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| le sourire des anges. (foxy) | |
| Auteur | Message |
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| Sujet: le sourire des anges. (foxy) Ven 26 Juil 2013 - 16:03 | |
| Ses longs cheveux se déroulent sur mes doigts fins. Elle sourit, comme elle sait si bien le faire, cachée derrière son maquillage. La beauté de son âme n'équivaut pas à la beauté de son visage superficiel. Tout est impersonnel, même son regard. Il flotte dans l'air comme une bouée sur l'eau. La trace de son rouge à lèvres se pose sur mes joues. 'Tu trouveras de quoi manger dans le frigo', ce sont ses dernières paroles. Sa dernière phrase. Son adieu. J'ai envie de la retenir pour lui dire que je la déteste. Comme elle et lui peuvent me faire souffrir. C'est pas le rôle des parents, de faire souffrir. Non, ça c'est celui des amis ou des petites copines. À croire que les rôles ont été échangés. Donc, la porte se claque, le bruit résonne dans ma tête. Douloureux. Insupportable. … je m'en vais. C'est ce qu'il fallait lui dire. Mais non.
Mes yeux s'ouvrent soudainement lorsque claque une nouvelle fois la porte dans mes pensées. Elle remue mon âme, laisse s'échapper sur mon front une goutte de sueur agonisante. Burton se relève vivement et renifle le bout des doigts, comme s'il était encore capable de sentir l'odeur de maman. Les rêves se mélangent étrangement à la réalité. Un faible sourire se dessine sur mes lèvres asséchées par la chaleur de la nuit. La respiration de Morten est aussi apaisante que le bruit du vent à l'extérieur. Et la tente qui danse face au mouvement du monde ne parvient même pas à le réveiller. Pour une fois qu'il dort, c'est pas le moment de le réveiller avec mes cauchemars. Non, c'est pas le moment de le réveiller tout court.
La tente se déchire en deux pour laisser s'échapper une minuscule silhouette recouverte d'un simple tissu. Un t shirt beaucoup trop grand. Un t shirt du groupe Nirvana, volé à la va vite sur une plage il y a des semaines de ça. L'homme à qui il appartenait était grand. Grand et fort. Il parlait fort et embrassait régulièrement sa femme. C'était l'un de ces types que je ne serais très certainement jamais. Le genre à porter sur ses épaules des montagnes de problèmes sans pouvoir s'écrouler. Une véritable force de la nature. Ce doit être pour ça ,d'ailleurs, que je lui ai volé son t shirt. Pour avoir l'impression d'être aussi indestructible que lui. Mais non, je suis toujours le même. Le petit gars que l'on ne remarque pas, trop maigre, trop petit, trop moche. Trop bête. Trop silencieux. Un peu trop Pepino. J'en reviens souvent à me demander pourquoi les personnes du van ne m'abandonnent pas sur le bout d'un chemin de campagne. Ça arrangerait tout le monde, ça laisserait peut-être même une place en plus dans le van. Ils pourraient accueillir des Tahir charismatiques. Et non pas un Pepino incapable de porter plus de deux bûches de bois.
C'est un peu à cause de tout ça que je me suis retrouvé ici, les pieds dans le sable froid. À cause de ce cauchemar et du sommeil de Morten que j'ai décidé de laisser mon corps s'échouer sous la lune. La minuscule silhouette de Burton caresse lui aussi le sol, gratte avec énergie dans les grains de coquillage, comme s'il allait pouvoir y trouver un trésor. Mais le trésor, il est pas sous terre. Il est sur terre. Dans le regard des autres. Dans les paroles que les gens donnent. Dans toutes ces petites choses de la vie que l'on remarque à peine. Et pourtant, ce soir, je me prends au jeu.
Mes mains rejoignent les pattes de l'animal pour creuser un peu plus vite sur la plage. Un rire s'échappe même de mes lèvres. « J'savais pas que t'étais un pirate, Burton. » Et comme s'il me répondait par la pensée, un rire puissant et impétueux s'échappe de mes lèvres. Burton le meilleur ami. Burton, la peluche. Burton, le furet. Des paillettes dans les pupilles, la lune accompagne ce moment par ses pâles rayons. Elle semble convoiter le petit être fragile et heureux que je suis. Les étoiles au dessus de nos têtes dansent autour de l'astre de lumière. Les vagues caressent le bout de mes pieds et engloutissent mes genoux dans le sable humide. C'est pas grave. Même trempe, la nuit reste douce.
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| Sujet: Re: le sourire des anges. (foxy) Mer 31 Juil 2013 - 1:50 | |
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« La fuite est futile, nous sommes tous prisonniers au milieu d'un cercle, quelle que soit la façon dont nous vivons notre vie, l'anéantissement nous attend, la mort n'oublie personne. » Andrei Stoiciu |
_______________ Les barrières que j'ai établie entre ce que je voulais être et ce que je suis réellement s'effondrent une fois la nuit tombée. Toujours. La joie de vivre cède sa place à tout ce que je me tue à enterrer à grand coup de pelles depuis des années déjà. A croire que la force de mes sourires s'évapore une fois la froideur de la lune installée. La nuit noire laisse les fantômes du passé prendre possession de tout, jusqu'à mon sommeil. La solitude face aux rêves est telle qu'il est impossible pour mon esprit de tout balayer. Les souvenirs, les sensations, tout jailli de ce placard pourtant si bien verrouillé. Tout, absolument tout. A croire que je ne méritais pas une once de répit. Même le pays des doux rêves ne m'épargnait pas. Pour y accéder, je devais combattre le marasme de culpabilité et de tristesse. Ça avait fini par m'épuiser. Mentalement mais aussi physiquement. Le repos me tendra les bras lors de mon dernier souffle.
Esquiver la chaleur étouffante du van, ce n'était pas bien compliqué d'habitude. Il me suffisait de quémander une petite place auprès d'Otto qui, après un ou deux refus, finissait toujours par me céder. Bien que dormir à ses côtés étaient une très grande distraction – il avait tendance à énormément parler – ce soir, j'avais envie d'autre chose. J'avais donc pris mon oreiller et mon duvet et m'étais installée sur le van. Le ciel avait décidé de montrer son plus beau profil. Les étoiles scintillaient de mille feux, ce qui rendait le spectacle immobile plus que passionnant. Le regard agrippé à la lune pleine, mes idées flottèrent dans mon esprit. J'osai imaginer ma vie si j'avais eu droit à une famille. A ma famille. Je m'imaginais un simple repas de famille, le soir. Des parents qui demandent comment la journée s'est passée, mon frère qui aurait répondu d'un air détaché qu'il était arrivé premier de sa promo... Tout ça n'était que pur fantasme, d'autant plus que j'étais dans l'incapacité de poser des visages. Frustrant.
Je fus sorti de mes divaguassions par un bruit de fermeture éclair. Ma tête se tourna vers l'unique tente en mouvement. Une frêle silhouette apparut alors. Mes sourcils se froncèrent instantanément. Pourquoi était-il debout à cette heure si tardive ? Mon instinct de maman poule s'éveilla, me poussant à descendre voir de plus près ce qu'il y avait. Je ne savais pas tellement pourquoi je me comportais de la sorte avec Pépin. C'était presque surnaturel. Le plus étrange dans tout ça, c'est qu'il était un bonhomme que je n'arrivais absolument pas à le cerner. Il était d'une douceur presque surréaliste. Il me donnait l'impression d'être bloqué entre l'enfance et l'âge adulte, et ça passait bien au-delà de son allure. Certains gars du groupe avaient tendance à le railler à ce propos d'ailleurs. Personnellement, je le percevais comme une petit oisillon à deux doigts de l'éclosion. Il ne disait jamais rien, c'est à peine s'il n'avait pas peur qu'on le remarque. J'éprouvais de la tendresse et une pointe de peine à son égard. C'est pour ça que je passais mon temps à essayer de le faire sourire, de le pouponner un peu trop aussi. Il n'avait pas pris la place d'un éventuel frère, mais s'il n'allait pas bien, je n'allais pas bien non plus.
Munie d'un chocolat chaud et d'un duvet, je rejoignis Pépin en suivant ses pas imprimés dans le sable. C'est alors que je le vis, accompagné de son Burton d'amour, en train de creuser un trou au bord de la mer, les pieds dans l'eau. Ne voulant pas trop me faire remarquer, j'arrivais doucement à sa hauteur, me penchant lentement vers le fameux trou.
« Je doute qu'un pirate ait laissé un quelconque trésor dans le coin ! Par contre, avec un peu de chance, vous retrouverez peut-être mon sommeil ! »
Je posai la tasse fumante de chocolat chaud à côté de Pépin et enroulai le duvet autour de lui. Il ne faisait pas vraiment froid, mais pas vraiment chaud non plus. C'était un temps à attraper un petit rhume, surtout avec les pieds plongés dans l'eau froide d'une mer aux allures bien inquiétantes. Je m'assis sur le sable tout aussi froid.
« Un truc ne va pas, Pépin ? »
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