais vraiment le moment de discuter avec Donovan. Justement parce qu’il ne s’agissait jamais de discussions. Plutôt de scandales sans réel échange, avec une espèce de putain de tension sexuelle qui n’y finissait pas. Parce que oui. Pendant qu’elle lui parlait, elle éprouvait une nouvelle fois ce magnétisme bizarre, décuplé par l’alcool, et qui la rendait totalement incapable de quitter des yeux la bouche de Donovan. Très pratique pour se concentrer. Elle inspira profondément, tenta de détourner le regard, tira à nouveau sur la cigarette. «Et puis qu’est-ce que tu me veux d’abord? Tu viens taper ta petite crise de jalousie? Je te connais, putain. Je sais que tu savais que je bossais ici. Prends moi pour une putain de psychopathe mais où que tu sois, je sais que t’y es pas par hasard. T’es venu me rappeler que t’existais? Merci bien, je suis au courant connard. Je suis parfaitement au courant.»
Elle aurait tout donné pour ne penser, à chaque seconde de chaque journée, que Donovan existait et qu’il était là, juste à portée de main. Elle aurait tout donné pour oublier qu’elle avait constamment mal, et que pendant qu’il l’avait tenue entre ses bras dans ce putain de café elle avait enfin arrêté de souffrir. Mais non. Il fallait qu’il vienne à sa rencontre, non content de partager le même air qu’elle. «Tu veux que je m’excuse pour mon silence? Ok! Je suis désolée! Tu veux que je te remercie pour la démonstration de force! Ok! Merci! Si ça peut te faire plaisir! Ca me fait profondément chier de dire ça, mais voilà, si ça peut te faire plaisir, c’est fait! Et maintenant, si tu es si intimement persuadé qu’il y a des dizaines de filles dans cette ville prêtes à se foutre à genoux devant toi pour peu que tu joues des muscles devant elles, va, va jouer des muscles devant elles au lieu de me parler d’elles.» Ok, il y avait un non-dit dans cette dernière phrase. Un non dit que le fait que oui, ses yeux étaient retombés sur la bouche de Donovan et ne pouvaient toujours pas s’en détacher, confirmait. L’entendre parler d’autres personnes qu’elle la rendait totalement folle. Et c’était complètement insensé. Parce qu’elle s’efforçait de le faire fuir, de la laisser tranquille, mais d’un autre côté elle continuait à le considérer comme sa petite propriété. Elle pouvait, dans quelques instants de faiblesse, le regarder de haut en bas et se dire que chaque partie de son corps était à elle. Alors elle leva une main, celle qui ne tenait pas la cigarette. Et elle la posa à plat sur le torse de Donovan. En partie pour le repousser, un peu, autant que possible. En partie pour le toucher, et répondre à ce besoin impétueux. Elle se mordit brièvement la lèvre. «Et ma ville n’est pas une ville de merde.» Parce que s’il croyait qu’elle n’avait pas entendu cette partie de sa phrase, il se foutait le doigt dans l’oeil jusqu’au coude, le petit Donovan. Si seulement sa bouche pouvait arrêter de s’imposer à sa vue, comme ça, elle pourrait décemment le haïr. Sauf que non. Et qu’elle ressentait le besoin impétueux de  se hisser sur la pointe des pieds pour l’atteindre, cette bouche.
Un mouvement qu’elle amorça, par ailleurs. Et elle vit qu’il s’en était rendu compte. Alors elle détourna à nouveau le regard. Et dans la seule perspective de le blesser, de rester tranquille avec ces putains de méandres de sentiments qui lui creusaient à nouveau le coeur, elle laissa tomber les mots: «J’ai ma vie ici. D’autres amis que toi. D’autres personnes avec qui coucher que toi. Alors, juste pour une seconde, arrête de me rappeler constamment que tu existes.»
Parce que ça faisait mal.
Tellement mal, putain. 
Et qu’il ne pouvait pas le savoir, pas de sa bouche, qu’il le devine s’il le voulait, elle n’était pas vraiment sure qu’il en soit capable, mais elle avait sa fierté et elle n’en dirait rien. Même si, malgré la mention d’autres hommes, d’autres nuits, d’autres corps surtout, elle avait gardé cette main plaquée sur son torse - pour le retenir et l’éloigner en même temps. Elle savait qui il était. Elle savait qu’il était jaloux, peut-être un peu possessif, et qu’il l’aimait, surtout. Ce qu’elle savait, aussi, c’était qu’elle avait besoin de se retrouver quelques temps loin de lui presque autant qu’elle avait besoin de se nicher dans ses bras.   

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MessageSujet: Re: Future Starts Slow l Donogger   Future Starts Slow l Donogger EmptyMer 2 Oct 2013 - 2:44

“And I won't back down, I won't turn around and around. And I won't back down, doesn't matter what comes crashing down I'm still gonna stand my solid ground! And I sing hallelujah ripped through my veins. I heard the hammer drop, my blood in the rain... When all is lost, all is left to gain”


Ce que j'adorais par dessus tout avec elle c'était de voir ses réactions, parce que même quand elle ne se mettait pas à hurler, ou à me taper dessus, on pouvait lire dans ses yeux et sur l'expression de son visage ce qu'elle pensait. Claire comme de l'eau de roche! Là en l'occurrence, non seulement je sentais que je lui tapais sur les nerfs mais en plus je le voyais et je l'entendais, son être tout entier me criait d'aller me faire foutre, mais c'était tout à fait ce que je voulais donc ça tombait bien. Chaque petit mot que je pouvais prononcer, je savais que ça ne tombait pas dans l'oreille d'un sourd, pas avec Jagger comme auditoire. Mes provocations ne la laissaient pas indifférente, je le savais et elle le savait aussi, pas la peine de se mentir. Ça marchait aussi dans l'autre sens, elle me rendait folle également! Là j'avoue que j'étais quand même plutôt fier de moi, j'avais eu la sensation de lui clouer le bec deux secondes, la preuve elle n'avait pas protesté dès l'instant qui avait suivi, à mes yeux ça faisait un pour Donovan et zéro pour Jagger. Lui cracher ma fumée de cigarette au visage, une autre provocation, la fit tout de même réagir. Elle s'en empara pour la glisser entre ses lèvres à elle. J'aurais bien crié au scandale si je n'avais pas eu d'autre choses à lui reprocher."Je vois pas de quoi tu parles…"  Oui sérieusement je lui faisait ce coup-là et oui je voyais très bien où elle voulait en venir et peut-être bien que j'agissais comme un vrai naze, mais sur le coup j'en avais strictement rien à faire! "C'est pas le moment? Mais c'est ça le problème avec toi Jagger, c'est que c'est jamais le moment pour rien. C'est quand tu veux, ou tu veux et si tu veux, sauf que moi je marche pas comme ça et tu le sais. C'est pas le moment pour toi peut-être mais moi j'ai décidé que c'était au contraire le moment parfait alors je m'en tape que ce soit ton lieu de travaille ou un autre endroit de merde, je m'en fou." Je n'étais pas en train de hurler, ni même de crier, mais ma voix était celle de quelqu'un de déterminé, pas prêt de fléchir, et s'il fallait que je hausse le ton vraiment, j'allais le faire parce que peu m'importe que trois clampins aux alentours m'entendent, ou que toute la ville m'entende ou que le monde entier m'entende pour ce que ça vaut, vraiment, je n'en avais rien à faire tant que ELLE m'entendait. Passant une main dans mes cheveux j'avais envie de lui reprendre la cigarette parce que bordel j'en avais plus besoin qu'elle et puis c'était bien la mienne à la base, mais je m'abstenais,  l'écoutant plutôt poursuivre dans son délire. "Je t'emmerde, je suis pas jaloux, c'est pas mon genre." lâchais-je sèchement. Bon si, en fait ça l'était un peu quand même. "Peut-être bien que je savais et peut-être bien que je ne savais pas, et alors?! T'es bien venue au café toi! Et encore une fois, des clubs bien y'en a pas par millier ici. J'en voulais un où les serveuses sont canons, j'aurais juste bien aimé qu'elles ne soient pas en plus des emmerdeuses de première." Je haussais les épaules. "Apparemment on ne peut pas tout avoir… "Étais-je venu lui rappeler que j'existais comme elle le disait si bien? Au départ je ne sais même plus, je n'avais pas prévu de plan précis à savoir comment j'allais l'aborder, si j'allais l'aborder, je voulais la voir c'est vrai, peut-être aussi que je voulais qu'elle me voit mais je n'avais pas calculé le fait de prendre sa défense face à un abrutit comme celui auquel on venait de faire face. Connard. Elle m'appelait connard. Ça aurait dû m'énerver encore plus mais dans sa bouche ça sonnait comme des mots d'amour. "T'es au courant? C'est marrant j'aurais juré le contraire vu le mal que tu t'es donnée ce mois-ci pour ne pas me croiser. Tu vas le chercher où ton café du matin maintenant? Merde! Tu le fais pas toi même quand même, si? Je me souviens de celui que tu faisais avant… un vrai jus de chaussette, c'était pire que de boire de la merde en soupe." Pour le moment notre conversation consistait à se renvoyer la balle l'un à l'autre, c'était à celui qui se montrerait le plus insultant presque et pourtant je savais (et elle devait le savoir aussi) qu'il y avait une limite à ne pas dépasser. Je savais qu'il ne fallait pas que j'aille trop loin malgré tout, surtout que Jagger, comme moi, était du genre à partir au quart de tour, même si on n'en avait pas l'air là tout de suite, je n'essayais pas de l'éloigner de moi, j'essayais au contraire de m'accrocher à elle. Elle commençait à déblatérer tout un tas d'excuses, au moins j'avais eu à moitié ce que je voulais. Elle reconnaissait ses tords non sans me balancer en retour ce que je venais de lui dire à propos des filles qui seraient ravies d'avoir un Don Juan comme moi, Monsieur Muscle à votre service.  "Tu me parles de jalousie… Toi, tu me traites de jaloux!" Je riais doucement. "Ecoute-toi parler! C'est toi qui es jalouse! Ose me dire que si je rentre à nouveau dans ce club et que j'en attrape une et que je lui fais la totale dans la demi-heure, tu ne vas pas passer ta soirée à la maudire! Ose me le dire en me regardant droit dans les yeux!" Je la fixais avec rage, mais plus vraiment avec la même colère qu'au début. Je touchais ma victoire du bout des doigts parce que je connaissais déjà la réponse, elle pouvait dire ce qu'elle voudrait! "Me fais pas chier avec des histoires de jalousies. On est tous les deux à mettre dans le même sac." Point à la ligne. Une main s'était alors posée sur mon torse, sa main à elle, je sentais s'exercer une légère pression sur ma chemise, le fait qu'elle brise la glace et qu'elle entre physiquement en contact avec moi la première me fis me calmer un tantinet. J'étais complètement obnubilé par son regard, je n'arrivais pas à décrocher mes yeux des siens, j'avais envie de l'embrasser, de glisser mes doigts dans ses cheveux, de poser mes mains sur ses jambes en remontant doucement sur ses cuisses. Bordel, pourquoi est-ce que j'avais autant envie d'elle?! "D'accord." concluais-je calmement. "Ta ville c'est pas de la merde." J'étais en train de me ramollir, comme un pneu qui se dégonfle… Pitoyable Donovan! Une petite voix intérieure me hurlait de ne pas me faire avoir par ses grands et beaux yeux, j'étais prêt à ne pas l'écouter mais elle ajouta finalement qu'elle avait d'autre amis ici, d'autres proches, en gros qu'elle n'avait pas besoin de moi. Fuck you bitch. Au diable ma bonne conscience, c'était le diablotin qui l'emportait, et si j'avais cru percevoir en elle une envie réciproque de s'emparer de mes lèvres, j'eu un mouvement de recul après ce qu'elle venait de me dire. "Putain je suis vraiment trop con." je sentais la colère monter à nouveau en moi. Je soufflais bruyamment, excédé. M'écartant cette fois, j'attrapais sa main pour la retirer de mon torse, je repoussais son bras sans être très délicat. "Ta vie? Je te souhaite qu'elle soit très belle Jagger même si très franchement vu comme tu pars là elle risque d'être misérable! T'as d'autres amis, d'autres amants, FINE! Putain! Mais éclate-toi bien avec eux! Vraiment! Éclate-toi! " Cette fois oui, je criais, je criais et ça allait crescendo. Le volume montait peu à peu. "Tu sais quoi? Je suis resté ici parce que je me suis dit que t'avais besoin de temps… Je t'en ai laissé assez, maintenant c'est bon. Et puisque t'es pas décidée, c'est moi qui vais la prendre la décision." croisant et décroisant rapidement mes avant bras pour lui montrer que c'était fini, j'ajoutais: "Je reprends ma bagnole ce soir et je me casse. Je vois pas pourquoi je resterai ici puisque tu as TA vie, TES amis, et tout un tas d'autres trucs très fun apparemment. Restes-y! Moi je vais continuer ma route, et cette fois je vais vraiment passer à autre chose. Je croyais que j'en étais incapable mais en fait c'est faux. Suffit que les choses soient claires dès le départ et crois-moi là elles le sont très bien." Je parlais (ou plutôt je criais si vous préférez) à toute vitesse, je prenais à peine le temps de reprendre mon souffle entre chaque phrase. "Tu me fais chier! Tu m'as toujours fait chier! T'es une chieuse! Une vrai comme on en fait plus! Et putain je sais pas ce qui m'a pris de tomber amoureux de toi, je sais vraiment pas. Qui voudrait aimer une meuf pareille?! Faut être maso!" M'attrapant les cheveux, j'aurais pu me les arracher si je n'y tenais pas autant. "Tu sais quoi? Tu me donnes l'impression d'avoir vraiment gâché mon temps et ça, ça c'est vraiment le truc qui me tue! Ces jours à t'attendre, alors que toi tu as ta petite vie, tes petits amis, ton petit monde, ces jours passés à te chercher, à t'espérer, au final c'était dans le vent parce que toi t'en avais rien à foutre depuis le début!" Je n'avais pas était aussi en colère depuis très longtemps, peut-être même que je ne l'avais pas été depuis la mort de mes amis dans le feu qui avait mis fin à ma carrière de pompier… Ces deux formes de colère n'étaient pas comparables mais peu importe, elles devaient tout de même être équivalentes. Me tournant, je ne voulais plus la regarder, je ne pouvais plus. Elle représentait un échec de plus, une personne de plus que j'avais aimé et que je perdais. Sous le coup de la colère, j'allais mettre un violent coup de pied dans une poubelle trainant par-là. Lâchant un cris de colère, j'aperçu quelques personnes se retourner vers nous pour voir ce qu'il se passait. Je soufflais encore, reprenant un semblant de respiration, je laissais l'air envahir mes poumons, je sentais mes poings se fermer et se resserrer sur eux-mêmes. Je sentais la pression redescendre malgré tout. J'avais fini par exploser et maintenant que c'était fait je me sentais vidé. Je me sentais terriblement vide même… Brisé aussi… Elle ne comprenait pas le mal qu'elle était en train de me faire. Elle ne savait pas que ma vie avait été un enchainement d'abandons et de pertes. Je ne lui avais jamais parlé de toute ça… Je pris encore quelques instants, éloigné d'elle, avant de me retourner à nouveau pour lui faire face. "J'étais pompier." Allais-je vraiment faire ça maintenant? Faut croire que oui… "Avant que je te rencontre, j'étais pompier. Mes deux meilleurs amis sont mort brulés vifs à cause de mes conneries, ma mère est morte lorsque j'étais petit, mon père est un connard, apparemment c'est de famille tu vois, et ma soeur en a plus rien à foutre de ma gueule depuis bien longtemps. J'ai personne Jagger." Je laissais mes bras retomber le long de mon corps, frappant mes cuisses… "Tu demandes pourquoi je m'accroche tellement à toi, tu l'as ta réponse. Tu m'as fait croire pendant un temps que je pourrais être heureux à nouveau et surtout, tu m'as donné l'illusion de ne plus être vraiment tout seul sur cette putain de planète, dans ce putain d'univers. Je vais pas te faire une déclaration de merde dans laquelle je te dis que tu as donné un sens à ma vie, mais c'est l'idée à peu de choses près… J'aurais jamais dû m'accrocher à toi pourtant… C'était injuste de ma part d'en attendre d'avantage de toi que ce que tu te proposais de m'offrir. Mon erreur, pas la tienne." baissant la tête, je ne voulais plus lui faire face. J'avais envie de prendre mes jambes à mon cou et de faire ce que je faisais de mieux avant de la rencontrer, prendre la fuite. "Voilà, donc tout ça c'est ma faute, tu pourras t'endormir tranquille ce soir. Je me suis fait du mal tout seul, comme un grand et maintenant j'arrête. J'arrête de luter et je te laisse tranquille. Tu peux récupérer ta liberté, tes amis, ta vie, je m'en fou. J'arrête de m'accrocher." Et pourtant, alors que je lui disais ça, je fis un pas en avant vers elle. "Je m'en fous." Un deuxième pas. "C'est fini." Un troisième pas qui me fit me retrouver à nouveau nez à nez avec elle. Et sans attendre son autorisation j'allais lui coller un baiser sur ses lèvres, un baiser que je voulais être mémorable. C'était celui-ci que l'on devrait tout les deux garder en mémoire lorsqu'on se remémorerait notre histoire. Mon dernier baiser pour elle. Le dernier lèvres contre lèvres de Jagger Dickens et Donovan Halvey.


Dernière édition par Donovan R. Halvey le Dim 23 Mar 2014 - 1:13, édité 2 fois
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MessageSujet: Re: Future Starts Slow l Donogger   Future Starts Slow l Donogger EmptyMer 2 Oct 2013 - 5:33

- You can blow what's left of my right mind -
You can holler, you can wail, you can swing, you can flail, you can fuck like a broken sail. But I'll never give you up, if I ever give you up my heart will surely fail. No longing for the moonlight, no longing for the sun, no longer will I curse the bad I've done. If there's a time when your feelings gone, I wanna feel it


 Jagger n’avait jamais vraiment su où s’arrêtait le jeu et où s’arrêtait le coeur, avec Donovan. Ils avaient passé du temps ensemble. Tellement de temps. Et tout ce temps passé ensemble avait été comme une longue lutte sans merci. Il s’était toujours agi de se battre, de hurler, d’insulter l’autre - parce qu’ils ne savaient pas faire autrement, comment s’exprimer autrement. Alors ils s’étaient toujours provoqués mutuellement, sautant sur le moindre prétexte pour se laisser aller à la complète hystérie. C’était inexplicable. C’était juste... comme ça. Si elle avait été prête à franchir ce pas, elle aurait pu avouer que c’était de la passion, brute, deux désirs et deux coeurs qui ne peuvent s’empêcher de s’entrechoquer. C’était naturel, malsain, dangereux, mais ils n’avaient aucun autre moyen d’évacuer le surplus constant d’attirance.. Et ce n’était pas sans avantage - après les disputes mémorables, il y avait toujours eu les réconciliations mémorables. Le magnétisme qui les liait se trouvait toujours renforcé quand ils se déchiraient, et peu à peu les boules de rages se transformaient en noeuds de désir. Au petit matin, alors qu’ils se réveillaient nus entre les draps, la rancoeur avait disparu et l’heure était aux rires. Jusqu’à la prochaine fois. Alors ils avaient peu à peu pris cette habitude, celle de lutter l’un contre l’autre. C’était à qui crierait le plus fort. A qui blesserait le plus. Mais comme l’autre, toujours, rendait la pareille, il n’y avait aucune raison de s’alarmer. Aucune. Ils étaient juste ainsi, à s’agripper plus qu’à s’enlacer, à se mordre plus qu’à s’embrasser, à faire l’amour comme deux vipères s’emmêlent. 
Ils avaient gardé cette habitude, même aujourd’hui que le dénouement logique avait changé. L’art de la collision, ils le maîtrisaient toujours à la perfection. Chaque mot était un prétexte à aller plus loin dans la violence - ils étaient toujours ces deux fiertés qui se heurtent. Tout était bon. Sa propre lâcheté, après un mois passé à le fuir désespérément. Leurs deux jalousies d’animaux possessifs. Tout. Même le fait qu’elle faisait un café de merde, et elle aurait presque pu l’admettre si son interlocuteur n’avait pas été Donovan. Mais il ne lui laissait pas le temps de parler - il continuait sur sa lancée, répondait à chaque mot, à chaque petite provocation. Il avait de l’entraînement, ce fils de pute. Il avait de l’entraînement, à la joute verbale. Mais elle encaissait, parce qu’elle savait que tout ce qu’il pouvait dire pour la dénigrer n’était qu’à moitié sérieux. Il le pensait, bien sûr, comme elle pensait intensément qu’il était un putain de psychopathe et que merde! elle avait besoin d’air et qu’il ne semblait pas décidé à lui en laisser. Mais ni l’un ni l’autre n’en tenait vraiment rigueur. C’était encore le jeu. Simplement le jeu. Et le simple fait qu’il s’était apaisé, même légèrement, quand elle avait posé cette main à plat sur son torse, prouvait que rien de cela n’était vraiment important.
Et puis, pour la première fois dans toute l’histoire de leur relation, elle avait distinctement senti qu’ils ne jouaient plus. Qu’elle avait frappé là où il ne fallait pas - qu’il était blessé. Parce qu’il s’était reculé tout à coup, avait repoussé sa main, et s’était mis à agir comme un animal qui saigne. Comme elle. Elle s’était sentie en danger, aussi, et c’était pour cela qu’elle avait attaqué. Un peu pétrifiée, elle le regarda reculer. Puis se mettre à hurler. Et à parler vite, si vite qu’elle le suivait à peine. Lui dire toutes ces choses qu’elle aurait dû rêver d’entendre, parce qu’elles voulaient dire que c’en était enfin fini de cette histoire. Qu’elle allait être seule. Enfin. Putain. Seule. Il allait reprendre la route. Elle allait rester à Huntington Beach. Et le monde ne se foutrait jamais de sa gueule au point de lui faire recroiser son chemin à nouveau. Elle allait être seule. Séparée de Donovan. Enfin. Seule.
Sauf que cette idée, tout à coup, lui serrait le coeur. Elle était toujours là, cette cigarette qui brûlait seule à la main, appuyée contre le mur d’une quelconque baraque où un voisin n’allait pas tarder à menacer d’appeler la police. Mais obtenir ce qu’elle avait toujours voulu obtenir... l’empêchait de respirer. Elle le regardait parler, tourner en rond comme la bête en cage qu’il avait toujours été - et elle était terrifiée. Ce n’était pas de lui qu’elle avait peur. Elle n’avait jamais eu peur de Donovan. Mais elle n’avait jamais tout à fait réalisé qu’elle pouvait avoir peur que Donovan s’en aille. Pour de bon. Elle fit un pas en avant, tenta de se saisir de sa main mais il ne voulait pas, et il continuait à répéter que de toutes façons elle n’en avait jamais rien eu à foutre, et qu’il s’était tout simplement planté sur toute la ligne. Sa main était retombée dans le vide, alors elle essaya de lui parler, de lui dire: «C’est pas ça Donovan, c’est pas ça, t’as pas compris, c’est pas ça» - mais elle savait que ça ne voulait foutrement rien dire parce que ce putain de besoin qu’elle avait de lui, malgré tout, malgré la peur, malgré l’envie de fuir, ne voulait simplement pas se formuler en mots. Et il ne l’écoutait même pas. Il continuait à cracher son venin, et elle se sentait plus bas que terre. Et elle ne savait plus quoi faire. Plus quoi dire. Ils étaient là, comme des cons, au beau milieu de la rue - comme un couple qui se dispute dans une putain de série sentimentale. Mais l’image avait beau défiler au ralenti, elle restait pétrifiée.
Devant le bar, les employés et clients avaient commencé à s’inquiéter. Alors qu’elle prenait son visage dans ses mains, maigre tentative de se recomposer à nouveau une dignité, elle entendit l’un des videurs glisser un «Jagger? Besoin d’aide par ici?». Elle eut ce pur cri de frustration, avant de laisser retomber ses bras et de crier: «Non, non, putain, on a pas encore besoin d’une audience, foutez-nous la paix. C’est juste entre lui et moi.» . C’est juste... lui et moi - et elle reporta son regard sur Donovan.
Il s’était retourné vers elle. Il avait cette expression sur son visage, celle qu’elle n’avait vu qu’une seule et unique fois. Quand elle était partie, en l’abandonnant, faire pour la toute dernière fois la route vers Huntington Beach. Un aller simple, celui qui avait changé sa vie. Elle avait répondu à un appel plus grand que tous les hommes de ce monde - celui de sa famille, celui de son monde qui se brisait en mille morceaux. Mais elle avait eu le temps de voir ce regard, celui d’un homme vidé de sa force - celui de quelqu’un qu’elle aurait mis à mort. Elle avait eu le temps de sentir sa gorge se nouer sous le coup de la culpabilité. De la culpabilité, et d’autre chose. Des regrets. Elle n’avait pas réalisé qu’en serrant sa main ainsi autour de son coeur elle pourrait le briser, et en souffrir elle aussi. Mais la deuxième fois était la bonne - elle comprenait enfin ce qu’elle avait bien pu faire. Et le trou béant qui se creusait dans son propre ventre n’en pouvait plus de s’élargir, alors qu’il reprenait la parole. Dépouillé de sa rage. Dépouillé de sa violence. Dépouillé de tout artifice, aussi, peut-être.
Elle n’en savait rien. De tout ce qu’il avait bien pu vivre. Elle n’avait aucune idée de qui était l’homme, le véritable Donovan Halvey derrière tous ces personnages qu’ils avaient pu se construire et tous les jeux auxquels ils avaient pu jouer. Alors il pouvait être fier - il avait réussi à la faire taire. Elle restait muette, bras ballants, son regard ancré dans le sien - mais dans ce miroir là, tout à coup elle se voyait comme un monstre pour avoir été capable de lui porter un nouveau coup, alors elle détourna à nouveau les yeux. Et puis il eut ces mots, brisés - trois mots simplement, «C’est fini». Leurs regards se mêlèrent à nouveau, et il était là, si proche, qu’elle pouvait sentir son souffle sur sa bouche quand elle parvint enfin à murmure: «Je suis désolée».
Elle s’était vantée d’avoir eu une armure. D’être une grande fille. Quelqu’un paré de boucliers, qui jamais, ô grand jamais ne se laisserait atteindre. Mais le fait était que cette putain d’armure venait de tomber. Et que c’était sur son coeur nu qu’il venait de l’embrasser. Alors elle eut cet instinct primaire - celui de plonger une main dans les boucles brunes, d’entourer son cou de son autre bras, pour le retenir, le tenir contre elle, au plus proche d’elle. Sa bouche était sur la sienne, tout à coup, et elle ne savait plus qui avait comblé le peu d’espace qui restait encore entre eux. Mais le corps de Donovan était brûlant, et le sien toujours glacé, et elle avait besoin de cette chaleur, besoin, tellement, et tellement peur de la perdre putain. Ils s’embrassaient à nouveau et c’était horrible comme ce baiser avait un goût d’adieux, et combien elle ne pouvait plus s’y résoudre. Comme une enfant qui réalise qu’une chose compte à l’instant même où on la lui arrache. Et chaque seconde où leurs lèvres se séparaient, elle était bouffée par les mots, bouffée par tellement, tellement de choses à dire. «Je suis désolée, Donovan, putain, je suis désolée, tellement». C’était cela, ils étaient deux animaux blessée, mais le plus horrible c’était qu’elle souffrait de l’avoir fait souffrir, elle qui ne le soupçonnait même pas. Et cette peur, putain. «J’en savais rien, je voulais pas, je suis tellement désolée» Sa main était toujours au plus profond de ses cheveux, tenait son visage au plus proche du sien, et c’était comme si leurs deux souffles, erratiques, fiévreux, tout à coup n’étaient plus qu’un seul. Partagé. Entrecoupé par des baisers, comme, maintenant qu’elle y avait goûté à nouveau, elle ne pouvait plus s’en défaire. «Je voulais pas te faire du mal, pas comme ça, je suis désolée, putain... Je t’en supplie, calme toi, tu me fais peur, calme toi» Elle parvint enfin à s’arracher de sa bouche - mais posa son front contre le sien, son emprise toujours aussi ferme autour de son cou, de sa tête. Elle ne savait pas s’il cherchait à fuir, à cet instant. Le fait était qu’elle ne lui en laissait aucune chance - mais elle ne voulait plus qu’il s’en aille. C’était fini. Elle ne voulait plus qu’il s’en aille, et cette part d’elle contre laquelle elle avait tellement lutté était, lentement mais surement, en train de la vaincre. Elle n’avait plus peur. Tout du moins, elle n’avait plus peur de chercher son regard. «Pardon... tu aurais dû me parler, tu aurais pu me parler, tu sais. C’est la première fois que je te vois comme ça, je ne savais même pas qu’il y avait tout ça en toi, et ça me fait peur, ça me fait mal, tu sais? Je suis désolée. Pour toi. Pour avoir fait ce que j’ai fait. Pour avoir dit tout ce que j’ai dit. Pardon.» Elle le regardait au fond des yeux - en espérant qu’une fois encore il puisse y lire quelque chose, comprendre tout ce qu’elle voulait dire. «Pars pas.» Et c’était presque une supplique. «Tu peux pas partir maintenant que tu m’as dit tout ça, et que j’ai compris, et que ça me fait mal. Je n’ai pas pitié de toi parce que je sais que tu es quelqu’un de fort et que tu me pardonnerais jamais de te voir ne serait-ce qu’une seconde comme quelqu’un de pitoyable, mais là tout de suite je me déteste, putain, je me déteste tellement pour avoir fait tout ça. Alors pars pas. Reste avec moi. Je supporterais pas de te voir partir. S’il te plait. T’en vas pas. T’as toutes les raisons de me haïr, putain, et je le conçois parfaitement, parce que je suis qu’une espèce de connasse insensible et que t’as pas besoin de ça, et il y a tellement mieux que moi dans ce monde, tellement mieux pour toi, mais j’ai eu tellement peur quand tu as dit que tu allais partir, et tellement mal quand j’ai compris que tu aurais raison de le faire. Putain. Pars pas Donovan.»
Non, Jagger n’avait jamais vraiment su où s’arrêtait le jeu et où s’arrêtait le coeur, avec Donovan. Mais le fait était que pour elle, en tous cas, elle avait senti que le jeu s’était arrêté tout à coup, et que cette part horriblement sincère d’elle-même avait ressenti le besoin impétueux de s’exprimer. Elle avait vu Donovan, et compris qu’elle n’était pas la seule à avoir un coeur. Brisé.   
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Future Starts Slow l Donogger Empty
MessageSujet: Re: Future Starts Slow l Donogger   Future Starts Slow l Donogger EmptyMer 2 Oct 2013 - 23:15

“And I won't back down, I won't turn around and around. And I won't back down, doesn't matter what comes crashing down I'm still gonna stand my solid ground! And I sing hallelujah ripped through my veins. I heard the hammer drop, my blood in the rain... When all is lost, all is left to gain”



J'avais le tournis de tout ça, le tournis pour l'avoir trop attendu et l'avoir trop aimé. J'étais arrivé au point de non retour, le point où j'en avais assez de tout accumuler et pour une fois dans ma vie il fallait que les choses sortent, que je cesse d'intérioriser. La dernière fois je lui avais déjà offert un avant-goût mais là c'était un véritable feu d'artifices, qui plus est cette fois je n'essayais pas de la convaincre de me suivre, non, cette fois je n'avais même plus de but précis. C'était un simple adieu, une étreinte brisée. J'étais comme dans une bulle, une bulle où seul moi pouvait interagir, j'étais déjà en train de bâtir des murs de verres entre elle et moi, trop obnubilé par mes propres mots, ma propre colère, pour pouvoir la regarder en face et voir la panique s'installer sur son visage. Je sentais qu'elle cherchait encore à me rattraper, à prendre ma main comme pour me ramener à elle mais c'était trop tard, non je ne voulais plus lui revenir. Ça me rappelait ce moment où je m'étais retrouvé à sa place, quand j'avais laissé son bras m'échapper la fois où elle s'était exclamée qu'elle ne pouvait plus continuer, la fois où elle était partie. Maintenant elle voyait ce que ça faisait d'être impuissant face à quelqu'un qui a pris la décision de vous quitter pour de bon. Je n'essayais pas de lui rendre la pareille mais je faisais quand même d'une pierre deux coups. Je n'avais même pas envie de lui faire du mal, à quoi ça aurait servi? Mais même sans le vouloir, peut-être qu'elle souffrait aussi et que c'était ma faute. Mais merde, je n'avais plus envie de jouer à ce petit jeu, elle était solide et forte pour tout sauf quand il s'agissait d'aimer. How fucked up is that?! Jagger Dickens, capable de foutre un coup de pied à un gros baraqué sans ciller mais incapable de dire trois petit mots qui pourraient pourtant tout changer, à croire que c'était la pire des tortures pour elle. Après avoir shooté dans la poubelle, j'avais pris quelques instants pour redescendre, pour me calmer, je l'entendais dire à quelqu'un, que je supposais être l'un des types de l'entrée, qu'elle n'avait pas besoin d'aide, que c'était entre nous. Si j'avais pu, je lui aurais moi-même répondu. Qu'est-ce qu'il y a du con? Tu crois que je vais la frapper? Tu ne crois pas que si j'ai envoyé valser ta putain de benne à ordures c'est justement pour pas déraper? Je préférerais taper dans le mur à mains nues que de toucher un seul de ses cheveux. Peu importe mon niveau de colère, jamais je n'aurais franchi la limite et levé la main sur elle. Parce que je l'aimais tellement à cet instant que j'avais l'impression de la haïr en même temps mais je n'aurais jamais pu vivre avec moi-même si j'avais osé lui foutre un coup à elle plutôt qu'à la poubelle. Alors quoi du con? J'ai un tête à tabasser les femmes? Putain. Cela dit je préférais la laisser répondre comme une grande parce que même si j'avais mes petits muscles moi aussi, je n'avais pas envie de  me prendre un oeil au beurre noir ce soir. Inspirant, expirant, et recommençant encore et encore, j'avais fini par me retourner vers elle à nouveau. Je fuyais ses yeux, je la regardais mais je ne la voyais plus, je ne voulais plus la voir, mon mur n'était plus en verre mais en briques, je ne voulais plus que son image s'offre à moi, c'était trop douloureux. Elle voulait savoir la vérité, le fond du fond de l'histoire, je la lui offrais sur un plateau. J'allais claquer la porte d'un instant à l'autre mais avant je la laissais grande ouverte, je lui fournissais la clé de tous les tiroirs les plus intimes de ma propre personne, les détails dont je ne parlais jamais parce que ça n'avait aucun intérêt pour personne. Ce n'est pas comme si j'allais m'asseoir avec elle et parler de Jake et Ryan, lui dire à quel point ces deux mecs étaient devenus mes frères et à quel point je m'en voulais encore chaque jour de n'être pas mort avec eux. Je n'allais pas lui dire que j'aurais voulu crever à mon tour quand je me suis réveillé dans ce putain d'hôpital après l'incendie et qu'on m'a annoncé que les deux personnes qui comptaient le plus pour moi, mes frères, mes mentors, mes meilleurs amis, eux-même des pères de familles, des maris, des enfants, des neveux, des collègues, avaient péri là où moi j'avais réussi à m'en sortir. Tout le monde me parlait d'un miracle mais où était le miracle dans l'histoire, parce que de mon point de vue, il n'y avait qu'un mot pour résumer cette situation et ma vie toute entière. C'était un drame. Non, une tragédie même. Une putain de tragédie. Alors non, je n'allais pas lui parler de tout ça maintenant, ça n'avait plus d'importance, ça n'en avait jamais eu et même si elle connaissait une partie de l'histoire à présent, mon histoire, j'étais persuadé qu'elle se fichait des détails. je me contentais de lui annoncer que tout était fini et que je lui rendais sa liberté la plus totale, pas que je la lui ai vraiment prise un jour mais tout de même, je n'allais plus venir l'embêter, elle pouvait en être certaine, je la laisserai vivre sa vie et je vivrai la mienne ailleurs, loin, très loin d'elle, le plus loin possible même. Je m'étais emparé de sa bouche pour un dernier baiser, le bouquet final. Je m'imprégnais de tout son être, de ses lèvres qui portaient encore le goût de son rouge à lèvres, de son parfum qui arrivait à mes narines alors que je me plongeais une dernière fois au creux de son cou, de la douceur de ses cheveux tandis que j'y glissais mon index et mon majeur, de ses yeux magnifiques, son regard qui avait le don de m'hypnotiser et de me perdre. J'avais envie de garder cette image d'elle à tout jamais parce que ce soir elle était magnifique et que jamais je ne l'avais aimé d'avantage. Si j'avais pu instantanément cesser de ressentir tout ce flot d'émotions et de sentiments à son égard je l'aurais fait sans hésiter, il aurait dû exister une sorte de télécommande qui permette aux gens de contrôler tout ça, mais on vivait dans la réalité et il n'y avait rien d'autre que le temps pour me la faire oublier. Le temps et ma détermination aussi. Je ne voulais pas vraiment l'oublier, ni passer à autre chose mais je n'avais plus le choix désormais, je ne pouvais plus passer mes jours à espérer la conquérir, à espérer la retrouver, ou à l'inverse, espérer ne pas la perdre. Je n'avais peut-être pas envie de ne plus l'aimer mais elle ne me laissait pas le choix… Et alors que nos lèvres s'effleuraient encore et que j'avais du mal à lâcher prise, je l'entendis murmurer un "Je suis désolée" timide mais clair. Je ne savais plus quoi lui dire, ni quoi faire, ni comment réagir. J'étais littéralement perdu, et c'était sa faute pour le coup. Avec elle, j'avais souvent du mal à suivre, je ne savais plus sur quel pied danser mais je savais aussi que je venais de lui foutre une trouille bleue, je savais que tout ce que je venais de dire avait dû avoir un impact sur elle parce que même si elle ne les avaient pas dites fort, ses excuses sonnaient sincères. C'était simple, c'était court, mais c'était honnête. Elle était encore tout contre moi, il fallait que je la lâche, que je me retourne une bonne fois pour toute et que je m'éloigne enfin… Il le fallait! Mais comment? Comment pouvais-je me résoudre à lâcher prise alors qu'elle était là…. Et puis soudain, ça me frappait à nouveau… Elle était là pour l'instant mais d'ici quelques minutes ou quelques heures elle prendrait peur à nouveau et elle s'éloignerait encore une fois en me laissant de côté comme un con. Je n'avais plus envie de jouer à ce jeu-là, j'avais été très clair sur ce point il me semble. J'essayais de me dégager un peu, elle recommençait à dire qu'elle était désolée. "Jagger." soufflais-je. Je devais me dégager de ses mains, de ses lèvres, la repousser. Elle continuait à parler, à me dire qu'elle n'en savait rien et qu'elle était désolée. Je crois bien qu'elle ne l'avait jamais autant dit en si peu de temps. On s'embrassait toujours, et son corps contre le mien continuait de faire battre mon coeur à mille à l'heure. Quand elle était ainsi dans mes bras j'avais mal dans tout mon être, littéralement, mais c'était le genre de douleur qu'on aime ressentir, une douleur qui me procurait une joie immense et en même temps qui me faisait me sentir triste mais encore une fois c'était une façon agréable d'être triste. En vrai j'étais incapable de vraiment décrire avec précision ce sentiment sans vous paraitre complètement contradictoire et confus mais je l'aimais bordel, je l'aimais tellement et j'avais envie de ressentir ça pour toujours, de ne jamais me séparer de ce sentiment parce qu'au fond j'avais toujours passé mon temps à courir et ce que je recherchais depuis le début n'était-ce pas ça justement? De l'amour? Je n'avais pas eu la chance de connaitre l'amour maternel, ni paternel, j'avais tardivement connu l'amour fraternel mais celui-ci m'avait été arraché et ensuite je m'étais à nouveau retrouvé sans personne à aimer. Au fond Jagger était la première personne pour qui je ressentais quelque chose d'aussi intense, un truc qui me faisait encore plus d'effet que si j'avais pris de la drogue, elle était mon héroïne, c'était elle qui me faisait planer et j'avais besoin d'aucune autre merde qu'elle pour être heureux. J'aurais voulu que ce soit réciproque, qu'elle ait autant besoin de moi que j'avais besoin d'elle mais comme elle me l'avait si bien fait remarquer elle était ici chez elle et elle y avait ses amis, sa famille, ses repères… Elle n'avait pas besoin de moi, je n'étais ni son héroïne, ni son oxygène, ni rien du tout. J'étais un mec parmi d'autres gens qui comptaient eux aussi pour elle. À mes yeux il n'y avait qu'elle. Voilà le problème. Je vivais pour elle et elle vivait pour d'autres. Je ne pouvais pas m'imposer d'avantage, je n'avais pas le droit de la retirer à ceux qui l'avaient vu grandir, ceux qui l'avaient toujours connu.  Lorsqu'elle était loin de moi, physiquement ou pas, la douleur n'était plus agréable du tout. Là tout de suite, la douleur n'était pas agréable, je n'avais pas envie de rire, ni de sourire, j'avais envie de pleurer. Vraiment. J'avais envie de chialer comme un gosse à qui on retire son doudou parce qu'il est devenu trop grand pour ces choses-là. J'avais passé ces derniers mois à la vouloir, à l'espérer, à la chercher, à l'attendre, à rêver d'elle, à la désirer, à l'aimer encore, à la fantasmer, j'avais passé ces dernier mois à penser à elle, à parler d'elle, à l'imaginer, à la reconstruire dans mon esprit, elle occupait ma tête toute entière, elle y avait élu résidence. Maintenant je devais l'oublier mais comment oublier tout sans faire de dégâts collatéraux? Je ne pouvais pas m'imaginer un instant aimer une autre fille, et même si j'avais voulu, après un tel désastre je ne serais sans doute jamais plus capable de m'ouvrir à ce point à quelqu'un d'autre. À l'intérieur j'étais un gros foutoir, un bordel monumental. Je lui avais tendu mon coeur, je le lui avais offert même et elle l'avait pris pour le piétiner. Il n'en restait plus grand chose, juste de quoi me sentir misérable. On s'était fait du mal tous les deux, j'étais complètement prêt à reconnaitre ma part du boulot, je n'avais pas toujours était tendre et j'avais aussi joué avec elle, je l'avais provoqué maintes et maintes fois, je l'avais foutu en rogne plus que de raison, on s'était déchiré tellement de fois que je n'aurais pas su les compter. On s'était aimés, on s'était haïs, on s'était rapprochés, on s'était éloignés, et on avait toujours fini par retomber dans les bras l'un de l'autre d'une façon ou d'une autre mais ce soir, j'avais la sensation que quelque chose était différent. La vérité c'est qu'on a jamais su vivre calmement, gentiment, en douceur… Quand on vit des drames depuis la naissance, comme c'est mon cas par exemple, ça finit par vous définir, ça finit par être une part de vous. J'ai beau lutter, les situations dramatiques font parties de ma vie, sans doute même qu'inconsciemment je le recherche, je m'en nourris. Inconsciemment je dois aimer souffrir, mais pas à ce point… Non, pas à ce point.

Jagger. Comment parler d'elle sans me sentir tiraillé de partout? Comment penser à elle et me contenter de sourire avec mélancolie. J'essayais de m'imaginer dans un an, dans dix ans, dans vingt ans, dans cent ans. Quand je n'aurai plus que son souvenir… Je venais de lui dire que j'allais cesser de l'aimer, que ma détermination serait suffisante, mais pour tout dire c'était des conneries. Sur le coup oui, je le pensais, mais plus ça allait, plus ses lèvres continuaient de s'entremêler aux miennes, plus j'avais envie de hurler. Que quelqu'un me dise comment ne plus l'aimer! Que quelqu'un ait pitié de moi et qu'il me dise comment cesser d'aimer Jagger Dickens. Je ne demandais pas la lune, si? Je ne demandais pas l'impossible, si? Je voulais juste arrêter de l'aimer… Je l'avais entendu me dire qu'elle n'avait pas voulu me faire du mal, je l'avais entendu me dire de me calmer, elle disait que je lui faisais peur. Ma respiration s'accélérait encore, mes yeux étaient noirs de colère mais ce n'était plus qu'une apparence parce qu'il valait mieux paraitre en colère que triste. "Jagger." soufflais-je à nouveau. Elle continuait de s'accrocher. Quelques minutes… Voilà tout… On était là, à jouer la scène la plus badante d'une comédie romantique, mais une de celles qui finissent mal, vous voyez? Et tout ce que ça nous avait pris c'était quelques minutes. Et pourtant j'avais l'impression qu'on était là, dehors, depuis des heures, j'avais l'impression que je la tenais dans mes bras depuis toujours, que son coeur contre le mien était une chose naturelle. Le temps s'était arrêté, il s'était arrêté pour nous. Il y avait elle, il y avait moi, et il y avait tout ces putains de sentiments au milieu. Je n'avais aucune idée de ce qui se tramait dans sa tête parce que je n'arrivais toujours pas à plonger mes yeux dans les siens, je n'y arrivais plus, mais je savais que moi j'étais complètement ailleurs, dans un monde totalement à part. Je n'étais plus devant ce club, je n'étais plus à Huntington, je n'étais même plus sûr d'être moi-même. J'avais l'impression de ne plus rien reconnaitre, et pourtant…  Sa voix résonna dans mes oreilles, je luttais pour ne pas l'écouter, je n'avais pas envie d'être ramené à la réalité, mais elle continuait de parler, et je n'avais pas d'autre choix que me calmer, de m'apaiser un peu. Mes yeux luttaient eux aussi pour ne pas retomber fatalement dans les siens mais c'était peine perdue. Pendant un instant j'avais eu la tête sous l'eau, et je commençais même à me complaire dans l'idée de me laisser couler mais elle était en train de me tirer hors de l'eau et j'avais beau faire le mort pour couler un peu plus vite, elle me ramenait à la surface. Pars pas. je relevais la tête et je la fixais avec attention. Je n'arrivais pas à parler, depuis quelques minutes c'était juste ses lèvres contre les miennes et ses "Je suis désolée" à répétition. Je n'avais plus de mots, là tout de suite elle avait réussi à me couper la chique et je n'avais plus un seul mot qui me venait à l'esprit. Pas même un son. Je me contentais d'inspirer et d'expirer pour survivre parce que de toute façon ce n'était pas comme si on pouvait oublier de respirer, mais ça n'empêchait pas que je continuais de me sentir complètement vide. L'entendre finalement me dire de rester ou en tous cas de ne pas partir, c'était un premier électrochoc. Mais si elle disait ça seulement parce que je m'étais livré à elle, si elle disait ça seulement par pitié, elle pouvait arrêter tout de suite, je n'en voulais pas. C'est comme si elle lisait dans mes pensées parce qu'aussitôt m'étais-je dit cela qu'elle m'assurait du contraire. Elle n'avait pas pitié. Mais elle se sentait mal, terriblement mal. Au moins on était deux. Clignant des yeux, respirant fort encore, je sentais ce besoin incontrôlable de la protéger, remonter à la surface. Elle disait se détester, elle me suppliait de rester avec elle, elle se démontait toute seule. Je pouvais au moins me vanter d'avoir fait faire ça à Jagger. Combien de mec avant moi avait réussi à lui faire dire ce genre de trucs? Et combien de filles avant elle avait réussi à me faire dire tout ce que j'avais pu dire avant? La réponse était simple dans les deux cas. Zéro. Elle avait fini par se taire à nouveau et on se retrouvait juste elle et moi une fois de plus, à se regarder dans le blanc des yeux. "Tant mieux." lâchais-je finalement pour briser mon silence qui avait déjà trop duré. "Tant mieux si tu as peur." Je la fixais toujours, ne détachant pas mes yeux des siens, je restais impartial, sans émotion aucune pour transparaitre sur mon visage. Mon ton n'était ni particulièrement sec, ni particulièrement chaleureux. C'était ma constatation. "Tant mieux." répétais-je. Je pris quelques secondes pour reprendre mon souffle, j'avais l'impression d'avoir couru le marathon de New York, sérieusement, aucune idée si c'était mon augmentation de conso' de cigarettes ou mes sentiments pour elle qui m'étouffaient à ce point, mais c'était soit l'un des deux, soit j'avais de l'asthme. Or je n'ai pas d'asthme. Et ma consommation de cigarette n'avait pas tant grimpé que ça non plus. Donc c'était elle. Elle et ce que je ressentais à son égard. "Jagger…" je marquais une pause parce que j'avais enfin trouvé un truc à dire, mais je voulais peser mes mots, je voulais être le plus clair possible pour qu'elle comprenne bien tout ce que j'avais à lui dire. "Je ne peux plus faire ça… Je ne peux plus jouer au chat et à la souris. C'était marrant avant mais maintenant ça ne me fait plus rire." Je n'aimais pas l'idée d'être aussi sérieux mais le moment s'y prêtait bien et c'était aujourd'hui ou jamais. Il était temps qu'on ait une vraie discussion d'adultes. "Avant, ça passait parce que je m'étais pas encore avoué tout ça, et je te l'avais encore moins avoué à toi, mais maintenant que je sais que c'est toi que je veux et personne d'autre et puisque que tu le sais aussi, je veux plus jouer. Plus comme ça en tous cas. " Je m'écartais légèrement d'elle mais j'attrapais ses mains au passage pour lui montrer que je ne la lâchais pas, pas encore… "Pourquoi on a toujours besoin d'aller aux extrêmes tous les deux? Pourquoi on doit attendre que l'un de nous deux menace de partir pour réaliser qu'on se veut vraiment l'un et l'autre?" Parce qu'au final il venait de là mon premier déclic la concernant. "Quand je t'ai vu pour la première fois, je savais que tu serais spéciale mais c'est quand t'es partie que j'ai su que je t'aimais. Et là, là je suis à deux doigts de partir et il te faut ça pour me dire de rester." Resserrant un peu plus mes mains dans les siennes, je baissais les yeux quelques secondes avant de les remonter à nouveau sur elle. "Me demande pas de rester si t'es pas prête à arrêter de jouer Jagger. Me demande pas de rester si tu sais que tu ne seras pas capable d'assumer tout ça… Toi, moi… Nous." Je secouais la tête. "On a toujours fait dans les grandes effusions de joies, de peine, de colère. C'est tout ou rien mais on ne fait pas les choses à moitié, alors il faut foncer quitte à se détruire parce qu'on est tous les deux trop têtus et bornés et aussi parce que, il faut bien l'avouer, on aime se disputer. " J'esquissais un léger sourire, à peine visible. "Je ne crois pas qu'on sera un jour capable de changer ça, d'ailleurs je n'ai pas envie de changer, ni de TE changer et je n'ai pas envie d'arrêter de m'engueuler parce que c'est toujours comme ça qu'on fini par s'ouvrir l'un à l'autre … bon et aussi parce que, soyons honnêtes, la réconciliation sur l'oreiller c'est notre pêché mignon à tous les deux, mais c'est pas le sujet." Cette fois je souriais franchement. "Ce que j'essaye de dire c'est que je ne peux plus continuer exactement comme avant parce que je n'arrive plus à supporter la douleur, ça me bouffe de l'intérieur, et je me connais, je vais finir par vraiment être un connard jaloux, agressif et bourru. Je ne veux pas devenir mon père Jagger. Je ne veux pas vivre une vie où j'ai des regrets, et où je blâmes tout le monde pour mes erreurs et mon manque de courage. Alors aujourd'hui c'est moi qui te le donne l'ultimatum. Je te demande pas de me dire que tu m'aimes si t'es pas prête, je sais que c'est pas facile à dire, et je veux que tu le penses vraiment le jour où tu le diras, mais je te demande quand même de ne plus faire semblant. Ne fais plus semblant de t'en foutre." Lâchant l'une de ses mains, j'allais plaquer la mienne au niveau de son coeur, soit juste au dessus de sa poitrine… "Dis-moi que j'ai une place là et qu'au milieu de ta vie, de tes milliers d'amis, de ta famille, et… de tes supers amants… dis moi que j'ai aussi ma place. Ça me suffit plus de deviner ce que tu penses, j'ai besoin de te l'entendre dire." Et dans ce moment remplis de sincérité, j'avais du mal à croire que mes pensées étaient en train de se repporter sur sa poitrine. Parce que ma main était toujours posée là et qu'en vrai j'avais envie de la peloter un peu, mais pour ma crédibilité c'était mieux que je m'abstienne. Désolée les filles! "Et tu as tord tu sais…" Je l'attirais vers moi en tirant sur sa main que je tenais toujours. Passant mon bras libre autour de sa hanche. "Je ne te hais pas… Pas vraiment." Repoussant une mèche de ses cheveux, je la glissais derrière son oreille. "Si je reste, tu continueras de me traiter de connard?" Je m'approchais de son oreille pour que plus personne d'autre qu'elle ne puisse entendre ce que j'avais encore à lui dire. "Si je ne pars pas, tu continueras de me rendre fou? Tu continueras de me faire crier? Tu continueras d'être chiante, hein? Et si je ne pars pas, tu me trouveras toujours beau et intelligent?" Bon, je poussais un peu le bouchon mais et alors? "Et si je ne pars pas, tu passeras plus jamais un mois sans me parler et à m'ignorer? Et on n'aura plus besoin de s'engueuler pour finalement se parler? Et j'aurais plus à te faire ces putains de déclarations à la con qui me font passer pour un mec tellement sensible et tellement charmant aussi? " Il était un peu tard pour prétendre ne pas être sensible, cela dit il n'était jamais trop tard pour lui rappeler que j'étais très charmant. "Et si je ne pars pas, j'aurais le droit de faire ça autant de fois que je veux, sans raison?" Et j'allais l'embrasser à nouveau. Passionnément. Ce baiser-ci n'avait rien d'un baiser d'adieu, c'était plutôt un baiser qui criait le nouveau départ. Peut-être bien qu'au final ce n'était pas la fin de Jagger Dickens et Donovan Halvey. Peut-être bien que tous les espoirs n'étaient pas perdu. Peut-être…

Jagger. Je pourrais vous en parler pendant des heures, vous la décrire de la tête aux pieds, vous parlez du moindre de ses grains de beauté, de la plus infime partie de peau recouvrant son corps, je la connaissais par coeur. Je pouvais aussi m'essayer à vous parler de son caractère de merde, de la complexité de son esprit qui ne fonctionne décidément pas comme celui de toutes les autres filles. Je pourrais vous faire l'éloge de Jagger Dickens, tout comme je pourrais vous en dresser le pire des tableaux. Je pourrais vous dire à quel point je l'ai haï parfois mais surtout, oui surtout, je pourrais vous dire à quel point je l'ai aimé et à quel point je l'aime encore. Tout le monde n'a pas la chance d'avoir Jagger dans sa vie, mais je crois quand même que chaque homme a sa propre version de Jagger qui l'attend, quelque part dans ce monde… Une version sans doute bien éloignée ou peut-être proche de ma Jagger à moi, peu importe. L'important c'est que tout le monde puisse ressentir un jour ce que moi j'ai ressentis à chaque instant passé à ses côtés, parce que c'est tellement fort, ça vous fout une claque pas possible et vous vous sentez tellement vivant. Vous en avez le souffle coupé et vous vous demandez si c'est la même chose qu'on ressent quand on meurt parce que vous avez l'impression que l'aimer c'est un peu comme abandonner une petite partie de vous. Ça fout la trouille, et on a l'impression que si on accepte ces fichus sentiments on va finir par se perdre dedans mais la vérité c'est que moi j'ai fait tout l'inverse, je me suis trouvé en elle. Et évidement que c'est flippant, surtout quand on n'a pas l'habitude de dépendre sur qui que ce soit, et on a beau se promettre de ne pas le faire, de ne pas tomber amoureux, on ne résiste jamais bien longtemps à une Jagger.


Dernière édition par Donovan R. Halvey le Jeu 3 Oct 2013 - 2:39, édité 1 fois
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Future Starts Slow l Donogger Empty
MessageSujet: Re: Future Starts Slow l Donogger   Future Starts Slow l Donogger EmptyJeu 3 Oct 2013 - 1:40

- You can blow what's left of my right mind -
You can holler, you can wail, you can swing, you can flail, you can fuck like a broken sail. But I'll never give you up, if I ever give you up my heart will surely fail. No longing for the moonlight, no longing for the sun, no longer will I curse the bad I've done. If there's a time when your feelings gone, I wanna feel it


 Jagger n’avait jamais quitté le bord de la route.
Ce n’était pas vrai, bien sûr. Dans le monde réel, elle avait tourné le dos à Donovan et pris le volant. Dans le monde réel, elle avait jeté un dernier regard dans le rétroviseur et la peur, la peur brute de ne pas arriver à Huntington Beach avant qu’il ne soit trop tard pour ses parents, pour son frère, pour tout son univers, avait dépassée le besoin primaire de rester près de cet homme. Dans le monde réel, elle avait traversé le pays sans respirer, bouffée par cette douleur horrible dans son ventre, bouffée par la terreur. Dans le monde réel, elle avait décroché le téléphone pour entendre la voix de Hendrix qui lui disait que c’était trop tard, et elle l’avait senti dans chaque pore de sa peau, oui, qu’elle avait échoué, et qu’elle ne s’en relèverait plus jamais - tout du moins, plus jamais la même. Dans le monde réel, elle avait poussé la porte de la chambre d’hôpital et il y avait tellement de larmes dans ses yeux qu’elle n’avait même pas été capable de voir le visage figé de sa mère. Dans le monde réel, elle s’était tenue immobile, plus pétrifiée que digne, tout en noir, aux côtés de son frère alors que deux cercueils s’enfonçaient dans la terre. Dans le monde réel, tout ce qu’elle avait d’insouciant s’était retrouvé dévoré par la souffrance.
Mais une part d’elle n’avait jamais quitté le bord de la route. Une Jagger qu’elle regardait aujourd’hui avec envie était demeurée à l’instant précis avant le tout premier appel. Elle avait prolongé cet instant indéfiniment jusqu’à ce qu’il devienne toute une vie parallèle, une vie d’allégresse, de rires. C’était une minute de bonheur pur qui ne l’avait jamais quittée. Juste avant que son frère ne l’appelle à l’aide, elle était assise en travers des genoux de Donovan et le regardait droit dans les yeux. Ils avaient partagé une bière, ils écoutaient de la musique de merde, il était tout contre elle, elle était tout contre lui, elle avait ses lunettes de soleil à lui vissées sur son nez, ils réfléchissaient à ce qu’ils allaient bien pouvoir foutre ce soir. Et c’était de l’insouciance à l’état brut, celle qu’elle avait fini par adopter à force de le côtoyer - les questions s’étaient effacées avec le temps, petit à petit, et il y avait de ces instants précieux où la présence de Donovan lui semblait simplement... logique. Il avait cet effet là, sur elle. Sur le long terme. Il l’apaisait sans même s’en rendre compte, sans même être lui-même quelqu’un de foncièrement paisible. Il atténuait les doutes, la douleur, il les effaçait par quelques baisers, par la chaleur de son corps. Il lui faisait sentir que tout allait bien. 
Le souvenir lui en était revenu des jours après le drame. La violence du deuil s’était effacée, et elle s’était souvenue de la route. Et puis elle s’était souvenue de sa vie avant ce dernier trajet. De cette minute. Du moment où tout va bien, et qui paraît d’autant plus superbe qu’il suffit d’un coup de vent, d’un coup de fil, d’un coup de poing dans le coeur pour que tout vole en éclat. Et elle avait chéri cette mémoire. En secret, sans en parler à personne. Peut-être même sans s’en rendre compte vraiment elle-même. Tout ce qu’elle savait, c’est qu’elle ne pouvait pas lutter contre. C’était cette image qui s’imprimait sur sa rétine juste avant qu’elle ne s’endorme - une image comme un signal, comme une voix, grave et rauque, celle de Donovan, qui lui disait tout va bien Jagger. Tu peux t’endormir. Personne ne va mourir cette nuit. Elle n’y pouvait rien. C’était comme ça. C’était ça, le moment d’insouciance que choisissait son cerveau pour enfin se décider à lui offrir le sommeil. Parce qu’une part de Jagger, celle qui niait qu’entre temps avait surgi la mort, avait continué à vivre dans un recoin de ses fantasmes - et elle vivait heureuse.
Il lui avait fallu ce moment de peur et d’horreur de plus pour qu’elle le réalise pleinement. Il avait fallu que Donovan lui tourne le dos et qu’avec toute la force de sa voix, de son corps, de sa bouche, de ses mots, il lui dise adieu. Elle avait alors distinctement vu cette Jagger heureuse lever les yeux, et avec ce petit regard rieur et méprisant qu’elle se connaissait si bien lui dise - alors? Qu’est-ce que tu attends? Alors, alors elle avait compris qu’elle-même ne savait pas vraiment ce qu’elle attendait. Elle avait envoyé se faire foutre des années de fierté mal placées et d’angoisse à l’idée de souffrir à nouveau, et elle l’avait presque supplié, supplié de rester, de la pardonner, de la regarder encore. 
Il n’avait pas le droit de partir alors qu’elle parvenait enfin à ouvrir les yeux. Elle était là, comme une petite fille qui comprend enfin ce qu’est le monde. Il ne pouvait pas l’abandonner maintenant. Ca serait injuste. Cruel. Elle ne s’en relèverait pas. Encore. Elle était tellement fatiguée d’être jetée à terre par le destin. Il était l’acteur principal de cette minute de bonheur intense - il ne pouvait pas lui arracher ce souvenir alors qu’elle était enfin, peut-être, tellement, prête à le revivre.
C’était fini. Elle ne pouvait plus le haïr, quelques soient les raisons qu’elle avait bien pu trouver pour le faire. Il était venu déranger sa petite vie tranquille, sa tentative de se relever de la perte de sa famille? Il avait eu raison, il était sûrement le seul homme sur lequel elle pourrait s’appuyer pour sortir du gouffre. Il était venu mettre à mal la certitude qu’elle avait tant cultivé qu’il valait mieux vivre seule et libre pour être heureuse? Il avait eu raison, après tout elle n’avait pas de souvenir aussi flamboyant que celui où elle se tenait dans ses bras et ne pensait plus à ses putain de principes. Il était un danger potentiel? S’il touchait à son coeur, il serait capable de le réduire en miettes? Tant pis. L’évidence était là: il l’avait dépouillée de son armure, il tenait déjà son coeur et il n’y avait plus rien qu’elle pouvait y faire. Elle avait perdu la bataille, elle en avait conscience. Elle en ressentait une douleur sourde, certes, mais aussi un certain soulagement. Avec le temps, ses armes étaient devenues beaucoup trop lourdes à porter. Tout était devenu beaucoup trop lourd à porter. Mais il avait ses propres bras, il avait ses propres forces, et il pouvait l’aider. Il était prêt à l’aider. Tout du moins, il avait toujours été prêt à l’aider - et elle espérait soudain, avec toutes les forces de son petit corps, qu’il l’était encore. Elle le fixait, hébétée, perdue, bouffée par l’espoir, alors qu’il établissait presque froidement que c’était tant mieux si elle avait eu peur. Il avait raison. Elle ne pouvait plus nier. Elle était à terre, il pouvait faire ce qu’elle voulait de son cadavre en cet instant  - mais elle supposait que c’était cela, grandir.
Elle le sentait, son coeur. Son petit coeur tout glacé, mais qui battait soudain à nouveau. Elle le sentait se tordre dans tous les sens, lutter pour sortir, tomber raide mort et se relever à nouveau, alors qu’il reprenait la parole. Elle entendait tout autant qu’elle voyait que la décision finale de Donovan se prenait devant elle. Partir ou rester? Chaque mot était important - et elle allait être tenue en haleine jusqu’au dernier, qui enfin lui annoncerait si elle allait être abandonnée. Il y aurait toujours Hendrix, bien sûr, Hendrix ne la quitterait jamais. Mais même s’il était son frère jumeau, il lui paraissait tout à coup étrangement terne. Il n’était pas capable de la faire rire malgré l’angoisse, avec ses remarques toujours mal placées, il ne la connaissait pas sous cet aspect farouche mais vulnérable, bouffée par le désir et le besoin, elle n’était que sa soeur. Il lui fallait Donovan. Elle avait besoin de Donovan. De la plus égoïste des façons, elle savait qu’elle avait besoin de sa présence pour se sentir entière. Elle avait besoin de lui. De son corps. De sa bouche. Qu’il soit près d’elle. Qu’il la touche. Même d’une façon infime - même de cette main qu’il venait de poser sur son coeur, et qui devait sentir qu’à cet endroit quelque chose était revenu à la vie. Alors elle releva la tête vers lui. Elle avait presque oublié qu’il était si grand. Qu’il la dominait de son physique, l’entourait toute entière quand il la prenait dans ses bras. Et enfin elle trouva la force de parler, son souffle, sa volonté: «Je suis fatiguée de me battre Donovan. T’imagines même pas combien je suis fatiguée de me battre contre toi.» Elle ne parlait pas de ces luttes quotidiennes, infimes, qu’ils savouraient l’un comme l’autre - elle parlait du fait qu’elle avait cherché à le fuir, à effacer sa mémoire, à effacer son passé tout entier. Il savait qu’il pouvait comprendre cela. Puisqu’a priori il avait compris avant elle, et mieux qu’elle, qu’elle avait besoin de lui pour se reconstruire et avancer. «J’essaye, depuis des mois, putain. Avant même que tu sois revenu. Je voulais plus penser à toi. Parce que, tu sais, j’étais tellement heureuse avant. Ca me faisait mal de me souvenir. Je t’ai laissée sur le bord de la route et après ça a été l’enfer, tout du long, j’ai pas arrêté d’avoir mal putain.» C’était cela - elle avait laissé quelque chose avec lui, et à la peur s’était ajouté la perte d’un rempart contre la douleur. «Ca fait des mois, merde, Donovan. Ca fait des mois et moi non plus ça me fait plus rire, ça me fait plus rire du tout. Ca fait juste mal. J’ai l’impression d’avoir couru pendant tout ce temps pour te fuir, et maintenant je suis juste épuisée.» C’était devenu physique. Comme à la fin d’une course - les poumons qui brûlent et le coeur qui se révulse, les jambes qui cessent de porter et l’envie invincible de simplement s’allonger. D’attendre que le temps passe. «Et maintenant je suis là, je suis là comme une merde et je veux plus que tu partes parce que j’ai tellement couru, tellement longtemps, que j’ai juste l’impression que je suis allée trop loin». Elle ferma ses deux mains en poings, et les appuya contre le torse de Donovan - dans l’espoir qu’il la tienne, qu’il la soutienne, lui transmette un peu de cette force qu’elle avait eu par le passé. «Je suis allée trop loin et maintenant je veux juste rentrer à la maison, tu sais, mais j’ai plus de maison» Elle le sentait, intensément, à chaque jour qui passait - elle était revenue à Huntington Beach mais les rues n’étaient qu’à demi familières. Elle faisait semblant de rire, bien sûr, semblant d’être heureuse. Mais il manquait toujours quelque chose. Une seule chose. Le sentiment d’appartenir à un endroit, de s’y sentir chez soi. Et tout ce temps elle avait fui la seule personne qui pouvait lui faire ressentir cela. «Je... ce que j’essaye de dire, c’est que je t’ai toi. Et même si t’es complètement fou, même si parfois t’es encore plus con que moi, et que merde! tu te fous le doigt dans l’oeil jusqu’au coude si tu penses que je te dirai un jour que tu es beau et intelligent et que je serai un jour le genre de pauvre femme qui fait ta putain de lessive et ton putain de repassage, tu es ce que j’ai de plus proche de ma maison». Elle ferma les yeux une seconde. Les larmes recommençaient à pointer, comme la dernière fois, dans ce putain de café - mais il fallait qu’elle parle. Encore. Elle avait tellement de choses à dire tout à coup, elle qui ne disait jamais rien, elle avait besoin de les laisser sortir tant qu’elle en était encore capable. «Tu sais? Parfois j’ai envie de te frapper, parce que t’es toujours là à appuyer ou ça fait mal, à me pousser à bout, et regarde, tu m’as encore poussée à bout. Mais j’ai beau crier, j’ai beau essayer de te détester, j’ai beau me rappeler que ça me fait putain de peur de ressentir tout ça, je peux juste pas m’empêcher de revenir. Parce que même moi j’ai besoin de rentrer à la maison parfois.». Elle rouvrit les yeux. Les planta dans les siens. Il s’était penchée vers elle - il l’embrassait, encore, comme s’ils allaient mourir demain. Mais elle n’en aurait rien eu à foutre, de mourir demain. Parce qu’à cet instant elle se sentait entière. Elle enfonça ses deux mains dans ses cheveux, dans ces putain de boucles brunes. Et entre deux baisers, parvint à reprendre: «T’as toujours eu ta place putain.» Un baiser, encore. Elle ne pouvait plus s’en passer. Il l’intoxiquait. Ils étaient si proches l’un de l’autre qu’ils auraient pu n’être plus qu’une seule personne. Ils se noyaient l’un dans l’autre. «T’as toujours eu ta place même quand je luttais pour t’en dégager. Mais t’as toujours été comme ça, hein? A pas vouloir bouger ton cul quand je voulais te virer. Mais c’est fini. Je suis fatiguée. Je suis épuisée. Fais tout ce que tu veux. Je serai toujours cette garce hystérique, celle qui hurle quand t’achètes la mauvaise bière, celle qui veut t’arracher la tête parce que tu crois que tu peux te la jouer gros dur avec moi, mais pars pas, putain, pars pas, parce que tout ça c’est à toi, ok? Tout ça c’est à toi. Je suis à toi. Pars pas.» Il y avait trois mots qu’elle voulait dire. Juste trois mots, mais ils restaient là, coincés, dans sa gorge, ils ne voulaient pas sortir, alors ils se réduisaient à cette espèce de cri étranglé quand elle attrapait sa tête pour dévorer à nouveau sa bouche - alors elle disait simplement, parce qu’elle ne pouvait s’empêcher de le ressentir: «Je suis bien avec toi. C’est toi. C’est toi, ma maison. Je me battrai plus contre toi, mais je peux me battre avec toi. » Donovan et Jagger contre le monde. Elle aurait pu en rire, il y a quelques mois encore. Avoir cette espèce de petit sourire méprisant, et la prétention de dire que jamais elle ne prononcerait ces mots. Mais c’était sa réalité, aujourd’hui. Tout simplement. Donovan Halvey s’était imposé à Jagger Dickens - et elle sentait qu’elle ne pouvait plus rien y faire. Simplement s’abandonner. «J’ai pas arrêté d’y penser. A nous. Parce que je sais qu’il y avait un nous. Et ce nous, il a toujours été là, quelque part. J’avais tellement mal. Tellement. Mais y’avait quelque chose en moi qui se souvenait de la minute avant que je parte, la minute avant que je nous foute en l’air, et qui se disait que c’était beau. J’étais heureuse tu sais? Et je sais que t’étais heureux aussi, même si t’étais complètement brisé depuis le début. Même si t’avais tout perdu y’avait un moment où on y pensait plus. C’était juste toi et moi. Et ça me hante d’avoir détruit ça. Toi et moi. Alors reste avec moi. Je t’en supplie, et c’est bien la seule fois de ma vie où tu m’entendras tu supplier.» Elle relâcha sa prise sur ses cheveux. Laissa sa propre tête tomber à nouveau contre le vieux mur. Elle tenta de respirer une seconde. Les mots étaient sortis seuls, animés d’une vie propre. Et elle sentait intensément qu’elle avait dit la vérité, que chaque seconde avait été la plus pure vérité. Elle n’aimait pas être sincère - pas sur ça. Pas quand il s’agissait de se révéler vulnérable. Mais elle ne pouvait pas s’empêcher de sourire. «Je te traiterai encore de connard. Je continuerai à te rendre fou. Je continuerai à te faire crier. Je continuerai d’être chiante. Je t’ignorerai plus. On pourra parler sans s’engueuler. Tu pourras m’embrasser autant que tu voudras. Je suis d’accord. Si c’est ce que tu veux, je suis d’accord. Mais il y a une chose, juste une chose qu’il faut que tu comprennes» Pas qu’elle ne dirait jamais de lui ouvertement qu’il était «beau», «intelligent», «tellement sensible» et «tellement charmant» - il n’était pas con, elle se doutait bien que quoi qu’il arrive elle ne pourrait se résoudre à caresser son égo dans le sens du poil et à lui envoyer des armées de fleurs. «J’en ai jamais rien eu à foutre. Jamais. Et j’ai prétendu le contraire, mais merde, tu sais qu’il y a quelque chose qui va pas chez moi. Ca a jamais tourné rond. Mais j’en ai jamais rien eu à foutre. Y’a plus que avec toi que je me sens chez moi. C’est plus la route. C’est plus Huntington Beach. C’est juste avec toi. Et ça me fait putain de peur, t’imagines même pas, merde, je devrais même pas te dire tout ça parce que honnêtement là tout de suite je me fais juste pitié. Mais je veux pas te perdre. Parce que tu me donnes le sentiment... que tout va bien quand je suis avec toi.»
Jagger n’avait jamais quitté le bord de la route. Dans un recoin de son cerveau qui n’avait eu de cesse de la trahir comme de la remplir d’espoir. Elle avait parlé, elle avait tout dit, tout ce qu’elle avait sur le coeur. Et elle se sentait... comme tout à coup revenue au bord de cette route. Donovan était là, l’instant magique avait été brisé, elle voulait fuir. Il tendait sa main pour la retenir, elle l’entendait distinctement lui dire «Putain mais tu peux pas partir comme ça!». Sauf qu’elle ne lâchait pas cette main qui se saisissait de la sienne. Non. Elle s’y accrochait tout à coup. Elle réalisait que non, elle ne pouvait pas. Qu’elle allait foutre son bonheur en l’air en prenant la route. Et oui, elle s’emparait de cette main. Parce que c’était son ancre. Elle s’emparait de cette main, puis de ce bras, puis de ce corps tout entier, et elle se jetait contre cet homme qui lui donnait le sentiment de vivre. Elle acceptait enfin qu’elle ne pouvait pas tout affronter seule. Et qu’elle avait besoin de lui.
Tellement.   
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MessageSujet: Re: Future Starts Slow l Donogger   Future Starts Slow l Donogger EmptyVen 4 Oct 2013 - 21:49

“And I won't back down, I won't turn around and around. And I won't back down, doesn't matter what comes crashing down I'm still gonna stand my solid ground! And I sing hallelujah ripped through my veins. I heard the hammer drop, my blood in the rain... When all is lost, all is left to gain”



Jagger Dickens et Donovan Halvey. Donovan Halvey et Jagger Dickens. On devrait écrire un livre pour nous immortaliser à l'encre noire sur des pages et pages, et des pages. Je n'étais même pas sûr qu'il y ait assez de papier dans le monde pour pouvoir contenir toute notre histoire, le chaos qui régnait entre nous, nos sentiments qu'on avait pendant si longtemps mis un point d'honneur à oublier, à ensevelir, à cacher, à ignorer, et ces mêmes sentiments qu'on se révélait à présent et qu'on avait l'impression de découvrir pour la première fois. Pas assez de papier pour contenir la description précise et pointilleuse de ce que ça me faisait à l'intérieur lorsque nos deux corps entraient en contact, lorsque je plongeais mon regard dans le sien, quand je me perdais en elle et que j'oubliais complètement tout ce qui m'entourait parce que j'étais trop occupé à l'aimer elle pour imaginer que la Terre était belle et bien ronde et qu'elle continuait de tourner et qu'il y avait vraiment sept milliard d'êtres humains vivants tous ensemble, co-habitant sur cette planète et malgré tout, contre toute attente, c'était sa route à elle que j'avais croisé, la sienne et pas une autre. Sept milliard de personnes qui se trimballaient autour de nous, sept milliard de personnes pour qui je n'éprouvais qu'un intérêt modéré. Elle était la seule qui m'intéressait vraiment. On aurait pu être au beau milieu d'un champs de bataille, ils auraient tous pu crever autour de nous, j'en avais strictement rien à faire tant que sa main était dans la mienne et qu'on avançait ensemble. Un jour peut-être, on racontera notre histoire, ce ne sera pas un modèle à suivre, ce ne sera pas un truc à l'eau de rose qui fait rêver les filles les plus fleur bleue, mais ça donnera des frissons, et ça rendra fou tout comme elle et moi on se rendait fou mutuellement. Ce sera une histoire triste, une histoire qui fait mal parce qu'on arrêtait pas de se le répéter depuis tout à l'heure, c'était notre fil conducteur, c'était ce qui nous avait porté jusque là. Mais ce serait aussi une histoire qui redonne de l'espoir et qui au final vous fait sourire.

L'avoir tout contre moi, la garder ici, au creux de mes bras, contre mon torse, je l'enveloppais de cette étreinte protectrice. Elle me laissait rarement une chance d'être son super-héros, son sauveur, son pilier, mais là je sentais qu'elle avait besoin du réconfort que lui offraient mes bras et pour tout dire, moi-même j'avais besoin de la sentir à moi parce qu'on venait de vivre une rupture, pas une vraie rupture à proprement parlé mais il y avait un truc qui s'était brisé et j'avais vraiment failli lui tourner dos et elle avait eu peur, tout comme j'avais eu peur aussi. Le temps d'un instant j'avais envisagé ma vie sans elle, j'avais pris la décision de ne plus l'inclure dans mon futur et pour tout dire cette vision ne m'avait pas plu, alors maintenant j'avais besoin de revenir un peu arrière, pas d'oublier ce que je venais de dire, ni d'oublier ce sentiment de rage qu'elle avait provoqué en moi, mais j'avais besoin de revenir vers elle. Alors je la serrais dans mes bras pour la rassurer elle, et pour me rassurer moi-même aussi. J'avais mis un pied au dessus de la limite, un pied au delà du point de non retour mais elle avait dit "Pars pas. et elle avait dit  et répété "Je suis désolée" et j'avais craqué à nouveau, j'avais résisté en vain, parce que c'était ridicule en fait de lutter contre Jagger, alors clairement non, je ne pouvais pas juste la repousser et lui dire merde.

Fatiguée, elle était fatiguée. On était au moins d'accord sur ce point. Elle avouait enfin ce que j'avais déjà tant voulu l'entendre dire depuis que je l'avais retrouvé, elle avouait ce que je l'avais imaginer me dire alors qu'elle ne vivait plus que dans ma tête, aujourd'hui les mots que j'avais fantasmé sortaient de sa bouche et ce n'était pas un rêve, ni une illusion, ni une invention saugrenue de mon esprit tordu. Elle avait été heureuse avec moi et je lui avais manqué. C'était peut-être con à dire parce qu'au fond je voyais bien qu'elle était mal, mais ça me faisait plaisir quand même. C'est salaud mais je trouvais une sorte de réconfort dans l'idée quelle avait peut-être autant souffert que moi de son départ, peut-être plus même parce qu'en plus de m'avoir laissé elle avait dû dire adieux à ses parents. Pour cette partie là, je n'éprouvais aucune joie, au contraire même j'étais en colère que cette chienne de vie ait mis une telle épreuve sur sa route, personne ne mérite ça, personne ne mérite de perdre ses parents aussi tragiquement. Jagger et moi on se ressemblait peut-être beaucoup actuellement mais on n'avait pas eu la même expérience de vie. J'imaginais qu'elle avait dû avoir une belle enfance, qu'elle avait dû être aimé par ses parents, qu'ils avaient dû être présents dans vie et que même si elle avait sans doute fait des conneries, ils ne l'avaient pas rejeté pour autant. De mon côté, je n'avais absolument aucun souvenir de ma mère, je n'avais pas tout à fait six ans lorsqu'elle nous avait quitté c'était à peine si je l'avais déjà vu en photo d'ailleurs, ma soeur m'en avait montré une, une fois.

FLASHBACK
"Milena?" chuchotais en ouvrant la porte de sa chambre. "Milena, tu dors?" avançant sur les pointes des pieds pour ne surtout pas faire grincer le plancher.  "Plus maintenant Donovan… Je dormais, mais je ne dors plus" répondit-elle sans prendre la peine de chuchoter. Elle tira sur sa couverture pour me laisser apercevoir son visage dans l'obscurité. Elle alluma la lampe de sa table de chevet. "Qu'est-ce qu'il t'arrives encore? Un monstre sous ton lit? Ou dans le placard peut-être?" Elle plaisantait et moi je faisais la moue. C'était en fait un tout petit peu plus sérieux que ça. "J'arrive pas à me souvenir…" annonçais-je vaguement. "Te souvenir de quoi?" Clairement Milena avait envie de dormir, mais mon histoire commençait à l'intriguait, je le sentais. "De maman." L'expression sur son visage s'adoucit aussitôt. "Donovan…" "Je me souviens plus Mila! Je me souviens plus du parfum qu'elle portait tout le temps, de son odeur, mais je sais que je l'aimais beaucoup pourtant et je me souviens plus de la couleur de ses yeux! Je me souviens pas non plus de son sourire, ni du son de sa voix. J'essaye Mila, j'essaye très fort mais je me souviens plus." Ma soeur me fit signe de la rejoindre sur le bord de son lit en caressant la place avec sa main. Du haut de mes neuf ans, j'allais m'installer à côté d'elle. Elle ouvrit le tiroir de sa table de chevet sans un mot et en sorti un bout de papier corné, une photo en réalité. "Tiens." dit-elle en me la tendant. "Tu vois, là… Tu peux te souvenir de son sourire, de la couleur de ses yeux aussi, et pour son parfum et le son de sa voix, regarde juste la photo Donovan et ensuite ferme les yeux et pense à elle très fort. Si tu te concentres, t'arriveras peut-être à l'entendre et à la sentir pour de vrai." Je fixais la photographie avec attention, j'avais l'impression que ma soeur venait de mettre un trésor entre mes mains. Je passais un doigt sur le visage de ma mère, ses beaux cheveux blonds bouclés, eux aussi je les avais oublié. Elle était belle, elle était… Je n'eu pas le temps de l'observer d'avantage parce que la porte de la chambre de Milena s'ouvrit brusquement à la volé et mon père, le regard noir, fit irruption dans la chambre. Sans chercher à comprendre il se rua sur moi, ma soeur tenta de me retenir mais il était plus fort qu'elle. Il me tira par le bras en hurlant. Il voulait savoir ce que je foutais dans la chambre de ma soeur au milieu de la nuit, j'avais envie de me boucher les oreilles, et de ne plus l'entendre! Si un jour j'oubliais sa voix à lui, ça ne me manquerait certainement pas! Il me secoua un peu avant de me relâcher et de me faire perdre l'équilibre. En me voyant tomber sur le sol ma soeur se leva de son lit pour se précipiter sur moi mais il l'arrêta en lui mettant une gifle. Lorsqu'il remarqua ce que je tenais encore dans ma main, il me l'arracha des doigts pour y jeter un oeil. Ma soeur et moi le fixions avec anxiété. Il avait détruit toutes les autres photos de notre mère, celle-ci était la dernière, ou du moins c'est ce que je supposais. "Cette photo est à moi!" hurla Milena qui tenta de la reprendre des mains de notre père mais avant qu'elle ait pu l'atteindre il l'avait déjà déchiré en deux. "Papa! Nooooooon!" m'écriais-je en sentant les larmes venir brouiller ma vue et couler sur mes joues. Mon père déchira à nouveau la photo pour être sûr qu'elle soit vraiment bien abîmée et fourra les morceaux dans sa poche. Il fit un pas vers moi, j'allais sans doute m'en prendre une pour être en train de pleurer mais j'étais tellement blessé et en colère que je n'avais pas réfléchi, je m'étais empressé de me relever et d'esquiver son bras pour m'enfuir en courant de la chambre de Milena qui pleurait sans doute aussi. Mon père se mit à me courir après en criant que si je ne revenais pas tout de suite il allait me mettre la raclée de ma vie. Je ne l'entendais plus. Toujours sans réfléchir, j'attrapais une paire de chaussures très en vitesse, sans prendre la peine de les enfiler et je m'enfuyais en courant par la porte de l'entrée. Il aurait pu me rattraper sans doute mais il ne prit même pas la peine de me courir après dans la rue. Il en avait rien à foutre que son fils de neuf ans passe la nuit dehors avec rien d'autre pour se couvrir qu'un pyjama et une paire de basket. Longtemps après que j'ai entendu la porte claquer derrière moi, alors qu'en me retournant je ne voyais même plus le bout de la rue, je cessais de courir. Frottant mes yeux pour dégager mes larmes, je levais la tête vers le ciel. Intérieurement je présentais mes excuses à ma mère et je lui promettais d'essayer de me souvenir de cette photo qui n'existait plus non plus désormais. Je la revoyais entre mes doigts quelques minutes plus tôt, j'observais même mon index qui avait caressé ce visage si doux sur le papier glacé. Et comme me l'avait conseillé ma grande soeur, je fermais les yeux en les serrant très fort et avec toute la concentration du monde, je pouvais à nouveau entendre ma mère prononcer mon prénom, je pouvais sentir son parfum dans l'air et mes derniers sanglots cessèrent. J'allais être fort pour elle.
FIN DU FLASHBACK

Balayant mes souvenirs d'enfance au fin fond de ma tête, je resserrais mon étreinte autour de Jagger. J'avais manqué d'une présence féminine et maternelle, mais je n'étais pas le genre de mec à reporter mes frustrations d'enfant sur la fille avec qui j'étais intime. Je n'avais pas envie d'une Jagger maternelle! Déjà ce n'était pas du tout dans sa nature et puis j'avais en horreur les hommes qui se comportaient avec leur copine comme si elles étaient leur mère. Quand elle m'annonça qu'elle n'allait ni faire ma lessive, ni mon repassage, je ne pu m'empêcher de sourire. De toute façon, je ne repassais pas mes fringues, à quoi bon? C'était une perte de temps à mes yeux parce que de toute  évidence on allait bien finir par les porter à nouveau ces vêtements alors à quoi bon les plier soigneusement après les avoir repassé pour éviter qu'ils ne soient froissés? On allait encore les chiffonner, les tâcher et tout le temps qu'on aurait mis dans le repassage et le pliage et toutes ces conneries, ça n'aurait servi à rien. Je n'allais pas m'étendre d'avantage sur ma philosophie en matière de repassage, mais tout ça pour dire que je m'en foutais que Jagger ne soit pas sans cesse derrière moi pour faire les choses à ma place. Elle n'avait pas besoin de me materner, j'avais l'habitude depuis de très nombreuses années de m'occuper de moi-même. Pour ça, les petites choses de la vie quotidienne, et pour tout le reste aussi.

Elle aussi avait la sensation d'avoir fait un marathon, une fois de plus je me sentais proche d'elle, parce qu'on était pareil. On était tellement pareil même que ça me perturbait franchement. Elle voulait rentrer à la maison, sa maison… Sur le coup je ne savais pas si c'était une bonne chose ou pas, mais ses poings avaient frappés mon torse et elle avait chercher à me garder près d'elle plus qu'à ne me repousser, elle avait réitéré sa demande de me voir rester. Elle ne voulait pas me dire que j'étais beau et intelligent, elle ne voulait pas être ma petite femme au foyer, mais elle avait conclu en disant que malgré tout c'était moi son chez-elle. Si j'avais réussi à me calmer et à faire redescendre ma colère, je sentais que de son côté elle n'était pas au mieux de sa forme. Deux fois en un mois que je la voyais aussi vulnérable. C'était troublant parce que je n'étais pas habitué à cela venant d'elle, mais c'était aussi tellement touchant et puis moi aussi je m'étais montré plus sensible que de raison et je lui avais révélé cette part intime de moi-même. On n'était pas invincible, on était des putain d'êtres humains et on avait aussi nos failles. On pouvait s'écorcher, se briser, se détruire, comme le reste du monde. Elle avait fermé ses yeux, et en l'écoutant à nouveau, je souriais encore parce que c'était du Jagger tout craché. Même au fond du trou, elle ne changeait jamais complètement, ce qui était à la fois inquiétant et tellement rassurant. Inquiétant parce que ça voulait aussi dire qu'on ne peut pas toujours lutter contre soi-même et que si fuir était dans sa nature comme elle était dans la mienne, alors on ne serait jamais vraiment à l'abris de recommencer nos conneries. Et rassurant parce que ça me prouvait qu'elle avait toujours été réelle, que depuis le début elle n'avait pas prétendu être quelqu'un qu'elle n'était pas. "C'est peut-être très égoïste, mais ton incapacité à me haïr et ton besoin irrationnel de me revenir me procure un certain plaisir. Et tu sais que c'est réciproque qui plus est!" Je passais ma main sur sa joue et continuais jusqu'à sa nuque, en dessous de ses cheveux. "Et pour toutes les fois où tu as envie de me frapper…" Je jetais un oeil à la benne à ordure que j'avais renversé tout à l'heure. "Souviens-toi qu'il a toujours moyen de trouver une poubelle quelque part. Elles font de meilleurs punching ball que moi tu sais." J'avais dit ça avec ma voix de mec trop mignon et irrésistible.

"T'as toujours eu ta place putain." Entre deux baisers, je soufflais de soulagement. Ma place. Je n'avais jamais eu ma place nul part, et même dans son coeur et dans sa tête, je n'avais jamais été vraiment sûr de l'avoir cette fichue place. Mais elle m'assurait le contraire et tout à coup elle bouleversait mon monde tout entier, elle envoyait valser tout ce que j'avais toujours connu. Ne pas avoir ma place où que ce soit, c'était l'une de mes plus grandes certitude. C'était d'ailleurs l'une des raisons qui m'avait poussé à prendre la route. Fuir une situation et trouver un endroit où je me sentirais enfin chez moi. Elle avait raison. J'étais un peu son chez-elle et elle était ma maison à moi aussi. Pour la première fois de ma vie je l'entendais de mes propres oreilles, je comptais pour quelqu'un et j'avais ma place. Et quelle place! La meilleure place. Elle gardait le meilleur pour la fin. Putain Jagger. " Tout ça c'est à toi. Je suis à toi. Pars pas. Qu'est-ce qui me retenait de lui arracher son haut tout de suite et de lui faire l'amour à cet endroit très exactement? J'en avais rien à foutre des autres, elle était en train de me dire qu'elle était enfin à moi, tout entière, et c'était exactement ce que je voulais, exactement ce que je lui avais demandé. Une part de moi refusait d'y croire, ça ne pouvait pas être vrai… Tout ça…. "Au final… Tu devrais me frapper." Je la fixais. "Juste pour être sûr que je ne suis pas en train d'imaginer tout ça et que je ne vais pas me réveiller d'un instant à l'autre et réaliser que je n'avais fait qu'imaginer, rêver tes paroles." Nos lèvres se rencontraient encore, on aurait pu scotcher nos bouches ensemble, ça aurait été la même chose. Sa bouche. Sa putain de bouche. Sa magnifique bouche. "Je ne pars pas." Déplaçant mes lèvres des siennes à sa joue et au creux de son oreille je lui assurais: "Je ne vais nul part. Nul part sans toi." Et je refaisais le chemin en sens inverse, sa joue, ses lèvres. J'avais envie d'embrasser chaque petite partie de son corps, chaque parcelle de peau, chaque membres qui la composaient, ouais, même ses pieds! Elle était parfaite.

Dans ma tête, c'était la petite mélodie de Coldplay qui se jouait. Through chaos as it swirls, it's us against the world. Elle était mon alliée. On aurait pu se perdre en chemin, changer de camps, et pendant quelques instants je m'étais moi-même demandé si elle n'était pas au contraire ma pire ennemie mais non, non… Elle était là, avec moi, et elle me promettait de rester, elle me promettait que je ne trouverai plus jamais de siège vide à côté de moi. Elle avait posé ses fesses dans ce siège et désormais, si je tournais la tête, là où le vide avait toujours régné, c'était elle que je verrais.

Je l'écoutais parler et je me rendais compte qu'un si simple petit mot n'avait jamais sonné aussi bien dans sa bouche, et surtout, je n'avais jamais rien entendu qui me procurait un plus grand plaisir, pas même ces fois où on m'avait susurrer à l'oreille les meilleurs trucs salaces. C'était une nouvelle forme de plaisir que je découvrais là. Le plaisir de se sentir vraiment désiré, vraiment important. Moi, Donovan, je ne la laissais pas indifférente, elle, Jagger. Et tous les deux, nous formions un nous. Nous. C'était con, mais je n'avais jamais connu ça avec aucune fille. Je n'avais jamais voulu qu'il soit question d'un nous avec quelqu'un d'autre qu'elle. Je n'aurais pas pu, ni su, l'envisager avec qui que ce soit en dehors de Jagger. Je n'en n'avais juste jamais rien eu a pété des autres. Pourtant, j'avais sans doute croisé sur ma route des filles biens, pas beaucoup, mais quelques unes sans doute. A mes yeux elles avaient toutes été très fades, je n'avais même pas pris le temps de les connaitre. Je n'aurais pas pu vous citer un seul nom d'ailleurs. Je n'avais que Jagger à la bouche, dans tous les sens du terme. Elle me suppliait de rester, pas de rester à Huntington mais de rester avec elle. Au fond, rien d'autre n'avait jamais compté en dehors de nous deux, peu importe où nous étions, on était ensemble et quand on était ensemble le reste n'avait plus d'importance. Si elle voulait que je reste ici, en Californie, si elle me demandait de poser mes valises pour de bon, ou en tous cas pour un temps, je ne pouvais qu'accepter. Huntington Beach pourrait être ma ville à moi aussi, parce qu'après tout c'était ici qu'était ma vie désormais. Et ma vie, c'est Jagger. "Si on s'en tient à ce qu'on vient de se dire ce soir… Tu n'auras plus jamais de raison de me supplier, surtout pas de me supplier de rester avec toi." Si j'aimais par dessus tout le creux de son cou, de son côté, elle adorait mes cheveux. Depuis le début je l'avais remarqué, elle s'y agrippait toujours, c'était comme un toc. Je me demande comment elle réagirait si un jour je me pointais devant elle avec la boule à zéro. Juste pour la faire chier. J'aurais  pu douter d'elle, douter sur ses promesses, sur ses paroles, mais comment douter quand elle est là à me regarder droit dans les yeux. Je savais à quel point tout ce qu'elle venait de dire avait dû lui demander un certain effort parce que s'ouvrir à moi de cette façon ce n'était pas naturel chez elle. Elle n'était pas du genre à parler de ses états d'âme à tout va, pas le genre de fille à pleurer parce qu'elle a passé une mauvaise journée à cause d'un tel qui lui a fait remarquer que son chemisier n'était pas parfaitement assorti à la couleur de ses chaussures. Elle était sincère parce que je savais que ce n'était pas par plaisir qu'elle était en train de parler mais par nécessité. C'était son dernier recours. Et peut-être bien que ça lui écorchait la bouche mais elle le faisait malgré tout, pour moi… Elle m'avait poussé à bout, j'avais menacé de partir, j'avais même carrément pris la décision de partir, mais in extremis elle avait quitté ses retranchements pour dire des choses qui comptaient enfin, des choses que j'avais besoin d'entendre. Alors non, elle ne faisait pas semblant, j'osais croire en elle et dans tout ce que son coeur venait d'exprimer. J'osais lui accorder toute ma confiance, j'osais remettre entre ses mains mon coeur abimé et j'acceptais le sien en retour. Je savais qu'à partir de ce soir, elle en prendrait soin et je n'avais plus peur de me reposer sur elle.

Son sourire. C'était comme un regain d'énergie. Jagger était toujours magnifique mais elle l'était encore plus lorsqu'elle souriait, en particulier lorsque c'était honnête et sincère. Le genre de sourire qu'on vous arrache sans même que vous vous en rendiez compte. Le genre de sourire qui vous prend presque par surprise tant il est spontané. Paradoxalement, je la trouvais tout aussi magnifique lorsqu'elle était triste. Je haïssais la voir souffrir mais je trouvais dans sa tristesse et dans ses yeux surtout, une fragilité qui se révélait au monde et qui la rendait plus humaine, plus vulnérable. Fixant sa bouche sur laquelle s'était dessiné ce sourire qui me faisait sourire aussi, je remontais jusqu'à ses yeux à nouveau, j'aurais pu l'observer ainsi inlassablement. Elle avait repris la parole et ça me faisait drôlement du bien que ce soit elle qui se charge de parler maintenant, ça me faisait du bien de l'entendre et de voir que quelque part nous étions encore et toujours sur la même page. "Bien." répondis-je simplement. C'était même très bien, elle ne m'avait jamais satisfait d'avantage. Ce soir, les choses auraient pu tourner au désastre mais au lieu de ça, c'était devenu encore mieux que le matin de Noël quand on déballe les cadeaux. "C'est ce que je veux Jagger. C'est vraiment ce que je veux. Et c'est tout ce que j'ai toujours voulu." Elle était d'accord. Pour une fois dans notre putain de vie, on était tous les deux d'accord et aucun de nous n'éprouvait le besoin irrésistible d'enfiler sa cape du casse-couilles de première et de faire appel à son incroyable esprit de contradiction juste pour embêter l'autre. Mais tout de même elle n'avait pas fini. Elle avait encore des choses à rajouter et je devais me mordre la langue pour ne pas lui couper la parole et lui balançer ce que je mourrais d'envie de lui dire maintenant. Je ne pouvais pas m'y résoudre, parce que j'aimais au moins autant ce qu'elle me disait que ce que je voulais lui dire et elle me donnait encore un peu plus envie de l'entrainer dans mon lit. J'avais dit que j'étais venu chercher une fille pour me la faire dans les toilettes, mais ça c'était un lieu réservé aux putes et Jagger c'était pas une pute. Et si certainement qu'on l'avait déjà fait dans les wc d'un club ou d'un bar ou d'une station service même, ce soir elle valait tellement plus que ça. Ce soir et tous les soirs à venir. Alors à défaut de lui arracher ses vêtements, je m'emparais encore de sa bouche, et je m'emparais de ses mains, et de ce corps que je plaquais contre le mur avec délicatesse, parce que je n'avais pas l'envie de me comporter comme un animal, mais j'avais envie qu'elle soit vraiment à moi. J'entendis quelqu'un passer près de nous et dire : "Prenez une chambre." Sans m'arrêter, je me contentais de tendre mon bras en arrière avec mon majeur tendu. Fuck you. Fuck all of you. Elle était à moi (tralalalala). J'aurais pu sautiller comme une écolière si j'avais pu quitter ses lèvres. Ma main descendaient sur ses hanches, sa chute de rein parfaite. Putain. Tellement parfaite. Et finalement, avec toute la peine du monde, je m'extirpais de ce baiser fougueux et passionné, glissant ma joue contre la sienne, je murmurais. "Je t'aime." Je déposais un baiser furtif dans le haut de sa nuque, l'obligeant à relever un peu la tête. "Je t'aime. Putain. Je t'aime Jagger." En me redressant, je lui laissais voir mon large sourire de pauvre con, je devais vraiment avoir l'air bête mais je m'en contrefichais tellement au point où on en était. "J'ai l'impression que je ne pourrais jamais arrêté de le dire, j'ai l'impression que ce n'est pas juste ma bouche qui te le dit, c'est comme si mon corps tout entier le criait, c'est comme si c'était écrit sur mon front. Je suis désolé. Je suis vraiment désolé. Pas de t'aimer, je m'excuserai jamais de t'aimer, non, mais je suis désolé d'être aussi faible face à toi. T'es ma faiblesse. Ma putain de faiblesse. Et là tout de suite maintenant, j'ai envie de t'embrasser, j'ai envie de faire plus que de t'embrasser, ça aussi ça doit se voir à des kilomètres à la ronde, mais surtout, j'ai envie de t'aimer et de te le dire encore et encore jusqu'à que tu me crois et que ça soit encré si profondément dans ta tête et dans ton coeur que tu ne cesseras jamais d'y croire, même si on essaye un jour de te faire penser le contraire." Je marquais une courte pause pour jeter un rapide coup d'oeil autour de moi. "Tu as dit tout à l'heure que tu me suppliais de rester avec toi et que ce serait la seule fois où tu me supplierais comme ça… Moi je te supplie de me croire et je te supplie de ne jamais oublier ces trois petits mots. " J'esquissais un léger sourire, j'essayais de me rappeler ses paroles exactement, avant de la citer elle-même. " Je t’en supplie, et c’est bien la seule fois de ma vie où tu m’entendras te supplier.
"
 

Ma main quitta le bas de son dos pour faufiler mes doigts entre les siens. Elle avait dit qu'elle avait peur. Peur de nous. Ou peut-être plutôt peur du fait qu'il y ait un nous, parce qu'elle était farouchement indépendante, elle l'avait toujours été et ce nous c'était un bouleversement dans sa vie, dans sa manière d'être et de penser peut-être aussi. Je ne voulais pas la changer, comme je l'avais déjà dit, je voulais la Jagger du début, celle qui m'entrainait dans des conneries monumentales juste pour le plaisir, celle pour qui je voulais bien chanter en karaoké, bourré comme pas permis, si seulement ça pouvait la faire rire (true story), celle qui refusait de dépendre de moi mais qui devait quand même se résoudre à parfois se reposer sur moi. J'avais envie de Jagger telle qu'elle était, terriblement énervante parce que trop têtue et trop folle, toujours dans l'excès, toujours à me rendre dingue, et paradoxalement si nécessaire à ma survie. Ma bouffée d'oxygène. Elle pouvait me faire danser sur les bar en slip kangourou si elle voulait. Pour elle j'étais prêt à m'attaquer à plus costaud que moi, même si clairement je savais d'avance que j'allais me prendre une raclée, mais pour son honneur, je voulais bien me prendre quelques coups. Elle pouvait  toujours jouer à l'infirmière ensuite. Pour Jagger, je voulais bien assister à des concerts d'artistes dont je déteste les chansons. Je voulais bien aussi rester éveillé toute la nuit pour la rassurer et lui dire que même si parfois ça n'en avait pas l'air, tout irait bien. Et si son monde s'écroulait, s'il s'écroulait encore, je voulais qu'elle sache que moi je serai toujours là. J'étais les fondations. Je n'allai pas lâcher, même si les choses devenaient sombres, même si on perdait un jour notre chemin, tant que cette petite étincelle demeurait entre nous, jamais je ne me résoudrai à laisser tomber. Je ne baisserai pas les bras. Je ne pouvais pas changer ce qui lui était arrivé, je ne pouvais pas faire revivre ses parents, et lui faire oublier la souffrance qu'elle avait pu ressentir. Elle était couverte de cicatrices et peut-être même qu'elle conservait des plaies béantes, on l'était tous les deux, marqués par la vie, des écorchés vifs. Mais ce soir tout était possible. Peu importe nos peines et nos peurs. On pouvait choisir d'aller de l'avant et de se faire confiance.

Je soufflais doucement. Mon regard plongeant à nouveau dans le sien. J'avais beau ne faire que ça, la regarder et me perdre dans l'immensité de ses yeux, ça me faisait toujours le même effet de souffle coupé quand je sentais cette connexion particulière. On dit que les yeux sont le miroir de l'âme. Si c'était vrai, alors nos deux âmes étaient liées, accro l'une à l'autre, parce que j'avais beau essayer, je revenais toujours inlassablement sur ces deux pupilles noires et ses yeux particulier, pas tout à fait identiques d'ailleurs, ça la rendait d'autant plus unique. Calmement, je repris une dernière fois la parole. ""Tu es partie, et on ne peut pas revenir en arrière et réécrire l'histoire, on ne peut pas faire comme si t'étais jamais montée dans ton van. Très franchement, sur le coup je n'ai pas compris pourquoi tu avais fait ça, mais maintenant que je connais tes raisons je ne peux plus t'en vouloir Jagger. Le passé est passé et on ne peut plus rien y changer. On doit vivre avec. Mais ça ne veut pas dire qu'on ne peut pas écrire le futur ensemble, même le réécrire! Oui! Réécrire ce connard de futur qui disait que j'allais passer ma vie à t'attendre. Ou même, celui qui disait que jamais je ne connaitrais de fille assez bien pour me faire tourner la tête, pour me faire chavirer, pour me faire dire tout haut ce que mon coeur pense tout bas, pour ne serait-ce que me montrer qu'il existe des émotions au delà de la colère et du vide intersidéral et de la douleur! J'étais à peu près certain que ce putain de futur ne me promettait rien de tout ce que tu viens de me promettre. Alors on ne va pas réécrire le passé mais on va inventer le futur, un futur ensemble et ce ne sera pas forcément exactement comme on l'a imaginé, ce ne sera peut-être pas toujours tout rose non plus, et peut-être qu'on regrettera parfois d'avoir choisi telle ou telle voie, mais moi je te promets que je ne regretterai jamais de t'avoir choisi toi et j'espère que tu ne regretteras jamais non plus de me choisir moi."
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MessageSujet: Re: Future Starts Slow l Donogger   Future Starts Slow l Donogger EmptyLun 7 Oct 2013 - 0:58

- You can blow what's left of my right mind -
You can holler, you can wail, you can swing, you can flail, you can fuck like a broken sail. But I'll never give you up, if I ever give you up my heart will surely fail. No longing for the moonlight, no longing for the sun, no longer will I curse the bad I've done. If there's a time when your feelings gone, I wanna feel it


 Certains pensaient que Jagger vivait dans un rêve - un très long rêve de vingt-sept ans, passé à ne se soucier de rien pour s’amuser de tout, une vie heureuse à sillonner les routes, à prolonger indéfiniment une glorieuse adolescence. Oui, certains pensaient qu’elle était totalement déconnectée de la réalité, et que c’était probablement le seul moyen d’en extraire ainsi la moelle et d’en profiter entièrement. Mais le fait était qu’elle était horriblement réaliste. Son choix de prendre la route, puis d’y rester, avait été dicté par la plus extrême des lucidités. Elle voyait tout. Comprenait tout. Tout ce qu’elle pourrait manquer en ne s’évadant pas, tout ce qu’elle n’apprendrait jamais, tous ces êtres qu’elle ne rencontrerait jamais. Elle y songeait à chaque instant où Huntington Beach en venait à lui manquer - et ces visions lui donnaient la force de monter dans la voiture, de reprendre la route, pour vivre un peu plus encore. Il y avait, toujours, la peur de manquer quelque chose. La peur de vivre moins qu’elle aurait pu le faire. C’était une véritable boulimie - d’émotions, de sensations. Elle était peut-être moins accro au tabac qu’elle ne l’était à l’existence. Elle savait le vide dans son coeur, et elle savait comment le combler. C’était cela. Simplement.
Et Donovan allait à l’encontre de toute cette étrange rationalité. Il était un rempart. Non, pas vraiment un rempart - il était un repère, une régularité. Un endroit vers lequel revenir, et qui définirait, d’une façon ou d’une autre, la liberté qu’elle pourrait conserver. Elle avait parlé, elle avait parlé et senti qu’elle croyait aveuglément tous ces mots qu’elle venait de lui dire - et voilà qu’il prenait une place. Où qu’elle aille, elle aurait dans un recoin de sa tête cet homme qui se tenait là et le besoin de le rejoindre. Bien sûr, il n’était pas de ceux qui la tiendraient en laisse. Il ne l’empêcherait jamais, ô grand jamais de reprendre la route - après tout, n’avaient-ils pas construit leur histoire au fil des villes? Il y avait eu Memphis, mais il y avait aussi eu L.A., il y avait eu New York, Washington, Las Vegas, et tous ces paysages. Mais le fait était qu’il serait toujours là, quelque part, et qu’elle ressentirait le besoin d’aller à sa rencontre. Et alors... alors il y aurait moins à vivre, moins à faire.
Elle ne parvenait pas à s’en offusquer. Elle ne parvenait plus à faire appel à cette brûlante rationalité et à cette éternelle boulimie de sensations. En rejoignant le corps de Donovan, la bouche de Donovan, elle était guidée par quelque chose d’autre, le besoin, le désir. Peut-être qu’avec Donovan, même, il s’agissait moins d’avoir que cet inébranlable désir. C’était cela, la passion? Il la dépouillait de quelque chose d’elle-même, et à la place de cette chose y installait le besoin. Celui de l’avoir contre elle. D’entendre sa voix. De sentir son odeur, et la force outrageusement rassurante de ses bras. 
Elle avait toujours peur. Elle ne savait pas d’où venaient toutes ces choses, d’où venaient les sentiments. Elle savait pourquoi elle aimait Hendrix - il était son frère jumeau, ils avaient grandi ensemble, ils étaient comme les deux côtés d’une seule et unique pièce. Elle savait pourquoi elle aimait Lyana, ou Julian. Ils l’avaient vu grandir eux aussi, et le temps n’avait rien changé au fait qu’une part d’eux étaient toujours heureuse de se retrouver. Mais Donovan? Donovan, c’était encore autre chose. Ils ne se connaissaient que depuis peu de temps, quand ils y pensaient. Elle le constatait aujourd’hui - ils avaient eu le temps de vivre avant que leurs routes ne se croisent, et à l’échelle d’une existence ils avaient partagé peu, si peu de souvenirs. Le lien qu’ils partageaient, parce qu’il y avait bel et bien un lien, n’était pas le fruit de l’habitude, ou de la parfaite connaissance qu’ils auraient eu l’un de l’autre. Non. Il avait juste surgi - tout à coup. Il avait jailli à l’instant où ils avaient cru se séparer pour toujours. La passion était née de la perspective du manque. Comme deux.. deux putain d’âmes soeurs dans une tragédie. Comme cette pute de Juliette qui croise cet enculé de Roméo au bal, et se rend compte que non, la vie ne peut plus continuer comme elle l’a toujours été. Elle l’avait nié farouchement, quand ils s’étaient retrouvés dans ce café - elle avait crié qu’elle ne serait jamais la blondasse qui renonce à son passé pour un avenir hypothétique. Mais voilà qu’elle se tenait dans ses bras. Et qu’il n’y avait plus aucune façon de lutter. Peut-être parce qu’elle avait tout perdu?  Que tellement de membres de sa famille étaient morts, et si violemment? Qu’elle avait tout à coup ce besoin de retrouver des repères? Elle aurait pu être hypocrite avec elle-même, prétendre que tout venait de là, que c’était une façon comme une autre de faire son deuil. Mais ç’aurait été envoyer se faire foutre le souvenir sublime de la minute de bonheur, de cette impression de sérénité absolue qu’elle avait touché du doigt, parfois, souvent. Elle ne pouvait pas nier les faits. Jamais.
Alors elle pouvait s’incliner devant cette force qu’elle ne comprenait pas. Ce n’était pas comme si elle avait faire une habitude de ce renoncement - non. Elle pouvait bien faire une exception. A circonstances exceptionnelles. Donovan était la plus grande de ces circonstances exceptionnelles. Appelez ça comme vous voulez. Des âmes soeurs. Destinés.
Putain, elle était fichue.
C’était la première fois, la toute première fois qu’elle ressentait cet étau autour de son coeur. Ce besoin d’une personne, ce besoin d’une présence. Il y avait peu de domaines où Jagger Dickens pouvait encore se juger débutante - oui, elle s’envoyait peut-être des fleurs en pensant cela, mais elle en avait fait, des choses, elle en avait expérimenté, des pratiques saugrenues. Mais quand cela venait aux sentiments... Elle eut tout à coup une pensée pour Julian, le seul autre homme que Donovan à avoir eu le privilège de la voir revenir, jour après jour, à avoir eu le privilège d’être quelqu’un à part dans sa vie. Mais elle l’avait toujours vue comme seul peut voir une adolescente - avec légèreté et désinvolture, et un coin de son cerveau qui se dit que le temps passera et qu’il ne l’accompagnera certainement pas tout du long. Il l’avait aimée. Elle l’avait vu comme un ami, différent des autres, mais un ami tout de même. C’était peut-être pour cela qu’il avait tant souffert de son départ? Elle n’avait pas su répondre au besoin qu’il avait eu d’elle, et qu’elle avait aujourd’hui de Donovan? Soudain, les choses se faisaient beaucoup plus claires. Il y eut aussi, alors, une trace d’angoisse - et si elle était le Julian de cette histoire? Non, putain, elle ne pouvait pas être le Julian de cette histoire. C’était de Donovan qu’on parlait. Celui qui l’avait rejoint ici, même s’il prétendait encore que ce n’était que par hasard (psychopathe!). Celui qui l’avait dénichée comme par hasard dans cette boîte de nuit. Qui lui avait avoué ne penser qu’à elle. Avoir besoin d’elle. L’aimer. 
Si chute libre il y avait, ils étaient en train de tomber ensemble. Entremêlés.
Mais elle ne voulait pas penser à tout cela - au fait qu’elle ne comprenait pas, qu’elle était vulnérable, qu’elle avait tout à coup peur de l’avenir. Non. Et puis ce n’était pas comme si elle pouvait y penser bien longtemps, nichée dans les bras de cet homme. Elle lui avait parlé du besoin viscéral de trouver un chez-elle, un endroit où elle se sentirait à sa place. Le fait était qu’elle l’avait trouvé. Elle avait toujours sa main glissée dans les boucles brunes - elle reconnaissait leur toucher, la chaleur qui irradiait du grand corps de l’homme. Elle reconnaissait la force de ses bras autour de son corps, le sentiment de sécurité absolue. Quand elle ouvrait les yeux, elle ouvrait les yeux sur une peau qu’elle avait appris par coeur, qu’elle aurait pu redessiner, une peau dont la carte était comme inscrite dans sa mémoire. Chaque souffle lui apportait un peu de cette odeur qui n’appartenait qu’à Donovan, une fragrance quelque part entre la bière bon marché, la fumée de cigarette, le café et la fureur de l’étreinte. Et puis il y avait cette voix, cette voix toujours, glorieuse, ce long ronronnement d’où émergeaient des mots, un peu rocailleuse, et toujours cet accent de Chicago qui lui faisait bouffer ses voyelles - mais tant pis, parce que même si c’était la voix d’un homme, un vrai, il avait toujours ce ton d’enfant quand il s’envoyait des fleurs. Comme il venait de le faire. Et c’était toujours ce même sentiment - elle le trouvait à la fois détestable, bon à frapper, mais adorable. Parce qu’elle se sentait chez elle. Et qu’il était lui-même, profondément, sans jamais jouer le rôle d’un autre - il était toujours lui-même et l’assumait sans problème. Elle le connaissait et le reconnaissait là. C’était tout ce qui comptait. Chaque seconde lui apportait un peu plus cette certitude. C’était là tout ce qui comptait. Et tant pis si elle ne pouvait s’empêcher de lever les yeux au ciel, et de gronder: «Mais tu vas fermer ta gueule oui... Et puis je sais que t’aimes que je te frappe, t’es un putain de pervers dégénéré. Tu serais jaloux de la poubelle...»
Elle l’embrassait tout de même. Avec un peu de désespoir. Avec toujours ce putain de désir. Elle l’embrassait comme si elle voulait l’embrasser tout entier - faire de lui une part d’elle-même pour résoudre les dilemmes et l’angoisse. Et peu à peu la réalité allait en ce sens - il lui disait qu’il ne partirait pas. Sans elle. Et elle le regardait, entre les baisers. Elle le regardait dans les yeux et il avait l’air si sincère, lui qu’elle avait toujours pu lire comme un livre ouvert. «D’accord.», qu’elle répétait, avec ce sourire indélébile aux lèvres. Quand il lui disait qu’elle n’aurait plus jamais de raison de le supplier. Quand il lui disait que tout cela, c’était ce qu’il avait toujours voulu. «D’accord.». Et elle lui donna même un petit coup sur le torse, de son poing fermé, pour répondre à son besoin de sentir qu’elle était bel et bien là. Un seul coup - et puis elle alla chercher sa main pour y entremêler la sienne. Fermement. Ils n’avaient jamais été du genre à se donner la main, à avoir ces minuscules marques d’affection quotidiennes. Ils étaient plutôt du genre... tout ou rien. Ils marchaient côte à côte en s’envoyant des piques, parfois en se hurlant carrément dessus... ou ils se retrouvaient ainsi, contre un mur, contre une table, contre un comptoir, bouffés par le désir. Ils passaient inaperçus, ou bien récoltaient les regards un peu envieux et un peu sarcastiques de passants qui n’avaient pas leur chance. A un moment, elle avait d’ailleurs cru sentir à nouveau le regard du videur et de quelques clients sur elle - et même entendre la voix de celui là même qui lui avait proposé son aide soupirer que effectivement, elle semblait très bien se débrouiller toute seule. Probablement qu’il se doutait aussi peu qu’elle de l’issue qu’allaient prendre les évènements. Mais voilà. Ils s’étaient retrouvés. Leurs corps s’étaient retrouvés. Et voilà qu’elle avait le besoin de prendre sa main, pour sentir continuellement sa présence.
Il n’allait pas s’en plaindre. Elle avait besoin de le toucher? Il attaquait sans cesse sa bouche de nouveaux baisers - elle le sentait brûlant, avide, autant qu’elle, sinon peut-être plus. Il était ivre à l’origine - elle le voyait à cet instant ivre d’émotions, également, et de sensations. De mots également, comme il ne cessait pas de parler. Il la tenait pressée contre lui, embrassait sa nuque, et parlait. Il lui disait qu’elle l’aimait. Et pour la toute première fois les mots faisaient vraiment sens, ils trouvaient un écho en elle, elle les comprenait. Non pas qu’elle se sentait capable de lui répondre en de mêmes termes - c’était encore à la fois trop précieux et trop difficile pour elle, une autre étape à franchir pour laquelle il lui manquait encore la force. Mais elle pouvait comprendre. Et c’était un nom comme un autre à mettre sur cette passion brûlante. Mais elle le regardait droit dans les yeux, cet homme qui se mettait à nu pour elle, et elle comprenait. C’était déjà énorme. Cela pourrait paraître peu pour d’autres - mais pour elle, c’était un pas de géant. Elle savait que quelque part Donovan serait déçu qu’elle ne puisse répondre exactement à ses attentes - qu’elle serait toujours boitillante, hésitante dans cette histoire, perdue entre l’habitude et ces forces qui la dépassaient. Mais il il la connaissait, et pourrait encaisser. Chaque baiser la lui en assurait. Elle se tenait là, immobile, sous cette avalanche de «je t’aime», et en retirait la certitude que oui, elle valait quelque chose. Elle était l’être aimé de quelqu’un - et tout à coup le monde en devenait plus facile à affronter. «T’as pas à t’excuser... tu te rends compte qu’on a l’air de deux pauvres cons, à s’excuser l’un à l’autre pour tout et pour rien? T’es pas faible, c’est pas vrai, je suis pas ta faiblesse, parce que quand tu me dis que tu m’aimes je vois pas ça comme une faille - je vois plus ça comme une faille. Non. C’est juste que je te crois. Que ça fait sens. Pour moi. En moi. T’as pas à me supplier, je te crois.» Elle inspira profondément - bon sang, elle n’avait presque pas relevé le fait qu’il avait repris exactement la phrase qu’elle avait prononcé un peu plus tôt, comme pour la singer - elle ne s’en offusquait même pas. «Je te crois parce qu’il faut bien ça pour rester. Non? T’as toutes les raisons du monde de partir, après tout ce que j’ai pu te faire. Mais tu restes. Tu dis que tu restes.» Elle secoua la tête - comme si une part d’elle pensait encore qu’il s’agissait d’un rêve, et qu’elle allait se réveiller à un moment ou à un autre. Tout était surréaliste dans cette soirée, après tout. Tout, à partir du simple fait qu’il se trouvait là, avec elle. «Alors oui, c’est que tu dois m’aimer.» Et puis elle baissa les yeux. Elle venait de penser à une chose, qui une nouvelle fois laissa s’échapper de sa bouche les mots: «Je suis désolée». . Et elle le pensait, encore, réellement - même si cela commençait à faire beaucoup pour une seule soirée. «Je peux pas te dire ça... tu le sais, hein? Je peux te laisser une place, celle que tu as toujours eu après tout mais... putain. Je peux pas te dire ça. Si je t’aime. Je suis pas comme toi. Je suis pas comme toi, toi t’es honnête, tu sais ce que tu penses, et tu peux dire des choses comme ça mais pour moi c’est trop dur. Mais ce que je peux dire c’est que tu as ta place, ok? Que j’ai fini de me battre et que je veux rester là, avec toi, que tout est plus simple quand je suis avec toi. D’accord? Oui c’est plutôt à moi de m’excuser. Parce qu’il faut que tu saches que je suis une putain de trouillarde, une putain d’handicapée des sentiments avant de me dire que tu m’aimes et que tu es prêt à ça. Tu mérites mieux. Tellement mieux.»
Et s’il renonçait?
Elle avait beau ne jamais l’avouer, passer sa vie à le dénigrer, elle savait qui était réellement Donovan. Elle ne connaissait pas son passé, oui, comme il le lui avait prouvé il y a quelques dizaines de minutes à peine. Elle savait qu’il était quelqu’un de bien. Qu’il était bourré de blessures, au moins aussi instable qu’elle, mais qu’il ne voulait le mal de personne. Que lorsqu’il blessait, en tous cas il ne blessait pas volontairement. Mais aussi qu’il avait ce besoin constant d’affection, qu’il était resté sous certains aspects enfant, et qu’il avait besoin de certitudes. Et elle... elle était bancale. Bornée. Inconstante. Et si ce qu’elle venait de lui dire le poussait à renoncer? A partir chercher ailleurs? Elle y avait pensé plusieurs fois, depuis qu’ils s’étaient retrouvés ici. Probablement que la chose lui était venue en tête à lui aussi. Elle le pensait, quand elle disait qu’il méritait mieux. Mais et elle, alors? Elle avait beau avoir conscience de cela, elle ne pouvait empêcher ses poings de se resserrer dans les cheveux de Donovan, elle ne pouvait s’empêcher de le retenir. Elle devait le laisser partir. Elle ne le pouvait pas.
Mais elle avait appris à lui faire confiance. Peut-être même qu’elle lui avait instantanément fait confiance. Après tout, ils se connaissaient à peine lorsqu’elle lui avait proposé de la suivre sur la route - il aurait pu être un tueur en série, un violeur, un dealer de drogue, un membre d’une quelconque mafia, mais elle lui avait donné une chance. Elle n’avait même pas songé qu’il puisse lui vouloir du mal - bon sang, regardez le, son champ de violence s’arrêtait aux poubelles et aux primates qui semblaient un peu trop vouloir s’approcher de Jagger. Mais peu à peu, ce qui était à l’origine ni plus ni moins qu’une imprudence s’était muée en certitude. Il était là. Jour après jour. Fidèle au poste. Les semaines s’écoulaient et il ne l’avait toujours pas tuée - au contraire! Il était prêt à prendre les armes dès qu’elle semblait vaguement en danger à ses yeux, même si techniquement elle ne l’était pas. Il n’avait toujours pas volé son van, à considérer que son fameux tas de ferraille pouvait avoir un quelconque intérêt marchand. Alors oui. Elle avait commencé à se dire qu’elle pouvait se fier à Donovan. Qu’il était réellement la personne sans mauvaise intention qu’elle voyait en lui. Il se laissait porter, simplement, en essayant de tout faire pour le mieux. Elle pouvait faire ce pari sur l’avenir, celui selon lequel il allait rester malgré tout ce qu’il pouvait bien lui reprocher. Il avait repris la parole. Il lui disait qu’il lui pardonnait ce jour où elle l’avait laissé seul sur le bord de la route, sans même prendre le temps de lui dire cette peur irrationnelle qui s’était emparé d’elle. Qu’au-delà même de la pardonner, il était prêt à avancer malgré tout. Que le simple fait qu’ils soient ensemble, à cet instant, tenait presque du miracle pour lui, et qu’avec tout ce qu’il avait bien pu vivre il ne pensait pas un jour ressentir tout ce qu’il ressentait. Qu’il ne regretterait pas. Qu’il était incapable de regretter de l’avoir choisie, elle. Et elle était là, son regard planté dans le sien. Chacun de ses mots la remplissait de l’angoisse de ne pas être à la hauteur ou de trop y croire. Mais il lui redonnait confiance en l’avenir, à elle aussi. Il lui ouvrait une porte - et derrière cette porte se trouvait la possibilité d’avancer malgré la mort. Elle pouvait s’appuyer sur lui pour se relever du deuil. Et c’était parfait, parce qu’il n’y avait que sur lui qu’elle voulait s’appuyer. Il y avait un peu d’émerveillement, aussi. Elle se connaissait, avait confiance en elle-même, mais c’était toujours... toujours éblouissant d’entendre dire ces choses là. Il faisait d’elle une autre femme. Quelqu’un de grand. Quelqu’un que l’on pouvait admirer. Quelqu’un pour qui l’on pouvait se laisser ainsi devenir fou. Elle devenait une reine entre ses bras. Elle avait besoin de cela. Tellement besoin de cela. Presque autant qu’elle ressentait le besoin de le soutenir, lui, de ne plus jamais le voir comme un peu plus tôt - bouffé par la douleur et la rage, à deux pas à peine de la folie. Il allait rester. Et elle allait ressentir cette ivresse aussi longtemps que possible. Parce qu’il la regardait... comme toutes les femmes rêvaient d’être regardées, au moins une fois dans leur vie. Elle réalisait qu’elle faisait partie de ces femmes. Juste un regard, et le monde semblait beau. Juste un regard, et elle sentait que demain serait une belle journée. Oui. Elle pouvait faire ce pari sur l’avenir. Ce minuscule pari. Sans grand risque. «Je suis partante. Je crois que c’est assez clair, hein? Je suis partante. C’est pas comme si j’avais pas le choix. T’es le seul à pouvoir trouver la clé pour rentrer là dedans. Dans ce putain de bordel qu’il y a à l’intérieur. Et j’ai aucune foutue idée de comment ça va se passer. Bon sang, je sais même pas si je suis capable de construire quoi que ce soit Donovan. Mais je crois vraiment qu’il y a qu’avec toi que je peux tenter ça. On a toujours été très forts pour tenter tout un tas de trucs à la con toi et moi hein? On a des idées stupides et tout à coup on peut plus lutter, faut qu’on le fasse, que ce soit immoral, illégal ou quoi que ce soit. Mais là... c’est un truc que les gens font tous les jours, partout dans le monde, que j’ai jamais fait pourtant, mais je veux essayer, et il y a qu’avec toi que je veux essayer» Elle eut sourire, un peu tremblant. Elle passa ses deux bras autour du cou de Donovan, puis y nicha son visage. Tout contre la peau offerte, elle murmura: «Mais je regrette pas. Je pense que je regretterai jamais. C’est plus fort que moi et c’est putain de flippant. Mais je peux pas regretter.» Son visage se détacha de la gorge de l’homme - elle vint à nouveau voler un baiser. Elle ne pouvait pas s’en lasser. Pas en avoir assez. «Qu’est-ce que t’es venu foutre dans ma tête hein? C’était un mauvais plan de te ramasser ce jour là. Un putain de mauvais plan. Et maintenant je suis là et je suis plus tout à fait moi-même, mais c’est trop tard pour reculer. Je suis partante.» Un rire - léger. «Juste... évite de me demander en mariage demain ok? Parce que je suis à rien de recommencer à flipper ma race. Mais si jamais tu fais un truc con, genre m’acheter une bague avec plein de diamants dessus, ou me foutre une robe plus chère que ma voiture pour aller dans un restau gastronomique, et que je panique complètement, au point de recommencer à dire et faire de la merde... souviens toi que tôt ou tard j’aurai besoin de rentrer à la maison, ok? Et que c’est toi. Faut juste y aller doucement. Mais je suis partante. Et je regretterai pas. J’ai... j’ai beau être putain de bornée, j’ai besoin de toi.». Elle se l’était prouvée par l’expérience. Ce mois de silence, ce mois où elle avait tout fait pour le fuir...  Elle avait retrouvé Lyana, elle avait retrouvé James, elle avait essayé de jouer à cette fille qui n’en a rien à foutre, pour qui personne ne compte. Elle n’en avait pas besoin. Elle n’était pas de ceux qui ont le besoin d’un autre corps pour se sentir vivant, et peu importe qui croisait leur route. Elle n’était pas une putain de traînée. Elle n’en avait pas besoin... Mais ce dont elle avait besoin, c’était de se prouver qu’elle n’appartenait pas à Donovan - parce que dans son coeur tout allait vite, beaucoup trop vite. Et voilà qu’elle était là, dans les bras de celui qu’elle avait voulu fuir. Malgré tout, un instinct primaire l’avait conduite à rentrer à la maison. Toutes les aventures du monde ne pouvaient lutter contre le souvenir de cet homme. «J’ai besoin que... vraiment, il faut que tu te souviennes de ça. Parce que tu sais comment je suis. Tu sais qu’à la seconde où tu iras trop vite je voudrai me barrer, et je hurlerai toutes ces choses qu’au fond je pense même pas. Mais il faut que tu te souviennes de ça. Et que tu me retiennes. T’as le droit de me retenir, ok? Et ça, putain, je sais même pas si je laisserais mon frère le faire. Mais faut que tu saches que quoi qu’il arrive j’ai besoin de toi. Toujours besoin de toi.»
Toujours besoin de le voir. De l’entendre. De le toucher. De l’embrasser. Toujours. Et tant pis si elle avait sûrement raison - qu'à un moment ou à un autre, elle allait être submergée par cette putain d'angoisse. Il devait savoir ça. Il était le seul capable de la ramener à la raison - il l'avait prouvé, le prouvait à chaque instant. Elle avait besoin de lui. Viscéralement.   
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MessageSujet: Re: Future Starts Slow l Donogger   Future Starts Slow l Donogger EmptyMar 8 Oct 2013 - 1:30

“And I won't back down, I won't turn around and around. And I won't back down, doesn't matter what comes crashing down I'm still gonna stand my solid ground! And I sing hallelujah ripped through my veins. I heard the hammer drop, my blood in the rain... When all is lost, all is left to gain”



Je me demandais comment il m'était possible d'avoir à la fois la sensation de ne pas connaitre Jagger et l'intime conviction de la connaitre toute entière. Je n'aurais pas su vous dire deux mots sur sa vie passée, sur ce qu'elle avait fait avant moi, elle ne m'en avait jamais vraiment parlé, peut-être de brèves allusions, mais je n'écoutais sans doute que d'une oreille. Je mettais un point d'honneur à vivre dans le présent, surtout au moment où je l'avais rencontré, je n'en avais rien à foutre du passé, tout ce qui m'importait c'était qui elle était avec moi, qui elle était sur le coup, et elle agissait toujours si naturellement que j'en étais rapidement venu à la conclusion qu'elle était sans doute comme ça tout le temps, avec moi et avec les les autres. Seulement, si j'arrivais à comprendre ses réactions, à les anticiper aussi, si j'étais capable de deviner ses pensées juste en la regardant, ou de finir ses phrases (dans ma tête seulement parce que merde, elle n'apprécierait pas que je lui ôte les mots de la bouche), je ne savais pas ce qui l'avait conduit à être ainsi, je ne savais pas quelle route elle avait tracé depuis le premier jour de sa vie jusqu'au moment précis où elle m'avait rencontré. Mais je ne posais pas de questions parce que je la prenais telle qu'elle, elle me plaisait, et ça se voyait qu'elle n'était pas tout à fait stable et même qu'elle était clairement dérangée, je partais du principe qu'on trainait tous derrière nous des bagages plus ou moins lourds et que c'était ceux-ci qui avait contribué à nous façonner peu à peu et à nous faire changer, évoluer et grandir au fil des ans, personne n'avait vraiment besoin de savoir ce qu'étaient ces choses-là précisément. On avait vécu des épreuves, on avait vécu des peines et des drames et on avait souffert, mais on avait sans doute aussi été heureux et peut-être même qu'on avait connu des instants de pure bonheur, qu'on avait aimé très fort et ris très fort aussi, quoi qu'il en soit je ne posais pas de questions. Je ne voulais pas savoir. Tout le temps qu'on avait passé ensemble, j'avais appris à la connaitre mais pas de la manière conventionnelle en lui demandant le prénom de ses parents ou le nom de son chien, je ne lui avais pas demandé de me parler de son expérience scolaire, de ses études éventuelles, ni de de ses plans de carrière ou de ses rêves. Je voulais la connaitre différemment, d'une manière plus personnelle encore. Et cela avait été possible grâce à notre connexion si spéciale, une connexion que je n'avais connu avec personne d'autre. On n'était pas un couple, je ne l'appelais pas ma "petite amie" et même aujourd'hui je me disais que ce serait difficile pour moi de franchir ce stade, même si je l'aimais et même si elle me laissait penser qu'on pourrait être ensemble et former ce "nous" si spécial à mes yeux. Et malgré cette absence d'exclusivité entre elle et moi, il était clair pour tout le monde que nous n'étions pas non plus juste deux bons amis qui baisent pour faire passer le temps. Je n'avais pas l'exclusivité, mais en attendant c'était toujours avec moi qu'elle reprenait la route, c'était toujours dans mes bras qu'elle finissait par revenir et peu importe si elle s'était tapée un autre con la veille, au petit matin c'était sous mes draps qu'elle se glissait l'air de rien. Alors que je la tenais dans mes bras, qu'on venait de s'avouer des choses qu'on aurait jamais cru pouvoir dire à voix haute, je me demandais sincèrement si je pourrais à nouveau supporter cela… La voir dans les bras d'un autre. Elle pouvait parler à n'importe quel plouc si ça lui chantait, elle pouvait rire aux blagues du premier crétin qui passe si ça lui faisait plaisir, elle pouvait même faire un câlin à un gars  (de préférence des homosexuels et des moches, mais ça laisse de la marge quand même). Embrasser un autre mec, ou une autre fille pour ce que ça vaut, avec Jagger, on ne multiplie jamais assez les possibilités, ça pouvait passer à la limite, mais il ne fallait pas que ça dure trop quand même et si elle pouvait éviter de mettre la langue, ça m'arrangerait aussi. Des baisers platoniques, elle pouvait, peut-être même que ça finirait par m'exciter, surtout avec une fille…. C'était arrivé une fois que je la vois se faire draguer par une nana dans une boite de nuit à Vegas. J'avais trop bu et elle aussi et on avait dû s'engueuler pour une connerie, comme d'hab'. Elle était assise à une extrémité du bar et moi à l'autre, on se jetait des petits regards en coin, les yeux noirs, fâchés pour des broutilles. Je m'apprêtais à aller m'en griller une quand j'ai vu cette magnifique blonde s'approcher d'elle. De là où j'étais évidement je ne pouvais pas entendre leur conversation mais rapidement j'avais compris qu'il ne valait mieux pas que je bouge mon cul de ce putain de tabouret. J'étais resté là, à les observer et au bout d'un moment elle m'avait jeté un nouveau regard, un qui voulait dire "Tais toi et regarde connard!". Elles avaient alors échangé un baiser et damn it! Je mentirais si je vous disais que ça m'avait laissé indifférent, plus bas, en dessous de la ceinture. Je vais pas vous faire un dessin. Et là, rien que d'y repenser, je revoyais très bien la chose. Au final, si elle voulait se faire une fille je n'étais pas contre, mais il fallait qu'elle me laisse le droit de regarder, sinon aucun intérêt. Mais sérieusement, coucher avec un mec choisi au hasard juste pour m'énerver, je savais que ça je ne le supporterais vraiment plus et qu'elle n'avait plutôt pas intérêt à me faire ce coup-là si elle ne voulait pas que je lui pète une vraie crise de jalousie comme je n'en faisais jamais. Elle me rendait jaloux. Ce n'était pas un trait de caractère que j'avais de nature, c'était quelque chose qui s'était développé en même temps que mes sentiments pour elle grandissaient et c'était entièrement sa faute à elle si j'étais comme ça et si je ressentais ça. Je ne voulais pas la voir dans le lit d'un autre, ni l'imaginer dans le lit d'un autre, je ne voulais même pas que l'idée lui traverse l'esprit. Alors oui, oui, j'avais dit que je n'étais pas jaloux, mais c'était faux quand ça la concernait et évidement que si je voyais un mec la faire chier comme ça avait été le cas tout à l'heure, ça n'allait pas me laisser indifférent. Je ne pouvais pas changer la réalité. Jagger était canon, et elle travaillait… ici. Dans ce club de merde où tout un tas de gros dégueulasses auraient sans doute des tas d'occasion de lui mettre la main au cul, si j'avais pu leur briser tous les doigts par avance, juste par la pensée… Putain. Il était ma propriété ce petit cul, y'avait mon nom marqué à l'encre invisible, ok? Mais parce que j'avais aussi dit que je ne voulais pas que les choses changent et parce qu'elle restait Jagger et que je n'avais pas le droit de la faire prisonnière, qu'elle devait rester maitre d'elle-même et que je ne pouvais tout simplement pas tout contrôler, j'allais essayer de tolérer ces petits gestes, et ses sourires destinés à d'autres, ses éclats de rire, ses regards, mais à chaque fois que j'aurais à en être témoin, croyez-moi que s'il n'y a pas ma grande copine la bouteille de vodka pour me tenir compagnie, il faudra bien que j'extériorise d'une manière ou d'une autre. De préférence avec mes poings et mes gros bras.

En attendant, elle était là, dans mes bras à moi et c'était moi qu'elle appelait son chez-elle, c'était devant moi qu'elle s'était montrée comme une petite chose toute sensible et fragile et elle n'avait pas offert cette image à beaucoup de monde dans sa vie, je n'en doutais pas. C'était moi qu'elle suppliait de rester, moi qu'elle ne voulait pas voir partir, c'était moi. Moi, moi et re-re-moi. C'était aux autres d'êtres jaloux! Au fond j'étais même triste pour eux parce que maintenant que j'avais ma place, je ne comptais pas me laisser déloger et très égoïstement, je comptais bien me la garder pour moi tout seul. Elle était ma Jagger et j'étais son Donovan, et même si je savais que c'était le genre de truc que je ne pourrais pas vraiment dire à voix haute parce qu'elle ne supporterait pas, je le pensais quand même et j'étais prêt à laisser les autres le savoir aussi si le besoin se présentait. Elle me rendait tellement fou, elle me faisait vivre, chaque souffle était pour elle, chaque battement était pour elle, et j'avais envie de lui offrir tout mes regards, tout mes sourires (et putain je suis pas du genre à sourire à tout va, je marche pas dans la rue avec un sourire béat sur la face juste parce que je suis heureux d'être vivant), toutes mes petites attentions. C'était comme si tout ce que j'avais toujours gardé à l'intérieur de moi, tout l'amour que je n'avais jamais pu donner à qui que ce soit parce que personne n'en avait jamais valu la peine, c'était en train d'exploser et ça explosait pour elle. Ça dégoulinait, c'était dégueulasse, écoeurant même, mais j'avais ouvert le robinet et ce connard ne voulait plus se refermer. Pas de plombier dans ces cas-là, sinon Jagger aurait peut-être pu aidé, la fuite n'était pas réparable. Ça allait continuer de couler jusqu'à ce que l'amour s'épuise ce qui dans mon cas et celui de Jagger, n'allait pas arriver de si tôt. Parce que même si elle finissait pas partir, ou si c'était moi qui partait, ce que je ressentais aujourd'hui ça ne pouvait pas s'arrêter, jamais. J'avais vécu des trucs traumatisants, qui m'avaient marqué et je le savais que j'allais devoir vivre avec pour toujours, mais ça… Ça s'était encore pire! Ce n'était pas juste mon esprit qui allait s'en souvenir, c'était chaque partie de mon corps. Mes lèvres qui garderaient la chaleur des siennes, mes bras qui se souviendraient toujours de cette étreinte, mes cheveux qui eux n'oublieraient jamais ses doigts perpétuellement agrippés à mes boucles brunes. C'était mon coeur marqué au fer rouge, mon âme qui avait trouvé sa jumelle. C'était tout mon être, moi tout entier. Et longtemps après qu'on m'ait mis six pieds sous terre, tout ça flottera encore dans l'air de Memphis, à travers le désert du Nevada, en haut de l'Empire State, sur Hollywood Boulevard, au milieu du Golden Gate, et ici à Huntington Beach. Cette électricité dans l'air, étais-je le seul à la sentir? Le courant avait été coupé durant tant d'années, mes yeux n'avaient plus l'habitude de faire face à la lumière, ils avaient connu l'obscurité pendant si longtemps, mais Jagger n'était pas une lumière aveuglante, elle était douce et elle me guidait hors de cette obscurité, c'était elle qui avait redémarré le compteur, c'était elle qui me tirait hors du noir.

Elle me sorti de mes rêveries, sa voix me rappelait à l'ordre. "Ferme ta gueule." Elle aimait bien me dire ça. L'espace d'un instant, elle redevenait elle-même, telle que je l'avais toujours connu. Une chieuse que je vous dis. Parce que putain faut être sacrément chiante pour oser gâcher un moment pareil pour me sortir un truc comme ça. "Si moi je suis un putain de pervers dégénéré, toi t'es une hystérique irrécupérable, t'es un bonhomme coincé dans le corps d'une fille et tu parles comme un camionneur… " Je la fixais un instant. "Et ça n'a rien à voir mais je m'en branle." Elle avait raison, peut-être. Et elle me demandait de trouver une répartie à la seconde, sauf que là tout de suite j'étais incapable de lui renvoyer la balle correctement alors voilà, je lui disais de la merde et elle n'avait qu'à faire avec. Elle m'avait embrassé quand même, elle pouvait me traiter de psychopathe mais entre nous c'était elle la plus folle. "Je ne serais jamais jaloux d'une putain de poubelle!" grognais-je. Mais nos baisers aspiraient toute la mauvaise foi qui était en moi et il fallait bien que j'ajoute: "T'es pas un bonhomme et quand tu parles comme un camionneur, tu sais que c'est l'une des qualités que j'apprécie le plus chez toi." Une guimauve. J'étais une putain de guimauve. Elle allait bientôt pouvoir me mettre entre deux Graham Crackers, un carré de Hershey et je me transformerais en S'more.

Elle avait beau être chiante, ça ne changeait rien à ce que je ressentais, au contraire, je devais être forcément un peu maso pour l'aimer mais plus elle me faisait chier et plus j'avais envie de la suivre. J'aimais qu'elle me tienne tête, qu'elle m'envoie chier, qu'elle me traite de tous les noms (tant qu'elle s'en tenait à ceux qui ne concernait pas ma mère), j'aimais qu'elle me malmène, qu'elle me fasse courir et galérer. Comme je l'avais déjà dit auparavant, une part de moi aimait bien se faire du mal, mais ici il s'agissait plus d'ajouter une motivation, ça rendait les choses plus existantes. Dis-moi merde, dis moi non, et tu verras que malgré tout je saurai t'attraper. Voilà. Ce jeu-là je voulais bien encore y jouer si on arrivait à ne pas aller trop loin. Mais je ne savais pas si on pouvait réellement y jouer comme avant, j'avais trop peur que l'un de nous dérape et que l'autre le suive pour surenchérir encore et encore et qu'on en revienne au point où j'étais arrivé ce soir. Je n'allais pas m'amuser à me faire du mal comme ça, plus maintenant. C'était trop destructeur, et je ne pouvais plus me surestimer. Peut-être était-ce l'âge, on l'expérience, j'avais fait du chemin et comme tout le monde je commençais à vouloir autre chose. Quoi qu'il en soit je ne me sentais plus tout à fait aussi solide qu'avant. Jagger m'avait changé. Elle était passée par là et maintenant je n'étais plus le même et j'avais besoin d'apprendre à me connaitre à nouveau. Je n'avais jamais eu peur de rien, en tous cas c'est ce que je criais sur tous les toits mais maintenant, j'avais une peur bleue de la perdre comme j'avais perdu tous les autres. Je ne voulais plus aller nul part sans elle. Elle était d'accord. Et je la suppliais à mon tour mais c'était inutile. Elle était d'accord un point c'est tout. Son petit poing vint se coller à nouveau sur mon torse. Elle était là. C'était réel. Elle pouvait frapper à cet endroit encore et encore, je n'allais nul part. C'était physique, elle avait besoin de ce contact mais j'en avais sans doute encore plus besoin. J'avais envie de la toucher, tout le temps, partout.

Et je l'aimais. Je l'aimais. Pour la première fois de ma vie, j'osais sortir ces mots-là à voix haute, j'osais les dire à Jagger et je la regardais droit dans les yeux et j'aurais dû me sentir vraiment con comme elle le disait mais je n'y arrivais pas. Je n'arrivais pas à avoir honte de le lui dire, je n'arrivais pas à me sentir bête, et encore moins à me sentir désolé parce que je l'aimais bordel! Je ne pouvais pas lutter contre ça, c'était trop fort, plus fort que moi. J'avais envie de simplement me laisser aller, de me laisser porter. Je ressentais cette espèce de sensation bizarre juste en dessous de mon estomac, la première fois que ça m'était arrivé avec Jagger j'avais cru à un problème d'ingestion mais en fait, j'avais compris que c'était ces trucs-là qu'on appelait des papillons dans le ventre. Et je m'étais dit qu'il fallait les tuer, tous les tuer ces putain de papillons. Elle me donnait des frissons, des énormes frissons, de ceux qui vous font dresser les poils des bras, qui vous prennent par surprise et vous obligent à faire la grimace et c'est une sensation aussi désagréable qu'agréable. Et on a autant envie que ça s'arrête que ça continue. Je l'écoutais parler avec attention avant de secouer la tête. "T'es ma faiblesse quand même Jagger, t'es ma faiblesse parce que je te jure que tu as en toi le pouvoir de me faire et de me détruire. Tu ne le réalises peut-être pas encore, moi-même j'en suis venu à cette conclusion que récemment, parce que je refusais de dépendre à ce point sur quelqu'un d'autre mais je te jure, t'es ma faille parce que si je te perds, je perds tout. Je n'essaye pas de te mettre la pression, ce n'est pas ce que je veux, mais si je te perds comme… comme j'ai perdu d'autres gens avant toi, je ne pourrais pas y survivre. Et toutes les personnes à qui j'ai jamais tenu ont toutes plus ou moins mal fini, je suis un nid à malheur alors ça me bouffe de t'aimer parce que j'ai tellement peur que tout ça finisse par t'atterrir dessus. " Et pourtant, ce qu'elle disait avait du sens. Et surtout, elle comprenait. Elle comprenait que je l'aimais. "Je reste, oui, je reste. Je reste parce que je peux pas me résoudre à partir et à te laisser ici. Ta ville c'est pas de la merde, mais avoue que c'est pas le pied! Enfin qu'est-ce que j'en sais au fond? Tout m'a l'air fade sans toi! parce que quand on s'engueulait à cause de ces connasses de cartes routières et que tu me disais de tourner à droite et que moi je tournais à gauche par pur esprit de contradiction, c'était plus marrant que ces derniers mois où j'ai dû faire la route tout seul. J'avais personne pour me dire d'aller tout droit quand j'avais envie de tourner et j'avais personne pour me tenir compagnie et personne pour me faire hurler et me faire rire en même temps. Ces derniers mois c'était de la merde parce que t'étais pas là et que je me faisais chier comme un rat mort"

FLASHBACK
Une main sur le volant, j'allais trifouiller les boutons pour changer la radio quand une main étrangère vint me frapper le bout des doigts. "Touche à ton cul Donovan." Je fixais la route un mince sourire sur les lèvres. "Bon, tu trouves la route ou quoi?" Je l'interrogeais, une légère insolence dans la voix. Déjà que je l'avais fait chier pour conduire, je savais que si je poussais le bouchon elle allait péter un plomb. "C'est pas compliqué de lire une putain de carte quand même, si?" Elle releva la tête pour me fixer avec un regard noir. Je ne la regardais pas mais je pouvais le sentir ce foutu regard perçant qui aurait pu en faire des dégâts s'il avait été un flingue chargé. Elle laissa passer un moment sans dire un mot, juste à me fusiller avec ses yeux, je prenais un malin plaisir à élargir mon petit sourire, mais surtout, je gardais mes deux mains sur le volant et mes yeux à moi étaient dirigés droit devant. "Là.. Y'a des panneaux! Je fais quoi?" Elle tourna la carte d'un quart de tour, puis un autre, visiblement elle n'avait pas encore tout à fait trouvé par quel chemin on devait passer. "Bon, laisse-moi voir!" J'attrapais la carte du bout des doigts mais elle était aussi enragée qu'une chienne, elle me la tira des mains en retour. À défaut d'avoir le volant dans les mains, elle avait cette carte et je n'allais certainement pas la lui prendre elle aussi sans qu'elle n'y trouve à redire. "Tu tournes à droite." lâcha-t-elle froidement. "T'es sûre?" Sale gosse que j'étais! "Tu. Tournes. À. Droite." répéta-t-elle en articulant chaque mot comme si elle parlait à un débile.  Il ne me restait plus que quelques mètres avant de devoir faire mon choix. À droite qu'elle disait… Sans réfléchir, je mis mon clignotant et je tournais à gauche. "À droite putain!" elle criait et je sentais le fou rire me monter au nez. "T'es con, mais putain t'es vraiment con!" Elle attrapa la carte et la chiffonna avec rage avant de me la lancer à la tête. "Ah bah bien! Très bien! Et on va faire comment sans carte maintenant?" Sérieusement, c'était la seule qu'on avait et elle était déjà assez pourrie comme ça sans qu'elle se permette en plus de la rouler en boule. "Démerde-toi!" qu'elle criait encore. "Tout de suite tu t'énerves! Ça va! Je croyais que t'avais dit à gauche!" Je prenais mon air offusqué à mon tour, j'allais faire appel à ma grande copine la mauvaise foi. "T'as qu'à mieux articuler!" que j'ajoutais. Je sentis une nouvelle tape venir se heurter à mon épaule cette fois, et puis une autre et encore une autre."Me prends pas pour une conne putain! Je suis pas d'humeur. Tu me saoules, mais tu me saoules t'as pas idée!" Au contraire, là je crois que j'en avais une petite idée, elle n'était pas vraiment connue pour faire dans autre chose que l'explicite et clairement sa réaction était tout à fait celle que j'avais recherché, la faire sortir de ses gonds, mon petit plaisir personnel de temps à autres. Si on avait été à l'arrêt elle serait sûrement descendue sur le champs en claquant la porte. J'aimais jouer avec ses nerfs mais pas de soucis, elle me le rendrait bien tôt ou tard.
FIN DU FLASHBACK
Elle secouait la tête mais je lui attrapais le menton, et je plaquais mes mains sur ses joues."Arrête Jagger. Arrête de secouer la tête. Je reste je te dis. Fais pas chier et crois-moi." C'était dit sur un ton affectueux plus qu'autre chose. Et puis ce regard triste qui refaisait surface, enfin peut-être pas vraiment triste mais terriblement troublant, elle respirait la sincérité quand elle répéta qu'elle était désolée. Je ne savais même pas pourquoi elle l'était cette fois, mais si j'avais su j'aurais pensé à compter le nombre de fois qu'était sortie cette phrase ce soir, on devait battre des records, surtou pour elle et moi, c'était du jamais vu. Et puis sa voix se fit entendre à nouveau, elle remontait jusqu'à mes oreilles et j'intégrais chaque petit mot. Elle ne pouvait pas prononcer les trois mots que moi j'avais du mal à ôter de ma bouche. Après tout je le savais déjà que j'avais une longueur (ou deux, ou trois) d'avance et je le savais déjà qu'elle ne pourrait pas le faire, pas ce soir. C'était exactement pour cette raison que je lui avais expressément dit que je n'attendais pas d'elle de telle déclaration parce que je voulais qu'elle le dise, si elle devait le dire un jour, quand elle serait vraiment prête et qu'elle n'aurait aucune incertitude quant à la véracité de ses paroles. Ce soir on avait déjà déplacé des montagnes, même si peut-être qu'une minuscule partie de moi aurait aussi aimé qu'elle se laisse aller à me le dire, j'étais déjà plus que comblé avec ce qui venait de se passer. Elle avait rendu les armes, et on s'était tous les deux mis à nu, on avait ôté nos armures et nous nous étions rejoins au milieu de ces deux forteresses construites pour empêcher l'autre de trop s'approcher. On était à mi-chemin, dans une sorte d'entre deux où il n'y avait de la place pour personne d'autre qu'elle et moi. Elle avait arrêté de faire semblant et de lutter contre ses véritables sentiments, elle avait arrêté de prétendre qu'il n'y avait que moi qui voulait tout ça dans l'histoire, que moi qui avait envie d'elle, elle avouait enfin être sur le même pied d'égalité, elle aussi était faible face à moi. "Ce n'est pas grave." soufflais-je pour la rassurer. "Je m'en fiche que tu me le dises ou que tu me le montres, tout ce que tu m'as dit ce soir c'est déjà suffisant. Ça ne le sera peut-être pas pour toujours, peut-être qu'un jour j'aurais besoin de les entendre ces trois petits mots, mais ce n'est pas le cas pour le moment et je n'ai jamais voulu te forcer à quoi que ce soit." J'avais une certitude, c'est que j'étais au moins aussi pété de trouille qu'elle mais il y avait une chose que j'avais compris avec le temps et que m'étais enfin décidé à mettre en place ce soir, quelque chose en rapport avec la vie, à quel point le temps nous échappe et les choses à faire et à dire pour ne pas avoir de regrets. "Je l'ai jamais dit à personne d'autre Jagger. Ça… Je l'ai jamais dit à une autre fille, ni à qui que ce soit. J'en ai jamais eu l'occasion. Et je pensais que c'était le genre de choses qu'on balançait mais qui n'avait pas vraiment d'importance, je n'en voyais pas l'intérêt mais c'était parce qu'avant je n'avais jamais ressentit le besoin de le dire, je ne l'avais pensé non plus, pas aussi fort que je le pense quand je te vois. J'ai passé presque trente ans sans dire "je t'aime" et aujourd'hui je le dis finalement et c'est pour toi que je le fais mais c'est aussi pour moi. Je ne veux pas vivre avec des regrets, tu le sais, et si tu crois que je n'ai pas peur tu te trompes, je suis pété de trouille parce que je me demande ce qu'il se passe une fois qu'on l'a dit et qu'on ne peut plus reculer, pas que j'ai envie de reculer mais …. je sais pas. Je sais juste que je t'aime, que ça me fait peur mais je te le dis quand même parce qu'il y a un truc en moi qui me dit que c'est ce que je dois faire et que je ne peux plus le retenir." Je la cherchais du regard, je voulais sentir notre connexion juste une fois de plus. Juste encore un peu. "Tu dis n'importe quoi… Je ne mérite pas mieux… Parce qu'il n'y a rien de mieux que toi à mes yeux. Arrêtes de dire n'importe quoi Jagger. Je ne mérite pas mieux. C'est toi que je veux, c'est toi que je choisis, et clairement je ne sais pas si je mérite quoi que ce soit ou qui que ce soit comme tu semble le penser, mais je m'en fiche. C'est toi et personne d'autre! Tu crois vraiment que j'aurais attendu un mois dans l'ombre pour une autre fille? Tu crois que j'aurais passé ces derniers mois à espérer te retrouver un jour si t'avais été une autre de ces pimbêches sans personnalité, sans intérêt, sans rien. Non!  Et toutes ces mielleries je ne les dis pas à une autre, je te les dis à toi. Et putain je sais plus comment te le dire sans me répéter! Alors arrêtes de douter de mon choix! Arrêtes de douter tout court. Je sais qui tu es et je sais à quoi m'attendre, je suis un grand garçon et je décide que c'est toi que je veux et même si ça doit faire mal, même si  tu me fais encore galérer, c'est pas grave. Et puis… Je te fais confiance Jagger." Je laissais ma main glisser le long de son bras. Elle avait la peau douce. "Ne me dis jamais que je mérite mieux. C'est faux." En plus elle n'avait pas intérêt à faire sa modeste maintenant! J'étais prêt à l'attendre, prêt à tellement d'autres choses aussi.

J'étais fatigué de parler, je n'avais plus envie de dire quoi que ce soit, mais on trouvait tous les deux des choses à rajouter. On ne s'arrêtait plus et j'avais besoin d'un verre. J'avais soif. Voilà. J'avais besoin d'un verre pour me calmer. Et puis d'ailleurs, elle n'avait pas fini son service, si? Elle allait devoir y retourner, elle allait devoir partir et j'allais devoir l'attendre pour pouvoir finir la soirée là où elle voudrait. Je m'en foutais tant qu'elle me servait un grand verre, ou plusieurs petits, mais il fallait que quelqu'un comble cette soif insupportable qui était en train de me prendre. J'avais trop parlé, et maintenant je voulais me taire. Juste me taire et l'écouter et apprécier. J'entendais le son de sa voix et je buvais ses paroles (ce qui ne rassasié pas ma soif pour autant) en lui accordant toute mon attention et tout ce qu'elle me disait, je la comprenais complètement et totalement et je m'en doutais même déjà. Je la reconnaissais dans ses mots, c'était tout ce que j'attendais d'elle, ni plus ni moins. De toute façon il en était de même pour moi, je ne pouvais pas envisager quoi que ce soit avec quelqu'un d'autre, ça ne m'aurait pas semblé aussi attirant, ça ne m'aurait sans doute même pas traversé l'esprit. Je n'avais jamais parlé de construire le futur parce que tout tournait autour du présent, et d'ailleurs même là je lui parlais du futur mais ça restait tout de même relativement proche, je ne pensais pas trop loin. Déjà parce que ça m'était impossible et puis même si j'avais pu, je n'avais pas envie de prendre le risque d'anticiper et de rêver des choses qui n'arriveraient jamais. Il fallait rester réaliste, garder les pieds sur Terre, même si c'était difficile parce qu'elle me donnait des ailes, un peu à la manière de Red Bull. On était tous les deux instables, impulsifs et tous les deux nouveaux dans ce domaine du couple, de l'amour, peu importe comment vous appelez ça, peu importe ce qu'on était exactement.

Elle souriait, ses mains glissèrent autour de mon cou et je n'avais pas la force de lui répondre, je me contentais d'hocher la tête pour lui dire que j'avais compris, que j'étais d'accord avec ce qu'elle disait et que tout allait bien. Elle reposa sa tête tout contre moi, elle était tellement désirable à cet instant, je n'avais pas envie de parler parce qu'elle le faisait assez bien pour nous deux et je savais que ce moment collés-serrés ne durerait pas toujours. Je savais qu'elle allait devoir relâcher son étreinte, se dégager de mes bras, enlever sa tête de mon cou, et je n'allais plus sentir son souffle sur ma peau, je n'allais plus respirer son parfum, ni glisser mes doigts dans ses cheveux tout comme elle le faisait avec les miens. On allait devoir fermer cette parenthèse et ensuite on redeviendrait Jagger et Donovan tel qu'on l'avait toujours été au détail près qu'on s'était promis des choses nouvelles et je savais qu'on allait tenir ces promesses. Je le voyais dans ses yeux qu'elle était sincère. Son rire résonna. C'était comme une douce mélodie. Je me concentrais à nouveau sur elle, sur ce qu'elle racontait et je souriais bêtement. Elle me tentait trop…. "Tu ne veux pas que je te demandes en mariage demain, mais…" Je la fixais, toujours ce sourire bête mais sérieux sur le visage. J'attrapais sa main en vitesse, je voulais la prendre de court, voir son visage se décomposer. J'abaissais un genoux à terre et je la regardais droit dans les yeux. "T'as raison! Pourquoi attendre demain quand on peut le faire maintenant! Jagger, je viens de te dire que je t'aimais et que j'avais envie de faire un long bout de chemin avec toi et tout ça c'est pas pour rien. Tu sais que j'aime faire le contraire de tout ce que tu me dis, que je suis le meilleur dans ce domaine et là tu crois que ça te fait flipper, tu crois que ce n'est pas ce que tu veux mais… Epouse-moi Jagger. Epouse-moi! Je te jure que je te ferai changer d'avis et tu n'auras plus jamais peur! Et justement, en parlant de maison… J'ai des économies tu sais, on pourra s'acheter une belle maison avec un petite clôture blanche, un jardin pour les enfants… " Je pris une pause, l'air rêveur…. "Les enfants Jagger! On aura des enfants! Si on a un fils il faudra l'appeler Donovan Junior, on pourra lui donner un second prénom aussi comme ça on ne pourra pas confondre et ce sera plus beau que de l'appeler Junior tout court. Oh! Et si on a des filles, elles seront aussi belles que toi… Je t'imagine entrer dans une pièces avec trois petites princesses qui te suivent comme ton ombre. Lily, Rose et Grace!" Lui tenant toujours la main, le genou à terre, je la fixais avec attention, les yeux brillants, j'étais à deux doigts de vomir des paillettes. Et puis une sorte de tremblement s'empara de moi et je ne pouvais plus m'arrêter de rire. Je riais aux éclats. "Oh! Bon sang!" m'écriais-je. J'en pleurais presque. "Si tu voyais ton visage!" Et je riais d'avantage. Elle venait de me dire un truc magnifique, comme quoi quoiqu'il arrive elle rentrerait toujours à la maison, c'est-à-dire avec moi. Elle avait besoin de moi, elle se l'avouait à elle-même et elle me l'avouait aussi en même temps et moi, tel le sale gosse que j'étais, je lui balançais ça à la face. Je la faisais marcher évidement. J'étais peut-être un psychopathe mais pas au point de lui parler mariage et bébé … Je n'avais jamais pensé à tout ça, d'ailleurs je n'avais jamais vraiment imaginé me marier un jour. Ça ne faisait pas vraiment parti de mes plans. Je ne voyais pas l'intérêt de se marier, je n'avais pas besoin d'un fichu bout de papier pour me dire qui j'aimais, comment je devais l'aimer et jusqu'à qu'à. Je préférais être libre de tout. Alors non, me marier n'était absolument pas dans mes priorités et ce même avec Jagger. J'essayais de l'imaginer en robe blanche marchant dans l'allée centrale d'une jolie église et je n'arrivais pas à rester sérieux plus de deux secondes. C'était ridicule. Juste ridicule. Si on se marié un jour ce serait dans un bar, en se faisant une pinky promise entre deux shot de vodka. Et encore, même ça c'était déjà trop romantique. Mais merde, on en était pas là. Elle me croyait sérieusement capable de lui sortir une bague sous le nez demain matin? Elle pouvait se brosser pour la bague! Elle ne va pas porter au bout d'un de ses doigts de quoi nourrir la moitié de l'Afrique! Hors de question! Et puis la connaissant elle finirait par être irritée par le bijou, elle trouverait ça trop moche (évidement qu'elle critiquerait mes choix en matière de diamant), elle l'enlèverait toutes les trois minutes et finirait par la perdre et je l'aurais dans le cul. Alors non, je ne comptais pas lui sortir de petit boitier, ni demain, ni dans un mois, ni dans un an. Ou alors elle se contenterait d'une de ces bagues en plastiques qu'on peut gagner en mettant un quarter dans une machine, vous tournez une petite manette et une espèce de boule sort avec un cadeau à l'intérieur. Et pour les enfants? Je les aimais bien chez les autres, mais je ne me voyais pas vraiment me retrouver avec un marmot dans les pattes. Avec Jagger on se le passerait de bras en bras dès qu'il y aurait un truc en rapport avec des couches culottes ou du vomi, et le pauvre enfant ne vivrait pas longtemps avec nous deux… On finirait sans doute par l'abandonner quelque part ou le perdre sur le comptoir d'un bar, là même où il aurait été conçu d'ailleurs. "Je suis désolé hein! Mais c'était trop tentant!" finis-je par conclure. Je m'étais relevé et je la regardais, laissant toujours échapper un ou deux petits gloussements par-ci par là. J'essayais de reprendre mon sérieux, j'essayais vraiment parce que j'étais en train de gâcher tout ce qu'elle venait de me dire. Je sortais à nouveau mon paquet de cigarette de ma poche pour en sortir une que je glissais entre mes lèvres avant de lui tendre le paquet. Après le petit coup de stresse que je venais de lui mettre, elle méritait bien ça. J'allumais la mienne et je tirais longuement dessus. "Putain." Je respirais calmement, portant la cigarette à intervalles réguliers à ma bouche. "Lily, Rose et Grace… Avoue quand même que c'était bien trouvé!" Je souriais.

"Je te retiendrai Jagger." Je m'étais calmé et maintenant j'étais prêt à répondre à ce qu'elle m'avait dit. "Et clairement oui… Tu as besoin de moi." Petit regard charmeur en coin. Depuis ma petite blague je ne la tenais plus dans mes bras et même que j'étais bien à deux ou trois pas d'elle. La peur qu'elle me frappe pour lui avoir foutu la trouille sans doute. "Et j'ai aussi besoin de toi." Je tirais une dernière fois sur ma cigarette avant de la laisser tomber.  "J'aurai toujours besoin de toi." Mon sourire s'afficha à nouveau mais il n'était moqueur celui-ci, il était affectueux. "Tu peux hurler, tu peux paniquer, tu peux me frapper (ouais ça va, j'avoue, j'aime ça), tu peux partir en courant si tu veux, tu ne me feras pas fuir. Je ne vais pas commettre la même erreur deux fois. Et pour ce qui est de mon humour de merde… Je ne te promet rien, à part peut-être faire en sorte qu'il ne s'aggrave pas plus." Je fis un pas vers elle, puis un second. C'était à elle de venir maintenant. Je n'étais plus qu'à un pas, un petit pas. Elle n'avait plus qu'à tendre la main pour attraper la mienne… ou pour me gifler. C'était au choix.
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Future Starts Slow l Donogger Empty
MessageSujet: Re: Future Starts Slow l Donogger   Future Starts Slow l Donogger EmptyDim 8 Déc 2013 - 1:32

- You can blow what's left of my right mind -
You can holler, you can wail, you can swing, you can flail, you can fuck like a broken sail. But I'll never give you up, if I ever give you up my heart will surely fail. No longing for the moonlight, no longing for the sun, no longer will I curse the bad I've done. If there's a time when your feelings gone, I wanna feel it


 

Memphis. 2013.
«Donovan. Donovan Halvey».
C’était un grand mec mal rasé, avec un bon paquet de boucles noires sur le crâne. Il portait, plutôt pas mal d’ailleurs, une espèce de chemise à carreaux sous un vieux blazer. Il devait pas être très loin de la trentaine. La première chose qu’elle avait pensé, c’est qu’il était beau. Remarquablement beau même. La seconde, qu’il ne semblait pas avoir de mauvaises intentions. Ok, c’était un peu limite de se fier au physique et à deux trois paroles échangées pour établir une telle déduction - mais merde! Elle n’était pas partie à l’aventure sur les routes pour se la jouer paranoïaque. Elle était partie pour vivre. Et si vivre voulait dire boire un coup avec ce type, s’amuser un peu, faire plus amplement connaissance, puis faire encore plus amplement connaissance mais cette fois-ci à la verticale, elle ne crachait pas dessus. Elle n’était pas du genre à tenir un tableau de chasse et donner scrupuleusement une note à tous ses amants, non. Mais elle n’était pas du genre non plus à lire la bible tous les soirs histoire de préparer une rentrée prochaine au couvent. Il n’y avait pas de prise de tête à avoir. Il était beau. Il était sympa. Il avait ce genre de voix, ce genre de sourire aussi, qui en appelait directement à une partie primaire de sa personne. Ils pouvaient s’amuser. Il tendait une main vers elle, histoire de serrer la sienne, dans ce qui était probablement pour tous les deux une parodie de politesse et une formalité inutile. Mais elle la prit, cette main. En annonçant fièrement: « Jagger. Jagger Dickens. Ouais. La fille qui va changer ta vie. »
Il avait ri. La deuxième chose qu’elle avait pensé de Donovan Halvey, c’est qu’il avait un beau rire - communicatif, le genre qui lui donnait envie de le suivre dans son hilarité. « Jagger? Sérieusement? » Ce n’était pas la première fois qu’on lui faisait une remarque du genre. Franchement, Hendrix et elle en avaient entendu des vertes et des pas mures quand ils étaient encore au collège ou au lycée - ce pauvre « sérieusement » était même soft dans le genre du Tu-t’appelles-vraiment-Jagger-ou-tu-te-fous-de-ma-gueule?. « Yep. Quand on s’appelle Donovan on ferme sa gueule, au moins le type à l’origine de mon prénom faisait de la bonne musique, connard. »
Et le jeu avait commencé. Il ne devait plus jamais finir. Elle avait prononcé ces mots, plutôt vulgaires dans leur genre, avec tout le naturel du monde. Et elle n’avait pas lâché la main qu’elle tenait, au contraire, elle l’avait emportée avec elle, et tout le reste du corps qui allait avec, hors de ce musée à la con. Elle n’en avait pas conscience à cet instant précis - mais ce qui devait être une rencontre des plus banales, un échange de merde et puis une baise fantastique, allait devenir un fait. Quelque chose de stable dans sa vie, un point de repère. Elle n’aurait jamais su donner la date à laquelle elle avait rencontré d’autres de ses amants. Julian McNeal, Lyana Hamilton, James Bradford… Elle se souvenait grosso modo de ce qui s’était passé la nuit où ils avaient conclu, mais il n’y avait aucune donnée précise, parce que les données précises pouvaient bien aller se faire foutre dans le cerveau de Mademoiselle Dickens. Mais Donovan, c’était autre chose. Elle n’en savait rien au moment où il lui paya un coup à boire, où elle le mit au défi de l’embrasser, où ils couchèrent ensemble pour la première fois, et même au moment où, les poings sur les hanches, un air de défi au visage, elle lui proposa de la suivre sur la route s’il avait des couilles, mais il allait devenir son foyer. Ses bras, l’endroit où elle se sentait en sécurité. 
Elle ne savait pas qu’elle allait sentir ce bonheur brut au moment où il lui jurerait qu’il était amoureux d’elle. Qu’il s’en foutait, qu’elle soit comme elle était, parce qu’il l’aimait, putain. Qu’il ne la laisserait pas tomber pour autant. Mais elle ne pouvait pas savoir. Elle ne pouvait simplement pas savoir. Tant de choses s’étaient passées depuis. La Route, surtout. Le dernier chemin, l’aller simple pour Huntington Beach, la mort, la peur, la peur de ne plus jamais avoir quiconque à qui s’accrocher. La fatigue, tellement de fatigue. Non, elle ne pouvait pas savoir qu’un jour elle serait prête à entendre ces mots. La Jagger du musée, celle qui avait serré la main à cet homme inconnu, aurait probablement hurlé, fui au bout du monde, angoissé pour des putain de millénaires. Celle du Penthouse resta là. Elle sourit. Quelque chose brûlait dans sa poitrine - mais pour une fois, il n’y avait aucune douleur, aucune crainte. Juste le sentiment absurde de se trouver là où elle devait être. Exactement.



Et ce même si ce type là était quand même, il fallait le dire, incroyablement con.
Elle avait vraiment flippé sa race quand il avait fait ce truc complètement stupide, se foutre à genoux devant elle, lui prendre la main, tout ce putain de tralala, ouais, elle avait vraiment flippé sa race. Elle savait à peu près de quoi elle avait dû avoir l’air à cet instant précis - d’un lapin pris devant les phares d’une voiture, avec le coeur qui bat à cent à l’heure, et incapable de se dire quoi que soit d’autre que : « Oh putain. Putain. Je vais mourir. Putain. Voiture. Je vais mourir. Putain. Au secours. Au secours. Pourquoi moi. Putain. Putain. Putain. ». Sérieux. Le plus grand service que la communauté aurait pu rendre à Donovan Halvey, ç’aurait été de lui payer une putain de greffe de cerveau, parce que là elle ne savait plus vraiment s’il était un connard ou juste un con. Même l’habituelle petite troupe qui traînait devant le bar avait tourné vers eux des yeux ronds comme des soucoupes, probablement en train de se demander de quelle façon elle avait mettre à mort cet abruti fini qui osait lui proposer quelque chose d’aussi invraisemblable qu’un mariage. Quand il se redressa, après avoir DIEU MERCI avoué que ce n’était qu’une blague de merde, elle ne put s’en empêcher, elle lui décrocha une gifle. Pas trop forte non plus, parce que 90% du charme de ce type passait par son joli visage. Mais quand même. « Y’a sérieusement un truc qui va pas chez toi, putain, Donovan! » - elle eut du mal à dire ces mots, parce qu’elle était quand même un peu encore étouffée par une pulsion de rage brute. Elle inspira profondément. Expira. Inspira. Expira. « Je te hais, merde. » Inspira. Expira. « Petit un, je suis pas une putain de poule pondeuse, Junior, Lily, Rose et Grace, tu peux te les foutre où je pense, et même si un jour, un jour tu arrives à me droguer suffisamment pour que je commence à envisager cette idée à la con, je ferai en sorte que ce soit ton ventre qui triple de volume, et crois moi, quand on te greffera un utérus, ça sera putain de douloureux et aussi artisanal que possible. » Elle esquissa son meilleur sourire cruel. Il risquait fortement de mourir pendant le processus, mais si elle réussissait, il aurait en prime l’avantage de savoir ce que c’était d’avoir ses règles, et il arrêterait peut-être de prendre son putain d’air de chien battu quand elle levait les yeux au ciel et lui soupirait « Non, Donovan, putain, pas ce soir. ». Mais certes, il risquait vraiment de mourir pendant le processus. « Petit deux, sérieusement, Junior, Lily, Rose et Grace? T’as pas trouvé plus merdique? Je veux bien m’appeler Jagger, mais y’a un moment où ça veut pas dire que je suis l’open bar des prénoms à la con. » Oui, il lui arrivait de temps à autres d’admettre qu’il y avait peut-être plus normal en matière de patronyme que les jumeaux Dickens - ce qui ne voulait pas dire qu’elle ne trouvait pas que son prénom lui allait curieusement à ravir. « Petit trois, je ne serai jamais, jamais ta petite femme, connard. Ou alors je te le ferai payer. Tu vois ce que c’est, un eunuque, hein? Et t’inquiète pas, je foutrai cette menace à exécution si tu as le malheur de me refaire un coup pareil. »
C’était un florilège d’insultes, certes. Mais il y avait une raison pour laquelle les mots sortaient si vite, si forts, si violents. C’était parce que depuis le début même de cette conversation, il y avait eu quelque chose dans son ventre, un tourbillon d’émotions toute aussi violentes. Elle s’était levée ce matin (comprenez: cet après-midi) avec une certaine résignation, l’impression qu’elle allait réussir à se faire à cette ville, à cette vie, l’impression qu’elle avait fini par se ranger et qu’il pouvait y avoir des avantages à tout cela. Et il était revenu. Elle n’avait toujours pas l’intention de repartir - et même si elle en avait eu l’intention, il était probable qu’elle n’en aurait plus eu la force. Mais le voir avait ramené au moins les sensations que lui provoquait l’absolue liberté dont elle jouissait sur la route. Ce type, avec son humour à la con, son sourire colgate, sa fâcheuse tendance à toujours trouver le mot pour l’emmerder, était aussi enivrant que ces petits matins où les silhouettes des villes se détachaient à l’horizon. Que l’impression sublime d’avoir le monde entier à portée de main. Peut-être que demain elle nierait avoir pensé tout cela. Mais sur le moment, Donovan lui paraissait comme… comme une drogue. Dangereux et brillant à la fois. Déjà elle ne se sentait plus capable de se passer de lui.
Il prenait grand soin d’entretenir cette réalité. Il la noyait sous des mots. Même lui sentait la puissance, presque la violence de cet instant. Il avait été stupide pendant quelques minutes, parce que c’était comme une obligation pour lui, il ne pouvait pas faire autrement, au moins un tiers de son temps de dialogue devait être consacré à une impossible avalanche de pure merde. Mais il s’était presque immédiatement détourné vers le propos principal. Vers cette force qui les attirait l’un vers l’autre. Elle ne savait plus si elle devait avoir peur de cette puissance là, de cette attraction - ou si elle devait être heureuse, tellement heureuse de ne pas être la seule à la percevoir. Quand était-elle devenue si… molle? Si mielleuse? C’était probablement l’alcool combiné à l’ivresse du moment. Ouais. Elle aimait bien ce prétexte. Demain, elle se réveillerait avec probablement une bonne gueule de bois carabinée, probablement avec Donovan comme oreiller (parce qu’ils ne finissaient pas à l’horizontale à un endroit ou à un autre, c’est que ce monde manquait cruellement de logique), et elle serait capable de penser clairement à nouveau. Bien sûr, quelque chose avait avancé. Elle ne serait plus jamais la même - cette nuit, elle avait fait un immense pas en avant, elle avait accepté la présence de Donovan Halvey à ses côtés. Elle n’avait pas eu le choix. Elle avait réalisé que sa volonté, son besoin de liberté, ne pouvaient aller que jusqu’à une certaine extrémité - et que Donovan se trouvait en dehors de ces limites. Mais il y aurait encore des choses auxquelles elle pourrait se raccrocher. Toujours. Pour retrouver une certaine sécurité, nécessaire, un équilibre. Mais cet homme là… était une nouvelle donnée à prendre en compte. Aujourd’hui, elle était heureuse de la prendre en compte. Vingt-sept années d’adolescence. A cet instant, elle en sortait. Enfin. Les sacrifices… en valaient la peine. C’était étrange, quand on y pensait. Avoir si peur de prendre le risque de quitter une vie uniquement constituée de risques. L’ultime bond en avant était le plus difficile. Elle ne s’était pourtant pas rendue compte qu’elle était à ce point à bout de forces. Mais elle était heureuse. Heureuse, heureuse, tellement. Au point d’avoir ce sourire aux coins des lèvres, alors même qu’elle essayait de faire la moue et de prendre son meilleur air furieux alors qu’elle grognait: « C’était pas bien trouvé. C’était très con et méga humiliant. T’es con, mais con! J’te jure, va falloir à te faire soigner un de ces jours, putain. Une seule vanne dans le genre et j’te promets la grève du sexe. » Même si elle n’était pas certaine de pouvoir elle-même supporter une grève du sexe. Bon sang. Elle avait beau être une grande fille, elle avait des besoins primaires, comme tout le monde. Et une grève du sexe serait… compliquée à tenir. Surtout maintenant qu’elle venait plus ou moins de jurer fidélité à cet homme, là, quelque part, entre les lignes. « Même toi tu seras jamais capable de me faire porter une putain de robe blanche et d’organiser un lâché de colombe devant une église. Fous-toi ça dans la tête, et enfuis-toi tant qu’il en est encore temps, Halvey. Au passage,  t’aurais l’air con dans un costume. » Ou sexy. Ou con et sexy à la fois. Mais elle allait vite se sortir cette idée de la tête avant de devenir une gentille petite fille qui rêve au prince charmant, cette rencontre était déjà allée assez loin dans l’évolution personnelle de Jagger Dickens. Non mais.

Donc, il était stupide. Il avait un humour douteux. Il l’avait poursuivie jusqu’à l’autre bout des Etats-Unis (non, elle n’en démordrait pas, il l’avait suivi, il n’y avait pas de hasard aussi monumental dans cet univers, elle ne voulait pas croire une seconde que le Père Noël, Dieu, Marraine La Bonne Fée, Rudolph ou le Grand Lama ait décidé de donner un coup de main à leur grande saga amoureuse en les réunissant dans la belle ville de Huntington Beach. Merci bien.). En quatre mots: il était Donovan Halvey. Mais le fait était qu’il était le seul et l’unique à pouvoir lui faire ressentir tout ce qu’elle ressentait. Attention, sortez les violons: il avait la clé de son coeur, et pendant ces mois de séparation il l’avait gardée jalousement, cette clé. Vous pouvez ranger les violons. Mais il avait raison, tellement raison, quand il disait qu’elle avait besoin de lui - autant que lui disait avoir besoin d’elle. Après tout, ils étaient les mêmes. Un peu paumés. Un peu brisés. Un peu fous. Complètement dingues, même. Mais ils se tenaient chaud, quand ils étaient ensemble. Ils étaient la seule sécurité ont ils pouvaient bien avoir besoin, c’était un compromis à faire, mais un bon compromis. Elle voulait bien croire qu’il ne fuirait pas, quand elle recommencerait à se poser des questions et à douter de cela. Il irradiait quelque chose qui ressemblait à de la dévotion, un amour sans faille - et pour une fois elle ne trouvait pas cela répugnant. Cette homme là était… à elle. Il était grand, il était beau, il était fort, il avait cette aisance qui faisait que chacun voulait se réchauffer à son soleil - et il était à elle. Et elle était à lui. Il s’approchait d’elle.
Elle posa ses deux mains sur le col de sa chemise, les empoigna doucement, l’attira vers lui, alors qu’elle même faisait un pas pour se nicher tout contre lui. C’était étrange, combien leurs deux corps semblaient se correspondre - elle trouvait toujours sa place dans ses bras. Comme s’ils avaient été les deux parties d’un tout, toujours désespérées de se réunir pour se sentir enfin entières. Elle posa son front contre son épaule, pour quelques instants - pour qu’il lui communique sa force, toute sa sincérité. « Je te le redis. Et s’il te plait, me le fais pas répéter une troisième fois, putain, tu sais que c’est assez dur pour moi comme ça. Je t’accepte. Et je te suis. Ca va pas être tout rose. Mais merde… c’est pas comme si ça avait déjà été facile, entre nous. Toi et moi on sait qu’à la première connerie on va recommencer à se foutre sur la gueule, mais je sais pas, on doit être comme ça au naturel, je crois. On est complètement cons de tenter le coup, mais ouais, je vais essayer de m’adapter, et même si j’suis pas sure de réussir à faire en sorte que ça marche parfaitement… j’vais au moins essayer de faire quelque chose. Pour toi. Pour toi et pour moi. Pour nous. » « Nous ». C’avait toujours été une espèce de grand gros mot pour elle - elle ne l’utilisait guère que pour parler de personnes comme Hendrix, comme sa famille, où ce lien avait toujours été une évidence. Donovan, c’était différent. C’était… quelque chose comme de l’amour, autre gros mot qu’elle ne se sentait pas encore capable de prononcer. Mais elle avançait vers la certitude que ce lien était là aussi une évidence, et que toute lutte était inutile. « Ok. T’as gagné. Je te suis. On va essayer de faire ça. D’être deux. J’te laisse gagner sur ce plan là, j’arrête de me battre pour le moment. Mais que ça devienne pas une habitude. Toi, gagnant sur moi. » Parce que oui, tout à coup elle allait commencer à mal le vivre. « Je suis partante. Parce que j’ai besoin de toi. Et même si t’as pas de cerveau, que tu peux pas dire trois mot sans dire de la merde, que je trouverai surement des tas de prétextes pour casser de la vaisselle et claquer la porte… t’es la seule personne de qui j’ai autant besoin que ça. C’est toi. C’est juste toi. Ca m’emmerde de te dire ça… Mais y’a que toi qui compte vraiment. »

  
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Future Starts Slow l Donogger Empty
MessageSujet: Re: Future Starts Slow l Donogger   Future Starts Slow l Donogger EmptyVen 13 Déc 2013 - 0:08

“And I won't back down, I won't turn around and around. And I won't back down, doesn't matter what comes crashing down I'm still gonna stand my solid ground! And I sing hallelujah ripped through my veins. I heard the hammer drop, my blood in the rain... When all is lost, all is left to gain”


Flashback
"Arrête de me regarder." grommela-t-elle à moitié endormie. Je ne pu m'empêcher de rire, elle était pas croyable! "Pourquoi?" que je demandais innocemment, un large sourire aux lèvres, plongé avec elle dans la pénombre de la nuit, et la lumière de la lune pour tout éclairage, nous étions allongés dans son van.  "Il y a que les putain de psychopathes qui regardent les filles dormir!" elle n'avait toujours pas ouvert les yeux et moi je riais à nouveau. "Bah c'est tout moi! Un vrai psychopathe… Tu le sais bien, tu me le répète tout le temps!"  Elle émit un petit bruit que je jugeais adorable mais qui reflétait sans doute son grand agacement à mon égard. Elle voulait dormir et moi je voulais…. autre chose. "Je vais fumer." annonçais-je en quittant le van de Jagger après m'être roulé sur le côté et en avoir ouvert la porte coulissante. Avant de refermer, je tâtonnais le lit pour chercher mon jean, j'étais littéralement à poil dehors, mais à quatre heures du matin il n'y a strictement personne, alors on s'en tape!  J'attrapais mon paquet de clopes, ou peut-être que c'était le sien, peu importe, elle ne m'en voudrait pas. Non, je déconne… Elle allait me tuer si j'osais lui piquer ses précieuses cigarette, je n'aurais qu'à lui expliquer que celles-ci sont parties en vadrouille et qu'elles reviendront quand leur propriétaire, c'est-à-dire elle-même, sera plus gentille. Je m'étirais gracieusement (pas vraiment) avant de me gratter la fesses droite (toujours gracieusement, mais pas vraiment). Ma cigarette au bec, je m'emparais enfin d'un briquet que j'avais tiré de ma poche de pantalon. Je pris mon temps pour la fumer, j'observais le paysage (le parking d'un Walmart au fin fond du Texas). On s'était arrêté pour la nuit dans un petit bled pourri  qu'on n'était même pas capable de trouver sur une carte. Et là, j'avais devant mes yeux un amusant contraste entre le désert et la modernité… Enfin, si on peut dire que Walmart c'est le modèle de la modernité. Bref. J'étais nu comme un verre sur le parking d'un magasin de merde, et plus je tirais sur ma cigarette, plus je me disais que la vie est plutôt pas mal en fin de compte. Cette connasse de vie! Elle se faisait plutôt douce et tranquille pour moi ces derniers temps, j'allais pas me plaindre. J'avais fais quelques pas pour m'éloigner un peu du van et laisser Jagger tranquille, mais une fois ma cigarette terminée et le mégot jeté, j'avais qu'une envie c'était de retrouver le pieux et de me coller contre elle. Je me tournais donc à nouveau pour attraper la poignée et je tirais dessus tout naturellement. Je vais pas vous faire un dessins sur comment on ouvre une putain de porte, vous avez compris. En constatant qu'elle ne s'ouvrait pas, je forçais un peu avant de faire un bon en arrière en voyant Jagger surgir de derrière la vitre, une expression de vainqueuse sur le visage. "Putain de merde!" m'exclamais-je en portant une main à ma poitrine. Elle m'avait fait peur cette folle! "Qu'est-ce que tu fous? Je croyais que tu voulais dormir… Ouvre steuplait, la porte est coincée, ton vieux van commence à me faire chier, il tombe en ruine!!" Je n'avais pas encore réalisé qu'elle était en train de me jouer l'un de ses tours mais vu le petit sourire qui s'affichait sur ses lèvres et sa tête qui bougeait de gauche à droite, tout doucement, pour me dire "non, non" je ne tardais pas à comprendre le petit jeu dans lequel elle s'était lancée… "T'es pas sérieuse putain?!" Je tirais à nouveau sur la poignée, en vain. Elle allait me laisser là, dehors et dans le plus simple appareil. J'aurais pu me fâcher mais je savais qu'elle était capable de me laisser poireauter jusqu'au petit matin, lorsque les premiers clients se ramèneraient, il allait falloir la jouer fine. "S'il te plait Jagger! " Je lui fis les yeux doux ce qui la fit rire d'avantage. Bitch! Elle était vraiment impitoyable! "J'ai froid! Je vais être malade! Putain, tu sais comment je suis quand je suis malade! Un vrai casse-couilles, pire que d'habitude, je geins, je chouine, je me plains… Je suis un vrai gosse!" Elle haussa les épaules. "On est au Texas. Il fait encore au moins vingt cinq degrés! " She has a point! Merde. J'étais vraiment con d'être sorti sans rien. "Mais je suis frileux! Et j'ai une condition physique particulière qui fait que je tombe malade quand il fait trop chaud…." J'étais prêt à me mettre à genoux. "Une condition particulière mon cul!" commenta-t-elle en roulant des yeux. Je lui offris mon plus beau regard de petit chiot adorable tandis qu'elle me fixait toujours derrière la vitre, impartiale. Un court instant passa, un silence qui en disait pourtant beaucoup. Il y avait comme une odeur de défis dans l'air… Je la détestais mais putain elle me rendait fou. Elle baissa les yeux sur la poignée et fini par l'actionner pour ouvrir. Je restais là comme un con devant elle, on se regardait, ou plutôt on se dévorait des yeux. On l'avait déjà fait deux fois cette nuit mais on est jeune, je pouvais bien encore le faire un fois, ou deux ou trois. Ma respiration s'accéléra, elle était tellement belle, tellement attirante, j'avais envie de lui sauter dessus. "T'attends le dégèle ou quoi?" Je secouais la tête, un sourire qui commençait à se dessiner sur mon visage. Et puis, je remontais finalement à bord, elle tenta de reculer pour reprendre sa place sur le matelas mais je l'attrapais rapidement, elle poussa un petit cri. Elle était à moi, une fois de plus. "J'aime bien tes yeux…" lâchais-je soudainement alors que je la tenais dans mes bras. J'allais coller mes lèvres sur les siennes, puis je les menais jusqu'au creux de l'une de ses oreilles. "Mais pas autant que tes seins!"
Fin du flashback

Très heureux de ma petite blague, je riais comme l'idiot que j'étais mais lorsque je sentis sa main venir claquer ma joue, je cessais soudainement de rigoler pour me frotter le visage. "Outchhhhhhh!" criais-je plus fort que nécessaire et en prenant un air outré. "Ok! Si c'était moi qui t'avais mis une gifle y'a au moins trois ou quatre gros bras - tu sais ceux qui sont à l'entrée du club là, ils ont des vraies têtes de cons en plus, m'enfin on s'en fou - ils auraient débarqué pour me faire la tête au carré! C'est dingue ça! Vous les femmes vous tenez à l'égalité des sexes mais ça vous dérange pas de nous en foutre une de temps en temps, même quand on est innocent comme moi!" J'étais prêt à me lancer dans un grand discours comme quoi les hommes aussi sont des êtres sensibles et tout et tout, mais finalement je me contentais de la fixer avec mon air de chien battu. En vrai, j'étais comme un gosse. "Pardon. Ça avait l'air marrant que je l'ai joué dans ma tête, et puis quand je l'ai joué pour de vrai… Mais c'est vrai, maintenant que tu le dis, c'était vraiment con." Je haussais les épaules. Elle disait qu'il y avait un truc qui n'allait pas chez moi, rien de nouveau, elle disait qu'elle me haïssait, toujours rien de nouveau! "Si ce n'est que les prénoms qui ne te plaisent pas, on en choisira d'autres!" répliquais-je en l'entendant critiquer Junior, Lily, Rose et Grace. Sauf que voilà, ensuite elle se mit à parler de me greffer un utérus et je ne pu m'empêcher de grimacer.  "Ça va, ça va… J'arrête!" bougonnais-je en mettant mes mains dans mes poches. "N'empêche qu'une mini Jagger ou un mini Donovan ça serait trop mignon…." ajoutais-je très très doucement pour ne pas qu'elle m'entende mais en espérant quand même que ça lui parvienne aux oreilles, juste pour le petit côté provocation. J'avais toujours été super bon avec les gosses, j'étais d'ailleurs le parrain de plusieurs enfants, ceux de mes amis… Une autre vie. Mais étais-je prêt à me faire appeler "papa" ? Hum… Non, pas vraiment. J'étais un gamin moi-même, comment pourrais-je être responsable pour un autre que moi-alors que je ne l'étais pas le moins du monde? Il aurait fallu être fou pour me confier un marmot, même si je les trouvais tout mignon et que j'adorais jouer au foot avec les gamins pendant les repas de famille, les mariages ou les conneries du genre. Ouais bon j'avoue, j'ai déjà pris le thé avec barbie à ma droite et Winnie l'ourson à ma gauche, mais c'était pour faire plaisir aux filles de Ryan. Quoi qu'il en soit, j'étais trop égoïste de toute façon pour avoir envie de la partager avec qui que ce soit. Jagger, pas barbie. Je repensais à tout ça en silence, l'écoutant toujours d'une oreille quand même, ou en tous cas je faisais semblant. Elle piaillait encore pour un putain de genoux mis à terre. J'avais bien envie de lui dire de s'en remettre et de passer à autre chose mais il fallait que ça sorte alors je fermais ma bouche et je la laissais me menacer et m'insulter à volonté, au fond elle savait que j'aimais ça.  "Je ne le referai plus!" finis-je par ajouter. Elle était sérieuse à propos des eunuques? La connaissant… Je ne préférais pas lui poser la question. Elle me faisait parfois un tantinet peur à dire des trucs pareils… Elle me donnait envie de porter mes mains à mes bijoux de famille comme dans un instinct de protection, vous voyez le genre? Elle se plaignait encore et soudain je fus pris d'une toux incontrôlable, c'était comme si j'avais avalé un truc de travers.  "Pardon? La quoi du quoi?" Je la regardais avec des yeux ronds, réellement terrorisé cette fois. En deux mots elle m'avait eu cette garce! Elle était douée bordel, vraiment douée! "Tu me promets rien du tout! Je t'ai dit que je ne le referai plus! J'ai compris! Et je t'emmerde, hein! Je suis pas con… pas tout le temps." Je faisais la moue cette fois parce qu'elle avait osé me menacer de grève du sexe alors qu'on avait encore eu le temps de rien faire ce soir! "Et puis me fais pas rire avec ta grève à la noix parce que tu sais bien que t'es pas capable de résister à ça!" je soulevais rapidement mon t-shirt pour lui dévoiler mes abdos. Je tapais dessus avec mon poing pour lui prouver que ce n'était pas de la gnognote et je replaçais mes vêtements. Fin du spectacle! Elle disait que même moi je serai incapable de lui faire porter une robe de mariée et de la faire descendre jusqu'à l'autel. Elle me conseillait aussi de m'enfuir tant que je le pouvais encore, ce qui me fit hausser un sourcil, puis elle conclu avec un petit pique comme quoi j'aurais l'air con dans un costume. "OK!" Je plissais des yeux tout en lui faisant face. "Putain mais t'es en forme ce soir! C'est ma fête…." Tout ça parce que j'avais fait une blague à la con. Argh! "Petit un - ouais t'es pas la seule à pouvoir dresser des listes - j'aurais l'air d'un putain de beau gosse dans un costume. Tu m'as jamais vu en porter un mais je peux te dire que j'ai la classe à la James Bond! Non! En fait je suis mieux que ce vieux crouton qui a mille vies! Tu pourrais pas me résister si tu me voyais dans un Hugo Boss! Je suis à peu près certain que tu te pisserais dessus pour être honnête…" Je lui fis un clin d'oeil avant de poursuivre, un sourire ravi. "Petit deux, ne me dis pas de m'enfuir alors que tu m'as supplié de rester il y a même pas dix minutes. On sait tous les deux, et on vient de le rendre très clair, qu'on ne peut pas vivre l'un sans l'autre… Cherche pas, tu me feras jamais fuir." Je laissais passer quelques secondes avant de baisser la tête, mon sourire s'agrandissait mais je ne voulais pas qu'elle le voit. Avant de parler, je la relevais et j'essayais de garder mon calme. "Bon et petit trois, me lance pas des défis comme ça Jagger." Je fronçais les sourcils, m'éclaircis la gorge avant de l'imiter avec une voix beaucoup trop aigu: "Même toi tu seras jamais capable de me faire porter une putain de robe blanche et d'organiser un lâché de colombe devant une église." Je toussais un peu après l'effort que cet imitation m'avait demandé. "On t'as jamais dit qu'il ne fallait jamais dire jamais? M'enfin t'as raison cela dit… pour le lâché de colombe devant une église… De toute façon on ne laisse pas entrer le diable dans un endroit de ce genre donc c'est cuit pour toi et moi. Pour la robe … elle est pas obligée d'être blanche. J'ai toujours trouvé que le blanc ça ne t'allait que moyennement de toute façon, ça fait trop sainte-nitouche." En réalité j'étais sûr que si elle se mariait un jour, elle serait sublime dans une robe de mariée traditionnelle. Mais là n'était pas la question, elle était magnifique avec n'importe quoi sur le dos et plus encore avec rien du tout. "Petit quatre… Y'en a pas." Je baissais les yeux sur mes pieds, l'air un peu con quand même, elle avait raison.

Ses mains s'emparèrent de mon col de chemise et doucement elle me força à me rapprocher d'elle. Elle était venue se coller à moi et si on venait de passer les dernières quelques minutes à se cracher dessus, façon de parler, ça me faisait tellement de bien de l'avoir contre moi. Peu importe si on s'était embrassé il y a moins de cinq minutes, peu importe si je m'étais tenu à seulement quelques centimètres d'elle, c'était quand elle se trouvait dans mes bras que tout allait pour le mieux. Everything is falling right back into place and I don't ever wanna let go of you. Je passais une main sur ses cheveux. Ces connards de papillons, ils battaient des ailes à tout va dans mon ventre et j'avais envie d'hurler tellement ça me rendait dingue mais je me contentais de gesticuler ma jambe nerveusement tout en la laissant poser son front sur mon épaule. Je l'écoutais s'exprimer après l'avoir moi-même fait, je restais silencieux, je commençais à sérieusement avoir envie de l'emmener ailleurs pour faire autre chose que parler, une fois de plus je ne vous fais pas un dessin. Pour toi. Pour toi et pour moi. Pour nous. Je la fixais dans les yeux, je pouvais sentir sa respiration s'abattre sur ma peau et je ressentais à nouveau ce besoin cruel d'être honnête. Cruel parce que je n'en avais pas l'habitude, et parce que chaque confession que j'osais lui faire était susceptible d'être retenu contre moi plus tard… Quand on serait tous les deux dans un état émotionnel beaucoup plus normal, en d'autres mots quand on serait tous les deux redevenus des vrais salauds l'un envers l'autre. Croyez-le ou pas mais c'est elle la plus dure! C'est elle qui pique le plus et qui n'a pas peur de jouer avec les cordes sensibles… Mais tant pis, il fallait que ça sorte. "J'ai peur." lâchais-je brusquement. "Dans ta bouche, ça sonne encore plus réel que quand c'était moi qui le disait ou quand je me le disais dans ma tête… Nous. " J'allais fourrer mes mains dans mes poches avant de commencer à jouer avec un petit cailloux qui se trouvait au sol. "Ça me fait flipper, voilà. Oui, c'est ce que je veux et c'est ce que j'attendais mais ça empêche pas que j'ai vraiment la frousse là… J'ai jamais eu de "nous" avec qui que ce soit. Ça a toujours été juste moi… Je veux pas foirer tout ça Jagger. Je tiens à toi et je veux pas merder sur ce coup. " L'avantage c'est qu'elle était quand même consciente qu'on ferait encore des erreurs, elle l'avait dit elle-même et elle s'incluait dedans. Je n'aurais pas dû ressentir cette peur là mais c'était tellement fort, mes sentiments pour elle étaient tellement puissants que je me retrouvais face à elle et je me sentais minuscule et j'avais juste envie de rester avec elle pour toujours mais il y avait un truc qui m'angoissait encore parce que je n'avais jamais vécu une telle expérience et parce que je ne voulais surtout pas que les choses entre nous changent. Qu'on s'engueule c'était normal, mais je ne voulais pas que de nouvelles attentes naissent entre nous et que cela cause plus de soucis que nécessaire. Être avec elle ça voulait dire qu'il y avait quand même un certain engagement à prendre et j'étais prêt à faire ce grand, cet immense pas-là si elle me tenait par la main, mais ça n'empêchait pas que j'étais pété de trouille. "J'ai peur qu'on change, j'ai peur de te perdre. Je suis désolé, je veux pas te reprocher d'être partie à nouveau parce que je sais que ce n'était pas ta faute, et je sais que tu as dit que tu n'allais plus partir comme l'autre fois, mais c'est pas juste toi Jagger, c'est tout le monde… J'ai jamais réussi à garder personne." Sortant mes mains de mes poches j'allais glisser mes doigts dans mes propres cheveux. "Putain." Je me sentais presque énervé contre moi-même parce que je me sentais faible. "Pour nous, hein?" Je levais les yeux pour la fixer. Je n'avais pas le droit de reculer, je n'en avais certainement pas envie non plus, et si elle était capable de surmonter ses propres peurs alors je devais pouvoir faire ça moi aussi. "Pour nous." Cette fois ce n'était pas une question. Je respirais un bon coup, une seconde fois aussi pour être sûr que l'angoisse passe complètement. "C'est vachement de truc à accumuler en une soirée, non? Je pourrais pas faire ça tous les soirs putain. J'ai jamais eu de problèmes cardiaques mais ça pourrait bien commencer cette nuit!" Je m'adressais certes à elle mais aussi et surtout à moi-même. Elle était partante pour tout ce que j'avais proposé, elle était là et elle comptait le rester. "J'ai gagné!" annonçais-je joyeusement à tue-tête. "Susuuuuu! J'ai gagnéééééé!" j'étais comme un gosse, c'était un moyen comme un autre de me détendre de ma minute "angoisse" qui venait d'avoir lieu. C'était aussi histoire de la narguer un peu… Beaucoup en fait. Elle avait besoin de moi et c'était tout ce que je voulais entendre. Lorsque ses lèvres eurent cessé de bouger je l'attrapais par le bras pour la tirer à nouveau vers moi et sans lui laisser le temps de dire quoi que ce soit d'autre je m'emparais de sa bouche pour l'embrasser avec passion. Si on avait pas eu un public aux alentours je lui aurais arraché ses vêtements au beau milieu de la rue. Rien à foutre. "Tu finis à quelle heure putain?" Je fis glisser l'une de mes mains sur son cul pour lui faire comprendre que j'étais vraiment d'humeur et que je n'allais pas pouvoir patienter encore longtemps avant de me retrouver au dessus d'elle, ou en dessous si elle préférait, au point où j'en étais j'en avais rien à faire, je voulais juste qu'on se retrouve dans un putain de lit ou sur un canapé ou même sur le sol s'il fallait, un mur ferait aussi l'affaire, il fallait juste que nos vêtements tombent et qu'elle soit vraiment à moi. "Je te préviens, si tu fais la fermeture je vais pas tenir, il va falloir que tu nous trouves un coin tranquille sinon je crois que je vais vraiment mal le vivre." Mes mains remontèrent petit à petit dans son dos et je commençais déjà à tripoter l'agrafe de son soutif. There's a fire down there and you're the only one who can keep it under control. "J'en peux plus de parler, je veux baiser."  Autant être direct, pas de chichi entre nous! De toute façon vu mon expression faciale et mes mains baladeuses, elle avait compris, elle n'était certainement pas née de la dernière pluie et surtout pas dans ce domaine-là!  
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MessageSujet: Re: Future Starts Slow l Donogger   Future Starts Slow l Donogger EmptyDim 5 Jan 2014 - 2:23

- You can blow what's left of my right mind -
You can holler, you can wail, you can swing, you can flail, you can fuck like a broken sail. But I'll never give you up, if I ever give you up my heart will surely fail. No longing for the moonlight, no longing for the sun, no longer will I curse the bad I've done. If there's a time when your feelings gone, I wanna feel it


Las Vegas, 2013.
Les nuits à Vegas étaient brûlantes.
C’était peut-être du cliché de chez cliché, mais l’un des meilleurs souvenirs de la jeune femme fêtarde, vulgaire, casse-cou, casse-couille aussi, qu’était Jagger Dickens, c’était Las Vegas. Elle ne l’avouait pas souvent, parce que merde, sinon elle allait finir par passer pour une espèce de caricature vivante d’elle-même, mais elle était en quelques sortes tombée amoureuse de cette ville. Un endroit où l’on ne pense pas. Un endroit où l’on vit, seulement, intensément, sans se soucier d’en garder le souvenir au petit matin. Elle s’était trouvée là-bas. Il y avait une autre raison pour laquelle elle avait aimé Las Vegas. Cette autre raison, vous l’avez deviné, c’était Donovan.
Ils n’y avaient pas passé tant de temps que ça. Peut-être… ouais, peut-être deux jours, trois à tout casser, pas de quoi casser trois pattes à un canard, ça n’avait été que l’une de leurs multiples destinations, à peine un arrêt sur leur éternelle fuite en avant. Mais les anecdotes avaient été nombreuses, si nombreuses. Comme quand ils avaient garé le van miteux sur le parking d’un hôtel de luxe, que Donovan avait essayé en vain de négocier, et que Jagger avait finalement gagné la partie d’un simple battement de cil. Ou quand le patron grassouillet d’un casino en vogue avait aperçu la jeune femme et tenté de l’engager comme croupière pour quelques mois, avant de ne l’entendre taper la discussion à une personne x ou y au bar et de se rendre compte qu’il n’avait probablement jamais croisé de personne avec un langage plus fleuri - et que ce n’était pas le mieux pour ce genre d’établissement. Quand ils étaient entrés pour le fun dans une de ces églises rose bonbon où se trémousse un sosie d’Elvis, avant que Jagger ne parte en courant en se rendant compte que ce type là pouvait vraiment la marier à Donovan et qu’elle n’y tenait pas tant que ça. Ils avaient bu, beaucoup. Ils avaient dansé, beaucoup. Ils avaient fumé, beaucoup. Ils avaient rit. Surtout.
Il y avait un moment où elle avait réalisé qu’il était différent. Comme un instant où tout bascule. Elle était à ce bar un peu miteux, avec ses couleurs trop clinquantes, sa musique de merde. Ils étaient partis en quête de bon alcool à pas cher et ils avaient échoué là - c’était peut-être pas le summum sur le plan ambiance, mais Donovan savait se défendre et Jagger… bah Jagger avait ce genre de confiance absolue en ses moyens et en sa survie qui faisait qu’elle ne se souciait à peu près jamais des histoires de sécurité ou de bien être, le monde entier était comme qui dirait sa maison. Il faisait chaud. Horriblement chaud, à l’extérieur du bar comme à l’intérieur, c’était un été de chien, qui échauffe le sang.
Elle était là, dans le fumoir, sans Donovan parce que « Merde, je peux me débrouiller toute seule tu sais, j’ai pas besoin d’un putain de garde du corps ! », comme elle disait, et avec elle il n’y avait que ce type qu’elle ne connaissait pas, qu’elle ne regardait même pas. Elle avait un peu trop bu. Il avait certainement beaucoup trop bu. Il y avait eu un moment de flottement et puis il s’était plaqué contre elle, et elle était là, dans l’angle de cette pièce minuscule, et elle s’était sentie horriblement sans défense. Pour la toute première fois, elle n’était plus la reine du monde. Elle ne pouvait plus bouger. Elle ne pouvait plus respirer. Elle était seule et l’autre était fou - et elle avait peur. Elle clamait à qui voulait l’entendre qu’elle pouvait se défendre, qu’elle n’était pas une putain de princesse en détresse, mais la vérité était qu’elle était faillible… comme tout le monde. Qu’elle avait beau prétendre le contraire, elle était une femme, minuscule femme, qui criait fort, mordait beaucoup, mais ne pouvait s’attaquer à plus grand qu’elle.
Donovan était venu.
Elle n’était restée piégée qu’un instant. Donovan avait su - elle n’avait jamais trop compris comment, mais il avait senti le danger, et quelques secondes à peine s’étaient écoulées que la pression qui la retenait avait disparue. Il y avait eu le bruit sonore d’un corps que l’on plaque contre un mur, puis celui d’un poing qui s’abat sur une mâchoire. Et puis un flot continu d’insultes, l’expression d’une rage brute, d’une espèce de haine pure. Les yeux écarquillés, elle avait vu cet homme là, cet homme sans attache, cet homme qui comme elle vivait de liberté… perdre tout son sang-froid pour elle, uniquement pour elle. Devenir fou. Jusqu’à ce qu’elle pose sa main sur son épaule, son front contre le sien, et lui assure que tout allait bien, qu’elle allait bien, que c’était fini. Elle avait alors compris l’infinie complexité de cet homme. Il était rayonnant, donnait envie de croire que tout allait bien, merveilleusement bien… mais il avait un vide dans le coeur, comme une douleur sourde qui faisait de lui un enfant. Un homme qui vivait tout trop vite, tout trop fort, qui était capable d’une rage extraordinaire comme d’un amour extraordinaire. Pour elle.
Le patron du bar les avait foutu dehors pour le désordre, mais l’autre homme n’avait jamais porté plainte. L’épisode était tombé un peu dans l’oubli, comme beaucoup d’autres. A chaque fois que Jagger souffrait, elle prenait un soin infini à passer outre, à effacer la douleur de sa mémoire, et à ne plus jamais toucher à la plaie - histoire de se relever plus vite, de ne pas porter de trop lourd fardeau. Elle n’avait plus pensé à cette nuit là pour ne pas en tirer de peur. Elle n’avait gardé que l’image de Donovan, de ses yeux alors qu’il la reconnaissait, s’assurait que tout allait bien - puis de son infinie tendresse quelques heures plus tard, alors qu’ils s’étaient assis sur le canapé du van. Il la regardait vivre avec une sorte de pur émerveillement, l’attention combinée d’un père, d’un frère, d’un ami, surtout d’un amant. Elle avait pris ce regard en photo, histoire de ne jamais l’oublier. Et la photo n’avait jamais quitté la jeune femme, dissimulée dans une boîte, au fond d’un placard - elle était toujours là pour lui rappeler cette espèce d’amour pur, brûlant, instinctif. Etouffant mais merveilleux.
Elle n’avait jamais oublié. Jamais. Les autres nuits, sur la route, à Huntington Beach, dans la solitude, dans la douleur, elle n’avait jamais oublié. C’était comme si… comme si garder ce regard en mémoire lui permettait de continuer d’avancer. Lui rappelait qu’elle existait aux yeux de certains, qu’elle avait une valeur, qu’elle n’était pas une moins que rien, qu’elle était bien plus qu’une fille égarée. Elle était Jagger Dickens et elle était aimée avec toute cette force là.


Il y avait peut-être des mauvaises langue pour dire que tous les deux se valaient bien. Qu’ils étaient aussi cons l’un que l’autre, qu’ils avaient quatre ans d’âge mental, et qu’ils avaient probablement rien de mieux à foutre de leur journée que de se balancer des listes d’arguments à la gueule pour gagner des espèces de petites querelles sans queue ni tête, et coucher ensemble après. Qu’ils étaient à la fois un espèce de combat de coq et un couple de félins en rut. Que ça pouvait pas durer, parce que c’était de la passion, une espèce de feu de paille, et qu’ils allaient bien finir par se cramer l’un et l’autre tout entier et iraient chercher ailleurs quelqu’un avec qui mieux se construire. Qu’ils étaient flamboyants mais éphémères. Avec une courte, très courte durée de vie. C’était vrai quelque part. Ils étaient là, comme des enfants. Ils faisaient les amants terribles, mais grimaçaient à l’idée de sérieusement vivre ensemble. Quand Donovan avait mentionné une « mini Jagger » ou un « mini Donovan », la jeune femme n’avait pu s’empêcher d’esquisser une mimique de pur dégoût parce que non, ils n’étaient pas de ces gens là qui construisent ensemble. Ils n’auraient probablement jamais de grande maison avec une rangée de barrières blanches. Ils n’auraient probablement jamais de chien. Ils n’auraient probablement même jamais d’enfant. Mais ils étaient prêts à se lancer dans l’aventure tout de même, peu importe où elle pouvait bien mener, et ce pour une seule raison: ils avaient besoin l’un de l’autre. Désespérément besoin l’un de l’autre. Ils n’avaient pas eu le choix, pas une seconde, et lutter n’avait apporté à Jagger que du tourment. Elle n’irait jamais jusqu’à dire qu’ils étaient des âmes soeurs - mais dans un sens ils étaient faits pour être ensemble. Pour flamboyer ensemble.
Et puis il faisait une tête tellement drôle quand il se sentait menacé par une grève du sexe. Mais s’il avait bien raison - elle ne tiendrait jamais elle-même, surtout quand les évènements de la soirée semblaient indiquer qu’elle allait devoir tenter d’être… fidèle à un seul homme. Ca aussi, elle s’en plaignait pour la forme. Mais l’expérience avait bien prouvé ces derniers temps que aller de lit en lit n’avait plus la même saveur. Que tout était différent, une fois que l’on avait goûté aux bras de Donovan. Mais il pouvait crever pour qu’elle le lui dise.
Une chose était certaine: elle était déjà beaucoup plus impliquée dans cette histoire qu’elle l’aurait bien voulu. Il lui dit qu’il avait peur - elle eut une seconde le sentiment étrange que son coeur venait de faire une chute libre dans sa poitrine. Et puis il continua. Disant qu’il n’avait jamais eu cela avec qui que ce soit. Qu’il ne voulait pas gâcher les choses avec elle. Qu’est-ce qu’il croyait? Elle n’avait jamais été une femme à « nous » non plus. Ce n’était simplement… pas son genre. A la limite, Julian pouvait revendiquer le fait d’avoir été en couple avec elle - mais elle était encore une enfant, elle n’était pas vraiment engagée dans cette histoire, en témoignait bien la fin tragique de celle-ci. Non. Elle n’avait aucune expérience dans ce domaine, elle ne savait rien d’autre que les meilleurs moyens de briser un coeur. Elle n’avait même pas eu le temps de se préparer, putain, elle s’était retrouvée embarquée dans cette histoire, elle avait accepté de ne plus fuir, et voilà qu’elle faisait un grand plongeon dans l’inconnu avec l’homme même qu’elle tentait d’éviter. Il n’était pas le seul à angoisser. Loin de là. Et qui sait? Ca allait peut-être atrocement mal finir aussi tout ça, ils n’en savaient rien. Elle savait juste qu’elle ne croyait pas vraiment aux regrets. Elle était de ceux qui pensaient que chaque acte, chaque mot avait ses raisons, que les regrets étaient inutiles, parce qu’ils ne changeraient rien. Alors… ils allaient avancer. A leur façon. Et ça allait hurler, ça allait pleurer, ça allait mordre. Mais ils ne pourraient jamais se dire qu’ils n’avaient pas tenté le coup.
Elle allait lui dire tout cela, honnêtement, elle était vraiment sur le point de lui dire, elle, la dernière qu’on aurait cru capable de prendre un tel pari sur le destin. Mais elle fut coupée tout à coup par une brusque (et totalement immature) exclamation de joie de Donovan qui percutait enfin que oui, il avait gagné. Et avant même qu’elle ne puisse protester (de la façon la plus méprisante qui soit, en prime) à cela, elle fut à nouveau coupée par la brusque pression de sa bouche sur la sienne, son étreinte possessive. D’accord. A priori, il ne voulait pas qu’elle parle. Mais surtout, elle fut à nouveau frappée par l’intensité. Par la violence avec laquelle il la tenait dans ses bras. Il était quelque part à mi-chemin entre une autorité et un désespoir - mais en tous cas, il la serrait comme si elle était la seule, l’unique femme. Pressant. Peut-être un peu trop pressant pour le lieu où ils se trouvaient, à en juger le raclement de gorge sonore qu’elle entendit en provenance du devant du bar? Ils n’étaient peut-être pas très, très loin de l’exhibitionnisme. Mais… mais elle ne voulait pas dire « non », elle ne voulait pas lui dire de la lâcher, lui dire de partir, de lui foutre la paix jusqu’à la fin du service, lui dire qu’elle avait des obligations. Comme si elle en avait déjà eu quelque chose à foutre, d’ailleurs, de ses obligations.
Elle était libre. Ils étaient libres. Donovan et Jagger, comme au bon vieux temps. Le monde leur appartenait - peut-être même que le monde leur avait toujours appartenu. Il n’avait fait qu’attendre leur réunion. Patiemment.
Tout son corps réclamait cet homme.
Elle ancra son regard dans le sien. Profondément. Ses bras se nouèrent derrière son cou, alors que la main peut-être un peu trop baladeuse de Donovan partait en quête de la fermeture de son soutien gorge. Elle rit - nicha un instant sa tête dans le cou de l’homme. « C’est de parler de grève du sexe et d’émasculation qui te fout dans cet état? Putain. » Un rire, encore. Elle resserra elle aussi sa prise, se laissa distraire par un long, long baiser. « Je fais la fermeture. » dit-elle, sur un ton qui se voulait définitif. Sur un ton directement destiné à faire angoisser Donovan. Elle sourit cependant, et après un temps de silence ajouta: « Mais on s’en tape, non? » Son patron lui pardonnerait bien. Et puis même s’il ne lui pardonnerait pas… des boulots, il y en avait des tas, dans la ville entière, bien assez pour les deux chiens errants qu’ils étaient. Des instants comme celui-ci, elle ne savait jamais si elle pourrait en retrouver plus tard. Alors ils valaient bien quelques sacrifices. Non? Si.
Elle l’entraîna doucement, pas après pas, sans jamais défaire cette étreinte possessive qu’ils partageaient, un peu plus loin dans la rue. Sa voiture ne devait pas être très loin. Sa voiture n’avait jamais été très loin, d’ailleurs. Et avec elle son espèce de couchette pourrie, qu’ils s’étaient partagés, enlacés, des soirées et des soirées durant. Et au fin fond d’une boîte, la photo d’un soir, il y a longtemps, à Vegas. D’un regard qu’elle retrouvait aujourd’hui.
Et tant pis si elle devait le perdre demain.
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